Cendres Tome 2 - Jessica Morse - E-Book

Cendres Tome 2 E-Book

Jessica Morse

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Beschreibung

Bien que fantômes, Alexa, Anna, et Alice pourraient encore se sauver elles-mêmes ainsi que les autres fantômes d'un future lugubre. Mais de nouveaux obstacles bloquent leur chemin vers le succcès, et les trois soeurs réalisent que sauver le voisinage ne sera pas aussi facile qu'elles l'espéraient. Alors qu'Alexa ne sait à qui faire confiance, Anna se voit réduite à choisir entre sauver sa peau et faire le bien. Quant à Alice, autrefois une petite fille innocente, elle se retrouve à penser qu'être un fantôme n'a pas que des inconvénients...

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Seitenzahl: 202

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Sommaire

PROLOGUE

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

CHAPITRE 10

CHAPITRE 11

CHAPITRE 12

CHAPITRE 13

CHAPITRE 14

CHAPITRE 15

CHAPITRE 16

CHAPITRE 17

CHAPITRE 18

CHAPITRE 19

CHAPITRE 20

CHAPITRE 21

CHAPITRE 22

CHAPITRE 23

CHAPITRE 24

CHAPITRE 25

CHAPITRE 26

CHAPITRE 27

CHAPITRE 28

CHAPITRE 29

CHAPITRE 30

CHAPITRE 31

CHAPITRE 32

CHAPITRE 33

CHAPITRE 34

ÉPILOGUE

REMERCIEMENTS

A PROPOS DES AUTEURES

PROLOGUE

Zander Ajamais avait tout perdu.

Il vivait dans les rues d’une ville animée, et chaque matin il devait suivre un programme très strict s’il voulait survivre.

Chaque matin il sautait le petit-déjeuner, puisqu’il n’avait rien à manger. Il passait la matinée à mendier de la nourriture, de l’argent ou des dons et à midi, il mangeait ce qu’il avait ramassé de comestible et il vendait le reste après son repas. Tout l’argent qui lui restait lui servait alors à acheter un dîner décent, avant de passer le reste de la soirée à chercher un abri avant de s’endormir.

Pourtant, sa vie n’avait pas toujours été si lugubre. Enfant, il avait même été vraiment heureux, mais tout avait changé le jour de son douzième anniversaire.

Ce matin fatidique, ses parents avaient eu un effroyable accident d’auto en ramenant son frère cadet de la crèche. Tous trois avaient péri.

Comme ses grands-parents étaient déjà morts et qu’il n’avait ni oncles, ni tantes, ni cousins pour l’accueillir, il devint sans abri et affreusement solitaire. Il s’était enfui de l’orphelinat où il se sentait en prison.

Quand Zander eut seize ans, il en eut assez. Il ne pouvait continuer à vivre ainsi. Il n’avait rien, et pourtant il avait l’impression que le monde lui enlevait tout. Il voulut en finir. Il se mit debout, pour une dernière fois, pensa-t-il.

C’est alors que, comme ça, il entendit une voix murmurer doucement au fond de son cerveau :

— Viens à moi, mon enfant, je vais te guider.

Zander n’avait pas le choix : il devait suivre la voix. C’était comme si elle le guidait, mais il ne savait pas où il allait.

La voix le guida très longtemps, et Zander se retrouva dans une forêt. Assurément, il n’était plus en ville car autour de lui il n’apercevait pas la moindre trace de civilisation.

En baissant les yeux, Zander vit une traînée de cendres. Elle le mena jusqu’à un cimetière où il découvrit l’auteur de la voix.

— Par ton chagrin et ta colère, tu vas prendre ma place comme Maître des Marionnettes. Ta vie en sera bouleversée à jamais, dit la voix.

C’était exactement ce que Zander voulait entendre.

— Chante avec moi ! » continua la voix.

— Dansons autour du rosier…commença la voix, et Zander se surprit à participer au chant.

Il n’essaya pas de résister. Pour lui, tout valait mieux que continuer à vivre dans la rue, même si ce chant était sa propre fin. Et, d’une certaine manière, ça l’était.

Zander allait être le premier d’une longue liste de victimes transformées en fantômes.

La voix était celle du maître des fantômes et il était en train de lui transférer ses pouvoirs. Zander ne serait pas seulement l’un d’entre eux, il serait leur maître avec le pouvoir de les contrôler entièrement.

— Brûlent tous nos bouquets…

Zander vit des pétales gris et roses tomber du ciel. Les gris lui rappelaient sa vie sombre et triste, les roses faisaient remonter toute sa colère et son envie.

