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Julia a deux passions : le foot et la danse classique. Surprenant ? Pas pour une fille qui a de l'énergie à revendre ! Lorsqu'on lui impose de faire un choix entre les deux, c'est tout son équilibre qui se trouve menacé. Alors que les difficultés s'accumulent, elle découvre un mystérieux cours de "Devenir". Elle prend peu à peu conscience que d'étonnants outils ont le pouvoir de l'aider à faire face aux défis qu'elle rencontre et à reprendre les commandes de sa vie. Un roman jeunesse qui enseigne aux enfants à développer la confiance en soi, la gestion des émotions, la communication bienveillante et d'autres outils pour les aider à grandir.
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Seitenzahl: 137
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Illustrations et maquette de couverture :
Matthieu Raveneau
Pour mes enfants et pour tous les enfants,
Ces outils pourront vous accompagner quel que soit votre âge et vous aider à être aux commandes de votre vie.
Précision :
Les mots indiqués dans le texte en petites capitales renvoient au lexique à la fin du livre. Exemple : CRÉATIVITÉ.
De la même autrice :
- Noah et le trésor de l’arc-en-ciel , 2018.
- Ma petite voix et moi , GERESO, 2020.
- INSPIRE, 2020.
- Le meilleur est à l’intérieur, YO ! Éditions, 2022.
Chapitre 1. Le mystérieux cours de Devenir
Chapitre 2. Le trésor qui est au fond de nous
Chapitre 3. À la découverte des émotions
Chapitre 4. Affronter le stress et trouver l’équilibre
Chapitre 5. À la recherche de solutions pour faire face aux problèmes
Chapitre 6. Les forces cachées et le pouvoir de la résilience
Chapitre 7. La magie de la communication bienveillante et de l’empathie
Chapitre 8. En route vers demain
Épilogue
Lexique
Références bibliographiques
On est le 1er septembre ! Je saute du lit avant même que maman ne me réveille. Je suis tout excitée à l’idée de reprendre le chemin de l’école après deux mois de vacances. J’ai hâte de revoir mes amis et de rencontrer Madame Desvoyages, ma nouvelle maîtresse.
Durant le petit déjeuner, je ne peux pas m’empêcher de raconter tout ce que j’ai entendu dire sur elle :
— Il paraît qu’elle est toujours partante pour faire des sorties originales et des rencontres sportives ! a va être extra !
Mon petit frère Marcus rétorque :
— On sait bien que ce que tu préfères à l’école, c’est le sport !
Je m’apprête à lui lancer une boule de mie de pain au visage, mais je me retiens. Maman nous fixe, l’air sévère :
— Vous n’allez pas commencer vos chamailleries dès le jour de la rentrée ! Certains préfèrent le sport, d’autres les livres ou les maths… Nous sommes tous différents et c’est bien comme ça ! Si vous étiez deux clones, je m’ennuierais.
Maman laisse échapper un rire :
— Je vous rassure, avec vous deux, cela ne risque pas d’arriver !
Je termine mon petit déjeuner en silence. Je sais bien que Marcus n’a pas tort. C’est juste qu’il m’agace avec ses airs de monsieur Je-sais-tout à seulement 8 ans. Je suis bien consciente d’avoir du mal à tenir en place. J’adore bouger, c’est comme ça ! C’est aussi pour cette raison que j’aime la rentrée des classes : car elle rime avec la rentrée des sports ! Dans quelques jours, je vais pouvoir rechausser mes crampons et mes chaussons de danse. Mes deux meilleurs amis, qui connaissent mes deux passions, me taquinent souvent à ce sujet : « Julia, faire du foot et de la danse classique, ça ne va pas ensemble ! ». Moi, ça me fait rire. Mes deux activités favorites m’apportent un équilibre, impossible de trancher entre les deux. Après de longues journées d’école à essayer de rester concentrée, après la cantine et le bruit, après les devoirs, heureusement que je peux me dépenser et m’évader en tapant dans le ballon ou en enchaînant les sauts et les tours. Qu’y a-t-il d’étrange à cela ?
Après les retrouvailles avec les copains devant le grand portail en attendant qu’il ouvre, après un (long) mot de bienvenue de la directrice, un bisou à maman, on rentre enfin dans la classe de CM2. Debout face à nous, Madame Desvoyages, avec un sourire franc, nous souhaite la bienvenue. Elle a un regard vif et je comprends rapidement qu’il capte tout ce qui se passe autour. Elle commence de sa voix haut perchée :
— Pour commencer et faire connaissance, je vous propose de faire un portrait chinois. Je vous distribue des feuilles avec des phrases à remplir dans le style « si j’étais…, je serais… ». Sachez que vous n’avez pas tous les mêmes phrases.
