Voyage vers l'Inframonde - Yohan Makaya - E-Book

Voyage vers l'Inframonde E-Book

Yohan Makaya

0,0
2,99 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

N'avez-vous jamais été curieux de savoir ce qui se trouve par-delà la réalité que vous connaissez ? Sengo, un jeune esclave rêveur va se lancer dans un périple au coeur du Brésil impérial pour comprendre les lois de l'univers. Cependant les Précepteurs, une mystérieuse secte dirigeant le monde dans l'ombre recherche la même chose. Le destin de Sengo et ses compagnons va basculer malgré eux, lorsqu'ils vont être impliqués dans la mort de l'un des champions de la secte. Pour se protéger des Précepteurs, ils devront à tout prix trouver un moyen de survie. Au dépit de leurs passés respectifs et des dangers surnaturels de l'Inframonde. . .

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Veröffentlichungsjahr: 2023

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Sommaire

Arc I : DEPARTURE

Chapitre 1 – L’autre

Chapitre 2 – Le couturier du futur

Chapitre 3 – Scornfull city

Chapitre 4 – Sengo VS Georgie

Chapitre 5 – La société secrète

Chapitre 6 – L’amour selon Cruz

Chapitre 7 – Sex penalty

Chapitre 8 – Les richesses de Siz

Arc II : LES AVENTURES DE JOSEPH

Chapitre 9 – Guerre secrète

Chapitre 10 – The Chainbreaker

Chapitre 11 – Les pantins de Scornfull city

Arc III

: FOREST WAR

Chapitre 12 – L’aventurier d’or & d’argent

Chapitre 13 – Bly-Wolf souvenirs

Chapitre 14 – L’étrange kanda de Xi

Chapitre 15 – Brotherhood

Chapitre 16 – Kill me with love

Arc IV : L’EXPANSION DU MONDE CONNU

Chapitre 17 – L’inframonde

Chapitre 18 – Billions of years ago

Chapitre 19 – Les voyageurs temporels

Chapitre 20 – Sengo le héros

« Ce livre est une fiction, cachant dans son prisme une infinité d’autres possibilités de fictions. . . »

PROLOGUE D’UN GRAND VOYAGE

« N'avez-vous jamais été curieux de savoir ce qui se trouve par-delà la réalité que vous connaissez ? Cette réalité établie et inchangée par des lois millénaires, moi Sengo, je souhaite me rendre là où se trouvent les réponses à mes questions. Avant même que tu m’apprennes à lire et écrire, avant même de savoir ce qu’était le ciel et la terre. J’avais ce sentiment que quelque chose m’attendait, quelque chose de grand.

Je suis libre à présent, ma vie d’esclave a été une prison pour mon rêve, mais je ne m’en suis jamais détourné. Je n’ai qu’une seule envie à présent, découvrir ce pourquoi je suis venu au monde. Je suis peut-être fou, à penser qu’il y a un moyen de découvrir les mystères de la vie et de l’univers. Il serait plus simple de croire en un Dieu, mais quand bien même il en existerait un, alors je veux le rencontrer.

Vois cette lettre comme une promesse. Je reviendrai avec les réponses auxquelles l’Homme n’a jamais eu accès.

Sengo, ton élève rêveur. »

CHAPITRE 1

L’autre

« J'ai rétabli la vérité, l'origine de la vie elle-même n'a plus de secrets pour moi, ma quête fût sans pareil et mes sacrifices si nombreux. Tout ça pour me retrouver là devant toi. Toi qui as tant, mais qui nous as donné si peu. Toi qui nous as laissés là sans rien. »

JOUR 113 mai 1888, São Paulo, Brésil.

Un représentant d'état était venu nous annoncer à moi et mes confrères que nous étions désormais libres, libres et indépendants dans un monde qui nous était hostile, à nous les hommes et femmes de couleur. La « Loi d'or », signée par la princesse Isabelle du Brésil, avait sonné comme la fin d'une ère pour certains. Les plus vifs d'esprits savaient eux, que cette délivrance n'était que le début d'un autre calvaire. . .

