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Marqué à la fois par la pérennité des classiques (O'Neill, Miller, Williams, Albee), la domination d'un théâtre des images dans les années 1980 et l'essaimage des mises en scène, le théâtre américain continue de tenir son rang d'avant-garde et de compter dans le monde grâce à ses nouveaux venus, Tony Kushner, Paula Vogel ou Naomi Wallace.
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Seitenzahl: 45
Veröffentlichungsjahr: 2016
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ISBN : 9782341003445
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Marqué à la fois par la pérennité des classiques (O’Neill, Miller, Williams, Albee), la domination d’un théâtre des images dans les années 1980 et l’essaimage des mises en scène, le théâtre américain continue de tenir son rang d’avant-garde et de compter dans le monde grâce à ses nouveaux venus, Tony Kushner, Paula Vogel ou Naomi Wallace. Il y a donc de l’hybride et du répertoire, qui interrogent sur le genre et les genres et témoignent de l’incertaine condition de la société américaine.
Liliane KERJAN
Pour ce qui concerne le cinéma, après la phase influencée, dans les années 1960, par le cinéma européen et l’échec de la poursuite de la politique des grands studios dont la faillite économique du Cléopâtre, tentant d’allier superproduction et film d’auteur, est le symbole, le cinéma nord-américain contemporain (et plus seulement hollywoodien) est entré en crise. Pourtant, comme à la grande époque d’Hollywood, des auteurs ne cessent d’apparaître aussi bien au cœur qu’en marge ou contre le « système ». Certes, la vie et la liberté des « indépendants » est de plus en plus précaire face aux blockbusters. Mais la diversité des films venus des États-Unis ne cesse de se développer là où semblent réunies toutes les conditions d’une standardisation mondiale.
Joël MAGNY
En face du théâtre établi, qui manifeste toujours la même vitalité, à Broadway notamment, il existe un autre théâtre, plus expérimental et marginal. C’est à cette « scène parallèle » que l’Amérique doit ses productions les plus originales et les plus créatrices. Depuis le début des années soixante, off-off Broadway, créé pour échapper aux pressions du professionnalisme, lance un défi aux lois du marché culturel en montant, avec de petits moyens, des spectacles présentés dans des lieux divers (cafés, églises, galleries ou stades). Ce mouvement off-off ne s’est pas manifesté uniquement à New York, mais dans d’autres villes comme Chicago, où Paul Sills et David Sheperd ont lancé un théâtre, The Second City, fondé sur l’improvisation et sur la participation du public.
C’est à ce désir de renouvellement qu’on a dû, dès 1952, l’apparition des happenings inspirés du zen, des théories du dadaïsme et de celles d’Artaud, créés avec la participation de peintres (Kaprow, Rauschenberg), de sculpteurs (Oldenburg), de musiciens (Cage, Tudor), de poètes (Richards et Olsen) et de chorégraphes (Cunningham). Avec les happenings, une action théâtrale, bouleversant conventions et usages, s’élabore autour de concepts nouveaux, celui d’événement et celui de performance où fusionnent diverses pratiques artistiques.
Ce théâtre hors théâtre investit des lieux de plus en plus divers et le mouvement s’intensifie dans les années soixante. Des expériences sont menées qui remettent simultanément en question le rôle du théâtre dans la société, le système dans lequel le théâtre « officiel » fonctionne, les images et les mythes auxquels il souscrit et les formes dramatiques traditionnelles. Le théâtre part à la recherche de modèles culturels et de modes de communication nouveaux. Il se tourne non seulement vers l’Europe – notamment vers le théâtre russe, polonais, allemand et italien – mais vers l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Ces nouveaux contacts, et l’éclectisme qui va marquer la production théâtrale, seront le fait non seulement de la curiosité manifestée par quelques innovateurs, mais de l’intérêt croissant pour la pluriethnicité, pour les pays et cultures d’où sont venus les différents groupes d’immigrants qui composent la nation américaine.
Pendant toutes ces années de mutations profondes, le théâtre devient à la fois une arme et un champ de recherche. On assiste tout d’abord à la réapparition d’un théâtre politique, animé d’un esprit qui rappelle celui du théâtre fédéral pendant les « années ferventes » (1937-1939). Différents mouvements radicaux, et parmi eux les groupes ethniques, utilisent le théâtre comme moyen de propagande et d’agitation. C’est ainsi que Ronny Davis lance l’idée d’un théâtre de guérilla et LeRoi Jones, celle d’un théâtre noir révolutionnaire ; en Californie, un théâtre chicano se crée pour soutenir la grève lancée par les syndicats mexico-américains, le Teatro Campesino, animé par Luis Valdez. Des pièces sont écrites pour s’attaquer à l’institution militaire (The Brig), à l’intervention au Vietnam (Viet Rock), à l’appareil du pouvoir et à ses desseins génocidaires (The Death of Malcolm X). Le théâtre fait éclater ses murs et va dans la rue. La San Francisco Mime Troupe présente ses sketches dans les parcs et les rues. Les comédiens du Campesino parcourent les campagnes, ceux du Théâtre libre du Sud s’associent aux actions du Mouvement des droits civiques, puis s’implantent dans un quartier noir de La Nouvelle-Orléans. À New York, les théâtres