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Face aux défis sociaux, environnementaux et urbains qui redéfinissent nos sociétés, "Accepter de vivre dans l’intranquillité" interroge notre capacité à vivre dans l’incertitude tout en embrassant le changement. À travers une réflexion riche et nuancée, cet essai explore l’impact des imaginaires collectifs sur nos modes de vie et propose des voies pour allier progrès, responsabilité et bien-être collectif. En abordant des notions telles que la complexité, l’interdépendance et la résilience, l’auteur met en exergue l’urgence de décloisonner nos approches pour construire une société plus équitable et durable. Une œuvre inspirante, où la ville, la communauté et l’individu se réinventent pour affronter un avenir incertain.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Yves Chapuis, consultant en stratégie urbaine, ancien élu à l’urbanisme à Rennes, est une figure connue de la réflexion et de l’action autour des enjeux urbains contemporains. Il continue de conseiller élus et aménageurs pour repenser la ville de demain. Fort d’une vaste culture, nourrie par des lectures, des voyages, des échanges avec les populations et des réalisations concrètes, il milite pour une approche décloisonnée et collaborative de l’urbanisme. Avec cet ouvrage, il invite à dépasser la simple gestion des habitants pour œuvrer à la construction de citoyens civils, affirmant l’urgence d’une ville rénovée pour répondre aux défis du futur pour le système Terre.
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Seitenzahl: 107
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jean-Yves Chapuis
Accepter de vivre
dans l’intranquillité
Essai
© Lys Bleu Éditions – Jean-Yves Chapuis
ISBN : 979-10-422-5463-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Prologue
Inventer un nouvel imaginaire collectif ?
Les chroniques parues de novembre 2019 à décembre 2020 gardent toutes leurs actualités.
On pourrait même dire que les questions qu’elles posent sont de plus en plus actuelles. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où la question n’est pas de sauver la civilisation occidentale, mais de sauver le système Terre.
La Cop 16 sur la biodiversité qui vient de se tenir et la Cop 29 sur le climat qui vient de s’ouvrir sont là pour nous inciter à agir.
Oui, il nous faut inventer un nouvel imaginaire collectif.
« Les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales, sont fondées sur le sens, à travers des imaginaires sociaux symboliques qui façonnent notre manière de voir la réalité » (Castoriadis). Or notre imaginaire aujourd’hui est dans une vision d’un monde consumériste. Comment vivre avec plus de sobriété et inventer une économie humano-centrée ?
Inventer un autre imaginaire ? Comment s’y prendre ? Que devient l’homo sapiens ? Quelle évolution anthropologique ? Il est dès lors, pour la première fois de l’histoire, question du destin de l’humanité et non d’une civilisation au rayonnement régional. Comment faire que la Terre reste habitable ? Toutes les populations ne seront pas affectées de la même façon.
Pour l’Europe, il faudra accueillir entre 20 à 50 millions d’habitants d’ici la fin du siècle, car il n’y a pas de renouvellement de la population blanche et de nombreux métiers sont en tension et demandent d’accueillir (Les aides à domicile, les restaurants…)
Il ne faut pas oublier que les dix dernières années 220 millions d’habitants ont été déplacés, des déplacements liés aux crises climatiques et à la guerre.
Monde industriel globalisé, dépendance à tous les niveaux. Système financier instable en plus très interconnecté. Plus un système est complexe, plus il est vulnérable.
L’effondrement actuel ? Le système Terre avec le changement climatique, les évènements météorologiques seront de plus en plus fréquents et intenses. Ces calamités vont entraîner des évolutions migratoires massives. L’effondrement sera à la fois global et pluriel, et son évolution temporelle sera non linéaire.
Cela peut durer un certain temps.
La pensée occidentale : le couple avenir et progrès est inséparable.
Il y a une réduction ultra-utilitariste du progrès.
Le progrès ne désigne que les avancées technico-scientifiques.
La croissance, le consumérisme et la confiance aveugle dans les techniques font partie des composantes de l’idéologie du progrès. Depuis le siècle des Lumières s’est imposée en Occident, puis à travers le monde, l’idée d’un avancement général de l’humanité vers le mieux. L’histoire serait le témoin de l’amélioration continue de la condition humaine, associée à l’idée de perfectibilité infinie du genre humain. De nos jours, le progrès se réduit néanmoins à une perspective utilitariste et technique. On ne s’attache qu’au progrès matériel. On aurait beaucoup à gagner à troquer cette vision contre celle d’un progrès spirituel, axé sur une relation saine et respectueuse avec autrui et avec les entités naturelles. Il existe d’autres manières d’accomplir notre humanité que de consommer toujours plus, d’autres moyens d’apaiser nos angoisses et nos sources d’insatisfaction, d’autres formes de désir infini.
