Triangle sacré - Éric Rodrigue Mentouga - E-Book

Triangle sacré E-Book

Eric Rodrigue Mentouga

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Beschreibung

Sorelle, jeune et séduisante, est une femme fatale ambitieuse prête à tout pour atteindre le bonheur absolu. Selon elle, ce bonheur réside dans l’accumulation de biens matériels qu’elle espère obtenir en devenant magistrate. Elle part de l’université de Yaoundé II Soa pour accomplir son destin. Dotée d’une intelligence vive, parfois déroutante, Sorelle surmonte tous les obstacles, qu’il s’agisse d’hommes mariés, de pratiques fétichistes ou même de voies extrêmes comme la zoophilie, tant qu’elles la rapprochent de ses objectifs. John devient sa principale victime, car il commet l’erreur de la quitter pour sauver son mariage et ses finances.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

D’origine camerounaise, Éric Rodrigue Mentouga est un auteur prolifique qui a étudié au Maroc. Sa passion pour l’écriture lui permet d’analyser la réalité de la société camerounaise et de la dépeindre avec des couleurs saisissantes, en utilisant toute l’objectivité que permet la fantasmagorie. Il compte à son actif sept romans publiés.

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Éric Rodrigue Mentouga

Triangle sacré

Roman

© Lys Bleu Éditions – Éric Rodrigue Mentouga

ISBN : 979-10-377-9717-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes enfants,

Aaliyah Bradley Noah Mentouga

Et Teddy Scott Kack Mentouga.

I

La sortie

Avant même que les cieux et la terre ne fussent créés, Celui qui est à l’origine de toutes choses fit jaillir une étincelle vitale en diverses créatures. Il désirait sortir de Sa solitude pour profiter de la compagnie d’êtres magnifiques créés par le seul principe de Son amour, et avec qui il partagerait Son royaume céleste. Ils vivaient alors en communion dans l’abondance, l’entraide et la félicité. La vie au sein du royaume était régie par des codes dont le Fils premier-né était le garant. Tout pouvoir Lui fut donné, mais seulement un être diabolique issu de la création se leva pour protester contre Son pouvoir et le trop d’affection que Lui témoignait le Divin.

Il instigua alors une rébellion dans la création et des êtres naïfs, bientôt, le suivirent pour s’opposer à la suprématie du plus grand d’entre tous, Celui-là même à qui tout pouvoir avait été donné. Ils désiraient Le renverser pour ravir Son trône et y installer l’être satanique qui, hélas, fut vaincu et jeté dans l’abîme. Avec lui furent alors entraînés tous ceux qui s’étaient rebellés contre le Créateur.

Cette désobéissance générale fut sanctionnée par une descente aux enfers, cause aujourd’hui des souffrances de l’humanité tout entière. Mais dans Son Amour inconditionnel, l’Esprit divin voulut donner une chance aux esprits rebelles qui avaient déjà perdu leurs ailes d’anges. Il créa pour cela un endroit qui prit la dénomination de jardin d’Eden. Pour éprouver leur bonne foi et leur désir de repentance, Il leur donna une instruction toute simple : consommer de tous les fruits du jardin, sauf un, notamment celui de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal.

Malheureusement, ces esprits déchus mus par leur instinct d’égoïsme ne purent se priver d’outrepasser encore cette autre recommandation. Sous la tentation de leur prince déchu, ils y goûtèrent et la sentence ne tarda pas à tomber. Ils étaient cette fois condamnés à ployer sous la domination de leur directeur de conscience.

Ils furent chassés du jardin d’Eden pour cette fois être propulsés dans des endroits souterrains où un jour est semblable à mille ans du fait de l’atrocité des souffrances, leur maître n’ayant pour seul plaisir que celui-là : soumettre ces créatures à son autorité en leur infligeant des peines de toute nature. Devant cet état de choses, l’Esprit divin les prit encore en pitié et décida de leur offrir une ultime chance. Il décida cette fois de créer un endroit nommé Terre.

