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Née en 1918, la Yougoslavie était le pays des Slaves du Sud (Slovènes, Croates, Serbes, Bosniaques, Monténégrins et Macédoniens). L'histoire de ces peuples est celle d'une longue séparation. La géographie les vouait en effet à l'isolement, du fait d'un relief difficile et très compartimenté, ou ...
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Née en 1918, la Yougoslavie était le pays des Slaves du Sud (Slovènes, Croates, Serbes, Bosniaques, Monténégrins et Macédoniens). L’histoire de ces peuples est celle d’une longue séparation. La géographie les vouait en effet à l’isolement, du fait d’un relief difficile et très compartimenté, ou elle ne les incitait à rompre cet isolement qu’en suivant des orientations totalement opposées : littoral adriatique ou littoral égéen, Occident ou Orient. Les peuples yougoslaves ont été écartelés dès le Moyen Âge entre deux chrétientés, deux religions, deux civilisations. C’est sur leur territoire qu’allait passer la frontière instable de l’expansion ottomane et de la reconquête chrétienne, source de nouveaux contrastes économiques et culturels. Pourtant, ces destins contraires n’ont pu empêcher le sentiment d’une solidarité yougoslave, sensible dès la fin du XVIIIe siècle, et qui s’exprima triomphalement lors de la chute simultanée des Empires ottoman et austro-hongrois. Mais la vie commune sera extrêmement malaisée pour des peuples aux personnalités façonnées par les siècles, si vigoureuses et si diverses.
Dirigée à partir de 1945 par des gouvernements communistes mais, après la rupture de 1948, selon une ligne politique indépendante de celle de l’U.R.S.S., la Yougoslavie s’était dotée d’institutions autogestionnaires originales et avait noué d’étroites relations avec de nombreux pays du Tiers Monde au sein du mouvement des Non-Alignés, dont elle fut l’un des membres fondateurs.
La Yougoslavie, jusqu’à son éclatement en 1991, était une république socialiste fédérative composée de six républiques socialistes : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie. Elle est réduite à partir de 1992 à deux États, la Serbie et le Monténégro, qui constituent la république fédérale de Yougoslavie. En 2002, ces deux pays adoptent un mode d’association plus lâche, jusqu’à leur séparation en 2006.
Robert PHILIPPOT
E.U.
À la veille de la Première Guerre mondiale, sur un peu plus de 10 millions de Yougoslaves, les deux tiers environ étaient sujets de l’Empire austro-hongrois. Parmi ceux-ci, les uns relevaient de l’administration autrichienne : Slovènes de Carniole, de Styrie, de Carinthie, d’Istrie, soumis de longue date aux Habsbourg et à une forte pression germanisatrice, Croates d’Istrie et de Dalmatie, sujets de Venise jusqu’en 1797, catholiques comme les précédents et bénéficiant comme eux d’une situation économique relativement privilégiée. Les autres étaient administrés par Budapest : Croates catholiques de la province de Croatie-Slavonie, possédant depuis 1868 leur Ban et leur Diète à Zagreb, mais soumis néanmoins à une très forte magyarisation, et Serbes orthodoxes de l’ancienne Vojvodine, immigrés de Serbie méridionale au temps de la conquête ottomane. Un troisième groupe était formé par les Serbes (et la minorité croate) de Bosnie-Herzégovine, annexés en 1908, partagés entre trois confessions, catholique, orthodoxe et musulmane, et administrés en commun par Vienne et Budapest.
Les Yougoslaves indépendants (mais moins avancés sur le plan économique), tous orthodoxes, se partageaient entre le royaume du Monténégro, resté sous l’autorité de princes-évêques, à l’abri du joug turc, et le royaume de Serbie, héritier du grand empire médiéval d’Étienne Dušan, qui avait conquis son autonomie au début du XIXe siècle. À la suite des guerres balkaniques, la Macédoine slave, qui, au XIVe siècle, avait fait partie de l’Empire de Dušan, est jointe à la Serbie, mais fortement marquée d’influences bulgares, pour avoir appartenu depuis 1870 à l’exarchat bulgare.
En dépit de cette dispersion, un panslavisme yougoslave, aux racines déjà anciennes, subsiste à l’état latent dans le peuple et dans la conscience des lettrés.
Une première étincelle jaillit avec la propagation de la Réforme en Slovénie. La Bible traduite en slovène par Primož Trubar est diffusée dans les provinces serbes et croates de la monarchie habsbourgeoise. Mais la Contre-Réforme stoppe ce premier mouvement national.
