AMBRE & MAC - Ingrid Morel - E-Book

AMBRE & MAC E-Book

Ingrid Morel

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Beschreibung

Quand une jeune fille timide, brisée par son passé, croise sur sa route une belle femme courageuse, impliquée dans une affaire louche... Jusqu'où l'amour les conduira-t-il ?

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Ähnliche


Dédicace

Quand l'amour est profond et vrai, nous donne-t-il le courage de tout affronter, de tout braver ?

Eva SENECAL

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 1

Impossible ! Pas une nouvelle fois… Je suis en retard, encore. Je regarde pour la troisième fois l'heure. Je grogne, saute du lit, fonce dans la salle de bain, et hurle. L'eau est glaciale. Ce n'est pas ma journée. Pas le temps, je me prépare à vitesse grand V.

― Sac, OK. Fenêtre, OK. Plante, pas OK… Mais pour aujourd'hui, on va faire court. Oh merde Bart ! Mon beau, je suis désolée, j'étais à deux doigts d'oublier tes croquettes…

Direction la cuisine, le sac de croquettes. Bart, mon magnifique Rottweiler, fonce sur sa gamelle. Cette fois, je n'ai rien oublié. Plus le temps de toute façon. Je ferme la porte et dévale les escaliers comme pour fuir un danger, cours dans toute la rue. Je prends quand même le temps de regarder de chaque côté de la route avant de traverser les quatre passages piétons sur mon trajet. J'arrive complètement essoufflée chez Nadine. Elle ouvre la porte avec son sourire en coin et me laisse entrer. Je dis bonjour à Carlos avant qu'il ne sorte à son tour.

— Vraiment désolée. Je sais que c'est la quatrième fois ce mois-ci. Je suis impardonnable.

— Ambre, ça va. Tu n'as que cinq minutes de retard. Annie dort encore. Elle a eu son biberon il y a une heure. Tu connais le programme et tu as nos numéros. N'hésite pas. Je vais y aller. À tout à l'heure.

Je lui fais un signe de la main avant qu'elle ne sorte elle aussi. J'ai de la chance, cette famille est géniale et être la baby-sitter d'un bébé de cinq mois est un pur bonheur. J'ai répondu à cette annonce sur un coup de tête, j'avais besoin d'argent après avoir été renvoyée de mon job de serveuse au café du coin. Ils m'ont tout de suite adoptée. Il faut dire aussi que ce sont des jeunes parents cool. Il arrive même que l’on fasse quelques soirées ensemble. Mon boulot est chouette, je m'occupe de la gamine et de la maison durant la journée.

Aujourd’hui en particulier, le temps passe très vite. Quand les Douglas rentrent et me libèrent, je file chez moi pour me préparer.

Ce soir, j'accompagne Lorianne, alias Lorie, à sa première séance photo. Elle a un peu peur et refuse d'être seule avec le beau photographe.

J'entends déjà le klaxonne de sa Twingo.

Je ne suis jamais à l'heure c'est dingue.

Il faut vraiment que j'arrive à changer ça. Mauvaise habitude.

Je descends donc la rejoindre. Elle m'attend appuyée sur la portière.

— Canon Lorie. Tu as sorti le grand jeu, dis-moi. Tu es certaine que ce n'est pas le photographe que tu cherches à impressionner ?

— Ne soit pas bête Ambre. Tu me connais. Ce n'est pas mon genre d'homme. En revanche, son assistant… J'en croquerais presque…

Je m'installe tout en riant. Le trajet n'est pas très long et on rigole tout du long en réfléchissant sur la façon de pouvoir aborder l'assistant.

Le studio est très grand. Je me mets à l'écart et la laisse faire ses photos. Alors qu’elle prend les poses qu’on lui demande, je ne peux m’empêcher une fois de plus de me dire qu’elle est vraiment très belle. La taille mannequin, blonde, pulpeuse…

Je pourrais la dévorer des yeux des heures durant.

Quand je suis près d'elle, je me sens bien, comme si j’étais importante. Je deviens visible.

Contrairement à elle, je suis du genre à fuir les projecteurs. Et je ne crois pas que Scott serait d'accord pour que je me montre ainsi. De toute façon, je n'ai pas le profil.

Je la vois lancer des regards aguicheurs au petit assistant. Elle me fait rire, elle est parfaite. On passe une bonne partie de la soirée au studio, puis on va danser en boîte.

On rejoint Scott par la même occasion et je lui saute au cou en le voyant. Ça fait tout juste deux mois qu'on est ensemble et tout se passe à merveille entre nous. Pendant qu’il commande des verres, je vais sur la piste et me déhanche sur les rythmes endiablés, accompagnée de Lorie. C’est notre truc de filles, on fait croire que nous sommes ensemble, ça empêche les dragueurs de nous coller.

Et puis, on termine la nuit chez moi, où l’on s'écroule tous.

Le lendemain matin, alors que je me réveille, Scott n'est déjà plus là. En même temps, il bosse dans le garage de son père, il n’a pas le choix, il faut être à l'heure.

Avec Lorie, on en profite pour préparer la surprise. Ce soir, c'est l’anniversaire de Scott. J'ai prévu de faire une petite fête à l’appartement.

— Dis, tu as bien prévenu ses potes de ne rien lui dire, hein ?

— Oui, ils vont nous attendre en bas, vu que Scott sera déjà rentré. Tu as pu t'arranger avec les Douglas comme prévu ?

