Un mari de trop - Martine Colas - E-Book

Un mari de trop E-Book

Martine Colas

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Beschreibung

Roxane a la bonne soixantaine aujourd'hui. Elle coule enfin des jours paisibles dans son bungalow sur la Côte d'Opale. Il faut dire que sa vie n'a pas été de tout repos. Son premier mari, Lucas, était assez violent avec elle.
Mais, encore... S'il n'y avait eu que ça.
Depuis sa délivrance, sa meilleure amie, Laurence, rêve de proposer l'histoire extraordinaire de Roxane à la célèbre Lucie Bravet, biographe parisienne et reine internationale de best-sellers. Malgré le refus de Roxane, un matin, Laurence sonne à la porte de Lucie.


À PROPOS DE L'AUTEURE

Auteure, éditrice, scénariste, réalisatrice et productrice, Martine Colas écrit des scénarios, des nouvelles, des romans et a réalisé sept films. Plusieurs films ont déjà remporté des prix et ont été présentés au Short Film Corner du Festival de Cannes et du Festival de Clermont-Ferrand, entre autres.
Elle adore écrire, et de préférence, des intrigues psychologiques.
Que ce soit en littérature ou en cinéma, elle manie la plume avec passion.
Martine anime, en ligne ou en présentiel, des conférences, des tables rondes sur les thèmes abordés dans ses récits (les pervers narcissiques, la solitude, le harcèlement, la résilience…) et donne également des formations pour les adultes et les adolescents (écrire et publier un livre, réaliser un film…)
Toutes ses fonctions, Martine Colas les pratique avec passion et ténacité.
NOUVELLES :
L'Ange de la Mort - 2013
Secrets... - 2014
L'Ange de la Mort - NOUVELLE + SCENARIO - 2019
La Louvière 2050 - 2022
ROMANS :
Un Mari de trop - 2019
L'Illusion - 2020
SCENARIOS :
La Nuit des Secrets - 2013
Jeu de Rôle - 2013
L'Ange de la Mort - 2013
Le Rêve - 2017
Patchwork - 2018
Le Cocu - 2018
L'Homme parfait - 2018
FILMS REALISES :
La Nuit des Secrets - 2014
Jeu de Rôle - 2016
Le Rêve - 2017
Face à Elle - 2017
Mauvaise Fréquentation - 2017
Sang Témoin - 2018
L'Ange de la Mort - 2020

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Seitenzahl: 130

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Nouvelles :

2013 L'Ange de la Mort sélectionnée pour le recueil collectif

Les Mots en Héritage aux Éditions Novelas

2014 Secrets… Histoires Courtes

2019 L'Ange de la Mort – Édition spéciale + scénario du film

 

Romans :

2018 Un Mari de Trop

2020 L’Illusion

 

Scénarios :

2013 La Nuit des Secrets

2013 Jeu de Rôle

2013 L'Ange de la Mort

2017 Le Rêve

2018 Patchwork

2018 Le Cocu

2018 L’Homme parfait

 

Films :

2014 La Nuit des Secrets

Prix du Public Festival du Court-Métrage d'Anderlecht en 2016

2016 Jeu de Rôle

2017 Le Rêve

Prix du Public Festival International du Film Policier de Liège en 2017

Présent au Festival de Cannes en 2017

Présent au Festival International de Clermont-Ferrand en 2018

2017 Face à Elle

2017 Mauvaise Fréquentation

2018 Sang Témoin

2019 L'Ange de la Mort

Nombreux prix Festivals Internationaux en 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

UN MARI DE TROP

 

 

Roman

 

 

Martine COLAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute reproduction, adaptation et traduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Ces représentations ou reproductions, par quelque procédé que ce soit, constitueraient donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Tous droits réservés.

