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Ce roman ne peut être que le souvenir d'un jeune homme à peine sortie de l'adolescence, marin de la marine nationale. Il relate de cette histoire un court moment de sa vie, un passage de l'existence, fabuleuse, féérique et mortelle où se mélange la découverte, la joie, le bonheur, la peine, le dégoût, l'alcoolisme, la folie, la mort, la contamination et puis... ! Et puis ces long mensonges, le rejet se son être et de sa nationalité, de ces amis aux vies écourtées, de ces douleur supportées. Une cinquantaine d'années se sont passées. Dans un déni encore présent, les souvenirs se sont quelques peu émoussés, les dates et les lieux peuvent être légèrement altérés, ou bien divergents, mais le fil rouge du vécu reste présent, ancré au plus profond de son être.
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Seitenzahl: 202
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ce roman ne peut être que le souvenir d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence, marin de la marine nationale.
Il relate de cette histoire un court moment de sa vie, un passage de l’existence, fabuleuse, féerique et mortelle où se mélangent la découverte, la joie, le bonheur, la peine, le dégoût, l’alcoolisme, la folie, la mort, la contamination et puis… ! Et puis ces longs mensonges, le rejet de son être et de sa nationalité, de ces amis aux vies écourtées, de ces douleurs supportées.
Une cinquantaine d’années se sont passées. Dans un déni encore présent, les souvenirs se sont quelque peu émoussés, les dates et les lieux peuvent être légèrement altérés ou bien divergents, mais le fil rouge du vécu reste présent, ancré au plus profond de son être.
Sans nul doute, à beaucoup de monde, que je ne pourrais vous citer en ces quelques lignes, amis vétérans, marins de la Maurienne et du Commandant Bourdais. Elles, qui ne seraient être nullement trop longues.
Sans vous, ces pensées seraient restées dans les limbes de l’au-delà et je ne suis pas certain que ce livre n’aurait jamais vu le jour.
À Babou mon épouse, mes enfants et petits-enfants ! vous qui m’avez aidé, aimé et surtout supporté en ces longues années.
À vous, mes amis, bien trop tôt disparus, mais dont, je l’espère, le temps en apportera la raison.
À toi Bernadette, ma correctrice, ma petite sœur de cœur, toi qui gères mes divagations et "élucubrations".
À mon Psy, qui durant ces années a su m’écouter.
Enfin à vous, lecteurs, qui auront le courage de me lire et peut-être de comprendre ce monde interdit.
Ces quelques mots, en souvenir de qui nous sommes, de ce que nous avons été et de ce que nous avons vécu.
L’élucubration d’un Fait.
Mururoa
Par PaP OunE
Premier chapitre présentation
Hymne de l’engagement
Pensées et rêves
Deuxième chapitre l’engagement
Hymne à la vie voyageuse
Rêve et réalité
Troisième chapitre l’envole
Moruroa,,, Mururoa
Paradis… ou… Désillusion
Quatrième chapitre Mururoa
Un bouquet de feux
Recueil des rêves ésotériques
Cinquième chapitre les essais
La terre paradis
Recueil des rêves ésotériques
Sixième chapitre voyage
Tahiti
Bora-Bora
Maugaréva
Moorea
Nuku Hiva
Huahine
Raiatea
Rimatara
Rurutu
Rêves, voyages et mensonges
Recueil des rêves ésotériques
Septième chapitre le Bourdais
Vie et mensonges
Recueil des rêves ésotériques
Huitième chapitre conclusion
Lexique
Paradis… ou… Enfer ?
Nul ne pourra me comprendre ni me convaincre d’une définition. Mururoa est, j’en suis convaincu, un paradis, mais aussi un enfer caché, un mensonge. Il est une ignorance comme j’ose encore, parfois le croire.
Enfin, peut-on le concevoir… ! Mais, en tout état de cause, ce roman ou cette autobiographie ne sont qu’une part de la période de l’existence d’un jeune homme, un adolescent désirant apprendre la vie. Mais où, malgré tout, des instants d’affairement et de fait, ne peuvent être écrits ? Ils sont rangés en ces tiroirs de l’existence, oubliés, enterrés au plus profond d’une âme meurtrie.
Une enfance peu présente aux souvenirs trop souvent absents, oubliés. Une famille vagabonde du fait des changements de poste pour sa carrière, d’un père à l’EDF.
