Carroge - Tome 4 - Gilbert Laporte - E-Book

Carroge - Tome 4 E-Book

Gilbert Laporte

0,0

Beschreibung

Une série de meurtres répondant à un rite religieux spécifique secouent la région parisienne tandis que de nombreux phénomènes étranges affolent l'Afrique et l'Amérique...

Aux mains de l’assassin qui crucifie une autre de ses victimes, Claire Demange tente le tout pour le tout pour s’échapper. Dans le même temps, le lieutenant Martin Delpech a fini par identifier le repaire où psychopathe tue ses proies. Encore faut-il qu’il arrive à temps pour la sauver…

Découvrez le quatrième tome de l'une des enquêtes du lieutenant Delpech qui tentera de démêler les signes du diable.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Passionné par le sujet de la création des évangiles comme il l’explique à la fin du livre, Gilbert Laporte se sert de ce sujet pour créer une intrigue originale et très bien ficelé, sur un thème qui a déjà été exploité plusieurs fois, autour de la psychologie du meurtrier, et de la cupidité notamment. Un très bon premier roman à l'écriture fluide mais aussi dynamique quand il le faut. A lire ! - Aucafélittérairedecéline, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Gilbert Laporte est né à Paris et vit dans le sud de la France. Il a effectué ses études supérieures à Nice et a été cadre dans de grandes entreprises. Il partage ses loisirs entre la lecture d'ouvrages historiques, le cinéma, la musique, les voyages et l’écriture.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 146

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Couverture

1 Pénitence

Olivier Debecker ressentit de vives douleurs sur tout le corps. Il grimaça et se rappela que son tortionnaire avait commencé par le suspendre nu à une chaîne accrochée au plafond de la salle, pour lui fouetter violemment le dos et le torse. Les lanières de cuir cinglantes avaient, presque immédiatement, provoqué des tuméfactions rouges et brûlantes sur sa peau blanche de blond.

CE N’EST QUE LE DÉBUT…

Bien que tétanisé par la douleur, il avait également conscience d’une position couchée inconfortable et de l’engourdissement de ses membres. Il comprit qu’il était allongé, dos sur le sol, avec les bras et les jambes immobilisés. Il souleva la tête pour apprécier sa situation et ce qu’il vit le pétrifia d’effroi.

Il était attaché à l’aide de gros rubans adhésifs noirs sur une croix en bois reposant par terre. Ses pieds étaient calés sur une sorte de tablette et on l’avait habillé avec seulement un court pagne blanc en lin. L’idée d’être crucifié lui noua le ventre et il ne put empêcher ses jambes de trembler. Il avait cru d’abord à une mauvaise blague, mais quand il s’était aperçu que la pièce avait été aménagée en salle de chirurgie, son être avait été envahi par une peur paralysante. Sur la table d’opération, il entrevit une jeune femme blonde qu’il ne connaissait pas et qui semblait profondément dormir. Il tourna la tête sur la gauche, vers des étagères en métal fixées contre le mur. La vision des bocaux remplis de petits animaux et de morceaux de chairs informes, peut-être humaines, ne firent qu’ajouter à son effroi.

TU VAS EXPIER TES PÉCHÉS EN CROIX.

Il entendit des pas venir vers lui et, lorsqu’il vit l’homme en habit de chirurgien entrer dans la pièce pour s’approcher de lui en tenant dans une main de longs clous et dans l’autre, un lourd marteau, il cria sur un ton angoissé :

– Arrêtez ! Qu’est-ce que vous faites ? Vous êtes fou !

Valade resta imperturbable. Il déposa son matériel par terre pour mettre un masque sur le bas de son visage et enfiler ses lunettes anti-éclaboussures. Il ramassa un des clous et appuya fermement le clou contre la paume de Debecker et l’enfonça à grands coups de marteau dans le bois de la croix. Sa victime hurlait à chaque impact et essayait de se débattre comme un dément, mais les rubans adhésifs le maintenaient solidement attaché. Après chaque clou planté jusqu’à éclater les chairs, il prononça une phrase de messe en latin d’une voix monocorde.

