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Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur est un recueil de neuf nouvelles policières, écrites par Maurice Leblanc, qui constituent les premières aventures d'Arsène Lupin. La couverture en couleurs de l'édition originale est dessinée par Henri Goussé.
La première nouvelle du recueil, L'Arrestation d'Arsène Lupin, est publiée en juillet 1905 dans le journal Je sais tout. Il s'agit de la première nouvelle mettant en œuvre Arsène Lupin. Celle-ci ayant rencontré un réel succès, Maurice Leblanc est encouragé à écrire la suite par son éditeur. Or, comme l'auteur est perplexe sur la façon de poursuivre les aventures d'un héros qui vient d'être coffré, l'éditeur lui suggère de le faire évader. La saga du gentleman-cambrioleur est née. Plusieurs nouvelles paraissent dans Je sais tout, à intervalles irréguliers, jusqu'en 1907, avant d'être regroupées en volume.
Le recueil sort en librairie le 10 juin 1907.
Il regroupe les nouvelles suivantes :
L'Arrestation d'Arsène Lupin, publication initiale dans Je sais tout no 6, 15 juillet 1905
Arsène Lupin en prison, publication initiale dans Je sais tout no 11, 15 décembre 1905, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin en prison
L'Évasion d'Arsène Lupin, publication initiale dans Je sais tout no 12, 15 janvier 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : L'Évasion d'Arsène Lupin
Le Mystérieux Voyageur, publication initiale dans Je sais tout no 13, 15 février 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : Le Mystérieux Voyageur
Le Collier de la reine, publication initiale dans Je sais tout no 15, 15 avril 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : Le Collier de la reine
Le Coffre-fort de madame Imbert2, publication initiale dans Je sais tout no 16, 15 mai 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : Le Coffre-fort de madame Imbert
Sherlock Holmès arrive trop tard, publication initiale dans Je sais tout no 17, 15 juin 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : Sherlock Holmes arrive trop tard – Noter qu'entre la publication dans le périodique et la publication en recueil, Sherlock Holmes est devenu Herlock Sholmès, à la suite d'une protestation de Conan Doyle, « père du vrai Sherlock Holmes »
La Perle noire, publication initiale dans Je sais tout no 18, 15 juillet 1906, sous le titre La Vie extraordinaire d'Arsène Lupin : La Perle noire
Le Sept de cœur, publication initiale dans Je sais tout no 28, 15 mai 1907, sous le titre Comment j'ai connu Arsène Lupin : Le Sept de cœur
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Veröffentlichungsjahr: 2021
Il n’est point de touriste digne de ce nom qui ne connaisse les bords de la Seine, et qui n’ait remarqué, en allant des ruines de Jumièges aux ruines de Saint-Wandrille, l’étrange petit château féodal du Malaquis, si fièrement campé sur sa roche, en pleine rivière. L’arche d’un pont le relie à la route. La base de ses tourelles sombres se confond avec le granit qui le supporte, bloc énorme détaché d’on ne sait quelle montagne et jeté là par quelque formidable convulsion. Tout autour, l’eau calme du grand fleuve joue parmi les roseaux, et des bergeronnettes tremblent sur la crête humide des cailloux.
L’histoire du Malaquis est rude comme son nom, revêche comme sa silhouette. Ce ne fut que combats, sièges, assauts, rapines et massacres. Aux veillées du pays de Caux, on évoque en frissonnant les crimes qui s’y commirent. On raconte de mystérieuses légendes. On parle du fameux souterrain qui conduisait jadis à l’abbaye de Jumièges et au manoir d’Agnès Sorel, la belle amie de Charles VII.
Dans cet ancien repaire de héros et de brigands, habite le baron Nathan Cahorn, le baron Satan, comme on l’appelait jadis à la Bourse où il s’est enrichi un peu trop brusquement. Les seigneurs du Malaquis, ruinés, ont dû lui vendre, pour un morceau de pain, la demeure de leurs ancêtres. Il y a installé ses admirables collections de meubles et de tableaux, de faïences et de bois sculptés. Il y vit seul, avec trois vieux domestiques. Nul n’y pénètre jamais. Nul n’a jamais contemplé dans le décor de ces salles antiques les trois Rubens, qu’il possède, ses deux Watteau, sa chaire de Jean Goujon, et tant d’autres merveilles arrachées à coups de billets de banque aux plus riches habitués des ventes publiques.
Le baron Satan a peur. Il a peur non point pour lui, mais pour les trésors accumulés avec une passion si tenace et la pers-picacité d’un amateur que les plus madrés des marchands ne peuvent se vanter d’avoir induit en erreur. Il les aime. Il les aime âprement, comme un avare ; jalousement, comme un amoureux.
Chaque jour, au coucher du soleil, les quatre portes bardées de fer, qui commandent les deux extrémités du pont et l’entrée de la cour d’honneur, sont fermées et verrouillées. Au moindre choc, des sonneries électriques vibreraient dans le silence. Du côté de la Seine, rien à craindre : le roc s’y dresse à pic.
Or, un vendredi de septembre, le facteur se présenta comme d’ordinaire à la tête de pont. Et, selon la règle quotidienne, ce fut le baron qui entrebâilla le lourd battant.
Il examina l’homme aussi minutieusement que s’il ne connaissait pas déjà, depuis des années, cette bonne face réjouie et ces yeux narquois de paysan, et l’homme lui dit en riant :
– C’est toujours moi, monsieur le baron. Je ne suis pas un autre qui aurait pris ma blouse et ma casquette.
– Sait-on jamais ? murmura Cahorn.
Le facteur lui remit une pile de journaux. Puis il ajouta :
– Et maintenant, monsieur le baron, il y a du nouveau.
– Du nouveau ?
– Une lettre… et recommandée, encore.
Isolé, sans ami ni personne qui s’intéressât à lui, jamais le baron ne recevait de lettre, et tout de suite cela lui parut un événement de mauvais augure dont il y avait lieu de s’inquiéter.
Quel était ce mystérieux correspondant qui venait le relancer dans sa retraite ?
– Il faut signer, monsieur le baron.