Un monde nouveau - Mélanie Lapipe - E-Book

Un monde nouveau E-Book

Mélanie Lapipe

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Beschreibung

La liberté au bout des doigts, jusqu'où Léna sera-t-elle prête à aller ?

Léna, une jeune fille de dix-neuf ans, est pensionnaire au château de Dagger-School, une école militaire un peu particulière, dans laquelle le maniement du poignard et l’apprentissage des runes anciennes se mêlent aux matières plus classiques.
D’inexplicables règles et de sévères sanctions encadrent le quotidien des élèves, à commencer par des séjours au cachot pour ceux qui déambulent dans les couloirs sans autorisation, ou l’interdiction pour les filles et les garçons de se fréquenter en dehors de la fête mensuelle de la mixité. Mais ici, le plus étrange reste l’absence totale de souvenirs des élèves depuis leur entrée dans l’école…
 
Ce carcan et cette atmosphère lourde de secrets deviennent insupportables à Léna. Lorsqu’elle découvre que la bague léguée par sa mère possède le pouvoir de la faire voyager dans un autre monde, Léna est prête à prendre tous les risques pour franchir les derniers obstacles qui la séparent de la liberté.

Découvrez ce premier tome d'une saga fantasy prometteuse !

EXTRAIT

Il faisait déjà nuit noire au château de Dagger-School. La cour, les jardins ainsi que les forêts environnantes avaient été recouverts du voile sans étoiles des ténèbres. Une nuit paisible où le seul bruit était celui du bruissement des arbres secoués légèrement par la brise de l’automne. Même les chevaux de l’écurie semblaient avoir disparu. Seules les deux plus hautes tours du château étaient éclairées.
Léna passa sa main dans sa masse de cheveux bruns en soupirant, puis referma le gros grimoire qu’elle était en train de bouquiner. Elle regarda dehors ; la nuit était tombée et il régnait un calme paisible dans la bibliothèque. Elle contempla le reste de la pièce chaleureuse. Le sol était en moquette beige et, posées dessus, de nombreuses étagères en bois foncé. Au fond, une grande cheminée procurait une chaleur agréable qu’elle diffusait vers de petits canapés installés là pour fournir un coin calme. D’habitude occupés, les canapés étaient désormais vides, et on n’entendait pas un seul chuchotement à travers les rayons, pas un seul gloussement.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

L’auteur nous fait entrer facilement dans son univers fantasy et on se plait à découvrir les paysages, les créatures, à suivre les aventures de cette jeune femme hors norme. On tremble avec les personnages, on fait nôtres leurs sentiments, leurs réactions. La plume de Mélanie Lapipe est fluide et elle écrit avec tant de conviction, qu’on a l’impression d’être aux côtés des personnages.  - Livres en folies

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire d’Annemasse, près de Genève, Mélanie Lapipe est étudiante dans une école de commerce parisienne. Passionnée par l’écriture depuis son plus jeune âge, c’est à vingt-deux ans qu’elle met un point final à Léna. Grande cavalière, portée par les voyages, elle crée un monde et des personnages qui reflètent sa personnalité et son goût pour l’aventure.

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PRÉSENTATION DE L'AUTEUR

Originaire d’Annemasse, près de Genève, Mélanie Lapipe est étudiante dans une école de commerce parisienne. Passionnée par l’écriture depuis son plus jeune âge, c’est à vingt-deux ans qu’elle met un point final à Léna. Grande cavalière, portée par les voyages, elle crée un monde et des personnages qui reflètent sa personnalité et son goût pour l’aventure.

RÉSUMÉ

Léna, une jeune fille de dix-neuf ans, est pensionnaire au château de Dagger-School, une école militaire un peu particulière, dans laquelle le maniement du poignard et l’apprentissage des runes anciennes se mêlent aux matières plus classiques.

D’inexplicables règles et de sévères sanctions encadrent le quotidien des élèves, à commencer par des séjours au cachot pour ceux qui déambulent dans les couloirs sans autorisation, ou l’interdiction pour les filles et les garçons de se fréquenter en dehors de la fête mensuelle de la mixité. Mais ici, le plus étrange reste l’absence totale de souvenirs des élèves depuis leur entrée dans l’école…

Ce carcan et cette atmosphère lourde de secrets deviennent insupportables à Léna. Lorsqu’elle découvre que la bague léguée par sa mère possède le pouvoir de la faire voyager dans un autre monde, Léna est prête à prendre tous les risques pour franchir les derniers obstacles qui la séparent de la liberté.

LIVRE IUN MONDE NOUVEAU

Les mondes nouveaux doivent être vécus avant d’être expliqués.Alejo Carpentier

1. LA SOIRÉE MIXTE

Il faisait déjà nuit noire au château de Dagger-School. La cour, les jardins ainsi que les forêts environnantes avaient été recouverts du voile sans étoiles des ténèbres. Une nuit paisible où le seul bruit était celui du bruissement des arbres secoués légèrement par la brise de l’automne. Même les chevaux de l’écurie semblaient avoir disparu. Seules les deux plus hautes tours du château étaient éclairées.

