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"Un cœur pour deux" est une histoire riche en émotions et un exceptionnel témoignage d’amitié entre Ryan et Clément. Ce dernier, ayant appris que son meilleur ami est hospitalisé après une sévère crise cardiaque, abandonne toute activité et se rend à son chevet à l’autre bout de la France. Au fil des jours, Rayan délivre des préceptes de vie invitant Clément et le lecteur à s’interroger sur la quête du bonheur et sur la réussite de la vie. Derrière ces enseignements se cache une énigme que Clément tente de résoudre… Ce récit, dont le dénouement est pour le moins inattendu, nous plonge dans les intrications de la relation amicale, dévoilant ses multiples facettes, ses défis et ses beautés.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur de "Parce que c’est nous", Nicolas Durand revient avec "Un cœur pour deux", récit dans lequel il explore les liens profonds et précieux qui unissent les individus, capturant les émotions sincères et les moments inoubliables partagés entre amis. Son expérience amicale transcende les pages pour toucher les cœurs, rappelant que l’amitié est un trésor inestimable dans nos vies.
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Seitenzahl: 88
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Nicolas Durand
Un cœur pour deux
Roman
© Lys Bleu Éditions – Nicolas Durand
ISBN : 979-10-422-1224-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Mehdi…
Vouloir être heureux seul est une folie.
Vous avez le droit d’être heureux mais il faut que les autres le soient aussi.
Il y a des gens que je méprise beaucoup : ce sont ceux qui sont indulgents avec eux-mêmes et cruels avec les autres.
Il y a des gens que j’admire plus que tout : ce sont ceux qui sont durs avec eux-mêmes et doux avec les autres.
Jean d’Ormesson
Nous arborons notre amitié comme une médaille mais les récompenses valent pour le passé.
Mardi 24 janvier 2023
La nuit fut courte. Je pense à toi, essayant d’imaginer ce que tu vis et ressens. Je ne quitte pas mon portable des mains, guettant la moindre notification, cherchant une explication à son silence incompréhensible.
Dors-tu ? Es-tu éveillé ? Es-tu conscient ou inconscient ? À quoi songes-tu ? Appartiens-tu seulement encore à ce monde ?
Les interminables complies ne m’ont pas permis de m’endormir l’esprit serein. Une nuit courte et agitée. Il faut essuyer la vitre de la fenêtre pour retirer la buée et deviner une nuit étoilée. Dehors, le mercure oscille entre le gel et le froid comme toi entre la vie et la mort. Je m’entends encore crier ton prénom, déchirant la nuit, paradoxalement calme et paisible.
Je culpabilise de me tenir debout à cette heure de la nuit sans pouvoir faire quoi que ce soit. Ton jeune âge ne légitime pas ton hospitalisation. Ton état d’esprit d’habitude si positif ne permet pas d’envisager le pire, ton physique n’autorise pas non plus l’idée de te voir dépérir. Et pourtant…
Ton épouse m’avait informé par SMS de ton départ soudain aux urgences. Elle me donnait au fur et à mesure des nouvelles qui n’en étaient pas. Tu attendais une prise en charge, les examens, les résultats…
Dans la journée, une fatigue extrême te contraint à annuler notre réunion de travail. Un rendez-vous en visio avec un important prospect avec lequel nous espérions tant signer. Je n’imaginais pas l’assurer sans toi. Ton aura et ton discours impressionnent autant nos interlocuteurs que moi. Je suis admiratif de ce que tu es capable de faire. Je progresse, à mon rythme et avec mes capacités à tes côtés mais sans jamais t’égaler. C’est parfois très frustrant. Il en faut de l’amitié pour toujours accepter le second rôle, le choix par défaut. J’imagine la difficulté des apôtres mais je ne serai jamais Judas Iscariote… Ils ont malgré tout plutôt bien réussi leur vie !
Tes traits de visage étaient plus marqués qu’à l’accoutumée. Ton regard portait l’incompréhension. Ton souffle lent et court m’avait étonné. J’avais mis ça sur le compte de la qualité de la visioconférence et par la masse de travail que tu abats au quotidien dans le cabinet d’avocats que nous avons créé. Le contraste avec mon ami Rayan que j’avais vu il y a maintenant plusieurs mois pouvait surprendre.
Nous sommes des associés et des amis. Le temps, la distance et nos relations personnelles ont laissé moins de possibilités de rencontres et d’échanges. Notre complicité n’était plus la même. Un peu comme un vieux couple. C’est beau, dit-on pour se rassurer mais en fait, c’est moche. Je suis malgré tout toujours resté dans l’attente de pouvoir t’aider considérant que l’amitié est à prouver à chaque fois que tu en as besoin. Nous arborons notre amitié comme une médaille mais les récompenses valent pour le passé. L’amitié est à vivre chaque jour. Maintenant et demain. Je songe soudainement que le temps a filé et nous a échappé. C’est curieux ces pensées. C’est comme si je faisais le bilan d’une vie.
Les yeux rougis à peine ouverts, le visage capitulant devant le temps passé et qui laisse les rides envahir l’espace comme une herbe sauvage, le dos voûté comme accablé par le poids de l’angoisse, je me tiens devant la glace de la salle d’eau. La lumière blanche qui habituellement me donne un teint d’une fraîcheur comparable à la promesse de mon dentifrice m’envoyait le visage pâle et terne d’un fantôme.
Pourquoi constatais-je aujourd’hui que mon corps et ses envies avaient changé ? Je réalise à l’instant que tu ne me surnommeras plus jamais « bogoss ». Je n’y ai jamais cru mais ça m’avait fait plaisir. Les souvenirs des moments heureux me reviennent en flots. Les promesses faites autour des nombreux verres aussi. Pourrons-nous rattraper le temps perdu ?