Il ne sentait absolument aucun regret. Il savait que personne d’autre ne comprendrait son choix. Après ça, certes il resterait seul, mais à la fin il aurait le pouvoir. Pouvoir sur lui-même … et sur les autres. Il aurait enfin le pouvoir qu’il méritait ! Il pourrait enfin avoir sa revanche sur le monde qui s’était désintéressé de lui.

— Et quand tombent les cendres, les cendres…

Tout autour de Zander, des cendres et des pétales en feu se soulevèrent du sol et s’enroulèrent autour de lui comme une tornade.

Zander sentit que son corps commençait à changer. Il n’était plus qu’un homme sans forme, fait d’ombres et d’obscurité.

Mais il ne se débattit pas. Au contraire, il accueillait le changement, restant fidèle à son choix.

De toute façon, c’était trop tard pour revenir en arrière. Il ne savait pas du tout dans quoi il s’était fourré. Mais que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, rien de tout cela ne comptait pour lui. Le monde de Zander allait changer pour toujours. Et probablement en mieux. Au moins pour lui.

— Il nous faut tous descendre…

CHAPITRE 1

Cinquante ans plus tard

Il était 9h13 du matin et une petite fille d’à peine cinq ans était assise dans sa chambre pour jouer avec sa poupée. Bien que les poupées soient tout sauf vivantes, elles allaient assister à quelque chose d’horrifiant.

La fillette s’appelait Alexandria Johnson, ou Alexa. Ses cheveux étaient d’un blond doré, ses yeux gris-bleu, et tous ceux qui la rencontraient l’aimaient. C’est une enfant curieuse et étonnante, elle apprenait très vite, comme si elle savait déjà lire et écrire la plupart des mots. Pour son âge, elle était aussi vraiment douée en maths.

Évidemment, la petite Alexa n’imaginait pas que quelque chose d’anormal allait arriver. Après tout, ce n’était qu’une petite fille innocente. Mais cela ne changeait rien au fait que quelqu’un, là-bas, avait l’intention de la tuer.

Car au même moment, un homme marchait tranquillement vers le quartier d’Alexa, se dirigeant vers sa maison.

Malgré son comportement aimable, saluant tous ceux qui le regardaient, il cachait sa vraie méchanceté et la volonté de revanche contre le monde entier qui était ancrée en lui.

L’homme sifflotait un refrain étrange en s’avançant vers la maison des Johnson. Il regarda à gauche et à droite, pour s’assurer que personne ne verrait ce qu’il allait faire. Et là, il fit quelque chose de stupéfiant.

Il se transforma en une petite mésange, et voleta jusqu’à la fenêtre de la fillette. Apparemment, personne ne remarqua la disparition subite de l’homme.

Il atterrit sur le rebord de la fenêtre et se transforma en araignée. Il se mit alors à ramper à travers la minuscule fente entre la fenêtre et le rebord.

Une fois dans la chambre d’Alexa, il reprit une forme humaine.

— Bonjour Alexandria, dit-il doucement. Alexa sursauta.

Alexa fit ce que toute petite fille astucieuse aurait fait. Très calme, elle commença aussitôt à poser des questions.

— Qui es-tu ? Que fais-tu ici, et comment es-tu entré dans ma chambre ? demanda-t-elle en s’appuyant contre le mur.

Alexa n’était pas du tout effrayée, elle était plutôt curieuse. Le peu qu’elle aurait pu savoir l’aurait pourtant effrayée. Très effrayée. L’homme qui était devant elle voulait la tuer, simplement à cause de ce qu’elle pourrait lui faire dans le futur.

— Eh bien, je suis Zander, je suis entré par la fenêtre et je suis venu ici pour … comment dire ? se demanda l’homme, en s’arrêtant pour se gratter le menton pendant qu’Alexa agrippait la poignée de la porte, prête à courir au moindre signe anormal.

Puis, l’homme plissa des yeux pour un sourire méchant quand il finit sa réponse :

— Eh bien, je suis venu POUR TE TUER !!! rugit-il en se transformant en un tigre féroce qui bondit sur la fillette.

Alexa hurla, ouvrit la porte et courut aussi vite qu’elle put, juste au moment où les griffes du tigre s’abattaient à l’endroit qu’elle venait de quitter.

— MAMAN, PAPA, A L’AIDE ! cria-t-elle en dévalant les étroits couloirs de sa maison, évitant de justesse les griffes du tigre.

