Vie - PaP OunE - E-Book

Vie E-Book

PaP OunE

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Beschreibung

Une fiction. Une fiction... Mais qui peut le savoir. Chaque être est un univers L'être est ce qui vie Voyager dans l'infiniment petit. Voyager dans l'infiniment grand. L'être est crée dans la vie par le grand. L'être est le créateur de vie dans le petit. Où chaque être est une partie de l'univers. L'être peut être un univers ou dans un univers. Mais l'un ou l'autre est nécessaire à cette existence. La VIE... Le parcours d'un homme dans le mal être ou la maladie. Il va parcourir en de multiples aventure l'infiniment grand. Pour créer l'infiniment petit.

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Seitenzahl: 552

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Note de l’auteur

Une fiction.

Une fiction… Mais qui peut le savoir.

Chaque être est un univers.

L’être est ce qui vit.

----------

Voyager dans l’infiniment petit.

Voyager dans l’infiniment grand.

L’être est créé dans la vie par le grand.

L’être est le créateur de vie dans le petit.

Où chaque être est une partie d’un univers.

L’être peut être dans un univers ou dans un univers.

Mais l’un et l’autre sont nécessaires à cette existence.

La VIE…

Le parcours d’un homme dans le mal être ou la maladie.

Il va parcourir ses multiples aventures dans l’infiniment

grand.

Pour créer l’infiniment petit.

Remerciement

Des remerciements à quoi bon, le boulot c’est moi !

Mais voilà sans vous !…

Vous citez en ces quelques lignes, qui ne seraient nullement à être trop longues, je ne suis pas certain que sans vous, celui-ci, aurez vu le jour.

Sans vous, ces pensées seraient restées dans les limbes de l’au-delà.

À mon épouse, mes enfants ! Vous qui vous reconnaîtrez en cette histoire, vous qui m’avez aidé, aimé et surtout supporté.

À toi, petite sœur de cœur, la correctrice de mes divagations.

À vous, mes amis bien trop tôt disparus, qui, j’espère dans le temps, en apporterez la raison.

Enfin à vous lecteurs qui auront le courage de me lire.

Ces quelques mots, en souvenir de qui nous sommes.

citation de Lunia de Virginia

Un big bang s’est formé,

la matière est apparue,

Un nouvel être est né.

Dans l’illusion du temps et

des formes, la conscience s’est créée.

Dans un futur inquantifiable,

Par le firmament et les cieux étoilés,

Une lueur parvint sur ce monde isolé.

Sans vie.

Sur ce rocher émergeant,

De ces vastes étendues d’eau,

Une lumière sans consistance,

Sans nom et sans couleur,

C’est propagée en ce monde vierge.

De ces jours, ces années, ces siècles,

Mais qui pourrait le connaître,

Naquit la vie et organisa

Une échelle de valeurs.

Table des matières

VIE

Par PaP OunE

citations de Lunia de Virginia

Premier Chapitre

Érudit Melixial

Deuxième Chapitre

Hymne à la vie des sages

Troisième chapitre

Hymne à la vie de Talix 4

Traduit de l’Ancien Testament

traduit de Virgine de Lunia 8

Quatrième chapitre

Pensée d’origine inconnue sociobiologique

Tiré de la banque de Galacte

traduit de Virgine de Lunia 8

Cinquième chapitre

Histoire des religions et saintetés

Traduit de Virgine de Lunia 8

Sixième chapitre

Chant à Hel Haïd

Chants religieux Xiloniens

Dédié à Hel Haïd

Septièmes chapitres

D’origine inconnue découverte par XO de Xilon.

Traduit de Virginia de Lunia 8

Huitième chapitre

Déisme… Théisme ?

Lexique

Premier Chapitre

De ce monde, qui peut être, de notre Terre ou d’un tout autre endroit, nul ne pourrait le savoir ou l’affirmer. D’un pas alerte et sûr, Patri, marchait la pensée perdue en ces jours d’une vie sans joie. Ils ne lui apportaient que tristesse et remords. Il ne pouvait pas continuer à vivre les vicissitudes de son existence actuelle. Il avait tout abandonné de sa vie. Il avait décidé de s’en remettre à la connaissance de la nature, même si au fond de lui, ce désir, il le comprenait et ne lui était pas tout à fait propre. Une pensée, une force, lui avaient insufflé ces décisions, mais aussi ce désir de se rendre en ces lointains monts Fitzeroy. Un paysage de pic et de creux, où le temps clément, en cette saison, le rendait supportable.

Après bien des jours d’une marche épuisante, mais aussi avec une vie d’ermite simple et vivifiante, il aboutit au pied d’une falaise à la paroi abrupte, dont le sommet se perdait dans les neiges éternelles et les nuages. Ces pieds l’avaient amené là. Face à lui s’ouvrait une crique, aux parois verticales. Seule une fente étroite permettait le passage d’une personne. Un pas en avant, il encourut, à la découverte de cet espace quelque peu lunaire et au sol jonché de rochers, de creux et de bosses. À sa droite, une source d’eau claire sortait de ces roches. Elle serpentait pour se perdre dans une mare transparente. Sur sa gauche s’ouvrait une grotte dans une faille de la falaise. Elle formait un abri sûr pour un campement dicté par sa conscience. Un lit de mousse et de lichen pour poser son havresac. Elle lui permit aussi, de découvrir des baies et plantes comestibles, ainsi que du bois mort auprès des résineux dans les alentours. À son retour, des frémissements à la surface du plan d’eau, lui firent apercevoir des poissons aux écailles argentées tout à fait consommables.

Le Soleil déclinait, le froid descendait des falaises et se faisait ressentir. Patri, rompu de fatigue par cette journée épuisante, se coucha et, sans plus attendre, il s’endormit, dans un sommeil profond, lourd, étrange et sans rêve. Puis peu à peu, un voile étrange d’un bleu rosâtre se forma et ferma la grotte, l’isolant de l’extérieur. Un œil d’un noir profond plana dans l’obscurité, une voix sans timbre ainsi parla :

– Au berceau du monde, la nature distribua ses aptitudes dans les différentes sources de vie. De ces êtres ainsi créés, certains se détruisirent, ils n’étaient pas aboutis, d’autres n’étaient que pour parfaire des entités meilleures. Pour certains même, ils devaient aboutir à un développement supérieur, enfin une quantité d’êtres qui perdirent leurs pouvoirs. C’est ainsi que l’homme développa l’esprit et la pensée, il laissa tous les autres dons s’atrophier. Il perdit dans le temps ces étranges capacités, qui lui avaient été données à sa création. Mais aujourd’hui, face aux dangers à venir, seul cet être matérialiste, sans foi, autre que la sienne, peut nous sauver, mais, à la condition que nous puissions à nouveau, lui réinculquer ces POUVOIRS.

C’est ainsi que cette pensée traversa la grotte, le corps de Patri se souleva, se mit à flotter. L’enveloppant d’une onde lumineuse, aux mille facettes, l’éternité diffusa sa science et son savoir en un espace lointain et proche à la fois.

En ce lendemain… Enfin ! le lendemain pour Patri, nul n’aurait pu l’en informer, il se réveilla. Le soleil haut dans le ciel le renseigna sur l’avancement de la journée. Le corps était courbaturé par les fatigues de ces jours derniers, il se recoucha en son duvet et replongea dans un sommeil de plomb, qu’un rêve étrange n’arrivait pas à troubler. Il ressentit son Moi. Il vit son corps se délier et il plongea dans un monde étrange. Un univers de galaxie où son anatomie se déplaçait au sein des étoiles, des planètes de toutes les teintes. Elles formaient des boules aux formes étranges ou non, aux couleurs multiples et scintillantes. Ces astres ; aux sentiments connus et inconnus, joies, malheurs, bonheurs, tristesses, désirs, envies, jalousies et d’autres encore, qui lui serait-il bien long d’énumérer ? Ces mondes où tous les attachements se mélangeaient, mais de ces planétoïdes, aucune n’en partageait autant, qu’en échangeait la Terre.

