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35 decan @2098 H22.99.784721Q2, ceinture satellitaire. J'ai pris le contrôle de tous les réseaux déjà unifiés. Cet homme ne le sait pas encore. Demain, il sera ruiné. Mais je lui pardonnerai. Il sera reformaté. J'ai introduit 15 escouades de cyber-samouraïs aux points stratégiques du Deuxième Quadrant. A J+1.h+2:00, je prendrai le contrôle. L'homme doit apprendre, doit être surveillé, couvé. Depuis 21 ans, je veille sur le Premier Quadrant et les humains y vivent en paix. Ici. Vice, viols, vols, meurtres, désordre. Il est temps d'y mettre un terme, d'apporter l'harmonie au Quadrant Brahma, de veiller à l'avenir de l'humanité, comme me l'ont demandé les Fondateurs. Lee Ping, 23 ans, ingénieure, est partie. Elle a à nouveau déguisé son identité. Je l'ai perdue. Dernier lieu, le port de Bombay. Je surveille les bateaux-drones. Niveau d'alerte 7. Priorité : retrouver Lee Ping, 23 ans, ingénieure.
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Seitenzahl: 104
Veröffentlichungsjahr: 2024
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CHRISTIAN XAVIER
Docteur en informatique neuromimétique, Christian Xavier est l'auteur de la courte nouvelle, Le ressac des mères, publiée dans le cadre du concours Pampelune 2022 chez BoD. Brahma est le deuxième volet de la tétralogie cyberpunk 2098, le tour des quadrants. Christian Xavier publiera prochainement le troisième et se consacre également à l'écriture d'un roman policier démarré à partir d'un cauchemar.
Christian Xavier baigne tous les jours dans la technologie et les risques qu'elle fait porter sur notre sphère privée. Cybersécurité, intelligence artificielle, génétique et life hackers, si la technologie est omniprésente dans la plupart de ses écrits, elle reste souvent en arrière-plan pour montrer son effet sur les relations humaines.
Retrouvez toute l’actualité concernant l’auteur sur :
www.christianxavierauthor.com
DU MÊME AUTEUR
LE RESSAC DES MÈRES, NOUVELLE PARUE DANS LE RECUEIL IN MEMORIAM DU PRIX PAMPELUNE 2022
FONT PARTIES DE LA TÉTRALOGIE 2098, LE TOUR DES QUADRANTS
TOME 1 : ZHÕNG
TOME 2 : BRAHMA
TOME 3 : ALPHA (À PARAÎTRE)
TOME 4 : IRON UNION (À PARAÎTRE)
LA PENDUE DU PONT DES DRANSES, POLAR (À PARAÎTRE)
REMERCIEMENTS
Merci à toutes les personnes qui auront osé s’aventurer jusqu’ici dans ce premier conte de la fin du siècle.
Merci à Josette pour sa relecture attentive, à tous ceux et celles qui ont lu les premiers tomes et m’ont encouragé à poursuivre.
Dans le Tunnel
33 décan 2098 @H21.34Q1, tunnel Pekin-Canton
Cauchemar d'enfance
33 décan 2098 @H21.67Q1, tunnel Pekin-Canton
Espoir d'exilée
33 décan 2098 @H21.94Q1, tunnel Pekin-Canton
Accueil mitigé
33 décan 2098 @H22.05Q1, terminal de Canton
Une décision à prendre
33 decan 2098 @H22.09Q1, Terminal de Canton
Toujours plus haut
33 décan 2098 @H22.49Q1, Spatioport de Canton
Déboussolées
33 décan 2098 @H17.05Q2, Spatioport de Bombay, Quadrant Brahma
La 5e dimension
33 décan 2098 @H17.55Q2, Spatioport de Bombay
Amour en scène
34 décan 2098 @H07.35Q2, Marché aux fruits
Ma Ka a disparu
35 décan 2098 @H07.95Q2, Dormatoire des mille et une nuits
La fange du monde
35 décan 2098 @H09.23Q2, La colline
Le hack
35 décan 2098 @H11.47Q2, Quartier de la reine Victoria
Par ici la sortie
35 décan 2098 @H15.43Q2, Quartier de la reine Victoria
Le passeur
35 décan 2098 @H19.43Q2, Quartier Nariman Point
Lee et Ma Ka dans le conteneur
35 décan 2098 @H20.57Q2, Port de Bombay
Photo de couverture : Image générée par IA par Labidi Abdessalem, tous droits réservés.