Ses parents accoururent. Leurs yeux s’écarquillèrent à la vue du tigre.

— Cours, cours, Alexa ! J’attrape une arme ! hurla son père, en courant dans la direction du garage, suivi par la maman d’Alexa.

Alexa continua de courir, sûre que ses parents allaient la sauver si elle gagnait un peu de temps. Et en effet, quand ils revinrent, son papa portait un révolver. Il tira, la balle fila droit sur le tigre, mais juste avant d’être atteint, le fauve disparut : il avait littéralement évité la balle, qui s’incrusta dans le mur jaune clair.

Pendant quelques instants, personne ne parla. Tous regardaient l’endroit où avait été le tigre une seconde auparavant.

Il y avait des griffures sur le mur, des pots de fleurs et des vases étaient renversés et le beau chandelier gisait, brisé, sur le sol. Et puis, bien sûr, il y avait cet impact de balle dans le mur. C’était comme si une tornade avait traversé la maison.

La maman d’Alexa finit par briser le silence.

— Tout va bien, ma chérie ? demanda Mme Johnson en s’accroupissant pour lire dans les yeux de sa petite fille.

Alexa fit « oui » de la tête, en ouvrant ses grands yeux vers l’endroit où le tigre avait disparu. Elle était encore tout essoufflée de sa course.

Ses parents sifflèrent de soulagement, puis ils la ramenèrent à sa chambre et fermèrent soigneusement la fenêtre.

— Sais-tu comment il est entré ici ? demanda Mme Johnson à sa fille.

Alexa ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt. Aucun son n’en sortait, et bien qu’elle voulût le lui dire, elle n’avait pas la force de parler. Elle montra la fenêtre, et ses parents fermèrent le rideau, même si la protection était dérisoire.

— Tu veux qu’on reste un peu ? continua Mme Johnson.

Alexa avait peur, mais elle était courageuse. Elle hocha la tête et laissa partir ses parents.

Ils savaient bien que ce n’était pas une bonne idée de laisser une enfant de cinq ans seule dans sa chambre après ce qui venait de se passer, mais ils savaient aussi qu’Alexa était une petite fille solide et forte. Elle saurait faire face.

Une fois ses parents partis, Alexa laissa la porte légèrement ouverte au cas où elle aurait besoin d’eux. Elle regarda par la fenêtre. Elle remarqua une mésange bizarre qui s’envolait au loin de la maison.

CHAPITRE 2

Onze ans plus tard

— Bonjour Alexandria, une voix étrange appela à travers les ombres.

— Anna, Alice, c’est vous ? chuchota Alexa en ouvrant les yeux devant une immense silhouette qui s’approchait.

La silhouette ne dit rien, mais comme elle se rapprochait Alexa réalisa que ce n’était aucune de ses sœurs, mais un homme fait d’ombres.

Cet homme était connu comme le Maître des Marionnettes, il pouvait contrôler les fantômes selon sa fantaisie.

Une semaine plus tôt, Alexa et ses sœurs, Anna et Alice, étaient parties à l’aventure en essayant de sauver tous les enfants signalés disparus, y compris leur cousin Adam. Elles avaient découvert que tous ces enfants avaient été transformés en fantômes par le Maître des Marionnettes. Chaque fois qu’un fantôme chantait une certaine chanson, les autres fantômes sortaient de terre et formaient un cercle autour de la victime, se joignant dans le chœur pour transformer la victime en fantôme. Une chanson que l’on aurait prise pour une mélodie enfantine. C’était « Dansons autour du Rosier ».

Quand un enfant devenait un fantôme, son corps passait instantanément sous le contrôle du Maître des Marionnettes. Toutefois, le Maître permettait aux fantômes de faire ce qu’ils voulaient du moment qu’ils demeuraient dans le triste cimetière où leurs tombes étaient situées.

Il n’avait pas fallu bien longtemps avant qu’Anna et Alice deviennent des fantômes, laissant leur sœur aînée seule.

Alexa avait pleuré la perte de ses sœurs, mais elle était déterminée à continuer de chercher pour essayer de trouver la réponse à toutes ses questions. Elle avait été à deux doigts de réussir. Elle allait ouvrir une boîte qui pouvait, soit aider le Maître des Marionnettes, soit l’arrêter et libérer tous les fantômes – y compris ses sœurs – , mais il lui manquait encore une pièce.

Une clef.