© Éditions Panthère asbl – Liège/Belgique, 2021

www.editions-panthere.com

ISBN : 978-2-9602735-0-2

Couverture : © Philippe Sombreval

 

 

 

 

«  L'amour, après tout, n'est qu'une curiosité supérieure,

un appétit de l'inconnu qui vous pousse dans l'orage,

poitrine ouverte et tête en avant. »

Gustave Flaubert

Lettre à Louise Colet, le 18 septembre 1846.

1 LUCIE

 

Laurence arrive enfin rue Amyot, dans le 5e arrondissement de Paris. Elle s’arrête à hauteur du numéro 8, une façade blanche aux volets en bois blanc, quatre étages, une double porte rouge surplombée de rosaces en pierre, c’est bien là. Cela correspond tout à fait à la description que la propriétaire, Madame Lucie Bravet, a faite au téléphone.

Sur la sonnette, le nom BRAVET en imprimé, à peine lisible ! Laurence appuie sur le bouton.

— Oui ?

— Bonjour, Madame Bravet, c’est Laurence Duroy.

— Montez au troisième étage, porte de droite. Je vous attendais.

 

Le portail en bois s’ouvre.

À l’étage, Laurence remarque la porte entr’ouverte, elle s’avance lorsqu’elle entend une petite voix fluette.

— Entrez, Madame Duroy, je suis dans le salon.

Laurence s’introduit lentement, impressionnée, dans l’appartement chargé en décorations anciennes, probablement chinées aux puces et découvertes chez quelques antiquaires. L’entrée est toute petite, le portemanteau est rempli de vestes qui se chevauchent. Elle trébuche sur des bottillons bruns et entre avec fracas dans le salon.

— Excusez-moi, madame, je…

— Oui oui, je dois ranger, mais voyez-vous je n’ai pas beaucoup de temps pour le faire. Asseyez-vous et mettez-vous à l'aise.

La dame accompagne sa parole d'un geste aimable de la main. Elle lui montre le fauteuil en cuir rouge devant elle.

 

Des livres jonchent le sol partout où elle regarde. Elle s’assied et dépose son sac à ses pieds. Deux gros chats persans gris dorment l’un contre l’autre dans le divan à côté. Une quantité impressionnante de bibelots ne donnent plus aucun espoir d’apercevoir les tablettes en marbre des hautes fenêtres de l’appartement. La couleur des murs est à refaire, les moquettes sont à changer, ou à nettoyer. Des plaids tapissent le grand canapé brun et les quelques meubles sont garnis de toutes sortes de petites décorations en fer forgé ou en bois. La table basse croule sous les hebdomadaires et magazines de couture et de tricot, un cendrier rempli de mégots diffuse une odeur nauséabonde de tabac froid et quelques canettes de soda, probablement vides, terminent la visite visuelle de Laurence.

 

Soudain, un petit oiseau en bois sort de sa boîte et pousse un « coucou » strident qui fait frissonner de stupeur Laurence. Elle sursaute et lâche sa clé de voiture qu’elle avait gardée en main.

— Alors, Laurence, je peux vous appeler Laurence, n’est-ce pas ? Que puis-je faire pour vous ?

— Oui bien sûr, Madame Bravet. Voilà, comme je vous l’ai dit par téléphone la semaine dernière, j’ai une amie qui a vécu une histoire plutôt… comment dire… incroyable.

— Oui effectivement, vous me l’avez dit. Nous avons tous une histoire extraordinaire à raconter.

— Je pense que celle-ci devrait être publiée.

— Et pourquoi pensez-vous cela ?

— Parce qu’elle est particulièrement… spéciale. Je vous propose de rencontrer mon amie, de l’écouter une dizaine de minutes, et vous pourrez juger de la qualité de son récit. Je vous assure que cela en vaut la peine.

— Elle habite où votre amie ?

— À Wissant, sur la Côte d’Opale. Elle vit dans une maison au bord de la plage.

— Racontez-moi en gros son histoire, avant que je ne me déplace. Que je sache au moins ce qu’elle a d’extraordinaire.