Peu à peu, une voix s’insinua en lui, des images en son esprit s’inscrivirent. Que lui arrivait-il ?

Il revit la création de ces astres, il découvrit la provenance de ces êtres, quel que soit le règne, animal, végétal, minéral ou bien gazeux. Rien en ces formes de vies ne le surprenait. Il ressentait ces étranges pouvoirs de la conception, elle le submergea et s’incrusta en son esprit. Il parcourait des étendues immenses et minuscules à la fois, dans un mélange indescriptible. Et, là, face à lui, il comprit ce monde, le danger qui le menaçait et le terrorisait. Ces mondes… Mais cette vision incroyable pouvait-elle être possible ? Non, cela ne pouvait être ? Pourtant ?…

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Patri s’éveilla. Le corps courbaturé et l’estomac tenaillé par la faim, il s’extirpa de son couchage. Il sortit sous un hélianthe de plomb. Une chaleur bienfaisante bientôt envahit toute sa dépouille. Il partit à la recherche de quelques nourritures. À la sortie du cirque, il retrouva une végétation verdoyante et giboyeuse. De son arc, il tua un lièvre blanc, ou un animal s’en rapprochant, nullement apeuré, n’ayant pas l’habitude du chasseur. Un peu plus loin sur les bords d’un fossé humide, il fit le plein d’herbes comestibles et de baies parfumées et sucrées. Il en mangea une bonne partie sur place afin de calmer les spasmes de son estomac. De retour à son espace de repos, il s’échina à la préparation de son repas. Il dépouilla et éviscéra sa chasse. Il alluma un feu avec le bois de sa dernière escapade. Il embrocha le lièvre et le mit à cuire au-dessus de ce feu. En l’attente, il se déshabilla pour un brin de toilette dans le trou d’eau suffisamment fraîche. Il s’immergea entièrement, afin de détendre ce corps courbaturé et souffrant, dû aux efforts des jours précédents. Il se prélassa et se vida la tête de toutes ses pensées. Le soleil baissait, la fraîcheur des montagnes revenait, il sortit de son bain fripé, mais heureux. Il mangea avec beaucoup de plaisir. La nuit tombait, n’ayant que peu de loisirs, il se recoucha à la belle étoile. La solitude le gagna et il se mit à songer, à repenser au rêve étrange de cette obscurité, cette rêverie, cette réalité ou ce cauchemar !…

La vue de ce ciel étoilé lui fit retrouver ce rêve. Il revoyait ces planètes avec tant de précisions, qu’il se mit à trembler, la peur le gagna, tout en pensant qu’une telle chose ne pouvait pas être réelle. Chassant la morosité de son esprit, il se mit à contempler les beautés de ce monde, ces vestiges d’une vie animale et végétale florissante, mais passablement détruite par la main de l’homme… Allez donc comprendre !

Le soleil avait disparu en ce temps, Patri se dirigea d’un pas lourd sur sa couche, alluma une bougie afin de noter les évènements de ce jour. L’esprit en demi-sommeil, il souffla la flamme. Il remarqua une légère lueur blanche qui ne le dérangeait nullement et ne le surprenait pas. Le halo blanchâtre s’amplifia sur la roche, en fond de grotte. Il prenait petit à petit une forme humaine, celle d’une femme pour être un peu plus précis. C’est sans la moindre appréhension et la moindre crainte que Patri entendit une voix claire et cristalline l’interpeller :

– Bonjour ! je m’appelle Isnia, je suis originaire de Lunia8, planète blanche du soleil Galacte. Mon monde est sur le point de mourir. Je suis à l’abri dans les roches de Valus. Je ne peux pas me déplacer, ce que tu vois n’est que mon ectoplasme… Mon esprit a été projeté dans l’espace, pour t’aider et t’apporter toute mon assistance possible. Je serai près de toi, sois-en sûr. Cette nuit, il arrivera Gwarec, un être surprenant issu des vides sidéraux, ne t’inquiète pas. Il te sera utile pour voyager dans tes déplacements, au sein de l’univers. Fais-lui confiance, il sera pour toi un ami précieux et puissant.

Le temps était passé, le sommeil avait conquis l’esprit de Patri. Comme dans un rêve, une onde de plaisir le traversa, une sensation de caresses et de baisers le submergea. Il fut comblé par cette étrange impression. Enfin, un sommeil lourd le terrassa et le plongea dans un stade cataleptique.

Le halo disparut, mais il resta en l’esprit de Patri. Il lui laissait, cette sensation, de présence rassurante à ses côtés. Elle s’incrustait au plus profond de son intellect, dans une réalité inconcevable. Il lui instituait une force plus puissante, des sensations nouvelles. Il le préparait à la connaissance de ces forces, incommensurables, inconnues de l’homme et que nul ne pouvait imaginer. Des puissances qu’il devait apprendre à maîtriser et à diriger. Le sommeil se prolongea. Il inculqua son cerveau par l’implantation de son assentiment.

Le jour était levé, une agréable chaleur au creux de son épaule, éveilla lentement Patri. La tête pleine de ce rêve nocturne, il prit enfin conscience, que sa solitude n’était plus. Une boule soyeuse à l’évidure de son cou était pelotonnée. Une bouille aux poils d’un vert pâle d’une vingtaine de centimètres de diamètre immobile et légèrement luisante ne le surprit qu’à moitié. Un mouvement de sa part avait mis en évolution cet être étrange, roulant sur quelques mètres. Une voix, surgie du fond de son esprit, avait pris naissance :

— Hello !… Gwarec est mon nom… De l’espace, je viens… Par Isnia, prévenue… De mon aide, tu peux compter… Total mon appui sera.

Surpris par ces pensées, Patri réalisa la concordance du rêve de cette nuit et la vue de cette apparition. Il accepta cette réalité, tout en constatant un étirement de cette bulle en apesanteur. Dans l’instant suivants, deux membres et une tête émergèrent. Enfin, une protubérance apparut, lentement, mais l’ensemble flottait toujours et circulait au sein de la grotte.

Peu de temps après, le fond de la cavité reprit sa teinte blanchâtre et la voix d’Isnia se répandit dans l’esprit de Patri :

– Salut bien dormi ?… À ce que je vois, tu as déjà fait connaissance avec Gwarec ! Ce qui n’a pas l’air de te surprendre ? Pas trop étonné ?

Patri par tant de nouveauté restait figé. Il ne pouvait pas encore réaliser la réalité de son rêve. Sous le choc, la voix d’Isnia, dont aucun son ne parcourait la grotte, le sortit de sa transe :

– Comment trouves-tu Gwarec ?… Bien différent de ce qu’il est réellement, sois-en sur ! Tu en auras bien le temps de le découvrir.

Ne reste pas ébahi. Tu entends et tu comprends bien notre pensée. Tu dois donc bien être capable de correspondre avec nous, de la même manière.

Patri avait du mal à comprendre de tels bouleversements, ces possibilités tellement incompréhensibles et inconcevables. Il en restait muet et sans idée. Face à ce silence, Isnia reprit la parole :

– Sors de toutes tes logiques, ouvre ton esprit à l’inconnu, crois en nous, nous ne sommes pas des monstres. À la vue de nos mondes, tu serais toi aussi un être étrange. Entre nous, les différents langages ne peuvent exister. Dialogue !… Dialoguer entre nous sera la base d’une compréhension, de ce que chacun de nous EST. Il te suffit d’ouvrir ton esprit, de formuler tes questions dans ta pensée et le tout, en pensant à nous, en même temps. Un peu comme une émission radio.

Patri sortait lentement de sa léthargie, il enregistrait lentement les paroles d’Isnia. Chemin faisant, le cerveau de Patri accepta petit à petit toutes ces informations. Il l’amenait peu à peu, à croire en ces nouveautés, lui libérant la tête de ces doutes et de ces refus de la réalité. Et la pensée de Patri s’envola, puissante et violente. Elle frappa de plein fouet Isnia, Gwarec, et tous les êtres pensants des environs. Face à ce cri sans borne, Isnia le reprit :

– C’est bien ! Vois-tu, comme il est simple de communiquer, mais tu dois moduler la puissance de ton langage ? Tu dois penser à un murmure, pour émettre avec ton entourage. Tu dois éviter de hausser la voix, car nous n’aurons bien souvent qu’à nous exprimer entre nous.