— Oui, j'ai ma journée. Le gâteau est réservé. Pour les boissons, on va les acheter juste avant de rentrer et on les laisse dans ta voiture. Il va croire que je rentre comme d'habitude… Et dès que j’ouvre la porte de l'appartement… Surprise ! Ça va être génial. Je suis pressée d’y être.

Comme deux folles, on s'active à nettoyer dans tous les coins. Pour cette journée, tout doit être parfait. Le soir arrive, on part faire les courses. Depuis le parking, je remarque que l'appartement est éclairé. Il est déjà là. Il ne nous attend pas, je suis censée rentrer dans deux bonnes heures. On retrouve les amis au pied de l’immeuble. On forme un joli petit groupe bigarré. Les garçons portent les boissons, Lorie le gâteau. On avance sans faire le moindre bruit, sourire aux lèvres. J’insère doucement la clé, ouvre la porte et fais signe d'entrer, le tout en silence.

Personne dans le salon, ni dans la cuisine…

Il doit sûrement être dans la chambre. Petit à petit, tout le monde arrive au centre de l’appartement. Mon sourire disparaît quand une voix se fait entendre depuis la chambre. Ce n'est pas vraiment celle de Scott. Même nos amis ont perdu leurs entrains. D'un pas décidé, je me retrouve devant la porte et l'ouvre en grand…

Scott est là. Mais je reste figée alors que je le vois en train de s’activer entre les jambes de Marina, une ancienne collègue. La nana est allongée sur MON lit avec MON mec. Les yeux à moitiés clos elle a le visage qui se délecte de plaisir de leurs actes dégueulasses…

Il y a des HA, des OH derrière moi, alors que nos amis découvrent le spectacle. Pour ma part, c’en est plus que je ne peux en supporter et je ne reste pas une seconde de plus. Je cours à travers l’appartement, laissant tout le monde sur place. Je veux fuir, ne plus voir ces images. Manque de chance, tout est filmé via les portables des amis. Je descends les escaliers quatre à quatre, manque de tomber, me rattrape de justesse.

— Merde Ambre, attend ! Crie Scott, avant de recevoir le gâteau en pleine face.

— Tu l'approches et je te la coupe. Et je t'assure que je suis sérieuse. Tu as bien merdé là, pauvre con ! Lui lance Lorie.

Pendant que nos amis quittent le lieu de la fête devenu lieu du drame, je cours toujours en pleurant dans les rues encore bondées. Les yeux pleins de larmes, je me cogne contre les passants, mais ne m'arrête pas. Je traverse la route sans même regarder…

On me tire soudain vers l'arrière et je tombe sur une jeune femme brune. Je remarque immédiatement le camion qui allait m'écraser si j'avais continué à avancer.

— Loin de moi l'idée de vous faire la morale mais si votre but était de vous suicider, faites-le à l’abri des regards… Mais ça serait vraiment dommage, si vous voulez mon avis.

— Heu... non je... merci, je...suis désolée…

— Vous êtes sonnée là. Ça va ?

Je la regarde et sans comprendre, pleure dans ses bras, assise par terre sur ce trottoir froid. Je ne connais même pas son nom mais j'avais ce besoin de tout relâcher. Elle me sert fort, et le sanglot devient plus prononcé. Les passants nous regardent, mais je ne peux m'arrêter. Au bout de quelques minutes, elle m'aide à me relever. Je la laisse me diriger vers un café. Elle commande deux cafés et on s’assoit à une table au fond. La tasse serrée entre les mains, la tête baissée, je ne bouge plus perdue dans mon chagrin. Elle me tend alors un mouchoir. Par automatisme, je le prends puis la regarde. Elle me fixe sans rien dire. J'avale une gorgée avant de rompre le silence.

— Je suis désolée, je ne voulais pas... Tout à l'heure, le camion… Je ne suis pas suicidaire. La soirée a été dure.

— Je ne sais pas pourquoi, mais un aussi beau visage ne doit pas être rempli de larmes. Dîtes-vous que tout ce qui arrive aujourd'hui est fait pour que demain soit meilleur. Rien n'arrive par hasard. Croyez-moi.

Je hoche la tête, mais sans pour autant y croire. J'ai évité les rencontres avant de tomber sur Scott et je pensais réellement que c'était le bon… La vision que j'ai eue ce soir, me prouve simplement que je ne suis pas faite pour trouver l'amour.

— Je m'appelle Mac. Enfin Mackenzy. Et vous ?

— Ambre. Enchantée et désolée encore.

— On va se tutoyer, c'est plus simple. Alors Ambre, déjà tu vas arrêter d'être désolée et me faire un joli sourire. Ensuite, si tu veux, je peux te prêter une épaule amicale, mais seulement si tu le souhaites. On ne se connaît pas, tout restera donc entre nous. Aucune fuite.

Impossible de détacher mon regard de son visage, elle est magnifique et inspire la confiance. Des cheveux à la garçonne et une frange, lui donne cet air de rebelle qu'on a envie de connaître. Je bois une autre gorgée et tente un petit sourire qui je le sais paraît très faux.

— Mackenzy, c'est gentil mais je dois rentr....

