Caresses d’espoir - Marc Boncott - E-Book

Caresses d’espoir E-Book

Marc Boncott

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Beschreibung

"Caresses d’espoir" vous convie à une introspection profonde, où la douceur et la lumière intérieure se révèlent essentielles face aux ombres les plus envahissantes. Cet ouvrage transcende les frontières de la conscience pour offrir une symphonie d’émotions, se positionnant comme un véritable guide pour surmonter les épreuves de la vie. Avec une délicatesse touchante, il souligne l’importance de savourer chaque instant et de vivre intensément le présent, laissant l’espoir illuminer même les moments les plus sombres. Une expérience littéraire qui ravive l’âme et incite à embrasser la puissance de l’espérance.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Après plusieurs années consacrées à la musique et aux marathons, Marc Boncott se lance dans l’univers romanesque. À travers ses romans, il mêle habilement son imaginaire aux témoignages de sa vie d’expatrié et aux tourments de son existence. Il invite ainsi le lecteur à un voyage au cœur de ses expériences uniques et de ses émotions profondes.

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Seitenzahl: 274

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Marc Boncott

Caresses d’espoir

Roman

© Lys Bleu Éditions – Marc Boncott

ISBN : 979-10-422-4870-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

En mémoire de mon père

***

Être profondément aimé par quelqu’un te donne la force, tout en aimant quelqu’un donne profondément le courage.

André Gide

La plus grande gloire dans la vie ne réside pas dans le fait de ne jamais tomber, mais dans celui de se relever à chaque fois que nous tombons.

Nelson Mandela

***

Du même auteur

– La trajectoire du hasard auxéditions Sydney Laurent, 2021.

– Le chemin des pièges aux éditions Spinelle, 2023.

Avant-propos

Ce roman tire son inspiration de faits réels, mais ne prétend aucunement être une reconstitution historique fidèle. Bien que les dates et les lieux aient été, pour la plupart, respectés, la trame narrative est purement fictive.

Le temps suspendu

***

Ces derniers temps, je ressens étrangement une satisfaction infinie face aux innombrables merveilles que la vie met sur mon chemin. Cette satisfaction ne repose pas sur des événements extraordinaires ou des accomplissements hors du commun. Au contraire, elle se trouve dans les moments les plus simples et les plus anodins de notre quotidien. Ainsi, chaque matin, au lever du jour, je me réveille avec un sentiment de gratitude inaltérable en soulevant les volets avec douceur, conscient de la chance que j’ai de contempler le ciel qui se déploie devant moi. Peu importe qu’il soit teinté de gris ou éblouissant de clarté, chaque nuance est un spectacle à part entière.

En observant l’horizon, je réalise à quel point notre monde est vaste et merveilleux. Les nuages flottent doucement, les rayons du soleil percent à travers les interstices, les couleurs se mélangent au fur et à mesure que le jour se lève… Tout cela est une véritable symphonie visuelle qui éveille mes sens.

Mais ce n’est pas seulement le ciel qui m’émerveille. Je contemple la terre qui s’étend à l’infini. Qu’elle soit revêtue d’un manteau blanc gelé ou inondée de fleurs printanières, je suis fasciné par la beauté de la nature qui se dévoile à mes yeux.

Je suis étonné de pouvoir apprécier chaque instant à ce point et d’être témoin de la vie qui s’anime autour de moi.

J’éprouve la même sensation le soir, lorsque le soleil se couche lentement à l’horizon, le paysage se pare d’une lumière dorée et chaleureuse. Les derniers rayons de lumière caressent doucement les contours des reliefs, révélant chaque détail avec délicatesse. Les ombres s’allongent, les couleurs s’intensifient, créant une ambiance féerique. Le crépuscule est un moment figé dans l’éternité, où l’on peut saisir toute la splendeur et l’éphémère de l’instant présent.

Est-ce l’âge qui l’emporte sur ma maturité d’esprit, ou est-ce l’inverse ?

Autrefois, je ne ressentais pas ce besoin de savourer ces détails, mais aujourd’hui, je me dédie pleinement au présent. Ces subtilités deviennent presque essentielles et me permettent, l’espace d’un instant, d’oublier que je ne suis pas seul. Pour autant, un désir persistant m’envahit de temps à autre, celui de me laisser aller à des instants de solitude, semblables à ceux auxquels j’ai souvent été confronté dans ma vie professionnelle, puis plus tard dans mes luxueuses geôles, que je choisis de désigner familièrement ainsi.

