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Parmi les fleurs, deux mondes se croisent et les destins de deux jeunes hommes se voient chamboulés. Ayden veut réaliser son rêve d'enfance et devenir herboriste, comme son grand-père qu'il admire tant. Ilan semble lui aussi vouloir suivre le même parcours mais ses motivations sont inconnues. Tout comme ses origines... Que leur réserve leur rencontre ?
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Seitenzahl: 108
Veröffentlichungsjahr: 2023
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A mon rêve d’enfant
A ma famille et mes amis
A tous mes lecteurs
Peur et admiration. C'étaient les deux sentiments qui luttaient à l'intérieur de son corps. La barrière se dressait devant lui. Imposante, terrifiante, majestueuse, les légendes la décrivaient ainsi mais jamais il n'y aurait cru avant de se retrouver face à elle. Et ce n'était clairement pas un rêve, il ressentait cette aura de puissance tout autour de lui qui lui prouvait que tout était bien réel. Le jeune homme observait les alentours avec prudence. Les rayons lumineux de la barrière l'éclairaient, l'aveuglaient presque, comme s'ils tentaient malgré eux de le persuader de s'éloigner. Mais il restait face à elle, courageux et intrépide. Il prit une grande inspiration. Effrayé il l'était, même s'il tentait de ne pas le montrer. Dire qu'un bête fantasme auquel il avait cru toute sa vie comme faisant partie de l'imagination des enfants se retrouvait en ce moment face à lui, c'était tout simplement improbable.
Il devait y aller, il devait la traverser. C'était sa seule solution, il n'avait pas d'autre chance que celle-ci. Qu'allait-il voir à travers la barrière ? Qu'allait-il découvrir ? Pour le savoir, il n'y avait qu'une seule chose à faire. Et alors qu'il sautait dans l'inconnu, une voix familière lui souffla tout contre l'oreille :
«Un monde en tout points identique au notre, mais dans lequel la magie n'existe pas. C'est là que tu te diriges.»
Et tout autour de lui devint blanc…
Un bourgeon aussi petit était-il, là dans sa main d'enfant. Une couleur bleutée qui s'effaçait le long des pétales, qui attendait le bon moment avant de se dévoiler entièrement à quiconque voudrait admirer sa beauté. Il était beau ce bourgeon, mais il était aussi beau que fragile, si fragile qu'un simple toucher pourrait le briser. Mais il était là, dans la paume de sa main, et l'enfant l'observait comme s'il s'agissait d'un trésor.
— Grand-père ! cria-t-il en s'élançant soudainement en direction des champs de blé. Regarde ce que j'ai trouvé !
Un vieil homme, assis sur un rocher, tourna la tête vers lui et un sourire apparut sur ses lèvres lorsqu'il vit son petit protégé courir vers lui d'un air aussi joyeux. Il retira son chapeau de paille qu'il posa sur ses genoux et ouvrit l'un de ses bras afin que l'enfant puisse se loger entre ceux-ci.
— Alors mon petit Ayd, tu as fait une jolie trouvaille ? demanda-t-il en tirant le bambin un peu plus proche de lui de sorte à ce qu'il puisse s'asseoir sur ses genoux.
— J'ai trouvé cette fleur dans le champ là-bas grand-père ! exclama le dénommé Ayd avec joie en pointant l'endroit du doigt. Elle est toute petite et a une couleur que j'avais encore jamais vue, si ça se trouve elle est magique !
L'imagination débordante de son petit protégé amusa le vieil homme qui était chaque jour un peu plus fasciné par ses trouvailles toutes plus intéressantes les unes que les autres.
— Et bien nous allons voir ça ! Montre-moi.
L'enfant déposa le bourgeon dans la large main creuse du vieil homme qui l'observa attentivement.
— Hm... murmura-t-il pensif. Ça m'a tout l'air d'être un myosotis sur le point d'éclore. Ce sont des petites fleurs que l'on peut retrouver dans les régions montagneuses. C'est la première fois que j'en vois autour de chez nous.
— Oh... Pas de fleur magique alors...
L'enfant arborait une petite mine déçue, lui qui pensait avoir trouvé un trésor perdu ou une trace d'une ancienne civilisation, peu importait. Le grand-père rit et caressa avec tendresse la chevelure noire.
— Elle peut être magique si tu décides qu'elle le soit, lui dit-il en espérant lui remonter le moral.