Né à Escolives-Sainte-Camille, lieu dit du Saulce, dans l’Yonne et dont les souvenirs des lieux remontent à bien plus tard, lors d’une visite adulte. Anciennement, un poste EDF, il est en ce temps devenu la demeure d’un artiste. Peu de changement ou de transformation, elle était toujours accolée à ce château de mon enfance, mais qui n’est toutefois qu’une très grosse maison bourgeoise. L’Yonne et un canal sur un côté, la ligne SNCF Paris Lyon et la nationale 6 de l’autre, sans oublier les étangs et ces nombreux trous d’eau. Enfin le bief et sa turbine, qui produisaient l’électricité ainsi que de multiples transfos gourmands de foudre. Un espace qui ne permettait qu’une vie en autarcie, mais qui, pour mon jeune âge, n’avait que peu d’importance et qui ne dura que le temps de la naissance de ma petite sœur. Trois ans, et déjà mon premier déménagement.
Toulon-sur-Arroux, ma deuxième villégiature, qui n’était pas bien grande, mais plus imposante que la précédente. Un village, qui comme le premier ne me fut découvert qu’à l’âge adulte. Mais que dire ? Du peu des souvenirs de cette époque, une courette recouverte d’une glycine, elle donnait accès à un grand espace de terre battue. Sur la gauche, le garage du boulanger, où il garait sa camionnette en bois. En face de la cour, un hangar, qui donnait accès au jardin, où mes frères, mes sœurs et moi-même avions chacun notre lopin de terre que nous cultivions suivant nos envies. Pour moi, c’était des radis noirs. Sur la droite, des voisins, dont le seul souvenir, en sont leur accueil lors de la naissance de mon petit frère. Elle fut l’avènement qui déclencha le là, d’un nouveau départ. Ce fut aussi mes premières expériences scolaires, d’une maternelle sans souvenir. De nouveau, 3 ans et demi s’étaient passés. Déjà, un deuxième déménagement.
Gueugnon capitale cantonale, elle est ma troisième villégiature. Elle est de plus grande importance, une villa au sein même du complexe EDF et GDF, situé sur la périphérie de la ville et au bord de la rivière l’Arroux. Elle était postée en extrémité du bief du canal et de l’écluse qui se jetait dans ce cours d’eau. Une route, qui, de part et d’autre, était bordée par les deux cours d’eau puis un dépôt, un stockage de terre jaune, un minerai d’uranium et son usine de traitement chimique des minerais, mais le tout clôturé. Elle était infranchissable pour les garçons que nous étions. Enfin le stade et les prémices de la gloire du football dans les temps futurs et le lieu de mes activités sportives.
Mais aujourd’hui, l’urbanification était arrivée, du complexe de l’EDF et GDF il ne reste que des bâtiments désaffectés, la maison de mon enfance menace ruine et toutes les ouvertures sont murées. Le bief et le canal ne sont plus, ils ont été remblayés et recouverts de constructions. Le tas de minerai d’uranium et son usine ont disparu, ils ont laissé place à des immeubles, des villas et des entreprises. Quatre années de vie disparues, qui se sont envolées. Il ne me reste que seuls quelques souvenirs, la pêche, les jeux de rôles dans les clapiers avec ma petite sœur, les efforts lors de ces séances d’athlétismes en ce club dont je faisais partie. Mais aussi ces longues journées d’activités à dépiauter des câbles électriques pour récupérer cuivre, aluminium et acier, mais aussi la collecte de cartons avec mon frère aîné, le tout pour une revente au Pater du coin et pour quelques francs seulement, mais qui nous permettaient une séance de cinéma ou quelques accessoires de pêche. Mais voilà, 4 années et demie se sont écoulées, un séjour déjà bien plus long, mais aussi mon quatrième déménagement.
Dijon, pour moi, elle était une ville immense et sans fin. Elle est la capitale départementale. Pour la première fois, je devais vivre dans un immeuble de l’EDF. Quelles déceptions ! Pas le moindre espace naturel hormis un terrain vague, vestiges d’une usine désaffectée. Une rivière, l’ouche, prémices d’activités futures sur un côté, le canal de l’autre, quelques maisons parsemaient les espaces libres, l’usine EDF, le centre de tri SNCF avec ses multitudes de voies ferrées et bien d’autres usines importantes que je ne saurais citer.
