Une ténébreuse affaire d'Honoré de Balzac - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Une ténébreuse affaire d'Honoré de Balzac E-Book

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Paru en feuilleton dans Le Commerce en 1841, puis en volume en 1843, Une ténébreuse affaire s’inspire d’un fait réel qui avait défrayé la chronique quarante ans plus tôt.

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Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Seitenzahl: 81

Veröffentlichungsjahr: 2015

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ISBN : 9782852297098

© Encyclopædia Universalis France, 2016

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Couverture : © Monticello/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Une ténébreuse affaire d'Honoré de Balzac.

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Une ténébreuse affaire

Paru en feuilleton dans Le Commerce en 1841, puis en volume en 1843, Une ténébreuse affaire s’inspire d’un fait réel qui avait défrayé la chronique quarante ans plus tôt. Dans La Comédie humaine, le roman s’inscrit parmi les « Scènes de la vie politique ».

En septembre 1800, le comte Clément de Ris, sénateur, est enlevé dans son château par une bande de brigands. Ceux-ci, après avoir pillé sa demeure, le retiennent prisonnier dans un souterrain, avant de le relâcher subitement. Indigné, Bonaparte, alors Premier consul, exige du ministre de la Police que les coupables soient promptement découverts et châtiés. Fouché fait arrêter cinq personnes, dont deux gentilshommes normands, anciens chouans, qui ne sont pour rien dans l’affaire, mais qui, traduits devant un tribunal spécial, se voient condamnés à mort et exécutés.

Honoré de Balzac (1799-1850) possédait sur cet épisode des renseignements de première main, corroborés depuis par les historiens, et tendant à montrer qu’il s’était agi d’un stratagème inventé par Fouché. Avec Clément de Ris, il aurait comploté contre Bonaparte, mis en difficulté lors de la seconde campagne d’Italie. La victoire de Marengo (14 juin 1800) ayant conforté le pouvoir de celui-ci, il se serait alors empressé de faire détruire les documents compromettants détenus par son complice. L’enlèvement n’aurait été qu’un simulacre et les condamnés à mort de parfaits innocents.

Une telle histoire était idéalement faite pour Balzac, passionné par les intrigues policières et les sombres machinations qui constituent « l’envers de l’histoire contemporaine ». Mais, loin d’en faire le compte rendu rigoureux, il la transpose et lui invente des ressorts humains et psychologiques. Il fait ainsi précéder l’épisode de l’enlèvement d’un chapitre initial de pure fiction, lui permettant de donner à ses acteurs une solide existence romanesque. « L’auteur, écrit-il dans la Préface de l’ouvrage, a changé les lieux, changé les intérêts, tout en conservant le point de départ politique ; il a enfin rendu, littérairement parlant, l’impossible, vrai. »

• La machination

L’action débute en 1803, dans le département de l’Aube, où la noblesse a payé un lourd tribut à la Révolution. Les Simeuse, notamment, ont péri sur l’échafaud, à l’exception de deux frères jumeaux qui ont pu fuir la France. Durant leur exil, ils reçoivent l’aide de leur cousine, Laurence de Cinq-Cygne, qui, restée au pays, continue de servir avec une farouche énergie la cause monarchiste.

Le conseiller d’État Malin, un roturier qui a fait fortune avec les biens nationaux et obtenu les faveurs de Bonaparte, est venu dans la région pour racheter le domaine de Gondreville, jadis propriété des Simeuse. Fouché, qui surveille ses agissements, l’a fait suivre par deux membres de sa police, Corentin et Peyrade. Il est également espionné par Michu, qui passe pour un révolutionnaire fanatique, mais n’a cessé de servir en secret les intérêts des Simeuse, dont il fut l’intendant. Celui-ci apprend que les jumeaux, qui regagnent la France, vont y être arrêtés pour avoir trempé dans un complot contre Bonaparte. Il alerte Laurence et l’aide à mettre ses cousins en lieu sûr. La police abandonne ses recherches, mais Corentin n’a pas dit son dernier mot.

Radiés de la liste des émigrés, les Simeuse reprennent une vie normale. Ils s’éprennent de Laurence qui, amoureuse elle aussi, ne sait lequel d’entre eux choisir. Mais le danger n’a pas disparu. Une nuit qu’ils sont allés dans la forêt déterrer l’argent que Michu avait caché pour eux, Malin, devenu comte de Gondreville, est enlevé par des hommes masqués. L’un d’entre eux ressemblait étrangement à Michu et les fers de leurs chevaux portaient la marque des Simeuse.