— Ça sert à rien... chouina l'enfant en regardant le bourgeon du coin de l'oeil, ne lui donnant plus aucune valeur. Si elle est pas magique y a aucun intérêt…
Le grand-père rit une nouvelle fois et ajusta la position de l'enfant sur sa jambe pour que celui-ci soit face à lui.
— Mon petit Ayden, je vais t'apprendre quelque chose de très important et j'aimerais que tu t'en souviennes.
L'enfant se fit plus attentif, curieux de voir ce que son grand-père, cet homme si sage, allait lui enseigner.
— L'on dit qu'il existerait un monde quelque part, un monde en tout points identique au notre mais dans lequel la magie serait présente partout...
— Vraiment ? demanda-t-il, les yeux brillants de curiosité.
— Ce n'est qu'une légende, rappela le grand-père en riant. Mais selon cette dernière, dans ce monde, tout serait possible grâce à la magie. Voler dans le ciel avec les oiseaux, nager dans les profondeurs de l'océan, faire apparaître toute forme de vie d'un simple claquement de doigts... Chacun peut faire ce qu'il veut.
— Wow... souffla le bambin en levant les yeux vers le ciel, comme s'il pouvait y apercevoir le monde magique. J'aimerais bien habiter là-bas... Mais on vit ici et ici la magie n'existe pas.
— C'est vrai, la magie n'existe pas... Mais elle n'existe pas comme dans le monde que je viens de te décrire, elle est présente mais d'une autre manière.
— Comment ?
Le grand-père attendit que son petit fils reporte ses petits yeux sur lui avant de reprendre la parole :
— La plus belle magie c'est celle qu'il y a dans ton coeur, murmura-t-il en posant un doigt contre la poitrine de l'enfant.
— Dans mon coeur ? répéta-t-il en baissant la tête.
— Oui Ayden. C'est grâce à sa force que tu peux courir, que tu peux vivre... Mais c'est surtout avec la bonté et la volonté de ton coeur que tu arriveras à accomplir toutes les belles choses de la vie. Si tu crois que tout est possible et bien tout deviendra possible, alors si tu crois que cette fleur est magique elle le sera parce que tu l'auras voulu de toutes tes forces.
Il marqua une pause, caressant les cheveux de son petit protégé.
— Et c'est là notre différence avec le monde magique, tout ce qu'ils désirent est à leur portée, mais nous, nous avons besoin de volonté et de patience pour avoir ce que nous désirons.
— C'est avec cette magie là que tu arrives à guérir et à redonner le sourire aux malades ? demanda l'enfant.
— Et bien... Oui, rit doucement le vieil homme en se grattant la nuque. C'est parce que ton grand-père a étudié les plantes qu'il peut créer des remèdes contre toutes les blessures et c'est aussi grâce à la volonté de son coeur qu'il a pu devenir herboriste.
— Alors moi aussi je deviendrai herboriste ! s'écria Ayden en s'élançant hors des bras de son grand-père.
Il se positionna face à lui, un immense sourire convaincu aux lèvres.
— Je serai herboriste comme toi et je soignerai les malades avec la magie de mon coeur ! Je serai même plus fort que toi parce que je connaîtrai toutes les plantes de l'univers !
Le grand-père rit de bon coeur et essuya même une petite larme au coin de son oeil.
— Et bien j'ai hâte de te voir à l'oeuvre mon petit, voyons qui de nous deux saura le mieux utiliser la magie. Je veux juste que tu me promettes une chose, de toujours avoir confiance en tes capacités. Parce que tu es capable de grandes choses Ayden, j'en suis certain.
L'enfant hocha fièrement la tête, approchant son petit doigt de celui de la personne qu'il estimait le plus et ainsi ils scellèrent cette promesse, promesse qu‘Ayden ne pensait pas devenir aussi importante plus tard.
— Je te le promets.
Ayden fixait sa valise depuis maintenant trois heures, les sourcils froncés et les lèvres plissées dans une petite moue pensive. Trois heures qu'il fixait la malette brune, le cuir luisant, les coutures beige, les lanières étirées et usées par le temps, sans vraiment penser à quoi que ce soit en particulier. Il se contentait d'observer son bagage comme s'il n'en avait jamais vu un auparavant, comme si c'était la chose la plus intéressante qui soit. Il ne s'était même pas habillé, portant encore son pijama froissé par sa nuit tourmentée à se tourner et se retourner dans ses draps. Le noiraud était évidemment stressé, tout le montrait mais il faisait comme si de rien n'était et gardait sa position immobile, debout en face de son lit comme une statue. Aujourd'hui était un grand jour pour lui, très grand, un tournant dans sa vie de jeune adulte ; celui-ci était entouré en rouge dans le calendrier accroché au mur, signe de sa grande impatience. C'était le moment de prendre son envol, de démarrer une nouvelle vie, de faire ce dont il avait toujours rêvé de faire et ce pour quoi il s'était battu toutes ces années.