Gabriel Salerno
Futur meilleur est remplacé par le présentisme : la logique de consommation, le progrès, c’est ce qui présente une utilité et une satisfaction immédiate.
Il ne peut y avoir de vie légère sans travail, sans une éducation digne de ce nom. Le problème de la société de consommation, c’est qu’elle veut faire l’impasse dessus, elle veut vous faire croire que vous pouvez vous passer des efforts nécessaires à l’acquisition de cette légèreté. C’est une vraie impasse, car elle mène non à une société du vide, mais à une société de l’anxiété.
Gilles Lipovetsky
Inventer un autre imaginaire ? Comment s’y prendre ?
Les libertés individuelles ne priment pas sur tout. Il existe un bien commun à protéger et envers lequel on a des obligations morales.
Quels sont les fondamentaux que nous devons et voulons préserver ? Un changement vers un avenir désirable : Demandons-nous comment faire société autrement. Posons-nous la question de savoir quel tissu social nous souhaiterions construire. Pensons le monde différemment.
Dans une société où les parcours de vie sont de plus en plus singuliers et les besoins toujours plus spécifiques, comment répondre aux besoins de chacun tout en maintenant du lien social ?
L’aménageur doit se réinterroger sur son rôle dans la production d’une ville. Comment les diverses opérations urbaines peuvent-elles humaniser les relations sociales, les relations de travail et les autres ? Quels outils peut-on mettre en place pour orienter la programmation vers une programmation éthique et durable, une programmation en phase avec le territoire et ses habitants, qui soit une réponse à des besoins spécifiques, mais qui n’isole pas les individus les uns des autres, qui réponde aux attentes d’aujourd’hui sans hypothéquer celles de demain, qui laisse de la place à la rencontre, à l’incertitude et à l’hétérogène, qui inclue dans un même mouvement le souci de soi et celui des autres.
Gilles Lipovetsky
L’évolution, pas plus que l’économie, n’est pas un long fleuve tranquille.
Si l’homo sapiens est seul sur terre aujourd’hui après avoir cohabité avec l’homo Néandertal, ce n’est pas à des avantages biologiques, cognitifs ou techniques « de rupture » comme on dit dans le monde économique actuel. En fait, cela provient de leur imaginaire, d’une autre façon de comprendre le monde et d’agir sur le monde.
Quelle évolution ?
On est confronté à une question de fond : si on peut comprendre qu’un changement brutal d’environnement puisse affecter une civilisation, on peine toujours à comprendre que le succès d’une civilisation la mène à son déclin.
La question qui se pose est la suivante : si les thuriféraires du progrès se gargarisent en clamant qu’on n’a jamais aussi bien vécu – ce qui est vrai – et qu’il faut continuer ainsi, ils ignorent l’évolution. Pascal Picq explique bien que les espèces comme les civilisations vivent sur leurs adaptations du passé, mais leur survie dépend de leur capacité à inventer les adaptations à un monde qu’elles ont contribué à modifier.
Le problème de l’adaptation de l’homo sapiens dans un monde qui change. Ce qui a fait notre succès ne suffira pas dans le monde qui vient.
L’homo sapiens se doit de penser une coévolution entre l’intelligence humaine, l’IA, l’intelligence animale, la biodiversité, le climat… en fait, le socle qu’est la nature doit être continuellement en relation avec la culture (ce que l’homo sapiens crée). Pascal Picq.
Comment définir la notion de bien-être ou de mieux-être ?
Or cela touche l’action publique, le bien-être devient une question politique.
Mais ce bien-être est situé dans un temps historique où depuis 70 ans nous étions en paix à l’abri de l’Europe, relative prospérité économique et de tranquillité politique sous la protection fragile de nos systèmes représentatifs. Nous ne croyons plus au salut commun. Ni au salut ni au commun.
Nous attendons seulement que cet État nous laisse tranquilles, chacun pour soi, et qu’il nous permette de réaliser les aspirations individuelles auxquelles nous pensons avoir droit. Le rêve d’émancipation collective a éclaté en une multiplicité dispersée de désirs.
La perte de la transcendance fait que l’immortalité de l’âme est arrivée dans le corps (Georges Vigarello) d’où l’importance du bien-être et du mal-être.
Nous attendons de l’État qu’il nous permette de vivre sans lui.
Au confort fonctionnel, mécaniciste des premiers temps de la société de consommation, a succédé un bien-être émotionnel, sensitif et culturel dominé par la recherche de la qualité de vie, du naturel, du mieux-être, de l’harmonie avec soi-même.
Le bien-être ne peut plus se concevoir sans prendre en considération les besoins fondamentaux d’expression de soi, de valorisation et de reconnaissance de soi. Notre époque voit se développer les désirs de créations artistiques et d’expression de soi. Ce sont les nouvelles aspirations de l’individu. Il y a en ce sens une subjectivisation de l’idéal et des pratiques du bien-être au moment où se déchaîne la technologisation du cadre de vie.