Léna passa sa main dans sa masse de cheveux bruns en soupirant, puis referma le gros grimoire qu’elle était en train de bouquiner. Elle regarda dehors ; la nuit était tombée et il régnait un calme paisible dans la bibliothèque. Elle contempla le reste de la pièce chaleureuse. Le sol était en moquette beige et, posées dessus, de nombreuses étagères en bois foncé. Au fond, une grande cheminée procurait une chaleur agréable qu’elle diffusait vers de petits canapés installés là pour fournir un coin calme. D’habitude occupés, les canapés étaient désormais vides, et on n’entendait pas un seul chuchotement à travers les rayons, pas un seul gloussement. Seule madame Pinoux, la bibliothécaire, était présente, consultant un épais grimoire vert sur les plantes. Au même moment, elle quitta des yeux ses pages pour croiser le regard de Léna. Elle lui sourit tendrement. Léna lui rendit son sourire, s’étira et se leva.

Dagger-School n’était pas n’importe quel château. En réalité, c’était une école. Dagger-School… Le mot qui exprimait le mieux ses principes était son propre nom, surtout « Dagger1 ». Les élèves avaient, en plus de leurs cours d’histoire, de littérature ou encore de langue, deux heures d’art de manier le poignard – pour les filles – et le sabre – pour les garçons. Ils avaient aussi une heure d’arts martiaux et deux heures d’une activité au choix, telles que l’équitation ou l’apprentissage de runes anciennes.

L’école était dirigée par un homme fort et qui donnait l’étrange impression de ne pas vieillir. La plupart des élèves étaient contents de faire partie des étudiants de cette institution. Ils étaient tous orphelins, ou bien victimes d’une amnésie qui leur avait fait oublier les premières années de leur vie.

Mais chez Léna, c’était une tout autre chose. Elle en avait marre. Marre de cet internat, marre de cette école aux principes bizarres, marre d’être enfermée dans cette bâtisse qui ressemblait plus à une prison qu’à une école. Il y avait une chose qui dégoûtait encore plus Léna, c’était cette façon de séparer les filles des garçons : aucun cours, aucun repas, aucune pièce ne les rassemblaient.

Le jour où ils fêtaient leur quinzième année, chaque élève était convoqué dans le bureau du directeur. Léna avait été convoquée vers midi. Elle était entrée dans le bureau du directeur qui l’avait fait asseoir juste en face de lui. Il lui avait déclaré en la regardant à peine, fuyant son regard : « À vos âges, les filles et les garçons peuvent avoir des rapports qui dépassent l’amitié. Leurs sentiments nuiront à votre capacité de jugement, d’impartialité ainsi qu’à votre caractère propre. C’est pour cela que tous les rapports plus qu’amicaux sont prohibés. »

Elle lui avait lancé un « oui, monsieur », puis était sortie du bureau, quelque peu troublée. Au début, c’est sûr, elle s’en fichait, mais maintenant elle avait un peu plus de dix-neuf ans et depuis qu’elle avait rencontré Nicolas, Théo et Julien, elle ne pouvait plus le supporter.

Oh, bien sûr, vous vous demandez sûrement comment elle avait pu rencontrer trois jeunes hommes alors que c’était formellement interdit, sous peine de sanctions, voire d’un renvoi ?

Eh bien, l’entrevue que le directeur imposait à chacun des élèves était également accompagnée d’une sorte d’autorisation. En effet, à partir de quinze ans, les élèves pouvaient participer aux « soirées mixtes ». Le directeur disait que « mettre une tentation devant une règle forge le caractère, et ceux qui ne peuvent obéir à un ordre premier même face à cette tentation ne méritent tout simplement pas une place au sein du château ». Il trouva la plus belle des tentations en permettant aux élèves de se retrouver lors d’une soirée mensuelle en toute… mixité.

Et c’est justement avec l’un de ces moments si attendus par tous que notre histoire débute.

Léna rangea son livre dans son sac et se dirigea vers la porte. Madame Pinoux lui fit un sourire triste :

— Tu t’en vas déjà ?

— Oui, répondit Léna tout aussi triste, il faut bien que je me joigne un peu aux pré-festivités.

— Voilà deux ans que tu viens ici avant une soirée mixte. Tu ne te prépares pas plus ? Tu ne restes pas avec tes amies ?

— Non, en effet, acquiesça Léna avec un petit sourire. Je me sens bien mieux ici. Ce n’est pas pour moi, toute cette agitation. Et puis, à quoi cela sert d’être séduisante pour n’avoir rien de plus ?

Madame Pinoux rit de bon cœur et ajouta :

— En tout cas, ce soir, je ferme plus tôt.

— Si je peux me permettre, vous n’avez pas l’air très pressée non plus, ajouta Léna avec un sourire complice.