Ces moments d’abandon, loin du tumulte du monde extérieur, me permettent de me recentrer sur moi-même et de me connecter à ma propre réalité. Dans ces moments précieux, je peux enfin laisser mon esprit vagabonder librement, sans contraintes ni obligations.

Le silence qui règne parfois dans mon entourage me réconforte et m’apaise. Je me sens en harmonie avec la nature, comme si j’étais un simple observateur de ce monde qui m’entoure. Les oiseaux chantent leur mélodie matinale, les feuilles bruissent doucement dans le vent, et le parfum des fleurs embaume l’air. Tout cela crée une polyphonie de couleurs, de sons et d’odeurs qui me transportent dans un état de béatitude.

Je me remémore alors les moments passés, les voyages lointains et les expériences vécues. Les océans que j’ai sillonnés, les rencontres enrichissantes pour le croisement des cultures, les défis relevés avec bravoure. Chaque période a contribué à forger l’homme que je suis aujourd’hui, et je suis reconnaissant d’avoir eu l’opportunité de vivre une vie aussi riche en émotions et en découvertes.

Pourtant, malgré toutes ces aventures, je réalise que mes « luxueuses geôles » ont également été des lieux de réflexion profonde. J’ai connu la fragilité de la vie, la peur de l’inconnu et la force de l’espoir. Chaque jour, je tentais de repousser les limites de mon corps et de mon esprit.

C’est peut-être cette confrontation avec notre vulnérabilité qui nous fait apprécier davantage les moments simples et les instants de plénitude. Lorsque l’on a frôlé la mort, chaque lever de soleil devient une bénédiction, chaque sourire un cadeau précieux. On réalise à quel point la vie est fragile et éphémère, et on en savoure chaque seconde.

J’ai développé la capacité d’apprécier la beauté qui réside dans les détails du quotidien, en évaluant chaque situation avec une nouvelle intensité. Chaque jour est une opportunité de vivre pleinement et d’apprécier la magie de l’existence.

Et même si je ne suis pas seul, ces moments de retranchement me permettent de me reconnecter à mes aspirations les plus profondes. Je me laisse emporter par la douceur, par la splendeur de l’univers qui m’entoure. Je me trouve dans un état de sérénité, en parfaite symbiose avec le monde qui m’entoure ainsi qu’avec mon être intérieur.

Dans ma cellule, au sein de mes heures sombres, la solitude ne suscite guère plus de crainte en moi. Cependant, c’est le silence qui l’accompagne dans ce moment présent, qui, au lieu de m’apaiser, exerce une lourde pression sur mon être. Ce qui est véritablement difficile, c’est de supporter cette incertitude qui nous enserre, de ne pas savoir si nous pouvons en sortir ou même de ne pas avoir la moindre idée du temps qui s’écoule. C’est précisément cette situation qui m’a incité à emprunter à nouveau le même chemin, celui guidé par mes pensées.

Étant persuadé que les années paires ne me portent pas chance, une étincelle de clairvoyance m’a poussé à envisager un voyage sacré pendant une année impaire, afin de ne pas hâter ma fin par de simples superstitions. Cette fois-ci, j’étais certain de revenir physiquement auprès de ma famille, au lieu d’être réduit en cendres et enfermé dans une urne.

Il y a quelque chose de profondément réconfortant dans le fait de savoir que je pourrai retrouver mes proches, de les serrer dans mes bras et de partager à nouveau des moments précieux ensemble. Pendant longtemps, j’ai vécu en proie à des émotions négatives qui semblaient m’emprisonner dans un cercle vicieux. Mais cette fois, tout est différent, il me faut oublier ces moments terribles à batailler au fond de mon lit, où le mot « avenir » perd toute signification.

