Une veillée de récits magiques - Pierre Alain Lemaître - E-Book

Une veillée de récits magiques E-Book

Pierre Alain Lemaître

0,0

Beschreibung

Dans une suite d'échanges mémorables, Une veillée de récits magiques est un savant mélange entre surnaturel, mystère et énigme. L’auteur met en scène des êtres fantastiques, des sorciers ainsi que des humains ordinaires pour nous faire vivre des situations de la vie quotidienne. Un tour d’horizon singulier de la situation du monde pour interroger la part de magie qui sommeille dans notre existence.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Psychosociologue et musicien, Pierre Alain Lemaître a vécu dans de nombreux pays et étudié les relations qui existent entre les cultures des peuples aux croyances différentes. Cet ouvrage témoigne de sa connaissance approfondie du multiculturalisme.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 166

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Pierre Alain Lemaître

Une veillée de récits magiques

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Pierre Alain Lemaître

ISBN :979-10-377-8794-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Ce soir-là, des arrivants mystérieux s’acheminent en convergeant vers la grande malouinière.

Même les plus jeunes, qui courent et sautent, en s’amusant, semblent étranges.

Les vieillards, qui claudiquent en s’appuyant sur leurs cannes… et se soutiennent les uns les autres, sont énigmatiques.

Les adultes, qui se saluent et conversent en marchant, paraissent bizarres.

Progressivement, tous pénètrent dans le bâtiment.

Leur hôte les invite à entrer et les accueille.

Tous les habitants des alentours avaient été conviés.

Nombreux étaient ceux qui avaient manifesté leur intérêt et promis de venir. Aussi avait-on prévu de leur faire de la place.

La grande table familiale avait été poussée contre le mur.

Dès le début de la soirée arrivèrent des dizaines d’invités.

Ils se glissèrent peu à peu dans la pièce et s’installèrent en arc de cercle, face au foyer.

Le feu de la cheminée suffisait pour réchauffer l’atmosphère et éclairer les lieux.

Les enfants se placèrent au milieu, à même le sol, sur les pierres plates et tranches de troncs de bois qui avaient été apportées là.

Ceux qui venaient de loin et les personnes âgées s’assirent sur les chaises, disposées tout autour.

Les propriétaires utilisaient les bancs qui composaient le pourtour.

Les plus jeunes s’étaient hissés rapidement derrière, directement sur la table.

Dès que chacun eut trouvé sa place, le maître de maison prit la parole :

« Bonsoir à toutes et à tous.

J’espère que vous êtes convenablement installés.

Merci pour votre présence à cette soirée d’échanges sur les secrets des magiciens.

Nous avons convenu de raconter des histoires de magies. Espérons que vous avez pensé à plein d’anecdotes savoureuses. Cela nous dévoilera, sans doute, bien des mystères… »

Une vieille femme prit alors la parole :

« Nous vous remercions de nous avoir invités chez vous pour cette veillée.

Mais, lors de ce genre de rencontre, ce qui est toujours difficile c’est de se lancer.

Alors, permettez-moi de vous raconter, en premier… »

1

Le dernier des dragons

Il fut, en effet, un temps où notre région était infestée de dragons.

C’étaient de gigantesques reptiles qui avaient une peau de crocodile, couverte d’écailles, des ailes décorées de plumes, deux pattes arrière puissantes, deux pattes avant armées de griffes semblables à celles des lions… et une queue de serpent longue et tordue.

Ils avaient plusieurs têtes qui ressemblaient à celle des sangliers, surmontées de cornes et de crêtes, une langue sanguinolente, des yeux qui lançaient des éclairs et des naseaux et une gueule d’où jaillissaient des flammes.

Ils étaient souvent noirs et blancs, mais prenaient parfois les couleurs des arcs-en-ciel, de l’or et du vermeil.

Ils dormaient dans les lacs, ou les étangs profonds, d’où on les voyait, parfois, jaillir.

Ils étaient aussi capables de voler, lorsqu’ils déployaient leurs ailes.

Les dragons étaient en mesure de provoquer la pluie, les orages, les tempêtes, les éclairs, le tonnerre, la foudre, les tornades et les inondations, car gardant toutes les sources et tous les points d’eau, ils avaient la maîtrise de l’eau.

Ils pouvaient aussi tout assécher, avec leur souffle puissant.