— Exact, mademoiselle Guelman ! Disons simplement que ce n’est pas pour moi, toute cette agitation.

Elle fit un clin d’œil à Léna puis la chassa d’un geste de la main. La jeune fille remonta les marches qui conduisaient au niveau des chambres le plus lentement possible. L’agitation se faisait de plus en plus entendre, puis ce fut une véritable cacophonie qui l’accueillit au seuil du dortoir. Elle traversa le couloir comme si de rien n’était, malgré les filles qui passaient devant elle de porte en porte, en criant et gloussant. Certaines, en petite tenue et des nœuds dans les cheveux, appelaient à l’aide. Elle se demanda bien comment c’était du côté des garçons : sûrement moins compliqué.

Elle s’arrêta enfin devant la porte qui portait l’inscription « chambre n° 12 » : c’était la sienne, qu’elle partageait avec trois autres filles, dont elle ne connaissait rien. Elle prit son inspiration, posa sa main sur la poignée et poussa le battant. Elle mit sa main sur sa bouche pour retenir un cri d’effroi. Une tornade avait dû passer dans la pièce car un désordre pareil ne pouvait être humain. Pourtant les filles papotaient, rigolaient ou encore s’habillaient comme si tout était normal. Sur leurs lits étaient entassés des tas de vêtements, de chouchous, de brosses à cheveux, de maquillage, et toutes ces babioles que Léna détestait tant.

Son lit la rassura ; il faisait tache, correctement fait au carré, rien n’y traînait, comme s’il avait été épargné par la tempête, un peu comme elle-même. Elle s’y dirigea sans se préoccuper de la cohue environnante, créant une bulle imprenable tout autour, une petite forteresse non touchée par le désastre. Elle saisit son coussin dans ses bras et emmitoufla sa tête dedans, l’éloignant du bruit et des conversations. Elle ferma alors les yeux et chercha son souvenir le plus lointain.

Elle se revit, toute petite, ses grands yeux verts ébahis devant un gigantesque sapin de Noël parfaitement décoré, parfumant la pièce des odeurs délicieuses de la forêt. Elle avait trouvé une guirlande rouge qu’elle avait enroulé autour d’elle. Elle jouait avec, quand un gros bonhomme rouge avait fait irruption, tenant d’une main un sac en toile ; de l’autre, il caressait sa longue barbe blanche. La fillette, qui riait aux éclats, s’était arrêtée sur-le-champ et avait couru se réfugier derrière sa nourrice, Bérengère.

— Allons, allons, petite Léna, lui avait-elle dit d’une voix douce et chaude que Léna n’oubliait pas, ce monsieur est là pour toi, vois comme il est gentil, allons, courage !

Puis elle l’avait poussée délicatement devant elle.

La fillette avait fait un premier pas et s’était arrêtée. Le père Noël avait alors sorti un petit paquet de son sac et l’avait tendu à Léna, qui s’était prudemment avancée pour le prendre. Le gros monsieur lui en avait donné d’autres et Léna avait fini par passer la soirée sur les genoux de l’homme en rouge, à rire à ses chatouilles et à avaler des tonnes de confiseries.

La seule ombre au tableau, c’était qu’elle se trouvait dans la salle à manger de Dagger-School. Elle devait avoir trois ou quatre ans !

Léna rouvrit les yeux brusquement. Cela faisait quelque temps qu’elle se pliait à cet exercice et elle venait de trouver son plus vieux souvenir, pourtant elle était déjà dans cette école ! Elle n’avait pas pu faire TOUTE sa vie ici. Elle ne pouvait s’y résigner ! Elle referma les yeux pour tenter de trouver, au fond d’elle, un plus vieux souvenir encore.

Au bout de quelques minutes, elle fut secouée timidement. Elle se tourna et ouvrit les yeux. Une jeune fille aux longs cheveux blonds, attachés en une tresse parsemée de fil de couleur, se tenait devant elle, les poings sur les hanches.

— Léna ! Fais-moi le plaisir, pour une fois, de te préparer un peu mieux pour une soirée mixte !

Léna se leva, se regarda dans le miroir, passa la main dans ses cheveux sauvages pour tenter de les discipliner à nouveau, puis se tourna vers son amie :

— Je me trouve très bien comme ça, Jessica. Ce n’est pas une épreuve ces soirées, je n’ai pas besoin de me préparer « un peu mieux ». C’est juste pour se détendre.

Jessica croisa les bras sur sa poitrine et soupira.

— Ça ne te plairait pas de savoir ce que tes superbes amis masculins diraient si tu t’habillais un peu mieux pour une fois ? Ils seraient peut-être fiers, contents, ou même amoureux…

Léna se retourna vivement :

— Oh arrête, toutes les relations sont interdites ! Tu le sais très bien ! Je pourrais me faire virer !

Jessica éclata de rire comme si Léna venait de sortir la meilleure blague de l’année.

