La trajectoire du hasard - Marc Boncott - E-Book

La trajectoire du hasard E-Book

Marc Boncott

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Beschreibung

Victime de l'usure de son couple dans première vie, Benjamin croit en cette nouvelle vie affective meilleure, mais ses déplacements professionnels multiples à travers le mode compliquent cette renaissance sentimentale et amoureuse. A ses longues absences répétées, s'ajoutent d'autres situations difficiles liées aux obligations issues de sa vie précédente, que Samira vit avec rejet, et la différence de culture et d'éducation qui ressurgit parfois ne contribue pas à établir une complicité. A un moment crucial de sa vie, où il pense déjà à un nouvel échec, un extraordinaire concours de circonstances se produit. La main de Mélissa se tend sur le passage de Benjamin, qui lui permet de traverser sa solitude, ses frustrations et ses doutes. Une porte étroite et néanmoins dangereuse s'ouvre à lui, celle qui offre le passage de l'imaginaire au réel et il vivra des moments intenses grâce à cette rencontre. Benjamin et Melissa combleront ensemble leur profond besoin d'échanger et baigneront dans un bonheur sublime, avec l'intention de ne pas s'égarer au-delà des limites fixées.

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Seitenzahl: 339

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Il ne faut jamais sous-estimer l’influence du hasard sur l’existence de tout être. Se trouver à un certain endroit, à une certaine date, à une certaine heure peut bouleverser la trajectoire d’un individu.

Douglas Kennedy

Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie.

Carl Gustav Jung

Prendre conscience de sa propre souffrance permet d’éliminer l’emprise néfaste, restaurer une meilleure image de soi et renouer avec ses proches en sortant de l’isolement dans lequel on vous a enfermé.

Plusieurs générations sont parfois nécessaires pour trouver le bonheur et l’amour réunis. On se sent intouchable une fois parvenu à ce stade, seule la maladie peut tout bouleverser.

Table des matières

Préambule

Missions

Chemin d’Asie

Évasion

Mélancolie et passion

Toi bourgeoise née de ma première pensée

Venise avec toi

Mélodie

Troublante solitude

Délices

La douche

Du Paradis à l’Enfer

Parfums et lumières

Baisers intenses…

Vertiges

Quartier Saint-Germain

Joyeux Noël

Nourritures terrestres

Le Delta

Sèvres-Babylone

Repères

Délires

Submersion

Regards

Invitation au voyage

Nordeste do Brasil

Convenances

Légèreté

À dix mille miles de toi

Une vie

Préambule

Tout était à nos débuts si bien et beau,

Peut-être parce que c’était nouveau.

Il est urgent de peser les conséquences

D’un tel confinement dans l’indifférence.

Ton esprit et ton corps s’adaptent à mes absences

Et de ce fait tu n’éprouves plus le moindre manque.

Comment te dire ce qui me fait cruellement défaut

Si ce n’est que te l’écrire, te le dire avec mes mots.

Fais-moi croire de nouveau au bonheur

Et je saurai te le rendre avec ferveur.

Que le cérébral laisse une place au charnel,

Laisse-moi imaginer des étreintes nouvelles

Pour faire revivre ensemble et sans trahison

Ce beau parcours avec passion.

1

***

Missions

En ce matin d’hiver dans la grisaille normande, toutes les conditions sont réunies pour Benjamin, pour entrer de nouveau en conflit avec lui-même et les siens, et rien n’est plus horrible que de reprendre ses bagages dans ces conditions. Sa femme et lui se sont quittés en s’ignorant, comme souvent, avec une image d’homme exigeant selon elle, de mari incompris selon lui et ce reproche récurrent de n’avoir su gérer sa fin de vie précédente, celle qui laisse pour héritage à Samira, à chacun de ses départs, de s’acquitter de l’échéance mensuelle destinée à son ex-épouse. C’est le regard triste qu’il voit le taxi s’éloigner de la maison familiale, dans lequel il a pris place pour la énième fois, depuis toutes ces années qu’il fait ce parcours pour rejoindre son activité dans le domaine de l’exploration et la production d’hydrocarbures dans les différentes mers du globe.

Hier, c’était l’Indonésie, aujourd’hui, la Thaïlande et l’Afrique, séjours entrecoupés de missions en Malaisie ou en Corée du Sud, et demain, ce sera peut-être l’Amérique du Sud pour un rêve brésilien qui le guide vers ce pays comme une attirance inexplicable pour boucler son tour de la planète ou plutôt de l’hémisphère pétrolier, et revenir se poser, s’asseoir aux côtés de ses enfants, leur raconter sa vie plutôt que les abandonner en leur laissant un mot au petit matin pour leur dire combien il pense à eux. Il aimerait tant entendre les « je t’aime papa », leur expliquer la vraie vie, celle qui consiste à être à côté de ceux qu’il aime, arrêter le temps qui défile depuis toutes ces années, sans avoir pu les voir faire leurs premiers pas, grandir, courir, perdre la première dent…

Samira et lui n’ont su quoi se dire, n’ont pas trouvé les mots qui conviennent une fois de plus, et toujours pour la même raison, celle qui les plonge tous les deux dans un profond mal être quand approche l’heure de se quitter. Le cœur n’y est plus, l’horloge les paralyse et bloque tout, le physique et le cérébral, et rend Benji profondément déprimé avec ce sentiment d’abandon et d’infinie indifférence. Samira trouve toujours une raison au refus de vivre jusqu’au bout leur amour, le partage dans de belles étreintes pour profiter des derniers instants qui précèdent cette séparation forcée.