Mais avant de pouvoir la trouver, elle était arrivée à bout. Nerveuse et effrayée, souffrant de la perte de ses sœurs, elle avait fini par rejoindre les fantômes. Elle avait capitulé. En fin de compte, elle avait retrouvé ses sœurs. Ce n’était pas comme elle l’avait envisagé, mais cela valait mieux que de rester seule.

Maintenant elle se retrouvait allongée sur le sol sec du cimetière qui serait son nouveau foyer, reculant devant le Maître des Marionnettes qui venait vers elle. Soudain, il se changea en corbeau, s’envola et disparut.

Alexa regarda jusqu’à ce qu’elle soit sûre qu’il était parti. Elle observa autour d’elle. Où étaient ses sœurs ? Ou Adam, ou Avery, ou Lucy ?

Où étaient-ils, tous ? Selon toute apparence, elle était seule.

Elle fit le tour du cimetière, à la recherche de quelqu’un, de n’importe qui.

Elle frissonna en marchant. Autrefois, il y avait si longtemps, ce cimetière avait été tout à fait normal. Puis soudain, il y avait quelques années, il était devenu beaucoup plus sinistre et maléfique.

Un brouillard épais, surnaturel, avait couvert le cimetière et ne l’avait plus jamais quitté. Le brouillard arrêtait le soleil, si bien que le cimetière était toujours sombre, même à midi. Et dans cette atmosphère surnaturelle quelque chose donnait à Alexa l’impression que quelqu’un la regardait, même si elle était sûre qu’il n’y avait personne.

Depuis qu’elle avait vu Adam se transformer en fantôme, elle avait essayé de rester aussi loin que possible du cimetière, et elle avait conseillé à ses sœurs de faire de même. Maintenant, elle n’avait plus rien à craindre. Elle était déjà un fantôme, elle ne pouvait donc pas le redevenir.

Soudain, elle entrevit l’entrée du cimetière devant elle. Ayant exploré la plus grande partie du cimetière sans trouver quiconque, elle décida de quitter les lieux dans l’espoir de trouver quelqu’un ailleurs.

Elle sortit du cimetière à pas décidés sans savoir à quel point les vieilles grilles grinçantes de l’entrée ouvraient vers l’absence de liberté.

CHAPITRE 3

Alice arpentait son quartier sous le commandement du Maître des Marionnettes. Comme tous les autres fantômes, elle était à la recherche d’enfants qui n’avaient pas encore été transformés en fantômes.

Jusque-là, personne n’avait rien trouvé, alors qu’ils avaient fouillé presque tout le quartier.

Alice grinça des dents d’agacement quand le Maître des Marionnettes la dirigea vers une autre maison. Elle commençait à s’ennuyer sérieusement et il lui tardait que tout cela finisse.

Elle déambula à travers les murs de la maison. Une vieille dame qui regardait tranquillement la télévision se mit à crier et s’enfuit.

Alice sourit intérieurement.

Puis elle remarqua ce qui passait sur l’écran.

— Beaucoup de parents nous ont appelés pour signaler la disparition d’enfants, annonçait un journaliste.

— Jusqu’ici nous n’avons pas pu les trouver ni savoir ce qu’il leur était arrivé.

Le Maître des Marionnettes la dirigea vers la télécommande. Le journaliste poursuivait :

— Il y a un large éventail de théories, les plus populaires concernant des kidnappeurs et des enlèvements extra-terrestres.

Alice écarquilla les yeux. Des kidnappeurs ? Des enlèvements par des extra-terrestres ? Quelles idées !

À ce moment-là, le Maître des Marionnettes lui donna une forme solide et lui fit éteindre la télévision avec la télécommande.

Normalement, les fantômes étaient vaporeux et ils passaient à travers tout. Mais avec un peu de concentration ils étaient capables de se rendre solides, de manière à interagir avec les objets.

Chaque fois que les fantômes formaient un cercle autour d’un enfant pour l’ensorceler, ils se rendaient solides pour que leurs mains puissent se tenir quand ils faisaient la ronde.

Quand le Maître des Marionnettes la remit à l’état gazeux et la fit dériver vers la cage d’escalier pour continuer la recherche, l’esprit d’Alice décrocha. Elle cessa de faire attention à ce que le Maître lui faisait faire.

J’espère que nous avons presque fini, pensa Alice, parce que ça commence à être vraiment, vraiment ennuyeux.

Non loin de là, Anna vérifiait des maisons de la même façon, mais elle n’était pas aussi boudeuse qu’Alice, elle était même très attentive.