Il était question pour lui de sauver sa création des ruines de l’enfer, tant que ces êtres qui hier s’étaient soulevés accepteraient de se plier à l’amour inconditionnel, en les faisant séjourner dans cette magnifique planète bleue où ils auraient alors l’occasion de manifester leur amour de sorte que ceux qui y parviendraient lui retournassent et fussent restaurés dans toutes leurs grâces. Le souffle de vie qui leur fut insufflé dans leur nouveau corps de chair ne fut de ce fait qu’une grâce. Ils étaient désormais pluridimensionnels, car étaient faits de corps physique, mental, astral, spirituel et éthérique.

Du fait de leur corps éthérique, ils étaient reliés les uns aux autres, et n’avaient d’autres choix que de s’aimer mutuellement pour se serrer les coudes et ensemble faire face à la batterie d’épreuves qui les attendaient en ce bas monde. Hélas, pris par les plaisirs de la terre, ils oublièrent très vite qu’ils n’étaient que des passagers sur cette terre et que leur mission était de se corriger en se repentant de leurs erreurs commises par ce passé lointain pour changer de vie et tendre vers l’amour divin. Leur niveau ultime d’élévation spirituelle.

Ils se laissèrent gagner par de vaines passions, et leur égoïsme prit de nouveau le dessus. Ils commencèrent pour cette fois à se causer du tort les uns aux autres, sans savoir qu’ils ralentissaient ainsi le processus de leur rédemption. Mais ils étaient toujours surpris de se retrouver à chaque fois sur terre dans leur cycle interminable d’incarnation, réincarnation : ils devaient comprendre et tirer des leçons. Tel était le but de leur multitude de vies qui les conduisaient en leur réincarnation sur terre à des endroits différents.

Tel avait vécu en Pologne qu’il se retrouvait lors de sa nouvelle incarnation à vivre au Cameroun par exemple. Raciste que tel avait été envers des races jugées inférieures par lui jadis, il se retrouvait par enchantement à naître de cette race pour en subir les méfaits. Riche que tel autre avait été dans une précédente vie, il se retrouvait à naître pauvre pour voir ce que cela pouvait faire que d’appartenir au peuple d’en bas. Ainsi prenaient-ils la résolution de changer de vie. Et quand ils arrivaient à ce niveau, leurs souffrances prenaient fin.

Ils souffraient parce qu’ils refusaient de tirer les leçons de leurs erreurs. Or ce qui leur arrivait, ce qu’ils pouvaient vivre n’était que le fruit de ce qu’ils avaient fait subir aux autres par le passé jusque dans leur vie antérieure. Les circonstances de leur naissance étaient relatives à ce nécessaire cheminement qui devait les amener à comprendre que la vie n’a qu’un seul sens, celui dont dépend le bonheur de tous : s’aimer mutuellement, ce d’un amour inconditionnel. Or l’amour consiste à ne faire à autrui que ce que l’on souhaiterait qu’il nous fasse.

Cette histoire se conte de génération en génération. D’aucuns y croient, d’autres pas. Ils la remettent en cause sous le prisme de la rationalité et de sottes finasseries qui les poussent à vouloir tout démontrer. Dans leur élan libertaire, ils refusent d’admettre qu’il puisse exister un Être supérieur qui soit à l’origine de tout. Ils essaient alors d’expliquer la vie par toutes sortes de théories qui ont vu naître des églises et écoles, cause de leurs nombreuses divisions.

Chaque organisation, chaque personne pense détenir la vérité. Et pour peu qu’ils ne soient pas d’accord sur un quelconque sujet, ils se font déjà la guerre. Ainsi a-t-on vécu des croisades par le passé et le djihad de nos jours avec pour seule retombée de nombreuses pertes en vies humaines.

Des gens se font la guerre parce qu’oublieux du lointain passé antérieur à leur incarnation sur terre. Le faisant, la souffrance, elle, continue de gagner du terrain.