Aussi disait-on qu’ils étaient à l’origine d’incessantes perturbations météorologiques.

Les habitants subissaient donc les changements de temps incessants.

Mais ils étaient aussi confrontés aux méfaits de certains dragons.

Il arrivait que ceux-ci enlèvent de jeunes filles.

On entendait leurs sanglots et leurs hurlements de détresse lorsqu’on approchait de l’antre des dragons.

Il était de notoriété publique qu’à l’issue de leurenlèvement, ils leur suçaient le sang comme des vampires et finissaient par les manger, lorsqu’ils étaient affamés.

Les habitants étaient donc effrayés par les dragons, les craignaient… et les fuyaient, épouvantés, pris de panique.

Toute la population n’en pouvait plus…

À cette époque, demeurait, au sommet d’une montagne voisine, près de chez nous, un des derniers dragons, de plus de dix mètres de long, sinistre et particulièrement maléfique. Hostile et cruel, il voulait constamment faire du mal aux êtres humains…

Pourtant, un beau jour, un jeune homme nommé Rioval se proposa d’aller affronter ce dragon, pour libérer ses concitoyens.

Rioval n’était ni très grand ni très beau, mais ceux qui le connaissaient décrivaient sa manière de vivre en parlant de volonté, d’une force étonnante, de ténacité et de courage.

Rioval se sentait à la hauteur et osait affronter le dragon.

Même s’il n’était pas inconscient du danger… et avait peur.

En effet, jusqu’alors, tous ceux qui avaient tenté de s’attaquer au dragon avaient disparu. Ils avaient sans doute été dévorés.

Rioval était donc bien téméraire de s’engager dans la lutte contre le dragon.

Surtout que celui-ci, qui semblait être un symbole de puissance et de vie, était considéré comme presque immortel…

Cependant, avant même que Rioval soit parti, ses concitoyens s’étaient attachés à lui.

Ils le voyaient comme un héros.

Les jeunes s’identifiaient même à lui.

Tout le monde craignait ce qui pourrait lui arriver…

Pour se protéger et éviter d’être tué au combat, Rioval décida de se doter à l’avance de choses dont on disait qu’elles sont des sauvegardes : une racine de mandragore, un peu de houx, un fer à cheval et un bijou en corail, agate et ivoire…

Il invoqua aussi le soutien d’animaux réputés être protecteurs, comme les corbeaux et les loups.

Il fallait qu’il prévoie surtout de se doter d’armes.

Ses concitoyens lui apportèrent un poignard, une arbalète capable d’atteindre un adversaire à grande distance et une épée magique qui endormait ceux qu’elle touchait.

Rioval se procura aussi un poison somnifère suffisamment puissant pour paralyser ou endormir un géant…

Quand il fut équipé, Rioval s’engagea dans l’ascension de la montagne au sommet de laquelle demeurait le dragon.

En y arrivant, il vit le dragon.

Il était menaçant, crachait du feu et fouettait l’air de ses ailes et de sa queue.

Inévitablement, Rioval fut très impressionné.

D’autant plus qu’il lui fallait garder ses distances, car le dragon avait une haleine vénéneuse.

Rioval aurait pourtant souhaité engager le combat sans tarder.

Mais il ne pouvait pas approcher du dragon qui crachait des flammes.

Il eut l’idée de tenter néanmoins de l’atteindre, en le contournant.

Mais l’une des têtes du dragon le repéra très vite.

Le monstre s’avança dangereusement et feignit de poursuivre Rioval.

Celui-ci dut se replier hors d’accès.

Son passage par l’arrière lui avait juste permis d’entendre les cris et appels d’une captive du dragon. Ce qui lui confirmait qu’elle était toujours vivante et qu’il y avait urgence à la sauver.

Rioval s’efforça de revenir, en rampant sur le sol, pour ne pas être aperçu.

Mais le dragon pouvait se hisser sur ses pattes, ou même s’élever en l’air et voir les choses de haut. Il vit Rioval… et projeta vers lui une langue de feu.

Rioval s’esquiva et dut se retirer sur ses arrières…

Il comprit qu’il devrait attendre la nuit…

De retour à son campement, Rioval réfléchit à ce qui lui permettrait de s’en sortir.

Il enduisit de somnifère les projectiles de son arbalète, sortes de flèches que l’on nomme habituellement carreaux ou dondaines…

Dès que le jour faiblit, il profita de la pénombre pour se rapprocher de la grotte du dragon.