Cependant, je ne pourrai jamais effacer de ma mémoire cet éminent psychologue palois qui me fit cette interrogation troublante : « Éprouvez-vous la crainte de la mort ? »

Cela me laisse penser que, inéluctablement condamné, il convenait d’embrasser avec tranquillité l’ultime échéance à l’aube de la soixantaine, une angoisse innée face à mon destin qui me tourmente. Ma foi religieuse, trop peu approfondie, ne me permet pas d’adhérer à cette idée, tandis que la science se trouve impuissante face à l’énigme de l’existence d’une vie après la mort. Dès lors, le concept du néant me semble insoutenable. De plus, je me sens trop jeune. Je venais tout juste d’entrer dans la soixantaine lorsque j’ai réalisé soudainement que je trouvais ma fille trop lourde pour la porter dans mes bras à la sortie de la piscine des bébés nageurs. Pourtant, elle n’avait que neuf mois. Je n’ai pas su trouver les mots pour répondre à ce psychologue. J’aurais dû lui dire que, malgré ma peur, je trouverais le courage, car tant que je respire, il y a de l’espérance que la maladie ne puisse pas me dévorer. Lors de mes échanges avec les équipes médicales, jamais je n’ai laissé transparaître ma crainte de la mort. En moi brillait une étincelle d’optimisme, puisée dans les profondeurs de ma force intérieure et dans les progrès de la médecine. J’ai toujours refusé d’admettre que la mort soit inéluctable, qu’elle soit une composante inévitable de la vie. J’ai vu le jour et grandi au sein d’une famille qui n’a jamais considéré la mort comme un sujet tabou, mais qui, pour autant, ne l’a pas abordée sous un angle spirituel ou philosophique. Ainsi, cette question complexe de la fin de vie n’a jamais été une énigme à laquelle je me suis consacré avec profondeur. Au fil de ma conversation avec ce psy, je sens mon cœur se serrer légèrement. Je m’aperçois que cette question n’est pas anodine, qu’elle explore mes peurs les plus profondes et intimes.

Je prends une grande inspiration accompagnée d’un spasme sanglotant, au point de pouvoir en perdre conscience avant de répondre, cherchant mes mots avec précaution.

Puis, je finis par murmurer doucement : « Oui, j’ai peur de mourir. »

Je vois dans les yeux du psychologue une lueur de compréhension mêlée à une certaine bienveillance. Je sens que cette réponse est importante, que c’est un pas vers la compréhension de mes émotions et de mes pensées les plus sombres.

Il me regarde attentivement et me demande doucement de lui expliquer pourquoi je crains de mourir. Je me sens vulnérable, exposant cette panique qui est souvent gardée secrète au plus profond de moi. Mais je sais que cet échange est nécessaire pour mon propre bien-être. Je rassemble mes pensées et commence à expliquer. Je crains de mourir parce que je n’ai pas envie de laisser ma famille. J’ai réalisé des choses importantes dans ma vie, mais cela ne justifie pas de les abandonner. Il hoche la tête, prenant des notes tout en me laissant continuer. Il m’écoute attentivement, sans me juger, et me pose des questions supplémentaires pour mieux comprendre la nature de mes craintes. Il me guide dans une exploration plus profonde de mes émotions, m’aidant à rationaliser mes appréhensions et à trouver des moyens de les affronter.

Finalement, je réalise que la question de ce psy n’est pas tant pour obtenir une réponse spécifique, mais plutôt pour ouvrir une porte vers l’exploration de soi. En partageant mes craintes les plus profondes, je me sens davantage compris et soutenu, mais ma contribution est restée maigre, car je n’ai pas apprécié sa question. J’ai souhaité conclure en lui disant que je n’ai pas envie d’accepter ma propre mortalité.

Ma fille, ma plus grande source de motivation, est ma raison de vivre et je sais que je dois me battre pour elle. Les premières nuits étaient souvent les plus difficiles, lorsque le silence régnait et que je me retrouvais seul, enfermé dans mes pensées les plus tristes. Je désirais ardemment la voir grandir et savourer les petits bonheurs de la vie.

Qu’importe le temps qu’il me reste, mais laissez-moi encore du temps.

***

En quête

***

Je me lance dans une aventure personnelle qui sera comme un voyage initiatique, mais en l’absence de conviction religieuse prédominante, je ne le vivrai pas comme un pèlerinage.

Après de longues années de tribulations, marquées par des événements fâcheux sans fin, j’ai été contraint de mettre un terme brutal à ma carrière en raison d’une maladie. Deux ans plus tard, j’ai dû prendre ma retraite sans pouvoir me réintégrer dans la vie active. Le désir de retourner sur les lieux de ma vie d’expatrié s’impose à moi. Je souhaite clore ce chapitre d’une manière plus apaisée, en effaçant l’étape des souvenirs douloureux et interminables de l’hôpital, qui s’est immiscée dans mon calendrier.