Nos anciens bourreaux avaient perdu leur main-d’œuvre gracieuse. Plusieurs de mes confrères ne sachant quoi faire ni où aller décidèrent même de rester chez leurs anciens maitres en tant que « travailleurs libres ». Pour moi, ce n'était rien de tout cela, j'avais mes objectifs et le glas de cette signature avait retenti en moi, comme le début de la concrétisation de mon rêve.

Il me fallait des informations et des vivres pour commencer mon aventure. Je partis en direction de São Paulo comme beaucoup des miens, la ville était grande et commençait à s'industrialiser. Nos oppresseurs avaient massivement besoin de mains pour faire fleurir davantage leur Cité de la bruine*. Ce qui en fit un lieu de renouveau pour nous autres qui travaillions jusqu'alors uniquement de nos mains, dans les mines et les champs. L'heure était à la fête, dans chaque coin de rue, mes confrères jouissaient de leur liberté.

Un vieillard remerciant avec fougue le Tout-Puissant qui, hier encore, l'avait laissé pour esclave allant même s'agenouiller, jusqu'à ce que son front s'enfonce dans le sol. Les enfants, courant innocemment, quelques femmes et hommes se touchant. Tandis que d'autres chantaient, le peu de chants traditionnels qu'ils avaient encore en mémoire. Dansant par la même occasion des danses de chez nous.

Il y avait même des quilombos* de différentes communautés, tous s'adonnèrent à toutes sortes de festivités. Mais nous restions tout de même discrets, nos oppresseurs voyaient tout, il n'était pas question de faire du grabuge. Nos chaines étaient brisées, mais nous n'étions pas acceptés pour autant. Je ne pris pas part aux festivités, ce que j'avais en tête était trop important pour festoyer cette soi-disant liberté.

Mes recherches avaient débuté malgré l'agitation, ne sachant ni par où ni par quoi commencer. Je n'avais aucun repère en ces lieux et personne à qui m'adresser. Uniquement ma volonté et quelques pièces, données par Nell plus tôt dans la journée avec un

« Bonne chance ! » en guise d'ultime adieu.

Ce bon vieux Nell, il fut ma seule attache pendant bien des années.

Il y a 5 ans, il m'avait surpris un jour à l'arrière de la grange, en train d'essayer de lire un livre que j'avais volé dans la bibliothèque de monsieur Davidson, mon ancien maitre et père de Nell.

Ni mépris ni menace dans le regard de Nell. Mais de la stupéfaction en me voyant assis là, avec le livre posé proprement sur un tronc creux. Tournant les pages avec délicatesse et soins, pour ne pas les salir avec mes mains souillées par l'ardeur de la tâche. Je n'avais jamais eu aussi peur pour ma vie, me faire amputer en guise de punition ou pire encore tuer fut la première chose qui me vint à l'esprit. Mourir pour un simple livre, mourir par simple curiosité, voilà à quoi s'en tenait ma vie d'esclave.

J'avais même à ce moment songé à tuer Nell pour éviter le pire. Mais fort heureusement, il était d'une grande bonté, tout l'inverse de son père et ses sœurs. La vue d'un jeune homme nègre, prêtant attention à la littérature, suscita chez lui de l'admiration. En plus de garder le secret quant à mes emprunts de livres, il m'apprit à lire et écrire. Il m'enseigna en cachette l'astronomie et des dizaines de notions de physique, ainsi qu'une flopée d'autres éléments de connaissances et de cultures, dont je n'aurais indubitablement jamais besoin. Mais j'adorais cela, tout était si nouveau et si fascinant, ses explications étaient parfois longues mais, jamais assez ennuyantes pour s'en lasser ou les ajournées. « Great teacher » était le surnom que je lui avais donné. Je me sentais si bien dans le savoir et l'apprentissage, m'évader ainsi était un privilège que mes confrères eux n'avaient pas.

— Yey boy ! Je m'appelle Cruz, je crois bien qu'on est dans la même situation, tu t'appelles comment toi ?