Anna inspectait chaque centimètre carré de chaque pièce, à la recherche de la clef de la boîte qu’elle avait trouvée. Le Maître des Marionnettes pouvait contrôler son corps, mais il était incapable de contrôler quelque pensée que ce soit.

Jusqu’alors, elle n’avait rien trouvé, mais elle continuait de fouiller toutes les maisons où la dirigeait le Maître des Marionnettes, surtout pour ne pas perdre son équilibre mental par ennui ou impuissance.

Elle avait traité beaucoup, beaucoup de maisons. Elle avait renoncé à compter quand leur nombre avait atteint autour d’une cinquantaine. Autant qu’elle puisse se rendre compte, il n’en restait plus beaucoup et cela n’était rien par rapport au nombre de fantômes qui étaient mobilisés.

Cela voulait-il dire que tous les fantômes avaient fouillé les mêmes maisons qu’elle ? Elle réfléchit un moment. Si c’était le cas, est-ce que cela ne signifiait pas qu’ils les avaient finalement toutes fouillées ? Mais dans ce cas, le Maître des Marionnettes insistait-il encore juste pour les faire souffrir ?

Elle réfléchit longtemps sur son possible raisonnement, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle s’était déconnectée. Elle avait traversé trois maisons de plus sans la moindre attention. Flûte ! pensa Anna, il se peut que la clef se trouve dans une de ces maisons. Si seulement je pouvais faire demi-tour …

Elle essaya de retourner, mais elle sentit qu’elle avançait à travers un miel épais et collant. Dès qu’elle désobéissait au Maître des Marionnettes, une terrible force s’abattait sur elle. Quels que soient ses efforts, elle ne pouvait guère faire plus de deux pas. Ça ne vaut pas le coup. À partir de maintenant, je dois rester concentrée. Je ne veux pas finir dans un état pire que celui de fantôme.

Anna continua de fouiller maison après maison, sans trouver ni enfant, ni clef. Elle commença à s’inquiéter de plus en plus de cette possible occasion manquée de trouver la clef.

Ses pensées disparurent quand elle s’enfonça soudain dans le sol pour réapparaître dans une partie de la ville complètement différente. Là, juste en face d’elle, elle vit un fantôme bloquer une fille vivante et chanter ce refrain qu’Anna avait entendu d’innombrables fois.

La fillette avait des cheveux d’un blond doré, des yeux marrons et elle faisait environ onze ans. Elle avait si peur qu’Anna voulut presque venir à son aide. Mais elle ne le pouvait pas.

— Dansons autour du rosier,

Brûlent tous nos bouquets… chantait le fantôme. Anna se joint à lui sans le vouloir. Avec les autres fantômes qui jaillissaient du sol, elle forma un cercle autour de la pauvre enfant.

Anna vit Alice en face d’elle, tout entière concentrée sur l’enfant, sans le moindre doute dans son regard. Anna ne pouvait pas croire qu’Alice laissait faire ça. Elle voulut la ramener au bon sens, mais c’était trop tard, la chanson touchait à sa fin.

— …Et quand tombent les cendres, les cendres

Il nous faut tous descendre, chantaient les fantômes, transformant la jeune fille en l’un d’eux.

Quand la magie fut achevée, tous les fantômes rentrèrent dans le sol et retournèrent dans les lieux qu’ils avaient fouillés auparavant.

Anna frissonna, horrifiée de voir la rapidité avec laquelle le Maître des Marionnettes pouvait augmenter son armée d’esclaves, la rapidité avec laquelle un nouvel enfant innocent pouvait être privé de sa liberté et de son bonheur.

Le fait de n’avoir vu qu’un seul enfant effraya Anna. Cela signifiait que presque tous les enfants de la ville étaient déjà des fantômes. Mais pour Alice, c’était une bonne nouvelle. Plus il y avait d’enfants devenant des fantômes, plus tout ceci lui paraissait normal.

Anna voyait les choses tout autrement. Elle était plus déterminée que jamais à trouver la clef, afin d’ouvrir la boîte qui, elle l’espérait, pouvait contenir quelque chose susceptible de les aider à reprendre forme humaine.

Elle chercha la clef dans chaque coin, chaque recoin, sous chaque lit, dans chaque pièce.

C’était le seul espoir d’arrêter le Maître des Marionnettes, pourvu qu’il ne soit pas trop tard.

CHAPITRE 4

Dès qu’Alexa posa le pied sur l’herbe luxuriante hors du cimetière, elle sentit qu’il y avait devant elle comme un mur invisible. Elle ne put passer plus d’un pied au-delà de l’entrée.