Ce voyage sera également une occasion de me reconnecter avec moi-même et de me redécouvrir. Pendant des années, ma carrière a été ma priorité absolue. Maintenant, je veux prendre le temps d’explorer mes passions et mes intérêts, et de me reconstituer après les épreuves que j’ai traversées. Il s’agit d’une quête de guérison, de recherche de réponses pour une paix intérieure et de réconciliation avec mon passé. Je veux trouver la force de tourner la page et de commencer un nouveau chapitre de ma vie avec ma famille.

Je veux simplement exprimer ma joie de manière simple, voyager, sans contraintes de travail, sans épuisement excessif. Je veux errer à mon propre rythme, sur un itinéraire bien plus long que celui de Compostelle. C’est celui qui a façonné mes dix-huit années entre l’Asie et l’Afrique.

Après avoir enduré tant de souffrances, j’ai le droit de réclamer le confort. J’ai passé l’âge de dormir dans des auberges de jeunesse infestées de punaises de lit, avec comme seul compagnon un sac de couchage. C’est ainsi que mes préférences et mes envies ont évolué, me tournant vers des hébergements étoilés. Le confort n’est pas un luxe réservé à quelques privilégiés, mais un besoin fondamental de l’être humain. Après avoir traversé une série de mésaventures dans ma vie, je suis convaincu que je mérite mieux. Que ce soit par une exploration spirituelle ou une réflexion profonde, j’ai le sentiment que cela me mènera à la découverte de ce que je recherche ardemment.

La frustration et l’impuissance vont et viennent, me laissant souvent dans un état de confusion et d’incertitude. Je veux dissiper les doutes qui m’envahissent et comprendre pourquoi mon corps m’a trahi.

Je dois en comprendre la raison : pourquoi moi ?

Aujourd’hui, une nouvelle lueur d’espoir naît en moi. J’aspire à pouvoir me mêler aux autres, arpenter les mêmes trottoirs aux côtés de mes semblables, laisser derrière moi le chemin des souffrants. Je ne peux en aucun cas manquer ce rendez-vous, car il représente un voyage dans le temps.

Je me retrouve à refaire le chemin sur les traces de mon cancer, en quête d’une compréhension. Comment ai-je pu en arriver à cette situation, alors que je n’ai aucune connaissance d’une éventuelle anomalie génétique et que personne dans ma famille n’a jamais présenté de tels antécédents ?

Je ressens le besoin de créer mon propre arbre des causes, ce fameux « Cause Tree Analysis » en anglais, que j’utilisais dans mon métier pour analyser des incidents afin d’éviter qu’ils se répètent en répondant aux questions : qu’a-t-il fallu pour que… ? Était-ce nécessaire ? Était-ce suffisant ?

Au fond de moi, je sais que la maladie n’est pas un châtiment, ce n’est pas davantage une punition des erreurs passées. C’est simplement une réalité déconcertante et injuste qui peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment. La vie est ainsi faite, cruelle et impitoyable, mais cette réponse ne me satisfait pas, car je ne crois pas à la main invisible qui décide du sort de chacun d’entre nous.

Il est possible que ma pathologie soit attribuée aux radiations ionisantes que j’ai subies pendant mes dix-huit années à effectuer des vols long-courriers pour rejoindre mes missions dans l’hémisphère pétrolier. Cependant, il est également envisageable que ce soit le résultat de l’exposition à des substances chimiques agressives. Toutefois, il existe une autre hypothèse selon laquelle elle pourrait être causée par un choc émotionnel ou un stress excessif provoqué par une tierce personne qui aurait pris le contrôle de moi !

Mais peut-être devrais-je chercher la cause de mes maux dans mon adolescence, lorsque j’aidais mon père à la ferme pendant les vacances scolaires et les moments de temps libre. Quand on vit à la campagne, on respire un air pur et on a l’impression d’être à l’abri de toute pollution, loin des usines pétrochimiques et des raffineries qui transforment les hydrocarbures.

Cependant, les souvenirs affluent avec une clarté saisissante, ces instants où j’observais attentivement le niveau croissant du réservoir du pulvérisateur, tandis que l’odeur du glyphosate, autrefois connu sous le nom de Roundup, devenait véritablement insupportable.

