Belles-mères & belles-filles - Stéphanie Combe - E-Book

Belles-mères & belles-filles E-Book

Stéphanie Combe

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Beschreibung

Au coeur de la vie familiale, il est une relation dont l’importance n’a d’égal que la délicatesse : le lien belle-mère / belle-fille. Apprivoisement, Charge mentale, Chicoufs, Diplomatie, Éducation, Héritage, Noël... Grâce à cet abécédaire, vous saurez tout sur les joies et les tracas de la vie de famille. Vous apprendrez à faire rimer pièce rapportée avec valeur ajoutée et belle-mère avec « extraordinaire ». Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est purement volontaire.

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Conception couverture : © Christophe Roger

Composition : Soft Office (38)

© Éditions Quasar, 2021

89, bd Auguste Blanqui – 75013 Paris

www.editionsquasar.com

ISBN : 978-2-36969-087-6

Dépôt légal : 2e trimestre 2021

 

 

 

À mon mari Pierre et à ma super belle-mère

Préambule

Qu’y a-t-il de pire qu’une belle-mère ? Une belle-fille, de l’avis de la belle-mère. Il semble en effet injuste que les marâtres, accusées de tous les maux, endossent le rôle de repoussoir dans l’inconscient collectif, quand les brus sont tout aussi capables de rivaliser de vilenies. Par voie de conséquence, ce livre que vous tenez entre les mains, qui peut sembler anodin, aborde la thématique la plus touchy d’une carrière. Celle que les auteurs se refilent entre eux, telle la patate chaude. Lorsque le tubercule fumant m’échut, j’ai adressé un mail prospectif à mon noyau de copines réactives, débordantes d’idées, d’anecdotes et de contacts à travers le monde. Un silence radio sidéral s’est ensuivi. Au bout de dix jours, une amie d’amie a fini par décrire la relation avec sa belle-mère… aujourd’hui décédée. Cela me permit de mieux mesurer la gravité du problème. J’ai alors tâté le terrain du côté de ma propre belle-mère, laquelle s’est contentée d’un prudent « Le thème intéressera… » avant de détourner la conversation ce qui, dans son langage, signifie qu’elle ne développera pas davantage. J’ai alors cherché si la thématique avait été abordée dans les forums où, sous couvert d’anonymat, tout s’avoue. Oui, elle l’était, dans le cadre de situations épouvantables qui feraient passer la marâtre de Blanche-Neige pour une douce créature ou croire que « bru » est le diminutif de « brute ». J’ai alors préféré explorer d’autres dimensions. D’un point de vue sociologique, il existe quelques études, mais les données concernant la parenté « affine » (mot désignant les membres de la belle-famille) sont totalement absentes des enquêtes quantitatives nationales. Le Catéchisme de l’Église catholique est lui aussi assez peu disert sur cette question précise. Et seuls deux ouvrages humoristiques décortiquent le sujet : l’un de Virginie Grimaldi, en rupture de stock, l’autre d’Anne Roumanoff, datant des années 1990. Bref, il s’agissait clairement d’une gageure. Ma physiologie ne me permettant pas de relever de vrais défis, à l’instar d’une ascension de l’Everest, j’ai décidé de m’atteler à celui-ci. Je me suis donc essayée à marcher sur des œufs, redoutant de trébucher au moindre faux-pas, atteignant parfois des summums de procrastination (on a les sommets qu’on peut).

Déjà connu pour être un chemin de sanctification, le mariage fournit de surcroît cette relation de choix à laquelle nulle n’est réellement préparée. Par quel miracle « belle-mère » rimerait-il avec « super » (et non plus avec « enfer ») ? Et par quel autre la pièce rapportée qu’est votre belle-fille deviendrait-elle une valeur ajoutée ? Les conseils s’adressent tantôt à vous, la belle-mère, alias « BM », tantôt à toi, la belle-fille, alias « BF », tantôt à vous deux. Par commodité, la belle-mère sera vouvoyée, tandis que la belle-fille sera tutoyée. Seul un paragraphe vous est respectivement consacré, Messieurs, beau-père ou gendre, détendez-vous.

Cette lecture est destinée à toute femme saine d’esprit et de bonne volonté, dotée d’un peu d’autodérision – les cas pathologiques ne relevant pas de cet abécédaire. Si vous envisagez de l’offrir à votre binôme, mieux vaut que la relation soit exempte de nuages. J’ai conscience de ne pas plaider là en faveur de mes fins de mois, mais dussé-je y perdre quelques lectrices, j’aurai l’esprit tranquille : ce livre ne servira pas de missile.

Chaque situation est unique et il est difficile d’établir des généralités, sauf à vouloir faire rire, et cela tombe bien puisque c’est aussi l’objet de cet ouvrage. Il se peut que tu épouses un aîné, que ta future BM ait 45 ans, qu’elle occupe un poste à responsabilité tout en prenant soin de ses parents septuagénaires, de ses étudiants et même du petit dernier encore au lycée. Il se peut à l’opposé que tu épouses un benjamin qui, de plus, se marie sur le tard. Ta belle-mère flirte alors plutôt avec les 70 ans. Retirée dans sa résidence secondaire où elle tourne en rond, elle n’aspire qu’à recevoir petits et grands. Il n’est pas anodin non plus d’être la première future bru ou encore l’épouse du fils unique. Rien à voir avec le fait de devenir la troisième ou la quatrième BF. Chacune piochera donc ce dont elle a besoin, au regard des déboires et belles histoires qui tissent la trame de nos vies.

