Carlo Acutis - Bénédicte Delelis - E-Book

Carlo Acutis E-Book

Bénédicte Delelis

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Beschreibung

“ L’Eucharistie, c’est mon autoroute vers le Ciel ! ”

Mort en 2006 et béatifié en 2020, Carlo Acutis est une étoile fulgurante dans le ciel de notre génération. Cet adolescent au caractère bien trempé et au coeur tendre, dévoré par l’amour de l’Eucharistie, passionné par Internet et la vidéo dont il fait des outils d’évangélisation, entraîne aujourd’hui à sa suite des jeunes du monde entier. Dans cette biographie qui se lit comme un roman, Bénédicte Delelis propose une véritable rencontre avec ce saint si attachant.



À PROPOS DE L'AUTEURE


Mère de famille, Bénédicte Delelis est l’auteure de nombreux livres pour enfants, dont la collection Graines de saints (Mame).

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Bénédicte Delelis

Carlo Acutis

Conception couverture : © Christophe Roger

Relecture : Le champ rond

Composition : Soft Office (38)

© Éditions Emmanuel, 2022

89, bd Auguste-Blanqui – 75013 Paris

www.editions-emmanuel.com

ISBN : 978-2-38433-012-6

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.

Dépôt légal : 2e trimestre 2022

À Églantine, que Jésus aime infiniment.

Sous le signe de Notre-Dame

Il pleut sur Londres. Les cloches sonnent. On se hâte.

— On se croirait au mois de février, marmonne Adriana.

La vieille dame marche à pas menus. Il ne faut pas glisser sur les dalles luisantes. En mai, dans son cher pays, l’Italie, le ciel éclate de bonheur et de satisfaction. Mais ici, il semble peser sur la distinguée cité anglaise comme un gigantesque et ennuyeux tapis maussade qui n’en finit pas d’être pâle et de mauvaise humeur.

On a failli être en retard. Adriana avait oublié la médaille. Maintenant, elle serre précieusement la petite boîte claire dans son antique main usée comme du parchemin. Carlo est son premier arrière-petit-fils, et, aujourd’hui, il va être baptisé.

L’église est aussi sombre que le reste. Adriana n’aime rien dans cette ville morose. Elle ne le dira pas. Elle ne veut pas faire de peine aux jeunes parents qui l’accueillent avec gratitude. Et elle est si heureuse, oui, tellement émue d’être là. Le temps passe et presse… eux ne le savent pas. Ils pensent la vie vaste comme l’horizon et éternelle…

Adriana s’avance, s’appuyant légèrement sur les bancs de bois qui fleurent la cire fraîche. Parvenue au milieu de la nef, elle s’arrête un instant pour reprendre souffle. Et là, levant la tête vers les statues des saints qui ont l’air de la regarder passer, sages et solennels, elle aperçoit Carlo. Son cœur, ancien d’avoir tant vécu, mais jeune toujours pourtant, se met à battre si fort dans sa poitrine qu’elle croit l’entendre résonner et palpiter jusqu’aux austères voûtes un peu tristes. Ses tempes bourdonnent, les ogives dansent… Ce bébé est superbe.

— Asseyez-vous Grand-Maman, dit gaiement Antonia, venue à sa rencontre. Je voudrais que vous le preniez dans vos bras.

Adriana n’a même pas eu le temps d’y penser qu’on a déposé dans ses vieux bras fatigués le cher paquet. Avait-elle imaginé connaître un jour un arrière-petit-fils lorsque fillette brune, elle s’appliquait pour apprendre à écrire le a et puis le b, et que devenue jeune fille, elle tourbillonnait au bras de son amoureux ? Carlo a un tout petit nez. Il dort. Il pousse un gros soupir. Il est tiède et rose et rond. Le monde s’arrête et se suspend. L’âme d’Adriana chante et déborde.

Que sera donc cet enfant ? C’est tout de même mystérieux. Le voilà neuf comme une page blanche à écrire. Pas tout à fait blanche cependant. Il y a la belle Antonia à l’immense chevelure couleur de châtaigne et le jeune papa aux yeux bleu tendre. Ils s’aiment, ils sont heureux. Et pour l’heure, ils s’agitent. Ils ne sont guère à l’aise dans les églises. Où doivent-ils se mettre ? Que doivent-ils faire ?