— C’est ce dont tu rêves, de te faire virer, et puis n’ai-je pas parlé d’amour et non de relation ? Certes, ces dernières sont prohibées, mais tu ne peux empêcher les sentiments. Il faut que tu penses aussi à ton avenir après l’école, qui sait, l’un d’eux pourrait être ton conjoint !

L’excitation dans la voix de Jessica était perceptible et la jeune fille tira Léna par la main pour la forcer à s’asseoir sur une des chaises, près d’un miroir.

— Laisse-moi m’occuper de toi. Tu resteras détendue puisque tu n’auras rien à faire. À partir de maintenant, je ne veux plus t’entendre.

Vaincue, Léna ne bougea plus et se laissa coiffer, maquiller, parfumer et habiller.

Vingt minutes plus tard, Léna s’admirait dans la glace. Ses cheveux étaient attachés en un chignon complexe qui laissait retomber quelques mèches sauvages sur sa nuque ; sa silhouette fine et musclée était mise en valeur par une jolie robe bleu nuit, qui faisait ressortir son teint lumineux. Jessica avait souligné ses yeux verts par un trait noir rendant son regard encore plus perçant. Elle eut une petite pensée pour l’un des jeunes hommes qu’elle allait bientôt rejoindre. Quel allait être son regard ? Elle sourit : sûrement moqueur.

— Jess ! Je suis étonnée de ce que tu as fait. C’est plutôt simple, et j’aime bien ! Tu travailles comme une pro, on dirait que tu as fait ça toute ta vie.

Jessica haussa les épaules et rigola, satisfaite. Léna se regarda à nouveau et sourit ; elle se sentait belle et féminine.

Jessica la prit par la main et l’entraîna dans le flot de filles qui descendaient les escaliers pour rejoindre la salle de réception au rez-de-chaussée. À quelques mètres de la porte, Jessica s’arrêta et regarda Léna, laissant les élèves se mélanger et s’engouffrer par la grande ouverture.

— Écoute princesse, j’aimerais que tu me rendes un petit service. Tu peux me présenter à tes amis ? Il y en a un qui me plaît assez, c’est le…

— Bien sûr ! Je te dois bien ça ! Ne me dis pas lequel c’est. Il vaut mieux ne rien compliquer, répondit Léna, mal assurée. Nous les chercherons une fois dedans, alors reste bien avec moi. Si je te perds, je ne te chercherai pas !

Elle fit un clin d’œil à son amie, la prit par le bras et l’entraîna dans la foule.

La salle était bondée et dix minutes après leur arrivée, les deux jeunes filles étaient toujours seules. Elles firent une pause au buffet pour demander un verre aux serveurs. Une fois servies, elles inspectèrent la foule du regard. Léna examina méticuleusement les élèves et remarqua un détail positif dans cette école : Dagger-School était au moins efficace pour développer la forme physique de ses élèves. Les heures d’exercices et les repas sains faisaient des étudiants de l’école de vrais instruments de guerre, tout en muscle. Les garçons avaient des carrures qui se différenciaient toutes les unes des autres ; les filles, quant à elles, étaient finement musclées et gracieuses.

Un peu soucieuse, Léna sirotait son verre quand une poigne ferme l’attrapa par les hanches et elle se sentit serrée contre un torse robuste. Un rire tonitruant se fit entendre derrière elle. Léna éclata de rire : elle savait déjà qui se trouvait contre elle avant même de l’avoir entendu parler.

— Théo ! Lâche-moi, j’étouffe ! dit-elle entre deux éclats.

Respirant à nouveau, la jeune fille se retourna et découvrit le jeune homme de dix-neuf ans, riant de bon cœur. Son visage rond joliment entouré de boucles blondes retombant sur ses oreilles avait, malgré tout, manqué à Léna. Sa mâchoire nettement marquée renforçait son air viril, mais ses yeux d’un marron clair trahissaient son air de premier de la classe. La tenue qu’il avait choisie ce soir le mettait en valeur, faisant ressortir sa silhouette carrée et musclée.

Léna fit les présentations rapides entre ses amis et partit à la suite de Théo, qui leur faisait signe de le suivre. Ils traversèrent difficilement la piste de danse où se trémoussait une foule sur un rythme entraînant, pour se réfugier dans un coin plus tranquille, ponctué de petits groupes installés sur des fauteuils. Ils se dirigèrent vers un endroit isolé où deux garçons en pleine discussion étaient déjà assis. À la vue de Léna, ils se calmèrent et se levèrent, visiblement heureux.

La jeune fille se précipita vers le plus petit des deux, lui sauta au cou et sentit la force protectrice des bras du garçon sur sa taille. Elle s’éloigna un peu de lui, l’observant d’un œil critique : ses cheveux bruns étaient toujours coupés en brosse et plantés sur un visage triangulaire qui lui donnait un air faussement angélique. Ses yeux chocolat, pétillants de malice, illuminaient son teint cuivré. Sa silhouette était certes moins carrée que celle de Théo, mais on devinait des muscles bien entraînés.

