La violence des âmes brisées - Niamor Itrebla - E-Book

La violence des âmes brisées E-Book

Niamor Itrebla

0,0

Beschreibung

Recueil de 6 nouvelles Lorsqu'un être est brisé dans sa chair, il génère nécessairement directement ou indirectement de la violence. C'est le cas de ces personnages à la fois sombres et colorés : que ce soit le pauvre homme qui perd son travail, la jeune étudiant qui subit d'incessantes incivilités de la part des hommes, ou la grand-mère qui vit la mort de près. Ces situations dramatiques sont contées d'une plume cartoonesque, ce mélange est détonnant. Soyez assuré que vous n'aurez jamais rien lu de pareil !

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 126

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Sommaire

1ère Partie : A NOS ACTES MANQUES

Qui sème le vent…

Chapitre 1 : Une belle journée pour mourir

Chapitre 2 : L’ange déchu

Chapitre 3 : Un repos bien mérité

Chapitre 4 : L’ascension

Chapitre 5 : La Genèse

Chapitre 6 : Le purgatoire

Chapitre 7 : Le jugement

Chapitre 8 : Châtiment divin

Chapitre 9 : Résurrection

Une troublante ascension

Chapitre 1 : La rencontre

Chapitre 2 : Un amour naissant

Chapitre 3 : Les lois gravitationnelles

Chapitre 4 : La descente

Chapitre 5 : dernier étage

Chapitre 6 : Le rez-de-chaussée

Vire-moi !

Chapitre 1 : Une situation désastreuse

Chapitre 2 : Un choix cornélien :

Chapitre 3 : Une nuit agitée

Chapitre 4 : Un combat

Chapitre 5 : Revirements

Chapitre 6 : Destins croisés

2ème Partie : PASSAGE A L’ACTE

Le bouc-émissaire

Chapitre 1 : Les germes

Chapitre 2 : Les prémices d’une insurrection

Chapitre 3 : La suivante n’est jamais la dernière

Chapitre 4 : La traque

Chapitre 5 : La rupture

Chapitre 6 : Libéré de toutes contraintes

Chapitre 7 : La dernière

Ode à toutes les femmes

Chapitre 1 : La rage

Chapitre 2 : Le début d’un long périple

Chapitre 3 : Les premières gouttes

Chapitre 4 : Un monde machiste

Chapitre 5 : Tous des porcs !!!

Chapitre 6 : Si seulement…

Chapitre 7 : Mon héros, un homme comme les autres

Chapitre 8 : Carnage

Chapitre9 : Une main tendue

Chapitre 10 : dédicace spéciale

De l’autre côté du miroir

Chapitre 1 : L’appel de la faucheuse

Chapitre 2 : une larme

Chapitre 3 : Un rêve inoubliable

Chapitre 4 : Incomprise

Chapitre 5 : La transmission

Chapitre 6 : Révélation

Chapitre 7 : Fatalité

1ère Partie : A NOS ACTES MANQUES

Qui sème le vent…

Chapitre 1 : Une belle journée pour mourir

Encore allongé sur le lit, Mike fixe le plafond de sa chambre depuis une bonne demi-heure. Il fait peine à voir : le teint blême, amaigri, le regard vide, les mains croisées sur le torse, la mort dans l’âme. Il se lève enfin, avec nonchalance. Il pose les pieds au sol et se redresse machinalement, sans réfléchir. D’ailleurs, il ne pense plus à rien. Lobotomisé, le cerveau éteint, il marche dans la pénombre. A tâtons, il tente à plusieurs reprises de toucher l’interrupteur. Enfin la lumière l’accueille chaleureusement. Il s’habille, se traîne jusqu’à la cuisine et se verse une tasse de vieux café réchauffé. Il se saisit du calendrier collé sur la table. Une date est entourée par un marqueur rouge : c’est aujourd’hui.