Benji, cette fois, refuse de se laisser de nouveau envahir par cette léthargie habituelle et c’est l’air décidé qu’il ferme les yeux, les mains de chaque côté de ses tempes en essayant de trouver la solution, la clé, surtout le répit qu’il lui faut quand ses idées s’obscurcissent. Il voudrait trouver la solution miracle, puiser dans son esprit pour trouver une source d’énergie nouvelle durant le trajet de quarante-cinq minutes qui sépare son domicile de la gare. Il voudrait garder ce qu’il a de mieux dans sa vie et chasser ce qui le rend si triste, trouver la formule qui lui ferait tourner les pages obscures et ouvrir celle qui va commencer par le transfert en train vers la capitale.

— Monsieur, lui lance le chauffeur de taxi, vous êtes arrivé à la gare.

Benji sursaute, extrait soudainement de ses pensées qui l’ont transporté dans une invitation au voyage et ce qu’il ne sait pas à cet instant est que son réveil va véritablement commencer au point presse de la gare.

— Au revoir et à dans deux mois, dit Benji à son chauffeur de taxi habituel après avoir réglé la course.

— Mais monsieur, vous ne voulez pas votre justificatif cette fois ? Lui lance le chauffeur. Eh bien, dites-moi, c’est heureux que je vous aie fait descendre côté trottoir, car vous auriez pu vous faire balayer par la première voiture à rêvasser ainsi !

Benji réalise qu’il aurait pu en d’autres circonstances se faire écraser et ce n’est pas du tout de ce destin-là dont il a envie, bien qu’il lui soit arrivé une fois d’avoir pensé un court instant baisser les bras, à l’image d’un jeune collègue de 25 ans qu’il avait retrouvé le corps balançant au bout d’une cordelette sur son précédent lieu de travail. Quelques instants suivant ce moment sombre, ce qu’il ne voulait plus était entendre sa femme lui dire qu’elle laisse partir un mari et qu’elle retrouve un étranger.

Dans le train qui l’emmène à Paris, Benji ouvre et parcourt dans un premier temps cette revue érotique achetée quelques minutes auparavant. Il aurait pu acheter un magazine sportif ou une revue automobile pour rêver à la prochaine voiture qu’il pourrait s’offrir, mais non, sa conduite lui a été dictée ainsi et après une première lecture rapide, il se montre plus sélectif, car nombre de parutions sont vulgaires et sans intérêt. Il revient alors sur un récit, attiré tant par la plume que par l’histoire elle-même, celle d’une femme s’adressant à son homme pour lui révéler des phases intimes de ses premières expériences et de sa vie sexuelle de célibataire. À la fin du récit sont indiquées la messagerie de cette femme et sa signature : Mélissa – Artiste à Paris.

Je vais répondre à cette femme en arrivant à bord demain, c’est certain, pense Benji, et il rédige une ébauche qu’il déchire et recommence plusieurs fois sur une feuille de son agenda, à l’abri du regard des autres voyageurs. Benji s’est appliqué et il n’a plus qu’un but à mesure qu’il améliore et exprime son commentaire : captiver l’attention de cette femme et tenter de comprendre sa démarche, la tester, se tester lui-même sur ce qu’il vaut et chercher pourquoi il n’arrive plus à communiquer avec Samira.

3 décembre

Bonjour,

Un pur hasard m’a fait acheter la revue où vous vous livrez et c’est d’ailleurs ma première lecture du genre. Non que je cherche une justification, mais le fait est que j’ai trouvé votre confession la plus belle parmi toutes les autres pour deux raisons : un jugement particulier qui n’engage que moi, je trouve qu’il n’y a rien de plus joli dans l’érotisme que deux femmes qui se caressent, en tout cas quand c’est dit et vu ou regardé par un homme.

Ensuite, j’ai été particulièrement sensible à votre promenade bucolique, car je suis moi-même motard, j’ai quarante-cinq ans et j’ai toujours rêvé que cela m’arrive, en vain. Comble de malchance, ma femme, depuis que nous nous connaissons, n’aime pas les promenades dans les bois et elle n’a toujours pas dominé sa peur de la moto. Autant dire que j’ai peu d’espoir de réaliser ce fantasme avec elle.

Je ne pouvais donc pas passer sur votre récit sans vous dire merci de m’avoir fait vivre cet instant en vous livrant ainsi et surtout en laissant vos coordonnées.

Je me permets de vous demander une photo de vous et non pas de votre Harley, pour associer une image à vos écrits et parce que j’aime la femme, découvrir ce qu’elle veut bien dévoiler et fantasmer sur ce qu’elle cache.

Si vous ne souhaitez pas répondre, je resterai attentif à une éventuelle suite dans une parution prochaine, car votre récit, bien qu’il ne le précise pas, semble inachevé et j’ose avancer sans le moindre doute que vous y avez goûté !

