Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Un hôpital psychiatrique, un mode hors de notre dimension, le Londres de Sherlock Holmes et de Jack L'éventreur sont les lieux dans lesquels nous entraîne Niamor Itrebla. Il mêle imaginaire et réel pour bouger les lignes et vous faire vivre de folles aventures. Parce qu'il dessine à travers ses personnages des pans de l'âme et de la société humaines, chaque fois que vous lirez ces histoires à différents moments de votre vie, vous pourrez en extraire de nouvelles réflexions. A vous de choisir la manière dont vous souhaitez lire et relire ce recueil : comme trois contes ou un chemin...
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 84
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
UNE HISTOIRE DE FOU
Chapitre l : Point de vue du malade
Chapitre 2 : Point de vue du psy
Chapitre 3 : Echec au fou
Chapitre 4 : Première partie d'échecs
Chapitre 5 : Premier dialogue
Chapitre 6 : La chasse aux gnomes
Chapitre 7 : La morale
Chapitre 8 : Au clair de la lune
Chapitre 9 : La grande épopée
Chapitre 10 : Deuxième partie
Chapitre 11 : Les obligations du témoin
Chapitre 12 : Troisième partie d’échecs
Chapitre 13 : La direction
Chapitre 14 : La cérémonie
Chapitre 15 : Fin de la partie
Chapitre 16 : La lettre
Epilogue
L’Arène : Minotaure Et Matador
Chapitre 1 : « Au Secours ! »
Chapitre 2 : Pauvre Mère
Chapitre 3 : Combat De Coqs
Chapitre 4 : Le Drapeau Libérateur
Chapitre 5 : Augustes Et Le Clown Blanc
Chapitre 6 : Carnage
Chapitre 7 : L’Homme Dans Toute Sa Splendeur
Chapitre 8 : Une belle fin !
REALITY SHOW
Chapitre 1 : Disparition
Chapitre 2 : Terror in London
Chapitre 3 : The star
Chapitre 4 : The lodging house
Chapitre 5 : Vampirism
Chapitre 6 : Jack The Ripper
Chapitre 7 : The Beast
Chapitre 8 : The end of my fight
Deux singes blancs se tiennent devant moi. L'un des deux, grand et costaud, reste tranquille tandis que l'autre, plus petit et beaucoup plus frêle mime de grands gestes pour m'inciter à les suivre. Ils émettent des sons stridents incompréhensibles à mon oreille peu habituée à leurs dialectes si particuliers « ouainh, ainh ... ain... ih... ih ... ainh ... ouh…ouh ». Je ne sais pas ce qu'ils veulent mais je vais les suivre.
Ma ridicule cellule m'oblige à sortir le dos courbé, plié en deux, certainement pour me rendre docile. Ils me mènent le long d'un immense couloir blanc immaculé. Tout ce blanc m'éblouit rapidement, moi qui n'ai vu la lumière du jour depuis une éternité, me semble-t-il. Je cligne deux, trois fois des yeux avant de m'apercevoir que le couloir en question ne finit pas de s'allonger. Il s'allonge, s'allonge, s'allonge ... Et s'allonge encore, et encore ...
Je commence à fatiguer, mes jambes se font lourdes et il m'est maintenant très pénible d'avancer. La langue asséchée, je déglutis avec grande difficulté. J'ai soif, terriblement soif. Mes gardiens n'ont pas l'air d'en souffrir, eux. Ce qui me renvoie à nouveau à mes douleurs, douleurs qui se veulent grandissantes. Enfin j'aperçois une porte au loin. Il est temps car je chancelle à chacun de mes pas.
Incroyable !!! Il ne m'a fallu qu'un centième de seconde pour atteindre cette maudite porte ! A croire que nous avons été téléportés.
Les deux singes me signent alors la politesse. J’entreprends donc la poignée, non sans une petite sueur froide et une furieuse envie de découvrir la suite. Un léger frisson me parcourt la colonne et me glace le sang. Je fais quelques pas dans la pièce.
Quelques tableaux présentant des enfants humains ornent les murs à la couleur naphtaline, à croire que la non-couleur est à la mode. Quelques certificats y sont parsemés par-ci, par là.
Un cri horrible provient de mes pieds. J'incline instinctivement mon regard. Un tapis rampe pour essayer vainement de s'extirper des pieds de la bibliothèque. Elle lui laboure les reins avec une jouissance non dissimulée. Pourtant, malgré cette violence gratuite, on ne peut réellement lui compter querelle à la manière dont elle entoure ses petits livres de son amour. Elle les tient à bout de bras avec cette fierté que seule une mère éprouve, cela se lit dans la prunelle de ses grands yeux vitrés : elle veut les faire contempler au monde entier. J'approche la main avec douceur vers l'un de ses marmots, mais je n'ai pas le cran de le lui arracher. Je ne suis pas sûr d'avoir la confiance nécessaire de la mère porteuse, protectrice de ses petits trésors.
Je détourne alors mes yeux légèrement sur ma droite pour voir apparaître comme par magie un gentil petit perroquet, coloré de magnifiques plumes tour à tour rougeoyant, jaunissant, verdoyant, bleutant. Il est perché sur un bureau des plus banals :
- Bonjour ! Me dit-il
- Oh, qu'il est mignon, il parle. Allez dit bonjour ... Bonjour.
- Comment allez-vous, Monsieur Claude ?
- Vous ... Vous dites des phrases sensées ...
- Bien sûr !
- Mais ... Vous ... Vous êtes un perroquet !