– Dominus vobiscum. [Le Seigneur soit avec vous.]

Quand le faux chirurgien eut enfin fini de lui clouer les mains et les pieds, Debecker était à la fois fou de douleur et profondément désemparé. Il supplia son bourreau dans un sanglot :

– Par pitié, pourquoi faites-vous ça ?

Valade s’interrompit, la question le surprenait.

– Mais pour vous sauver, bien sûr, répondit-il d’une voix étouffée par son masque.

– Mais me sauver de quoi ?

Ses lèvres tremblaient de désespoir. Le chirurgien semblait, quant à lui, réciter une leçon bien apprise.

– Sauver votre âme, tout simplement. Extirper les péchés et les sacrilèges qui sont en vous. Vous vous repentirez sur la croix. Votre souffrance nettoiera votre âme impie et Dieu pourra l’accueillir en son paradis pour l’éternité.

– Vous êtes fou, complètement dingue ! sanglota Debecker.

Il ne s’agitait plus, de peur de raviver la douleur qu’il ressentait dans les paumes des mains et des pieds et se mit à pleurer doucement, sentant le désespoir l’envahir inexorablement.

Mais, pour lui, le pire restait à venir.

TON ÉPREUVE N’EST PAS FINIE… TU VAS COMPRENDRE CE QUE LE CHRIST A ENDURE.

Valade passa un crochet dans un anneau situé à la tête de la croix. Il était relié à une chaîne fixée au plafond, via une poulie. Puis il se dirigea vers un boîtier de commande et actionna un interrupteur. La croix commença à se redresser lentement dans un bourdonnement de moteur électrique. Le chirurgien découpa ensuite les rubans adhésifs avec un scalpel. Pour le crucifié, qui n’était plus retenu que par les clous, la douleur fut atroce. D’abord dans les mains, puis dans les pieds au fur et à mesure qu’il rejoignait la position verticale. Il lui semblait que ses chairs se déchiraient peu à peu.

Ensuite, ce fut encore plus terrible. S’il s’appuyait sur ses pieds, la douleur lui remontait jusqu’aux cuisses. S’il relâchait son effort, elle devenait ignoble dans les paumes et il commençait à suffoquer du fait de sa position suspendue.

Il connaissait les conséquences d’une crucifixion et savait pertinemment que l’agonie serait lente et continuellement pénible. Elle finirait en asphyxie, quand ses muscles subiraient des crampes et n’auraient plus la force de soulever sa cage thoracique, tirée vers le bas par le poids de son corps. Sa mort rapide ne serait provoquée que si son bourreau décidait de lui briser les jambes pour accélérer son étouffement. En attendant, sa souffrance serait intense et permanente. Il n’aurait aucune position de repos, aucun instant de répit dans sa torture.

C’EST AINSI QUE CELA DOIT ÊTRE… POUR TON BIEN.

Claire, quant à elle, entendait tout ce qui se passait. Allongée sur la table d’opération, elle restait incapable de faire le moindre mouvement. Comme elle avait essayé de se défendre à son réveil, Valade lui avait injecté une nouvelle drogue à l’aide d’une seringue. Elle avait depuis l’esprit embrumé et son corps était comme paralysé, mais elle redevenait de plus en plus consciente.

La jeune femme n’avait pas vu ce qui se déroulait par terre à sa gauche, mais elle ressentit une appréhension glacée à entendre les cris de douleur et de supplication de l’homme qui avait été encloué. Il fallait à tout prix qu’elle trouve une solution pour échapper à un sort semblable. Elle fit un effort pour ouvrir les yeux et les tourner vers sa gauche. Il lui sembla vivre un cauchemar quand elle aperçut l’individu crucifié. La vision de la scène sanglante était ahurissante d’effroi, mais ses yeux s’alourdirent et se refermèrent à nouveau. Elle avait encore tellement envie de dormir…

Ne t’endors pas ! Surtout, ne t’endors pas ! Sinon tu finiras comme lui !

