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Le nationalisme palestinien émerge dans la seconde moitié du XIXe siècle, porté par des notables locaux et des personnalités religieuses. D'emblée, il se positionne contre l'idée de l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine. En 1948, la création de l'État d'Israël occasionne la première confrontation armée entre...

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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ISBN : 9782341001885

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Autorité palestinienne

Introduction

Le nationalisme palestinien émerge dans la seconde moitié du XIXe siècle, porté par des notables locaux et des personnalités religieuses. D’emblée, il se positionne contre l’idée de l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine. En 1948, la création de l’État d’Israël occasionne la première confrontation armée entre celui-ci et ses voisins arabes. Ce que les Palestiniens appellent la nakba (la « catastrophe ») renvoie également à la dispersion de la population. À l’issue de la guerre, le peuple palestinien se compose, en effet, principalement de réfugiés établis au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Égypte. L’exode de 1948 a, par ailleurs, affecté la société palestinienne de « l’intérieur », privée de ses élites. La « question » palestinienne est alors défendue sur la scène régionale par certains dirigeants arabes, notamment Nasser, qui l’intègrent à des revendications panarabes plus larges. L’Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.) naît ainsi, en 1964, comme émanation de la Ligue arabe.

Mais la sévère défaite des armées arabes contre Israël en 1967 conduit à l’émergence d’une nouvelle génération de Palestiniens, qui cherchent alors à autonomiser la « question » palestinienne du nationalisme arabe. La prise de pouvoir de Yasser Arafat au sein de l’O.L.P., en 1969, symbolise ce tournant.

La ligne politique de l’organisation connaît des évolutions notoires entre la grande période de lutte « révolutionnaire » des années 1970 menée depuis la Jordanie, puis le Liban, et l’acceptation d’un processus de paix au début de la décennie de 1990. À Tunis, où elle trouve refuge à partir de 1982, la centrale palestinienne accepte ainsi progressivement l’idée d’un partage du territoire avec Israël. Elle adopte, en 1988, la Déclaration d’indépendance de la Palestine, qui proclame l’existence d’un État en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le mouvement national palestinien donne aussi, de plus en plus, priorité à la recherche d’une solution négociée plutôt qu’à la lutte armée.

La signature des accords de paix, dits d’Oslo (où ils ont été négociés) ou de Washington (où ils furent paraphés), le 13 septembre 1993, consacre la reconnaissance mutuelle entre Israël et l’O.L.P. Elle consacre également l’émergence d’une nouvelle institution, l’Autorité palestinienne, qui a pour mission de gérer les affaires civiles des populations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ces accords butent toutefois sur le règlement du contentieux territorial. Les retraits israéliens des territoires sont loin de répondre aux attentes de la population et de la direction palestiniennes. Partiels, ils créent une situation de discontinuité extrême qui rend difficile toute activité économique.

L’échec de la « paix d’Oslo » est patent en septembre 2000, lorsque la violence armée reprend entre les deux camps. La répression militaire israélienne, couplée à la détérioration de la situation économique et à l’absence de toute perspective politique, contribuent à saper la légitimité des proches de Yasser Arafat et de son parti, le Fatah. Dans ce contexte, les islamistes du Hamas, qui se sont d’emblée opposés aux accords d’Oslo, apparaissent comme une alternative.

Autorité palestinienne : drapeau. Autorité palestinienne (1922, de facto). Les trois bandes horizontales d'égale largeur, noire, blanche et verte, et le triangle rouge basé sur le guindant représentent les dynasties arabes. Le drapeau de la révolte arabe de 1917 comportait déjà trois bandes horizontales, noire, verte, blanche, et un triangle rouge. Il avait été dessiné en vue d'un État uni regroupant les territoires qui correspondent aujourd'hui à la Syrie, au Liban, à Israël, aux Territoires palestiniens et à la Jordanie. En 1922, l'ordre des bandes fut modifié pour améliorer leur visibilité. Les habitants non juifs de la région (aujourd'hui appelés Palestiniens) adoptèrent alors ce drapeau comme symbole de leur lutte pour la création d'un d'État indépendant. L'Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.) en fit son drapeau officiel le 1er décembre 1964. Au terme des négociations tenues avec l'O.L.P., Israël accepta en 1993 de voir ce drapeau flotter dans le ciel et l'Autorité palestinienne, créée la même année, le fit sien.