C’est étrange de parler de toi au passé, sans savoir ce qu’il advient de ton corps meurtri, sans pouvoir imaginer un seul instant ton départ vers un autre monde. J’ai toujours eu peur de l’abandon, toujours pensé être un imposteur et ne pas mériter ton amitié. Je regrette de ne pas avoir pris les billets d’avion pour réaliser le voyage que nous envisagions lorsque nous refaisions le monde, un verre de Mandarine Napoléon avec des glaçons à la main. Je déplore de ne pas t’avoir kidnappé pour un road trip. Nous avons oublié de vivre. Nous allons nous rattraper. Peut-être…
La douche comme ultime tentative de réveil laisse rouler sur ma peau des milliers de perles d’eau dont le massage et le réconfort ne me tirent que partiellement de mon état comateux. Je reprends mes esprits et je m’accroche à l’idée que tu m’attends pour un café clope. Comme avant.
Par un mail envoyé à 2 heures du matin, je demande à notre assistante d’annuler tous nos rendez-vous de la journée. Ceux de la semaine aussi. Je serai là, toujours pour toi. Je sais que tu m’attends, que tu espères me voir débarquer comme pour mettre au défi mon amitié. Je te tiendrai compagnie pour écourter les journées à l’hôpital. Je te raconterai toujours les mêmes blagues et tu riras par politesse. Je t’aiderai dans l’accomplissement des gestes quotidiens. Nous referons le monde comme à notre habitude et nous prierons d’une seule voix. J’ai pris la dernière place dans le TGV pour traverser la France de Lille à Montpellier. Je serai là ce soir si tu veux bien m’attendre…
Mon pessimisme que tu as souvent injurié et qui te désespérait laisse échapper quelques mots inquiétants dont la graduation me laisse de glace : infarctus, réanimation, crise cardiaque…
Je ne reçois plus de SMS. L’absence de nouvelles laisse libre cours aux scénarios les plus tristes pour une comédie dramatique dont tu es malgré toi le héros. Une fois encore, j’ai le second rôle. J’attends le dénouement et un happy end comme dans les mauvaises séries B, sans trop y croire. Ce soir, j’irai te visiter et je refuserai que ce soit la dernière séance.
Tout me ramène à toi. Je pense qu’il n’y a pas de hasard.
Mercredi 25 janvier 2023
Je rassemble les premiers effets personnels qui se présentent à moi sans trop réfléchir. Les quelques vêtements empilés à la hâte grossissent le ventre de la valise visiblement trop petite. Il faut compter sur tout mon poids pour parvenir à faire glisser la fermeture éclair de la valise.
Je ne sais pas encore à cet instant la durée de mon séjour. Il prendra le temps de ta guérison. Une affaire de trois ou quatre jours. J’en suis persuadé. Ma présence et mon amitié excessives te motiveront à te rétablir rapidement.
De ma fenêtre, je scrute le ciel dégagé. L’air sec et froid rappelle sans condition que nous sommes encore dans l’hiver.
Une automobiliste gratte le pare-brise de sa voiture qui peine à démarrer pour se rendre au travail. Chacune de ses respirations laisse échapper un petit nuage de condensation. Les cheminées des immeubles anciens face à mon habitation expirent une fumée qui trouble la lueur du soleil levant.
Ils sont beaux, ces immeubles du vieux Lille. Celui d’en face est en briques rouge pourpre. Le ton pourrait être austère s’il n’était pas rehaussé par des pierres de taille au contour des fenêtres qui lui donnent une fière allure bourgeoise. Les toitures en escaliers dits en « saut de moineaux » lui confèrent un style flamand ou soissonnais. Des marches pour monter plus facilement vers le ciel.
Au rez-de-chaussée se tient une échoppe remarquable. On y vend les célèbres gaufres lilloises. Une institution ici surtout quand elles sont issues d’un savoir-faire transmis depuis cinq générations. L’incontournable gaufre à la vergeoise est la reine de la vitrine à l’aspect volontairement vieillot pour rappeler que cent cinquante ans contemplent ce savoir-faire gourmand. Elle trône aux côtés des gaufres aux parfums plus actuels comme la vanille, le citron, le spéculoos, la mangue ou la pistache. Des milliers de gaufres dites liégeoises, plates et fourrées, sont vendues tous les jours. On y croise des touristes d’Europe du Nord, des Lillois, des jeunes et leurs aînés. Le général de Gaulle y venait dans sa jeunesse, paraît-il. À l’intérieur, rien n’a changé. Les ingrédients sélectionnés pour leur qualité et les gestes sont les mêmes. Une recette secrètement gardée qui n’a connu d’évolution que dans la variété des parfums. Même les machines sont d’un autre temps. Noircies depuis longtemps par la chaleur de la cuisson, elles donnent un aspect imparfait à la gaufre faisant de chacune d’elles une forme unique. Je dois trouver une place dans mon bagage pour t’en apporter.
Le charme et la qualité de vie du nord invitent à la flânerie, à lever la tête. J’ai le mal du pays dès que je m’en éloigne trop longtemps. Dans le passé, je venais souvent à Montpellier te rendre visite. À chaque séjour, j’avais droit aux sempiternelles blagues que les Sudistes réservent avec condescendance aux Nordistes en leur demandant « Alors, tu viens voir à quoi ressemble un ciel bleu ? » Même avec l’accent, je n’ai jamais trouvé d’intérêt à parler de la météo.