Théodor Tiblac et le guerrier sacré du temps - Charlotte Blin-Duval - E-Book

Théodor Tiblac et le guerrier sacré du temps E-Book

Charlotte Blin-Duval

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Beschreibung

Vous vous réveillez doté de capacités extraordinaires ; après être passé par la peur, l’euphorie ou peut-être les deux, quel usage décideriez-vous d’en faire ? 2011, à Fukushima,un tremblement de terre réveille le Japon. La centrale nucléaire est touchée, la catastrophe est inévitable. L'explosion irradie l'air et l’isotope radioactif se faufile sous l'eau. À l'autre bout de la Terre, Théodor Tiblac, un jeune homme de 12 ans, cherche le moyen de conquérir sa dulcinée secrète lorsqu’il voit sa vie complètement bouleversée par un événement mortel dont il réchappe pourtant. Passé, présent et futur le projettent dans le tourbillon d’une prophétie à laquelle il refuse tout d’abord de prendre part. Mais d'événements étranges à révélations, il décidera, escorté de ses comparses, d’entrer dans une aventure pavée de mystères.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Charlotte Blin-Duval, est née en 1974 à Angers dans le Maine-et-Loire. À l'issue de ses études, elle part vivre à Biarritz puis Bordeaux pendant treize ans avant de revenir dans sa région d'origine. C'est là, qu’elle écrit son premier roman dédié tout d’abord à son fils :"Théodor Tiblac et le guerrier sacré du temps". Elle ne le fera publier que bien des années après. À 40 ans, elle reprend ses études et exerce aujourd’hui le métier de psychologue clinicienne. Au travers de ses textes, elle espère transmettre des messages à ses lecteurs, les transporter dans son imaginaire et les faire réfléchir par le média de la lecture.

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Ähnliche


Théodor TIBLAC et

LE GUERRIER SACRÉ DU TEMPS

 

 

- La prophétie

 

 

 

 

 

 

 

Charlotte Blin-Duval

 

I-

« BOUM »

 

 

 

… Une fumée noire et dense s’élevait à travers la pièce, dont on ne distinguait même plus qu’il s’agissait d’une cuisine. La masse graisseuse tentait de s’échapper par les baies vitrées grandes ouvertes. L’odeur âcre et épaisse se déposait dans les narines jusque dans la gorge de Théodor qui ne put se retenir de tousser puis…cracher.

— Harry Potter, Harry Potter ! … elle n’a que ce nom-là à la bouche…encore un héros des temps modernes qui n’existe que dans les livres, maugréait-il. Assis par terre, il s’essuya partiellement le visage éclaboussé de cette substance visqueuse. Mélangée à de l’huile, elle produisait une fumée noire si elle était chauffée à trop haut degré …

Il faut dire que deux jours plus tôt, Théo. avait expéri-menté sa première déception amoureuse.

Avec son air renfrogné, il se leva et se remit devant ses ingrédients et son autocuiseur, il essaierait jusqu'à ce que cela fonctionne !

À peine se remettait -il au travail que la sonnette retentit …. Une Teckel haute comme trois pommes se prit pour un pitbull digne des plus grands combats illicites de chiens féroces et aboya jusqu'à n’en plus pouvoir.

— Chut Lassie chuuuut.

Théo. se dirigea vers la porte, mais avait bien une petite idée de qui se trouvait derrière.

— Bonjour, nous avons été alertés par l’une de vos voisines que le feu s’était déclaré à la suite d’une explosion à votre domicile.

Le pompier qui se tenait devant la porte investigua la maison de son regard. Il tournait la tête de gauche à droite, le nez en avant, par-dessus l’épaule du jeune homme.

— Pas du tout, répondit Théo. fermement. C’est encore Madame Granurge qui vous a fait déplacer pour rien. Je fais de la cuisine et je ne suis pas très doué, voilà tout . Mais rien ne brûle, vous pouvez vérifier si vous le souhaitez.