Tous disparaissaient, mes repères n’étaient plus ! Mes vacations dans la nature, elles s’évaporaient ! il ne me restait que le béton et le bitume.
Une année de collège qui fut un échec, trop nul en anglais, deux années de certificat d’étude obtenue haut la main. La réussite au concours d’entrée au CET "les Marcs d’Or". Trois années pour l’obtention d’un CAP de menuisier, que je réussissais avec les félicitations du jury et le premier d’académie. Là s’arrêtent mes exploits scolaires et, pour ce temps, j’avais 17 ans.
Que dire de ces années, sortir de l’enfance et rentrer dans l’adolescence. J’intégrais ce groupe de copains, ce clan issu de l’immeuble EDF et pour certains, tout comme moi, ils n’étaient que de passage et d’horizons différents. Mon acceptation à ce groupe, en ce départ, fut assez difficile. Mon père étant le chef du district gaz, certains en faisaient nos différences (enfin celle de nos paternels). Notre aire de jeux était ce terrain vague, une friche industrielle ainsi qu’une portion de l’Ouche, des secteurs dont nous devions nous défendre bec et ongle, contre les clans adverses. Ces lieux étaient envahis par la viorne (la clématite des haies ou bois à fumer). Ils nous servaient de caches et nous permettaient, hors de la vue des parents, de fumer tranquillement, ces bois coupés en tronçons et honte à celui qui, tirant trop fort sur sa cigarette, l’enflammait. Nos parties de pêche à la bouteille que nous posions le jeudi matin et relevions l’après-midi et que nous vendions (contre quelques bonbons et friandises) au SPAR, l’épicerie du quartier, qui vendait de la friture fraîche le vendredi matin à nos parents.
Pour mes 13 ans, je m’achetais un vélo d’occasion, 25 francs, mais mon pécule ne se montait qu’à 20 francs, mon père mit le reste, mais la bécane devenait propriété conjointe (il ne s’en est jamais servi). Elle n’en valait pas plus que sa valeur, 1 quart de pédale dans le vide, pour trois quarts de propulsion, mais elle me permettait de m’évader, le long des chemins de halage du canal et de retrouver cette campagne, qui me manquait !
Pour mes 14 ans, suite à l’obtention de mon certificat d’études et de la réussite au concours d’entrée au C.E.T, et oui, en ces années-là un concours était obligatoire pour rentrer en apprentissage, donc à cette occasion mes parents m’avaient offert un vélo bleu, avec un guidon de course et 3 vitesses. Le rêve ! Ma vieille bécane passait dans l’oubli directement au ferrailleur, par les kilomètres parcourus et le manque de soin évident.
Ce cadeau ! Il en était aussi un pour mes parents. Je rentrais au "CET Les MARC d’OR", en ce temps-là les transports scolaires n’existaient pas. Onze kilomètres, le matin et autant le soir avec une côte à 11 %, ce cadeau arrangeait bien mes parents !
Ces 3 années furent, me semble-t-il, les meilleures de mon enfance. L’apprentissage du travail du bois me comblait ainsi que les longues balades en vélo sur les chemins de halage du canal de bourgogne. Nous remontions la vallée de l’ouche, le dimanche avec mon grand frère et, les samedis, ils étaient des journées de labeur avec ce même frère, pour une entreprise de travaux publics du coin, dans la confection de barrières de sécurités et de ponts en bois pour le passage des tranchées. Ces travaux dominicaux nous rapportaient quelques francs, mais ils en profitaient surtout à mon frère. Les déplacements scolaires en vélo étaient harassants, je décidais l’octroi d’une mobylette. Juillet et août de cette année furent consacrés aux travaux chez un producteur de pêche. J’étais posté à l’approvisionnement de la trieuse. De 7 heures à 19 heures, tous les jours, avec une pause d’une heure à midi, pour le casse-croûte tiré du sac et de 7 heures à midi le dimanche. Intolérant à la peau de pêche, je n’ai jamais pu en retoucher une de ma vie. Deux mois de labeurs et de souffrances allergiques, pour un salaire de 625F au total, je n’ai pu que m’offrir qu’un Caddy pour la somme de 650 francs. Mon père avait mis le complément, la mobylette, elle devenait à nouveau commune, mais il avait pris à son compte l’assurance, le carburant lui restait à ma charge, mes travaux du samedi me le permettaient.