Olivier CARRÉ

Aude SIGNOLES

1. Les origines du nationalisme palestinien

Il y a une culture palestinienne arabe originale depuis quelques décennies, dans le creuset de la culture arabe moderne. Au sein du réveil culturel et politique arabe, voire panarabe, depuis les années 1860, un mouvement palestinien se singularise du fait de la confrontation concrète au « foyer national juif » puis, depuis 1948, à l’État d’Israël. Les moments forts de ce mouvement sont d’abord la révolte de 1936-1938 contre la puissance mandataire britannique et contre le foyer juif sioniste, puis la guerre israélo-arabe de 1948 et, en conséquence de la dispersion et dépossession partielles de nombreux Palestiniens, la formation de mouvements organisés de résistance, qui se coalisent et s’affirment après la nouvelle défaite arabe de 1967. Troisième moment fort : confrontation avec les armées jordanienne en Jordanie en 1970-1971 et syrienne au Liban en 1976. Quatrième moment : le démantèlement systématique des forces palestiniennes concentrées au Liban-Sud et dirigées à Beyrouth, par les offensives israéliennes en 1978 et 1982 et syriennes (ou libanaises prosyriennes) en 1983 et 1986-1988. Le cinquième moment fort commence en décembre 1987 avec le Soulèvement général à Gaza et en Cisjordanie (Judée-Samarie) qui se heurte à l’armée israélienne. Échec devant Israël, échec face aux États arabes voisins ? Le « soulèvement », qui débouche sur la conclusion d’un accord de paix bilatéral israélo-palestinien en 1993, est-il finalement en mesure de limiter ce double échec ?

• Les Palestiniens face au mouvement sioniste

À partir de 1516, la Palestine fait partie, dans l’État musulman des Turcs ottomans, de la province de Damas. Après 1888, elle est administrativement divisée entre le département (vilayet) de Beyrouth au nord et le sanjak autonome de Jérusalem au sud, qui s’étend à l’ouest jusqu’à Jaffa et Gaza.

En 1914, la Palestine, du littoral méditerranéen (depuis Gaza au sud jusqu’aux approches de Tyr au nord) au fleuve Jourdain, compte environ 730 000 habitants, dont 60 000 à 80 000 Juifs. Parmi ces derniers, la plupart sont récemment immigrés d’Europe et de Russie, certains sont palestiniens (résidant en Palestine) depuis des siècles et arabophones.

En effet, l’arabisation de la Palestine et son islamisation sont un fait culturel et religieux, à peine un fait de peuplement. Le même Palestinien – le même « Hébreu » , au cours du temps, a changé de langue (cananéenne, hébraïque, araméenne, grecque, latine quelque peu, arabe, puis, parfois, turque) et de religion majoritaire (polythéiste, juive, chrétienne, musulmane).

Le sentiment national palestinien avant 1914

Avant la Première Guerre mondiale, peut-on parler d’un sentiment national palestinien arabe ? Oui, au sens d’un attachement local déterminé à la Galilée, à la région de Jérusalem et au littoral méditerranéen. La seule autre loyauté « nationale » connue concerne alors la vaste communauté musulmane qu’Istanbul incarne depuis plusieurs siècles de manière prestigieuse. Certes, un nationalisme arabe – panarabisme – est latent, du fait de la langue arabe, mais il ne s’exprime vraiment qu’à la fin de la première décennie du XXe siècle. Or, au même moment, le mouvement du sionisme politique, né en Europe à la fin du XIXe siècle, crée, en Palestine même, une discrimination progressive entre les Palestiniens juifs, grossis de colonies agricoles européennes de plus en plus nombreuses, et les Palestiniens non juifs. Les premiers adoptent peu à peu la langue hébraïque revivifiée, à la place de leur langue arabe traditionnelle et du turc.