— Oh, vous savez, Roxane est une fille très bien, douce, gentille. Elle est née dans une famille dont elle ne connaît plus rien, car ses parents ont trouvé la mort dans un accident de la route. C’était la seule survivante. Elle avait été placée dans un orphelinat lorsqu’elle avait trois ans. Elle ne se souvient pas de cette période. Tout ce qu’elle sait d’elle, c’est ce que lui avait raconté l’éducateur. Son histoire, c’est surtout ce qu’elle a vécu après, avec Lucas, son mari.

— Mouais. Et qui vous dit que sa vie peut m’intéresser ?

— S’il vous plaît, faites-moi confiance, Madame Bravet, j’ai fait tout ce chemin pour venir vous voir, car je sais que vous êtes la bonne personne qui peut retranscrire son vécu. J’ai lu pas mal de vos œuvres et Roxane entre tout à fait dans vos critères de romans policiers !

— Ah ! Ce serait un policier ?

— Enfin, surtout un… thriller, je dirais.

— Un thriller… hum hum… Ouais, donnez-moi son adresse, je vais prendre contact avec elle.

— Merci, Madame Bravet, merci, vous verrez, vous ne le regretterez pas !

— Je l’espère bien !

La dame d’une soixantaine d’années tend la main à Laurence et serre la sienne en guise d’accord.

— Je peux vous servir quelque chose à boire, Laurence ? Du café, du thé ?

— Un café, merci.

Lucie se lève et prépare les boissons dans la cuisine.

— Je suis ravie d’être ici, c’est très impressionnant d’être à vos côtés, vous êtes si célèbre, Madame Bravet !

— Appelez-moi, Lucie, s’il vous plaît. Je ne suis pas si âgée que ça. Nous avons plus ou moins le même âge, non ?

— Effectivement, j’ai soixante-huit ans, tout comme Roxane d’ailleurs, dit-elle pensive.

— Elle a vécu beaucoup de malheurs votre copine ?

— Si vous saviez… Je n’aurais pas voulu être à sa place, elle est très courageuse et je l’admire pour sa ténacité.

— Que faisiez-vous comme métier, Laurence ?

— Institutrice primaire et je suis à la retraite depuis quelques années déjà. Ce n’est pas facile de se retrouver seule après avoir côtoyé autant d’enfants toute une carrière.

— Vous n’avez pas d’enfant ?

— Si, j’en ai deux. Nathan et Lula. Ils sont parents à leur tour et je les vois tous les quinze jours. Ils viennent à la maison le dimanche. Le reste du temps, je suis seule.

— C’est déjà bien, une fois tous les quinze jours.

— Roxane a vécu avec un tueur. Un fou. Un désaxé, un grand malade, quoi ! Moi, je ne l’ai connue qu’après, alors qu’elle travaillait dans un restaurant sur la plage, je venais fêter l’anniversaire de maman, aujourd’hui disparue. Quand je l’ai rencontrée, Roxane respirait la joie de vivre. Elle faisait très bien son travail et c’est lorsque Kate…

— Qui est Kate ?

— C’est notre amie commune. C’est quand Kate a fait son numéro invraisemblable au restaurant que nous avons lié connaissance. C’était ce soir-là.

— Je vois qu’elle était bien entourée votre Roxane.

— Oui et non. Elle a été bien entourée, par nous, et elle l’est toujours. Mais pendant ses coups durs, nous n’étions pas là, enfin si, un peu, euh non, beaucoup, enfin ça dépend à quel moment, mais pas tout le temps.

— Je crois que je comprendrai mieux quand j’aurai parlé avec Roxane, lance ironiquement Lucie.

— Oui, désolée. Je suis très émue d’être ici. De savoir que son histoire va enfin être révélée au grand public, j’en suis toute retournée.

— Eh là, pas si vite jeune fille, une chose à la fois. Je n’ai pas encore commencé à l’écrire.

— Oui, pardon, je vais vous laisser, Lucie. Je suis ravie d’avoir fait votre connaissance, c’est un honneur ! J’ai laissé les coordonnées de Roxane sur la table basse, vous n’aurez aucun mal à la convaincre, j’en suis certaine.