- Mouais ... Bon ... Je me présente : docteur Paradis
- Vous êtes mon nouveau psy. Marrant ça, un perroquet psy !»
Et je ris, je ris aux éclats, je ris à m'en faire décrocher la mâchoire. Le perroquet appelle alors les deux singes qui me ramènent très rapidement à ma cellule.
Et moi je ris toujours, à faire entendre ma gorge déployée dans les échos des murs sans fin.
Je suis tranquillement installé à mon bureau affairé studieusement au dossier d'un nouveau patient lorsque je le vois pour la première fois. Il se tient au pas de la porte, à scruter chaque recoin de la pièce. Les cheveux grisonnants et d'une fine allure, il serait malhonnête de ma part de cacher le fait qu'il s'agit d'un très bel homme, distingué par un charme hors du commun. Il aurait même pu travailler comme mannequin dans les magazines de mode. Ceci dit, il a l'air de ne prêter aucune attention à ma présence, jusqu'à ce qu'il tourne la tête dans ma direction. Ce qui me laisse un arrière-goût de vexation. Apparemment, il n'est pas décidé à ouvrir le dialogue. Je prends donc la parole le premier en essayant de lui adresser un accueil cordial :
« Bonjour ! » Lui prononcé-je avec politesse et courtoisie.
Sa réponse ne se fait pas attendre mais elle me décontenance un court instant :
« Oh, Qu'il est mignon, il parle. Allez dis bonjour, Bonjour. »
Ca y est. Mon collègue m'avait pourtant prévenu : «M. Claude prénommé Jean disjoncte complètement, c'est le malade le plus difficile que vous aurez à apprivoiser !». Bon, je ne vais pas me laisser démonter :
- Comment allez-vous, monsieur Claude ?
- Vous ... Vous dites des phrases sensées ...
- Bien sûr !
- Mais ... Vous ... Vous êtes un perroquet !
Ah ! Nous y voilà ! Il me prend pour un perroquet, et cela n'est pas étonnant à la façon dont je suis fagoté : un pantalon beige surmonté d'un pull bleu, avec deux pans rouges de la chemise tombant négligemment sur chaque côté. Je me rends alors honteusement compte à quel point je manque de goût.
Revenons à ce cher M Claude ! Autant ne pas le brusquer pour cette première rencontre. Je vais continuer en faisant abstraction de ses élucubrations, afin de mieux appréhender sa maladie, ses symptômes et ses caractéristiques.
- Mouais ... Bon… Je me présente : docteur Paradis.
- Vous êtes mon nouveau psy. Marrant ça, un perroquet psy!
Et il rit tellement fort que j'ai cru que j'allais perdre l'usage de mes tympans. Mais le plus gros du problème, c'est qu'il ne voulait plus s'arrêter. Dans l'impossibilité de lui faire entendre raison, et le sachant incontrôlable, je demande à mes deux assistants de le raccompagner dans sa chambre en lui prescrivant des pilules qui lui permettront, je l'espère, reprendre pied de temps en temps. Au moins, je sais à quoi m'en tenir et jusqu'où sa folie peut l'entraîner.
Je me décide pour la première fois à déjeuner à la cantine avec les pensionnaires de la clinique, pour me faire une opinion sur la manière dont les malades gèrent leur vie quotidienne et plus particulièrement M Claude. Je n'ai jusqu'à présent pu trouver la solution pour entrer en contact avec lui. Pourtant, il est venu à plusieurs entretiens et réunions mais il est toujours resté muet, sans aucune réaction. Il est dans ces moments-là comme vide, les yeux plongés dans le vague ... Je n'ai même pas eu le loisir, depuis notre première entrevue, d'apercevoir ne serait-ce que le son de sa voix ou de le revoir disjoncter. En l'observant dans son environnement, cela me permettra peut-être d'apprendre quelque chose de nouveau sur lui.
Je m'installe donc à une table. Tous les internes me jettent un regard froid doublé d'une pesante insistance, à croire que je commets une faute irréparable. Sans être pour autant perturbé, je pousse doucement la purée tiède à l'aide de ma fourchette dans la bouche. Elle n'est ni bonne ni mauvaise, elle est simplement sans aucune saveur. Comme la viande que je viens de commencer à mâchouiller (très élastique ce steak). Tout le monde semble maintenant tourné vers leurs assiettes, qui se vident à tours de bras. N'ayant tout de fois pas oublié le but de ma visite, je scrute la moindre réaction de mes compagnons de table.
Soudain, M. Claude se lève, marche avec sa douceur caractéristique vers une armoire, et en sort un objet rectangulaire. Il retourne à sa table, ouvre le boîtier pour en extraire un vieil échiquier en bois terne et mal vieilli. Il arrange avec lenteur toutes les pièces et joue, seul ! J'interpelle alors mon voisin de droite :
- M. François, pouvez-vous me dire si M Claude joue souvent aux échecs ?
- Tous les midis, docteur. Avant, il essayait de jouer avec un peu tout le monde, mais personne n'avait son niveau. Il s'est alors mit à jouer contre son double, lui-même je veux dire.
- Tiens, tiens ....
- Docteur ?
- Oui ... ?
- Je vais bientôt sortir ?
- Certainement. Venez dans mon bureau après la fin du repas, je vous en parlerai plus en détail. Mais vous avez fait d'énormes progrès, et je crois que vous pourrez bientôt rentrer chez vous !
-Oh ! Merci, merci docteur ! »
J'étais persuadé que manger ici ne serait pas une perte de temps. Et ce que je viens d'apprendre me le confirme : il aime jouer aux échecs, alors nous allons jouer aux échecs !