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Ce document propose un corrigé clair et détaillé des épreuves du bac de français 2010, série L, sur le thème des réécritures.
Après la retranscription des quatre textes qui composent le corpus sur lequel portent les épreuves, on trouve la réponse à la question, puis une proposition de commentaire, de dissertation et d’invention. Un corrigé est le moyen le plus efficace pour vous rendre compte de ce qu’on attend de vous au bac et pour vous exercer. En plus, la structure des épreuves ne change jamais et certaines questions reviennent d’année en année…
Un dossier de référence, l’idéal pour préparer efficacement le bac !
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Seitenzahl: 49
Veröffentlichungsjahr: 2013
Pour le bac de français 2010 série L, il s’agissait d’explorer le thème suivant : « Les réécritures : le roman et ses personnages. »
Soucieux de corriger un texte, de l’adapter à un autre genre ou de l’égaler, certains auteurs ont recours à la réécriture, considérée comme une création littéraire à part entière. Dans certains cas, il s’agit de reproduire des rencontres, des profils psychologiques ou sociaux, des sentiments, sans toutefois tomber dans le vulgaire pastiche.
En lien avec cet objet d’étude, deux auteurs sont mis à l’honneur, plus précisément leurs personnages, à travers quatre extraits d’œuvres : le premier met en scène Gustave Flaubert qui, dans Mémoires d’un fou, relate son coup de foudre pour la belle Élisa Schelsinger ; le deuxième évoque Frédéric et Mme Arnoux dans L’Éducation sentimentale du même auteur ; on retrouve ensuite les mêmes protagonistes dans un autre extrait de L’Éducation sentimentale ; enfin, le dernier s’ouvre sur Blanche et Geoffroy dans Blanche ou l’Oubli de Louis Aragon.
L’étudiant tâchera tout d’abord de répondre à la question imposée selon une argumentation élaborée. Cette question porte directement sur les textes du corpus et permet notamment de vérifier les compétences de lecture du lycéen. Puis il devra, dans un deuxième temps, choisir entre trois travaux d’écriture : un commentaire, dans lequel il s’agit d’analyser un des textes du corpus ; une dissertation, qui porte sur une problématique plus vaste, tout en faisant appel aussi bien au corpus qu’à la culture générale de l’étudiant ; ou une invention, qui requiert davantage d’imagination.
Quel que soit le sujet choisi, l’étudiant dispose de quatre heures pour réaliser l’ensemble de ses rédactions.
C'EST À L'ÂGE DE 17 ANS, EN 1838, QUE FLAUBERT ACHÈVE LA RÉDACTION DE CETTE ÉBAUCHE DE FICTION AUTOBIOGRAPHIQUE, QUI NE SERA PUBLIÉE QU'EN 1901. PENDANT LES VACANCES DE L'ÉTÉ 1836, IL A RENCONTRÉ ÉLISA SCHLESINGER, QUI INSPIRERA LE PERSONNAGE DE Mme ARNOUX (VOIR TEXTES SUIVANTS). ELLE A ALORS 26 ANS, IL EN A 15.
J'allais souvent seul me promener sur la grève. Un jour, le hasard me fit aller vers l'endroit où l'on se baignait. C'était une place, non loin des dernières maisons du village, fréquentée plus spécialement pour cet usage ; hommes et femmes nageaient ensemble, on se déshabillait sur le rivage ou dans sa maison et on laissait son manteau sur le sable.
Ce jour-là, une charmante pelisse[1] rouge avec des raies noires était laissée sur le rivage. La marée montait, le rivage était festonné[2] d'écume ; déjà un flot plus fort avait mouillé les franges de soie de ce manteau. Je l'ôtai pour le placer au loin – l'étoffe en était moelleuse et légère, c'était un manteau de femme.
Apparemment on m'avait vu, car le jour même, au repas de midi, et comme tout le monde mangeait dans une salle commune, à l'auberge où nous étions logés, j'entendis quelqu'un qui me disait :
« Monsieur, je vous remercie bien de votre galanterie. Je me retournai –, c'était une jeune femme assise avec son mari à la table voisine.
– Quoi donc ? lui demandai-je, préoccupé.
– D'avoir ramassé mon manteau ; n'est-ce pas vous ?
– Oui, madame, repris-je, embarrassé. »
Elle me regarda.
Je baissai les yeux et rougis. Quel regard, en effet ! Comme elle était belle, cette femme ! Je vois encore cette prunelle ardente sous un sourcil noir se fixer sur moi comme un soleil.
Elle était grande, brune, avec de magnifiques cheveux noirs qui lui tombaient en tresses sur les épaules ; son nez était grec, ses yeux brûlants, ses sourcils hauts et admirablement arqués, sa peau était ardente et comme veloutée avec de l'or ; elle était mince et fine, on voyait des veines d'azur serpenter sur cette gorge brune et pourprée. Joignez à cela un duvet fin qui brunissait sa lèvre supérieure et donnait à sa figure une expression mâle et énergique à faire pâlir les beautés blondes. On aurait pu lui reprocher trop d'embonpoint ou plutôt un négligé artistique. Aussi les femmes en général la trouvaient-elles de mauvais ton. Elle parlait lentement : c'était une voix modulée, musicale et douce... Elle avait une robe fine, de mousseline blanche, qui laissait voir les contours moelleux de son bras.
Quand elle se leva pour partir, elle mit une capote[3] blanche avec un seul nœud rose ; elle le noua d'une main fine et potelée[4], une de ces mains dont on rêve longtemps et qu'on brûlerait de baisers.
LE 15 SEPTEMBRE 1840, SUR UN BATEAU, LA VILLE-DE-MONTEREAU, QUI DESCEND LA SEINE DEPUIS PARIS JUSQU'AU HAVRE, FRÉDÉRIC MOREAU, UN BACHELIER DE 18 ANS, RENCONTRE UNE FEMME..
Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. Ses bandeaux[5] noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l'ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l'air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait d'observer une chaloupe sur la rivière.