L’adjudant-chef Lafleur un peu agacé d’être venu pour si peu, s’enquit de constater s’il y avait des dégâts. Il entra faire le tour de la maison. Arrivé dans la cuisine, il prit tout d’abord un air soucieux puis se tourna vers Théodor  :

— Dis-moi mon garçon…si ça, c’est de la cuisine…c’est un saladier qui me sert de casque !...Que fais-tu comme expérience? Je ne vois pas de nourriture et l’odeur me parait quelque peu suspecte.

— Ho non. Vous savez, j’ai juste essayé de suivre une recette depuis ce livre, regardez. Mais je crois bien que je me suis trompé dans les mélanges. D’ailleurs il faut vite que je nettoie : ma mère ne devrait plus tarder et je vais me faire appeler « Albert » si elle découvre la cuisine dans cet état.

Théodor tourna le grimoire vers le pompier ; à la lecture de la potion magique,ce dernier esquissa un sourire de soulagement puis sembla s’amuser de voir cet adolescent paniquer pour le ménage à faire. Cela lui rappelait des souvenirs d’enfance.

 

II-

 

 

Ce même jour, la radio diffusa un flash spécial, et l’attention de tous fut attirée par ces mots « Alerte au Tsunami ». Cette annonce inquiétante devait permettre à des milliers d’habitants d’évacuer la ville pour échapper à une autre catastrophe que celle du tremblement de terre de magnitude 9.1 sur l’échelle de Richter qui venait de déchirer le Japon de tout son long.

 

 

 

 

 

 

 

III-

 

 

Théodor Tiblac était un jeune garçon de douze ans. Il était très grand pour son âge et tenait une posture très élégante à travers laquelle ses muscles, pourtant adolescents, se dessinaient. Ses cheveux châtains clairs reflétaient des nuances de roux à la lumière du soleil et avec ses yeux mordorés, il était déjà très attirant. Il avait besoin de lunettes pour corriger sa myopie, mais trouvait que cela lui donnait « vraiment un air ringard » et le rendait laid. Il ne les portait donc qu’en cachette, à la maison. Ou discrètement en classe pour écrire ou lire ce qui était inscrit au tableau.

C’était un jeune homme brillant, mais plutôt dissipé. Il aimait beaucoup faire rire les autres. La moindre blague, le moindre jeu de mots étaient pour lui d’une telle évidence qu’il ne pouvait les garder sans les partager.

Deux jours plus tôt pourtant, il avait voulu faire rire Capucine. Cette jolie brune aux yeux de biche dont les cils n’en finissaient pas . Dont la bouche pulpeuse lui faisait ressentir de drôles de sensations. Celles de petits battements d’ailes de papillons dans le ventre chaque fois qu’il la regardait. Il savait que les imitations du coq qu’il faisait, bien que très moyennes, illumineraient son visage d’un sourire qui le transporterait aux anges. Il lui fallait trouver le moment idéal.

Dans le self, ce midi-là, l’ambiance bruyante des couverts raclant les assiettes s’associait à celle des rires et du brouhaha des élèves . Théo. se trouvait à la table du fond, le dos contre le mur, échangeant des anecdotes sur les cours de la matinée avec ses camarades de classe. Au menu, il y avait encore des frites, du poulet et en dessert il avait pris du fromage blanc. Il regarda sa montre et vit qu’il ne lui restait que peu de temps avant la reprise. Il coupa court à la conversation entamée prétextant une envie pressante et qu’il retrouverait ses amis en classe . Il se leva vite, déposa son plateau sur le rail puis se dépêcha de ranger son assiette sale sur la pile des assiettes sales, de même avec les couverts , le verre et empila enfin son plateau sale sur les autres plateaux sales.

Il descendit ensuite les marches de la sortie du self quatre à quatre et se dirigea vers le lieu favori de Capucine, lieu où il était sûr de la trouver…Elle était là….seule pour une fois . Une légère brise lui caressait le visage et faisait danser une fine mèche de cheveux sur son front. Elle était plongée dans un livre et ne le vit pas arriver .

« Chouette ! »— se dit-il— je vais pouvoir la surprendre ça fera double effet.