Il s’était donné plusieurs semaines pour reprendre du poil de la bête, en vain. Il ne sait pas encore comment procéder mais il veut la sentir venir. Cela lui semble être un passage obligé, une sorte de rituel permettant d’accéder à une certaine forme de sagesse ou en tout cas une élévation de lui-même vers une indépendance de l’esprit, une appropriation de valeurs célestes par la connaissance, l’acceptation et la responsabilité de son acte. La religion s’est aussi immiscée dans ses nombreuses réflexions. Prier un dieu ? Soit, mais lequel ? S’il se trompe ? Il serait bien fâcheux de courroucer le marionnettiste ! Les prier tous ? Entre les dieux occidentaux, orientaux et amérindiens… Il n’a pas fini de se courber, les genoux à même le sol ! Sans compter les anciens dieux romains, grecs, égyptiens, vikings, gaulois au cas où… Et si jamais il devait en omettre un, juste un. Avec sa guigne, il serait certain de tomber sur celui-là même. Alors pour annihiler tout risque, il prendrait les mesures nécessaires et négocierait son salut directement avec le grand patron. Si toutefois il subsistait encore, seul sur son trône blanc.

Impassible, il déglutit son café par petites gorgées. De nombreuses possibilités lui viennent en tête mais aucune ne se détache vraiment des autres. Comment choisir ? La tasse à la main il se dirige vers l’un des tiroirs de la commode derrière lui. Il en extirpe une feuille vierge, jaunie et la déchire en morceaux. Sur chacun d’eux il y inscrit des mots. Puis il les plie et les plonge dans un chapeau poussiéreux. Il le secoue. Jaillit alors une sorte de champignon fumigène provoquant chez Mike une affreuse quinte de toux. Il plonge la main dans le détonateur, brasse l’ensemble. Il se saisit d’un mot et le découvre : strangulation.

Il saisit immédiatement ce qu’il lui reste à accomplir. Il descend chez le quincailler en bas de la rue. Deux cordes en suspension sur le crochet de l’étagère. Après une minutieuse inspection, il choisit la plus robuste. Il paye la note au comptoir et rentre chez lui avachi, les yeux dans les godasses. Il grimpe au grenier, enroule sa dernière acquisition autour de la poutre apparente après avoir pris soin de réaliser un magnifique nœud coulant. Satisfait, surélevé à l’aide d’un tabouret, il passe la tête dans le passant. Il inspire un dernier bol d’air. Le trépied bascule. La boucle se resserre autour de la gorge. Le corps est secoué de spasmes. Le visage crispé, sourire forcé, une grimace aux lèvres tendues, la salive coule le long des commissures. Les pieds gigotent. Il se balance au bout de la corde.

Il tombe violemment sur le sol. Elle s’est rompue. L’instinct de survie reprend ses droits. Mike écarte le nœud. L’air pénètre ses poumons, avec douleur. Comme un bébé qui vient de naître. La chaleur sanguine inonde ses artères, son cœur martèle son crâne, ses tempes martyrisées par d’incessantes attaques à répétitions.

Sa première pensée : « Eh Merde ! »

Abattu par cette défaite il n’en reste pas moins déterminé. Ce projet, il le mènera jusqu’à son terme. Cette fois le destin ne pourra se jouer de lui. La disgrâce est devenue sa maîtresse depuis bien trop d’années. Il est l’heure de s’en débarrasser. Retour donc à la case départ :la cuisine. Il secoue à nouveau le chapeau, plus délicatement cette fois. Il en extirpe un autre mot : train. Il ramasse les clés de la voiture sur le guéridon et se ravise sur le pas de la porte. Non, il n’a pas changé d’avis. Il emporte le chapeau, pour peu qu’il se loupe encore !

Il conduit jusqu’en rase campagne et gare la voiture sur le bas-côté, à cinquante mètres d’une voie de chemin de fer. Il s’agenouille, positionne son cou en travers du rail. Il entend la locomotive. Le sol tremble, la tension monte, il palpite ; Bien moins par peur que excitation. Il sourit, dans quelques instants le couperet. La fin approche ! Soudain, une complainte de ferraille, strident, siffle dans l’air. Les oiseaux, apeurés, prennent leur envol. L’effroyable chant de mort, bestial et mécanique se rompt soudainement dans le silence. L’atmosphère figée, pesante d’une campagne plongée dans la grisaille. Des secondes suspendues, une pause macabre, une interruption dans le cours de la vie, une réticence à vous glacer le sang. Rien ne parait reprendre dans ce cimetière… Une lente expiration, Mike observe l’horizon. Le train s’est arrêté, des hommes accourent. Il réagit, prend les jambes à son cou et démarre sa voiture en trombe…