Les gens ont de plus en plus faim, sont de plus en plus assoiffés, manquent de terrains où s’installer, puisque tout se monnaie à prix d’or désormais. L’argent a perverti le monde. Tout ne tourne plus qu’autour. Les liens d’amitié et d’amour sont contractés sur la seule base de l’intérêt pécuniaire parce que depuis l’invention de la finance, quelqu’un a fait croire à l’espèce humaine qu’être heureux revenait à amasser biens et trésors. Pourtant, quand bien même ils le font, la mort finit par avoir raison de leur égocentrisme qui ne sert finalement à personne d’autre que le chef hier de la rébellion qui observe avec délectation tout ce spectacle macabre.

À la vérité, nous souffrons ! Et vivre est devenu tellement si pénible que les Hommes n’ont plus qu’un désir : être heureux et trouver un semblant d’épanouissement personnel. Ce qui, hélas, n’est pas chose évidente !

Ceux qui en ont la clé, malheureusement, refusent de la partager avec les autres. Ils en gardent le secret aussi jalousement que leur fortune à laquelle ils tiennent plus que tout au monde. Même verser du sang, ils en seraient capables, pourvu que ce soit eux et seulement eux qui soient vus et adulés par tous. La gloire et le pouvoir les obnubilent à tel point que dans leur snobisme, ils oublient qu’ils n’ont guère créé ces biens et trésors qu’ils ont simplement trouvés sur terre au même titre qu’ils les laisseront en s’en allant, terrassés par la mort.

L’Homme, qui se souvient de sa divinité et de l’être intérieur qui gît en lui, en vient quand même à se rappeler que pour émerger, il lui faut tout simplement se reconnecter à la Source absolue de laquelle il a été séparé depuis la rébellion, péché originel pour les chrétiens.

L’Homme a certes choisi de s’en aller, mais la Source divine, elle, ne l’a jamais quitté. Elle est demeurée incorporée en tout être, se divisant en de petits fragments pour former un Tout que d’aucuns nommeraient Dieu, l’Univers infini ou Nature infiniment généreuse à la base de toutes choses.

D’aucuns pensent le trouver dans des églises, ils deviennent dévots et ne jurent plus que par son nom. Pour eux, Il est Celui qui permet nos souffrances, le Faiseur de toute destinée, la Source en laquelle nous pouvons nous abreuver pour apaiser nos douleurs existentielles et aspirer au bonheur suprême.

Ils font malheureusement fausse route lorsqu’ils se représentent ce Dieu comme étant un Être suprême prêt à les frapper si jamais ils venaient à enfreindre les lois et commandements qu’ils ont eux-mêmes instaurés sous prétexte de révélation. Ces religieux en sont même venus à édicter des règles de conduite compilées dans des livres qu’ils disent saints, quoique chacun ait le sien dépendamment de sa confession.

Ainsi, d’aucuns se cognent le front au sol cinq fois par jour pour invoquer la sainte présence du Divin, d’autres s’égratignent les genoux, sans pour autant parvenir à mettre un terme à nos communes souffrances malgré leur zèle et toutes leurs promesses fallacieuses.

Tous brandissent une prétendue vie éternelle comme si l’âme en elle-même déjà n’était pas indéfectible. Ils se condamnent à un ascétisme ô combien contraignant sans résultat probant parce que ce qu’ils disent de leur bouche n’est pas ce qu’ils font dans les lieux secrets : ils sont justes devant les Hommes, mais damnables devant leur Créateur qui pour sa part a bien instauré des lois immuables inscrites dans le cœur de chaque être humain, lois universelles qu’ils se refusent à appliquer pour la seule expansion de leurs fatigants dogmes religieux.

Las de ces faux préceptes, nombre d’humains ont fini par déserter les églises, car réalisant, bien que tardivement, l’inadéquation des enseignements doctrinaux avec la réalité ambiante. Ces dogmes sont loin de faire leur bonheur et il est hors de question pour eux de considérer Celui-là qui nous a donné la vie comme étant un être répressif qui prendrait plaisir à nous infliger des souffrances alors qu’elles ne sont que le corollaire de nos actes et de nos agissements.

Ce que nous donnons, nous le recevons en retour, ceci en bien comme en mal. C’est la Loi ! Pour mieux la connaître, chacun devrait s’appuyer sur son environnement immédiat et tenter de créer une connexion avec l’air, l’eau, le feu et la terre, sans oublier l’éther qui nous relie tous.