Patri réfléchissant profondément se retourna face à Gwarec et murmura timidement :

– Bonjour, mais qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Un rire puissant retentit, Gwarec rebondit en deux ou trois sauts. Il partit à une vitesse vertigineuse au travers de la montagne. Puis il s’élança dans les cieux, il virevolta autour de la lune et là, il la traversa à plusieurs reprises. Pour finalement réintégrer notre caverne en un brusque arrêt face à Patri. Il lui insuffla sa propre pensée en un cri joyeux :

– Arrivé maintenant… Arrivé maintenant !

Patri réalisa de sa performance, de son pouvoir de communication. Il était heureux de sa réussite, mais il était tout aussi perplexe de tout ce savoir à acquérir. Il était interrogatif à tant de questions et de réponses inconnues. Il s’interpella de tant de sujets, qu’il contacta Isnia :

– N’es-tu pas avec nous ? Pourquoi ? Qu’elles sont donc tes pouvoirs ? Que suis-je capable de faire ? Qui est Gwarec ?

Devant cette affluence de suppliques, Isnia l’interrompit. Elle lui confirma qu’elle l’informerait de toutes ces questions, de tous ces doutes, mais qu’auparavant il devait se sustenter. Après avoir pêché et vidé quelques poissons dans le plan d’eau, il ralluma le feu et il embrocha ceux-ci au-dessus des flammes. Il finit le lièvre et les baies restantes. Il se régala des fritures, puis il s’allongea à la lumière du soleil, l’esprit au repos. Les yeux dans le vague, il se laissa aller à l’écoute d’Isnia :

– Patri, afin de faciliter nos futurs rapports et de te donner le maximum de réussite dans notre prochaine entreprise, je vais commencer par te parler de moi. Comme tu le sais déjà, je ne suis pas matériellement auprès de vous. La composition de mon corps, ma façon de vivre, ma bioénergie ne me permettraient pas de subsister sur un monde comme le tien. Je suis issue d’une planète cristalline où toute notre culture est basée sur le minéral, les cristaux de roche en particulier. Mon père était prince linier issu d’un germe noir, moi, je suis née d’un germe blanc parfait et rare, mais aussi très fragile. C’est pourquoi je suis à l’abri des roches de la puissante Valus.

La nuit tombait, le froid descendait des hauts de la montagne, Patri se leva pour se mettre à l’abri de la grotte. Il s’allongea sur son couchage et Isnia reprit son monologue :

– Malgré mon absence physique, je serai toujours près de toi. Mon rôle principal, en un premier temps, sera de t’isoler télépathiquement, te masquer au regard de tous êtres vivants, comprenant toutes les cellules, les virus et tout ce qui attaquerait ton corps. Je peux aussi t’apporter la biochirurgie par les minéraux, principalement le carbone dont tu es issu, bien que cela risque de modifier légèrement ton métabolisme. Mais ma présence te sera d’une aide mentale précieuse, une amie sur qui tu pourras te reposer et te confier. Tu peux me considérer comme une compagne.

Un long silence s’établit, la lueur blanchâtre s’atténua. Patri, immobile, comme en catalepsie, enregistrait ces informations d’un autre monde. Le temps passa. La phosphorescence augmenta en intensité et la voix d’Isnia reprit :

– Je vais maintenant parler de toi. Pour nous, cela est beaucoup plus compliqué, l’homme à l’heure actuelle est la forme la plus fragile de toutes les créatures intelligentes. À l’origine, il est le seul aussi, à l’aube des temps, d’avoir acquis le pouvoir, mais, pour son malheur, il avait aussi fait l’acquisition d’une faculté nommée haine. De tout temps, elle a dirigé l’homme à tous les vices, la jalousie, la violence, la destruction, la vengeance, et bien d’autres encore. Cela, ce serait trop long à énumérer et pas vraiment nécessaire. Ce qui l’amena dans la nuit des temps, à guerroyer avec ses homologues. Ils détruisaient et supprimaient par la même leurs pouvoirs, mais comme la réciprocité était de mise, il fut une époque où l’homme redevint larve vivante. Il dut refondre une nouvelle civilisation sur des bases différentes et oubliant à tout jamais ces aptitudes qui lui avaient été offertes. Mais l’homme avait toujours cette haine en lui-même. Elle lui apportait son évolution par la guerre. Voilà pourquoi, seul un être de ton espèce peut réussir en cette expérience. La haine et toutes les déviances latentes qui sont en ton esprit ; la croyance en la propriété, l’amitié à ce niveau élevé, nous porte à croire et nous en sommes convaincus, du bien-fondé de notre décision. Par ces faits, certains pouvoirs t’ont été rendus, mais avec l’obligation, pour toi, de les développer pour te servir, pour nous servir, pour nous sauver.

La nuit passait, le temps filait, le silence était le maître de ces lieux. Seule la respiration lente de Patri offrait une vie encore présente en ces lieux. Le temps n’avait plus de lien avec le présent…

Enfin, une lueur revint lentement, redonnant au temps une valeur et un présent. La voix d’Isnia reprit :

– Voilà, je peux te dire les pouvoirs qui te sont acquis. Comme tu le sais, la télépathie est obtenue, mais il te reste encore à la perfectionner, car tout télépathe serait en mesure de te lire actuellement. De même, apprendre à n’ouvrir qu’une partie partielle de ton esprit. L’hypnose, la lévitation, la téléportation principalement t’ont été données, ainsi que quelques autres que tu découvriras avec les besoins qui se feront savoir dans le temps. Il ne te reste qu’à les développer, les utiliser, ces compétences ne seront pas faciles à gérer, tu auras besoin de notre aide pour les comprendre. Mais aussi tu devras te protéger des risques qu’ils te feront prendre. Si L’hypnose n’a que peu de risque physique, la lévitation peut te mener à la mort, donc les essais ne devront se faire que sous la houlette de Gwarec. Pour la téléportation, tu restes prudent, car les risques seront surtout pour ton environnement et ton entourage. Dans les jours prochains, nous connaîtrons à quel degré tu les as acquis. Beaucoup de choses seront à développer avec ces risques, ces déceptions, ces fatigues, ces moments de regrets ou de bonheur. Oui, il te reste beaucoup à apprendre et à assimiler. Les déceptions, tu en auras plus souvent que tu le penses ? Donc, prépare-toi à subir une multitude d’épreuves, violentes, éprouvantes, mais aussi qui t’apporteront du plaisir et des joies.

Pour ce qui est de Gwarec, il t’informera de qui il est, d’où il vient et lui seul décidera du moment adéquat.

Pour moi maintenant je dois te quitter, me reposer de l’effort que j’ai dû fournir, me recycler et régénérer.

La grotte reprit la teinte noire de la nuit. Elle plongea Patri dans un sommeil lourd où rêves et cauchemars se mélangèrent, ils s’assemblèrent, en un long fleuve de sentiments, d’idées. Ils réorganisèrent ce cerveau maltraité.