La porte de sa chambre s'ouvrit soudain en grand et sa mère apparut, les mains sur les hanches, prête à lui faire une remarque sur son retard mais en voyant l'air soucieux de son fils elle se ravisa.
— Alors, c'est le grand jour ? demanda-t-elle en souriant.
Ayden se retourna en entendant sa voix et il secoua légèrement sa tête pour remettre ses idées en place avant de lui sourire en retour.
— Oui... C'est aujourd'hui que je pars réaliser mon rêve.
Son rêve, celui qu'il chérissait depuis si longtemps, allait enfin devenir réalité.
L'intervention de sa mère l'ayant fait revenir à la raison, il sentit soudainement une poussée d'adrénaline parcourir ses veines et chasser toute forme de stress ce qui lui permit de terminer les derniers préparatifs. Il se vêtit de ses plus beaux vêtements, c’est-à-dire un simple pantalon brun et une chemise en lin blanche assez large au niveau des manches. Il voulait être classe mais confortable pour le long voyage qui l‘attendait. Le noiraud vérifia que son bagage ne manquait de rien, fit son lit pour la dernière fois et dit adieu à sa chambre d'enfance en fermant la porte derrière lui. Le parquet grinçait sous ses pieds alors qu'il se dirigeait vers la petite cuisine de sa modeste maison. Sa mère l'attendait à table avec un copieux petit-déjeuner, chose dont ils n'avaient clairement pas l'habitude.
— Je voulais fêter ton départ comme il se doit, murmura-telle avec un filet d'émotion dans la voix.
Le coeur du jeune homme se gonfla d'émotion et il se précipita vers sa mère pour l'enlacer de toutes ses forces.
— Les fruits nous ont été généreusement offerts par les Freyr en bas du village, ils voulaient te féliciter à leur manière.
— C'est très aimable de leur part, j'irai les remercier avant de partir, déclara Ayden en prenant place, inclinant légèrement son buste en guise de remerciement pour tous les producteurs qui leur offraient ce festin.
— Oh non, ce n'est pas nécessaire, le rassura la jeune femme. Tu risquerais d'arriver en retard, ce n'est pas ce que ton grand-père aurait voulu...
L'expression du noiraud s'assombrit légèrement mais il masqua sa tristesse d‘un petit sourire alors que ses yeux regardaient à présent le portrait de son grand-père posé près d'un petit pot d'encens sur l'étagère du salon. Puis il observa la troisième chaise autour de la table, inoccupée depuis plusieurs années désormais.
— Tu as raison, murmura-t-il et il chassa rapidement ces pensées tristes de sa tête. Mangeons.
Le repas se déroula dans le silence, la mère et le fils profitaient le plus possible de ce dernier moment ensembles. Les regards qu'ils se lançaient pendant qu'ils mangeaient parlaient plus que des mots, ils témoignaient de leur affection l'un pour l'autre ainsi que la douleur de la séparation qui allait bientôt arriver. Ayden essayait de ne pas y penser, ne voulant pas gâcher cette dernière opportunité, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Bientôt il ne pourra plus voir la femme en face de lui, celle qui l'avait élevé pendant toutes ses années. Il devait se faire à cette idée même si elle était difficile à accepter, accomplir son rêve nécessitait des sacrifices.
Une fois le petit-déjeuner terminé, le jeune homme rassembla ses dernières affaires, à savoir sa grosse malle brune qui allait l'accompagner ces prochains mois et timidement, il passa le pas de la porte, sa mère derrière lui.
— Bon... C'est l'heure... murmura-t-il, la tête basse.
Il n'osait pas confronter son regard, se sentant presque honteux de la laisser seule dans leur petite maison mais il savait que s'il lui disait cela elle se serait certainement énervée alors il ne dit rien. Deux bras vinrent l'envelopper dans une chaleureuse étreinte et il sentit une paire de lèvres se poser affectueusement sur son front.
— Prends soin de toi d'accord ? lui dit-elle en caressant son visage de ses deux mains. Tu vas y arriver, je crois en toi et je suis très fière de toi mon fils. Ne l’oublie jamais.
En relevant la tête, il put voir les larmes couler sur le visage de sa mère. Il lutta pour ne pas pleurer à son tour.
— Je ferai attention, je te le promets.