Sorelle est de ceux qui pensent que « l’Homme est ce qu’il se fait ». Elle le tient de son enseignant de philosophie de sa classe terminale faite au lycée bilingue d’Ekounou, quoique le seul meilleur souvenir qu’elle peut garder de lui soit celui de ses fourberies et de ses gaucheries. Il n’était pas très tendance et la seule chose qui semblait l’importer était son savoir par lequel il jurait. Pour lui, l’on ne pouvait donner de sens à sa vie qu’en réussissant à l’école. Il aimait à dire que le savoir élève l’Homme et le porte au sommet de sa réalisation. Il n’y avait, à ses dires, que par le chemin de la connaissance que l’on pouvait aspirer aux grandeurs. C’était pour lui la voie idéale pour son ascension sociale.

Sorelle n’est pas de cet avis. Elle est d’abord femme et de ce fait, le produit le plus recherché du marché par la gent masculine en quête permanente de plaisirs et de nouvelles sensations. Elle sait que l’homme ne vit que pour trois choses : le sexe, le pouvoir et l’argent.

Outre ces déréglés mentaux qui passent pour être à ses yeux les homosexuels, il n’y a qu’en la femme que l’homme puisse assouvir ses désirs de domination ainsi que ses fantasmes les plus inavoués. Utiliser la femme par d’autres orifices que celui qui a été prévu pour la procréation est d’ailleurs ce qui l’attire le plus ; pour cela, il est prêt à y mettre du prix.

Aussi, Sorelle est étudiante et peut se vanter de sa tête pleine. Même si elle est mal faite, elle l’arrange constamment par de belles mèches brésiliennes dont elle se coiffe, complexée qu’elle est par ses cheveux courts crépus. Sans comprendre que cela était une renonciation au naturel dont l’a dotée le ciel, elle est allée à plus loin en optant pour la dépigmentation volontaire de sa peau, ce qui fait d’elle aujourd’hui une vraie fausse blanche avec ses ongles et cils artificiels.

Tout au bout du compte n’est plus que superficiel en elle. Son corps, elle le décore d’ailleurs tellement bien qu’il lui faut des heures tout entières pour arriver à se faire son make-up.

Ce soir, elle a rendez-vous avec l’un de ses nombreux prétendants dans l’un des coins les plus chauds de la capitale Yaoundé. Elle ne se rendra pas pour cette fois dans une discothèque comme à son habitude les week-ends.

Sorelle se contentera d’une rencontre dans un snack-bar où elle pourra naturellement commander, aux frais du gentilhomme, du poulet à emporter avec des frites de plantain. John, son rendez-vous, pour l’avoir dans son lit, sera prêt à tout donner, même s’il lui faut y laisser son salaire.

Il est cadre dans une prestigieuse institution bancaire de la place et vit ainsi de l’argent friponné aux pauvres clients qui ont encore la sottise de croire que les banques ont pour objet l’amélioration de leurs conditions de vie par le biais des nombreux financements qu’elles leur accordent. Ils n’ont pas compris la supercherie qui s’y trouve et qui consiste à encaisser les cotisations des uns pour les prêter à d’autres moyennant de forts taux d’intérêt. Leurs épargnes respectives servent en effet de capital à ces financiers qui les placent dans de juteuses affaires quand ils ne leur accordent pas des crédits soumis à condition. Les débiteurs, outrageusement dupes pour en profiter, doivent au préalable présenter des sûretés personnelles ou des garanties du remboursement futur de leur emprunt. S’ils ne parviennent pas à apurer leur dette, leur hypothèque est purement et simplement retenue pour le plus grand bonheur de leurs créanciers.

Comme souvent, ce sont des titres fonciers ou des biens immobiliers qui sont privilégiés, en cas de non-remboursement de la dette. Ils sont purement et simplement saisis : le vœu de toute institution financière. Que vous ne soyez capables de régulariser votre dette est leur désir le plus profond, car ainsi s’enrichissent ces personnes à l’apparence toujours soignée.

