7 Femmes et le Fantasque Chimérique - Partie 1 - Nadine Renaud - E-Book

7 Femmes et le Fantasque Chimérique - Partie 1 E-Book

Nadine Renaud

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Beschreibung

Sur la toile, il est facile de s’inventer une existence virtuelle, vous pouvez vous glisser dans des personnages différents, au gré de votre fantaisie. Dans la vie réelle, il est plus difficile de cacher nos défauts, nos faiblesses, quand on a un mal être profond. Cet homme a pourtant réussi à se mouvoir dans différentes existences, l’a caché à ses proches, et n’a pas compris tout de suite sa Vérité. Il s’appelle Samaël, il n’est ni beau, ni moche, il est grand, mince, brun, les yeux noirs ébènes, mais il est redoutable par son sourire enjôleur et son caractère qui joue tout le temps à pile ou face.
Voilà son histoire, ou plutôt devrais-je dire, toutes ses histoires aussi différentes et semblables les unes que les autres, situées entre le Jura et la Bresse aux légendes et faits réels, ainsi que leurs bons crus.
« Quand on rencontre des gens pour la première fois, on ne rencontre pas les vrais , on rencontre leur représentant, le vendeur qui vous vend l’idée qu’être avec eux sera d’une certaine façon, la meilleure décision »




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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Nadine Renaud

7 Femmes et le Fantasque chimérique

Partie 1

1/ Naissance de Samaël

Tout a commencé par une journée froide, envahie de brouillard comme souvent en Saône-et-Loire. Nous sommes en 1950 au mois de décembre.

La maman, Sarah, enceinte de neuf mois, commence à avoir d’immenses douleurs. Elle attend son premier né, son ventre est énorme, son mari lui ayant souvent reproché de manger trop durant sa grossesse.

Le papa, Jules, a appelé la sœur de Sarah, Hannah, pour qu’elle vienne les aider. Hannah est arrivée depuis deux jours, elle vient du Jura, là où l’hiver prend son manteau blanc d’une beauté rarissime, et le soleil fait scintiller la neige sur le Revermont. Cette année 1950 a été sujette à de nombreuses coupures de courant dans les villages proches du Chanelet où habite la sœur de Sarah, avec Robert, son époux.

La naissance arrive, sous des douleurs démesurées et des cris de cochon qu’on égorge, une tête sort, puis le reste suit, c’est un garçon. Hannah le met dans une serviette pour le réchauffer, car il n’y a qu’un poêle à bois dans la salle, et l’accouchement se passe dans la chambre, où il ne doit faire que 10°.

Puis, de nouveau des cris de Sarah qui grimace de douleurs, Jules reste figé, se demandant ce qui se passe, Hannah regarde entre les jambes de sa sœur, et voit de nouveau une tête apparaitre et annonce qu’il y a un deuxième bébé.

Sous le choc, Sarah s’évanouit et je pense que Jules, s’il n’était pas sorti de la chambre quand il apprit cela, serait tombé sur le sol.

Quand Sarah se réveille, elle demande à Jules où sont les deux bébés, car elle n’en voit qu’un à côté de son lit.

Jules lui annonce que le premier arrivé est décédé, il ne respirait plus et n’a pu être réanimé. Sarah appelle sa sœur en pleurant, bien qu’elle soit soulagée de ne devoir s’occuper que d’un seul bébé. Ils n’avaient pas prévu d’en avoir deux, les temps étaient tropdurs.

Jules lui annonce que Hannah a repris la route, car ils annonçaient une tempête de neige.

Ils appelèrent le bébé, Samaël. Jules n’avait même pas été déclaré le jumeau mort-né, Il était mort, ça ne regardait personne, et les voisins ne savaient pas que Sarah attendait deux enfants, juste qu’elle avait bien grossi.

Papa et maman travaillant, Samaël fut confié à la grand-mère, Ayla, qui vivait avec eux. Il démarra une vie de bébé normal. Mais en grandissant, son caractère s’affermit. Vers 5 ans, Grand-Maman voulut le faire aller au catéchisme, mais lui ne voulait pas, les curés, il ne les aimaitpas.

Alors, son papa, Jules, l’emmena par la peau des fesses et pendant que le curé essayait de parler à Samaël, celui-ci lui lança un bon coup de pied avec ses godillots dans les roubignoles.

Pendant que le curé faisait des bonds comme un crapaud, Samaël se prit une volée par son père qu’il n’a surement jamais oubliée, mais cette punition ne l’avait pas calmé, au contraire, il continua à se rebiffer de tout.