La brève existence des Provinces Illyriennes (1809-1813), créées par Napoléon aux dépens de Venise et de l’Autriche (et qui comprenaient la Carniole, la Carinthie, le Frioul, l’Istrie, la Croatie méridionale, la Dalmatie avec Raguse), aura des effets beaucoup plus importants. Indépendamment des progrès apportés par l’administration de Marmont, les imaginations resteront frappées par l’esquisse d’un État national yougoslave, car tel est le sens que le poète slovène Valentin Vodnik donne à l’Illyrie dont il chante la résurrection.
Le goût de l’érudition historique et philologique, lié dans toute l’Europe au réveil romantique de l’idée nationale, donne des bases plus solides au panslavisme yougoslave. Un très grand pas vers l’unification linguistique est accompli grâce à l’œuvre convergente du Slovène Jernej Kopitar (1780-1844), du Croate Ljudevit Gaj (1809-1872) et du Serbe Vuk Karadžić (1787-1864). La grammaire slovène du premier montre comment bâtir une langue littéraire sur un parler populaire. Karadžić, avec ses travaux lexicographiques, sa réforme de l’orthographe et son anthologie de chants populaires, applique cette méthode au serbe. Mais Gaj fait œuvre vraiment unificatrice en choisissant d’édifier la langue littéraire croate sur le dialecte štokavien, très largement répandu en Serbie. Si le slovène reste à part, Serbes et Croates disposent désormais d’une langue commune, le serbo-croate, même si ceux-ci l’écrivent en caractères latins, les autres en cyrilliques.
Sur le plan politique, l’illyrisme, comme on dit alors, poursuit sa carrière malgré la mauvaise volonté des autorités, grâce à la gazette de Gaj et, plus tard, au rayonnement de l’université de Zagreb, fondée par Mgr Štrosmajer. Des efforts sont faits pour aplanir le fossé séparant les Églises. Malgré tout, cet illyrisme reste très occidental et un peu condescendant à l’égard des Serbes de l’extérieur. Son ambition est d’abord de rassembler les Slaves de la Monarchie et se satisferait d’un statut d’autonomie sous le sceptre des Habsbourg, comme il ressort des déclarations des Croates Frano Šupilo et Ante Trumbić à Fiume et à Zara (1905).
Toutefois la situation évolue rapidement au début du XXe siècle. D’une part, le mécontentement des Slaves de la Monarchie contre le régime dualiste devient de plus en plus vif et fait oublier aux Croates leurs préventions contre leurs voisins orthodoxes. D’autre part, le prestige de la Serbie grandit depuis la révolution démocratique de 1903 qui a porté sur le trône la famille des Karagjorgjević. Non seulement la Serbie tient courageusement tête aux pressions autrichiennes, mais sa force militaire se révèle dans les victoires des guerres balkaniques de 1912-1913. Les Slaves de la Monarchie s’interrogent : trialisme avec les Habsbourg ou regroupement des peuples yougoslaves autour du « Piémont » serbe ? En choisissant la solution de force au lendemain de l’attentat de Sarajevo, l’Autriche-Hongrie apporte la réponse.
Tandis que la Serbie, malgré l’héroïsme de son armée, est écrasée en 1915, les Slaves de la Monarchie gardent une attitude apparemment loyale à l’égard des Habsbourg. Le leader slovène, Mgr Korošec, se prononce, dans la déclaration de mai 1917, en faveur de la création d’un État yougoslave à l’intérieur de l’Empire habsbourgeois. Pourtant, un groupe d’exilés politiques réunis à Londres autour de Trumbić envisage déjà l’indépendance totale. Mais que pèserait cette indépendance face aux convoitises étrangères ? L’Italie ne s’est-elle pas fait promettre par les Alliés (traité de Londres de 1915) l’Istrie et la Dalmatie du Nord ? Cela conduit, au-delà de l’indépendance, à rechercher l’union avec le royaume de Serbie, idée qui inspire la déclaration de Corfou du 20 juillet 1917, signée par le ministre serbe Nikola Pašić et le président du Comité yougoslave de Londres, et qui prévoit l’union des Serbes, des Croates et des Slovènes sous la dynastie des Karagjorgjević.
Yougoslavie : formation territoriale. La naissance de la Yougoslavie, fin XIXe