Elle se sentait extrêmement fatiguée et il aurait été si facile, pour elle, de s’abandonner au sommeil. Mais il fallait qu’elle lutte pour sa survie. Elle fit donc un effort pour remuer la main droite. Sans succès.

Elle se concentra. Ne penser qu’à sa main. Juste tenter de soulever les doigts de la table. Elle avait cependant l’impression qu’ils pesaient une tonne. Avaient-ils bougé ? Elle ne le croyait pas.

Essaie autre chose.

Se focaliser sur les hurlements et les gémissements de la victime. La peur la ferait sortir de sa torpeur, forcément. En effet, les cris du supplicié retentissaient de plus en plus fort dans sa tête, signe qu’elle retrouvait ses sens.

Tente de remuer un membre.

Elle mit toute son attention sur son bras droit. Celui-ci frémit.

Ça marche ! Il a bougé ! Faiblement, mais il a bougé !

Faire doucement.

Agir avec précaution.

Surtout ne pas attirer l’attention de l’homme en tenue de chirurgien. Être aux aguets.

Écouter s’il se déplace dans la pièce.

Tenter de nouveau un regard sur le côté en ouvrant l’œil gauche.

Elle reçut une vision d’horreur en voyant le corps ensanglanté de l’inconnu à demi nu et qui se débattait comme un insecte épinglé sur une planche. Tétanisé par la douleur, celui-ci finit par s’uriner dessus.

Mon Dieu, par pitié, donnez-moi la force de sortir de cet enfer !

Ne pas s’affoler.

Rester calme.

Observer le bourreau entre les paupières et continuer à bouger la main droite.

Essayer de soulever l’avant-bras.

Ça y est ! Oui, tu y arrives…

2 60 pieds sous terre

Demange, le cœur affolé à l’idée d’être enfermé vivant sous terre, accéléra ses pas en ignorant la douleur causée par la flamme du briquet sur son pouce. Arrivé au pied du puits d’entrée du souterrain, son désarroi se transforma en une profonde détresse. Il percevait le bruit des pelletées de terre et de cailloux jetées sur la dalle de marbre. Il ne voulait pas y croire, mais le son se fit de plus en plus sourd et il se retrouva par la suite dans un silence total.

Le silence était effrayant. Il pouvait entendre distinctement sa respiration et son cœur résonner dans sa poitrine. Accablé, il s’assit par terre pour réfléchir dans le noir aux moyens de se sortir de cette situation.

Seul, il aurait eu déjà beaucoup de mal à soulever la lourde dalle de marbre. Mais s’il y avait désormais plus d’un mètre de terre dessus, ce n’était même pas la peine d’essayer. Il alluma à nouveau son briquet pour consulter l’heure. Claire devait être en route. Elle le sauverait. C’était son unique chance. Il eut cependant une inquiétude immédiatement après cette pensée positive.

Et si ces sinistres individus s’en prenaient à elle ?

Ils allaient chercher à l’éliminer, forcément. Si Carrel lui tendait un piège, elle ne se méfierait absolument pas et elle était, de toute manière, de constitution beaucoup trop fragile pour pouvoir se défendre.

Il se releva. Il fallait à tout prix tenter quelque chose. L’historien décida alors de retourner dans la crypte pour trouver une autre sortie vers la surface. Une fois à l’intérieur de la salle, il ne put s’empêcher d’admirer à nouveau les fresques en en approchant la flamme de son briquet. Les dessins racontaient de manières différentes des scènes habituelles de la vie de Jésus. Sur l’une d’entre elles, il mourait seul sur la Croix.

C’est possible, cela expliquerait pourquoi Jésus n’a pas laissé de trace dans l’histoire de son temps. Un banal rebelle à l’ordre établi et les évangélistes qui rajoutent ensuite deux autres crucifiés, comme le veut la tradition des deux témoins qui sont là pour certifier que Jésus a bien été martyrisé.