Malgré tout, je suis en train d’abandonner l’idée que ce pesticide de l’usine controversée de Monsanto puisse être à l’origine de ma maladie. Sinon, l’Union européenne n’aurait pas autorisé son utilisation pour une décennie supplémentaire, et notre gouvernement, avec à sa tête les ministres de l’Agriculture, de l’Écologie et de la Santé, n’aurait pas approuvé cette décision. Du moins, c’est ce que je pensais naïvement…

Malheureusement, la prise de décision politique concernant la réglementation de l’utilisation des pesticides est souvent influencée par des considérations économiques. Les pressions exercées par les industries agricoles et chimiques, soucieuses de maximiser leurs profits, peuvent conduire à des revirements politiques qui compromettent la protection des personnes exposées. Les intérêts économiques à court terme peuvent l’emporter sur les préoccupations environnementales et sanitaires à long terme. Quoi qu’il en soit, je suis convaincu que le hasard n’existe pas. J’ai besoin d’analyser tous les aspects, y compris dans la dimension spirituelle, car cela est important pour ma conjointe, mes enfants et moi-même. Je m’interroge : devrais-je chercher une explication dans le rationnel avant le mystique ?

Mon esprit analytique m’invite à privilégier en priorité une approche scientifique. Cette tendance peut certainement être attribuée à ma nature pragmatique qui me conduit à trouver des réponses concrètes, des explications basées sur des faits vérifiables. Ou sans doute est-ce simplement le besoin de me rassurer, de me convaincre que tout a une logique, même les événements les plus étranges. Mais, plus je me plonge dans ces connaissances rationnelles, plus je réalise qu’elles ne peuvent pas tout expliquer. Il y a toujours des choses qui échappent à notre entendement, des forces qui dépassent notre compréhension. Le raisonnement dit sensé a ses limites, aussi puissant soit-il. Cela dit, j’ai toujours été attiré par le mystique, par tout ce qui échappe à notre compréhension raisonnable. Les phénomènes inexplicables, les forces invisibles qui semblent gouverner le monde, tout cela a toujours suscité en moi une profonde curiosité. Il m’arrive de poser des questions à mon pendule, bien que je ne sois pas certain de parfaitement en maîtriser la pratique. Je ressens une profonde confusion et un sentiment d’impuissance face à cette situation.

Suis-je victime d’une manipulation ou d’une influence néfaste ?

J’imagine un instant qu’une personne, peut-être une femme, dotée d’un regard sombre empreint d’un pouvoir redoutable, puisse me nuire à distance. Je m’efforce de bannir cette pensée de mon esprit, mais elle persiste, s’infiltrant dans les recoins les plus obscurs de mon imagination. Une femme douée d’un pouvoir destructeur, capable de me faire souffrir sans même être physiquement présente. Cette idée me terrifie et me pousse à me questionner sur les conséquences d’une telle situation…

Mais pourquoi une femme, pourquoi pas mon ex-femme ?

Pourquoi cette idée me hante-t-elle autant ?

L’idée qu’une personne de ce genre puisse me causer autant de douleur, avec une force aussi puissante et impitoyable me paraît presque insensée. Pourtant, la réalité est que le pouvoir ne connaît pas de genre. Si quelqu’un possède une force destructrice entre ses mains, les conséquences peuvent être désastreuses. C’est peut-être cette prise de conscience qui me pousse à imaginer mon ex-femme avec une telle faculté. En imaginant qu’elle ait acquis une influence et un pouvoir considérables, je défie les attentes traditionnelles. Cette audace me pousse à briser les stéréotypes et à me confronter à une réalité plus complexe. Mais au-delà de cette réflexion, une question cruciale se pose : pourquoi voudrait-elle me faire du mal à distance ?