Aussi, en Palestine, le réveil de la conscience nationale arabe prend-il l’accent propre d’une résistance à une poussée nationale contraire très concrète. C’est pourquoi les Palestiniens occupent une place importante dans les manifestations du nationalisme arabe au cours du XXe siècle. Il s’agit pour eux, en effet, non seulement de revendiquer une indépendance politique contre le Turc ottoman puis, après 1918, contre l’Anglais, mais aussi, et plus fondamentalement, de ne pas laisser s’échapper la terre et la vie palestiniennes entre les mains des immigrants juifs. Depuis 1871, notables palestiniens puis partis politiques et groupes de paysans, tant musulmans que chrétiens, demandent expressément, de manière récurrente, la prohibition de l’immigration juive européenne en Palestine et l’interdiction de leur appropriation des terres palestiniennes. C’est surtout aux grands propriétaires, souvent absentéistes, que les colonies juives achètent. Les paysans métayers ou fermiers qui cultivent ces terres doivent les quitter et s’installer ailleurs en Palestine, car les colons agricoles sionistes ont pour devise « le travail juif sur des terres juives ». D’où, de la part des paysans arabes palestiniens, quelques réactions violentes entre 1896 et 1914, et une résistance légale auprès de l’autorité ottomane, sans succès appréciable malgré l’interdiction par le sultan de l’installation de colonies agricoles juives. De manière lucide et prémonitoire, hélas, un ancien gouverneur du sanjak de Jérusalem, Nijib Azouri – un Libanais maronite, l’un des initiateurs du mouvement panarabe –, écrit dès 1905 que « l’effort latent des Juifs pour reconstituer sur une très large échelle l’ancienne monarchie d’Israël [...] se heurtera inéluctablement au réveil de la nation arabe ».

Déclaration Balfour et protestations palestiniennes

Les années 1915-1922 déterminent le sort de la Palestine et le drame futur des Palestiniens non juifs. En effet, la Grande-Bretagne, en 1915-1916, promet l’indépendance arabe de la région syrienne entière (hormis la zone libanaise, qui est déclarée non uniformément arabe et d’influence française), moyennant l’engagement arabe contre les Turcs dans la guerre mondiale. Mais, dans le même temps, un accord secret français, britannique et russe découpe les provinces arabes de l’Empire ottoman en train d’éclater en zones française, anglaise et russe sous la forme de mandats.

Le mandat britannique sur la Palestine, confié officiellement par la Société des Nations en 1922, est effectif dès 1918, lors de la victoire anglo-arabe sur les Turcs Ottomans en Palestine et en Syrie. Une déclaration Balfour, le 2 novembre 1917, cautionne d’avance la création en Palestine d’un « foyer national pour le peuple juif », « sans atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine », engagement intégré dans l’acte du mandat. Contrairement à l’attente du mouvement sioniste, la Transjordanie, à l’est du Jourdain, n’est pas incluse dans la Palestine mandataire par l’autorité britannique en 1922. Un haut-commissaire britannique gouverne directement cette Palestine. Profondément déçus dans les espérances nourries par des promesses de la Grande-Bretagne en 1915-1919, les nationalistes arabes palestiniens manifestent aussitôt une résistance à l’autorité britannique et à l’immigration juive : en 1919-1920, Congrès des associations islamo-chrétiennes palestiniennes ; en mars-avril 1920 et mai 1921, manifestations violentes de Tibériade, Nazareth, Naplouse et Hébron, puis Jaffa, au moment même où deux congrès nationaux arabes se tiennent à Damas (juill. 1919 et mars 1920) pour proclamer le Royaume constitutionnel arabe indépendant de la Grande Syrie sous le roi Fayçal. Ce dernier, dans la perspective de ce grand royaume, avait même accepté l’application des clauses de la déclaration Balfour, sous son autorité souveraine. Au contraire, l’application des mandats britannique et français annule ces espoirs et cette générosité. D’où, de nouveau, des violences à coloration musulmane, en août 1929. Des congrès arabes palestiniens prennent à Jérusalem la relève des congrès arabes (syriens) de Damas, de 1920 à 1928, avec un exécutif arabe qui, devant l’autorité britannique, fait pendant à l’exécutif sioniste. Deux partis politiques principaux voient le jour, l’un se réclamant du clan des Nashāshībi, le plus modéré envers les Anglais, l’autre du clan des Husayni, plus extrémiste, tandis qu’un Congrès de la jeunesse, dans les années trente, s’efforce de conjurer les antiques rivalités familiales.