— La convaincre ? Comment ça ? Je dois la convaincre d’écrire son histoire ? Euh… c’était prévu ça ?

— Au revoir, Madame Bravet, au plaisir !

 

Laurence se lève précipitamment, avant que Lucie ne change d’avis, elle prend son sac et sort de l’appartement. De caractère plutôt timide et introverti, elle était contente d’avoir enfin passé ce cap du défi d’aller trouver une célèbre biographe. Cela fait tout de même trente ans qu’elle y pense.

2 1er RENDEZ-VOUS

 

— La convaincre, comme si j’avais besoin de ça pour écrire un best-seller, pff…

Lucie frappe à la porte de la maison sur la plage. Elle s’ouvre et une femme d’une soixantaine d’années se présente. Ses cheveux bruns sont attachés au-dessus de la tête avec un ruban satiné.

— Bonjour, je suis Roxane. Vous êtes Lucie, je présume ?

Lucie acquiesce d’un mouvement de la tête.

— Venez, entrez.

— Merci.

 

Les deux dames se font face dans le salon, chacune assise dans un fauteuil, deux tasses de café posées sur un guéridon.

— Excusez-moi, mais je n’ai pas bien saisi la raison de votre visite, Madame… Lucie, c’est bien ça ?

— Je suis la biographe, Lucie Bravet. Vous connaissez peut-être quelques-uns de mes ouvrages ? « L’Illusion », « La Mort dans l’Âme », « Le Passager Nocturne », « La Nuit des Secrets », ce sont des romans qui ont tous été des best-sellers.

— Ah oui, effectivement, cela me dit quelque chose, je pense avoir deux ou trois livres à vous dans la bibliothèque.

— Ma démarche n’est pas du tout banale. Sachez qu’en général je ne me déplace pas, j’ai assez de personnes qui prennent contact avec moi pour ce genre de travail. J’ai été contactée par une de vos amies, Laurence Duroy.

— Ah ? Laurence ? Mais, qu’est-ce qu’elle est venue faire chez vous ? Elle vous a parlé de moi ?

— Et comment ! Elle est venue spécialement pour vous.

— Ne me dites pas qu’elle est venue pour cette histoire qu’elle veut raconter ?

— Si c’est la vôtre à laquelle vous faites allusion, si, tout à fait. Il paraît qu’elle attend cela depuis une trentaine d’années. C’est dire comme elle doit être intéressante ! Je vous avoue que je me suis laissée prendre par ma curiosité.

— Cela fait tout juste trente ans qu’elle me supplie, c’est vrai.

— Alors vous êtes d’accord ? Vous voulez bien m'en révéler un petit bout ?

— D’accord ! D’accord ! Je dois y réfléchir. Vous venez chez moi comme ça et vous voulez que je vous raconte ma vie. Vous savez, cette histoire est derrière moi aujourd’hui et je ne pense pas que le public puisse aimer ce genre de déballage.

— Au contraire, les gens adorent. Mais, je comprends. De mon côté, cela ne m’enchante pas vraiment d’être ici non plus, c’est votre amie Laurence qui a insisté.

— Je pensais qu’elle avait abandonné l’idée, depuis tout ce temps.

— Apparemment, votre vie en vaut la peine…

— Oh, et puis à quoi bon ! Cela ne m’engage à rien de vous raconter un peu. Au moins, vous ne serez pas venue pour rien. Vous me paraissez bien sympathique. Bon, par quoi pourrais-je bien commencer… ? Voyons voir…

— Par un fait heureux ? Nous aborderons le reste plus tard.