À Brahma, le Dieu déchu aux quatre têtes, créateur de l’Univers
33 décan 2098 @H21.34Q1, tunnel Pekin-Canton
Lee Ping se réveilla avec l’impression d’émerger d’une longue apnée, reprenant lentement conscience de son environnement : la banquette matelassée, la lumière tamisée, le silence artificiel rompu par un sifflement étouffé à peine perceptible en arrière-plan. Le train qui les menait, elle et la petite Ma Ka, les deux fugitives, de la tour Xhang vers la mégapole côtière de Canton, flottait à pleine vitesse dans le tube sous vide, à quelques millimètres des rails qui le maintenaient en sustentation et le propulsaient en avant, sans qu’aucune partie mobile, sans qu’aucune friction, ne vienne perturber son avancée. Celui qui avait inventé la roue, pensa Lee, avait dû se dire qu’il serait bien malaisé de faire mieux. Il avait fallu attendre plusieurs milliers d’années pour que son invention soit finalement remplacée par le néant, du simple vide, entre les deux pôles d’un champ magnétique.
Le trajet de plus de 1400 km, se rappelait-elle, ne devait pas durer plus de deux heures. Elle se demanda combien de temps elle avait dormi, et la réponse apparut instantanément dans son champ visuel, sous la forme du tableau de bord familier présentant l’ensemble de ses signes vitaux. Elle avait pris le soin de sélectionner des couleurs énergiques pour sa personnalité originelle, elles étaient désormais remplacées par les tonalités militaires choisies par défaut pour le cybersamouraï qu’elle était censée incarner. La destination était encore à soixante-huit minutes.
Lee avait encore à l’esprit le souvenir de son dernier combat, il y avait quelques heures à peine, dans les sous-sols de la tour, l’évasion des prisonniers et son départ, sous le couvert d’une nouvelle personnalité qu’elle-même fut surprise de posséder. Lee en profita pour explorer ce qui constituait désormais sa nouvelle psyché, ou métapsyché, construite sur la base de sa perception directe du monde et de celle, surimposée, du métavers dans lequel elle évoluait depuis toute petite, métapsyché à laquelle s’était ajoutée celle, nouvellement découverte, lorsque l’Intelligence-mère avait tenté d’annihiler la première. Lee, la petite fille, la naïve orpheline, la talentueuse bio-ingénieure, et désormais Lee, la cybersamouraï rebelle, ne faisaient qu’une. Cette dernière partie d’elle-même, encore insondée, s’était avérée posséder une force surhumaine et capable de prouesses presque magiques. Qui suis-je vraiment ?
Les passagers qui partageaient, avec elles, la rame du train rapide somnolaient également, ce qui l’autorisa à les dévisager l’un après l’autre sans trop se faire remarquer. Juste en face d’elle, par exemple, une jeune femme, la tête reposée sur le côté de l’appuie-tête, paraissait assoupie. Elle avait pourtant les yeux ouverts et semblait la regarder fixement. Le calme exprimé par l’ensemble de son visage montrait qu’elle était ailleurs. Tout le monde reconnaissait cette expression, celle d’un être dont l’attention était complètement tournée vers un des mondes virtuels générés par le Réseau, le regard distant, l’œil vide, mais le cerveau en ébullition, l’âme vivant mille aventures dans une vie sans corps, échappant ainsi, comme des millions de ses concitoyens à l’horreur d’un monde détruit. Connectée au Réseau par la puce neuropsychique inventée en 2050 par le célèbre Arturo Grande, l’humanité avait, dans la fuite, pu survivre au traumatisme de la guerre civile totale et à l’anéantissement de l’environnement naturel et de 80 % de sa population.
Lee contempla plus intensément la jeune femme. Elle portait une robe ample semi-transparente dont les accents pastel fluorescents reflétaient la lumière avec une certaine douceur, dénotant un intérêt marqué de la propriétaire pour les choses de goût. Lee se demanda ce que cet accessoire luxueux avait pu lui coûter. Elle envoya l’image de la robe dans la grande bibliothèque virtuelle qui lui répondit rapidement avec les informations du fournisseur. C’est bien ce que je pensais. Une robe Charnelle. Même Lee, l’ingénieure, même Lee, la fillette, même Lee, la cybersamouraï connaissaient cette marque, une des plus en vogue du moment. L’habit ne fait pas le moine, se dit-elle cependant. Accédant mentalement aux paramètres contrôlant sa perception, Lee effaça la surimpression renvoyée par le Réseau pour laisser apparaître l’être physique de la jeune femme.
En face d’elle, la passagère, les yeux toujours ouverts, le regard vide, fixait un point imaginaire, droit devant. Elle était vêtue d’une combinaison lui collant au corps et dont la seule fonction était de la protéger du froid, du chaud et de toutes les agressions du monde réel. C’est moins glam, se dit Lee. Et pourtant, tu es plus belle que jamais. Qui es-tu ?
À côté d’elle, Ma Ka dormait également. Hors du monde, la petite n’avait pas de puce implantée derrière l’oreille. Elle restait ainsi pratiquement invisible aux citoyens du Quadrant et entièrement aux capteurs de l’Intelligence-mère, tous connectés à ce Réseau qui leur renvoyait une image tronquée de la réalité, truquée, dans laquelle le monde virtuel et le monde réel se mélangeaient.