Les banquiers semblent toujours de bonne humeur, même quand tout va mal dans le pays. Quand ils s’enflamment, les prix s’embrasent et la ménagère s’affole devant son panier vide qui horripile son conjoint prêt à se tuer à la tâche pour nourrir sa famille.

John est marié, mais comme tout bon Bantou, une seule femme ne lui suffit pas. Astreint qu’il a été au régime monogamique par son épouse jalouse de sa place, il n’a d’autres choix que d’entretenir des liaisons extraconjugales, quitte à faire des enfants qu’il ne pourra en aucun cas reconnaître du fait de son régime matrimonial ; il ne pourrait que s’en occuper si tant est qu’il en ait les moyens suffisants. Salarié qu’il est, l’argent ne sort-il pas de sa poche ? Libre à lui d’en faire ce qu’il veut !

C’est là toute la stupidité de la femme qui pense posséder l’homme en le tenant lié par cet engagement contractuel que représente le mariage. Les époux le prennent devant le maire, jurant d’aimer pour la vie, non ! pour le meilleur et pour le pire !

Si déjà l’on n’arrive pas soi-même à supporter son propre fardeau, pourquoi faudrait-il que l’autre nous aidât à le porter sous prétexte d’union matrimoniale ?

C’est ce mensonge qui conduit nombre d’amants à aller même jusqu’à se moquer de Dieu lorsqu’ils se marient à l’église sachant pertinemment bien que le divorce y est interdit. Le Christ a été clair sur la question : jamais un homme ne devrait s’autoriser à répudier sa femme sauf pour cas d’infidélité, et si jamais une femme venait à quitter son homme, qu’elle restât sans se marier jusqu’à ce qu’elle retournât à son ancien époux.

La bible va même plus loin en disant que celui qui épouse une femme répudiée commet avec elle un adultère. Une loi encore plus dure que celle de la simple convoitise des yeux, puisque Jésus, poursuivant son prêche dans le temps, avait précisé qu’un homme qui venait à désirer une autre femme avait déjà commis avec cette dernière un adultère.

Dans ce sens, tous les hommes sont condamnables, car combien de postérieurs féminins admirent-ils quotidiennement dans la rue ! Avec la mode qui a tendance à mesure que le temps passe à dénuder les corps, il leur suffit d’apercevoir quelque jambe volontairement exposée pour languir tout de suite d’amour pour celle qui la possède. Leur cerveau pénien n’accouche pas d’idées plus savantes que celle d’une partie de jambes en l’air avec toutes celles qu’ils croisent dans la rue.

Protégés ou non, pourvu que ces rapports sexuels compulsifs leur donnent de pouvoir déverser leur semence dans le corps de celle qui s’empressera dès le lendemain de s’en aller prendre une pilule pour annuler l’indésirable projet de fécondation de ses gamètes. Elle n’a pas lieu d’être pour une femme qui veut encore jouir de sa passion de jeunesse et profiter de sa vie avant de voir ses seins tomber sous le joug de l’allaitement du nourrisson.

Sorelle n’a pas encore accouché. Heureusement ! Son corps n’est donc pas amoché par les rides et vergetures qu’ont les femmes qui ont eu le malheur de donner la vie, qui ont eu moins de délinquants !

Par manque de soins ou par négligence, ces femmes qui ont accouché en viennent très souvent à perdre leur beauté candide et ne sont plus d’aucun attrait pour les hommes qui aiment mieux la chair fraîche comparée aux vieilles peaux, d’où leur appétit pour les petites adolescentes encore pleines de jus.

La déconfiture du temps et l’ingratitude des hommes à leur égard poussent ces malheureuses femmes à se refaire une beauté pour tenter de corriger leur vieillissement même par le biais de la chirurgie esthétique. Ne leur demandez donc pas où va leur argent ! Il leur sert à leur onéreux entretien corporel. Et si vous tenez à savoir ce qui occupe le clair de leur temps, demandez à ces miroirs las de voir défiler devant leur reflet toutes ces monstruosités corporelles convaincues chacune d’être du goût des hommes, la cible de leur encombrant maquillage quotidien.