Une voix confiante et amicale vint m'extirper de mes pensées, alors que j'avais encore en tête l'image du Great teacher dessinant un schéma. Il était nègre, jeune et avait l'air seul tout comme moi, lui répondre que nous n'étions pas dans la même situation aurait été de mauvaise foi. Ses vêtements étaient propres et ses mains elles, dépourvus d'usures. J'avais remarqué une brûlure sur son cou assez conséquente. C'était sûrement un nègre de maison, je poursuivis la conversation avec une once de méfiance.

— Je suis Sengo, juste Sengo.

— T'es pas bavard toi hein ? Aujourd'hui nous sommes libres, tu devrais faire la fête non ?

— Je devrais oui, mais si comme moi tu ne déambules pas dans les rues en chantant, c'est que tu as mieux à faire, n'est-ce pas ?

Cruz poussa un petit rire ironique, me faisant comprendre que j'avais été perspicace. En apparence, en tant qu'inconnu, il devait établir une relation de confiance et ne pouvait donc éviter le sujet. Au risque de devoir mentir ou paraître louche.

Mais mon interlocuteur était lui aussi très perspicace et avait tilté la situation, il avait certes abordé la conversation, mais avait perdu la main le premier. Cruz choisit donc la meilleure option, et me répondit sans détour.

— Dans le mille Sengo ! Il faut que j'aille à Scornfull City, c'est à trois jours d'ici. Tu te doutes bien que je n'ai pas d'argent pour acheter des vivres. C'est là que tu interviens, il y a suffisamment de nourritures dans l'entrepôt du Red Zeff pour en voler, sans que ceux qui y travaillent ne le remarquent. Mais pour ça, il faut impérativement être deux je t'expliquerai mon plan si tu en es.

— Qu'est-ce tu dois faire à Scornfull City ? Cette ville n’a pas une très bonne réputation, malgré les opportunités qui s’y trouvent.

— Je vais te répondre Sengo, mais seulement si tu me dis ce qui t'empêche toi de faire la fête ?

Cruz était malin, après avoir vu qu'il avait piqué mon attention, il me retourna la question. L'une des raisons pour lesquelles j'étais venu à São Paulo, était justement pour trouver des vivres. Je me retrouvai alors dans la même situation que Cruz, forcé de dévoiler mon objectif qui à l'oral sonnait comme du foutage de gueule.

— Je veux m'entretenir avec Dieu, j'ai des questions à lui poser.

— Rien que ça Sengo. . .

— Ça peut paraître absurde Cruz mais c'est la vérité vraie.

— Le plus simple ne serait pas de mourir ? Ou aller à l’Église. . .

— Non Cruz, pour moi il n'y a pas d'au-delà, je dois le faire avant que ma vie prenne fin, sinon je n'aurais jamais mes réponses.

— Je vois le genre, bon comme promis je vais te dire pourquoi je dois me rendre à Scornfull City. Les gens racontent qu'un homme s'y trouve, on l’appelle « L'Homme qui sait tout » ou bien souvent « l'Ermite », je veux le rencontrer.

— Un tel Homme peut exister ?

— Surpris ? Eh bien d'après les rumeurs qui circulent, il aurait un étrange pouvoir, qui lui a laissé en mémoire tout le savoir de l'humanité. On dit même de lui que c'est un Dieu, ou plus exactement l'avatar de son savoir.

Je savais qu'il ne fallait pas se fier à ce genre de rumeur, mais en écoutant Cruz mes yeux s'étaient mis à scintiller. Le monde est si vaste et les choses à en découvrir légion, je me dis alors :

« Et si c'était vrai, et si cet homme pouvait réellement m'apporter des réponses ».

Je n'avais que cette piste à suivre et ma rencontre avec Cruz, n'était aucunement le fruit du hasard. Le mieux à faire était de l'accompagner à Scornfull City pour trouver cet homme, je lui répondis sèchement :

« Ton plan, je veux en être. »

Le bruit d'un prestigieux cortège sur la grande avenue vint interrompre notre conversation, c'était à en couper le souffle. Une quinzaine de guerriers composaient ce cortège, tout plein d'éclats et de grâces. Massues, fusils, revolvers et même un katana je puis voir toutes sortes d'armes, qui à première vue étaient de très bonne qualité. Toute cette artillerie brillait à en aveugler, les rayons du Soleil y étaient pour quelque chose certes, mais pas sans les bijoux qui ornaient leurs armes. Les chevaux étaient des pur-sang arabes, une espèce aussi rare que majestueuse, tous vêtus avec majesté également.