A

Amour t Tant pis pour les mots le précédant par ordre alphabétique, tels « abnégation », « accueil » ou « adaptation », qui seront habilement replacés à l’aide de synonymes, ce guide ne pouvait commencer par un autre item. Il pourrait d’ailleurs suffire à lui seul et s’achever par un point final, comme j’ai tenté d’en convaincre mon éditeur mais ce dernier, sourd à l’argument, a insisté pour que je développe les points suivants. À l’image du Christ, commencement et fin de tout, l’amour est l’alpha et l’oméga de toute relation, même celle qui unit, pour le meilleur et pour le pire, par le jeu d’une alliance improbable voire baroque, deux femmes hier inconnues, partageant désormais un même objet d’amour. Vous êtes condamnées à vous aimer, oui Mesdames. Jésus a dit d’aimer ses ennemis. S’il ne songeait pas spécifiquement à votre cas, du moins cette assertion n’exclut-elle personne de votre amour débordant, pas même votre BF, pas même ta BM. Il est vrai que Jésus et la Vierge Marie eux-mêmes ne nous ont pas montré l’exemple en la matière. Ce qui, peut-être, explique nos tâtonnements. Néanmoins personne, jusqu’au traître Judas, ne fut exclu de leur charité.

Quant à toi, chère jeune BF, autant tu appliques aisément cette affectueuse disposition à l’égard de ton cher et tendre, autant il ne t’était peut-être pas venu spontanément à l’esprit d’en user avec sa mère. C’est comme le sport : on a beau connaître ses vertus et y adhérer pleinement sur le principe, encore faut-il le pratiquer. De la même manière, il s’agit pour vous de vous aimer l’une et l’autre en vérité. Pour cela, il ne suffit pas d’être tout amour en pensée (ce qui, il est vrai, serait déjà énorme) : encore faut-il le prouver en paroles et en actes, avec assiduité, sans le réserver au 30 février.

Anniversaire t Occasion annuelle de célébrer une personne (ainsi que ta BM le jour de naissance de ton mari, car tu lui accorderas qu’elle n’y est pas pour rien). Si ta BM tient le détail rigoureux des dates d’anniversaire – dont celle de Pipo le poisson rouge –, mais aussi des fêtes et mariages des uns et des autres, c’est là un signe qui ne trompe pas. Tu es morte si tu oublies le sien. Hélas, en toi règne le brouillard mental le plus total, tu vas jusqu’à ignorer quel jour on est aujourd’hui. Débrouille-toi, fais un nœud à ton smartphone et n’oublie pas de lui fêter son anniversaire.

Annonce t Vous ne l’avez pas vu venir, ou au contraire, rien n’aura échappé à la vigilance de votre cœur maternel. Mais lorsque votre poussin embarrassé a laissé tomber avec une désinvolture étudiée : « J’peux inviter une copine à déjeuner dimanche ? » un glaive de stupeur vous a transpercée. C’était donc vrai. L’animal n’ayant rien voulu ajouter, vous avez aussitôt renoué avec vos insomnies. Dieu sait combien il vous en a déjà fait endurer : veilles d’épreuves, permis, soirées, départs en colo, en camp ou en coopération… Rien ne vous aura été épargné. Vous attaquez le rosaire en mode mitraillette ; vous vous remémorez tous les deals passés avec les saints compétents afin qu’il trouve chaussure à son pied. Mais ça, c’était avant. Qu’elle fasse le bonheur de votre fils et qu’elle ait l’heur de vous plaire, voilà votre prière. Vous tirez un trait sur votre wish list inachevée, épaisse comme un annuaire, pour la résumer en un mot : « gentille ». C’est tout ce que vous demandez. Profonde mais pas prétentieuse. Pas imbue d’elle-même. Ouverte. Droite. Sérieuse. Mais sachant rire. Enfin, bref, vous ne demandez pas la lune ! Juste qu’il ne s’agisse pas d’une drôlesse qui aurait mis le grappin sur votre enfant naïf et innocent, et le mènerait par le bout du nez. Pitié ! Voilà que vous pleurez. Que ne vivez-vous au temps béni des mariages arrangés, à l’époque où les parents avaient leur mot à dire. Vous décidez, épuisée, d’apprendre à danser le haka, que vous interpréterez sur le seuil de votre maison en guise d’accueil. Rassérénée par cette lumineuse idée, vous fermez les yeux. Et sombrez dans un affreux cauchemar.