Bien sûr, d’autres souvenirs me restent présents, mais ne concernent pas cette présentation.
Pensées et rêves
En ces premiers jours de juillet,
Par une annonce journalistique,
Ses rêves se sont envolés.
Vole, vole, son esprit était déjà parti.
Mais il était encore là emprisonné,
Il avait les clefs de sa libération.
Son attente ne pouvait durer,
Son choix, il l’avait déjà fait,
Son corps et son esprit disparaissaient.
Diplôme en place et malgré des offres d’emplois avantageuses, des poursuites possibles en des écoles qui me proposaient des niveaux supérieurs. Un père qui me poussait à rentrer à l’EDF, rien à tout cela ne m’intéressait.
Mon désir, m’éloigner, sortir de cet espace qui m’opprimait, je ne pensais qu’à quitter ces lieux. En ce temps-ci, peu d’attentes me retenaient et mes pensées recherchaient des solutions. Cet épilogue me vint par une publicité, l’engagement militaire. Non pas l’armée de terre ou de l’air qui ne me faisait pas rêver, mais la marine, charpentier de marine ! Je me voyais déjà en ces contrées lointaines, naviguant au sein de ces îles paradisiaques, ces espaces vierges de toutes civilisations, ces lieux qui n’étaient que des écrits en ces livres, que je dévorais, mais qui tous n’étaient que d’un autre temps ?
Mais la réalité n’était pas, internet en ces temps-là n’existait pas. Mes recherches me menèrent enfin au CIRFA, le bureau d’engagement de la marine à Dijon. Une rencontre avec un marin dont je n’avais nullement la valeur du grade de celui-ci, un entretien d’une petite heure, de toute manière ma décision était prise, je serais charpentier de marine. De retour au domicile, un dossier de candidature sous le bras, le plus compliqué me restait à faire, obtenir l’accord de mes parents pour obtenir les documents nécessaires à mon enrôlement. Contre toute attente, mon dossier fut vite mis à jour et déposé au CIRFA par mon père. Une convocation aux tests d’aptitudes arriva rapidement. Je passais les épreuves, qui n’avaient pour fonctions que la confirmation du savoir de lire, d’écrire et de compter, mais aussi de la réalisation d’une épreuve sportive, mais qui n’avait que le nom de sport. Diligemment, je recevais une convocation pour la signature de mon engagement de 5 ans et suivant mes résultats il me conseillait, vu mon niveau, la spécialité d’électricien au lieu de charpentier… Allez donc comprendre… ? Enfin, il faut le concevoir, charpentier de marine sur des navires métalliques, qu’elle en serait mon rôle. Pour moi, la question ne se posait pas, dans toutes mes lectures, le charpentier comme le cuistot, sur les bateaux, ils avaient toujours les bons rôles.
Puis, tout alla très vite. Mon enrôlement se déroula très rapidement à la suite de ma décision. L’incorporation s’effectua en à peine un mois. Le 30 août 1970, je devais me présenter au CFM Hourtin. Bien sûr, les voyages en train ne me faisaient pas peur, j’en avais l’habitude, tous les ans à Pâques et durant le mois d’août je partais en colonie de vacances et aux quatre coins de la France avec la CCAS (les colos de l’EDF), mais là, tout de même, je serais seul.
Le départ en ce dimanche du 30 mai 1970 arriva rapidement. Un train direct Dijon-Bordeaux, avec des arrêts multiples, où des jeunes appelés ou bien comme moi, engagés, ils nous rejoignaient. À notre arrivée, en ce 31 août 1970, au matin, des bus militaires nous attendaient. Je ne m’attarderais pas sur cette période militaire de 53 jours. J’obtenais mon premier galon de Breveté élémentaire due à ma spécialité déjà acquise, étant possesseur du CAP de menuisier, devant ma petite taille et ma mauvaise volonté pour la marche aux pas, je fus relégué à l’arrière du peloton. Aux avirons peut-être dus à ce premier galon !, j’étais à l’arrière de la barcasse aux 16 avirons, je tenais le gouvernail en scandant une… deux…
Quant aux gardes des bâtiments des munitions et de la prison, j’en fus vite bannie due à un tir intempestif...! Mais j’excellais dans le sport et toutes les matières écrites. Étant sortie dans les premiers de mon contingent, allez donc comprendre pourquoi ! Mon statut militaire n’était pas exemplaire. Peut-être aussi par ma spécialité, déjà acquise, ou peut-être ? Pas que!… Car le premier choix de ma demande de campagne était le Pacifique et il me fut accepté contre toute attente. Quoique l’attribution des embarquements fût donnée par la position dans le classement du Pim (système de classement par notation avant 2001 pour les hommes d’équipage dans la marine nationale), mon classement devait être bon.