Je m'arrête en plein milieu de ma phrase. Je ne peux pas rentrer. Je ne suis pas prête à l'affronter, à entendre sa voix et sûrement ses mensonges…

Cette fois, je me sens complètement perdue. Mon téléphone sonne, je regarde l’écran où son nom apparaît. Mon visage se ferme automatiquement. Mac le remarque et se permet de regarder le nom inscrit. Elle appuie sur la touche rejeter. Un second appel, et elle fait de même. Je la laisse faire. En ce moment, elle est ma bouée, mon rempart contre Scott, contre ma douleur. Je n'ai qu'elle pour tenter de tenir bon.

— C'est ton mec ? Il t'a fait du mal ?

— Mon EX… Depuis une heure maintenant. C'est son anniversaire, j'ai voulu faire une surprise entre amis, mais c'est finalement moi qui ai eu droit à la surprise. Il était avec une autre dans MON lit, dans MON appart… Je refuse de lui parler…

— OK, je comprends. Il a été con, on ne laisse pas une aussi jolie femme.

Je m'apprête à lui répondre quand une troisième sonnerie retentie. Elle prend alors le téléphone et répond.

— Écoute, toi. Scott c'est ça ? Tu as voulu jouer, tu t'es planté. Maintenant, tu vas gentiment la laisser tranquille. Si elle veut te parler c'est elle qui le décidera. Toi, tu la lâches.

Et elle raccroche d'un coup. Je la regarde, étonnée. Je ne sais même pas quoi lui dire. Elle vient de répondre sans même savoir qui est Scott. Elle me tend mon téléphone et rajoute par la même occasion que si je ne sais pas où dormir, elle peut m'héberger le temps que je règle mes soucis. Sa gentillesse me touche mais je ne peux pas m’inviter chez une inconnue comme ça.

Et si je me faisais des idées ?

Et si c’était une tueuse ?

Je regarde mon téléphone et voit que j’ai reçu un message de Lorie. Elle s'inquiète pour moi après mon départ précipité. Je relève la tête vers Mackenzy, et sourit.

— C'est ma meilleure amie… Je pense que je vais aller chez elle. Mais je tiens à te remercier correctement, tu m'as sauvé la vie. Que dirais-tu d'un repas entre filles, toi, moi, et Lorie ? Tu peux choisir l'endroit qui te convient. Alors ?

— Tu n'es pas obligée tu sais. Le simple fait de te savoir vivante me va déjà très bien.

— Oui, mais si je suis vivante c'est grâce à toi.

— D’accord, j'accepte. On peut aller chez Joe, si ça vous va à toutes les deux.

— C'est parfait. Ils font des sandwichs à tomber… Et leurs glaces… J'en ai déjà l'eau à la bouche… C'est un de mes endroits préféré pour manger. On met ça pour samedi midi ?

Elle hoche la tête. Je suis ravie. Mon cœur est peut-être en morceaux ce soir mais j'ai l'impression que Mackenzy est une bonne personne. Une nouvelle amitié peut-être ?

Je réponds au message de Lorie et lui dit que j'arrive. Je me lève pour partir mais avant de quitter ma nouvelle amie, elle prend la peine de marquer sur mon bras son numéro de portable. D'abord hésitante, je fais de même. Je quitte le café, respire profondément l'air froid du soir et me dirige chez Lorie.

Après trente minutes de marche, elle m’ouvre la porte et s’agrippe à moi, soulagée, et me fait entrer. Elle m'installe dans le fauteuil, prend notre grosse couette spécial déprime, et sort un énorme pot de glace. On ne parle pas de Scott mais on se remémore toutes les conneries faites par le passé. On rigole, elle sait me redonner le sourire. C’est la meilleure.

Trois heures du matin, je lui raconte enfin ma rencontre avec Mackenzy. Elle est assez surprise, je ne m'attache pas aux personnes aussi vite en général. Ma peur de voir débouler un psychopathe à chaque coin de rue me stoppe la plupart du temps. Mais elle remercie tout de même le ciel d’avoir mis Mac sur ma route et de m’avoir évité un accident stupide. Je lui raconte aussi pour le rendez-vous de samedi et elle accepte de m’accompagner. Enfin, il est temps d'aller dormir.

Le lendemain, le réveil est dur. Je sais que je dois repasser chez moi, au risque de le croiser. Mais je dois bien aller travailler. Je prends mon courage à deux mains et laisse un mot à Lorie qui dort encore profondément. La connaissant, elle est partie pour toute la matinée. Je sors sans un bruit.

Arrivée en bas de chez moi, mon cœur s'emballe. Je me répète à moi-même :

— Courage Ambre. Tu peux le faire, tu es capable de lui tenir tête. Et puis c'est mon appart, pas le sien…

Je monte marche par marche et j'ouvre ma porte. Les boissons prévues pour la fête sont éparpillées au sol. Le gâteau en morceau traîne ici et là. Je pense reconnaître l’œuvre de Lorie. Elle seule peut abîmer un aussi bon gâteau pour un salaud. Je fais le tour du regard et espère qu'il ne soit pas dans la chambre ou dans la salle de bain. Personne.

Ouf, il n'est pas là.

Je passe dans la chambre et les images de la veille me reviennent en tête. Je refoule mon envie de pleurer. Mackenzy a raison, mon visage ne mérite pas les larmes et surtout pas pour lui. Je prends mes vêtements, file sous la douche. Je m'occupe ensuite de Bart et file travailler.