Il bomba alors le torse ; inspira fort, gonflant ses poumons au maximum ; se mit de profil, le poignet cassé sur chaque hanche. Il colla tout d’abord le menton contre son cou puis d’un élan vocal s’accompagna de son menton vers l’avant : COCORICOOOOOOOOOOOO.

Capucine sursauta, elle fut si surprise qu’elle en laissa tomber son livre.

— Mais ça ne va pas ?! Pfffff. bah voilà j’ai perdu ma page, merci bien ! 

Rouspéta-t-elle les yeux rivés sur son livre qu’elle essayait de ramasser.

Tout penaud, Théo. sentit une chaleur l’envahir de tout son long et s’arrêter nettement au niveau des joues. Il avala sa salive, coi, dans sa position de coq. Les poignets toujours cassés sur les hanches.

Capucine de son côté feuilletait le livre pour retrouver sa page, elle ne portait pas du tout attention à Théo. qui tenta un discret :  «  Tu lis quoi ? » visant à rétablir une relation amicale, mais la réponse fut ferme et courte : 

—  Harry Potter 

— Ha ? C’est lequel ? …tu les as tous lus ?

Encore une fois la réponse fut très brève, mais en disait très long sur l’agacement de Capucine et son envie de se retrouver seule . Elle souhaitait terminer son passage du livre avant la reprise des cours :

— C’est le V et oui jusque là je les ai tous lus.

— Bon bah je te laisse alors, à plus.

— À plus.

Balbutia-t-elle poliment sans lever ses jolis yeux.

Déçu, Théodor repartit vers ses camarades et attendit la sonnerie signifiant l’entrée en classe.

Tout l’après-midi, son esprit fut embué par cet épisode incongru et fâcheux avec Capucine. Il lui fallait trouver autre chose pour la conquérir .

 

 

 

 

 

 

IV-

 

 

Les informations ce soir-là étaient exclusivement tournées vers le Japon. Le tremblement de terre avait non seulement été très fort, mais son ampleur avait entraîné une vague de dix mètres de haut qui vint tout engloutir sur son passage. Telle une gargantuesque langue qui viendrait lécher la sauce d’un plat pour n’en laisser aucune trace. Vingt-cinq mille morts, dix mille disparus, des villes entières rayées de la carte du Japon, des survivants parqués dans des gymnases ou abris de fortune ; sans eau, sans nourriture, sans chauffage ni électricité…l’électricité…

 

 

 

V-

 

 

Le lendemain matin, Théodor se réveillait un peu ennuyé, mais assez confiant. Il vivait chez ses parents à la campagne dans une vieille maison de 1888.  Elle se présentait tout en hauteur sur deux étages au-dessus du salon qui faisait également office d’entrée depuis le jardin. La cuisine et la salle de bain avaient été rajoutées au vingtième siècle au moyen d’une dépendance construite attenante à la maison et communiquant avec le salon.

La chambre de Théo. s’étendait, depuis peu, sur tout le deuxième étage. Ses parents avaient bien compris qu’un adolescent aime son indépendance par-dessus tout ; ils avaient donc aménagé salle de douche et toilettes dans la pièce à vivre du haut et avaient décoré le tout pour son anniversaire le 21 Novembre dernier.

Devant son miroir, Théo. songeait à Capucine se disant qu’aujourd’hui serait un meilleur jour pour la faire rire et que l’incident d’hier serait vite oublié. Il continuait à se préparer n’omettant pas le gel sur ses cheveux : grand rituel incontournable sans lequel il se sentirait complètement nu. Fin prêt, il endossa sa veste en jean et prit son sac de classe en bandoulière pour se diriger vers l'arrêt de car. Durant les vingt minutes de trajet, assis au fond près de la fenêtre, son imagination l'emporta vers des scénarios agréables. Il avait hâte de revoir sa secrète dulcinée.

Le car scolaire enfin arrivé à son terminus, Théodor se rendit devant les portes du collège et s’adossa à la barrière verte qui séparait le trottoir de la route. Il avait rejoint ses camarades. Certains fumaient c’est pourquoi ils ne rentraient pas dans l’enceinte de l’établissement avant la fameuse sonnerie.