Une femme ne désire qu’une chose à chacune de ses sorties, qu’elle soit appréciée et désirée par tous les hommes. Elles se plaindront de harcèlement dans la rue, pourtant si personne à elles ne s’intéressait, elles en mourraient !

Vivre n’a de sens pour une femme que de séduire et parvenir à attirer sur elle des regards, même venant de psychopathes mal intentionnés ou de dragueurs compulsifs qui ont ce pathétique besoin de se rassurer de leur effet sur les femmes. Aller jusqu’à exposer tout leur corps et marcher nues dans les rues s’il le faut, ces femelles sont prêtes, pourvu qu’elles en tirent un bon parti. Elles savent que chaque dragueur compulsif ne désire qu’une chose : les avoir toutes autant qu’elles sont dans son lit. Il est donc hors de question qu’elles se laissent aller sans en tirer quelque profit !

Comme les hommes sont visiblement seuls à éprouver du plaisir dans cette affaire, elles ne se privent guère de n’offrir leurs faveurs sexuelles qu’en échange d’un intérêt pécuniaire. Les amours futiles basées sur le vain principe du sentiment étaient bonnes pour le lycée, plus pour l’heure où elles sont seules abandonnées à elles-mêmes !

Sorelle a pris sa chambre d’étudiante dans la cité Oasis de la banlieue de Soa. Depuis qu’elle y a été inscrite, il y a de cela plus de trois ans aujourd’hui, ses parents n’ont plus jamais déboursé le moindre sou pour son loyer. Quand ils ont trop fait, ils paient sa scolarité, pour ce qui est du reste, à elle de se débrouiller comme toute bonne adulte. À vingt-deux ans d’âge, elle n’a donc plus rien à espérer de ses parents qui en ont suffisamment fait pour assumer sa charge jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Elle aurait mieux fait, à leurs dires, de s’arrêter pour trouver un homme qui eut accepté de la prendre pour épouse, mais elle a choisi d’aller plus loin. À elle d’assumer ses choix !

Elle est demeurée en attente de ses résultats depuis près de huit mois aujourd’hui. Les notes de sa licence sont comme portées disparues. Or elle les attend pour s’inscrire en master. Son projet est de décrocher sa maîtrise pour présenter le seul concours national qui l’intéresse, celui de l’École Normale d’Administration et de Magistrature (ENAM) qui ferait d’elle un magistrat influent au même titre que ces hommes qui pensent que parce qu’ils lui donnent de leur argent, ils ont le droit de s’arroger tous les titres.

Pour l’heure, elle est d’eux encore dépendante, mais cela ne change rien à son projet. Elle n’a aucunement l’intention de convoler en justes noces avec quelque prétendant actuel qui aurait l’indécence de lui en faire la proposition. Elle ne contracte ses relations amoureuses que pour arrondir ses fins de mois sans plus. Bien idiot serait qui se risquerait à accorder du crédit à une histoire qui ne se limite qu’à une affaire de jambes en l’air ! Elle ne s’y adonne que pour en espérer une rétribution qui lui permette de payer son loyer, régler ses factures, assurer sa ration, prendre soin d’elle et s’amuser loin des murs de l’Université de Yaoundé II.

Cette institution académique, qui voit sortir de ses amphis tant de hauts commis de l’État ensuite passés par l’ENAM, est pour elle un enfer qu’elle ne supporte que par dépit. Elle eût eu de l’argent qu’elle se fut inscrite dans un institut privé d’enseignement supérieur où sont délivrées des formations professionnelles offrant un accès direct à l’emploi. Les enseignements y sont nettement plus pratiques que toutes ces vastes théories apprises à l’université sans un apport palpable sur le plan professionnel. Si d’aventure elle venait à rater son concours d’accès à l’ENAM, que ferait-elle avec un master en droit ! Elle serait perdue !