Un admirateur,

Benji

2

***

Chemin d’Asie

Voici quasiment une semaine que Benji a répondu à cette femme ou plutôt commenté sa confession, attisé par la curiosité, mais aussi pour combler sa solitude, son manque de pouvoir échanger des propos similaires avec sa femme, son manque de se libérer et effacer les années de frustrations dans le domaine de l’affectif avec son exépouse et enfin son manque de contact intime, et à peine davantage dissimulés, ses fantasmes, qu’ils soient vécus ou virtuels.

Il s’est déjà fait à l’idée qu’aucune suite ne sera donnée à son courriel, car il se relit et se demande en homme qui doute, s’il a été à la hauteur pour captiver l’attention de cette femme, si sa réponse va trouver un écho. Peu importe, il ne cherche pas une relation nouvelle, mais un échange, une réponse à ses interrogations, car il croit toutes les femmes identiques et si difficiles à comprendre. Il rejoint sa cabine après avoir bavardé avec ses deux collègues de voyage ou de galère, selon le niveau de moral de chacun, moral qui laisse un goût parfois aussi amer que le café délivré par la machine sur la plateforme de production pétrolière. Les trois compères ont évoqué leur traditionnelle soirée à terre à Songkla, dans le sud de la Thaïlande, avant d’embarquer aux aurores dans le « chopper » hélicoptère, pour traduire le jargon pétrolier, qui va les emmener comme à chaque rotation à quelque 220 kilomètres des côtes et les tenir éloignés de tout pendant un mois.

Il y fait très chaud et humide, comme d’habitude, et la bière a déjà bien coulé, comme s’il fallait prendre sa ration pour se prémunir du sevrage forcé qu’imposent les règlements de sécurité draconiens, vu les installations particulièrement dangereuses dans ce secteur d’activité. C’est devenu maintenant un rituel pour les trois compagnons de se retrouver au salon business à Roissy CDG pour lever ensemble les coupes de champagne, non pas pour fêter le départ de leur domicile, mais pour les aider à basculer dans un nouveau calendrier et déclencher le compte à rebours qui leur permettra de se rapprocher chaque jour un peu plus du retour au pays. Ils sont tous trois assez en harmonie dans leur comportement et profitent de ces derniers instants de liberté sans toutefois sombrer et avec l’idée de se présenter correctement et à l’heure à l’héliport, où ils seront emmenés loin de toute civilisation, là où les arbres ne poussent pas, les oiseaux ne sifflent pas, comme si la vie basculait dans un autre monde. C’est donc dans cet esprit qu’ils s’offrent leur dernière soirée à terre, à l’image du condamné qui s’apprête à passer son dernier moment de liberté après avoir obtenu une permission provisoire.

— Prêts pour notre « Alcatraz » ? Lance Benji, en référence à cette célèbre forteresse réputée pour l’impossibilité de s’y échapper. La différence cependant est que ce monstre métallique ancré dans les fonds marins d’où ils exercent leur passion pour ce métier d’aventurier de l’or noir, de mercenaires du pétrole, leur offre cette évasion.

Khun Lung amuse la galerie avec ses histoires ; cet ancien marin, grand orateur, a une véritable encyclopédie d’anecdotes vécues qu’il sait accommoder, depuis toutes les années partagées entre mer et désert et il redit à chaque fois à ses collègues que son épouse lui a encore demandé pourquoi il sifflait toujours sous la douche la veille de quitter le foyer conjugal. Il ne le faisait pas par impatience de quitter les siens, mais par son attirance pour l’Asie et l’amour du métier. Cousin Carlo quant à lui, danseur maladroit sur les airs afro-cubains déhanche sa carcasse de cent trente kilos autour de la barre de striptease sur la piste du Cosmos et de l’Offshore-bar avec son incontournable style, portant ses fidèles chemises en soie coupées sur mesure dans l’étoffe par le tailleur local et le même pantalon en toile de lin qui lui tombe parfois au bas des pieds, quand la ficelle qui fait office de ceinture manque de fiabilité.

Retour en Touk Touk en direction du Pavilion hôtel, l’habituel hôtel des pétroliers expatriés, pour y dormir quelques heures après avoir pris soin de vérifier l’heure de départ sur le panneau situé à gauche de l’ascenseur. Habituellement, la soirée commence par une dégustation de fruits de mer sur Semilla Beach, chacun amenant de France sa bouteille de vin préféré, un Médoc grand cru pour Benji pour accompagner le camembert et Livarot apporté de Normandie et qui arrivait à supporter le voyage en avion, conservé en soute, et des vins blancs de la part des collègues bretons pour accompagner les poissons et crustacés. La particularité des restaurants de ce pays est de pouvoir apporter son vin à volonté sans le moindre problème, ce qui serait absolument impensable en France. Les hôtesses vous y accueillent avec le seau à glace, le tire-bouchon et le sourire asiatique au bout des lèvres et davantage après le repas si affinités et faiblesse, exception faite de la maîtresse des lieux dont le sourire magique laisse apparaître des dents usées ou manquantes. Tous goûtaient la cuisine locale pour accompagner les poissons comme le riz frit, appelé Khao Pat, et les sauces au gingembre, avant de faire la tournée des bars, sorte de rituel psychologiquement indispensable pour se préparer à tenir un mois éloigné du monde.

9 décembre

Bonsoir,

Ma réponse est un peu tardive, mais elle est là. Merci infiniment pour ce compliment concernant ma confession.