Il s’agissait d’un ancien couvent. Le bâtiment était long et austère ; fait de vieilles pierres, il possédait un rez-de-chaussée surélevé. Depuis la cour, chaque entrée dans les couloirs ou dans les salles de classe se faisait par quatre marches.

Théo. regarda sa montre et constata que Capucine n’était pas encore passée devant lui pour entrer dans l’école comme chaque matin. Était-elle absente aujourd’hui ? Il lui aurait pourtant bien emboîté le pas afin de lui glisser un « bonjour » réconciliateur en entrant dans le collège. Suivi d’un simple « bonne journée » une fois devant les casiers. Hélas ! La sonnerie retentit, il dut se rendre à son premier cours de la journée sans la voir.

Deux heures plus tard, la récréation s’annonça. Théodor fit mine de se rendre aux toilettes. Cette action lui permettait de traverser la cour et d’en avoir un regard général afin de savoir si Capucine était dans l'enceinte du collège ou non.

Tactique plutôt efficace puisqu’il la vit au loin, entourée de ses comparses féminines. Il s’approcha gentiment du petit groupe lorsqu’il perçut leur conversation :

— Je suis sûre que ça existe en vrai. Ma mère dit que les magnétiseurs font de la sorcellerie, en tout cas moi ça me plait beaucoup, exprima l’une des jeunes filles.

— Ho oui, c’est vraiment bien…et puis il est intelligent, vous avez vu ? Ils passent le dernier en film bientôt . Relança une autre.

— Oui, moi j’adore la magie et j’ai refusé de voir la bande-annonce, car je n’en suis qu’au livre V, répondit Capucine…mais bon, il est super mignon quand même. En plus,… il a des lunettes …ça me fait craquer !

Un gloussement coquin accompagna cette réplique qui laissa Théo. à la fois songeur et dubitatif.

— Bonjour les filles, comment allez-vous aujourd’hui ? Fanfaronna-t-il. Vous parlez de qui là ? Un nouveau ?

Les jeunes filles interloquées, se tournèrent vers lui lorsque, Séréna, meilleure amie de Capucine, très directe avec sa voix cassée lui rétorqua :

— Mais non, imbécile, on parle de Harry Potter !

Les jeunes filles éclatèrent d’un même rire de voir l’embarras du jeune hommeface au nom d’oiseau qu’il venait de recevoir sans s’y attendre. Même Capucine semblait amusée . Il resta de nouveau affable devant ces doux yeux qui ne le regardaient même pas.

Décidément, il n’avait pas de chance avec elle ces derniers temps. Elle allait vraiment finir par le prendre pour un demeuré sans cervelle.

Une fois encore, il songea toute la journée à ces instants « gâchés » avec sa belle, quand il eut une idée qu’il qualifia de géniale !

La fin des cours résonna dans la bâtisse. Il n’attendit pas un instant, enfila la lanière de son sac déjà fermé depuis cinq bonnes minutes et fut le premier dans les couloirs, à dévaler les escaliers. Il courut aussi vite qu’il put et sauta dans le premier bus qui passait pour l’emmener en ville.

Essoufflé bien qu’athlétique, il chercha à s'asseoir, mais le bus était bondé. Il se contenta donc de rester coincé entre une vieille dame, dont les plumes du chapeau lui chatouillaient l’oreille gauche et un gros monsieur qui venait, selon l’odeur pestilentielle de sa bouche près du nez de Théo., de manger un sandwich aux rillettes et à l’ail ! En d'autres temps, il n’aurait pas supporté cette situation et serait descendu à l’arrêt suivant. Mais les circonstances étaient trop importantes pour lui : il avait, pensait-il, trouvé le moyen d’intéresser Capucine…

Il connaissait une petite impasse perpendiculaire à une grande rue piétonne, dans laquelle se trouvait selon la rumeur, un mystérieux magasin. La devanture poussiéreuse et sombre ne donnait pas l’envie d’y entrer ; pourtant il savait que c’était là sa chance de séduire sa bien-aimée.