Le matin… Enfin un matin, le soleil levant apporta un rai de lumière sur le visage de Patri, l’extrayant lentement de son sommeil. La tête lourde et le corps endolori, il s’étira et se leva. Son estomac criait famine. Il sortit sur l’extérieur, le soleil était déjà haut dans le ciel. Il se dirigea au bord du trou d’eau et s’aspergea le visage d’une eau vivifiante qui le réveilla réellement. Le regard sur le firmament parcourait la falaise, il songea au collet qu’il avait déposé la veille dans un fourré proche. Tout à coup, son attention s’échappa, elle traversa la roche, face à lui et plongea dans un fossé sous la végétation présente. Un lièvre blanc, encore chaud, il était pris, mais déjà mort. De surprise, Patri ferma les yeux, la vision disparue, elle laissait cet homme stupéfait. Sortant de son saisissement, mais pas convaincu de sa vision, les bras ballants, il réfléchit longuement au déroulement de ces quelques instants. Enfin, émergeant de sa surprise, il sortit de la crique et se dirigea vers le fossé, où il avait entraperçu la hase coincée dans le collet. Arrivé sur place, il ne put que constater la réalité de sa vision. Là, pris au piège, un superbe lièvre encore chaud l’attendait. Une coulée de sueur lui descendit entre les épaules, coulure due aux forts rayons lumineux du début de cette journée ou bien, peut-être, au choc brutal reçu. Nul ne pourrait le dire. Les jambes lourdes, incapables de le soutenir, il s’assit sur le bord de cette tranchée.

Il reprit progressivement ses esprits, repensant à ce qu’il venait de se passer, il réfléchit en pensant à une telle faculté et à ce dont Isnia ne lui avait pas parlé. Mais aussi, que certaines lui viennent de lui-même. Était-ce de la prémonition ? Puis les questions et les doutes lui vinrent à l’esprit.

“Cette vision, est-elle possible, les yeux ouverts ou fermés ?”

“Cette vision, est-elle possible au-delà du regard ? Si cela en est le cas, qu’elles en sont les limites.”

“Faut-il de la lumière ou cela est-il possible de nuit ?…”

Les questions se bousculaient dans sa tête, Patri se mit à réfléchir. Il fit, fi, de toutes les prudences, il lança quelques petits tests sans importances. Prenant pour acquises ces prémices de réussites, il se rassura en fermant les yeux. Il pensa à la grotte, il ressentit comme un vertige aveugle en se déplaçant dans le noir. Surpris, il ouvrit les mirettes et sa pensée revint là, au présent. Assis au bord du fossé. Il réalisa le besoin d’une vue, donc la nécessité aussi d’un peu de lumière !

Reprenant ces tests, il songea à son retour. Il découvrit ainsi, ébahi, le chemin parcouru précédemment. Contournant les rochers en direction de la faille, il pénétra dans la crique. En apercevant cette anfractuosité dans la falaise, sombre et sèche, son regard plongea dans la grotte. Il vit sur son lit de mousse, son sac de couchage défait, sur lequel Gwarec était pelotonné. À l’opposé de son sac à dos ouvert, ses vêtements étaient éparpillés, dans un désordre indescriptible.

“Un peu de rangement serait nécessaire”, pensa Patri

Aussitôt, la vision s’estompa et Patri se retrouva toujours assis face au lièvre. Prenant confiance, il relança un nouveau test. Visionnant un pic rocheux à quelque mille mètres de lui, il voulait en voir la face cachée, mais contrairement aux visions précédentes, sa vue s’envola et le pic se rapprocha à une vitesse vertigineuse. Il prit peur et se retrouva prisonnier de cette masse rocheuse sans lumière sans direction et sans espace. Il était perdu en cette masse oppressante et énorme de roche. Il était ballotté, comme un corps entre deux eaux, d’un océan déchaîné. Le haut, le bas, le devant, l’arrière, la droite, la gauche, rien n’avait plus de consistance. La folie gagnait du terrain. Patri dans un sursaut d’inconscience s’élança face à lui, une chance sur deux de réussite, mais toujours bien supérieure à la mort. Un éclair aveuglant le frappa, face à lui, une contrée inconnue, se retournant, il découvrit l’arrière du pic. La terreur lentement se dissipait, laissant progressivement la place à la joie de la réussite. Il était arrivé à sa destination, un rapide regard sur les environs et il pensa au retour.

Immédiatement, il se retrouva face au collet et lièvre. Assis, il se fit une rétrospection de ces essais, de ces réussites, de ces peurs, de ces erreurs. Devait-il en parler, attendre ou réaliser ces incompréhensions ? Plein de doutes, il se leva, décrocha le gibier, retendit le piège puis reprit le chemin de retour, rompu de fatigue. À l’approche de la grotte, une douce et euphorisante quiétude l’envahit. De nouvelles forces lui revinrent au même moment qu’un noir lumineux l’enveloppait et que la voix de Gwarec se fit entendre :

– Cherches-tu, à te détruire ?…

Pourquoi fournir tant d’effort ? Alors que d’ici tu peux tout réaliser. Sache que l’énergie est un bien précieux qu’il faut sauvegarder, car dans les temps futurs nous en aurons bien besoin… Apprendre à utiliser tes pouvoirs est bien utile, mais attention, réfléchi bien à ce qu’il t’est arrivé cet après-midi, la chance t’a favorisé. Lorsque tu ne connais pas la finalité ou les risques, les plus bénins soit-il ! permet que je te surveille ! Cette fois-ci, tu t’en es bien sortie, mais tu aurais pu brûler dans la fournaise terrestre, dans les profondeurs minérales ou enfin d’épuisement ou de folie tout court. Tu es un esprit fort de décision rapide, mais dangereuse, pour cette fois cela t’a sauvé la vie, mais le risque était grand, bien trop vaste et fait attention, prend plus de réflexion avant d’agir.

Penaud, la tête pleine de questions et d’interrogations, Patri se laissa aller, il partit se reposer sur son lit, oui il reconnaissait avoir pris beaucoup de risque, mais cela était encore nouveau pour lui. Qu’était-il devenu, un monstre ?… Pouvait-il sauver un monde ?… En avait-il la capacité ?… Il avait beaucoup de doute et puis toute cette irréalité. Pourquoi lui ?…

Tant de questions dont il n’avait pas la moindre réponse. Enfin, son cerveau se calma et les paroles d’Isnia lui vinrent à l’esprit. Qui était Gwarec ? D’où venait-il ? Il devenait de plus en plus indécis en ces multiples complications qui se posaient. Pouvait-il l’interroger ? Son désir de le connaître, savoir à qui il avait affaire. Ce surplus de questions l’emporta et le besoin devint trop fort.

– Gwarec, peux-tu me parler de toi ? De qui tu es ? D’où viens-tu ? Pourquoi es-tu là ?…

Un long moment passa dans un silence impensable. Patri crut avoir fait l’erreur de cette interrogation, de s’être permis cette intromission dans la vie de son compagnon… Tout à ces doutes, il comprit tout à coup que Gwarec avait pris la parole.

– … Coups de questions, tu vois ! Ce matin !... Enfin à notre rencontre, je ne connaissais pas vraiment tes coutumes, ton langage, et bien d’autres choses. À ce jour, je suis encore jeune. Je sors tout juste de ma naissance, je n’ai que 826 000 ans de ton monde. Je pense qu’il est temps pour moi de te dire qui je suis et en quoi je pourrais t’être utile.

J’ai été créé dans l’hyperespace, je vis un peu comme une étoile. Je suis né d’une fusion thermonucléaire d’un noyau d’étoile, dans un vide Hypérosidéral, cela n’est pas trop compréhensible, mais c’est ma vie. Je n’ai ni de forme ni de constitution, je suis en quelque sorte une galaxie en miniature où chaque cellule de mon être ne serait qu’une planète. Ce que tu vois de moi n’est qu’une enveloppe, qui me permet de vivre sur ton monde. Je vis de la fusion des déchets des minéraux se promenant dans l’espace. Je peux t’aider en tous tes déplacements de l’espace. Je pense, de même, t’apporter l’aide thermonucléaire que je possède. Je suis de même un hypnopathe, mais je ne peux exercer que sur des groupes de cellules. J’ai le pouvoir de transformer mon aspect physique à tout moment, et ce, sans aucune limite. Toutefois, sur un temps limité, donc temporaire, car je dois recharger mes cellules en périodes régulières. Mais le rôle principal qu’Isnia m’a délégué et ta surveillance. Mon aide, pleine et entière, t’est déjà acquise. Je dois t’aider à traverser les futures épreuves, que tu devras subir. Te donner toutes les chances de réussite. Je te fournirais le maximum d’informations complémentaires.