Quand il vit que celui-ci semblait somnoler, Rioval recula, se saisit de son arbalète, ajusta son tir et lui envoya une flèche empoisonnée dans l’œil.

Le dragon s’effondra rapidement.

Rioval put s’en approcher et lui percer le cœur de son poignard.

Il était victorieux, ayant triomphé grâce à son courage et son intelligence.

La jeune fille que le dragon détenait prisonnière était libérée.

Rioval en était heureux… et toute la population s’en réjouit.

Il la remercia pour l’avoir aidé. Il alla jusqu’à dire que « sa force avait été décuplée par l’aide des autres et la coopération avec eux. »

Mais pour les hommes, le principal était que, le dernier des dragons étant mort, le climat perturbé redevint équilibré et clément.

Les hommes manifestèrent leur gratitude à Rioval et le gratifièrent d’un hommage.

Ce qui n’empêcha pas que son nom ait été oublié, depuis.

Mais Rioval avait, auparavant, profité de sa victoire, qui lui avait procuré une fortune, car le dragon était le gardien d’un important gisement d’or, dont Rioval avait hérité.

Vous ne me croyez pas ? Cette histoire vous paraît trop simple ? Vous la trouvez invraisemblable ? Vous pensez même que les dragons n’ont jamais existé ?

Ne dites pas cela. Il arrive encore, aujourd’hui, que l’on découvre, dans nos campagnes des squelettes de géants pétrifiés qui ne peuvent provenir que d’eux.

Les auditeurs avaient été très attentifs.

Tous convinrent que les ossements que l’on trouve sont bien la preuve que « nos récits, même s’ils évoquent des magies, se fondent sur des faits objectifs indiscutables. »

Après un moment de silence pensif, un homme âgé enchaîna : « Cependant, il n’y a pas que les dragons à avoir été une menace pour les hommes. Il existe aussi des monstres humains. Ce qui a marqué notre passé, ce sont aussi, par exemple… »

2

Les exactions du sinistre chevalier Gilles

Le château, qui domine notre vallée, était autrefois la résidence d’un chevalier nommé Gilles.

C’était un bâtiment à l’allure terrifiante, avec ses tours de garde, son pont-levis qui, seul, permettait de franchir les douves, ses créneaux sur le chemin de ronde de ses remparts et son donjon sinistre, au sous-sol duquel on trouvait des oubliettes, où étaient enfermés des détenus.

Le chevalier qui occupait ce château était réputé être orgueilleux, méchant, colérique, agressif, brutal, cruel et sanguinaire.

Il importe, effectivement, de retenir qu’il existe ainsi, sur terre, des gens mal intentionnés, dont il faut se méfier.

Certaines personnes n’ont-elles un plaisir pervers à faire du mal aux autres, ou la passion de détruire ? Ils ne se soucient guère que de nuire aux autres. Le fait que les prisons sont pleines de meurtriers le confirme. C’est parfois le cas y compris de certains dirigeants et gouvernants qui entraînent leurs peuples dans des actions guerrières.

D’autres humains sont aussi à craindre, qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes et ne considèrent les autres que comme des moyens, ou des choses qu’ils peuvent exploiter pour leur propre bien. N’y a-t-il pas, ainsi, des trafiquants qui vivent en convainquant des jeunes de consommer et acheter des produits toxiques qui leur seront nocifs et les détruiront, peu à peu ?

Ne sont pas moins dangereux les gens qui croient connaître le bien et le mal et s’estiment habilités à l’imposer aux autres. Ils rejettent ainsi ceux qui ne sont pas ou ne croient pas comme eux. Ils incarnent alors une sorte de magie noire, que traduit leur hostilité a priori à l’égard de ceux qui sont d’une autre religion qu’eux, ou d’une autre race, ou qui sont syndicalistes, ou francs-maçons.

Parfois, on se demanderait si ce qui est magique n’est pas qu’il y ait des gens sensibles et qui pratiquent la gentillesse et l’altruisme.

