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Spinoza (1632-1677) commence sans doute la rédaction du
Tractatus theologico-politicus (
TTP) en 1665, à cause, écrit-il dans une lettre, des théologiens qui le traitent d’athée.
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Seitenzahl: 69
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852296909
© Encyclopædia Universalis France, 2016
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Traité théologico-politique de Spinoza.
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Spinoza (1632-1677) commence sans doute la rédaction du Tractatus theologico-politicus (TTP) en 1665, à cause, écrit-il dans une lettre, des théologiens qui le traitent d’athée. Il entreprend donc de critiquer leurs préjugés et de défendre la liberté de philosopher. Il est conduit pour ce faire à aborder les sujets les plus brûlants dans les conflits politiques et religieux aux Pays-Bas, qui sont pourtant alors le pays le plus tolérant d’Europe : l’interprétation de l’Écriture sainte, la croyance aux prophètes et aux miracles, la légitimation de l’État, les rapports entre État et Église, le degré de liberté que le souverain doit accorder aux Églises et aux individus. L’ouvrage paraît anonymement en 1670. Il déchaîne aussitôt une vague de polémiques et de dénonciations. Six ans plus tard, Spinoza entreprend de le compléter par des notes (Adnotationes) en vue d’une nouvelle édition, interrompue par sa mort en 1677. Le livre avait été officiellement condamné par la cour de Hollande en 1674, en même temps que le Léviathan de Hobbes, La Philosophie interprète de l’Écriture sainte de Louis Meyer et un recueil de textes sociniens.
Le sous-titre l’indique : il s’agit de montrer que la « liberté de philosopher » n’est nuisible « ni à la piété ni à la paix et à la sécurité de l’État », mais qu’elle leur est au contraire indispensable. Il faut donc prendre le contre-pied des arguments usuels, qui voient dans cette liberté un germe d’impiété et de discorde civile. Les quinze premiers chapitres traitent la question théologique en s’appuyant sur la Bible, admise comme fondement de la piété ; les cinq derniers abordent la partie politique, à partir d’une théorie du contrat social, reconnue comme légitimation de l’État. Mais dans les deux cas, l’analyse va subvertir les conceptions courantes des deux principes dont elle se réclame.
La lecture de l’Écriture s’appuie sur le principe, hérité du calvinisme, « scriptura sola » (l’Écriture s’interprète seulement par elle-même, et non pas par des commentaires issus de la tradition, ni par l’autorité d’un magistère), mais Spinoza n’a recours à ce principe que pour établir le sens du texte ; en ce qui concerne sa vérité, c’est la Raison qui juge. Encore l’étude de l’« Écriture seule » entreprend-elle surtout de montrer que les différents livres de la Bible ne peuvent avoir été écrits par les personnages auxquels on les assigne traditionnellement : Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque, Josué du Livre de Josué, etc. C’en est donc fini de la confusion entre autorité et authenticité. Quant aux prophètes, Spinoza ne les considère ni comme des esprits supérieurs en intelligence, comme le font les théologiens, ni comme des imposteurs politiques, comme le pense le courant libertin : ce sont plutôt des hommes à l’imagination vive, émus par la justice et la charité, qui les prêchent de façon communicative mais sans arguments démonstratifs ; la compréhension de ce qu’est la révélation prophétique renvoie donc d’abord à la différence entre entendement et imagination. Rien dans les sources de la piété ne s’oppose alors à la liberté de philosopher (c’est-à-dire de penser sur Dieu, la physique ou l’État) puisque celle-ci est issue de l’entendement, que la piété ne concerne pas.
Dans le champ politique, les hommes ont donné le pouvoir au souverain par un contrat originaire, afin qu’il les protège contre la nature, contre les autres hommes et contre leurs propres passions ; mais ces passions survivent au pacte, et l’État ne peut donc subsister que s’il ne se contente pas de ce revêtement juridique mais range de son côté des armes plus fortes : les intérêts et les passions elles-mêmes. Une fois reconnue cette vérité passionnelle du contrat, il reste à établir que le souverain, dans son propre intérêt, doit limiter le pouvoir des Églises (comme chez Hobbes) mais accorder la plus grande liberté aux individus (au contraire de chez Hobbes) : car si les Églises ont trop d’autonomie, elles peuvent facilement soulever les foules ; et au contraire si les individus sont contraints outre mesure, ils sont poussés à la révolte. Ainsi, la liberté de philosopher ne va pas sans le contrôle de ses ennemis. Pour le démontrer, il aura fallu traverser les sphères de la théologie, de l’exégèse, du droit et de la politique, sans compter les références à l’histoire et l’analyse du fonctionnement des affects humains.
Les premières attaques contre le Traité portèrent plus sur sa critique de l’interprétation traditionnelle de la Bible que sur ses aspects politiques. L’ouvrage remettait en cause une lecture de l’histoire humaine que, par exemple, Bossuet illustrait encore dans le Discours sur l’Histoire universelle. Catholiques, calvinistes et luthériens entreprirent donc sa réfutation. Mais d’autres travaux, venus d’horizons différents (Richard Simon, Jean Astruc, les théologiens allemands de la fin du XVIIIe siècle) contribuèrent à leur tour à défaire l’orthodoxie scripturaire, et l’on peut dire que le TTP constitua le premier fondement de la critique biblique moderne. Quant aux aspects politiques, ils diffèrent de la doctrine de la tolérance telle qu’on la trouve par exemple chez Locke, car ils se fondent sur la puissance relative de la nature humaine et non sur des droits abstraits, et ne connaissent pas les limites de la Lettre lockienne sur la tolérance. Enfin l’analyse de la société en termes de passions et non de volonté annonce celle de Hume et tout ce qui donnera naissance aux théories de la société civile – c’est-à-dire le courant d’où sont issues les sciences sociales.
Pierre-François MOREAU
Le spinozisme passe ordinairement pour être la philosophie même de la totalité, de la nécessité et de l’éternité. Mais comme ces concepts, destinés à définir l’être de la Substance, ou Nature, sont saisis et posés par la seule raison, en même temps que leurs implications sont déployées selon la plus rigoureuse, la plus « mathématique » et la plus abstraite des nécessités, le spinozisme se donne à la limite comme le plus parfait modèle du « système philosophique », sinon même comme le système.