Mais le plus impressionnant dans tout cela, c'était cet homme qui avançait à l'avant, avec un étalon plus robuste que les autres. Il était brun, avait les cheveux courts et les yeux d'un marron clair, à la limite du translucide. Ne possédant pas d'armes à feu, mais une longue épée avec sur son fourreau des motifs complexes. Je me demandai comment une telle arme pouvait être maniée, elle semblait par sa taille extrêmement lourde. De toute évidence c'était lui le chef, il dégageait une aura de bête sauvage et un charisme à en devenir même pesant.

— Sengo, tu penses que les fers sur les sabots de ce cheval valent plus que les pièces avec lesquelles nous avions été troqués ?

Cruz me sortit de mon extase avec une tape sur l'épaule, en faisant une blague qui aurait pu être de très mauvais goût.

— Probablement, ils brillent même couverts de boue alors, oui probablement. Mais dis-moi plutôt, tu sais qui sont ces types ? Je doute qu'ils fassent partie de l'armée vu leurs tenues, quoiqu'avec les impôts que l'État perçoit. . .

— Je vois, il va falloir que je te fasse un cours par rapport à ça.

— Je t'écoute professeur Cruz.

— Ces guerriers viennent du Portugal, mais agissent et s'étendent depuis quelques années partout au Brésil, personne ne sait pourquoi ils s'intéressent à ce pays particulièrement. Ils disposent de ressources quasi illimitées grâce à la richissime famille Gates.

— Mon professeur m'avait parlé de cette secte brièvement, où veux-tu en venir ?

— Cette secte se nomme les Précepteurs, le cortège que tu viens de voir est celui du célèbre futur héritier, Joseph Gates.

— Un membre de cette famille était parmi eux ?

— Oui et ça ne pouvait être que le brun à l'avant du cortège, Joseph est un monstre d’athlétisme, d’escrime et dans toutes les disciplines sportives connues, du moins de ce que l'on raconte de lui. Personne ne peut l'avoir dans un combat à l'épée. Mais bon tout ça ce ne sont sûrement que des rumeurs.

— Vu la prestance qui émane de lui, je pense qu'il y a du vrai dans toutes ces rumeurs. Tu as l'air d'en savoir beaucoup Cruz, où as-tu eux toutes ces informations ?

— Une information est faite pour circuler Sengo, allons plutôt chercher cette nourriture, suis-moi je vais te montrer.

Cruz n'avait pas vraiment de plan finalement, mais qu'il s'agit des horaires, de la garde ou des locaux il connaissait tout du Red Zeff. Et pour cause, il y était esclave de cuisine. À peine affranchit, vouloir pénétrer dans la réserve de son ancien maitre pour voler des provisions c'était plutôt osé. J'en conclus qu'il ne portait pas le restaurant dans son cœur, mais cela justifiait-il d’avoir recours au vol ?

CHAPITRE 2

Le couturier du futur

Le Red Zeff était un immense restaurant de renommée nationale avec un certain prestige, sans pour autant être inaccessible. Différentes classes d'habitants y mangeaient par centaines chaque jour. S'introduire dans la réserve et en ressortir n'avait pas été bien difficile, le vol dura seulement une dizaine de minutes. La nourriture était de premier choix, et très bien conservée. Cruz avait prévu depuis le début de voler les mets les plus fins, que consommaient les clients fortunés.

Nous avions même un surplus de viande que nous échangeâmes à des marchands contre une carte, une boussole et des vêtements. Chez un couturier pour le moins original. Cet homme faisait dans son petit atelier des vêtements et des chaussures, d'un style jamais vu encore auparavant.

Cruz avait opté pour un haut à l’allure très singulière, le couturier avait nommé cela « un hoodie ». Il était fait de coton et possédait au niveau des épaules, un surplus de tissus de forme creuse, destiné à être mis sur la tête. Mon nouveau compagnon de voyage choisit un hoodie de couleur orange, des chaussures blanches, ainsi qu'un pantalon noir.

