Techniques du cinéma - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Encyclopaedia Universalis

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Avant de devenir un art et une industrie, le cinéma est une somme de techniques. Du XVIIIe siècle à nos jours, mais surtout au XIXe siècle, une suite de découvertes aboutit à la mise au point des premières caméras. Par un brevet en date du 13 février 1895, les frères Lumière, Auguste et Louis, devenaient les inventeurs du cinématographe.

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Veröffentlichungsjahr: 2016

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ISBN : 9782341003162

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Techniques du cinéma

Introduction

Avant de devenir un art et une industrie, le cinéma est une somme de techniques. Du XVIIIe siècle à nos jours, mais surtout au XIXe siècle, une suite de découvertes aboutit à la mise au point des premières caméras. Par un brevet en date du 13 février 1895, les frères Lumière, Auguste et Louis, devenaient les inventeurs du cinématographe.

On peut définir le cinéma comme l’ensemble des techniques qui permettent la reproduction du mouvement photographié par projection lumineuse. Trois techniques concourent à cette réalisation : la projection lumineuse ; l’analyse photographique du mouvement ; la synthèse du mouvement.

Avant l’invention des frères Lumière, les chercheurs avaient envisagé déjà le problème du cinéma sonore et parlant. L’enregistrement du son était possible (Edison). Mais il fallut attendre 1928 pour obtenir une solution pratique et industrielle au délicat problème de l’enregistrement et de la reproduction du son et de l’image synchrones, par impression photographique du son sur la pellicule image.

On peut considérer aujourd’hui que le cinéma muet était un infirme, attendant que lui soit rendue la parole. Les films du cinéma muet étaient projetés avec accompagnement musical dans la salle, et Dreyer, tournant sa Passion de Jeanne d’Arc, faisait parler ses acteurs comme si le son était déjà là.

De 1930 à 1950, les techniques du cinéma n’ont pas subi de perfectionnements décisifs. Puis les caméras sont devenues plus légères, les émulsions photographiques plus sensibles, ce qui a permis de réduire les éclairages (mais non leur répartition), leur définition s’est améliorée et les émulsions couleur ont atteint une grande fidélité. En 1953, à cause de la concurrence du « petit écran », le cinéma crée de nouveaux formats de projection et de prise de vues (panoramique et CinémaScope notamment). Le relief technique réalisable n’a jamais pu s’imposer dans les salles.

Depuis l’apparition du cinéma sonore, l’enregistrement et la reproduction se faisaient uniquement sous forme de pistes photographiques ; la qualité de la reproduction finale était très moyenne et souffrait d’un bruit de fond important. L’enregistrement magnétique apparaît au cinéma dans les années 1950 et modifie profondément les habitudes, tant à la prise de son qu’au mixage où il devient possible d’écouter instantanément ce que l’on vient d’enregistrer. À la même époque apparaissent des copies à pistes magnétiques (quatre pistes sur les copies 35 mm et six pistes sur les copies 70 mm), qui ont permis d’améliorer sensiblement la qualité de la reproduction sonore et de mettre en place des procédés de diffusion multicanaux dans les salles. Les copies 35 mm à pistes magnétiques ont aujourd’hui disparu au profit des copies à piste photographique enregistrées selon le procédé Dolby Stéréo. Les copies 70 mm à pistes magnétiques sont toujours exploitées, principalement en raison de la qualité qu’elles apportent sur le plan de l’image.

Une amélioration marquante apparaît avec la mise sur le marché, dans les années 1970, par la société Dolby, d’un procédé d’enregistrement et de restitution multicanaux appliqué au cinéma à partir de copies comportant une piste photographique double (deux canaux) compatible avec la reproduction standard (monophonique) employée jusqu’alors dans les salles. Ce procédé s’est rapidement imposé mondialement en raison de l’amélioration de qualité qu’il apportait. Le succès commercial du procédé réside à la fois dans ses performances et dans son universalité : les copies Dolby Stéréo peuvent être lues sur des équipements mono traditionnels sans aucune modification, avec bien sûr une qualité moindre, mais elles restent parfaitement audibles.

Récemment, dans les années 1990, le son numérique, déjà employé depuis quelques années pour les prises de son, est adapté à la reproduction dans les salles de cinéma.

1. Projection lumineuse et synthèse du mouvement

• Lanternes magiques

Bien longtemps avant l’invention du cinématographe, on sut projeter des images grâce à la lanterne magique. Platon en avait eu l’idée avec son fameux mythe de la caverne (République, VII). Léonard de Vinci parle déjà de la chambre noire et dessine une lanterne de projection. En 1646, le jésuite allemand Kircher construit une lanterne magique. Avant eux, le moine Bacon au XIIIe siècle, et sans doute les Romains, avait déjà utilisé la lanterne magique. En tout cas, au XVIIe siècle, le mathématicien danois Wangenstein met au point une lampe de projection par lumière artificielle (1660). En 1798, on note à Paris des spectacles de projections animées (fantasmagories) réalisés par Robertson.

Mais ce n’est pas encore le cinéma. Deux problèmes sont à résoudre : l’analyse et la synthèse du mouvement. Paradoxalement, il fallut découvrir d’abord la synthèse du mouvement pour chercher ensuite les moyens de l’analyser photographiquement.