Dû à ce départ en campagne, je recevais mes tenues blanches, les tenues d’outre-mer. Je dus subir une multitude de vaccins complémentaires dans le bras, le dos, et le haut des fesses, le tout dans une file indienne où des infirmiers nous vaccinaient à tour de bras. Cet acte médical me permit de profiter de 48 heures de repos, mais nous étions confinés dans nos chambrées. De plus, cet embarquement permettrait que mes salaires et primes soient multipliés par 2,1 ainsi que mes droits à la retraite (concernant ces droits et dus aux changements des régimes de retraite, ils furent oubliés et non applicables).
En l’attente de mon départ, je fus affecté aux ateliers maritimes de la flotte, les AMF de Toulon. Ces 5 mois de bonheur où j’ai appris, la restauration et le calfatage des coques en bois, mais aussi je participais à la restauration, de la tête de proue, d’un galion du 17e siècle, il représentait Poséidon, en bois d’iroko. L’empreinte militaire, durant cette période, n’était due qu’à des rondes de sécurité incendie (2 heures de courses au trot et de multiples montées d’escaliers, afin de donner un tour de clef dans un boitier, qui toujours, était situé au dernier étage et qui confirmait ainsi le passage du contrôle sécurité et incendie). Ces rondes, nous les effectuions durant nos quarts de nuit et les week-ends. Ce temps fut aussi les prémices de ces sorties nocturnes, dans cette zone de Chicag' (Quartier de la basse ville de Toulon située entre la porte principale de l’arsenal et la rue d’Alger). En ce temps, il était un lieu de perdition pour le jeune marin que j’étais, mais le montant de la solde, en ces moments, ne me permettait que peu de folie. Le temps était passé, mon ordre d’embarquement était arrivé.
Je quittais Toulon plein de rêves et d’inquiétudes. Mes rêves se concrétisaient, j’allais partir, découvrir ces contrées lointaines, devenir aventurier comme les héros de ces lectures qui m’avaient transporté durant mon enfance. Ces livres, ces auteurs, qui m’avaient emporté dans ces rêves imaginaires, loin des vicissitudes de la vie ordinaire.
Rêve et réalité
Sur le chemin de la vie,
Le rêve du voyage n’est que là.
Sur le chemin de la vie,
La réalité du voyage est ailleurs.
Sur le chemin de la vie,
L’espérance du voyage n’est que là.
Sur le chemin de la vie,
L’évidence du voyage est lointaine.
Sur le chemin de la vie,
La réalisation du voyage n’est que là.
Sur le chemin de la vie,
La joie du voyage est incertaine.
Mon affectation était enfin arrivée. Le Pacifique… Mon ordre de mission m’embarquait sur le bâtiment base Maurienne. Rien que le nom me faisait déjà rêver. J’avais lu toutes sortes de documentations et de livres sur ces contrées lointaines. En ces années, le web n’était pas encore dans le grand public, mais aussi j’écoutais les anciens dans les exposés de leurs campagnes précédentes. Je rêvais de ces contrées lointaines, et aussi de ces îles paradisiaques. Les derniers jours, à Toulon, me parurent une attente longue et interminable. Ainsi que ces quelques jours de permission à Beaune. Et oui, mes parents avaient encore déménagé, mais ils me permirent de relativiser ce voyage. Il me laissait tout de même quelques angoisses.
Le jour J, mon père me déposa à la gare de Beaune à 8 heures du matin. Il me laissa seul face à ce voyage, qui me menait à l’opposé de mon lieu d’enfance. En ce temps-là, il n’était pas nécessaire de se rendre gare de Lyon pour se rendre à Orly. Après quelques arrêts, le train me déposa à Villeneuve-Saint-Georges, le TGV n’existait pas encore. Seuls les trains rapides, ils mettaient 3 heures pour effectuer les 300 km, nous transportaient dans des wagons à compartiments, mais ils permettaient de lier des conversations, voire même l’ouverture de quelques paniers de victuailles. Je finalisais mon premier parcours en bus.