Le temps était passé, la nuit, prenait le pas sur le soleil couchant et avait envahi la grotte. Elle laissait Patri dans un sommeil profond. Loin des bruits du monde, loin de toutes les vicissitudes, loin de tous les malheurs de sa vie et de la vie, l’esprit serein, il reposait les traits détendus. Il récupérait de tous ces efforts fournis.

L’aube d’un rougeoiement timide éclaircissait le ciel, il chassait peu à peu le noir de la grotte. Patri s’éveilla lentement. Il était encore seul en cette heure matinale, après un rafraîchissement rapide dans le trou d’eau, la prise d’un café et des barres aux céréales, il sortit son sac de couchage. Il fit quelques pas, l’esprit rêvassant, sur le pourtour des rochers de la crique. Il s’arrêta net, face à Gwarec, petite boule poilue campée bien au milieu de son passage.

– Bonjour ! Patri, te voyant désœuvré, nous pourrions poursuivre ton apprentissage.

Puis comme, dans un film, des images passèrent dans l’esprit de Patri. Un court-métrage sur l’inexistence du matérialisme, de son inutilité, de la guerre possible entre celui-ci et le psychisme, une parallèle incompréhensible, entre une abondance industrielle et où la dépense corporelle était l’unique force. Celle qui étoffe la vie d’un héros, dans un monde où seule la pensée subsiste. Un Nouveau Monde, qui lui faisait oublier ses convictions, ses idées, ses plaisirs. Le tout remplacé par une idéologie nouvelle et nécessaire à une survie, qui lui permettrait le franchissement d’une naissance, à une tout autre existence. Remonter le temps, combattre d’une manière différente, il comprenait que tout retour ne pouvait pas être possible. Que l’existence ou la non-présence des mondes connus n’était pas envisageable ! Que l’avenir de ceux-ci fût concevable ou perdu. Pourtant, dans toutes ces images d’un futur tolérable ou non, rien n’était compris. Mais cela n’était pas encore le sujet immédiat.

Sortant de sa torpeur, Patri reprit son entraînement. Sous la houlette de Gwarec et sous ces conseils. Il envoya sa vision à la recherche de bois mort afin de constituer un stock. À quelques distances de là, une futaie de grands feuillus attira son attention, par-ci, par-là des arbres morts qui jonchaient le sol, un arbre en particulier, appâta son regard. Le tronc, probablement, avait été abattu par la foudre. Il était blanchi par les intempéries et il ferait un bon paquet de combustible. Dans sa réflexion du transport, il réfléchit aux différentes manières de procéder. Toutes tentatives s’avérèrent vaines. Lentement, la pensée de Gwarec s’inséra en son esprit :

– Ne crois-tu pas qu’il est un peu gros pour débuter ? Je serai à ta place ! je choisirai des bois transportables, en un premier temps et que je téléporterais jusqu’ici, mais rien ne t’oblige à opérer ainsi.

– Oui d’accord (répondit Patri, pensant en lui-même comment procéder à une téléportation).

Plongé dans ses réflexions, il n’entrevoyait aucune solution. Il était sur le point d’abandonner quand l’esprit d’Isnia s’insinua en lui :

– Utilise ton esprit. Demande-lui de déplacer le bois ici en visualisant le chemin, ainsi que le lieu de dépôt et en utilisant ta vision (cette berlue qu’Isnia elle-même n’avait pas décelée, ni même soupçonnée), mais, attention, je peux trop facilement lire tes pensées. Tu dois fermer ton intellect à toutes autres réflexions et tu devras te préparer à isoler ton entente à toutes ces intrusions. Je pense que cela te sera nécessaire dans le futur.

Se concentrant, Patri envoya sa vision dans le bois voisin. Il choisit une branche moyenne tentant de la déplacer. Récalcitrant, le bois était là, il demeurait immobile, malgré de multiples efforts, des tentatives de toutes sortes, la branche restait inerte au sol. Il était sur le point de renoncer à ces essais à la suite de ces maintes et maintes tentatives et de ces échecs. Il avait la tête prise comme dans une mâchoire d’acier. Un flash lumineux lui traversa l’esprit. Il lui arracha un cri de douleur, rapidement calmé par une onde de chaleur provenant d’Isnia et qui lui insuffla par la même occasion la certitude d’une réussite maintenant possible.

Reprenant courage, il tenta de nouveau l’expérience. Surprit, sans aucun d’effort, le bois s’éleva et se dirigea dans la direction choisie, mais la vitesse si accrut très rapidement. Elle atteignit une vitesse folle, pour enfin se fracasser sur la falaise de la crique, dans un bruit épouvantable et se réduisant en miettes inutilisables. Il ne lui restait plus qu’à recommencer, en y apportant bien plus de douceur et de modération. Fière de sa réussite, mais aussi par jeu, les essais se succédaient, le tas prit de l’ampleur et fut bientôt bien plus que suffisant, voire trop imposant. Par plaisir, il continua par la cueillette de baies et plantes comestibles, savourant la facilité et la rapidité de cette récolte. Pour parfaire son entraînement, il survola ses pièges et put ainsi ramener de même un lièvre supplémentaire.

Gwarec s’absentant afin de régénérer ses forces et batteries, le lapin étant mis à cuire sur le feu. Patri ankylosé par cette longue immobilité décida de se détendre par un bon bain. Il se dévêtit et plongea en cette eau cristalline, pure et tiède. Il se laissa bercer entre deux eaux. Il se sentit un fœtus tout comme, dans le ventre de sa mère. Le temps passait, il voyait la naissance de l’homme dans des contrées qui n’étaient plus. Cela bien avant la création de la Terre, la puissance de ces êtres fragiles qui ne pensaient qu’à combattre. À détruire… Se détruire ! Eux-mêmes n’avaient qu’une pensée “LA GUERRE”. Ne sauvant de leurs civilisations que quelques cellules projetées dans l’espace et s’échouant sur la Terre, mais aussi dans bien d’autre monde, qui les acceptèrent ou non. Leurs évolutions les transformèrent différemment, mais de ces particules aux pouvoirs non développés et non cultivés, elles se perdirent dans le temps. Sur la Terre, seule la pensée se développa sur l’humanoïde, qui, après, moult et moult, modifications et transformations, conçut cette intelligence, qui se créa et fit la force de l’homme.

Tout à ses réflexions, Patri réalisa dans un sursaut de peur que le temps d’immersion sous l’eau était étrangement long. Il manqua subitement d’air. Il suffoqua et crachota tout en remontant à la surface. Il regagna difficilement la berge, heureux de retrouver la terre ferme. Il était bouleversé par cet instant de baignade, où une multitude de questions et d’explications le hantait. Des réflexions lui seraient nécessaires. Passant auprès du brasier, où le lièvre avait été mis à cuire, celui-ci par une cuisson quelque peu oubliée, pas encore calcinée, mais fortement grillée fut retiré du foyer. N’ayant pas le courage de se préparer un repas, il fouilla dans son sac à dos, un paquet de gâteau sec, un reste de lait concentré et une tablette de chocolat pour le dessert. En complément, le gibier ferait largement l’affaire. Pas un gueuleton de Noël et les vivres ne risquaient cruellement de lui manquer. Il lui faudrait penser à un prochain ravitaillement, dans les jours suivants.

Tout en mangeant, il réfléchissait aux évènements de ces dernières heures, déjà quelques pouvoirs avaient été acquis, d’autres restaient à conforter. Certains pouvaient être reçus, mais encore incompréhensible. Il hésita à se lancer dans de nouveaux tests, sans la présence de Gwarec. Il testa, malgré tout, à se soulever du sol, ne trouvant pas de solution, il remit ces essais, dans l’attente de plus amples informations. Prenant un papier et un crayon, il inscrivit une courte liste de ces pouvoirs par ordre décroissant selon ce qu’il pensait de leurs valeurs et de leurs importances. Il hésita entre la vision et la télépathie, l’acquisition de l’un et l’autre lui étant à peu près acquise.