Qu’ai-je fait pour mériter une telle animosité ? Ou bien, est-ce simplement le fruit de mon imagination fertile qui cherche à créer des scénarios impossibles ? Je décide de me recentrer sur la réalité et d’apaiser mon esprit tourmenté. Qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme, je dois me rappeler que la plupart des individus utilisent leur pouvoir pour le bien, pour aider les autres. Néanmoins, la peur ne doit pas m’emprisonner dans de sombres hypothèses infondées. Je choisis de me libérer de ces pensées oppressantes et de concentrer mon énergie sur des idées plus positives. Ainsi, je m’évade dans l’imaginaire, laissant derrière moi ces suppositions bizarres. Je suis déterminé à comprendre les racines de ma pathologie et à trouver un moyen de reprendre possession de ma vie. Au fil du temps, je réalise que la prise de contrôle que je ressens n’est pas nécessairement causée par une tierce personne, mais plutôt par mes propres mécanismes de défense et mes réactions face à des situations stressantes. Je réalise que je suis le seul maître de ma vie et que je peux reprendre ma propre destinée en main.

Et si la vérité se trouvait quelque part entre le rationnel et le mystique, dans un équilibre subtil entre la logique et l’intuition !

Je me rends compte que, même si ma pathologie a été influencée par des chocs émotionnels ou un stress excessif, je n’ai pas d’autres solutions que de trouver ma propre vérité pour me guérir et m’épanouir. Au fur et à mesure que je dessine mon arbre des causes, je réalise que certaines branches sont étroitement liées et s’influencent mutuellement. Différents facteurs qui ont pu contribuer à ma maladie, à moins qu’une association de deux ou plusieurs causes ait pu créer une spirale négative pour ma santé. Cela devra me pousser à réfléchir à des changements à apporter dans ma vie pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Je prends également conscience que certains éléments m’échappent. Cet outil sera précieux pour me guider dans la prise de décisions et dans l’amélioration de ma santé globale. Je sais que ce voyage ne sera pas facile, il demandera du courage, de l’endurance et de la détermination. Je veux trouver des réponses, car je sais que cela en vaut la peine pour comprendre les raisons profondes qui ont conduit à mes graves soucis de santé et à l’interruption brutale de mon activité. Et si je ne les trouve pas, je veux au moins trouver la paix et l’acceptation. Je sais que ma famille sera à mes côtés tout au long de ce voyage. Elle est ma source de soutien inconditionnel, main dans la main, nous avons surmonté les sommets et les abysses de cette épreuve et nous continuerons à le faire. Alors, je m’apprête à partir, je ressens un mélange d’excitation et d’appréhension à l’idée d’affronter seul un retour sur mon parcours professionnel. À défaut de trouver des réponses, je reviendrais avec une compréhension plus profonde de moi-même et de ma place dans ce monde. Et peut-être, juste peut-être, trouverai-je également la guérison, tant physique que spirituelle. Je ne me décourage pas, je garde la foi pour ce voyage qui sera bien plus qu’une simple escapade. Cela sera une véritable quête, une exploration de la vie qui m’entoure. Ainsi, je m’éloigne de ma zone de confort, je laisse les contraintes et les souffrances du passé, je suis prêt à embrasser l’inconnu, à découvrir de nouvelles perspectives et à trouver la paix qui réside en moi. Et avec le soutien de ma famille et l’amour qui nous unit, nous trouverons ensemble la guérison et la résilience dont nous avons tant besoin.

***

Les prémices d’une lutte

***

02 juin 2016

De retour de ma mission, épuisé comme à l’accoutumée après vingt-huit jours de travail ininterrompu, mon corps me lance un signal d’alarme. La fatigue et l’épuisement font partie intégrante de ma profession, mais cette fois-ci, ils sont plus intenses et persistants que d’ordinaire. La décision de consulter mon médecin traitant s’accompagne à la fois, d’un mélange de soulagement et d’appréhension. Avec l’insistance de ma femme, je m’y rends, mais d’un autre côté, je redoute le diagnostic et les répercussions que cela pourrait avoir sur ma carrière. Dans ce métier, on peut vite perdre une affectation à l’étranger en cas d’arrêt de travail prolongé au-delà du mois de repos à la maison. À la suite d’un échange au cours duquel j’ai pu décrire les signes observés, mon médecin m’a ausculté attentivement, puis il a décidé de me prescrire un bilan sanguin à réaliser sans délai.

04 juin 2016

Nous sommes aux halles de Pau ce samedi matin pour les courses du week-end, tout me fait envie aux rayons des jambons et des fromages. Au moment de passer commande, soudain mon smartphone sonne, je me mets en retrait, je ne connais pas ce numéro qui s’affiche. Habituellement, vu le nombre d’appels de plateformes de démarchage en tous genres, je ne réponds pas aux numéros non enregistrés dans ma liste et préfère attendre le message qui suivra si c’est important.