L’aéroport m’impressionna, cette immensité, où une multitude de personnes se déplaçaient en urgence, ou elles étaient stationnées devant les immenses panneaux d’affichage. Un peu perdu dans cette foule, dont je n’avais pas l’habitude. Je finis par dénicher le guichet d’embarquement d’Air France, mais aussi quelques marins, reconnaissables à leurs sacs marins, et qui, tous comme moi, faisaient leur premier voyage en avion. Nous, nous étions regroupés, nous rassurant les uns les autres. Un seul était affecté sur la Maurienne avec moi. Les autres sur des bâtiments différents, mais, de toute manière, nuls n’avaient pas de connaissance de ces bâtiments militaires ou de ces affectations, alors, nous pensions qu’ils étaient à Tahiti !
Notre premier avion est un Bœing 747 jusqu’à Los Angeles et un DC8 jusqu’à Tahiti (le prix de mon billet de transport pour Tahiti, fourni par la marine, compris l’escale de 24 heures et l’hôtel, s’élevait à 12 400 Fr. Le SMIC à 3,82 F donnait un salaire mensuel d’environ 700F, soit un peu plus de 17 mois de salaire), mais je n’en avais pas conscience de cela en ces temps-là. J’étais dans mon rêve de départ.
Que dire de ce voyage ? L’envol de l’aéroport d’Orly, à 14 heures, une arrivée aux environs de 17 heures à Los Angeles (et oui 9 heures de décalage nous allions plus vite que le soleil, j’avais dû bien l’étudier à l’école, mais là je le découvrais). De plus, ils nous ont été servis un déjeuner, un dîner et un petit-déjeuner et une séance de cinéma. À cette époque, nous pouvions même fumer dans l’avion. Peut-être, par un pur hasard, mais plutôt par un achat groupé, tous les militaires étaient regroupés dans un même secteur. L’atterrissage à Los Angeles en lui-même reste un fait marquant. L’avion volait au-dessus des montagnes, l’océan au loin se profilait et, tout à coup, il tombait, il donnait cette impression de plonger dans l’océan. Un simple moment de frayeur, vite oublié, mais l’atterrissage, lui était mémorable, mais rapide et impressionnant.
Peu de souvenirs sur ce temps de transit, si ce ne fut que l’accès à notre hôtel en taxi. Un Immeuble d’une quinzaine d’étages, des couloirs sans fin et de nouveau un dîner. Une tentative de sortie, vite abandonnée, les bars et la vente d’alcool étaient interdits aux moins de 21 ans, nous étions loin du Chicag' toulonnais !
De retour dans ma chambre, malgré la présence d’une télévision dans chacun des logements, je me retrouvais isolé et perdu. Je ne comprenais pas ou si peu la langue, les films m’étaient impossibles à suivre. Ils étaient entrecoupés de publicités et d’actualité avec un retour en arrière à chaque reprise de ceux-ci. Par ce fait, ils devenaient longs et incompréhensibles. Finalement, seul le repos me fut accessible.
Le lendemain, le départ pour Tahiti, nous étions accueillis dans l’avion par des hôtesses. Elles étaient habillées d’un paréo et elles portaient une couronne de tiarés, le rêve déjà me transportait.
Paradis… ou… Désillusion
Un rêve, un paradis, un atoll.
Perdu au milieu de l’immensité,
Océan bleu, limpide et chaud,
bande corallienne émergeant à peine,
faisant vivre multiple vie marine.
Des cocotiers, sur ce fin anneau émergé,
bruissaient en ce léger zéphyr.
Mais… !
Terre, mer, poussières, sournoisement
Nous attendaient, nous détruisaient.
Le mensonge nous attaquait,
Mais nous ! nous l’ignorons.
5 Heures, ce matin le rêve se réalise, à 11 heures de la France, à Tahiti, Papeete, Faaa, plus exactement. La température annoncée est de 32° à notre sortie. L’air est lourd, il est chargé d’humidité, mais il exalte un parfum, qui, pour moi, était inconnu en ces temps : la Tiare Tahiti ou Tiare Maohi. Il reste