Je suis épuisée et les Douglas le remarque. Je leur promets d'assurer comme à mon habitude. Carlos ne peut pas prendre sa journée il n'a donc pas le choix. Je me retrouve seule avec sa femme. Celle-ci ne se prive pas pour me questionner mais devine déjà que tout vient d'un garçon. J'ai du mal à en parler mais elle réussit à me faire dire que tout ça n'est pas un hasard. Encore une fois, cette phrase vient s’imposer à moi. Elle appelle sa collègue et prend sa journée pour rester avec moi. Des patrons en or, je vous l’ai dit…

Nous allons prendre l'air au parc, ça nous fera du bien, décide-t-elle. Je prépare donc le sac d’Annie, et on y va. Sur place je suis étonnée de voir au loin Mackenzy. Je me dirige vers elle. Son sourire parle pour elle, elle est contente de me voir.

— Bonjour. Je ne m'attendais pas à te voir ici. Tu viens souvent ?

— Bonjour ma belle. Non pas vraiment. En fait, je suis de passage dans cette ville. Ça va mieux toi ?

— On va dire que la vie continue. Puisque tu es là, je te confirme que c'est parfait pour samedi. On se rejoint là-bas ?

— Génial, pas de soucis… Ah, je crois qu'on t'appelle là.

Je me retourne, Annie n'a apparemment pas très envie d'être au parc. Je m'excuse et quitte Mackenzy. Je prends la poussette et le sac. Nous décidons de faire le tour du parc en marchant, en espérant que la petite se calme. Et le miracle s'effectue.

Un frisson me parcourt soudain le dos. J'ai cette sensation étrange de quelqu’un nous observe. Je jette un œil un peu partout mais ne vois rien de louche. Je vais finir par devenir paranoïaque. Mon mal-être refait surface. Impossible d'apprécier cette sortie au parc. Je lâche un soupir de soulagement quand Nadine décide de rentrer. Je reçois plusieurs messages de Scott, mais je décide de les ignorer.

Quand l'heure de retourner chez moi arrive, j'ai la boule au ventre. Si on m'avait dit quelques jours plus tôt que je serais stressée à l'idée de rentrer chez moi, je ne l'aurai pas cru. Je retiens ma respiration au moment de franchir la porte d’entrée de l’appartement. Comme si le fait de ne plus respirer pouvait arrêter le temps, ou mieux encore, pouvait empêcher la confrontation. C'est raté, j'entends déjà du mouvement dans le fond de l'appartement. Le bruit de pas se fait plus rapide, il est devant moi quand j’ouvre les yeux. Il a l'air désolé, du moins c’est ce que je pense en le voyant.

— Ambre, princesse. Je suis un con, un véritable con je sais. J'ai merdé, je suis désolé… Mais je t'assure cette fille, ce n'est rien… Toi et moi...

— Non, arrête ça ! Il n'y a plus de toi et moi… Et je confirme, tu as été con… Dès le début, je te l'ai dit, je peux accepter plein de choses, mais surtout pas qu'on me trompe… Et en plus chez moi… Mais tu as réfléchi un peu ? Est-ce qu'à un seul moment tu t'es dit que c'était ma chambre ?

— Je sais, je n'ai pas pensé. Je… Enfin princesse, c'est juste une erreur… On peut oublier ça et recommencer.

— Scott, dégage ! Et pas la peine de tenter de prendre contact avec moi… Tu ramasses tes affaires et tu te casses, illico.

Il a l'air énervé maintenant. Pensait-il vraiment que je serais assez conne pour rester avec lui. J'ai déjà du mal à rester dans ma chambre…

Il tourne les talons et commence à débarrasser ses affaires, remplissant son sac de sport. Je le regarde du coin de l’œil. Il range la veste que je lui ai offerte. Pincement au cœur. J'ai beau tenter de rester forte, s’il reste là encore longtemps, je vais tomber en pleurs… Et il en profitera pour m'avoir…

Il passe derrière moi, tente un baiser que je refuse. Il m’attrape alors et me retourne avec une rapidité et une force qui mettent tout mon corps en alerte. Son regard de charmeur a totalement disparu. Je suis prise au piège entre le bureau et son corps, je ne peux pas détourner le regard je suis figée. Je ne le reconnais pas. Qu’est-ce qui lui prend ?

— J'ai merdé, j'aurai dû penser que tu allais préparer une fête… Tu es toujours gentille et serviable, la parfaite petite amie. Mais je peux t'assurer que toi et moi ce n'est pas fini. Je te laisse le temps de digérer tout ça, mais je vais revenir… Et, au passage, Marina n'est vraiment pas importante, juste un coup d'un soir. Comme toutes les autres… Toi et moi c’est différent, tu es à moi… Alors réfléchis bien.

Je reste inerte tandis qu’il me donne un baiser sur le front comme il le faisait avant d'aller bosser. Quand enfin la porte se referme, je cours pour la fermer à clé et me laisser glisser au sol. Les larmes coulent toutes seules. Comment ai-je fait pour ne rien voir ?

Ce n'est pas ce Scott qui était à mes côtés. Je dois me ressaisir. Ce n'est pas la première fois qu'une histoire d’amour se termine. Oui, enfin là c'est un peu différent.

Toutes les autres ?

Qu’a-t-il voulu dire ?

Ce salaud s'est tapé des tas d'autres filles pendant qu'il était avec moi ?

Ce n'est plus de la tristesse, mais les nerfs qui lâchent, je fonds en larmes de plus belle. Je me sens idiote d'avoir cru en lui. Je compte bien lui montrer que la gentille Ambre sait s'amuser sans lui.