Léna sourit :

— Toujours le même, Julien ?

Il lui tira la langue et rit. Le jeune homme avait une tendance aux boutades et aux changements ridicules de sa personne, l’entraînant bien souvent dans de sérieux problèmes, comme la fois où il avait trouvé hilarant de se cacher dans le placard des pigments d’une de leur salle de classe et en était ressorti les cheveux tirant sur le bleu-violet.

— Non, je n’ai rien trouvé de nouveau à faire cette semaine, rétorqua-t-il tristement.

Léna soupira et leva les yeux au ciel. Cette semaine ? Qu’avait-il fait lors des précédentes ? Elle se demanda quand il gagnerait en maturité et changerait son comportement puéril.

Elle se tourna vers le second jeune homme. Du haut de ses dix-neuf ans, il était de loin le plus beau. Son visage ovale, surmonté de cheveux bruns en broussailles, était halé, faisant ressortir ses yeux étourdissants par leurs dégradés de bleus. Ils étaient fixés sur Léna d’un air assuré. Son étrange sourire étirait ses lèvres d’un seul côté, lui donnant un aspect moqueur et vaguement séducteur. Il s’étira, jouant de ses muscles, puis s’approcha de Léna pour la prendre dans ses bras avec douceur.

Elle lui chuchota à l’oreille :

— Tu m’as manqué, Nicolas.

Il sourit et lui répondit de la même manière :

— À moi aussi, énormément.

Sa voix suave la fit vibrer ; un long frisson lui parcourut le dos. Elle se détacha de lui non sans regret pour présenter Jessica à ses trois amis. Cette dernière sourit timidement à Théo qui lui répondit par un clin d’œil provocateur, produisant un sauvage rougissement chez la jeune fille. Elle s’assit délicatement sur le siège à côté du jeune homme et entama la conversation sous le sourire charmeur de l’intéressé.

Nicolas regarda le dernier fauteuil, soupira, et se tourna vers Léna avec une révérence :

— Mademoiselle, je vous laisse ma place. Je vais partir en quête d’un autre siège !

Il lui fit un sourire malicieux et se dirigea vers un petit groupe composé exclusivement de filles, qui disposait d’un siège libre. Léna se précipita à sa suite. Il leur fit un de ses plus beaux sourires.

— Personne ne s’assoit ici ? Parce que, voyez, je me suis fait piquer mon siège, dit-il en montrant du doigt Léna qui arrivait, et je ne voudrais pas m’asseoir par terre. Puis-je vous l’emprunter ?

Une des jeunes filles rit et, lui touchant l’épaule du bout du doigt, répliqua, charmeuse :

— Bien sûr, mais pourquoi ne pas rester ici ?

Léna leva les yeux au ciel. Pour la plupart, ces filles faisaient de toute évidence leur première soirée mixte. Elle s’approcha un peu plus du groupe et répondit avant que le jeune homme puisse répliquer :

— Parce que sinon, il outragerait son amie qu’il n’a pas vue depuis longtemps.

— Pour parler franchement, mesdemoiselles, je ne vois rien à ajouter, s’exclama Nicolas avec aplomb.

Les filles regardèrent Léna qui resta impassible, puis elles hochèrent toutes la tête à l’unisson. Nicolas sourit et se mit à pousser le siège, attrapant au passage Léna, qui restait plantée au même endroit. Elle avait à peine touché le bord du fauteuil pour l’aider que le jeune homme, plus rapide, l’avait attrapée et placée dans le siège confortable.

— Ces fauteuils ne sont pas bien lourds et je suis un grand garçon ! pouffa-t-il avant de lui tirer la langue.

Elle fit de même et croisa les bras, mimant la petite fille colérique. Ils se chamaillèrent ainsi jusqu’à avoir rejoint leurs amis qui proposèrent de se diriger vers la piste de danse. Ils déclinèrent tous deux l’offre et sirotèrent leur boisson tout en papotant.

Au bout d’une demi-heure, Léna se pencha près de lui et l’observa, un sourcil levé. Il lui rendit son regard, plutôt inquiet.

— Tu as refusé deux danses avec des filles très jolies, dit Léna malicieusement. Je ne te comprends pas, tu deviens grave.

Il rit de bon cœur, s’étira et se leva.

— Tu as raison ! Ce n’est pas raisonnable. En plus, je trouve cette musique plutôt sympa.

Léna baissa le regard et sourit tristement. Puis elle vit la main tendue du jeune homme devant elle. Elle leva les yeux ; il la regardait tendrement, la faisant légèrement rougir.

— N’y pense même pas, oublie cette idée, objecta-t-elle en se reculant au maximum dans son fauteuil, le regard apeuré.

Il lui lança un coup d’œil navré et se dirigea vers la foule trémoussante, disparaissant de son champ de vision. Elle prit son verre, furieuse contre elle-même.

