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Extrait : "Le lendemain de mon arrivée à Vienne, où de Rome je m'étais rendu pour écrire l'Histoire des révolutions d'Autriche et suivre les mouvements militaires en Hongrie, le prince Félix de Schwarzenberg me présenta à S. M. l'empereur. J'ai lu votre Histoire des révolutions, me dit le jeune monarque, et pour vous seconder dans vos nouveaux travaux historiques, je mets dès aujourd'hui à votre disposition le chevalier de Guerlonde, l'un de mes aides de camp."
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Seitenzahl: 23
Veröffentlichungsjahr: 2015
Le lendemain de mon arrivée à Vienne, où de Rome je m’étais rendu pour écrire l’Histoire des révolutions d’Autriche et suivre les mouvements militaires en Hongrie, le prince Félix de Schwarzenberg me présenta à S.M. l’empereur.
– J’ai lu votre Histoire des révolutions, me dit le jeune monarque, et pour vous seconder dans vos nouveaux travaux historiques, je mets dès aujourd’hui à votre disposition le chevalier de Guerlonde, l’un de mes aides de camp.
Quelques jours après, l’Émancipation et l’Indépendance belge d’abord, les journaux français et allemands ensuite, parlaient vaguement d’un bal donné le 23 février 1852 dans la célèbre maison de santé de Dobling, près Vienne. Je fus l’un des bienheureux invités de cette fête excentrique, qui laissera une trace ineffaçable dans les archives de notre mémoire. C’est donc un souvenir de carnaval ou de folie (n’est-ce pas synonyme ?) que je vous offre, un croquis de mœurs dessiné d’après nature, et dont je garantis la ressemblance exacte.
Dobling, aux portes de Vienne, est situé sur le terrain même où le duc de Lorraine, livrant bataille aux Turcs, les força, en 1683, de lever le siège que, pour la seconde fois, ils avaient mis devant la capitale de l’empire autrichien ; il se trouve également en vue de cet autre champ de bataille où le géant des temps modernes a remporté l’une de ses plus grandes victoires… Wagram…
Quelques jours avant le bal des fous…, j’ai visité ces lieux chers aux cœurs français… C’est une immense plaine à perte de vue, coupée par des sillons fertiles, et ensemencée d’ossements de héros tombés bravement sous les deux aigles de France et d’Autriche. Souvent encore, le soc de la charrue, creusant cette noble terre, exhume de pieuses reliques :
– Ici, nous disait dans son langage pittoresque un vieux paysan qui avait assisté de loin au choc des deux armées, nous trouvons plus de fer et de plomb que de pierre, plus d’ossements que de florins, car les balles tombèrent comme de la grêle et les hommes comme des capucins de cartes.
Le docteur Goergen conserve dans son cabinet une cuirasse française percée de trois coups de biscaïen, une trompette de cavalerie percée d’une balle, et une croix oxydée de la Légion d’honneur. Nous avons pressé sur nos lèvres ces précieux documents de notre histoire militaire. La trompette a été fabriquée à Paris, rue Saint-Honoré, en 1795 ; qui sait, elle a peut-être sonné la charge à Marengo ! Il nous a été impossible de déchiffrer le nom du facteur.
Mais laissons là le champ de bataille pour le salon, la gloire pour le plaisir, les lauriers pour les roses ; le bal nous attend à Dobling.