Concernant le chevalier Gilles, on disait qu’il rançonnait, dévastait et ravageait toute la contrée, saisissant et emportant de riches butins, massacrant la population et incendiant les villages alentour. On citait de nombreux exemples des crimes et atrocités qu’on lui attribuait. On disait qu’il aimait faire souffrir les autres. Il aurait ainsi commis le meurtre de près de cent enfants, après avoir égorgé leurs mères. Il aurait aussi enlevé et enfermé bien des jeunes filles. On racontait qu’il les liait si étroitement qu’elles ne pouvaient plus remuer… et qu’il arrivait même qu’il leur coupe les mains…

Un jour, un jeune de la région, nommé Kareg, apprit que son amie avait été capturée par ce chevalier. Il en fut infiniment triste… et décida de tout tenter pour la libérer.

Mais il ne savait que faire.

C’est alors qu’une fée, qui avait entendu parler du courage de Kareg et avait été choquée par le comportement criminel du chevalier Gilles, décida de lui apporter son assistance.

Elle le contacta et lui proposa son aide.

Pour cela, elle lui donna quatre objets : une pelote de ficelles, une couverture légère, une bouteille de liquide et un manche à balai… Puis elle lui expliqua comment s’en servir.

Kareg prit les quatre objets et les mit dans son sac, en la remerciant chaleureusement.

Puis il tenta aussitôt de s’approcher du château.

Il réussit à se glisser à l’extérieur jusqu’aux pieds des remparts, sans qu’on s’en aperçoive.

Quand il atteignit les murailles, il déroula sa pelote de ficelles, qui se déploya sous forme d’une échelle de cordes, qui se redressait et sur laquelle on pouvait grimper, si haut qu’on le veuille.

Kareg s’en servit pour monter jusqu’au niveau du sommet des murs, sur lesquels il se hissa.

Il lui fallait encore entrer… et surtout trouver où son amie était prisonnière.

Kareg s’enveloppa alors dans la couverture que lui avait remise la fée. Ce qui eut pour effet à la fois de le rendre invisible et de rapetisser sa taille jusqu’à le rendre minuscule. Ainsi pouvait-il se déplacer sans alerter quiconque et, au besoin, passer dans un trou de souris.

Il lui fut donc facile de se faufiler discrètement dans le château et rechercher son amie.

Il finit par retrouver la cellule dans laquelle celle-ci était enfermée.

Mais il lui fallait encore réussir à la faire sortir.

Kareg sortit alors de sous sa couverture et projeta, sur les murs de la cellule, le contenu de la bouteille que lui avait remis la fée.

Cela rendit les murs si mous que Kareg put pénétrer dans la pièce, détacher la jeune fille, l’aider à se dégager et sortir avec elle…

Comme les gardiens du château n’empêchaient les gens que d’entrer… et ne se souciaient pas de ceux qui voulaient sortir, il leur fut ensuite aisé de réussir à s’échapper…

Une fois qu’ils furent dehors, Kareg se mit à califourchon sur son manche à balai, qui se changea en cheval… et il attira son amie à ses côtés. Le cheval les emporta alors au galop, les conduisant dans la direction vers laquelle ils souhaitaient aller.

Mais l’endroit où ils devaient se rendre était très lointain.

Or, le chevalier odieux s’était aperçu immédiatement de leur fuite et était furieux. Il avait alors sauté immédiatement sur sa meilleure monture et s’était lancé à leur poursuite…

Constatant que le chevalier risquait de les rattraper, Karegétait très anxieux.

Il appela la fée au secours.

Celle-ci arriva aussitôt.

Kareg arrêta sa course devant elle.

La fée lui remit alors un baquet, une brosse et un galet. Et elle lui dit en quelques mots comment se servir de ces trois autres objets.

Mais les fugitifs avaient pris du retard, durant ce bref arrêt.

Ils repartirent au plus vite.

Pendant ce temps, le chevalier qui les poursuivait les rattrapait, inexorablement.

Kareg commençait à douter qu’ils puissent lui échapper et en était angoissé.

Il jeta son baquet sur le sol.

Il en jaillit un torrent, qui remplit rapidement un étang immense.

Le chevalier devait en faire le tour.

Kareg pensa que cela suffirait pour l’arrêter.

Effectivement, Kareget sa compagne reprirent de l’avance.

Mais leur route était longue.

Au bout de quelques heures, le chevalier était revenu dans la course… et il gagnait à nouveau du terrain sur les échappés.

Kareg, en regardant par-dessus son épaule, le voyait se rapprocher de plus en plus.

Il en était presque découragé.

Il laissa sa brosse tomber.