Quelques minutes plus tard, un message arrive, à ce moment donné, je me souviens de mon passage au laboratoire d’analyses tôt le matin, mais je n’ose pas imaginer la suite.

Avant de commencer à lire, l’appréhension me gagne, Luana me regarde et, en voyant ma mine déconfite, son inquiétude grandit. Elle me fixe avec un regard livide et d’une voix tremblante, elle me demande : « Alors, qui est-ce ? »

Le message est le suivant : monsieur, nous devons parler des résultats de votre bilan, merci de passer au labo dès que possible et avant 12 h 30.

À 13 heures, mon médecin traitant me reçoit en urgence, son visage est grave, je perçois un soupçon d’inquiétude dans sa voix, comme s’il se donnait quelques instants de réflexion pour m’annoncer des résultats alarmants de la meilleure des façons. Il commence par m’expliquer mes carences sévères en sels minéraux essentiels, puis il vient sur mon anémie qui explique mon extrême fatigue et enfin ses craintes d’une leucémie dont il reste à déterminer si elle est chronique ou aiguë. Tout semble concordant et donne un sens à mes petites infections récurrentes. Il prend contact avec l’hématologue de garde aux urgences de l’hôpital de Pau.

Je suis sous le choc, comment cela a-t-il pu se produire ? J’ai toujours été très attentif à ma santé, j’ai couru des marathons et autres courses pendant une dizaine d’années. Aussi, j’ai toujours maintenu une hygiène alimentaire rigoureuse, sans jamais tomber dans les excès. Il m’explique que le stress prolongé, le manque de repos et les conditions de travail difficile dans mon secteur d’activité entouré d’hydrocarbures ont pu créer les conditions de ma dégradation.

« Nous reparlerons de tout cela plus tard, aujourd’hui, l’urgence est d’agir », me dit-il.

Dès lors, le terme « URGENCE » reviendra souvent.

Je n’ai pas de connaissances particulières dans l’interprétation des bilans sanguins, néanmoins, il est évident que la situation est très préoccupante, vu le désordre qui règne dans mes globules blancs et rouges par rapport aux valeurs de référence du laboratoire d’analyses. Malgré cela, le médecin me rassure en me disant que tout est désormais traitable et me dit avec son usage habituel du tutoiement :

« Prends le temps de rentrer chez toi pour le repas avant de te rendre aux urgences, ils sont prévenus de ton arrivée. »

Luana me dit que je vais revenir à la fin de la journée avec un traitement, dans l’attente d’une hospitalisation dans la semaine suivante, mais je sais que ce ne sera pas le cas. En prenant mon repas, des pensées sombres me traversent l’esprit, je pense davantage à la rédaction d’un testament qu’à une guérison rapide, je laisse le plus discrètement possible couler quelques larmes, me prépare un sac pour tenir quelques jours. Luana m’accompagne avec bébé et on se laisse comme si de rien n’était pour croire à un proche retour. En fin de journée, j’ai connaissance du résultat du second bilan des Urgences de Pau, faisant état d’une hyperleucocytose, une anémie sévère à 7 g et des blastes avec des corps d’Auer en évolution. Tous ces mots sont si abstraits que la panique générale s’installe en moi. Je peux enfin récupérer mon smartphone après désinfection afin de chercher quelques définitions et informer ma famille. Tous ces termes médicaux compliqués ne font qu’accentuer mon stress.

Plusieurs médecins s’activent, je vois des visages crispés, des conversations à voix basse. Je demande avec insistance des informations, une infirmière s’approche, me regarde avec compassion, mais son regard trahit également une certaine appréhension. Elle m’explique que l’hyperleucocytose est une augmentation anormale du nombre de globules blancs dans le sang, tandis que le manque important de globules rouges et par conséquent un déficit de transport d’oxygène indiquent une anémie.

Un médecin urgentiste intervient pour m’éclairer sur la présence de blastes, ces cellules immatures qui prolifèrent de manière anarchique et peuvent indiquer une leucémie, ce que m’avait déjà dit mon médecin traitant.