Elle sirotait sa boisson, les pensées au loin, quand elle sentit quelqu’un la saisir par la taille et l’entraîner au milieu de la foule. Affolée, elle tenta de se dégager, en vain.

— Laisse-toi aller, Léna. On est là pour ça. Et puis tu me manquais.

La voix suave de Nicolas la réconforta et elle se détendit un peu. Il la fit tournoyer – ce qui fit voler sa robe – pendant qu’elle criait pour couvrir le bruit de la musique :

— Nico ! Je ne sais pas danser ! Tu es énervant.

Il sourit, moqueur, fit mine de ne pas entendre ses protestations et continua à la faire danser contre lui.

Exténués après leur longue danse, Léna et Nicolas se frayèrent un chemin parmi la foule agglutinée devant le buffet. Pendant qu’on leur servait un grand verre d’eau fraîche, les yeux de Léna se perdirent dans le mouvement ininterrompu et rythmé de la masse d’élèves qui dansait à quelques mètres d’elle.

Elle sursauta et se retourna vivement en sentant une caresse douce et chaude sur son épaule. Le regard inquiet de Nicolas la fit sourire ; elle le prit par la main et le conduisit vers un coin calme où ils pourraient discuter seul à seul. Voyant Léna s’arrêter, Nicolas s’adossa au mur, sourcils froncés.

— Je me disais que tu avais l’air bien pensive ce soir. Raconte-moi, demanda-t-il sourdement.

La jeune fille se balança d’un pied sur l’autre sans savoir que dire, se massa les tempes puis passa sa main dans ses cheveux.

— Tu n’as pas tort. Mon cerveau a matière à réfléchir depuis mon cours d’histoire, se lança-t-elle. C’était un cours sur l’histoire de Dagger-School et je me suis rendue compte que, bizarrement, l’histoire personnelle de chaque élève était intimement liée à cette école. J’ai alors réalisé que toutes les personnes que je connaissais étaient dans l’incapacité de me raconter l’histoire de leur vie ! Celle d’avant Dagger. Tous amnésiques ou orphelins, c’est étrange, non ?

— Tu te poses peut-être trop de questions ? supposa son ami en haussant les épaules.

— Mais regarde, toi par exemple, tu m’as dit que tu étais orphelin. Tu es arrivé ici à six ans, tu n’as aucun souvenir d’avant ?

— Non, en effet. Mais c’était il y a longtemps, maintenant je suis ici, c’est tout. C’est donc pour ça que tu te fais du souci, pour le passé ? Pense au présent, ou même à l’avenir : penser au passé est une perte de temps.

— Non, écoute, j’ai essayé de me rappeler mon plus vieux souvenir. Et je pense y être arrivée, je devais avoir quatre ans.

— Tu as été admise plus tôt. Tes talents se montraient déjà, dit-il, taquin.

— Nico, je n’ai pas envie de rire. Les plus jeunes admis ont entre six et sept ans. J’ai l’impression d’avoir vécu toute ma vie ici !

Comprenant la détresse de son amie, le jeune homme redevint sérieux et réfléchit, triturant le bas de sa chemise.

— Prends rendez-vous avec le directeur. Le seul qui pourra répondre à tes questions, c’est bien lui. Cela fait longtemps qu’il est ici ; c’est un homme droit, je pense qu’il donnera suite à tes interrogations.

Léna secoua la tête et lui sourit. Elle aurait dû y penser plus tôt.

— Oui, bien sûr ! C’est le seul qui pourra m’éclairer. Je prendrai rendez-vous demain.

Il lui sourit, l’embrassa sur le front et l’entraîna de nouveau sur la piste sans écouter les protestations de la jeune fille.

Léna sortit de la foule en regardant derrière elle, certaine d’avoir semé son partenaire. Elle sourit de contentement en rejoignant leur point de rencontre, le coin canapé à l’écart de la foule.

Tout en avançant, Léna observa la majestueuse voûte de pierre au-dessus de sa tête. Finement ciselée dans des courbes complexes et élégantes, la pierre de jais formait des arcs qui partaient des bords de la pièce pour se rejoindre au plafond, finissant par ce qu’elle pensait être un lustre. D’une énorme pierre translucide émanait une lumière surnaturelle. De la forme d’un citron, elle était sculptée d’une multitude de rainures lui donnant un aspect de fleur au joyau. Il était parcouru par de fines veines de couleur rose pâle virant au rouge vermeil sur le bas. La pierre se terminait par une flèche d’une vingtaine de centimètres de long et d’une dizaine en envergure, d’un rouge écarlate. Cette pointe fine brillait autant que le reste de la pierre.

Léna adorait cette pierre à la fois rude et gracieuse. Elle continua son chemin et s’arrêta à quelques mètres de leur coin canapé. Nicolas était là, les yeux fermés ; il battait le rythme de la musique avec son pied. Léna le rejoignit et s’assit sur un canapé en face de lui.