Elle essaya de nouveau de sortir du cimetière, mais, tout comme avant, son pied semblait devenir incapable d’avancer dès qu’il passait la grille.

Pourtant, rien ne semblait l’empêcher de sortir. Elle tenta un dernier essai. Elle prit de l’élan et elle courut aussi vite qu’elle le put vers la force inconnue. Quand elle la heurta, elle poussa tant qu’elle put. Inutile. Le mur invisible ne la repoussa que davantage. Elle fut rejetée à l’intérieur du cimetière et fut à deux doigt de se cogner la tête contre une pierre tombale. Elle atterrit sur le dos, mais sans ressentir aucune douleur : elle était désormais un fantôme, faite d’ombres et d’éther.

J’abandonne, se dit Alexa, en retenant la leçon et en renonçant à traverser le mur de nouveau. Elle s’enfonça plus profond dans le cimetière vers la dernière partie qu’elle n’avait pas fouillée.

Et voilà qu’elle trouva quelqu’un.

Comme tous les fantômes, sa peau était grise, sa chevelure blanche, ses yeux étaient blancs et vides, sans iris ni pupilles. Il était petit et paraissait jeune, pas plus de dix ans.

Alexa se dit qu’il n’avait pas l’air méchant ; c’était juste un petit enfant. Elle alla vers lui.

— Bonjour, petit. Quelque chose ne va pas ? demanda-telle d’une voix douce et chaleureuse.

— Qui es-tu ? Où suis-je ? Que se passe-t-il ? demanda aussitôt le garçonnet. Il y avait quelque chose d’étrange dans sa voix, comme s’il ne savait pas où il était. Alexa essaya de lui expliquer.

— Eh bien, moi c’est Alexa. Je ne te veux aucun mal. En ce moment, tu es dans un cimetière. C’est difficile d’expliquer ce qu’il arrive, mais en gros tu as été transformé en fantôme. Tu es l’un de nous, désormais. Pourtant personne d’autre n’est ici pour le moment, je ne suis pas sûre de savoir où ils sont, et j’étais en train de chercher mes sœurs.

— Où est mon frère ? demanda le garçon désemparé.

— Je ne peux pas savoir. J’ai essayé de sortir du cimetière pour chercher quelqu’un mais je n’ai pas pu. Ne t’inquiète pas, je suis sûre que nous finirons par partir. Déjà, nous sommes deux. Comment t’appelles-tu ? demanda Alexa. Elle avait toujours été adorable avec les petits, habituée avec ses deux sœurs cadettes.

— Wilson, je m’appelle Wilson.

— Eh bien ; enchantée, Wilson. Tu verras, bientôt tout cela sera fini, OK ? Je te promets !

C’était une promesse énorme, qu’Alexa n’était pas sûre de pouvoir tenir.

— Youpi ! dit Wilson en la rassurant. Il bondit sur ses pieds et se rapprocha d’elle. Elle lui tapota le dos pour le réconforter et ils cheminèrent dans le cimetière.

— Je peux te dire quelque chose ? Est-ce que je peux te faire confiance ? demanda Wilson doucement.

— Bien sûr ! Tu peux tout me dire ! Qu’y a-t-il ? demanda Alexa. Ce n’était pas seulement de la curiosité. Elle venait à peine de rencontrer le petit garçon mais elle s’était déjà attachée à lui. Alexa était passée par la même épreuve que lui, elle pouvait comprendre. Et il lui rappelait tellement Alice !

Wilson ouvrit la bouche pour parler, mais avant qu’il puisse prononcer un mot ils entendirent un CRAC bruyant suivi d’un BANG. Ils s’arrêtèrent un moment, puis ils se retournèrent lentement pour voir que les grilles du cimetière s’étaient fermées.

Ils étaient enfermés.

CHAPITRE 5

Anna était chez elle et elle savait que ses parents étaient allés travailler. Elle fouilla la maison pour trouver la clef, bien qu’elle n’eût pas de doute sur l’inutilité de cette recherche.

C’était sa maison, c’était là qu’elle avait vécu des années sans jamais voir le moindre signe de cette clef.

Mais cela ne coûtait rien de vérifier une fois de plus. En outre, si elle essayait de partir, le Maître des Marionnettes l’arrêterait aussitôt.

Comme elle traversait la porte de la chambre d’Alexa, elle se souvint de sa sœur. En durcissant son corps, elle s’empara d’un morceau de papier et d’un crayon.