Mais il y avait d’autres scènes où Jésus était entouré cette fois-ci de vingt apôtres, alors qu’ils étaient traditionnellement reconnus comme étant au nombre de douze. Une autre peinture le représentait très jeune avec sa mère. Il était accompagné d’enfants, des filles et un garçon, une inscription en grec précisant qu’il s’agissait des frères et sœurs de Jésus. L’un d’entre eux indiquait « Jacques ».

Jacques le Juste. Le frère de Jésus, comme indiqué dans les textes et non pas un cousin comme le veut l’Église.

Il y avait bien des représentations de la mise au tombeau du Seigneur, mais aucune scène ne montrait de résurrection ou d’événements ultérieurs à sa mort. De même, les miracles brillaient par leur absence. Il comprit que les moines qui avaient caché ces manuscrits devaient être franchement troublés par les écarts entre ces écrits et la vision canonique de l’Église. L’étude historique et la science d’aujourd’hui permettraient de faire le tri entre toutes ces versions et de déterminer les plus vraisemblables. À condition, toutefois, d’avoir les manuscrits originaux. Il enragea à nouveau de savoir que des documents aussi précieux étaient entre les mains de vulgaires brigands.

Pierre revint rapidement à son idée première de trouver une solution de sortie. Il se dirigea alors vers la porte de la crypte et en arracha une planche. Il pourrait peut-être s’en faire une torche. Le bout de bois refusa cependant de s’enflammer.

Trop vieux, probablement.

Il remarqua par ailleurs avec inquiétude que le niveau de gaz de son briquet devenait extrêmement bas. Il ne lui resterait plus beaucoup de lumière. Il fallait l’économiser, s’il voulait avoir une chance de trouver une autre sortie. Il retourna dans le tunnel, la gorge nouée par la crainte de mourir seul sous terre. Il n’avait pas encore essayé d’explorer la partie non aménagée qui se poursuivait sur la droite après la crypte. L’historien s’engagea donc dans cette direction en préservant au maximum sa lumière, qu’il ne rallumait périodiquement que pour s’orienter.

Il progressait en posant les pieds prudemment sur le sol, une main glissant sur la paroi crayeuse du tunnel et l’autre bras à tâtons en avant. Le couloir descendait de manière assez raide pendant une vingtaine de mètres, puis remontait en pente douce. Demange reprenait peu à peu espoir, bien qu’il devînt de plus en plus difficile d’avancer. La faille verticale était étroite et il devait parfois se courber ou présenter son corps de profil pour pouvoir continuer. À un moment, il eut un espoir fou. Il s’arrêta et regarda la flamme. Non, il n’avait pas rêvé. Elle se penchait vers la direction où il allait.

Il y a un courant d’air ! La faille doit déboucher à l’air libre !

Son espoir fut cependant vite contrarié. Le boyau devenait encore plus étroit. Dans un premier temps, il dut aller de l’avant à genoux, puis rapidement, il ne put plus que péniblement ramper. Ce faisant, il se cogna la colonne vertébrale contre un éperon rocheux et grimaça de douleur. Il se raclait les genoux contre la roche pratiquement à chaque mouvement et ses doigts commençaient à être en sang. La partie du couloir qu’il empruntait devenait en effet tellement étroite qu’il devait cheminer les bras tendus devant lui, en s’agrippant à la force des doigts et en poussant avec la pointe des pieds. Son crâne frottait contre la paroi. Il était entièrement recouvert de blanc, y compris ses lunettes. La poussière fine de craie lui rentrait dans les narines, la bouche et même les yeux.

Toussant, crachant et pleurant, il mettait cependant toute son énergie pour s’en sortir, centimètre par centimètre…

Jusqu’à cet instant terrible.

Oh, non !

En voulant forcer pour pénétrer dans un passage extrêmement étroit qui remontait brusquement comme un siphon, il se retrouva coincé, le buste tordu en arrière et la tête inclinée vers son épaule gauche. Il essaya de faire machine arrière, mais, s’il avait bien trouvé une prise pour tirer son corps en avant, il n’y avait en revanche pas d’aspérité lui permettant de pousser. La paume de ses mains raclait désespérément contre le sol, mais il ne pouvait plus avancer ni reculer.