Il sourit et sans ouvrir les yeux, il demanda :

— Tu pensais vraiment me semer, Léna ?

Elle rit.

— Non, pas vraiment, mais j’ai réussi à t’éloigner de la piste de danse.

Il ouvrit les yeux, lui jetant un regard amusé.

— Je me demandais ce que tu avais prévu comme expédition, ce mois-ci…

Léna le regarda, surprise, leva un sourcil en signe d’incompréhension. Remarquant son silence, il rouvrit les yeux et lui adressa son plus beau sourire. Il allait s’exprimer quand Théo sortit de la foule en jouant des coudes, suivi du reste de la troupe. Ils prirent place dans les différents fauteuils aux côtés de Léna et Nicolas, riant et bavardant joyeusement.

— Julien, lança Nicolas, prenant son ami à témoin, Léna ne comprend pas où je veux en venir quand je parle de ses expéditions loufoques.

Julien commença le décompte à haute voix en se servant de ses doigts :

— Le mois dernier, tu nous as forcés à te suivre dans les couloirs interdits ; le mois d’avant, tu nous as forcés à visiter ta chambre, et le mois encore d’avant, tu nous as forcés à…

Léna lui tapa sur l’épaule et s’écria :

— Hey ! De un, je ne vous ai jamais « forcés », vous décidez vous-mêmes de vos propres choix, messieurs. Et de deux, ce ne sont pas des expéditions « loufoques », mais enrichissantes. En plus, c’est vous, à chaque fois, qui me poussez à vous faire sortir, comme tu le fais maintenant.

Ils éclatèrent de rire. Nicolas s’étira et prit la main de Léna.

— Cette soirée manque de piment ; ton imagination est là pour nous sauver de cet ennui. Réfléchis-y un peu si tu veux.

Léna sourit tandis que les discussions reprenaient. Elle savait depuis longtemps ce qu’ils allaient faire, il lui fallait simplement peaufiner son plan.

Léna toussota, les conversations s’arrêtèrent et Nicolas se frotta les mains l’une contre l’autre, avec aux lèvres son éternel sourire de côté.

— C’est bon ? lui dit-il. Tu as une idée ?

Léna acquiesça. Elle observa les regards posés sur elle : Nicolas attendait, Julien souriait béatement, Théo jouait avec ses boucles, soucieux – il devait sans doute chercher une solution pour les empêcher de bouger –, Jessica fronçait les sourcils sans comprendre.

Léna prit la parole :

— Ce mois-ci, j’aimerais assez que l’on retourne à « l’Étage ». Je sais, nous y sommes déjà allés, mais cette fois il y a peut-être quelque chose de plus intéressant à voir là-haut. Hier, j’ai entendu madame Richnode, notre professeur d’herbologie, dire à monsieur Verbont, le secrétaire, qu’« enfin tout était installé ». Apparemment, quelque chose devait être mis à l’Étage.

— Cela me paraît très logique qu’ils en parlent devant toi… répliqua Théo avec ironie. C’est insensé, c’était pour te tester ! Si ça se trouve, ils l’ont fait exprès, pour voir ce que tu ferais, continua-t-il sur un ton étranglé.

— Non, pas du tout ! J’avais fini mon cours avec madame Richnode et je rejoignais l’écurie, quand j’ai réalisé que j’avais laissé un livre en classe, j’y suis donc retournée. Et c’est en approchant de la salle que j’ai surpris un bout de leur conversation. Ils ne m’ont pas vue, mais je n’ai pas pu entendre la fin de la discussion… expliqua Léna.

Nicolas agitait la tête d’un air convaincu, il suivrait Léna ; Julien paraissait tout excité, prêt à bondir ; Théo réfléchissait, mais il ne semblait pas difficile de le convaincre de laisser un peu d’adrénaline monter dans ses veines. Jessica paraissait secouée ; elle avait les yeux ronds, le teint plus pâle qu’à l’ordinaire et se mordait les lèvres.

Contre toute attente, elle se leva :

— Vous êtes fous, je tiens à ma place dans cette école ! Libre à vous d’enfreindre le règlement mais je ne vous suivrai pas là-dedans.

Elle tourna les talons et disparut dans la foule. Théo secoua la tête en la regardant s’éloigner, sans masquer sa déception flagrante. Léna, quant à elle, haussa les épaules, ravie de rester seule avec ses trois amis. Elle se leva, lissa sa robe, sachant qu’elle n’était pas adaptée au reste de l’expédition, et attendit que les garçons se lèvent enfin.

Ils traversèrent la foule. Léna les guidait. Ils s’arrêtèrent devant la grande porte en bois massif, qui était ordinairement surveillée par deux professeurs, actuellement trop occupés à danser un rock endiablé. Léna sourit devant la facilité à s’échapper et se glissa dehors en entrebâillant de quelques centimètres seulement la grande porte. Une fois dehors, elle courut se réfugier derrière une immense statue de marbre blanc et gris représentant un cavalier cérémonieux. Elle attendit à demi accroupie et fut vite rejointe par Théo puis Nicolas, et enfin par Julien.