Anthropologie t« Un fils est un fils jusqu’à ce qu’il prenne femme, mais une fille est une fille toute sa vie. » « Marie ton fils, tu perds un fils, marie ta fille, tu gagnes un fils. » Comme l’observent ces dictions populaires, la lignée maternelle a toujours été privilégiée. Cette tendance remonterait à la nuit des temps. À Ève, précisément. C’est dire si le sujet dépasse votre actuelle relation. Pédiatre devenu spécialiste des relations intrafamiliales, Aldo Naouri éclaire de sa théorie les ressorts de ce lien dans Les Belles-mères (Odile Jacob) : « Le pouvoir du père institutionnalisé par le patriarcat s’est toujours heurté à la puissance intrinsèque, naturelle et individuelle de toute mère. Au moment où elle devient belle-mère de bru, une femme change de camp. […] Elle comprend qu’elle doit soutenir son fils. Elle sait, par expérience personnelle, ce que sa bru peut faire et produire comme méfaits sur le pouvoir de son fils. Elle sait au plus profond d’elle-même que la seule limite à la puissance maternelle, c’est la loi, incarnée par le père. » Anthropologiquement, la BM s’érige donc en contre-pouvoir.

En vertu de cette thèse, plus tu aimeras ton mari, plus tu lui laisseras jouer son rôle de père auprès de vos enfants, moins ta BM jugera nécessaire de sortir ses griffes de lionne afin de l’aider à trouver sa juste place.

Appellation t Comment nommer son beau-père et sa belle-mère ? Premier et délicat casse-tête à résoudre, qui devra être déterminé au lendemain du mariage, cette décision ayant caractère d’éternité. Son absence contraint à une gymnastique cérébrale et moult périphrases, du type « Bonjour-comment-allez-vous-quel-plaisir-de-vous-revoir ! », ou : « Pourriez-vous me passer le sel, s’il vous plaît, et j’y pense, comment va votre sœur ? » Le pape ne s’est jamais prononcé ex cathedra sur la question, nous autorisant quelques libres interprétations. N’ayant pas sous la main l’ouvrage de référence, j’ignore de quelle (bonne) manière la noblesse d’Empire a tranché ce débat. En l’absence d’AOC, j’ai relevé les pratiques les plus courantes.

Supposément glacial, « Monsieur et Madame » est à exclure. Bien que désuet, « Père et Mère » a le mérite d’exister et de t’éviter d’avoir à appeler tes beaux-parents par leur surnom de grands-parents, comme si tu étais toi-même une petite-fille. « Mon Père et ma Mère » sera peut-être une bonne parade, ou mieux encore « Belle-maman et Beau-papa ». Autrement, la créativité n’a pas de limite, s’inspirant des traditions du monde : « Jolie-maman et Joli-papa » à consonance québécoise, « Mam et Dad » so british, « Mutti et Vati » plus germanique, « Mamita et Pépito » sans doute d’origine mexicaine. Certains utilisent simplement les prénoms, jugés trop familiers par d’autres qui préfèrent marquer la différence générationnelle. Cela étant, ne te tracasse pas trop, à moins que tu ne sois la première BF (et même si c’est le cas, d’ailleurs), la mère de ton mari a déjà dû décider comment tu l’appelleras. Reste à y mettre le cas échéant ton veto. Avec diplomatie (voir ce mot).

Apprivoisement t Lent, par définition. Il faut du temps pour apprendre à se connaître. Un jour peut-être vous ferez les boutiques ensemble, bras dessus bras dessous, en riant comme des bécasses. Pour l’heure, chacune reste sur la réserve, quadrillant le terrain, identifiant l’adversaire et ses positions avant de définir sa stratégie, soupesant la possibilité de devenir alliées. Vous êtes un rien ambivalente, Madame, tiraillée entre votre joie pour votre fiston et votre angoisse quant à son choix. Toi, chère BF, tu te tiens sur la défensive, par crainte de te jeter dans la gueule du loup. Petit à petit, vous apprendrez toutes deux à baisser la garde et à rendre les armes. Car il n’est pas non plus exclu que tout se passe bien et que vous brandissiez ensemble un drapeau blanc.

Argent t« On appelle famille un groupe d’individus unis par le sang et brouillés par des questions d’argent », résume un homme d’esprit. Vous avez bien mérité, Madame, après une vie de labeur, de profiter un peu de votre épargne. La monnaie n’est-elle pas destinée à circuler ? À vous les voyages, ce manteau vert dont vous rêviez et l’abonnement à l’Opéra. L’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue. Des petits coups de pouce à l’endroit de vos enfants et petits-enfants seront donc toujours appréciés ! Pour prévenir les tensions, consacrez aussi une partie de vos économies à l’entretien du bien qui en principe leur reviendra un jour. En effet, même si d’une ruine émane un charme indéniable, une rénovation peut mener au gouffre financier : de l’isolation au ravalement, toute facture se chiffre à trois voire quatre zéros.

Votre retraite risque de ne pas arranger vos fins de mois ? Réjouissez-vous de cette bonne fortune qui vous évitera de dépenser du temps à côtoyer snobs et arrogants. Il existe un autre moyen pour être riche : ajuster ses désirs à ses revenus. À vous la sobriété heureuse ! Ce mode de vie dans l’air du temps, so Laudato Si’,