À l’école, ça n’allait pas plus, il se sentait seul et non aimé des autres, il faut dire qu’à la moindre réflexion de qui que ce soit sur son comportement ou son physique, qui pourtant, n’était pas si ingrat que ça, il avait la main qui partait aussi vite que l’éclair. En grandissant, ce furent les poings qui volaient dès qu’il se sentait attaqué. De ce fait, il était souvent puni à la maison et Jules, son père, se servait à son tour de ses poings pour essayer de lui faire entendre raison.

Quand son frère, Joshua, est arrivé au monde, environ 6 ans après, Samaël fut relégué dans le cagibi sans porte, sans fenêtre, contigu à la porcherie. On y installa son lit et le peu de jouets qu’il avait. Car la ferme où ils habitaient n’était qu’un prêt par le propriétaire, contre l’entretien des dix mille hectares de champs. Il n’y avait en tout et pour tout, que trois chambres, une pour les parents, une pour la grand-mère, et une troisième ou l’on mit le petit dernier. Il se sentit comme un renégat, privé de tous ses droits.

Ceci déclencha chez lui, une amertume profonde qui s’intensifia au fil du temps. Il ne pouvait plus chuchoter, se parler à lui-même, parler à son deuxième moi qu’il ressentait au fond de lui, car sa famille pouvait l’entendre, il en était devenu malheureux et ne comprenait pas cette différence.

Le père buvait beaucoup, ça le rendait hargneux, et quand il était à la maison le week-end, il avait droit aux remontrances diverses, aux claques si Samaël avait le malheur de répondre à ses réprimandes, ce qu’il ne manquait pas de faire quandmême.

Il ne se sentait plus le bienheureux, toute la famille s’occupait du petit Joshua, comme jamais, ils n’avaient veillé sur le grand frère. Même la grand-mère.

Mais cela, Samaël s’en était rendu compte. Joshua par ci, Joshua par-là, ça y est, bébé a fait sa première dent, a fait son premier pas, a dit son premier mot.

À 15 ans, comme il ne faisait rien à l’école, il commença à travailler avec son père comme menuisier à l’usine de Tramayes, nouvel emploi pour Jules, depuis qu’ils avaient élu domicile en Saône-et-Loire à cause de la fermeture de l’usine en Alsace où ils vivaient depuis des années. Il fallait qu’ils partent une bonne heure à l’avance, car il y avait une heure de route et de chemins cahoteux de Crissey, où ils vivaient.

Dans la ferme, ils élevaient aussi des cochons. Une fois bien nourris, les cochons étaient tués par la mère qui faisait la découpe et revendait chaque morceau aux voisins. Mais elle gardait malgré tout le meilleur morceau du cochon, le filet mignon, qu’elle préparait avec une sauce spéciale à base de comté, la spécialité de Franche-Comté. Avant, à Altkirch, un village proche de Mulhouse, elle accompagnait souvent ses viandes avec une sauce de la région, au vin blanc et au munster.

À 18 ans, il reçut sa convocation pour aller faire ses 1 ans à l’armée en Allemagne, mais comme il était réfractaire à tout ordre, il ne se présenta pas, mais fut rattrapé par la police. Il essaya divers subterfuges et fraudes pour être réformé. Un jour, il se mettait à pisser devant le bureau du colonel, un autre, il se blessait volontairement à la cuisse avec son couteau, mais rien ne fonctionna. Le sergent-chef l’avait déjà à l’œil. À défaut de faire l’armée, il fit 24 mois de prison. Débauche, soulerie, réponses aux chefs, Samaël passait son temps entre le cagot, qui, d’ailleurs, lui rappelait son enfance, et les bars, ou les seuls mots allemands qu’il apprit pendant ses deux ans, furent « Ein Bier bitte ».

C’est là qu’il commença à boire sérieusement.

À sa sortie, il décida qu’il allait se marier. Il fallait qu’il se marie, qu’il se trouve une femme qui s’occuperait de lui.

Il revint à la maison, toujours dans son cagibi, accompagné d’odeur de purin et de verrat dégagés pendant la cuisson des porcs mâles non castrés. Il se dit à lui-même qu’il ne resterait pas longtemps dans cette ambiance de fumier, avec ses parents qui n’arrêtaient pas leurs éloges sur le deuxième de la fratrie.

Car Joshua, son frère de 14 ans, commençait ses études de droit à l’IUT de Chalon-sur-Saône, vu qu’il avait sauté des classes à l’école, étant vraiment très doué. Comme ce n’était pas loin de la ferme, il prenait le vélo de Jules, son père, donc il n’avait pas besoin de dormir aux pavillons Bossuet et Lamartine, comme avaient prévu son père et sa mère lors de son inscription. Situation qui aurait plu à Samaël pour reprendre sa chambre.