Moi, je me retrouve avec :
Si j’étais un animal, je serais : un cheval (pour galoper à toute vitesse. J’aurais bien mis Pégase, pour qu’il puisse voler, mais je n’ai pas osé).
Si j’étais un super-héros, je serais : Wonder Woman (extra-souple, qui court et se bat en gardant ses cheveux toujours impeccables, pas comme les miens).
Si j’étais une musique, je serais :
Casse-Noisette
de Tchaïkovski (j’adore aussi « Magic in the air » qui me donne toujours la pêche avant les matchs).
Si j’étais un dessert, je serais : les beignets de papy, les meilleurs au monde (encore meilleurs que les croustillons de la fête foraine !).
Ensuite, la maîtresse nous interroge chacun sur une de nos réponses : c’est un moyen original d’apprendre à se connaître, car il y a des élèves qui ne viennent pas de la même classe de CM1 que moi. Je parle des beignets de papy et ça donne envie à tout le monde de les goûter. S’il habitait plus près, je lui demanderais d’en préparer pour la classe.
Puis, Madame Desvoyages nous présente le programme et les projets de l’année. Je retiens la journée « Nettoyons la nature », la semaine « Zéro déchet » et une sortie canoë. Le top, c’est une rencontre paralympique pour pratiquer des sports dans les mêmes conditions que des sportifs avec des handicaps. Je suis emballée. Elle va aussi nous faire découvrir une nouvelle matière qui n’est pas comme les autres. Elle est censée nous aider dans tous les domaines de la vie. Je ne comprends pas trop, mais je retiens qu’il n’y aura pas d’évaluation, c’est déjà un point positif.
Les cours commencent ensuite de façon classique avec du calcul mental et je dois tenir mon cerveau en bride pour qu’il reste concentré. Je suis au premier rang. Ma maîtresse de l’an dernier a dû lui dire que c’était mieux pour moi. De ma place, j’aperçois un arbre par la porte de secours. Je vois un moineau piailler sur une branche. Je l’observe tout en essayant de résoudre les calculs sur mon ardoise au même rythme que les autres. Ce n’est qu’à l’heure de la récréation, au moment où je me lève, que je comprends de quoi cet oiseau a peur. Un chat rode autour de l’arbre et l’oiseau craint de quitter son nid pour aller chercher de la nourriture pour ses petits. La maîtresse s’adresse à moi :
— Tu ne vas pas en récréation, Julia ?
Je prends soudain conscience qu’il ne reste que moi dans la classe. Madame Desvoyages, fine observatrice, comprend mon dilemme. Elle ouvre la porte de secours, chasse le chat et me dit dans un sourire que je peux maintenant aller me dépenser. Je pars en récré d’un pas léger. Comme j’ai de la chance d’avoir une aussi chouette maîtresse, l’année s’annonce bien !
Une semaine après, maman va à la réunion de rentrée. Lorsqu’elle est de retour, je lui saute au cou. Elle est allée à la réunion directement après le travail, je ne l’ai pas encore vue :
— Alors, maman, elle est extra ma maîtresse, non ?
— Oui Juju, elle est dynamique, semble gentille, ferme aussi, et elle fourmille d’idées.
— a tu peux le dire, j’ai bien de la chance de l’avoir, on ne va pas s’ennuyer au moins. Mais… ?
Je le vois toujours à la tête de maman, lorsqu’il y a un mais . Sur sa peau noire si lisse, un petit trait se forme sur le front, entre les deux yeux. C’est un signe imparable.
— Elle nous a expliqué que cette année, indépendamment de tous les projets, était une année préparatoire pour le collège. Il faut apprendre à s’organiser, à travailler différentes matières avec différents enseignants dans les temps de décloisonnement, à gérer vos affaires et votre emploi du temps.
— Je fais de mon mieux, tu sais, mais j’oublie toujours quelque chose.