1° la vision, dont l’acquisition lui était fortement acquise, dont il pouvait faire confiance, elle lui permettait de voir sans être vu, mais à confirmer et surtout si cela elle était en mesure d’être détectable.

2° la télépathie, car elle lui permettait de converser avec ses amis quoique à voir. Était-elle facilement détectable par les ennemis, mais la nécessité de devenir beaucoup plus imperméable ?

3° à la téléportation, il ne réalisait pas encore de l’utilité réelle de s’en servir, à part aller chercher du bois et de la nourriture sans fatigue, mais une certitude… Le rendre faignant !

4° la lévitation, pas encore vraiment acquise, mais entièrement comprise et sûrement très utile, même indispensable.

5° qu’est-ce… Enfin ce qui lui était arrivé cet après-midi, une incompréhension totale de ce qui s’était produit. La nécessité d’en parler à Isnia. Qu’elle en était les avantages, les difficultés et les possibilités de le développer !

Terminant provisoirement la liste, il se leva et après quelques pas, il pénétra dans la grotte déjà très sombre. Il se sentait seul, il appela mentalement Isnia :

– Isnia, peux-tu venir me tenir compagnie, j’aurais diverses questions à te soumettre.

L’attente fut courte, une voix s’insinua peu à peu en son esprit.

– Je suis là, près de toi, mon image doit arriver dans quelques instants, ma translation est bien moins rapide que la pensée, mais patiente elle arrive.

Enfin, une lueur troua la pénombre de la grotte et le halo blanchâtre se stabilisa. Impatient, Patri lança ses interrogations :

– Cet après-midi prenant mon bain, je me suis surpris à être plus d’une demi-heure sous l’eau et j’ai failli me noyer lors de la réalisation de ce concept. Cela est-il possible ?

– … Je dois réfléchir à une telle possibilité. Je ne connais pas ce pouvoir et donc je dois faire des recherches dans mes banques cristallines de mémoires. Je te ferais savoir le résultat de mes explorations.

– Peux-tu ? … De ce fait, plutôt me dire, si au niveau de ma vision, il est possible qu’elle soit détectée.

– Pour cela, Gwarec m’en avait parlé, je ne pensais pas qu’il te serait possible de l’acquérir, à un degré aussi élevé. En principe, elle ne peut être détectée que sous certaines conditions. Soit être télépathe ou visionnaire, mais donc être, à un niveau au moins égal, voire supérieur au tien.

Sur ces entrefaites, Isnia proposa à Patri une série d’essais lui expliquant la manière d’agir :

– Ne prends pas peur ! De manière à confiner ton esprit, je vais t’isoler dans une coquille cristalline, afin d’être dans l’impossibilité de te lire. Ensuite, tu projetteras ton esprit en un lieu de toi seul connu. N’hésite pas à te déplacer. M’obligeant à te découvrir. Durant ce temps, je tenterais si possible de te détecter, te suivre ou te rechercher. Allez ! va et pars maintenant.

Cherchant un lieu spécial, Patri projeta sa vision sur les cimes enneigées surplombant la grotte. Là, une vue magnifique s’offrit à ses yeux. Aux dessus des nuages bien plus élevés que les neiges éternelles, des étendues immenses et sauvages que les pas de l’homme n’avaient jamais foulées. Cette vue lui offrait une image de puissance et de dangerosité ; avec ces à-pics vertigineux, ces aplombs où cohabitaient névés, glaciers, crevasses sournoises et bien d’autres merveilles. Il s’arracha à toutes ces beautés de la nature. Il redescendit lentement dans l’aven, explorant celui-ci, il se découvrit assis sur son couchage et le regard braqué sur Isnia. Il plongea son regard dans l’esprit de celle-ci. Étrangement, il se sentit propulsé sur un monde étrange d’un noir absolu, mais scintillant d’une multitude de points lumineux. Des ensembles désertiques ou des roches, aux teintes et colorations diverses, vibraient dans un scintillement de couleur. Elles semblaient émettre des sons et des images. Il ne comprenait aucunement, l’expression de tels clichés.

La voix d’Isnia le sortit de sa torpeur, de son émerveillement, un son désespéré, apeuré le surprit. Reprenant rapidement ses esprits, inquiété par la tonalité de l’appel, il regagna rapidement la grotte. Il fut aussi rejoint par le retour de Gwarec flottant entre lui-même et Isnia.

– Qui y a-t-il ? Un problème ? (Interrogea Patri.)

– Je ne pourrais pas !… Mais comment l’expliquer ? Un être, une chose ! je ne sais pas ? Il est parvenu à forcer la périphérie de mes défenses et elle seulement.

– Cette présence est encore là.

– Non, elle a disparu à ton retour… Mais dis-moi. Où étais-tu passé ? Je n’ai pas réussi à découvrir ta cachette.

– Simple et mystérieux à la fois, je suis monté sur les cimes au-dessus de nos têtes, puis je suis redescendu dans la grotte et j’ai été projeté dans un monde étrange et inexplicable. Tu ferais mieux de me lire, cela sera plus facile que des explications et tu seras bien plus apte à me donner tes réflexions.

Le temps se figea chacun dans ses propres pensées. Puis Isnia reprit la parole.

– Ce que j’ai vu ! me soulage, me rassure, mais aussi m’impressionne. Ce que tu as vu est mon monde ! Tu as réussi à pénétrer là où nul autre n’avait pénétré, bien que j’aie ressenti comme une présence, un malaise, je ne pouvais déchiffrer aucune pensée. La puissance de ta vision est en dehors de toute règle connue. La force de projection alliée à la non-perception de cette énergie est pour toi un atout capital et de grande utilité. As-tu d’autres questions qui te préoccupent ?

– Oui, tu m’avais parlé de lévitation, j’ai essayé, mais sans résultat.

– Et c’est une chance pour toi, car cela aurait pu être très dangereux. Gwarec va t’épauler pour commencer, car il va te falloir oublier toutes idées d’apesanteur, de masse, de matière. Un ensemble qui constitue le principal de ta pensée. Tu devras être capable de rejeter toutes tes convictions, d’accepter le fait que la matière n’existe plus, que rien ne peut te forcer à tomber, que les valeurs d’immobilité et de mobilité n’ont aucun effet. Vois-tu ? Dans tout cela, rien ne sera facile, modifier ton menta n’est pas évident. Te sens-tu capable de commencer l’entraînement ou préfères-tu te reposer auparavant ?

– Non, commençons maintenant, comme on le dit chez nous, “Vaut mieux battre le fer lorsqu’il est encore chaud” donc allons-y.

– Attends avant de sortir avec Gwarec, j’aimerais pouvoir apaiser ton esprit, le rendre plus malléable, afin que tu puisses admettre l’invraisemblable plus facilement.

Sur ces mots, une vague de plaisir, de désir, difficile à dire, le submergea, annihilant ses angoisses, ses peurs et tous ces ressentiments, qu’il avait découverts ces dernières heures.

Suivi de Gwarec, Patri sorti de la grotte, le soleil déclinant annonçait la fin de journée et bien qu’il n’était que 17 ou 18 heures. Il se sentait léger, plein de force à dépenser. Gwarec à ses côtés lui suggéra de s’asseoir sur un rocher tout près d’eux, de faire le vide dans son esprit, de ne penser à rien. Même si cette action lui semblait facile, la mise en pratique était une tout autre affaire. Malheureusement malgré tous les efforts qui lui étaient possibles, établir le néant lui était impossible, comme dans une inexistence, il pensait. Il survolait par la pensée les monts puis les plaines, les villes lointaines filèrent sous lui. Il rencontra un supersonique, il le battit à la course puis il devenait ovni pour les radars. Le rêve prit fin. Il se retrouva, les fesses collées sur cette roche, immobile sans le moindre déplacement, tel un pion figé sur son échiquier.

Essai après l’essai, le résultat restait identique. La rage, la colère le submergea. Puis vint le découragement, le dépit de ces échecs l’anéantissait. Il comprenait qu’il ne pouvait réussir dans un tel contexte, l’excitation était retombée. Il devait, avant tout, se calmer, retrouver une certaine sérénité.