Ah, s’il pouvait le lancer aux porcs, le frangin, ils n’en feraient qu’une bouchée, et sa mère, en découpant les cochons, ne se rendrait même pas compte qu’elle découperait en même temps son fils « chéri ». Mais ce n’était qu’un rêve, malheureusement, pour Samaël.

Mais, parfois, les rêves peuvent devenir réalité…

2/ La ferme Bressane

Samaël avait réussi à se faire embaucher à l’usine de Tramayes, là on son père travaillait, mais il avait demandé à ne pas être dans les mêmes locaux que lui. Puis, avec le petit pécule qu’il avait économisé lorsqu’il avait commencé à travailler à l’âge de 15 ans, il se chercha une ferme, même petite, du moment qu’il serait chez lui, et il la retaperait au fur et à mesure. Il fureta pendant un bon moment, puis, un jour, qu’il se promenait dans la campagne, à pied, il tomba sur une ferme qui avait l’air abandonnée, entre l’église St Laurent de Crissey et le calvaire. Il y avait une très grande façade avec des volets en fer gris tirant vers la couleur rouille à force de prendre la pluie. La toiture à quatre pans aurait bien besoin d’être rénovée, certaines tuiles avaient dû voler au vent. La parcelle de terrain totalement en friche était immense, si tout appartenait à la ferme, c’était grandiose.

Il s’approcha encore plus près, rentra dans la parcelle, regarda la ferme et pensa de suite que ce serait sa future demeure. Il commença à prendre des notes sur son calepin, avec couverture en cuir noir, et se dit qu’il irait demander à la mairie de Crissey pour avoir le nom des propriétaires.

Il n’eut pas le temps, car la porte s’ouvrit sur une vieille femme pliée en deux, elle le regarda avec un drôle d’air, scruta ses yeux, ce qui le dérangea quelques secondes, il avait l’impression qu’elle rentrait en lui, qu’elle le pénétrait, puis elle lui fit un grand sourire, malgré le fait qu’elle n’avait plus de dents et lui demanda ce qu’il désirait.

Il lui répondit qu’il s’était arrêté devant la ferme, car il en était tombé amoureux.

La vieille lui offrit de rentrer chez elle, et lui dit de s’assoir à la table. Elle devait avoir dans les 80 ans, se dit-il.

Ils commencèrent à discuter de tout et de rien, la pauvre devait bien s’ennuyer pour laisser entrer un homme qu’elle ne connaissait pas du tout.

Puis, dans la conversation, elle lui lâcha qu’elle voulait vendre cette ferme, car elle ne pouvait plus l’entretenir.

Samaël sauta sur l’occasion et lui annonça qu’il était prêt à l’acheter si le prix lui convenait. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, il lui proposa de suite le prix de 73 000,00 €, sachant que la propriété devait valoir nettement plus, car l’habitation faisait 200 m2, et le terrain plus de 10 hectares.

L’ancêtre lui dit oui tout de suite avec de nouveau un sourire édenté de satisfaction, lui annonça qu’elle savait qu’il allait bien s’occuper de cette ferme. Dès qu’elle avait ouvert la porte à ce jeune homme, elle le reconnut comme étant celui qui devait prendre possession de sa ferme.

Elle se présenta : « Apolline De Lys, dernière ancêtre de la grande lignée familiale qui vivait depuis 1600 au village de Lys, renommé Chissey-les Mâcon en fin 1800. Mes ascendants ont été expatriés pendant cette époque à Crissey, depuis la construction de cette ferme par le révérend Louis Marie De Lys, et la découverte de la grotte de Blanot par un des époux d’une femme née De Lys, et qui se jeta dans ce trou de 80 mètres de profondeur, en se disant poursuivi par des sorcières. »

Samaël, se fichant de la lignée de cette femme, lui demanda à faire le tour de la propriété, elle lui accorda ce droit.

Il était dans la grande salle, un vieil évier de cuisine devant une fenêtre, des robinets brinquebalants, de la vaisselle un peu éparse sur une petite table en bois bancale, une vieille cuisinière à bois qui n’avait pas dû servir depuis un moment, vu le pourcentage de poussière qu’il y avait dessus.