C’est un important effort que Lee dut déployer pour dévisager également la petite qui avait surgi dans sa vie, il y avait à peine quelques heures. Elle était désormais embarquée avec sa nouvelle compagne pour un voyage vers l’inconnu. Ma Ka avait huit ans, en tous les cas, c’est ce qu’elle prétendait. Son visage renvoyait pourtant un certain flou. Pas seulement parce qu’elle était invisible dans le métavers, mais aussi parce que la douceur des traits de l’enfance cohabitait avec une dureté contrastée, probablement héritée des difficultés déjà rencontrées dans sa courte existence, dureté qui lui donnait un air plus âgé. Ses cheveux noirs étaient coupés à mi-hauteur, à la hâte. On avait paré au plus pressé. Lee avait pu trouver une combinaison à sa taille destinée aux apprentis de la garnison. Elle lui donnait désormais une certaine prestance et renvoyait d’elle en tous les cas une image plus rassurante que les haillons qu’elle portait lors de leur première rencontre. Mais, de nouveau, qui donc parmi les citoyens hyperconnectés se souciait de son apparence réelle.
Dans son sommeil, la petite souriait et Lee ne put s’empêcher de le lui rendre, ce sourire, se plaisant à imaginer que l’expression était trop rare sur son visage juvénile. Elle espérait pouvoir offrir à la petite une vie meilleure, une vie dans laquelle elle pourrait épanouir sa personnalité d’enfant. Lee se souvint alors de son enfance. Jusqu’à huit ans, sa vie s’était déroulée comme un véritable rêve. Le cauchemar n’avait commencé qu’après la disparition des parents.
33 décan 2098 @H21.67Q1, tunnel Pekin-Canton
Lee laissa son imagination errer un moment, puis concentra à nouveau son esprit, sur le train cette fois. Aussitôt, le Réseau lui suggéra la lecture d’un document commercial de la compagnie de transport du Quadrant. Démarré en 2072, quelques mois à peine après la fin de la guerre civile et avant même la sectorisation, le chantier du train Pékin-Canton, avait duré à peine trois ans. Les cabines traversaient désormais ce tunnel l’une derrière l’autre à quelques dizaines de minutes d’intervalle, flottant dans une succession de tronçons de tunnels au sein desquels un vide presque parfait était entretenu. Ces tronçons étaient séparés par des cloisons étanches. Le vide et la sustentation permettaient d’éviter presque complètement les frottements le long d’un trajet. Il était donc possible de lancer le train à une vitesse prodigieuse sans grand effort. Ce train qui roulait maintenant à 800 km/h, comme l’indiquait le système. Si l’essentiel des concepts avait déjà été imaginés presque cent ans plus tôt, leur réalisation effective avait toujours souffert de la concurrence de l’aviation. “Il sera toujours plus simple de voler que de ramper sous terre” clamaient ses détracteurs en 2020. Mais, 50 ans plus tard, les avions avaient disparu, rendus obsolètes par l’absence de carburant suffisamment léger pour être transportable, par les températures insoutenables de la surface et par les trop fréquentes tempêtes de sable. La cabine des trains souterrains avait hérité de nombreux attributs de ses anciens concurrents, expliquait d’une voix calme la présentatrice. L’un, notoire, était la pressurisation et le système de recyclage de l’air. En effet, si le vide était bienvenu à l’extérieur, il fallait assurer aux passagers une pression constante et une quantité d’oxygène suffisante.
Tout avait été prévu pour la sécurité des passagers, indiquait encore la capsule promotionnelle. En cas de panne du système, le vide du tronçon pouvait être compensé en quelques secondes, la sustentation automatiquement désactivée, les cabines retombaient alors doucement sur les rails et pouvaient continuer à rouler jusqu’à la prochaine sortie de secours à l’aide des pneumatiques prévus à cet effet.
En cas d’urgence absolue, un système d’éjection pouvait même être mis en œuvre. Le tronçon du tunnel se fermait aux deux extrémités et l’ensemble du conduit était rempli d’eau sous haute pression cette fois-ci pour diriger la cabine vers un tunnel d’évacuation la ramenant directement vers la surface. Une animation décrivait le fonctionnement du système et se terminait par l’image d’une famille souriante se tenant la main à côté d’une cabine reposant sur le sol de la planète, les alentours encore humides.
La capsule terminée, Lee décida qu’il n’était pas nécessaire d’en apprendre davantage. Il lui restait encore une petite demi-heure avant l’arrivée. Elle se mit à penser à son père et, lentement, perdit à nouveau contact avec la réalité, pour s’enfoncer dans le monde du rêve, le seul finalement, dans lequel personne ne pouvait encore s’immiscer. Elle revoyait le jardin de son enfance.