05 juin 2016

Je suis transféré tôt le matin à Bayonne à l’hôpital de la Côte Basque en secteur protégé. Le protocole est strict ici, je passe dans un sas, je me déshabille, mes effets personnels sont ramassés et mis dans un sac placé dans un casier fermé, le personnel me donne un flacon de Bétadine et je ressors de la douche avec une couleur orangée et un pyjama bleu. Ici, on ne connaît pas ses voisins, c’est une prison dorée avec un quartier d’isolement nommé secteur protégé pourvu de chambres stériles où chacun reste enfermé plusieurs semaines sans pouvoir sortir ni même ouvrir les fenêtres. Le secteur est flambant neuf, j’ai l’impression d’avoir réservé dans un cinq étoiles.

Grâce à l’imagination de l’équipe médicale et à la générosité d’une entreprise locale, une magnifique fresque marine a remplacé le mur gris et sans âme et améliore mon seul horizon.

Pourquoi toutes ces précautions, me dis-je, suis-je si contagieux ?

À toutes mes questions, le personnel soignant est présent pour m’expliquer le déroulement des jours suivants. Une fois installé, Cédric, l’hématologue qui va devenir mon référent, m’explique le protocole de chimiothérapie d’induction élaboré afin de tenter d’enrayer ma leucémie aiguë. Un troisième bilan confirme l’urgence à intervenir, car les blastes évoluent de façon exponentielle. C’est alors la course folle pour programmer dans la même journée, divers examens pour vérifier que mon cœur et autres organes vitaux supporteront le traitement.

Le lendemain, je passe au bloc opératoire pour la pose d’un cathéter et les premières injections peuvent commencer. J’apprenais, au septième jour après mon arrivée, que la présence des corps d’Auer avait suscité une réaction plus intense parmi le personnel médical. Ce sont des structures anormales apparentes dans des cellules leucémiques, souvent associées à une forme plus agressive de la maladie.

L’arrivée, dans ma chambre, du professeur responsable de l’unité, affichant une expression sérieuse et concentrée, témoigne de la gravité de la situation. Il s’exprime d’un ton serein, m’annonçant que je suis diagnostiqué avec une leucémie aiguë myéloblastique.

Cette fois-ci, je suis convaincu de l’exactitude de ma maladie, car il est le troisième à me la confirmer en apportant de plus en plus de détail, une LAM, comme ils disent dans leur jargon.

Il me rassure en me précisant que les traitements existent et qu’il est important de garder l’espoir. En revanche, il me signifie que dans mon malheur, je suis chanceux, car il ne me restait que deux semaines à vivre si le traitement n’avait pas été mis en place. Autant dire que si j’avais été en début de mission, les blastes auraient envahi mes cellules souches et je serais revenu d’Angola dans un cercueil plombé. L’infirmier sur les lieux de mon travail n’était guère inquiet de mes visites répétées à l’infirmerie pour expliquer mes symptômes, mes petites infections sporadiques ou même mon pouls élevé de cent dix au repos. De même, le médecin de l’offshore, affecté au bloc 17 pour les quatre plateformes, ne semblait pas préoccupé. Malgré mes symptômes persistants et mes infections récurrentes, tous les deux paraissaient les considérer comme de simples soucis mineurs. Leur manque d’analyse semait le doute en moi. Ce médecin était d’ailleurs rarement disponible et paraissait plus préoccupé par les tâches administratives que par le bien-être des travailleurs. Il s’était limité à une conversation téléphonique avec l’infirmier. Pourtant, mon état de santé qui se détériorait aurait dû les alerter. Néanmoins, au lieu d’approfondir leurs investigations, ils me donnaient des médicaments pour atténuer mes symptômes. Je reste convaincu que l’équipe médicale à bord a fait preuve de négligence, leur manque de rigueur m’avait laissé dubitatif et seul dans l’océan des soucis.

***

Durant les trois premiers jours de mon séjour à l’établissement hospitalier, mes larmes se sont écoulées fréquemment, me laissant perplexe quant à ma raison d’être en ces lieux. Une vague de sentiments d’inutilité m’a submergé, me questionnant sur la façon dont je quitterais cet endroit : est-ce que je retrouverais ma liberté en marchant sur mes deux jambes ou serais-je allongé dans un cercueil froid ?

L’idée que je pourrais ne pas revoir mes enfants, qui résident en Normandie et à Paris ou ma sœur, en vacances en Croatie, traverse mon esprit et me terrifie…