Ils sont nombreux à être détenteurs de ce diplôme, seulement il n’offre aucune garantie d’embauche dans un pays où le fort taux de chômage ne peut être résorbé par les promesses annuelles du chef de l’État qui annonce à chacun de ses discours de vœux à la nation, la création de dizaines de milliers d’emplois pour les jeunes. Il le fait dans son devoir d’homme politique, mais jamais personne ne s’interroge sur les sociétés étatiques qui arriveraient à accueillir tant de candidats à l’emploi. Dans son rôle de politicien, qui consiste à dire au peuple ce qu’il souhaite entendre, il embobine des millions de jeunes Camerounais qui, au final, ne savent plus à quel saint se vouer ni quel sens donner à leur vie qu’ils se retrouvent à mener par défaut.

Ils se battent pour mener à bien leurs études. Pourtant, ils finissent par se rendre compte que le diplôme seul ne suffit pas pour pouvoir intégrer une société, fut-elle privée ou publique. La réalité est toute autre sur le terrain : il faut avoir un carnet d’adresses bien fourni pour être convié ne serait-ce qu’à un entretien d’embauche. Dans les concours d’intégration de la fonction publique, la même réalité prévaut : il ne suffit pas d’être bon ou compétent, il faut connaître quelqu’un.

Pour donc connaître ce quelqu’un, tous les moyens sont bons : offrir ses faveurs sexuelles comme le font les femmes et plus récemment aussi les hommes, ou intégrer des loges, ou encore entrer dans des églises de réveil à défaut de ne rentrer se laver au village.

Les écorces, elles au moins, ne déçoivent pas ; elles ne trompent personne. Elles sont le produit de la nature et ont un effet palpable, contrairement à tous ces discours que tiennent les religieux dans leur tapage nocturne.

Non seulement ces églises baptistes et pentecôtistes sont partout présentes, mais aussi leurs fidèles n’attendent-ils jamais que la nuit pour mettre mal à l’aise de paisibles voisins sujets à leur nuisance sonore. Mais qu’y peuvent-ils ?! C’est bien par décret présidentiel que ces églises de réveils existent. Quand le grand manitou a apposé son cachet, tout le peuple doit s’y plier !

Voilà le piège de la démocratie dans lequel sont tombés les Africains. En s’y engageant tête baissée, ils pensaient que le peuple aurait toujours son mot à dire ; ils ont vite oublié l’instinct despotique qui anime tout Homme de couleur que même la colonisation n’a réussi à remettre sur le droit chemin.

La petite ressortissante de Monatélé dans le département de la Lékié, région du Centre-Cameroun, elle n’est pas dupe. Elle connaît les mécanismes du pouvoir et sait que pour profiter de ses retombées, il faut être soi-même aux affaires. Femme qu’elle est malheureusement, elle sait que ce n’est pas chose facile dans cette société patriarcale où l’égalité genre est à tort proclamée alors qu’aucun effort n’est fait par les dirigeants pour garantir la parité des postes et des salaires.

En dépit de cet état de choses, Sorelle croit dur comme fer que l’émancipation de la femme n’est pas qu’une chimère. Elle gagnerait donc à sa manière à faire valoir ses droits, en soumettant par exemple ces hommes qui ont pour talon d’Achille leurs désirs sexuels.

Son rendez-vous est prévu au bois d’ébène, un pub de la place qui offre à sa très nombreuse clientèle de la musique jouée en live ainsi qu’un service de qualité. Elle s’est faite belle pour la circonstance en mettant une minirobe moulante pour mettre en exergue ses atouts corporels, montée qu’elle est sur de minces et hauts talons qui la forcent à marcher prudemment pour ne pas qu’un faux pas vienne la couvrir de honte devant le gentilhomme qui gare son véhicule juste à l’entrée de sa cité.

C’est un moment de gloire pour elle. Toutes ses copines peuvent l’apercevoir montant à bord de cette voiture de luxe dont elle ignore tout du prix, que lui importe d’ailleurs, mais qui dit tout de l’appartenance sociale de son conducteur. Il pourrait n’en être que le chauffeur sans en être le propriétaire que cela ne changerait rien à l’effet que John avait déjà fait à sa nouvelle conquête durant la semaine.