Mais c’est dans la révolte paysanne de 1935, la grève générale de 1936 et la révolte armée de 1935-1939 que culmine la protestation nationale palestinienne. Les partis, les congrès, les clans propres à la société palestinienne ont à affronter une révolte paysanne de large ampleur. Les solutions politiques envisagées sont dépassées par cette révolte populaire qu’exploite finalement le mufti Amin Al-Husayni. Cette rébellion contre la puissance mandataire prend l’allure d’une guerre civile entre Arabes et Juifs, et aussi entre Arabes palestiniens eux-mêmes. On dénombre plus de cinq mille tués arabes, deux mille blessés et quelque deux mille cinq cents incarcérés ou exilés. Une littérature populaire palestinienne a fleuri en ces années ; elle garde une valeur d’épopée nationale originelle et exemplaire : la figure du cheik Qassām, organisateur suicidaire des premiers groupes rebelles en 1935 en Galilée, la ténacité d’une grève générale d’avril à octobre 1936, encouragée par l’Association des femmes palestiniennes, sont notamment des symboles de la résistance nationale palestinienne à venir.

Après les interventions armées de large ampleur et les compromis politiques britanniques, la coexistence judéo-arabe paraît impossible en Palestine. C’est ce que déclare l’Angleterre en 1937 ; elle prévoit alors un plan de partage de la Palestine mandataire en vue de l’indépendance politique prochaine. Mais la révolte palestinienne arabe armée se poursuit, au point que l’état d’urgence est proclamé. Aux troupes britanniques renforcées se joignent même des milices sionistes, d’abord clandestines. Finalement, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la guérilla palestinienne arabe est défaite militairement, démantelée politiquement par des déportations et désamorcée par le Livre blanc de 1939 qui revient à une Palestine unitaire binationale. La guérilla sioniste, en 1940-1941 et surtout en 1945-1948, lui succède, et avec succès.

La colonie juive, en effet, a acquis, en 1943, 1 500 kilomètres carrés de superficie agraire ; et si, en 1946, elle ne détient qu’environ 6 p. 100 du territoire palestinien, il s’agit de près du tiers des terres cultivées. La localisation de ces acquisitions inscrit une partition de fait par l’appropriation des sols. La population juive s’accroît considérablement en raison de l’immigration, atteignant quelque cinq cent cinquante mille personnes, soit environ le tiers de la population totale. Et pourtant, la conjoncture mondiale et l’opposition palestinienne ont conduit la puissance mandataire à une politique nettement moins favorable au programme sioniste, lequel se radicalise. Aussi, en novembre 1942, l’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale adoptent-elles une ligne extrémiste, le « programme de [l’hôtel] Biltmore » qui exige, en opposition avec le Livre blanc de 1939, l’immigration illimitée sous le seul contrôle de l’Agence juive, l’unification d’une armée juive autonome, enfin « l’établissement de la Palestine [entière] comme Commonwealth juif ».

Population palestinienne, 2000. La population palestinienne en 2000. (*source : recensement réalisé par l'Autorité palestinienne en 1996 et actualisé annuellement).

• Les Palestiniens et l’État d’Israël

La création de l’État d’Israël

Le génocide nazi des Juifs d’Europe a désormais fourni au programme sioniste en Palestine la valeur d’un droit humain international, imprescriptible et urgent. Le mouvement sioniste se rallie même à une option modérée : un État juif sur une portion seulement de la Palestine, l’autre portion pouvant devenir un État palestinien arabe souverain. Un plan de partage est en effet adopté par l’O.N.U. en novembre 1947, en dépit des Britanniques et grâce aux États-Unis et à l’Union soviétique. Les sionistes l’acceptent avec enthousiasme.

Les États arabes indépendants, regroupés dans la