— Princesse ! grrr ! Je ne veux plus entendre ce putain de mot de ma vie…

Je me relève, décidée à faire le ménage dans ma vie, à commencer par l'appartement. Je prends un sac poubelle, me dirige dans la chambre, et regarde les affaires qu'il a laissé. Il ne pouvait pas tout emporter dans un seul sac de sport. Je pose le bras sur l’étagère et d’un geste, cadres photos, babioles diverses, tout tombe dans le sac. Je fais de même avec les vêtements restants dans la penderie. Je retourne dans le salon, décroche notre cadre photo, prend bien soin de le fracasser avant de le jeter lui aussi dans le sac.

Ça me fait du bien, j'ai l'impression que finalement faire un certain ménage peut me convenir. Je pose le sac devant la porte d'entrée, et me prépare à manger.

Chapitre 2

Je me réveille à l'heure pour une fois. La journée se passe plutôt bien. On est vendredi, j'ai bien besoin de me défouler, alors j'ai prévu d'aller courir après le travail. J'appelle Lorie pour la prévenir comme toujours à chaque sortie que je fais sans elle. Un petit rituel pour me rassurer.

Je fonce vers le parc et commence le parcours habituel. Je ne suis pas une grande sportive, mais je garde la forme. Et puis courir est devenu vitale pour gérer mon stress. La raison ?

Si je me fais attaquer ou suivre, j'ai de l'endurance. Assez flippant comme excuse pour faire du sport, mais c’est plus fort que moi, je flippe en permanence avec tout ce qu’on voit dans les actualités. Le soleil se couche et je rentre chez moi, toujours avec cette angoisse qui me fait comme une boule au ventre. Il faut vraiment que j'arrive à surmonter ça, ou sinon il faudra que je déménage. L'idée me travaille de plus en plus. J'y avais déjà pensé avant mais avec le coup de Scott, l’envie est plus présente. Je vais en parler aux filles demain.

Samedi, la Twingo de Lorie me réveille. Elle va sûrement finir par tomber en panne, ce n’est pas normal tout ce foutu bruit. Quand elle roule, elle pourrait réveiller toute la ville.

— Tu n'es pas habillée encore ! Allez, dépêche-toi… Si on doit voir ta nouvelle amie chez Joe, il y aura sûrement de beaux garçons qui n’attendent que d'être dragués. Je refuse de te laisser moisir sur une déception…

— Lorie ! Franchement là, les hommes, je n'y pense pas vraiment… Et tu devrais sérieusement songer à faire réparer ta voiture, ou à la mettre à la casse… Sérieusement, ce n'est pas possible ce bruit... Fait comme chez toi, je vais à la salle de bain.

— C'est quoi ce sac ?

— Les affaires de Scott… Tu vois je ne reste pas sur une déception...

Elle me sourit et prépare du café. Je prends une douche vite fait et la rejoint. Elle me raconte alors ses dernières aventures, ou du moins comment elle a fait pour avoir le numéro de l'assistant photographe. On rigole. Elle est toujours prête pour draguer elle.

Il est l’heure, et on part rejoindre Mackenzy chez Joe. Quand je la vois, je me mets à sourire automatiquement. Mince c’est fou ça, comment fait-elle pour réussir à me mettre de bonne humeur juste avec un regard. C’est bien la première fois que je réagis comme ça, surtout avec une presque inconnue…

— Bonjour ! Alors c'est toi la sauveuse ? Moi c'est Lorie. Je suis ravie de faire enfin ta connaissance.

— Bonjour. Je suis ravie aussi. Tu es sa meilleure amie si j'ai bien compris ?

Je les regarde papoter tranquillement. Je suis contente et rassurée de voir qu’elles s’entendent plutôt bien. Lorie n'est pas du genre à me laisser approcher de n'importe quelle femme. Elle sait trop bien qu’une femme peut être encore plus dangereuse qu'un homme.

Je prends les commandes de sandwichs et les regarde de loin. Elles sont totalement différentes mais aussi belles l'une que l'autre. Lorie affiche un style bien féminin qui fait d'elle une vrai girly. Mackenzy, elle, fait plus dans le style rebelle, un petit côté aventurier. Je souris, j'ai bien besoin d'aventures en ce moment. Faire un break avec mon quotidien, avoir un peu plus confiance en moi.

— Les sandwichs sont servis les filles ! Je vois que vous vous entendez bien, c'est génial. Dîtes, ça vous dit d'aller danser ce soir ?

Je sais déjà que Lorie ne va pas refuser, j'attends donc notre nouvelle amie. Son regard s’attarde sur moi quelques minutes, mais elle finit par répondre oui. Je me sens toute joyeuse.

— Ambre, c'est comme ça que tu dois être. Remplie de joie. Tu es magnifique et tu resplendis… Là, tu es une vraie battante. Lance Mackenzy.

— Je suis bien d'accord. C'est quand même mieux que te voir déprimer. Avoue Lorie.

— Vous êtes gentilles toutes les deux, mais les émotions ne se contrôlent pas aussi bien. Quelquefois je peux être triste, ça arrive.

— Triste ? Le mot est faible. J'ai vraiment cru que tu voulais te suicider moi… En tout cas, tu l'as vite oublié ce type. Ça devait être un sacré con. Ajoute Mackenzy.

— Tu peux le dire. Scott est surement le roi des cons. Mais notre Ambre a un don pour oublier les mecs rapidement. Parfois j'aimerai bien connaitre son secret.