J'étais intrigué par l'une de ses créations, c'était un haut noir, avec un col rond fermé et des manches courtes, le couturier avait nommé cela « t-shirt ». Je me vêtis d'un de ses t-shirts, avec un pantalon noir et des souliers blancs.

— On dirait que je suis bien tombé, avec toi comme guide je ne me perdrais pas.

J'avais appris grâce au Great teacher, à utiliser une boussole et une carte pour m'orienter, une compétence que Cruz me fit remarquer.

— Tu sais Cruz, ce n'est pas si compliqué, aller d'un point à un autre en utilisant une boussole est ce qu'il y a de plus simple. Tu devrais apprendre Cruz, notre situation n'est en rien une excuse à l'ignorance.

— Dans ce cas sur le chemin j'apprendrais en te regardant faire.

Dans quelle direction allons-nous navigateur ?

— Je trouve ton humour de plus en plus nul Cruz. C'est vers le Nord-ouest, nous sommes équipés alors allons-y.

La route qui mène à Scornfull city était loin d'être la meilleure, c'était même une route que les voyageurs souhaitaient éviter. Il n'était pas rare de s'y perdre, se faire agresser, ou même d'y trouver la mort de cause naturelle.

Aussi l'on raconte qu'une communauté de quilombos* recherchée pour cannibalisme, vivait aux abords de cette route infâme. Cruz et moi n'étions pas vraiment rassurés, car la nuit était sur le point de tomber. Nous avions mis beaucoup trop de temps à préparer notre voyage, il aurait été plus judicieux d'attendre le lendemain. Mais rester dans la ville après avoir pillé le Red Zeff, n'était pas non plus une bonne option.

Il fallait avancer.

Après avoir marché quelques kilomètres, nous entendîmes un cri au loin, c'était celui d'une femme. Cruz se précipita dans la direction d'où provenait le cri, franchissant chaque obstacle avec facilité. En quelques secondes, nous avions cavalé presque plus de cent mètres et la scène à laquelle j'assistai me laissa sans voix. . .

Deux quilombos* étaient en train de déshabiller une jeune femme blanche, j'avais d'abord pensé au viol, mais c'était peut-être du cannibalisme. Dans les deux cas, cette femme avait clairement besoin d'aide, ses vêtements étaient quasiment déchirés et ses agresseurs armés tous deux de gourdin. Cela dit, ce n'était pas notre problème et je le fis savoir à Cruz.

— Nous ne sommes pas encore repérés, ils ne nous voient pas dans ce buisson, il faut rebrousser chemin.

— Hors de question de partir comme ça, sa vie est en danger !

— Calme-toi Cruz, si on intervient, on risque de se faire tuer pour sauver une oppresseuse, retournons sur nos pas !

— Peu importe qu'elle soit blanche ou nègre, le son de sa voix sonne pareil pour moi !

Pendant que nous débâtions, un des deux quilombos* donna un coup de poing sur la tempe de la jeune femme en lui hurlant de se tenir. Elle était couverte de sang, mais étonnamment je ne vis aucune larme.

Il y avait une épée et un sac à quelques pas de la scène, sûrement les affaires de la jeune femme. Cruz l'avait remarqué aussi et sans plus attendre, il se saisit de l'épée et transperça le cœur d'un des quilombos. Un détail m’interpela lorsqu’il avait sorti l’épée de son fourreau, elle brillait beaucoup trop, dans cette clairière où le feuillage masquait le soleil, cela n’aurait pas dû être possible.

Cruz parvint à faire cette prouesse grâce à l'effet de surprise, mais l'épée était restée plantée dans la chair du quilombo. Désormais, c'était Cruz désarmé face au deuxième quilombo qui lâcha les cheveux de la jeune femme, pour se saisir de son gourdin.

Quant à moi je n'étais pas encore repéré, mais je ne voulais plus fuir la confrontation à présent, je fis le tour discrètement pour arriver auprès de la jeune femme. Cruz était en train d'éviter du mieux qu'il pouvait les coups du quilombo, tout en s'éloignant de l'épée qu'il n'a pu reprendre.