• La persistance rétinienne et son utilisation

Cette synthèse n’est possible qu’en fonction de la limitation des sens humains. Il n’y a pas à proprement parler de machine capable de faire la synthèse du mouvement. C’est à partir d’une suite d’images fixes, d’une discontinuité, que l’œil crée du mouvant et du continu. « L’œil ne possède qu’un pouvoir de séparation étroitement limité dans l’espace et le temps. Un alignement de points très proches les uns des autres est perçu comme une ligne, suscite le fantôme d’une continuité spatiale. Et une succession suffisamment rapide d’images distinctes, mais peu différentes, crée, par suite de la lenteur et de la persistance des sensations rétiniennes, un autre continu, plus complexe, spatio-temporel, lui aussi imaginaire » (Jean Epstein, L’Intelligence d’une machine).

Si la limitation du pouvoir de séparation de l’œil permet la photographie, la fameuse persistance rétinienne permet le cinéma et la télévision. Une perception sensorielle persiste quand l’excitation disparaît. Cette persistance est de l’ordre d’un tiers de seconde. Pour l’œil, elle varie avec l’éclairement, la fréquence des excitations, le temps de perception. On admet qu’une impression de continuité est obtenue à partir de seize excitations par seconde. Le cinéma parlant portera cette cadence à vingt-quatre projections par seconde, et la télévision à vingt-cinq, pour des raisons de synchronisation des caméras et récepteurs avec la fréquence du courant d’alimentation (50 périodes/seconde).

En 1823, le docteur Paris, un médecin anglais, découvre ce phénomène. Il le met en évidence avec un jouet qu’on peut regarder comme l’ancêtre lointain du cinéma, le « thaumatrope ». Il s’agit d’un disque de carton tenu entre deux fils. Sur une face on dessine un oiseau. Sur l’autre, une cage. Avec les fils, on fait tourner le disque très vite : on a l’illusion de voir l’oiseau dans la cage.

De 1829 à 1900, cette invention reçoit de nombreux perfectionnements décisifs : on dessine sur des cylindres, puis sur des bandes, les phases successives d’un mouvement, et l’on parvient à reproduire le mouvement et à le projeter. C’est le principe du « phénakistiscope » de Plateau (1833) puis du « praxinoscope » de Reynaud (1877). Ce que nous appelons aujourd’hui le dessin animé est né ainsi, longtemps avant le cinéma. Émile Reynaud réalise de nombreux films d’animation.

Reste à découvrir l’analyse photographique du mouvement.

• L’analyse photographique du mouvement

De très nombreux chercheurs, principalement des physiologistes, réussissent, dès 1852, à analyser photographiquement le mouvement, par une suite d’instantanés. Mais leurs techniques font appel à un matériel encombrant (plaques photographiques et installation de plusieurs appareils, ou plaques rotatives). Dans les deux cas (Muybridge, 1878, et Étienne Marey, « fusil photographique », 1882), on ne peut enregistrer qu’un phénomène de très courte durée.

Lorsque les pellicules photographiques de Celluloïd remplacent les plaques de verre, en 1869, l’invention du film devient possible. Imitant les bandes de papier perforé utilisées par Reynaud dans son praxinoscope, Edison enregistre en 1890 les premières vues photographiques sur film perforé (Kinetograph). Ce film de 35 mm de largeur restera le format standard de toutes les pellicules de type professionnel. Il lance aussitôt sur le marché ce que nous appellerions aujourd’hui une visionneuse pour ses films (le Kinetoscope).

Dès lors, les inventions se succèdent très vite dans plusieurs pays. En 1893, le « chronophotographe » de Marey permet de projeter des films. Mais les images sont très instables.

C’est alors que les frères Lumière apportent une solution définitive, pratique et simple, à l’ensemble des problèmes : enregistrement, projection, analyse et synthèse du mouvement. Leur cinématographe est la première caméra fabriquée industriellement et qui permet sans modification de projeter les films. La première démonstration a lieu le 28 décembre 1895 à Paris. Aujourd’hui encore, les caméras les plus perfectionnées, ainsi que les appareils de tirage des copies et de projection, fonctionnent sur le principe de la caméra des frères Lumière.

2. Principe de la caméra

• Découverte de la caméra et problèmes d’obturateur

Voici comment les frères Lumière présentent le fonctionnement de leur cinématographe : « Le mécanisme de cet appareil a pour caractère essentiel d’agir par intermittence sur un ruban régulièrement perforé de manière à lui imprimer des déplacements successifs séparés par des temps de repos pendant lesquels s’opère soit l’impression, soit la vision des épreuves [...] Les perforations de ce ruban, disposées sur les deux bords, à distance égale, peuvent être traversées par des pointes [...]. Le ruban est entraîné vers le bas par la descente de ces pointes qui, dans leur mouvement ascensionnel, se soulèvent au contraire pour le laisser au repos ».

La réalisation de cet entraînement saccadé du film perforé souleva beaucoup de difficultés, entre 1890 et 1894, et fut ensuite solutionnée au moyen de la came excentrée dite « en cœur », qui est un triangle curviligne aux sommets arrondis.