— Vous savez, Grand-maman, je ne suis allée que trois fois à la messe de toute ma vie, déclare la jeune maman : pour ma première communion, ma confirmation et mon mariage !

— En effet, ça ne fait pas beaucoup chérie, répond la vieille dame. Tout ira bien, tu verras. Personne n’en est mort.

La cérémonie commence.

« Dieu nous accueille ici dans cette maison qui est la sienne et qui est dédiée à Notre-Dame de Fatima, annonce le prêtre. Nous sommes heureux, ensemble, avec la famille venue d’Italie, de lui confier le petit Carlo. Que Notre-Dame de Fatima veille ! »

Lumières d’Italie

Ce furent ensuite de bien gaies réjouissances. On dévora un gâteau en forme d’agneau qui rappelait l’agneau pascal puisqu’un baptême est une pâque : un fabuleux passage, solidement arrimé au Christ, où l’on traverse les inquiétantes eaux de la mort et du péché pour en être à jamais libérés. L’on se raconta de gaies histoires et les nouvelles des tantes, des amis, des voisins et des proches. L’on savoura d’être ensemble sous ce ciel étranger qui rappelait un peu, pour quelques heures, la douceur des lumières d’Italie. L’on rit, l’on but, et l’on trinqua :

« À Carlo ! À Carlo ! »

Carlo passait de bras en bras. On l’embrassait sur le bout du nez. On s’extasiait de ses petites grimaces délicieuses de nourrisson. Sa maman fatiguait à peine. Elle était tellement jeune encore, aussi fraîche qu’un matin de printemps. Grand-mère Adriana regardait ce petit monde caquetant, bourdonnant et heureux. Elle se taisait beaucoup. Elle buvait des yeux les visages chers, et ce petit Carlo tellement petit.

Carlo était né le 3 mai 1991 à Londres, où ses parents Andrea et Antonia demeuraient pour leur travail. Ces deux jeunes amoureux italiens venaient de se marier et séjournaient en Angleterre pour le travail d’Andrea. Ils venaient d’une famille aisée, ils avaient vingt ans ou juste un peu plus, et la vie se présentait devant eux, belle, riante, active et débordante, riche de promesses et de possibilités. Andrea et Antonia ne devaient pas rester longtemps dans la royale capitale britannique. Carlo, qui était leur premier bébé, n’allait pas même y connaître un automne. La douce Italie bientôt se rappela à leurs bons souvenirs…

En effet, en septembre 1991, la jolie famille fit paquets et bagages, et s’installa à Milan où Andrea devait reprendre la compagnie d’assurances de son père et Antonia la maison d’éditions de sa famille.

— Comment nous organiserons-nous pour Carlo ? s’inquiétait la nouvelle mère.

Tenir deux entreprises lorsqu’on est un jeune couple avec un enfant, ce n’est pas rien, surtout quand on se passionne pour un métier dans lequel on s’investit de tout cœur. Les premières années s’annonçaient très chargées. Heureusement, il y eut Beata. Beata était une jeune fille venue d’un pays encore plus froid que la capitale anglaise : une contrée de lacs et de neige, de cantiques et de piété profonde, la Pologne. Pendant la semaine, Andrea et Antonia devaient travailler beaucoup. Aussi, durant quatre ans, Beata veilla à tout. La gentille polonaise promenait Carlo dans sa poussette, lui donnait ses repas, lui racontait des histoires, consolait ses chagrins et le faisait rire aux éclats. Beata fut la première personne à parler de Dieu à Carlo. Aussi le petit garçon savait-il à peine dire « papa » et « maman », « chien » et « tartine », qu’il apprit aussi grâce à Beata à dire « Jésus », « Marie » et à élever le regard vers le tabernacle et vers le Ciel.