C’est effectivement étonnant qu’une aventure coquine ne vous soit pas arrivée grâce à votre moto. Je suis convaincue que beaucoup de femmes aiment les motards, par pour l’objet matériel, mais pour l’image, ce qu’il s’en dégage, bref comme vous l’avez déjà compris, j’aime les motards et les motos, il est vrai que je vibre facilement quand je suis en voiture, et que j’en entends une s’approcher. Et je suis souvent agréablement récompensée en ville quand je vois ce célèbre petit signe de tête suivi d’un sourire que je devine dans les yeux, pour remercier le fait que je me sois poussée pour le laisser passer à un feu rouge. Mais je m’égare dans ma réponse… passons.

Il est dommage que votre femme n’arrive pas à dépasser sa crainte de la moto, ne serait-ce que pour vous accorder à tous deux un délicieux moment en pleine nature… essayez encore de la persuader… elle ne sait pas ce qu’elle manque, parce qu’une vibrante étreinte précédée et suivie d’une virée à moto, les vibrations sont encore plus ressenties dans ce cas. Enfin, je trouve, maintenant je passe à votre demande, une photo.

Je me doute que la photo qui vous intéresse serait une photo coquine. Sincèrement, hormis celle que j’ai adressée à l’édition, la seule autre que j’ai est une photo gentiment dénudée, mais avec un effet. Elle vous décevra certainement, mais je n’en ai aucune autre. Nous comptons y pallier pour notre plaisir, mais pour le moment je n’ai rien de disponible et il n’est pas évident de prendre des photos de soi, soi-même. J’ai peiné, mais je me suis appliquée comme j’ai pu pour réussir à peu près celle qui est parue pour en faire la surprise à mon homme. Alors, si cette seule photo dont je vous parle vous intéresse néanmoins, dites-le-moi et je vous l’enverrai. Je tiens toujours mes promesses…

Pour terminer, vos doutes sont justes, j’ai effectivement goûté à la sodomie avec délice et je ne me lasse plus d’y revenir encore et encore désormais.

Hormis votre sensibilité aux caresses saphiques, est-ce une pratique que vous appréciez ?

Je vous laisse maintenant, j’ai été ravie de vous lire et sachez que votre mail a été le plus agréable à lire de tous ceux que j’ai reçus.

Une admirée enchantée…

Quelle classe Madame,

Au vu de votre réponse, vous méritez amplement les compliments, je ne m’attarde pas davantage, néanmoins, je serais ravi de recevoir votre photo, mais cela n’engage que vous qu’elle soit coquine, car je ne me permettrais pas, ne serait-ce que de vous le suggérer…

Ceci étant, je ne comprends pas pourquoi votre mari ne peut pas vous prendre en photo, je réalise moi-même des photos érotiques, coquines de ma femme, qui sur ce point me comble, mais vous connaissez les hommes, ils sont toujours attirés par les autres femmes (ne comprenez pas les femmes des autres), ne serait-ce qu’en croisant leur regard dans la rue et en imaginant leurs dessous, jusqu’à voir ces dames nues et offertes devant eux et ce qui me caractérise, en dehors du fait d’être un homme normal si tant est qu’il y ait une norme, est une attirance pour la beauté féminine, ce que l’on peut aussi appeler du voyeurisme. Je précise : je veux dire non maladif, car je veux bien être le voyeur uniquement de celle qui s’exhibe, pour fantasmer et aussi parfois répondre à la femme qui, en quelque sorte, s’offre au regard des hommes, soit en s’habillant de façon très fashion ou sexy, voire provocante, mais j’aime également l’exhibitionnisme de la femme pour son mari, et en réalisant ces clichés avec ma femme, je réalise un fantasme certes, mais je pense par là même immortaliser certaines situations ou époques de la vie, pour mieux vieillir ensemble et retracer le chemin parcouru plus tard.

Voilà, je suis ravi d’avoir pu échanger quelques propos avec vous à prolonger à souhait.

Amitiés,

Benji.

Merci encore pour vos paroles.

Pour les photos il n’y a pas grand-chose à comprendre, seulement que je n’ai rien d’intéressant en numérique, en fait, et qu’effectivement mon mari ne m’a pas beaucoup capturée par l’objectif. Le numérique est entré dans nos habitudes, mais pas aussi intensément pour le moment.

Je sais qu’il aimera me prendre en photo quand je le lui demanderai ou quand il saura me convaincre, parce que, quoi qu’il en soit, je pèche par coquetterie féminine, au sens où je refuse toute photo si je ne me sens pas, disons, en forme… par contre pour les formes…

Je vous laisse apprécier à votre guise celles que je vous offre comme promis… de quoi me deviner légèrement, quelques mèches de cheveux, une peau, des rondeurs bien là sans conteste… et une que vous allez forcément reconnaître.

Amitiés et au plaisir de vous lire.

Quel bonheur, dans un premier temps, quand j’ai ouvert mon mail, de voir votre réponse, mais quelle frustration ensuite de n’avoir pu ouvrir vos fichiers comme vous l’aviez prévu.

Je m’en remets donc à vous pour me faire parvenir vos photos sous une autre extension si vous êtes encore devant votre ordinateur et je vous répondrais volontiers.