La bataille est longue et semée d’embûches. Mais il ne s’en laissera pas compter. Il mourra, n’en déplaise à dame fortune. Cette dernière semble vouloir s’accrocher à ses basques, prête à toutes les bassesses pour parvenir à ses fins. Manipulation et chantage affectif, des armes dont il s’avère à présent rompu. Mais il ne dérivera pas de son combat, un combat à mort, héroïque…

Chapitre 2 : L’ange déchu

Sa fuite l’amène un peu plus loin, à l’abri des regards pour un troisième mot : falaise. Et le voilà aux abords d’une chute mortelle. Le vide l’appelle. Une sensation bizarre l’enveloppe, une douce appréhension mélangée à une vive excitation vertigineuse. Pour la première fois depuis longtemps il est bien, confiant. Il se laisse porter par le courant du moment. Nulle question négative, écrasante. Le néant dans sa tête et devant lui. Les bras déployés, majestueux, la poitrine gonflée, Mike décolle les pieds du sol et plane…

Mais il est vite avalé par l’attraction terrestre. Ce fut rapide, plus rapide qu’il ne l’imaginait. Il a mal. Il pousse sur ses bras et ses jambes, il tient debout. Ses coudes et ses genoux sont écorchés, une épaule le rappelle à l’ordre. Encore étourdi, la situation « l’écharppe ». Il s’est fracassé sur une plateforme naturelle, une excroissance rocheuse à environ deux ou trois mètres du sommet. Une fois le brouillard dissipé de son cerveau, Mike saute et se hisse hors du gouffre. Ce n’est pas ainsi qu’il devait en terminer !

Avant de reprendre les hostilités, ses entrailles le trahissent, son estomac grogne. Il n’est pas en capacité de résister. Accompagné de son guide feutré, il attaque sans vergogne une assiette de charcuterie, en guise d’entrée, à la terrasse d’un café villageois. L’entre deux plats lui permet de se prélasser au soleil. Une bise vient lui caresser le visage. Des petits moutons blancs sautent dans le ciel bleu, au gré du vent. Le serveur lui apporte la côte de bœuf, sans un mot. Il croque à pleines dents la chair tendre et sanguinolente. A peine eut-il enfourné la dernière bouchée qu’il se lèche aussitôt les babines devant un fondant au chocolat. Il s’en délecte : l’onctuosité sous la langue, le coulis dégouline dans la gorge. Il s’émerveille de la douceur du mœlleux, de la générosité du cacao : un délice ! Le bonheur au bout de ses doigts, il lèche les vestiges d’un palais royal englouti. Toutes ces couleurs, ces saveurs ont émoustillé les papilles gustatives d’un homme blasé, affamé après des années d’abstinence, de platitude, d’un quotidien fade et sans surprise.

Requinqué, empli d’une énergie nouvelle, il se saisit du papier tendu par son compagnon d’infortune : poudre. Après avoir payé le repas agrémenté d’un pourboire à la mesure de son épanouissement culinaire, Mike monte dans la voiture et roule. Sans destination précise, il roule. C’est tout. Il traverse plusieurs villages et campagnes. Il quitte soudainement la départementale pour s’engouffrer sur un chemin de terre entre deux champs. Il ralentit. Les tracteurs ont laissé des empreintes si profondes qu’il serait risqué pour les amortisseurs et les essieux de la Clio de garder la même cadence. Mike est ainsi balloté de droite à gauche, dans l’habitacle. Il serre plusieurs fois les fesses sous les bruits d’une motte de terre raclant dangereusement le bas de caisse. Mais il continue, obstiné. De toute façon, il n’y a aucun espace pour rebrousser chemin. Alors aller de l’avant reste ce qu’il y a de mieux à faire ! La route se rétrécit. Les broussailles giflent la carrosserie. Le shaker ambulant malmène ainsi son passager jusqu’à l’orée d’une forêt, sur l’autre versant de la colline. Mike, dans un souffle de relâchement, s’exclame : « Quelle aventure ! »