Lorsqu’à Milan il se mettait à faire chaud et étouffant comme dans un four, Beata emmenait Carlo chez les grands-parents de Carlo en Italie du Sud, près de Naples, où il passait tous les longs et brûlants mois d’été. Et dès que ses parents étaient libres, la famille se retrouvait au complet. Là, c’était le paradis. Les rochers escarpés tombaient dans la mer transparente. Les maisons crépies de jaune et d’ocre se pressaient les unes contre les autres près de l’église au clocher carré, comme pour se protéger de l’éclatant soleil. Le matin, aux heures fraîches, Carlo dévalait les ruelles en pente du petit village afin de faire le marché avec sa grand-mère. En fin d’après-midi, on se baignait, on s’éclaboussait, on cueillait des figues ou des grenades dans le jardin, on ramassait avec émerveillement les œufs dans le poulailler des voisins…

Non loin de la maison des grands-parents de Carlo s’élevait un vaste sanctuaire : Notre-Dame de Pompéi. Beata, qui avait grandi sous la protection de la Vierge noire de Pologne, aimait à faire des pèlerinages pour prier Marie. Elle prenait donc par la main le petit garçon aux boucles de jais et aux joues rondes et l’emmenait saluer la belle Dame qui ressemblait à une reine.

— Allez Carlo, on marche encore un peu, l’encourageait-elle dans son italien coloré d’un inimitable accent. Là-bas, on priera la Sainte Vierge qui t’aime beaucoup et qui t’attend.

Et elle racontait à Carlo mille histoires de l’Évangile, de la vie des saints, ou les miracles de la Sainte Vierge. L’enfant n’en perdait pas une miette.

Lorsqu’on arrivait enfin, l’église se détachait, majestueuse, immaculée sur le ciel d’azur. On entrait là-dedans comme dans un palais royal ou chez un être prestigieux et remarquable, marchant à pas feutrés, sans courir, sans se précipiter. Tout y était d’or et de pourpre, avec des lustres éclairés, des parfums d’encens, de foi et de prière. L’atmosphère saisissait le petit garçon et de sa voix claire, il répétait avec Beata le Je vous salue.

Le métier de sauveur

Mais un jour, Carlo remarqua des larmes sur le visage de sa grand-mère Luana. Le petit garçon venait d’avoir 4 ans. On s’agitait dans la maison. On fit venir le prêtre. Nonno, son grand-père, n’était pas bien. On l’avait couché dans son vaste lit et il ne se levait plus ni ne mangeait des baies sauvages dont il raffolait pourtant. Il ne serrait plus son petit Carlo dans ses bras, et un matin, on n’entendit plus sa voix dans la maison. Le ciel semblait avoir perdu sa gaieté. Le jardin, où Carlo avait fait ses premiers pas, acclamé par ce grand-père chéri, se tut tout à coup, comme retenant son souffle. Maman pleurait. On ne verra plus Nonno. Où est-il allé ? Carlo comprit qu’il était mort et que la mort est une chose très triste. Grand-mère ne pouvait pas rester seule ici désormais. La maison était trop grande, trop lointaine, trop solitaire. Il fallait qu’elle déménageât.

— Elle va venir habiter tout près de nous, dit Antonia.

On rentra à Milan.

— Où est Nonno ? interrogeait Carlo.

C’était bien étrange, cette absence soudaine et si pesante.

Carlo jouait souvent dans le nouvel appartement de sa grand-mère qui était juste à côté de chez eux. Et puis, un après-midi, alors que la vieille dame se reposait un peu et que Carlo s’amusait gentiment, elle le vit s’agiter et soudain mettre son manteau.

— Où veux-tu aller comme ça, Carlo ? demanda-t-elle, surprise.

— Je vais à l’église, Nonna.

— Mais nous y sommes allés dimanche. Qu’est-ce que tu veux y faire de plus ?

— Je veux qu’on aille prier pour Nonno.

— Sais-tu où est Nonno maintenant ?

— Oui. Il est parti voir Jésus.

Et de son petit pas tranquille, Carlo s’en alla, tirant sa grand-mère, prier pour Nonno.

Comment Carlo savait-il une chose pareille ? Grand-mère Luana était fort surprise. Et ce que Carlo raconta ensuite ne fit que l’étonner davantage. Il avait vu son grand-père, affirma-t-il d’un ton certain et sans réplique. Le vieil homme lui avait dit qu’il était au purgatoire et qu’il fallait beaucoup prier pour lui.