Les suspects sont arrêtés et traduits devant un tribunal spécial. Leurs agissements durant la nuit de l’enlèvement, leurs propos, les affirmations des témoins, tout les accable, parce que tout a été manigancé pour les perdre. Malgré leur innocence et le talent de leurs défenseurs, ils sont condamnés : Michu à la peine de mort, les jumeaux aux travaux forcés. Laurence part implorer la clémence de l’empereur, qu’elle rencontre au bivouac, à la veille de la bataille d’Iéna (14 octobre 1806). Elle obtient la grâce des Simeuse, qui s’engagent à servir l’armée : ils périront peu après au combat. Mais Michu est exécuté. Corentin a pris sa revanche.

• Un « roman policier »

Balzac prit manifestement plaisir à la rédaction de ce récit qui lui permettait, de par ses décors et son rythme de cape et d’épée, de renouer avec la veine romantique de ses romans de jeunesse, en particulier Les Chouans, qui mettait déjà Corentin aux prises avec une adversaire aussi belle qu’héroïque. « La Ténébreuse affaire fait un grand chemin, écrit-il à Madame Hanska. Mais aussi c’est une œuvre très forte, vraie comme événement, et vraie comme détail. »

En fait, en raison de ses excès et de ses nombreuses invraisemblances, les critiques accueillirent plutôt mal l’ouvrage et l’un d’eux le qualifia de roman policier. Cette expression, qui se voulait méprisante, résume précisément le projet de l’auteur :« peindre la police politique aux prises avec la vie privée et son horrible action ». Une ténébreuse affaire est sans doute le premier roman à mettre en scène ce pouvoir nouveau, né dans une France troublée, en proie à de multiples luttes de pouvoir. « On y aperçoit bien, écrit Roger Caillois, l’espèce de désarroi que jette dans les mœurs cette innovation diabolique – la police invisible – et le parfum d’étrangeté, le monde de méfiance et d’insécurité qu’elle apporte. »

Il se peut que Balzac, toujours enclin à voir des forces occultes à l’œuvre, ait un peu exagéré l’ampleur de ce phénomène, et les historiens reconnaissent que le mythe auquel Fouché a donné naissance lui doit beaucoup. Mais il l’enracine avec brio dans quarante ans de passions françaises. Commencé sous la Terreur, le roman s’achève sous Louis-Philippe, lorsqu’au cours d’une soirée, de Marsay, président du Conseil, révèle aux convives le fin mot de l’affaire.

Par-delà le triste destin des Simeuse, la grande Histoire s’invite dans le récit et ses plus hautes figures côtoient les êtres de fiction. Fouché, l’instigateur de la machination. Talleyrand, à qui Laurence vient demander appui : « Ne savez-vous donc pas, Monseigneur, qui nous a si bien entortillés ? ». Napoléon enfin, autour de qui tout le drame se noue. Celui-ci apparaît souvent dans La Comédie humaine, mais jamais comme ici, sur le champ de bataille, ce qui permet à Balzac de rivaliser enfin avec Stendhal et sa Chartreuse de Parme (1839).

On sent l’auteur heureux de convoquer ces grands hommes et de se mesurer à eux : n’est-il pas lui aussi, en tant que romancier omniscient et omnipotent, un véritable deus ex machina ? En tout cas, Une ténébreuse affaire aura bien des échos dans son œuvre. Le Député d’Arcis mettra en scène Laurence et le fils de Michu. Quant à Corentin, il livrera bataille, dans Splendeurs et misères des courtisanes, au redoutable Vautrin.

Philippe DULAC

Bibliographie
H. DE BALZAC, Une ténébreuse affaire, R. Fortassier éd., Classiques de Poche, no 9641 ; S. Bérard éd. ; La Comédie humaine, tome VIII, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris.
Études
R. CAILLOIS, « Puissances du roman », in Approches de l’imaginaire, Bibliothèque des sciences humaines, Gallimard, Paris, 1974J. TULARD, Joseph Fouché, Fayard, Paris, 1998.
Pistes
H. de Balzac, Les ChouansH. de Balzac, La Peau de chagrinH. de Balzac, Louis LambertH. de Balzac, Histoire des TreizeH. de Balzac, Le Père GoriotH. de Balzac, Histoire de la grandeur et de la décadence de César BirotteauH. de Balzac, Les Illusions perduesH. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanesH. de Balzac, La RabouilleuseH. de Balzac, La Comédie humaineH. de Balzac, Le Cousin PonsH. de Balzac, La Cousine BetteH. de Balzac, L’Envers de l’histoire contemporaine

BALZAC (H. de)

Introduction

Prométhée, Protée, homme à la robe de bure, créateur halluciné immortalisé par Rodin, Balzac a suscité toutes les imageries et toutes les gloses. L’œuvre immense vit, de réédition en réédition : elle est traduite et lue dans le monde entier et la télévision lui a redonné, plus que le cinéma, peut-être, une nouvelle fortune.