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Ce document propose un corrigé clair et détaillé des épreuves du bac de français 2011, série L, sur le thème du théâtre. Après la retranscription des quatre textes qui composent le corpus sur lequel portent les épreuves, on trouve la réponse à la question, puis une proposition de commentaire, de dissertation et d’invention.
Un corrigé est le moyen le plus efficace pour vous rendre compte de ce qu’on attend de vous au bac et pour vous exercer. En plus, la structure des épreuves ne change jamais et certaines questions reviennent d’année en année…
Un dossier de référence, l’idéal pour préparer efficacement le bac !
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2013
Pour le bac de français 2011 série L, il s’agissait d’explorer le thème suivant : « Le théâtre : texte et représentation. »
Depuis l’Antiquité gréco-romaine, le théâtre rassemble un certain nombre d’adeptes. Tour à tour lieu de spectacles et de représentations, de témoignages et de revendications sociales, politiques et idéologiques, le genre plait en cela qu’il offre un effet cathartique à ses spectateurs. Et si aujourd’hui il détient une place de choix dans la littérature française, il ne faut pas oublier qu’il a dû se battre contre la censure et l’errance.
En lien avec cet objet d’étude, trois dramaturges sont mis à l’honneur, plus précisément la transformation de leurs personnages, qu’ils traitent avec beaucoup de dissemblance, à travers trois extraits d’œuvres : le premier montre Jupiter se transformant en humain dans Amphitryon 38 de Jean Giraudoux ; le deuxième évoque au contraire un humain se métamorphosant en animal dans Rhinocéros d’Eugène Ionesco ; enfin, le dernier met en scène le docteur Jekyll se changeant en Mr Hyde dans Le Cas Jekyll de Christine Montalbetti.
L’étudiant tâchera tout d’abord de répondre à la question imposée selon une argumentation élaborée. Cette question porte directement sur les textes du corpus et permet notamment de vérifier les compétences de lecture du lycéen. Puis il devra, dans un deuxième temps, choisir entre trois travaux d’écriture : un commentaire, dans lequel il s’agit d’analyser un des textes du corpus ; une dissertation, qui porte sur une problématique plus vaste, tout en faisant appel aussi bien au corpus qu’à la culture générale de l’étudiant ; ou une invention, qui requiert davantage d’imagination.
Quel que soit le sujet choisi, l’étudiant dispose de quatre heures pour réaliser l’ensemble de ses rédactions.
JUPITER VEUT SÉDUIRE ALCMÈNE QUI EST RÉSOLUMENT FIDÈLE À AMPHITRYON, SON MARI. POUR L’APPROCHER ET PARVENIR À SES FINS, IL LUI FAUT DONC ÉLOIGNER CELUI-CI EN L’ENVOYANT À LA GUERRE ET PRENDRE SON APPARENCE TANDIS QUE MERCURE PRENDRA CELLE DE SOSIE, LE SERVITEUR D’AMPHITRYON. JUPITER ACHÈVE SA MÉTAMORPHOSE AVANT DE SE PRÉSENTER DEVANT ALCMÈNE.
MERCURE :C’est votre corps entier qui doit être sans défaut… Venez là, à la lumière, que je vous ajuste votre uniforme d’homme… Plus près, je vois mal.
JUPITER :Mes yeux sont bien ?
MERCURE :Voyons vos yeux… Trop brillants… Ils ne sont qu’un iris, sans cornée, pas de soupçon de glande lacrymale ; - peut-être allez-vous avoir à pleurer ; - et les regards au lieu d’irradier des nerfs optiques, vous arrivent d’un foyer extérieur à vous à travers votre crâne… Ne commandez pas au soleil vos regards humains. La lumière des yeux terrestres correspond exactement à l’obscurité complète dans notre ciel… Même les assassins n’ont là que deux veilleuses… Vous ne preniez pas de prunelles, dans vos précédentes aventures ?
JUPITER :Jamais, j’ai oublié… Comme ceci, les prunelles ?
MERCURE :Non, non, pas de phosphore[1]… Changez ces yeux de chat ! On voit encore vos prunelles au travers de vos paupières quand vous clignez… On ne peut se voir dans ces yeux-là… Mettez-leur un fond.
JUPITER :L’aventurine[2] ne ferait pas mal, avec ses reflets d’or.
MERCURE :À la peau maintenant !
JUPITER :À ma peau ?
MERCURE :Trop lisse, trop douce, votre peau… C’est de la peau d’enfant. Il faut une peau sur laquelle le vent ait trente ans soufflé, qui ait trente ans plongé dans l’air et dans la mer, bref qui ait son goût, car on la goûtera. Les autres femmes ne disaient rien, en constatant que la peau de Jupiter avait goût d’enfant ?
JUPITER :Leurs caresses n’en étaient pas plus maternelles.
MERCURE :Cette peau-là ne ferait pas deux voyages… Et resserrez un peu votre sac humain, vous y flottez !
JUPITER :C’est que cela me gêne… Voilà que je sens mon cœur battre, mes artères se gonfler, mes veines s’affaisser… Je me sens devenir un filtre, un sablier de sang… L’heure humaine bat en moi à me meurtrir. J’espère que mes pauvres hommes ne souffrent pas cela…
MERCURE :Le jour de leur naissance et le jour de leur mort.
JUPITER :Très désagréable, de se sentir naître et mourir à la fois.
MERCURE :Ce ne l’est pas moins, par opération séparée.
JUPITER :As-tu maintenant l’impression d’être devant un homme ?
MERCURE :Pas encore. Ce que je constate surtout, devant un homme, devant un corps vivant d’homme, c’est qu’il change à chaque seconde, qu’incessamment il vieillit. Jusque dans ses yeux, je vois la lumière vieillir.
JUPITER :Essayons. Et pour m’y habituer, je me répète : je vais mourir, je vais mourir…
MERCURE :Oh ! Oh ! Un peu vite ! Je vois vos cheveux pousser, vos ongles s’allonger, vos rides se creuser… Là, là, plus lentement, ménagez vos ventricules. Vous vivez en ce moment la vie d’un chien ou d’un chat.
JUPITER :Comme cela ?
MERCURE :Les battements trop espacés maintenant. C’est le rythme des poissons… Là… là… Voilà ce galop moyen, cet amble[3], auquel Amphitryon reconnaît ses chevaux et Alcmène le cœur de son mari…
JUPITER :Tes dernières recommandations ?
MERCURE :Et votre cerveau ?
JUPITER :Mon cerveau ?
MERCURE :Oui, votre cerveau… Il convient d’y remplacer d’urgence les notions divines par les humaines… Que pensez-vous ? Que croyez-vous ? Quelles sont vos vues de l’univers, maintenant que vous êtes homme ?
JUPITER :Mes vues de l’univers ? Je crois que cette terre plate est toute plate, que l’eau est simplement de l’eau, que l’air est simplement de l’air, la nature la nature, et l’esprit l’esprit… C’est tout ?
MERCURE :Avez-vous le désir de séparer vos cheveux par une raie et de les maintenir par un fixatif ?
JUPITER :En effet, je l’ai.
MERCURE :Avez-vous l’idée que vous seul existez, que vous n’êtes sûr que de votre propre existence ?
JUPITER :Oui. C’est même très curieux d’être ainsi emprisonné en soi-même.
MERCURE :Avez-vous l’idée que vous pourrez mourir un jour ?
JUPITER :