— Il n'y a pas de secret Lorie. Les autres mecs, c'est moi qui les larguais. Ils ne me convenaient pas. Scott, c'était différent. Il avait l'air d'être parfait en tous points. J'avoue, il manquait un petit quelque chose, je ne saurais dire quoi… Mais bon, il a joué, il a perdu… Point final… Je suis revenue dans le monde des femmes célibataires. Et croyez-moi, pour le moment, je n'ai pas du tout envie de me caser à nouveau.

— Qui te parle de te caser ? Rigole Lorie.

— LORIE !

— Tu n'as simplement pas encore trouvé la personne qui te fait vraiment de l'effet, ça viendra.

Sur le coup sa phrase me semble si logique. Quand soudain, je remarque Scott qui nous observe de loin. Mon sandwich manque de tomber. Je le rattrape aussitôt mais les filles ont vu ma réaction et suivent déjà mon regard. Elles aperçoivent alors mon ex sur le trottoir d’en face.

Depuis quand est-il là ?

Et pourquoi ?

Lorie s'apprête à se lever mais je la retiens. Pas envie qu'elle hurle au scandale, pas ici. Mackenzy détaille Scott avant de se retourner vers moi.

— C'est donc lui le con de service ?

Je hoche la tête. Elle rigole. Etonnée, je la fixe mais je suis prise à mon tour d’un fou rire. Lorie n'a pas d'autres choix que de nous suivre. Et nous voilà, trois femmes en pleine crise de rires à la terrasse du restaurant. Et ça me plaît. Je vis, je respire, Scott n'est plus qu'une personne parmi tant d'autres.

En voyant l’heure, Lorie se lève précipitamment et crie

— Je suis en retard !

Elle me regarde et me dit qu'elle repasse me prendre plus tard si je veux. Mais Mackenzy propose de me raccompagner elle-même. Je lui fais confiance, et rejette donc l’offre de Lorie.

On se retrouve ainsi seules toutes les deux. C'est assez étrange, je ne la connais pas vraiment mais je me sens bien en sa compagnie. Un regard vers l'arrière, Scott est toujours là. Ça me gêne un peu et Mac le remarque. Elle se lève à son tour et me tend la main. Je la prends sans hésiter et elle m'entraîne vers l’extérieur, toujours sous le regard de mon ex. Je baisse la tête alors qu’on arrive à sa hauteur. Surprise, Mac s’arrête net et se campe face à Scott.

— Tu devrais éviter de la suivre comme ça. On pourrait prendre ça comme du harcèlement.

— T'es qui toi ?

— Moi ? Juste une personne qui risque de bien te faire chier si tu continues.

Ils se défient du regard. A aucun moment je n’aurais pensé voir une telle chose. Je ne suis même pas certaine qu'elle sache exactement ce qu'elle fait. Mais je suis comme paralysée, je n'ose même plus respirer correctement. L'ambiance entre ces deux-là me donne des frissons. Mais pourquoi fait-elle ça ?

Pourquoi le provoque-t-elle ?

Il détourne enfin le regard de Mac pour me fixer. Je sens sa colère, du coup, je resserre d’avantage ma main sur celle de Mackenzy. Je recule derrière elle comme pour me protéger de son regard. Je sais qu'il ne fera rien, mais je n'aime vraiment pas cette sensation. Je tire un peu sur la main de Mac pour lui faire comprendre que le mieux serait de s'en aller. Mais au lieu de ça, elle m'attire tout contre elle.

— Alors c'est ça ! Tu veux me remplacer par cette pétasse ?

Quoi ?

J'ai bien entendu ?

Le remplacer ?

Par Mackenzy ?

C'est quoi cette idée ?

Et puis, plus j'y pense, plus je me dis que c'est exactement ce qu'elle laisse croire. C'est donc ça son plan. Elle tente de m'aider. Alors, je rentre aussi dans le jeu, je déplace ma main pour lui prendre le bras et me colle un peu plus contre elle.

— Au moins maintenant tu sais que toi et moi, c'est vraiment mort.

— Ça ne va pas durer. Je serai toujours là. Et puis qu'est-ce que tu lui trouves ?

Pas le temps de répondre qu’elle se penche sur moi et m'embrasse à pleine bouche. Je sens tout mon corps frissonner, ce baiser me plaît. Je sens sa langue caresser la mienne, je ferme les yeux et l’envie monte en moi.

Celle-là, je ne m'y attendais pas.

Scott s'énerve, nous bouscule toutes les deux, et s'en va. Je suis encore sous le coup de la surprise, quand elle se tourne vers moi pour rire. Moi, je ne ris pas, je ne comprends pas vraiment ce qu'il vient de se passer. Jouer le jeu OK mais arriver à m'embrasser… Et que j’y prenne goût en plus !

C'était peut-être un peu trop…

Après tout, je ne sais rien d'elle. Et maintenant, on fait quoi ?

Est-ce que c'était vraiment pour m'aider qu’elle a agi ainsi ?

Est-ce qu'elle a fait ça simplement parce qu’elle aime embêter ceux qui le méritent ?

Ou peut-être que je lui plais ?

Après tout je ne peux pas deviner ce qu'elle aime, hommes ? Femmes ? Les deux peut-être ?

Je la regarde en me pinçant les lèvres.

— Tu ne devrais pas abîmer de si jolies lèvres.