Il avait vu clair dans ma stratégie, mais le sol n'était pas plat, Cruz pouvait trébucher à n'importe quel moment et ça serait la fin pour lui. Après avoir retiré l'épée ensanglanter du corps du quilombo, je l’ai lancé à Cruz me faisant repérer par la même occasion. Cruz qui entre-temps était revenu près de moi, avait l'épée et moi le gourdin du quilombo mort. Nous nous dressâmes alors face à l'ennemie avec la ferme volonté de vivre, le quilombo s'était arrêté net depuis que Cruz m'avait rejoint. La situation était tendue, mais cela avait offert un peu de répit, et donc l'occasion de communiqué.

— C'est l'heure de s'battre Sengo !

— La femme m'importe peu, mais pas moyen que je te laisse crever ici, j’ai encore besoin de toi. Chacun de ses coups sont très violents, je doute qu'on puisse en encaisser ne serait-ce qu'un seul.

— Il est grand et massif, mais se déplace vite, si on l'attaque de front même en le plantant il aura le temps de nous mettre un coup lui aussi.

— Tu as raison Cruz c'est beaucoup trop risqué, il faut trouver le moyen de l'avoir de dos sinon l’un de nous risque d’y passer.

Dans un élan de rage le quilombo attaqua en beuglant, pour éviter son coup Cruz prit la gauche et moi la droite. Je m'élançai pour contre-attaquer avec un coup de gourdin, Cruz lui s'apprêtait à le planter. Mais le quilombo donna un coup net, rapide et puissant qui envoya valser Cruz très loin.

Il avait été comme soufflé par la puissance mise dans le coup du quilombo, mais avait réussi à parer du mieux qu'il put le choc avec le plat de l'épée et son avant-bras derrière. Ce court laps de temps m'avait donné une ouverture, pour asséner un violent coup de gourdin sournois et opportuniste, sur le crâne du quilombo. Le quilombo rampait au sol en gémissant complètement défiguré. Dans toute cette flaque de sang, je vis nager l'œil qu'il avait perdu. La confrontation dura moins d'une minute.

— Tu l'as eu Sengo ! dit Cruz, en hurlant.

Il était très étourdi et blessé au bras, mais arriva à se relever sans trop de mal. Le quilombo n'était pas mort, mais ne risquait plus de s'en prendre à nous vu son état. Sans dire un mot, la jeune femme se leva et reprit son épée des mains de Cruz, elle décapita le quilombo d'un seul geste, lui donnant ainsi le coup de grâce. Je gardai mon calme face à toute cette rare violence.

— Oh putain ! cria Cruz en grimaçant, choqué par la cruauté de la jeune femme.

— Qui es-tu et que faisais-tu toute seule sur cette route ? demandais-je à la jeune femme.

— Je suis Kira une simple servante, on m'a donné pour mission d'apporter cette épée à un riche collectionneur états-unien, vivant à Scornfull City. Ces hommes me sont tombés dessus par surprise, je vous remercie infiniment de m'avoir secouru. J'aurais pu être violée ou tuée sans votre aide, Dieu seul sait ce qu'ils auraient fait de ma dépouille, merci encore.

— Sache Kira que je ne comptais pas te sauver, c'est Cruz qu'il faut remercier.

— Un gouffre d'honnêteté ce Sengo. On a la même destination, alors faisons le chemin ensemble, ça te dit Kira ? répondit Cruz, avec un ton humoristique.

Il n'arrivait cependant pas à masquer sa peur devant la lame ensanglantée de Kira.

— J'en serais très honoré je prenais justement un raccourci, suivez-moi et nous serons dès demain soir à Scornfull city. répondit Kira.

Chaque jour, à chaque instant, nos vies peuvent s'arrêter à tout moment. Ce duel à mort avec les quilombos me le rappela.

Peut-être avaient-ils des gens qui les attendaient, des choses qu'ils voulaient découvrir, ou tout simplement des envies. Chaque individu est unique, son histoire, sa personnalité, ses rêves, ses goûts et bien plus encore, ses convictions. Kira et Cruz avaient annihilé tout ça en leur ôtant la vie. La mort est tellement injuste, mais elle régule notre temps, car comment vivrions-nous si le temps ne nous était pas compté ?