      À l’entrée de l’impasse, une odeur acide d’urine le prit à la gorge. Il marcha se bouchant le nez, avançant pas à pas sur des restes de prospectus déchirés ; voletant pour certains, collants pour d’autres. Ils étaient éparpillés et tapissaient le sol de la rue étroite, assombrie des murs la contenant de part et d’autre et montant bien haut dans le ciel. C’était une rue qui semblait oubliée de la société. Il marcha ainsi indisposé, jusqu’à la porte de la boutique.

En la poussant, le son doucereux du carillon devait avertir le gérant de la présence d’un client. Un homme courbé s’avançait tranquillement vers l’adolescent. Il avait le crâne brillant tacheté de vieillesse ; les cheveux survivants n’étaient plus que de longs fils blancs enchevêtrés les uns aux autres et se tenaient eux aussi courbés surtout au niveau des tempes. Il montrait des yeux plissés de rides et une moustache, quant à elle, bien garnie. Le vieux monsieur était affublé d’un vieux pantalon de velours beige et d’une chemise à carreaux marron. Il racla sa gorge avant de parler :

— Puis-je vous aider jeune homme ? dit-il d’une faible voix grave et granuleuse.

— Alors, heu, je cherche à faire de la magie…des potions et tout et tout.

Théodor ne se sentait pas très à l'aise.

Le vieil homme fronça les sourcils, prit un instant pour observer Théo. dans le plus profond des yeux comme s’il lisait en lui. Comme s’il le connaissait.

— De la magie dis-tu ? Ce n’est pas anodin. Des potions…ça ne se fait pas à la légère, quel genre de potion recherches-tu ? Quel est ton rang ?

— Mon « rang » ? Bah heu…je suis en cinquième si c' est ce que vous voulez savoir. Sinon je n’y connais rien je l’avoue, mais j’apprends vite. Je suis le meilleur en sciences et je suis bien certain que les expériences chimiques effectuées par notre professeur M.Cousseau n'ont rien à envier aux potions magiques quelles qu'elles soient. Haranguait fièrement notre héros.

Un sourcil velu levé, le vieil homme demanda :

— Quel est ton prénom mon garçon ?

— Théodor

Le vieil homme eut un petit recul l’air surpris ou heureux ; il était difficile de comprendre sa réaction. Puis après un court silence, il reprit :

— Hé bien Théodor, tu comprendras qu’il faut du temps. Que comme pour toute chose, un apprentissage est nécessaire. Et surtout que la « magie » que tu vas expérimenter n’est pas celle qui nous est contée dans les livres. Malheureusement ou bien heureusement, la réalité est différente de l’imaginaire et, mon garçon, c’est ce qui fait que c’est si bon de vivre …

— Il y a une différence, enchaîna-t-il, entre la sorcellerie qui ne nécessite la plupart du temps d’aucune potion, mais qui est un don héréditaire, et la magie qui peut être accessible à tout mortel s’il y croit très fort et s’entraîne beaucoup. Pour que tu comprennes un peu ce dont je parle, je peux te proposer quelque chose : je vais te conseiller un livre que l’on appelle un grimoire. C'est un ouvrage épais qui renferme une multitude de recettes de potions. Puis je vais t’inviter à faire les trois premières pour lesquelles je t’offre les ingrédients principaux. Lorsque tu auras terminé ces trois potions, reviens me voir et dis-moi ce que tu en as pensé ; tu me confieras si cela eut l’effet escompté et si c’est bien de cette magie dont tu parlais.

Le jeune homme acquiesça et serra la main du vieux monsieur en guise d’accord tacite. Il paya le grimoire dix euros et repartit avec en plus, deux grands sacs en papier. Il disposait donc d'accessoires divers. De plantes plus aromatiques les unes que les autres, d' huiles essentielles. Et de quelques flacons dont il ignorait le contenu n’ayant pu lire les étiquettes au moment où ils étaient rangés dans le sac.