— Une mauvaise habitude. Excuse-moi mais, je me pose pas mal de questions là…

— Je comprends. Alors, oui, j'aime les femmes. Je ne m’en cache pas. Si c'est ce que tu te demandes. J'espère que ça ne te dérange pas ? Enfin, là, j'ai surtout voulu le rendre fou. Il l'a mérité. On ne fait pas pleurer une aussi jolie femme.

— Non, ça ne me dérange pas… Mais si je l'avais su avant, j’aurais évité tout ce manège. Moi, c'est les hommes. Tu comprends ?

— Pas de soucis Ambre. Je ne vais rien tenter sans ta permission. Et puis je te l'ai dit, je ne suis que de passage. Je ne vais pas me lancer dans une relation sans avenir. Relaxe ma belle.

Maintenant que je sais qu'elle est lesbienne, je vais éviter de trop la coller. On est très bien en amie, je ne veux pas que ça change. Ne plus jouer à un jeu de rôle, ça sera mieux.

On décide de marcher un peu et j'en profite pour en savoir plus sur elle.

— Tu as dit que tu étais de passage. Une raison particulière ?

— Non, pas vraiment. J'aime bien évacuer de temps en temps, sortir de la routine.

— Mackenzy, je préfère te prévenir, je suis de nature curieuse et tu m'intrigues. J'aimerais te poser des tonnes de questions… Mais je ne sais même pas par quoi commencer.

— Ben déjà, appelle-moi Mac. Ensuite, je ne pense pas que je sois si intéressante que ça, mais je vais tenter de répondre à ce que je peux… Cela étant, je ferais sans doute de même. Je suis curieuse aussi.

J'hésite, mais je ne pense pas avoir de secrets importants à cacher. On se lance donc dans un jeu de la découverte. J'apprends ainsi qu'elle vient de Californie, San Diego, qu'elle n'a pas de famille, elle a jonglé avec plusieurs familles d’accueil. Sur le coup, j'ai un pincement au cœur.

Peut-être que se souvenir de tout ça lui fait du mal ?

Si c'est le cas, elle le cache bien. Elle a l'air tellement détaché, libre. Elle me donne envie de tout lâcher et faire de même.

Malheureusement je suis loin d'être aussi courageuse.

Je pensais qu'elle avait toujours aimé les femmes mais non, elle a eu des relations mais aucun homme n’a su lui apporter ce qu'elle recherchait. Comme elle le dit, dans les bras d'un homme, nous ne sommes perçues que comme de faibles femmes. Impossible alors pour nous d’être plus. Et ce plus, elle le trouve dans la compagnie des femmes. A l'entendre, tout parait si simple, si beau.

Ma curiosité me pousse à la questionner encore plus loin. Combien de femmes a-t-elle connu ?

Elle esquisse un sourire, se tourne vers moi et chuchote à mon oreille.

— Pas assez, vu que je n'ai pas trouvé celle qu’il me faut…

Sa voix douce et calme est vraiment attirante. Je n’ai aucun mal à croire qu'elle puisse séduire qui elle veut, rien qu’en lui parlant ainsi. Je me sens tout d'un coup gênée et je rougis, sans trop comprendre pourquoi.

A son tour, elle me pose des questions, d’abord sur ma famille… C'est simple, je suis fille unique d’une famille sans histoire. D'où je viens ? Oui, elle le voit, je ne suis pas d'ici. Je suis originaire du Bridgetown dans le quartier de Pinelands. Elle s'arrête.

— C'est drôlement loin d'ici…

Oui, en effet. Je la regarde et lui dis que ce n'est pas si simple de tout dire finalement. Je baisse la tête. Elle n'insiste pas.

A son tour, elle veut savoir combien d’hommes j’ai pu connaitre. Je rigole, lui fais un clin d’œil et répond avec la même phrase.

— Pas assez, vu que je n'ai pas trouvé celle qu’il me faut…

On rigole ensemble. Le temps passe agréablement, on commande une glace pour se rafraîchir. Du coin de l’œil elle aperçoit Scott toujours à nous espionner. Elle lève sa glace dans sa direction, comme si c’était un verre et qu’elle trinquait à sa santé. Elle le provoque.

— Pourquoi tu le cherches à ce point ?

— Pour m'amuser. En temps normal, je m'en moquerais… Mais je t’apprécie et je n'aime pas savoir qu'un petit con a su profiter d'une superbe femme comme toi. Tu vas me trouver dingue mais ça me plaît de l'énerver juste pour toi.

— C'est assez déroutant en fait… On ne se connaît pas depuis longtemps et tu es déjà très protectrice. Dois-je m'attendre à une psychopathe sous ton air rebelle ?

— Peut-être, qui sait ? Mais je suis plus du genre à te draguer, à te mettre en confiance, pour ensuite te kidnapper et faire de toi ce que je veux…

Et elle me dit tout ça en me regardant droit dans les yeux. Pour un peu, je croirais que c'est la vérité s’il n’y avait cette petite lueur dans son regard…

Et si c'est vraiment le cas ?

J'avoue que je me sens en confiance à ses côtés. Et pourtant son look, son attitude, tout en elle est là pour dire :

— Attention ! Tu m'approches et je t'éclate.

Mais la première chose qui me passe dans ma tête quand je la regarde, c'est l’image de sa bouche parfaite sur moi. Je secoue la tête immédiatement pour me ressaisir. Trop tard, je sens déjà que je rougis. Je détourne le visage. Être proche d'elle me met des idées en tête que jamais je n’aurais cru pouvoir avoir un jour.