Il était complètement bloqué.

C’en était fini.

Son chemin s’arrêtait là.

Pierre alluma son briquet pour constater du coin de l’œil que la faille se réduisait à la grosseur d’un conduit d’où l’on ne pouvait faire passer qu’un bras tout au plus. C’était bien la fin de son parcours et de ses espérances. De l’air fit vaciller sa flamme qui finit par mourir. Il tenta frénétiquement à la rallumer. Une nouvelle flamme réussit à naître, mais avec moins de force. D’abord faiblarde, elle commença à décliner lentement pour s’éteindre ensuite totalement.

Il n’y a plus de gaz !

Il chercha vainement à la rallumer. Seules quelques étincelles jaillirent dans le noir. Il agita le récipient dans l’espoir d’obtenir un reste de gaz.

C’était inutile.

Abattu, Pierre Demange comprit qu’il était condamné à mourir de faim et de soif, dans une position plus qu’inconfortable et dans le noir complet. Son supplice risquait de durer un long moment.

Il eut alors une pensée pour Claire.

Était-elle en danger en ce moment ?

Il espérait qu’elle s’en sortirait.

Elle était d’une constitution fragile, mais il était constamment surpris par les ressources insoupçonnées qu’elle trouvait lorsqu’elle était en difficulté.

Demange aimait profondément son épouse.

C’était une jolie femme, sensible et forte à la fois. Elle était son parfait complément. Il était distrait, souvent perdu dans ses pensées et très maladroit sur les aspects pratiques. Claire, elle, avait toujours du bon sens, un grand pragmatisme et un sens de l’organisation sans faille. Malgré leurs différences de caractère, il n’y avait jamais eu de conflits dans leur couple. Ils se retrouvaient sur l’essentiel, la tendresse et le respect de l’autre.

Claire, ma Claire, je t’aime…

Je ne te l’ai pas dit souvent, car je me laisse trop absorber par les lectures et mes recherches, mais je t’aime de tout mon cœur.

Pierre eut un soudain sursaut combatif.

Il ne devait pas crever ici sans savoir ce qu’était devenue sa femme. Ce n’était pas possible. Elle avait peut-être besoin de lui. Il fallait absolument qu’il s’en sorte. Cette idée le réconforta un moment et lui donna un instant le courage de lutter. Il ne voulait pas mourir sans aider sa femme. Il fallait impérativement faire quelque chose.

Il ne pouvait en rester là.

Bats-toi, pour elle !

Il essaya à nouveau de se dégager et entama des efforts désespérés pour revenir en arrière. Il se cogna plusieurs fois la tête et fit tomber ses lunettes, sans avoir les moyens de les remettre. La paume de ses mains était totalement écorchée. Sous ses doigts, il sentait le sang poisseux mêlé à la poussière de craie. Des larmes de rage coulaient sur ses joues. La roche lui oppressait la poitrine et, le nez plein de résidus, il ne pouvait respirer qu’avec beaucoup de difficulté, ce qui renforçait encore plus l’angoisse de sa situation. Il ressentait des bouffées de chaleur et son corps transpirait abondamment.

Demande essaya vainement de se dégager plusieurs fois de suite. Il pestait et hurlait sa rage inutilement et finit par abandonner. Il n’arriverait jamais à sortir de ce trou à rat, il fallait se rendre à l’évidence. La boucle métallique de la ceinture de son pantalon était bloquée dans une faille de la roche et lui rentrait dans le ventre. Sa respiration devenait difficile et son cœur battait à se rompre. Il eut des sensations de vertige qui l’amenèrent au bord de l’évanouissement.

Le temps semblait s’allonger et son supplice durer une éternité. Il savait qu’il mettrait trois ou quatre jours avant de mourir de soif. À un moment, il fut au bord de la crise de nerfs, affolé comme un animal pris au piège. Puis il se sentit progressivement envahir par un profond désespoir, dans la peur de disparaître seul et sans avoir revu les gens qu’il aimait.

Il pleurait.