Les poils de celle-ci devinrent immédiatement les arbres gigantesques d’une forêt inextricable.

Le chevalier qui les poursuivait devait la traverser.

Cela le ralentit beaucoup.

Kareg crut qu’ils étaient sortis d’affaire.

Mais le chevalier finit par s’en sortir et recommença à rattraper les fugitifs. Kareg était désespéré.

Il glissa son galet par terre, derrière lui.

Il émergea alors, de la terre, une montagne énorme, aussi large que haute. C’est, m’a-t-on dit, l’origine des monts du Mené qui nous environnent, qui étaient, à l’époque, bien plus escarpés qu’aujourd’hui.

Leur franchissement ralentit tellement le seigneur que Kareg et son amie purent échapper à la poursuite du chevalier…

C’est d’ailleurs ce qui provoqua sa fin.

Quand il fut arrivé et réfugié chez lui, Kareg put, en effet, raconter tout ce qu’il avait vu dans le château du chevalier.

Son compte-rendu fut rapporté au prince, qui fut ainsi alerté sur les exactions de son vassal.

Il envoya ses troupes, qui se saisirent du chevalier Gilles, qui fut, ensuite, emprisonné, jugé… et condamné à être pendu.

C’est pour cela que, par la suite, plus personne ne se soucia du château de ce chevalier de sinistre mémoire. Ses bâtiments furent délaissés et tombèrent en ruine.

Comme vous le savez, c’est d’ailleurs sous cette forme qu’on peut toujours le voir, aujourd’hui…

Après un moment, un des spectateurs commenta : « Ce n’est pas la première fois que j’entends parler d’une telle aventure.

Certains écueils et obstacles ne peuvent être dépassés qu’avec une aide extérieure.

Pour cela, elle en avait une batterie d’objets magiques, cette fée ! »

Un adolescent enchaîna : « Je sais une autre histoire d’un de ces vieux châteaux, où l’on croise parfois des esprits de fantômes. Je pense à celui où vécurent… »

3

Les frères ennemis

Vous connaissez peut-être ce château isolé, qu’on peut encore voir, au milieu des blocs de rochers, parmi les arbres de l’épaisse forêt voisine.

Savez-vous qu’il fut, autrefois, le lieu d’un drame ?

C’est là que vivait une famille qui a été divisée, par la suite.

Les parents avaient deux fils, qu’ils avaient nommés Corgel et Legroc.

Tous deux étaient très différents.

Corgel s’enthousiasmait et s’engageait constamment dans de nouvelles aventures. Ce qui faisait considérer comme étant passionné, exubérant… Mais, il se souciait peu des souhaits ou des demandes des autres et était souvent provocateur. Ce qui le faisait souvent qualifier d’égocentrique.

Legroc se consacrait plus à l’étude et la réflexion. On le disait renfermé… Toutefois, quand on le connaissait, il s’avérait être un charmant compagnon, sympathique.

Les deux frères auraient pu, étant complémentaires, convenir de coopérer.

Mais ils ne s’entendaient pas.

Il faut dire qu’ils cohabitaient dans l’espace restreint d’un château austère. Vivant ainsi dans la promiscuité, ils se heurtaient sans cesse l’un à l’autre.

Corgel avait demauvaises habitudes dans les tâches courantes, l’hygiène et le rangement. Ilentassait les choses par-ci, par-là, laissait de la vaisselle sale partout dans la maison. Quand il sortait de la salle de bain, on trouvait sa serviette mouillée sur le sol et des cheveux et des poils dans le lavabo. Il y avait des traces après son passage dans les toilettes. Tout cela transférait ses tâches sur Legroc. Corgel était aussi négligent. Il laissait, par exemple, les lumières allumées et les portes ouvertes. Ce qui agaçait Legroc, qui reprochait à son frère de mettre la pagaille.

Et puis Corgel prenait souvent des décisions sans consulter son frère, ni même l’informer. Il lui prenait par exemple les livres qu’il avait commencé à lire, sans l’avertir.

Ou bien il effectuait des dépenses, à partir du budget commun, sans prévenir son frère.

Ainsi, un jour, Legroc accusa Corgel de « dilapider leur patrimoine, en aliénant ses terres en les vendant au plus offrant, afin de pallier ses fastueuses prodigalités. »

Les attitudes et conduites de son frère conduisaient Legroc à se plaindre constamment.