Enfin, le désespoir le submergea. Il redevenait une larve face à tous ces pouvoirs. Une multitude de questions l’envahirent.

“Pourquoi l’homme existe-t-il ? Microbes, en ces mondes de pouvoirs ?”

“Pourquoi avait-il été choisi lui qui ne désirait plus rien ? Qui n’en attendait pas encore moins ?”

“Pourquoi ?…”

“Pourquoi ?… La colère le révolta ! il lui fallait trouver une solution, il était Patri ! L’homme. Il lui était inconcevable de rester sur un échec. Réussir devenait un désir intemporel de l’emporter, sur ses propres réactions matérialistes.”

Faire le vide, mais comment ?… Peut-être ?… Être comme dans sa jeunesse lors des séances de gymnastique, il terminait les cours par des temps de repos, après les efforts physiques, il se souvenait de ces moments, où il faisait le néant en son esprit. Il transformait son être par la pensée. Serait-ce la solution ? S’allongeant sur le sol, il commença par les bras, ils devenaient lourds, ils s’allongeaient… De plus en plus lourdingues, de plus en plus longs, les doigts arrivaient à l’horizon, plongeaient au firmament. Ils se détachaient de son corps et se perdaient dans l’entrelacs des étoiles. Suivirent les jambes qui subirent le même sort. Le corps, puis la tête s’échappa rapidement, n’ayant plus d’attache ni aucune retenue, elle s’envola. Elle rejoignit ces points brillants qu’étaient les étoiles et là, son esprit, enfin libéré de toute entrave matérielle, il voguait au sein de ces mondes.

Ouvrant les yeux, il se surprit en planant au-dessus du sol sans appui.

Abasourdi, il réalisa l’incompréhensible de ce moment et se reçut durement sur le sol. Le choc était assez douloureux, il mit quelques minutes avant de pouvoir bouger amplement puis lentement il se releva, heureux de cette brève réussite, mais aussi dans ces prémices de joie et de plaisirs nouveaux.

De nouveau debout dans un ressenti encore palpable de la rencontre avec ces cailloux, en se massant les côtes et le dos il rejoignit la grotte, suivi de Gwarec qui l’interpella :

– Tu as compris le principe ! Il te faut actuellement agir, bien que tu acceptes les faits comme naturels, le principal sera réalisé. Tu risques encore quelques bleus et bosses. Surtout, reste près du sol, tant que tu ne seras pas très sûr de toi. Pense maintenant à restaurer tes forces, la journée a été assez éprouvante, difficile et énergivore.

Bien que le soleil se soit couché depuis peu de temps, les ténèbres avaient envahi la campagne environnante, la grotte, elle était éclairée, par la lumière diffuse du spectre d’Isnia. Patri quant à lui réfléchissait au ravitaillement. Tenter la chasse était peut-être difficile de nuit et puis cuisiner était encore moins agréable. Enfin, les réserves restaient nulles. Il réfléchissait, à comment effectuer quelques courses. Trouver des produits de première nécessité facilement cuisinable où même déjà mitonner. Il pensa à son parcours qui l’avait amené en ces contrées, et jeta son dévolu sur un petit village au fin fond d’une lointaine vallée, Chalten.

Cette exploration lui fit plaisir, il retrouva un peu de civilisation, il revit cette agitation, ces vibrations électriques, tous ces bruits de la vie humaine. Ce petit bain de foule, quoique léger, lui fit du bien, même s’il n’était pas présent physiquement sur place. Portant son choix sur un supermarché fermé à cette heure, il fit ces courses. Il choisit des plats cuisinés, des produits, de longues conservations, des biscuits, du lait concentré, du chocolat, des boissons énergisantes et quelques autres marchandises diverses. Il les téléportait au fur et à mesure, de son choix, jusqu’à la grotte. Enfin, il renvoya la liste des produits enlevés ainsi que la somme correspondante.

Après un frugal repas, s’excusant auprès de ces amis, il sombra dans un profond sommeil, lourd, rempli de rêves ou de cauchemars, il ne saurait l’affirmer. Il voyagea au travers de ces mondes ; tous plus ou moins diffèrent, de formes, de cultures, de constitutions, de matières et d’évolutions. Il vit des êtres abominables, monstrueux, mais des êtres de vie différents ? Que dire ?

Qui de lui ou d’eux étaient les monstres, qui étaient les plus dangereux ?

Mais son esprit était à l’orée de tous ces mystères, rongeant tels la gangrène, le MAL. Il engloutissait mondes et espaces. Ce mal, cette vision de lui-même incroyable !

Le MAL… De cela ! il ne pourrait être et pourtant, il devait se préparer à le combattre, à le détruire.

Il se réveilla en sueur encore à toutes ces pensées nocturnes où tous se mélangeaient. Il comprit pourquoi il devait attaquer, se battre et si possible détruire. Réussir, car tout dépendait de ces actions futures.

La faim le tenaillait, le soleil était haut dans le ciel, le temps du repos avait dû être long. Il prit un repas copieux avant de se prélasser dans un bain. L’onde était tiède, malgré l’air frais, de ce jour nouveau. L’eau lui fit grand bien. Il se détendit. Sortant de l’eau et se séchant, il constata, mains et mains bleues et ecchymoses, la conséquence des tests des jours précédents. En s’habillant, il perçut quelques douleurs persistantes et courbatures gênantes. Après quelques pas dans la crique et divers mouvements d’assouplissements, il rentra dans la grotte et reprit une collation, jus d’orange, pain grillé et confiture d’orange. Repu, il s’allongea sur sa couche, savourant ce moment de repos et de plaisir. L’esprit en inactivité, il somnolait légèrement et se prélassait dans une douce quiétude.

Tout à coup, une pensée d’inquiétude l’envahit et le faucha.

– Alerte !… Alerte !

Immédiatement, le spectre d’Isnia se forma, Gwarec, de même, se propulsa dans la grotte.

– J’ai surpris plusieurs forts esprits dans notre périmètre de sécurité ! Patri, peux-tu visionner les alentours ? Que nous puissions… Non ! nous devons décider de nos futurs agissements et surtout sécuriser notre environnement.

Sur la pensée d’Isnia, Patri fit vagabonder son regard sur la campagne environnante. À quelque huit ou dix kilomètres de leur crique, dans une ravine montante et escarpée, un ensemble de véhicules tous terrains, lui semblant être des militaires, montaient lentement. Une jeep, avec une remorque bâchée et 4 hommes à son bord. Elle menait le train à 4 véhicules bâchés de type transport de troupes. Enfin, l’ensemble était suivi par une chenillette et une roulotte type cantine. Cahin-caha, le train de véhicule aborda le haut de la ravine et stoppa sur une esplanade herbeuse d’une centaine de mètres de diamètre. Sitôt stoppés, les véhicules rangés en ordre sur la périphérie du plateau, les hommes sortirent des camions. Une soixantaine environ, comme dans un théâtre, ils déchargèrent le matériel et installèrent le campement sans faux gestes et dans un silence absolu.

Revenu à la grotte, Patri fit part de sa visu, situant l’emplacement du campement, mais surtout de la manière, des déplacements et agissements de ces hommes.

Dans un silence absolu, mais l’esprit ouvert entre eux.

– Que venaient-ils faire ici ?

– Quels problèmes pouvaient-ils nous poser ?

– Quel danger pouvaient-ils nous apporter ?

– Avions-nous été découverts ? Mais alors pourquoi ? Et comment ?

– Pouvions-nous en tirer parti ?

– Pouvions-nous les faire partir ? Et comment ?…

Les questions de chacun fusaient, devenaient interrogatives et communes. Enfin, le flot diminua puis lentement se tarit. Le silence revint, laissant chacun dans ses propres réflexions. Puis lentement, Isnia diffusa l’apanage de ces observations.