— Si vous voulez. Heureux… heureux… ça va être vite fait ! Ces moments ont plutôt été rares. Parce qu’au tout début, ça allait avec Lucas, même très bien ! Bon, un truc heureux vous voulez… Disons que mon premier mariage, enfin, je veux dire, le jour de mon mariage était plutôt amusant. J’étais tout excitée, je portais une robe longue, blanc cassé, avec de la dentelle sur les bras et sur le bas du tissu. Mes cheveux étaient attachés par un ruban de la même couleur, ce qui rendait très bien avec le brun foncé.

— Oh ! Vous deviez être toute jolie.

— Pour une union célébrée en vitesse à Las Vegas, ça allait. Il me l’avait promis quelques mois auparavant, pour ça, il avait tenu parole. Donc, nous voilà partis, Lucas et moi dans le Nevada. Nous voulions nous marier de manière originale. De toute façon, nous n’avions aucune famille, ni lui ni moi, cela facilitait grandement les choses ! Lucas avait encore une vieille tante et un cousin, mais ne les fréquentait plus.

— Pas de parents ?

— D’après lui, non. Il disait être orphelin. Mais, ce n’était pas vrai.

— Ah, ça commence bien…

— Bon, je vous épargne le voyage qui en soi n’avait rien de bien palpitant. Une fois sur place, l’hôtel avait tout prévu. Oui, parce que là les hôtels organisent les mariages… Nous avions le choix entre plusieurs packs : parcourir le canyon en avion, Elvis Presley comme prêtre, comme témoin ou pour chanter un titre, Marilyn Monroe pour témoin, un survol de la ville en hélicoptère, ou au drive-in en limousine, la liste était longue et je me souviens avoir beaucoup ri avec Lucas quant aux formules proposées. C’était trop loufoque.

— Ah oui, effectivement ! Ils ne manquent pas d’idées là-bas.

— Finalement, nous avons choisi la formule Elvis en prêtre, pour le côté rock and roll et kitsch. Un chauffeur est venu nous chercher à l’hôtel en limousine pour nous conduire à la « Chapel of Love ». Il m’a donné les fleurs, c’était son rôle aussi. Le montage ressemblait d’ailleurs plus à une gerbe mortuaire qu’à un bouquet de mariage ! Mais bon, cela faisait l’affaire, comme on dit.

— Ha ! Ha ! Oui ! Et comment avez-vous trouvé vos témoins ?

— Tout simplement le chauffeur et le photographe. Ces personnes sont prévues dans le pack. Attention, quand je dis photographe, c’est un bien grand mot, les clichés ressemblaient plutôt à des photos prises d’une autre époque ! C’était bien moche, mais cela faisait partie de notre délire. Ça allait bien ensemble, en tout cas, nous en avons bien ri.

— Ah oui, c’est pas banal comme témoins… Je peux les voir ? Les photos, je suppose que vous avez l’album quelque part.

— Cela n’est pas possible. Tout ce qui est en rapport de près ou de loin avec Lucas, mon premier mari, a été jeté ou brûlé.

— C’est à ce point-là ? Donc, si je comprends bien, vos malheurs sont liés à Lucas ?

— C’est le moins que l’on puisse dire, en effet. Le comportement de Lucas s’est véritablement modifié après ce jour-là.

— Vous attisez ma curiosité là…

Roxane termine sa tasse de café. Elle n’est pas très sûre de vouloir raconter tout cela. Les mauvais souvenirs, ce n’est jamais bon de les faire remonter à la surface.

 

Après quelques minutes de silence que Lucie Bravet a parfaitement respectées, Roxane se lance tout de même.

— Un jour de pluie, j’ai enfilé mes bottes en caoutchouc, pris mon ciré jaune accroché au portemanteau de la cave, mon écharpe et j'ai attendu mon mari devant la porte, dans le hall d’entrée, là, derrière vous.

— Roxane ! T'as encore rangé ma veste dans la cave ! Elle pue ton bête parfum. J't'ai déjà dit de pas la foutre à côté de la tienne, merde !

— Je n’ai pas réagi, la tête baissée, je l’attendais.

 

Roxane continue, les yeux perdus dans le vague.

— Lucas arrive, il ouvre la porte :