— Oui, je sais que l’organisation n’est pas ton point fort. Madame Desvoyages m’a prise à part à la fin de la réunion. Elle m’a dit qu’elle allait t’aider pour que tu sois prête pour le collège. Cependant… je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter. Si c’est déjà difficile maintenant, qu’en sera-t-il au collège avec une matière, une salle et un prof différents à chaque heure de cours ? En plus, tu devras te lever une heure et demi plus tôt pour prendre le bus et tu auras davantage de devoirs.
Je ne sais pas où maman veut en venir. Je commence à m’inquiéter. Elle prend un ton désolé, mais déterminé, pour m’annoncer :
— J’ai appelé papa pour en discuter avec lui. Nous savons combien tu aimes le foot et la danse, que cela te fait du bien. Toutefois, en sixième, ce sera encore plus difficile de concilier les entraînements du soir, du mercredi, les matchs du samedi et le travail scolaire. Tu peux encore pratiquer les deux cette année mais, fin juin, nous souhaitons que tu fasses un choix.
Je suis sans voix. Jamais je n’aurais imaginé cela. Sans dire un mot, je fais oui de la tête et pars dans ma chambre. Moi qui pensais que l’année commençait bien... C’est un cauchemar éveillé : choisir entre le foot et la danse, c’est comme choisir entre papa et maman, entre mes deux meilleurs amis Mélina et Yanis. Je tente de faire mes devoirs, mais c’est mission impossible. Cette affreuse nouvelle tourbillonne dans ma tête. Peut-être maman finira-t-elle par changer d’avis ? Ou peut-être, d’un coup de baguette magique, en juin, je saurai quoi choisir ? Au fond de moi, je ne crois à aucune de ces deux solutions, alors je fais semblant, simplement pour ne pas m’écrouler.
Quelques jours passent et Madame Desvoyages nous annonce que nous avons notre premier cours de cette nouvelle matière, qu’elle appelle les séances de Devenir . La maîtresse sort de petites boules rondes de son sac et nous demande :
— Quelqu’un sait-il de quoi il s’agit ?
Moi qui adore passer du temps en forêt, je lève la main pour répondre :
— Des glands.
— Oui et que sais-tu sur eux ?
— Ils viennent des chênes et, si on les plante, de nouveaux chênes vont pousser.
— Exactement, ce sont les fruits des chênes. D’ailleurs, savez-vous que certains chênes de nos forêts sont vieux de plusieurs centaines d’années ? Imaginez : ils ont connu l’époque des rois de France.
Sur le tableau, la maîtresse projette des photos de chênes magnifiques et poursuit :
— Ils sont gigantesques et peuvent atteindre plus de quarante mètres de haut. Il faudrait une dizaine d’entre vous pour faire le tour du tronc en vous tenant par la main ! Après une pause, la maîtresse nous demande en nous regardant attentivement : pouvez-vous imaginer, lorsque vous voyez ces chênes majestueux, qu’à l’origine, il n’y avait qu’une petite graine ?
Le bras tendu, nous montrant le gland au bout de ses doigts, Madame Desvoyages nous dit d’un ton solennel :
— Vous êtes comme ce fruit.
Quelques élèves se mettent à glousser. La maîtresse ne se laisse pas démonter, elle poursuit :
— Ce gland contient une graine qui a grandi peu à peu avant de devenir un arbre haut et puissant. De même, chacun d’entre vous a, au fond de lui, une graine qui ne demande qu’à croître, à se développer. Je vais vous montrer des photos de différentes espèces de chênes, ayant des formes, des tailles et des âges variés. De plus, les photos ont été prises aux quatre saisons.
Tandis que nous voyons les photos défiler sur le tableau, Madame Desvoyages nous demande quel est notre chêne préféré. Les réponses sont diverses. Pour certains, c’est le plus haut, pour d’autres, celui qui a le feuillage le plus fourni, pour d’autres encore, celui dont les feuilles sont aux couleurs de l’automne. Charline préfère la pousse de chêne, toute frêle, Joseph préfère l’arbre qui a le tronc le plus imposant. Et moi, j’ai un petit faible pour celui dont le tronc est tordu, car il cherche à frayer son propre chemin vers la lumière. La maîtresse semble satisfaite de sa démonstration.