Après s’être étiré succinctement chaque muscle douloureux, il ouvre la boite à gants et empoigne un revolver. Certes ce dernier date de la seconde guerre, il est néanmoins en parfait état. Enfin un bien d’héritage qui va avoir son utilité. Mike s’assure d’être bien seul, à l’abri des regards indiscrets, avant de sortir de la machine infernale. Il s’assoit sur le capot. Il appuie d’abord l’arme sous le menton. Une image lui revient aussitôt en mémoire : le patient d’un hôpital défiguré, un trou béant à la place d’une partie de son visage. Selon le documentaire l’homme se serait raté avec l’arme de son père dans la même configuration. Mike positionne alors le canon sur la tempe. Ne pas flancher. Le doigt se raidit sur la gâchette. Il ferme les yeux. Le coup va partir. La sueur perle son front. Soudain, Mike bascule en arrière. La balle fuse dans les nuages. Un 4x4 a malencontreusement percuté la Clio. Sous la détonation, il n’a pas demandé son reste et s’est enfui, à vive allure.

Chapitre 3 : Un repos bien mérité

Ce n’est décidément pas son jour. Rien ne se passe comme il l’avait prévu. Le destin en aurait-il décidé autrement, ou n’est ce qu’un mauvais concours de circonstances ? Il se sent minable. Même pour mourir, il n’est pas à la hauteur. La plupart de ceux qui s’y sont vraiment essayés avant lui ont réussi du premier coup, voire du second. Quelle honte !

Il retourne chez lui sans prendre attention à ce qui l’entoure, l’esprit comme ailleurs. A tel point qu’il manque de se faire éclater le crâne par un pot de fleur tombé du paradis (ou plutôt du quatrième étage), de se faire happer par la bouche des enfers (une bouche d’égout ouverte probablement oubliée par un ouvrier étourdi), de prendre son envol (culbuté par un camion), de se faire pénétrer par la voie divine (un échange de coups de feu entre gangs et policiers) … Il ne s’est rendu compte de rien. Et ce n’est pas fini. Il passe le seuil de la porte. Son pied glisse sur un prospectus. Il est projeté en avant, la tête la première. Il n’aurait plus qu’à se laisser choir, le crâne se fracassant sur le sol comme une noix de coco. Le lait cérébral étalé sur le carrelage. Mais l’instinct de survie, encore lui, prend le contrôle et à grands moulinets de bras se rattrape in extremis. Mike grogne les dents serrées : « Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! Autant se coucher, demain est un autre jour ! » Et c’est avec cette belle résolution qu’il éteignit la lumière et ferma les paupières.

Il sursaute. On tambourine à sa porte. Il se lève, ramasse le prospectus coupable du déséquilibre de la veille. Il put déchiffrer le gros titre : « Les clés du Paradis ». « Décidément ces foutues sectes sont en recrudescence » pense-t-il tout haut. Il fait pivoter la poignée. Deux hommes en uniforme lui font face :

- M Angel, Mike Angel ?

- Oui…

- Veuillez nous suivre s’il vous plait.

- Pourquoi ?

- Nous souhaitons vous interroger.

- On ne peut pas faire cela ici ?

- Nous préférerions que cela se passe au commissariat. Mais si vous voulez nous pouvons revenir avec un mandat.

- Ce ne sera pas nécessaire. Que me reprochez-vous ?

- Nous avons juste quelques points à éclaircir avec vous. Nous vous expliquerons au bureau.

- Soit. Je m’empare de mon manteau et vous emboite le pas.

Chapitre 4 : L’ascension

- M Angel, pouvez-vous me confirmer que vous connaissez bien Mme Mary Angel, M Jud Pierre, M Donald King, et M Luc Kiefer.

- Bien sûr. Je ne comprends toujours pas la raison de ma présence.

- Nous y reviendrons plus tard. Commençons par Mary Angel. Elle est votre épouse, n’est-ce-pas ?

- Oui mais nous sommes séparés depuis plusieurs mois.

- Que s’est-il passé ?

Le policier se tient devant lui, les bras croisés sur un petit ventre bedonnant. Il tapote du pied, la patience n’est apparemment pas la qualité qui le domine. Le visage dissimulé derrière une moustache bien fournie, drue, noire et de petites lunettes rondes, ses yeux globuleux fixent Mike, à l’affut du plus petit indice comportemental.