Je suis toujours là et je peux maintenant apprécier vos photos évidemment plutôt suggestives et, en même temps, qui laissent une part à l’imagination. Je ne cherchais pas forcément à recevoir une photo coquine, j’étais curieux au-delà de toute autre considération. Les rondeurs, je ne sais pas où elles sont, en toute sincérité, et en tout cas, si elles sont présentes, elles représentent ce qu’il y a de plus beau pour une femme, à savoir quelques traces d’avoir mis au monde des enfants sans doute, ce qui n’altère en rien la féminité, la coquetterie, l’envie de plaire et même le goût quelque part pour le partage par l’exhibition. Je vous dis bravo et je vous encourage, c’est un signe que vous êtes bien dans votre peau et qu’en écrivant dans cette revue avec la qualité de votre plume, vous pouvez être un catalyseur pour les autres, celles ou ceux qui n’ont jamais rien à raconter ou qui tout simplement n’osent pas.

J’ai compris que cela était un message à l’amour de votre vie, mais en même temps un fantasme, peut-être inavoué jusqu’ici de vous dévoiler. Eh bien, sachez que c’est réussi.

Merci beaucoup et il est évident que je serais ravi de continuer cette discussion et de vous connaître, pourquoi pas.

Amitiés et bises,

Au plaisir de vous lire de nouveau,

Benji.

Que dire à la lecture de vos mots… je suis sensible à vos propos… un gentleman cérébral ? Entre autres facettes, j’imagine, tout laisse deviner un homme sensible et subtil.

Vous avez supposé juste, c’est certainement un fantasme inavoué que celui de me dévoiler.

Je ne vous cacherai pas que je suis charmée… au plaisir de vous retrouver au travers des mots pour le moment. Je ne refuse pas de vous connaître, mais je ne dis pas oui tout de suite, j’aime l’idée de l’effeuillage intellectuel… cela vous convient-il pour l’instant ?

Je vais devoir laisser mon clavier et me transformer en hôtesse à la hauteur, des amis arrivent de Corse et je sais qu’ils seront là d’ici dix minutes et je profite de ce que mon mari est sous sa douche pour vous quitter doucement.

Je boirai une coupe en la levant discrètement également à votre santé.

À très bientôt,

J’ai oublié de vous saluer comme il se doit…

Amitiés et j’y ajoute également un baiser.

10 décembre

Bonjour Mélissa,

Permettez-moi de vous appeler ainsi et j’ai été très touché par le baiser d’hier soir.

Que dire de votre réponse ? Simplement que je suis certain d’avoir envie de vous rencontrer en tout bien tout honneur, à une terrasse chauffée d’un café parisien, par exemple, mais libre à vous bien sûr et l’idée de l’effeuillage intellectuel me convient, pourvu que je continue d’être à la hauteur.

À part cela, je pense que vous me connaissez déjà un peu puisque votre première impression correspond à ce que l’on pense de moi en général.

Je n’ose pas entrer dans le détail de vos photos ou en tout cas de ce que je peux en voir, mais sachez que j’ai beaucoup apprécié de les associer à vos premiers mots et qu’elles sont loin de me laisser indifférent.

Merci d’avoir bu à ma santé hier soir et j’espère que je n’ai ni perturbé votre soirée, ni votre sommeil.

Ne croyez pas que je suis fâché avec l’orthographe française, mais je vous écris de l’étranger où je travaille et mon ordinateur n’est pas configuré pour les accents et je dois utiliser les tabulations au risque d’en oublier une partie.

En effet, je travaille un mois en Thaïlande et j’y suis à l’instant où je vous écris, mais mon temps est partagé entre l’Asie et les pays africains dont l’Angola et le Congo ou encore le Nigéria, je suis ensuite un mois en France en repos et je transite par Paris lors de mes allers et retours.

Ne vous sentez pas obligée de me répondre dans l’immédiat, car je ne veux surtout pas déranger votre vie de famille pendant le week-end.

À bientôt néanmoins,

J’ai moi aussi un baiser pour vous.

Benji.

Je vous permets avec plaisir de m’appeler Mélissa puisque c’est ainsi que mes amis m’appellent. Vous l’avez déjà compris, je serais ravie de vous rencontrer je vous l’ai fait comprendre, mais seulement dans un second temps, peut-être vais-je mettre votre patience à rude épreuve, mais cela vous consolera de savoir que la mienne sera, pour le moins, tout autant éprouvée… joueur ?

Être à la hauteur ? Soyez tout simplement vous-même… Je suis désolée d’avoir laissé percevoir une image de femme précieuse ou «snob «. Sachez qu’il n’en est rien.

Je suis simple, très simple, et pour l’orthographe, je ne suis pas tatillonne à ce point, absolument pas.

J’aime les mots comme je le répète, j’aime les choix qu’ils offrent, les lier, en jouer… je trouverai dommage de ne pas user de ces belles syllabes quand on le peut un tant soit peu et surtout si on aime en user.

Par contre, il n’y a aucune idée de défi pour celle ou celui qui me lit, c’est justement, je pense, une façon de s’offrir un peu, en prenant le temps d’habiller ses pensées, il me semble que c’est une marque d’attention, d’égard envers autrui, non ?