— Vous voyez comment à partir d’un même fruit vous pouvez obtenir des chênes qui se ressemblent tout en étant différents. Il en est de même pour les êtres humains. Chacun est unique et possède des qualités qui lui sont propres. Il est important d’avoir cette CONSCIENCE DE SOI en tant que personne unique. Comme les chênes, nous avons des couleurs de peau, des tailles et des corpulences différentes et certaines particularités. Regardez celui qui est tordu, alors que tous sont bien droits. Personnellement, je le trouve beau : son originalité fait sa beauté. J’aimerais que vous vous souveniez que cela n’a pas plus de sens de vous comparer les uns aux autres que de comparer ces arbres entre eux : chacun est unique et a quelque chose de spécial, qui n’appartient qu’à lui. Avez-vous des questions ou des remarques avant que l’on passe à la leçon de géographie ?
Personne ne répond. La maîtresse enlève les photos des chênes et affiche une photo du métro parisien. Elle aperçoit alors Inès qui se tortille sur sa chaise en hésitant à lever la main et l’invite à s’exprimer.
— Madame, je trouve qu’il y a quand même une différence entre nous et les arbres. Pour eux, il n’y a qu’à planter une graine, laisser le soleil et la pluie faire leur travail et l’arbre pousse. Pour les humains, c’est bien plus compliqué. Il faut de l’argent pour se nourrir, s’habiller, avoir une maison, des jeux… On n’est pas à égalité, analyse Inès.
— Tu as raison, il existe certains points de comparaison avec les arbres. Pourtant, chez les humains, la situation est plus complexe. Nous ne sommes pas des plantes et nous avons de multiples besoins naturels comme nous habiller, manger, nous loger. Je ne pensais pas aborder ce point-là aujourd’hui mais, puisque l’on en parle, nous allons prendre le temps de réfléchir ensemble. Pensez-vous que la valeur d’une personne, son importance, soit liée aux vêtements qu’elle porte ?
Plusieurs élèves lèvent la main : des filles toujours élégantes et des garçons habillés de la tête aux pieds des mêmes marques que leurs sportifs préférés. Moi, j’hésite. J’ai quelques vêtements de marques et d’autres qui viennent du supermarché. Pendant que je continue de réfléchir, Madame Desvoyages explique :
— Beaucoup de personnes ont tendance à croire que ce qu’elles portent – vêtements, bijoux, coupe de cheveux – ou ce qu’elles possèdent – montre, téléphone, voiture, maison – les rendent plus importantes que d’autres. C’est faux. Ces choses sont normalement là pour répondre à nos besoins : nous vêtir, nous loger, nous déplacer, communiquer. Toutefois, elles ne changent pas qui nous sommes à l’intérieur de nous. Chaque être humain est précieux en lui-même, c’est la VALEUR PERSONNELLE. Ce n’est pas ce qu’on ajoute qui rend les personnes plus importantes. Comme la graine à l’origine du chêne, notre valeur est à l’intérieur de nous, pas à l’extérieur. Cette conscience permet d’avoir de l’ESTIME DE SOI.
Je sens que certains sont sceptiques.
— Mais, Madame, c’est trop la classe de porter le même T-shirt ou les mêmes baskets que les champions de foot, tente Louka.
— Lorsque tu portes les mêmes tenues que celui que tu admires, tu as le sentiment d’avoir un peu de lui en toi ? Cela te donne de l’énergie en plus ?
Louka acquiesce en silence.
— Je comprends, c’est ce que veulent nous faire croire les fabricants : que l’on est plus fort ou plus important en fonction de notre apparence ou de ce que l’on possède. Vous pouvez porter les vêtements que vous souhaitez, moi je crois que la force est au fond de chacun de nous plus que dans nos tenues. Le plus important est d’avoir CONFIANCE EN SOI, là, à l’intérieur.
En disant cela, Madame Desvoyages pointe du doigt sa poitrine avant de poursuivre :
— Si porter tel ou tel vêtement nous aide à avoir confiance en nous, pourquoi pas ? Cependant, si un jour nous ne pouvons plus nous permettre de les acheter, perdrons-nous notre assurance ? Je crois que nous serons toujours la même personne, avec les mêmes qualités.
— Maîtresse, on ne serait pas en train de faire un cours de philo ? demande Anouk.
— Oui, cela y ressemble. C’est important d’apprendre à réfléchir à ces questions pour comprendre que l’importance de quelqu’un, sa valeur, n’est pas liée à son apparence, ni même à ce qu’il arrive à faire ou pas. Oui, Kilian ?
— Moi, mon petit cousin est atteint de trisomie 21. Il y a des choses qu’il ne peut pas faire comme les autres enfants, mais il est tellement adorable ! Et si quelqu’un se moque de lui, il aura affaire à moi.