De l’autre côté du couloir, en face de la salle, une deuxième pièce avec un sommier en fer et un matelas complètement décharné avec des taches indéfinissables sur le dessus, plus un lit d’une personne avec une couverture dessus. Ça devait être le lit de l’ancienne. Puis, une armoire ouverte, mais qui semblait tellement bizarre qu’il s’approcha, jeta un œil dans le meuble en question, ce n’était pas une armoire, c’était un passage qui menait à une pièce borgne en renfoncement, qui sentait vraiment le bournu. Il passa dans ce cagibi, qui ressemblait à celui de ses parents où il avait couché depuis la naissance de Joshua. Comme il voyait peu dans ce réduit, et qu’il n’avait pas de lampe poche sur lui, il y rentra à tâtons, car il se demandait où étaient les autres pièces, la maison faisait quand même 200 m2. Il finit par trouver un loquet qu’il bougea dans tous les sens, pour enfin arriver à ouvrir une porte, mais derrière, aucun accès, le sol était jonché de débris de n’importe quoi, bois, sacs en papier, cartons, il n’y voyait pas grand-chose, car les volets étant fermés, tout était sombre.

Il ressortit de la souillarde et alla demander à la vieille ce qu’il y avait après. Elle lui expliqua que c’était l’arrière de la ferme qui donnait sur le terrain agricole, mais elle n’avait pas besoin de toute cette place pour vivre.

Il lui proposa de signer un acte de vente, en attendant de passer chez le notaire, qui, entre parenthèses, n’avait aucune valeur vis-à-vis de la loi, mais ça a eu l’air de plaire à l’Apolline.

Puis, il donna son congé et sortit de son futur domicile. Dos à l’entrée, il était heureux, il se sentait bien dans cette habitation, il se dégageait de la maison une force qui l’envahit, qui allait l’emmener loin dans ses projets. Il éprouva un sentiment de chaleur pénétrer dans tout son corps.

Samaël se dit qu’au début il vivrait bien et referait les deux pièces, la grande cuisine et la chambre, ça lui irait pour le début. Après, il retaperait le tout pour en faire un superbe domaine où sa femme pourrait s’occuper de lui. Il se coucha le soir, content de lui, et s’endormit rapidement. D’un seul coup, il voit au-dessus de lui, la femme à qui il va acheter la ferme, elle lui parle avec des yeux rouges, elle s’approche dangereusement de son visage en lui susurrant :

« Tu vas prendre ma place, tu vas prendre ma place, et moi, je vais enfin pouvoir dormir… »

Il ne peut bouger, la fuir, il voudrait sortir de son lit, mais ses jambes ne lui répondent pas, il voudrait crier, le son ne sort pas de sa bouche, il prend peur, elle va tomber sur lui…. Et il se réveille brutalement.

Quel cauchemar, se dit-il, c’est son regard qui a dû m’impressionner.

La journée, il devait passer le contrôle de santé à son travail, il parla de son rêve au médecin du travail qui lui répondit, qu’il avait simplement fait une parasomnie, un trouble du sommeil qui survient pendant le sommeil ou à la lisière entre éveil et sommeil.

Mais qu’est-ce que sait, lui demande Samaël ?

‘Vous avez fait une expérience de paralysie du sommeil, vous aviez l’impression d’être réveillé, essayiez de sortir de votre sommeil, mais n’y arriviez pas. Vous ne parveniez pas à bouger votre corps, comme s’il était paralysé, mais vous étiez tout à fait conscient de l’environnement qui vous entoure (votre lit, les bruits). Ne pouvant pas bouger, vous avez tenté de crier, en vain.’

Il se met à lui expliquer le phénomène :

‘Certaines personnes qui vivent une paralysie du sommeil évoquent également une sensation d’étouffement ou la présence menaçante d’une personne, ce ne sont que des hallucinations visuelles ou auditives. Mais rassurez-vous, pendant un épisode de paralysie du sommeil, vous avez respiré normalement. Ce trouble survient pendant la phase de sommeil paradoxal. Celle durant laquelle l’activité de votre cerveau est intense et les rêves se succèdent. Vous croyez être conscient, mais en fait, vous vous trouvez entre le rêve et la réalité. Vos sens sont trompés. Pendant cette phase, votre cerveau fonctionne à plein régime (d’où les rêves un peu loufoques parfois), mais il ne communique plus avec vos muscles. Si votre corps est atonique, c’est pour ne pas que vous vous agitiez pendant votre sommeil et vous blessiez en vivant vos rêves de façon intense. C’est une protection naturelle de l’organisme. Cette déconnexion entre votre cerveau et vos muscles est heureusement de courte durée, mais c’est précisément pendant ce laps de temps que vous vous sentez paralysé dans votre sommeil, car votre cerveau est “réveillé”, mais pas le reste de votre corps.’