Pour notre part, je pense aussi que le vouvoiement ajoute quelque chose de particulier à nos échanges, et là, nous n’avons pas la voix qui accompagnerait ces paroles.

Sachez aussi que le tutoiement ne me pose aucun problème…

Autrement, pour rebondir encore sur ce que vous m’avez écrit, je ne vous connais pas ou peu, j’essaie juste de vous deviner, ce rythme me convient… et je me réjouis de vous avoir pour cette première tentative à peu près devinée.

Hier soir, effectivement, une pensée est allée vers vous et sachez que vous n’avez pas dérangé ma soirée entre amis, lorsque je vous quittais, ils allaient arriver… Je voulais prendre le temps de sortir mes flûtes. Je devine un regret déguisé en souhait ou bien l’inverse, souhaitiez-vous réellement ne pas troubler mon sommeil ? Je passe…

Je ne me suis pas sentie obligée de vous répondre, j’y suis venue avec plaisir et à un moment où j’avais le temps, vous ne dérangez pas ma vie de famille en ce sens.

Elle est parfois très familiale et parfois moins, mon mari fait de la compétition, par exemple, ce soir je viendrai certainement, puisqu’il sera absent pour aller jouer un match. Sachez également que ma profession fait aussi que je suis souvent sur mon ordinateur.

Mais la vôtre m’attire si elle vous fait voyager…

Pour finir, vous dites ne pas oser entrer dans les détails… Osez, osez, je vous y invite si vous souhaitez… je vous ai répondu parfois dans le désordre et longuement, je suis si désordonnée.

Prenez votre temps, je suis bavarde… et je ne suis pas très décidée aujourd’hui, limitée dans mes choix, mes enfants font la sieste, mon mari s’est absenté, et ce jusqu’à 23 h, je n’ai ni l’esprit à travailler, ni à lire, ni l’envie de me reposer et encore moins d’effectuer une quelconque tâche ménagère. Alors je reprends ma plume et je vous écris.

Je voulais vous faire savoir que vous n’êtes pas une distraction, sur le nombre impressionnant de mails reçus, vous êtes le seul avec qui je corresponds réellement.

Il est sans conteste que la nouveauté, quelle qu’en soit le domaine, un loisir, une connaissance, aiguise les sens d’une personne curieuse et croqueuse de vie.

On ne peut nier que notre prise de contact a la particularité d’être basée sur un point commun : cette fameuse parution. En cela, elle nous permet d’être francs sans crainte d’un quelconque a priori, de ma part il n’en viendra pas en tout cas, mais je pense que vous n’avez pas imaginé que cela pouvait être.

Notre correspondance est basée sur la qualité et le charme opéré. C’est dit.

J’ai relevé dans votre mail de ce matin une hésitation à vous laisser dire ce dont vous aviez envie, ou bien était-ce de l’extrême courtoisie, tout en devinant la réponse qui pourrait être faite, vous avez opté pour l’invitation, que ce soit délibéré ou non, j’aime cette intention.

Il est évident que l’on ne peut cacher notre goût pour le sexe, cette boîte de pandore par laquelle nous aimerions nous faire surprendre et vibrer quotidiennement.

Mais je sais que vous y participez, vous avez écrit prendre des photos de votre femme soit coquines, soit chaudes, et vos goûts pour le voyeurisme, associés à l’exhibition de votre femme, laissent à penser qu’elle aime à s’exhiber pour vos yeux et il est beau de savoir que des attirances sexuelles sont partagées. Je trouve tristes les couples qui ne peuvent ou ne veulent pas partager librement, dans le respect et le jeu, les préférences sexuelles de chacun. Je ne conçois pas la vie sans ces plaisirs, elle est unique, et se frustrer ne peut rendre heureux ni disposé à apprécier la moindre parcelle de joie qu’elle offre.

Je reviens à notre point commun, il me semble que nous jouons avec cette forme de voyeurisme et de fantasmes, celle, parmi d’autres, qui est d’aimer lire des récits, c’est une façon de les vivre ou de s’en inspirer. Et cette dose d’inconnu et de mystère est un vrai délice, comme le sont nos échanges.

J’ai un jour appris, lorsque j’étudiais encore, une expression qui, je trouve, s’associe bien aux éperdus des jeux de l’amour, la catharsis d’Aristote, c’est une théorie sur la purgation des passions. J’ai cette impression que c’est ce que nous faisons en tant que lecteurs, du moins, exproprier nos fantasmes au travers des lectures et s’identifier aux protagonistes. Bien sûr, pour ma part, cela demande de me sentir proche de l’esprit du récit.

Aimer les écrire c’est aussi une forme d’exhibitionnisme.

Il est vrai qu’outre me dévoiler en actes racontés, me dévoiler sous quelques photos c’est aussi une façon de servir de catalyseur. Vous me l’aviez écrit et c’est maintenant que je me dis que l’idée me plaît.

Continuez à vous dévoiler, et oui vous êtes à la hauteur et oui les rondeurs existent bien jusqu’au bout de mes lèvres…

Amitiés et baiser accompagné, que je vous laisse apprécier.

J’avoue avoir ouvert plusieurs fois ce matin mon mail pour voir si vous aviez répondu, car j’étais impatient de vous lire de nouveau.