Je termine ma glace et vu l'heure, propose de rentrer. On doit sortir ce soir et je compte bien être parfaite. Alors qu’on continu de marcher dans la rue, elle me dirige vers une moto.

OK. Je sens que là, je ne vais pas avoir le choix d'être collée contre elle. Elle me donne un casque et on s'installe.

— Tu n'as pas peur des motos n'est-ce pas ?

— Heu... Non. Tant que tu ne fais pas la course, ça va.

— OK ma belle. Accroche-toi. Tu me diras quand tourner. Pour le moment je vais en direction du parc. C'est ça ?

— Oui, c'est bien ça.

Elle démarre. Le ronflement du moteur m’informe que je vais m’envoler si je ne tiens pas fermement. J'enroule donc mes bras autour de sa taille et me voilà collée contre son dos, le nez dans son cou. Avec le casque ? On sillonne les rues. Bercée par la moto et enivrée par son parfum, je me sens plutôt bien finalement.

Malgré le casque, Mes cheveux volent dans le vent. La sensation est grisante, je me sens libre. C'est la première fois que je monte sur une moto, j’adore. Jusqu’à présent, j'avais laissé la peur me bloquer. Quelle idiote !

Je ferme les yeux et me laisse glisser contre Mac. Quand on arrive à proximité du parc, elle me sort de mon bien être. Elle ne sait pas où aller. Je lui indique la rue un peu plus loin. On s’arrête sur le parking et je descends de la moto, un peu tremblante. Non, ce n'est pas de la peur. Je n'en reviens toujours pas, moi, sur une moto…

Je reprends vite le contrôle de mon corps. Je sais que je dois sembler un peu idiote mais ça m'est bien égal. Je me sens bien et pour une fois, ce n'est pas qu'un simple mot. Je la remercie mais j'hésite à la faire monter. Que va-t-elle penser ?

En même temps, elle sait que je ne suis pas intéressée par les femmes. Si je lui propose, c'est juste par gentillesse, entre amies. Ça ne veut rien dire après tout. Elle voit que je ne bouge pas, perdue dans mes pensées. Elle me tend alors une main que je fixe sans comprendre pendant quelques secondes.

— Tu veux garder le casque ?

Ah oui, je l'avais oublié. Je lui rends et finalement l'invite à monter. J'ai l’impression étrange de faire une bêtise, d’être adolescente et de franchir un interdit. Mais qu’importe, je suis lancée et elle accepte. Je lui fais le tour de l'appart mais elle s'arrête surtout sur le sac plastique à l'entrée. Lui aussi je l'avais oublié.

— Tu veux boire quelque chose ?

— Non ça va merci.

— Dis, tu veux bien m'aider à choisir une tenue ?

— Moi ? Tu es sûre ?

— Oui, toi. J'aime bien ta façon d'être et j'ai vraiment envie de me sentir vivante. Alors un changement s'impose, en commençant par mes fringues.

Pas question qu'elle refuse. Je l’entraîne déjà devant l'armoire. Pour être tout à fait franche, je ne sais pas si elle va pouvoir m'aider. Je ne suis pas du genre à me faire remarquer et ça se ressent sur ma garde-robe. Celle-ci manque cruellement de fantaisie.

Mac sourit en découvrant mes piles de vêtements. Après examen, elle en sort quelques-uns, réfléchis, puis les range. Elle me demande alors de me préparer tandis qu’elle va revenir avec ce qu'il me faut. J'écoute sans broncher et la vois sortir précipitamment.

Elle revient enfin une heure plus tard. De son sac, elle sort un pantalon en faux cuir noir, un bustier et une veste assortie au pantalon. Je ne peux empêcher un petit cri de surprise et de satisfaction de s’échapper de mes lèvres en voyant ses choix vestimentaires.

Je peux mettre ça moi ?

Ça ne va pas être trop voyant ?

Trop aguicheur ?

Sur le coup, je ne suis plus très sûr de moi. Mais elle n'a fait que suivre mes directives, c’est moi qui lui ai dit de m'aider. C’est mon choix de vouloir faire des changements. Je remarque aussi qu'elle s'est changée également.

— En avant !

J'enfile tout ça, puis je me place devant le miroir. Et là c'est simplement…

— Oh My God !

Je voulais du changement, je suis servie. Le relooking vestimentaire me change totalement. On dirait un peu Olivia Newton-John à la fin de GREASE. Mac me rejoint, examine sa création, puis m’enlève ma pince à cheveux. Elle passe alors ses doigts dans ma chevelure pour donner l’effet qu’elle le souhaite.

— Ça c'est du changement. Dis-je.

— Où est passée la gentille Ambre ?

— Elle dort… Ce soir, je me laisse aller. Si j'ai appris une chose de ma rupture, c'est que je dois penser un peu à moi avant de tout donner aux autres. Depuis le temps que je veux me sentir plus libre, plus courageuse… Je crois que c'est le bon moment.

— Du moment que tu te sens bien. Tu fais ce que tu veux, ma jolie.

Nos reflets dans le miroir nous rapprochent au point de nous coller l’une à l’autre. Un silence s'installe alors que je rougis de nouveau. Mais que m’arrive-t-il ?

Elle s'écarte de moi et me montre l'heure. Lorie va m'engueuler si je ne suis pas à l'heure. Je me dépêche de mettre mes chaussures, et nous repartons.

Chapitre 3