Cette dimension subjective du bien-être ne doit pas être considérée comme une affaire privée ; elle est au cœur de l’idéal démocratique que nous devons nous donner, à savoir : développer les passions créatives de tous, favoriser l’estime de soi, l’épanouissement de chacun, une vie et une ville belle pour tous. C’est ainsi qu’on travaillera à améliorer le mieux vivre ensemble au XXIe siècle.
Gilles Lipovetsky
Le tragique de l’histoire est revenu et nous découvrons que le monde dans lequel nous vivons n’est plus tenable à terme. On est dans une évolution anthropologique.
La notion de bien-être, il ne faut pas se tromper. Quel bien-être ?
Dans la logique d’évitement et d’écrasement de la souffrance se dessine l’idée que « le bien-être » est au fond un état exempt de tout désagrément. Dans cette perspective, il se confond avec le confort et l’entière tranquillisation.
Le bien-être n’a rien à avoir avec le calme plat. Si rien n’est aussi bouleversant que de se « dépayser jusqu’à soi-même », comme disait Jean Baufret, s’il est vrai que tout dépaysement réel nous confronte à cet inconnu que nous sommes à nous-mêmes et engendre l’angoisse contraire au bien-être, conçu comme tranquillisation maximale, il est d’autant plus tentant d’adopter face à la possibilité d’être soi-même une attitude de fuite. C’est pourquoi nous voyons bien des hommes qui se fuient eux-mêmes dans « l’action » et dans le « travail » ou des modes d’être ou de faire qui, même lorsqu’ils sont cause de tension ou de fatigue, sont comme la planche de salut épargnant la confrontation avec soi.
Danielle Moyse
Supprimer tout risque ? Cela n’est pas possible.
Il ne faut pas s’étonner que le risque soit en notre monde, ce qui doit être évité par-dessus tout.
La conquête d’un bien-être véritable, ce que nous appelons aussi le bonheur, ne suppose pas une indifférence exclusive de tout malaise, mais un état capable d’affronter le trouble avec des moyens plus subtils que l’éradication et l’arrachage.
Les conditions réelles d’existence d’un individu ont rarement à voir avec le sentiment de dépression. On peut avoir tous les signes de bien-être – emploi et familles stables – et déprimer. Et à l’inverse, on peut vivre dans des conditions matérielles très difficiles et ne pas déprimer. Il n’y a pas de causalité directe de l’un à l’autre.
Boris Cyrulnik
La difficulté se corse dans le fait que la conscience du développement des effets négatifs de notre civilisation est très difficile, ces effets négatifs étant l’envers d’effets positifs.
L’élévation du niveau de vie a été gangrenée par l’abaissement de la qualité de vie.
Travail, mobilité, habitat, relations sociales, consommation… dans tous les domaines de l’existence, nos pratiques et nos usages sont redéfinis par la rencontre, les contradictions et les hybridations de tendances, de nature et d’intensité diverses.
Aujourd’hui, les principaux facteurs de changement sont d’ordre :
Économique : les fortes restrictions budgétaires des opérateurs publics et privés, les écarts de richesse entre particuliers.
Environnemental : l’urgence à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et à engager une transition énergétique.
Sociétal : la tendance de fond de nos sociétés à donner à chacun l’opportunité de vivre sa singularité, quel que soit son âge, quels que soient ses choix.
Technologique : le développement rapide d’outils numériques capables de mettre en relation l’offre la plus adaptée à la demande la plus précise.
Politique : les aspirations des citoyens à plus de reconnaissance de la part des services publics et des élus, le besoin de protection, et la volonté de construire d’autres modes de vie et d’actions collectives à travers des liens sociaux plus affirmés.
Que voit-on ?
Jamais le monde n’a été si connecté, relié, communicant. Mais nous nous trouvons en même temps plus divisés, séparés, atomisés que jamais dans toute l’histoire.
Roger-Pol Droit
Il faut porter une réflexion plus large sur les usages. Habitat, bien sûr, mais également espace public, mobilité, mutations du travail, bien-être. Autant de thèmes profondément imbriqués dont l’aménageur doit s’emparer pour construire une ville hospitalière capable de maintenir et de produire du lien social à tous les âges et dans tous les domaines de la vie.
Analyser les usages représente l’opportunité de nous interroger collectivement sur deux fondamentaux de la fabrique urbaine :
Entre une planification stratégique parfois rigide, qui peine à prendre en compte la singularité et l’aléatoire, et des acteurs privés soumis à des impératifs économiques débouchant parfois sur une approche trop comptable de la ville et proposant des innovations marketings parfois en décalage avec les territoires, quel rôle, quelle place l’aménageur public, garant de la pérennité des opérations, doit-il/peut-il tenir ?