Léna se déchaussa et déposa ses chaussures peu confortables dans un recoin, afin de rester discrète en évitant le risque de se fouler une cheville. Nicolas prit la tête du groupe. Ils traversèrent le hall sans un bruit et rejoignirent une seconde cachette derrière la statue d’une femme accroupie, prête à combattre un ennemi invisible. Ils écoutèrent attentivement les bruits qui leur parvenaient : tout semblait calme à part les sons étouffés de la musique. Cette fois-ci, ce fut Théo qui passa le premier, grimpant les escaliers sans bruit, suivi des autres qui l’imitèrent à la perfection.

Ils traversèrent ainsi plusieurs couloirs et escaliers pour se retrouver enfin devant les dernières volées de marches qui menaient à l’Étage, un lieu parfaitement interdit aux élèves. Il n’était pas surveillé. Habituellement, les autres couloirs étaient très fréquentés, ce qui empêchait les élèves d’y accéder sans être vus. Les quatre amis avaient déjà entrepris la même expédition et avaient été cruellement déçus en ne trouvant que des salles vides – à rénover d’urgence – et des tonnes de poussière.

Ce fut à Léna de mener la marche et elle regretta un peu ses chaussures. Elle fit un effort pour ne rien laisser paraître quand ses pieds touchèrent le sol poussiéreux. Elle continua à avancer et réprima un cri lorsque son pied droit frôla une chose suspecte. Elle se refusa à baisser les yeux pour voir ce que c’était.

Elle se glissa dans une petite salle sans porte qui devait autrefois servir de toilettes. Les garçons s’arrêtèrent près d’elle et s’accroupirent. Nicolas regardait les pieds de Léna avec un air moqueur. Elle lui adressa un sourire entendu puis demanda en chuchotant :

— Qui veut aller faire un tour en éclaireur ?

Théo fronça les sourcils :

— Pourquoi envoyer un éclaireur puisque ce n’est pas surveillé ?

— C’est que j’ai oublié de vous rapporter un petit détail… Ce n’est pas tout à fait comme prévu… grimaça Léna. J’ai entendu parler de tours de garde entre les professeurs…

Nicolas mit sa main devant sa bouche pour étouffer le fou rire qui lui venait devant la mine outrée de Théo, le plus sage de la bande et qui, s’il avait su, ne serait certainement pas venu. Son regard lançait des éclairs ; il fit un geste des mains vers ses yeux, puis vers chacun de ses camarades, puis enfin vers le lieu où ils se trouvaient. Le message était clair : il resterait là ! Nicolas, avec un sourire vantard, fit un cercle avec ses doigts puis mit un doigt sur ses lèvres : il était l’éclaireur. Après un hochement de tête général, il s’éloigna discrètement dans le couloir.

Il ne tarda pas à revenir, de la poussière sur ses vêtements. Il se secoua vivement puis se retourna vers ses compagnons. Il leva deux doigts puis fit un cercle dans le vide avec son poing : deux professeurs tournaient dans les couloirs. Les autres secouèrent la tête pour signifier qu’ils avaient compris.

Réfléchissant à toute allure, Léna les appela silencieusement et traça un rapide plan de l’étage dans la poussière du sol. Elle désigna Théo, qui se raidit, et lui désigna un parcours du doigt ; il répondit oui de la tête. Elle montra ensuite Julien, qui lui sourit, enthousiaste, et lui attribua le parcours inverse à celui de Théo ; son sourire s’agrandit : il venait de comprendre son plan. Elle se releva et représenta un 20 avec ses doigts. Elle traça ensuite un cercle sur son poignet, montra sa bouche et mima un porte-voix avec ses mains.

Après quelques secondes de répit, les deux garçons désignés partirent dans les directions données. Léna compta vingt secondes puis se cacha dans l’une des toilettes, entraînant Nicolas avec elle. Elle sentait son souffle sur son oreille et son cœur battre contre sa poitrine, ce qui la fit rougir légèrement.

Coupant court à son malaise, elle entendit des pas précipités dans le couloir. Ils sortirent de leur cachette et explorèrent les couloirs à la recherche de quelque chose de nouveau. Nicolas l’attrapa par le bras, l’arrêtant devant une porte visiblement neuve, rouge mat. Une étoile en or y était gravée.

Elle ouvrit le battant de quelques centimètres et jeta un œil à l’intérieur : c’était un appartement. Ou plutôt un salon. Elle fut étonnée de voir un feu qui crépitait dans la cheminée. Au fond de la pièce, il y avait une bibliothèque peu remplie et deux énormes fauteuils en cuir de la même couleur que la porte. Dans celui qui lui faisait face se trouvait le directeur de l’école ; il regardait avec grand intérêt l’interlocuteur qui se trouvait dans le siège opposé et cachait ainsi son identité à Léna.