Théodora - Léopold von Sacher-Masoch - E-Book

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Leopold von Sacher-Masoch

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Beschreibung

Les femmes font payer leurs amants pour leurs erreurs passées...

POUR UN PUBLIC AVERTI. Théodora se venge de son ancien amant, un baron qui a refusé de l'épouser et ainsi de l'anoblir.
Quant à l'Amazone de Prague, elle affronte, lors de soulèvements libéraux et nationalistes, un officier ennemi qui a jadis été son amant infidèle.

Deux nouvelles érotiques, avec en fond l'histoire révolutionnaire !

EXTRAIT

Par une maussade journée de novembre, aussi désagréable que la nouvelle qu’elle apportait, le baron Andor entra chez Théodora Wasili et lui annonça qu’il allait la marier. Théodora était une villageoise, et certainement la plus belle, la plus fière entre toutes ces créatures qui, aujourd’hui encore, trahissent leur origine roumaine. La première fois que le baron l’avait vue, elle dansait dans un cabaret ; il avait gagné son cœur en lui offrant une paire de colliers de gros corail rouge, mais faux ; il lui avait donné en outre un petit pot de fard acheté chez un juif marchand de bric-à-brac ; car toutes ces filles d’Eve aiment à se farder.
Plus tard, le baron lui fit de plus riches cadeaux. Elle adopta les allures d’une boyarine et prit bientôt les habitudes d’une petite dame distinguée et gâtée. Au moment où les paroles du baron vinrent la frapper comme l’éclair, elle était allongée sur un divan turc, chaussée de pantoufles brodées d’or, vêtue d’une kazabaïka de fourrure doublée de velours rouge et garnie de martre ; elle souleva sa tête à l’expression sévère, aux grands yeux sombres, chargée d’une opulente chevelure noire ; elle ressemblait presque à un démon.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Léopold von Sacher-Masoch (1836-1895) est un écrivain et historien né en Autriche et aux origines cosmopolites. Son œuvre est principalement constituée de contes nationaux et de romans historiques regroupés en cycles. Il s'y trouve généralement une héroïne dominatrice ou sadique, et le sens narratif vient des légendes et histoires du folklore slave, ayant bercé d'enfance de l'auteur. Le terme « masochisme » est forgé à partir du patronyme de Sacher-Masoch par le psychiatre Krafft-Ebing dans Psychopathia Sexualis (publié en 1886), et est considéré par celui-ci comme une pathologie. Pour Gilles Deleuze, qui a analysé et popularisé l'auteur, son œuvre est pornologique, car projetant la pornographie dans le champ philosophique.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

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Seitenzahl: 22

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Théodora

Par une maussade journée de novembre, aussi désagréable que la nouvelle qu’elle apportait, le baron Andor entra chez Théodora Wasili et lui annonça qu’il allait la marier. Théodora était une villageoise, et certainement la plus belle, la plus fière entre toutes ces créatures qui, aujourd’hui encore, trahissent leur origine roumaine. La première fois que le baron l’avait vue, elle dansait dans un cabaret ; il avait gagné son cœur en lui offrant une paire de colliers de gros corail rouge, mais faux ; il lui avait donné en outre un petit pot de fard acheté chez un juif marchand de bric-à-brac ; car toutes ces filles d’Eve aiment à se farder.

Plus tard, le baron lui fit de plus riches cadeaux. Elle adopta les allures d’une boyarine et prit bientôt les habitudes d’une petite dame distinguée et gâtée. Au moment où les paroles du baron vinrent la frapper comme l’éclair, elle était allongée sur un divan turc, chaussée de pantoufles brodées d’or, vêtue d’une kazabaïka de fourrure doublée de velours rouge et garnie de martre ; elle souleva sa tête à l’expression sévère, aux grands yeux sombres, chargée d’une opulente chevelure noire ; elle ressemblait presque à un démon.

Ses mains disparaissaient dans les manches très amples de sa kazabaïka ; ses pieds reposaient sur une peau d’ours. Elle regarda le baron sans lui répliquer un mot ; elle ne fit même pas un mouvement, tant elle fut saisie d’épouvante à l’idée d’abandonner les lieux qu’elle habitait pour redevenir paysanne.

Le baron reprit :

« Bogulescu, que j’ai choisi pour toi, est l’homme le plus riche du village. Avec lui tu auras tout ce dont tu peux avoir besoin. J’espère que tu seras raisonnable, Théodora. »

Raisonnable, elle l’était en effet, plus que le baron eût pu l’imaginer. Aucune plainte, aucune menace ne lui vint aux lèvres ; muette et résignée, elle obéit, étant bien trop fière pour répondre. Le baron se pencha vers elle et la baisa au front ; elle eut alors un sourire, mais un sourire froid et méchant.

Dès que Andor eut quitté la chambre, elle se leva et s’approcha de la fenêtre ; son regard plongea longtemps dans le paysage d’automne ; tout à coup, elle se mit à pleurer à chaudes larmes et s’agenouilla devant l’image de la mère de Dieu, au-dessous de laquelle se consumait une petite lampe bleue.

Bogulescu la prit pour femme parce qu’elle était un bon parti… Elle fut gratifiée d’une paire de magnifiques chevaux, de deux vaches, de cinquante brebis ; elle reçut également une dot en espèces, représentant la somme que le baron avait l’habitude de perdre au jeu en une seule nuit et constituant déjà une petite fortune pour le paysan roumain.