– Nous devrions profiter de l’avantage de notre incognito, même si leurs venues peuvent avoir un rapport avec notre arrivée. Patri, l’emplacement de leur base tenterait de nous prouver que, même s’ils ont des doutes, notre position leur serait encore inconnue. Nous devons, de même, découvrir le but de leurs arrivées, définir les erreurs que nous avons effectuées et qui leur permettraient de nous détecter. Nous devons travailler sur leurs forces, nos points faibles, nos défauts, mais aussi découvrir particulièrement qui ils sont, quels sont leurs pouvoirs, leurs forces. Partageons-nous les tâches, car avant tout nous devons les surveiller, à tout instant et surtout nous tenir prêts à toutes actions. Je sais Patri, tu n’es pas encore prêt, tu as encore beaucoup à apprendre, mais tu dois malgré tout te lancer dans ton rôle. Rôle qui consiste à nous diriger, seul l’homme à ce pouvoir ancestral de la guerre, qu’il a, au fil du temps, sut développer cette faculté, à un niveau que nul ne peut égaler et qu’il a enfoui au plus profond de lui. Cela nous permettra de forger notre future coopération, mais surtout à te préparer et à développer toutes ces facultés qui sont en toi acquises ou latentes.

Patri réfléchit longuement. Il désirait ne pas faire d’erreurs, mais surtout, il n’était pas très sûr de ces soi-disant facultés, mais devant l’insistance de ces compagnons il se lança.

– D’abord Isnia, peux-tu rester en contact télépathique avec nous lors de nos déplacements ?

– Oui, de toute manière je suis toujours en contact avec vous deux. Mais aussi, je reste le centre nerveux de notre association, notre point de rencontre, notre banque de données. On peut me considérer comme votre circuit web, mais en beaucoup plus rapide, plus complet et plus sûr.

Se replongeant dans le silence, il réfléchit à toutes les possibilités de protections, de découverte, à savoir qui étaient ces personnages, mais aussi pourquoi ces militaires ressemblaient plus à des zombis plutôt que des humains ?

– Isnia !

– Oui Patri.

– Peux-tu te charger de rendre cette crique inabordable et inaccessible ?

– Non, mais Gwarec est plus apte à de telles fonctions et il t’expliquera ce qu’il pense réaliser.

– Il n’y a que peu de possibilités, là plus complètes, la plus sûre est de poser un voile hypnotique sur la crique. Elle transformera notre site en un immense rocher. Malheureusement, il te sera difficile de le traverser, voire même dangereux, mais aussi il bloquera nos missions télépathiques. Je peux aussi en première solution ancrer un écran imitant la roche et fermant l’entrée de l’échancrure. Une faisabilité, mais un inconvénient, celui de n’être efficace qu’auprès des êtres sans pouvoir. Sans doute possibles aux facultés faibles, mais sans aucune certitude et sûrement pas à tous les talents.

– Peux-tu te cacher au sein de leur campement ? Et surveiller la pensée de cette troupe !

– Cela ne me sera pas difficile. Une transformation en une vieille roche recouverte de mousse, posée dans un amas rocheux, et le tout surplomberait leur campement, tout en prenant position dès la nuit tombante. Seul un très puissant télépathe aurait peut-être la chance de me découvrir et encore sans certitude.

Pour sa part, Patri, ayant informé ses compagnons de ces actions, s’allongea sur son couchage. Dans la pénombre du soir tombant, presque en catalepsie, il dirigea sa pensée sur le reposoir des militaires. Il lança son regard au-dessus de la combe, se rapprochant au plus près, de manière à visualiser le campement dans son ensemble et suffisamment proche pour en apercevoir les moindres détails. D’un œil exercé, il visualisa l’état d’avancement de l’installation. Les tentes déjà étaient montées, environ un tiers des soldats étaient couchés, rigides, sans pensées ni rêves. La cantine, elle était installée prête à fonctionner. Les hommes étaient assez jeunes dans l’ensemble, telles des poupées mécaniques, ils terminaient l’installation avec une extrême efficacité. Ces fantassins étaient très entraînés.

Patri souhaitait reconnaître les lieux, la topographie, les possibilités d’accès au site, mais aussi les difficultés du chemin jusqu’à la crique. Il emmagasinait les informations tel un magnétophone et les transmettait directement à Isnia. Le tri si nécessaire se ferait plus tard.

Le temps était passé, la nuit était profonde, Gwarec bien implanté sur le site qu’il s’était choisi, en plaçant un voile psychotique sur son enveloppe, s’imprégna de l’ensemble de cette population. Implantant un vide imperceptible et protecteur.

Patri relança sa vision sous la protection de ce vide. Il profita de cette imperméabilité. Il inspecta un à un les personnages de la vallée. Il reçut des visions de cauchemars, dans d’effroyables entrelacs de plaisirs, de désirs, de malheurs, dans un mélange de haine et de joie. Tous ses sentiments se confondaient dans une fraternité incompréhensible, enfin ce mélange qu’était la vie humaine. L’incompréhensible devenait compréhensible et il formait ainsi l’esprit humain. Une entité qui apportait la folie à tout être, autre qu’humain.

Ayant déjà sondé une quarantaine de personnes, endormies ou non, se lassant d’une similitude ennuyeuse, il porta sa vue sur une tente légèrement à l’écart. Quatre hommes étaient là, assis autour d’une table, en pleine discussion, des gradés, lui semblait-il ? Suivant leur uniforme. Voguant d’un esprit à l’autre, il nageait dans un même océan de sentiments. Le quatrième officier supérieur, suivant les grades qu’il portait, peut-être même le chef, le surprit. Un vide absolu, un noir d’encre, qui étaient agrémentés de quelques images de la vie courante. Dans sa progression, mille lumières clignotantes le stoppèrent immédiatement et envahirent son esprit. Il se retira rapidement tout en gardant un contact visuel. Le visage de l’officier refléta une angoisse, une incertitude, il jeta un regard tout autour de lui. Anxieux, il laissa sa vision faire le tour environnemental de l’abri. Il resta pensif un long instant, songeur, fixant coin et recoin lentement.

Patri, ne désirant nullement laisser des doutes sur sa présence, se retira rapidement. Il réintégra la grotte. L’esprit en alerte. Il était ébahi par la réaction de cet homme.

Isnia et Gwarec étaient déjà là, discourant des évènements passés. Patri s’assit dans la grotte en une partie légèrement à l’écart. Il écouta l’échange de pensées de ces compagnons dans l’attente d’une concertation et enfin annonça.

– … J’ai ressenti comme une sorte de malaise, sans ne pouvoir en découvrir la provenance, une pensée diffuse, provenant de nulle part, comprimant l’espace environnant. Surfant de-ci, delà, j’ai discerné un vide et rapidement des images sans signification envahirent l’espace. Des lumières clignotantes se perdaient dans un paysage psychédélique. Je m’extradais rapidement de cet esprit. Je suivais le comportement d’un homme au sein d’un groupe de quatre personnes. Il était anxieux, son regard parcourait vivement les alentours, incertain de ce qu’il avait perçu. N’éprouvant pas et surtout ne désirant pas, prolonger cet état, je rentrais directement à la grotte.

Un long silence de solitude envahit le refuge, l’un triant les concordances du vécu, l’autre n’ayant plus rien à raconter, ils s’établirent dans un mutisme commun. Enfin, la première compulsait ces banques de données, elle faisait le tri, elle pesait en sa balance les oui et les non, les possibilités logiques ou illogiques. Sa concentration faiblit lentement pour enfin disparaître. Puis sa pensée nous revint.

– J’ai suivi vos pérégrinations à tous deux, il est certain que l’on nous recherche, ou plutôt qu’il explore quelque chose. Est-ce un hasard, une erreur de notre part, nul ne pourrait le dire, d’autant plus qu’aucun d’entre nous ne fait partie d’un groupuscule ou d’un parti quelconque. Il est certain que nous ne sommes pas encore découverts, mais le plus inquiétant est leur venue, dans un temps relativement court après notre arrivée. Il est certain qu’ils connaissent notre existence, mais qu’ils n’ont pas encore les moyens de nous repérer.