Concernant le vouvoiement, à la formule de respect que nous utilisons quand on ne connaît pas la personne à qui l’on s’adresse, s’ajoute l’envie de distance, de protection, une sorte de barrière imaginaire, car je ne suis pas sûr de la réaction, comme la peur de déplaire, mais avec une envie très forte de la franchir pour t’approcher et même de très près.

Eh bien voilà, c’est fait, nous nous tutoyons donc. J’aimais bien notre vouvoiement aussi dans le sens où cela peut éviter de déraper, au risque de rompre cette amitié naissance et particulière qui s’installe entre nous via Internet.

C’est aussi un jeu, en quelque sorte, mais pas un jeu dangereux ni pervers et en tout cas si cela venait à affecter l’un de nous, il faudrait arrêter tout de suite nos échanges.

Pourquoi cette envie de t’approcher ? Parce que tu m’as « séduit » au travers de ton récit et que j’ai, depuis, envie d’en savoir beaucoup plus sur toi.

Bien vu : tu as su deviner que j’ai eu envie de troubler ton sommeil pour me sentir moins seul.

Es-tu si désordonnée que tu le dis, au point de pouvoir t’égarer ? Quant à moi, bien que cartésien, je réponds à tes mails sans respecter l’ordre, car cela arrive telle une avalanche, il faudra être fort parfois si l’on continue à ce rythme.

J’aimerais maintenant que l’artiste me parle de sa passion, de son métier même s’il est tout autre, d’ailleurs.

Ta plume te dicte non pour une rencontre, mais je devine que ton regard et ta bouche disent oui et le disent bien mieux.

Cependant, je suis contre la précipitation, mais ma curiosité est telle que je le souhaite fortement.

Un philosophe a dit, je le cite : le silence est l’écrin de la pensée

J’aime ta façon de sortir de ton écrin et de rompre ce silence par « l’habillage de tes pensées»

Amitiés,

Benji.

11 décembre

Pas franchi, oui, laissons-le « vous » au vestiaire… je te redécouvre ce soir, le temps de remplir mes devoirs de mère et je range temporairement cette facette, puisque tu en parles, justement je m’étais fait cette remarque. Je ne suis pas artiste et je n’ai jamais écrit à la revue que je l’étais.

Du reste, j’ai eu un doute et j’ai relu le mail envoyé à la revue ainsi que ma lettre, et non, je n’ai à aucun moment cité mon métier. Il semblerait que ce soit important pour la rédaction d’en indiquer un.

Peut-être une façon de donner des statistiques, pour le moins fausses, du « type » de lecteur. C’est cependant la seule chose qui ait été inventée par la rédaction.

Mais ce qui m’a fait sourire quand je me suis découvert mon « nouveau » métier, c’est qu’en réalité, c’est un métier que j’aurais également aimé exercer.

Je ne nous imagine pas nous affecter de façon perverse, et certainement pas volontaire, donc j’ai d’ores et déjà confiance en nos futurs échanges et dans cette relation naissante.

Oui, je suis désordonnée parfois, oui je sais m’égarer, je sais aussi être contradictoire, comme tu le soulignes si bien, entre oui et non, j’arrive à mettre une distance, le seul contrôle que je pense avoir, c’est à quel moment je vais réduire cette distance, mais je crains de ne rien contrôler d’autre en général. Et je suis tout autant contre la précipitation, mais tu le sais déjà, je crois.

Si tu te sens l’envie de revenir au vouvoiement pour une pensée particulière, un message, pour imprimer une idée, n’hésite pas.

Je te quitte ici pour l’instant, car je sais qu’un autre mail de toi attise ma curiosité, j’ai envie de faire durer le plaisir de le découvrir, mais j’ai aussi envie de le lire avec gourmandise, puisque je sais que seuls ces mots seront ma possession en ce qui te concerne et que je ne trahirai pas cette idée de l’effeuillage, je m’y attèle de ce pas…

Baisers de Paris.

Maintenant, c’est trop tard, je continue le tutoiement. Je viens de te lire après avoir envoyé mon mail que tu as dû déjà recevoir, mais je ne peux répondre à celui-ci maintenant, cependant ce soir, je serais très heureux de te lire de nouveau et de commenter ces dernières réflexions parcourues et pour lesquelles nous paraissons tellement en phase.

Est-ce un secret le métier ?

À ce soir.

De nouveau là… je vais donc répondre à ta question sur mon réel métier, je touche à un domaine technique également. C’est long à expliquer alors j’ai ma façon de résumer, disons que je travaille dans un cabinet d’Audit et que je m’occupe de ce que l’on appelle dans le jargon QA/QC Assurance et Contrôle Qualité pour traduire l’abréviation anglaise, mais vous devez connaître dans ton secteur d’activité. Je suis responsable de ce département et mon domaine est lié à la technique, à l’informatique et par conséquent à la compilation de tout cela pour en générer des rapports.

Voilà : pas très intéressant lorsque l’on n’est pas dedans et encore moins quand on me subit, car les entreprises savent qu’elles ont beaucoup de travail après notre passage ; je plaisante, nous venons à leur demande et dans leur intérêt de progresser.