 

VI-

 

 

L’effet papillon…

Malgré l'opiniâtreté incontestable des Japonais d’avoir des constructions à l’épreuve de toute catastrophe, comme des gratte-ciel résistant aux tremblements de terre les plus féroces ; la centrale nucléaire de Fukushima fut pensée et construite dans le but de faire face à une vague haute de sept mètres maximum… pas dix….

Hélas ! Le choc des plaques tectoniques eut raison de la structure ; Un, puis deux, et bientôt trois des six réacteurs furent touchés. Cela provoqua l'arrêt de leur système de refroidissement et de celui des piscines d'entreposage des combustibles irradiés. Puis, une réaction physique compliquée appelée fusion, dégagea des rejets radioactifs.       Enfin, en dépit des efforts gigantesques des employés et des pompiers pour ramener de l’eau et refroidir les piscines contenant le combustible en fusion …

« BOUM » , une fumée noire et dense s’élevait, contenant, elle, des particules de césium 137. Un isotope dont la radioactivité est très élevée. Ce nuage déversa dans sa course la panique sur le globe : les populations du monde entier possédant Internet se jetaient sur les ventes de compteurs Geiger dont le prix devenait exorbitant. Ce petit appareil leur permettrait de vérifier qu’ils ne sont pas contaminés. Les gouvernements avaient cette fois, dévoilé la trajectoire du nuage radioactif, mais comptaient garder secrètes les données enregistrées sur le danger réel ou peu probable de l’émission de ses particules radioactives.

De quoi faire pâlir les meilleurs scénaristes de film d’horreur…

 

 

 

VII-

 

 

Mercredi matin, Théo. se réveilla très tôt. Dès que ses parents eurent claqué la porte d’entrée pour se rendre au travail, il récupéra ses différents paquets achetés la veille et le grimoire qu’il avait caché sous son lit. Il ouvrit tout d’abord le premier sac contenant les fioles.

Il les sortit une par une et lut les étiquettes. C’est alors que ses yeux se plissèrent. Son nez se retroussa et sa bouche se pinça. Il lut à voix haute d’un air dégoûté l’inscription notée sur les deux dernières:

— Bave de Crapaud

— Crottes de souris

« …houlala, ça promet » ne put-il s’empêcher d’exprimer.

Il ouvrit ensuite le grimoire qui faisait son poids . L'ouvrage était recouvert de poussière et sentait le renfermé, pas étonnant se dit-il vu l’endroit où il l’avait acheté.

Théodor feuilleta alors le gros livre avec étonnement. Il était rempli de recettes aussi insolites les unes que les autres. Cela allait de la potion pour repousser les moustiques à la recette pour apprendre à léviter en passant par celle qui permet de connaître à coup sûr la carte qu’un spectateur choisirait pour vous.

Il s’empressa alors de consulter les trois premières recettes qu’il avait convenu d’effectuer. Cela semblait finalement amusant comme expérience. Il décida de descendre vite prendre son petit déjeuner après une toilette rapide et de découvrir ses talents de magicien.

 

« Cette potion permet d’attirer en un rien de temps une colonie de fourmis :

Dans une « cocotte-minute » :

Verser 60 ml de bave de crapaud       Piler une poignée de feuilles de chêne       Écraser 18 crottes de souris.

Ajouter 2 cerises et 80 grammes de sucre en poudre.      Faire frire avec un peu d’huile. »

 

La cuisine était tout en long. Lorsque l'on y entrait, un grand placard recouvrait tout le mur gauche ; en face de la porte d’entrée, on pouvait accéder à l’évier dominé d’une fenêtre donnant sur le jardin. À droite de l’évier, une large porte-fenêtre invitait la lumière du jour à réchauffer la maison et entretenir un lien quotidien avec le jardin fleuri. Au milieu de la pièce la table haute, accompagnée de trois tabourets dont le niveau se réglait au choix. Théodor, concentré s’exécuta. Il sortit l'autocuiseur du placard mural de la cuisine, mit le verre gradueur sur la table près des flacons et du grimoire qu’il avait bien sûr descendu et attrapa l’huile de cuisson de dessous l’évier.