Au fait, si tu en as le désir, nous pourrions discuter par « messenger », vu que tu as Internet et que notre adresse électronique est la même, l’installation est simple et je t’ai envoyé une invitation dans ce sens. Ainsi, lorsque nous ressentirons le besoin d’être encore plus proches dans nos envies de correspondre (si ce n’est pas déjà le cas), nos échanges seront instantanés, qu’en penses-tu ? L’aparté est terminé…

Et toi, que fais-tu une partie de ton temps en Thaïlande ? Je ne connais pas ce pays, mais l’idée que tu voyages ainsi me fait rêver, mes déplacements professionnels se limitent au sud de la France. J’ai fait des études dans l’esprit justement des voyages, mais je n’ai pas été une grande itinérante. Tes voyages te correspondent ? Comment gères-tu l’éloignement physique de ta femme ? À moins que ce choix ne soit volontaire.

Je ne sais pas ce qui manquerait le plus si j’étais éloigné de l’homme que j’aime, faire l’amour ou l’amour dans son quotidien ?

Je te laisse, je vais me faire un café…

Je t’embrasse

Je suis dans l’activité pétrolière, pour expliquer simplement le lieu de mon travail du moment, mais cela change régulièrement.

Je reviens à toi : notre conversation, notre découverte progressive me laisse à penser que l’on est en train de se toucher, se toucher avec des mots. Je n’arrive pas à décrire cette forme de contact, mais en ce qui me concerne, tes photos m’aident à faire corps avec toi. Ces photos filtrées, mais qui laissent passer la lumière, celle-là même qui éclaire ta pensée.

Tu m’as dit précédemment : osez, osez !

Je me délecte de tes photos parce qu’elles contiennent tout ce que j’aime regarder chez une femme : ses beaux dessous, le galbe de ses fesses et ses seins. J’ose pour cela te dire que j’aime tes formes pour être attiré par les formes, à savoir ces fesses que les strings ou un shorty mettent si bien en valeur et des seins qui offrent une attirance sexuelle. Je sens que je commence à être moins doué, mais j’avais envie d’oser et je l’ai fait.

Je te laisse me répondre, car j’ai bien reçu ta demande messager, mais j’ai essayé en vain de me connecter. Je suis actuellement sur un bateau dans le golfe de Thaïlande, il ne faut pas trop en demander.

Merci de m’avoir apporté toutes ces précisions sur ton métier, il doit être passionnant. Le mien l’est aussi, je suis toujours dans les avions et je voyage dans tout l’hémisphère pétrolier, autant dire tous les continents et le goût de l’aventure me convient, le mélange des cultures, le transfert de connaissances, de compétences est un challenge permanent, j’adore ce que je fais, mais l’éloignement est parfois pesant, par exemple passer Noël loin des enfants sur un autre continent. Tout se gère néanmoins et je fais le plein de souvenirs sur ma clé USB avant le départ et Internet existe et est présent et bien là en ce moment pour pallier ma solitude, cette solitude si pesante parfois, qui vous ôte votre statut de père et de mari et qui prive de relations charnelles pour ne laisser place qu’au cérébral, ce qui est mieux que rien même si un homme a du mal à s’en contenter et j’en suis personnellement inconsolable.

La vie ici est austère : c’est la privation de tous les plaisirs, une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pas de femmes, pas d’alcool et bien que je puisse me passer d’alcool sans problème, j’ai apprécié ta flûte de champagne de l’autre soir, la seule que j’aurai durant ma mission, malgré la période de fêtes à venir.

Je te laisse me lire de nouveau et reste encore un peu connecté jusqu’à 22 h 30 environ, sache que nous avons à cette époque de l’année six heures de décalage, les nuits courtes, mais si passionnantes en ce moment.

Je t’embrasse aussi,

Ton ami.

Tu as osé et j’aime, sache que je ne vois rien qui te révèle moins doué, je te le redis, il n’y a aucune barre à atteindre ou à dépasser.

Oui, je comprends mieux que ce soit moins évident sur un bateau pour les connexions, alors maintenant je ne pourrai occulter une pensée pour toi… et j’aime que tu partages cette envie de le dire. Merci pour la douceur de tes mots…

Quel plaisir de te lire vraiment, j’ai connu une personne qui faisait le même métier que toi, ce n’était pas évident pour sa famille non plus. Tes enfants sont grands ? Je te promets de rester jusqu’à 22 h 30, je ne pourrai pas passer à côté de toi, j’ai une alerte dès que j’ai un de tes mails. Comme quoi. Oui, je vais éviter de parler de ce qui est dur, comme l’éloignement en cette période et je reviens sur ce que tu me dis des relations charnelles. Je sais que les hommes sont peut-être plus gourmands en fréquence, mais je suis de celles qui sont convaincues que les femmes en ont tout autant envie que les hommes, le problème est que si en couple c’est plus que gérable, pour des célibataires, c’est plus délicat, et la majorité des hommes ont du mal à considérer des femmes qui fonctionneraient comme les hommes, une femme est considérée comme une nymphomane et un homme comme un Don Benji, même au XXIème siècle. Je ne suis pas féministe pour un sou, mais j’entends certains collègues autour de moi qui ne se privent pas de ces commentaires en ma présence, qu’ils soient célibataires ou pas, bien évidemment, mère de famille et en ménage, forcément je ne peux pas être hédoniste à leurs yeux, et pourtant je suis loin d’être adepte de l’ascétisme.