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Dans un avenir lointain, au cours d'une guerre intergalactique, une curieuse énergie se diffuse depuis une planète très éloignée. Qu'est-ce que c'est ? Est-elle dangereuse ? Peut-elle être un atout pour le camp qui la maîtrisera ? Mais il faut d'abord la comprendre... Un pilote, Lucio Brenny, est désigné pour se rendre sur place. Encore faudra-t-il qu'il y parvienne, et que ses certitudes ne vacillent pas...
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Seitenzahl: 156
Veröffentlichungsjahr: 2023
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CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
D’abord il y avait eu un bruit de pas. Des pas résonnant de façon sèche dans l’écho du boyau bétonné. Les pas militaires des geôliers. Un trousseau de clefs avait ouvert bruyamment une à une des portes. Et les pas s’étaient rapprochés de la cellule. Le Lieutenant Lucio Brenny, des forces spatiales terriennes, se savait seul dans cette partie souterraine de la prison. Il attendit la suite de l’évènement. Sa demande de grâce avait été rejetée. Son avenir se résumait à un peloton d’exécution. Il regarda une dernière fois l’univers de ses derniers jours, un cachot triste aux murs recouverts d’une peinture blanche, et se leva. La mort vaut la peine d’être toisée dans les yeux.
Il devait être exécuté le matin même pour meurtre. Il avait passé en grande partie sa dernière nuit à essayer de se souvenir de ce qu'il s'était passé ce soir-là. Les faits lui avaient été décrits à de nombreuses reprises pendant le procès. Peine perdue. Le déclic espéré avant l'ultime matin n'avait pas eu lieu. Et il pressentait qu'il allait mourir sans savoir s'il était coupable ou pas.
C'est vrai que ce soir-là, il était en permission. Avec des camarades de son unité, il avait décidé de faire la fête et ils étaient descendus en ville. Là, lui-même l'avait reconnu, ils avaient pas mal picolé et enchaîné, sans doute de façon exagérée, sur des acides de mauvaise qualité. Puis ils étaient arrivés dans le quartier chaud. C'est alors que le trou noir commençait. Il avait été bien obligé d'admettre qu'il s'y était rendu, puisque des témoins l'avaient reconnu. Mais certains affirmaient aussi l'avoir vu dans l'encadrement d'une fenêtre, d'où une prostituée était tombée. Comme tous avaient été unanimes, c'était sans doute vrai. La fenêtre était au cinquième étage, la fille n'avait pas survécu. Et comme il était seul dans la chambre, il s'était retrouvé en cour d'assises pour meurtre.
La nuit se faisait maintenant moins noire à travers le soupirail qui servait de fenêtre à son cachot. L'aube commençait à poindre. Il regretta de ne pas pouvoir la contempler. Il s'en remémora avec nostalgie d'autres, sublimes, qu'il avait pu voir, sur la Terre et sur des planètes éloignées au cours de ses missions.
Les pas des gardiens s'arrêtèrent devant sa cellule. La porte s'ouvrit. Brenny fut face à ceux qui venaient le chercher. Ils étaient deux, le visant avec des pistolasers, chacun d'un côté de la porte. L'un d'eux, sans parler, lui fit signe de sortir. Il s'arrêta dans le couloir. On lui fit comprendre avec le même geste de la tête de marcher devant eux. Le prisonnier et les deux gardes remontèrent le boyau. Nul ne disait mot. Seuls frappaient en cadence les talons de leurs chaussures. Lucio se surprit à suivre le pas militaire des deux autres. Un sous-officier lui avait dit pendant ses classes qu'un vrai soldat le restait jusqu'à la fin. Apparemment, cela comportait aussi le jour des exécutions.
Les premières portes n'avaient pas été refermées. Ils remontèrent peu à peu le couloir. La dernière, celle menant à l'air libre, était cependant verrouillée. Il se demanda quel temps il ferait le jour de sa mort. Il se souvint qu'enfant il n'aimait pas la pluie. On le fit se ranger le long du couloir le temps de l'ouverture. Un souffle d'air frais s'engouffra jusqu'à lui. Il le respira longuement et regarda. Des lambeaux de brume amoncelés au sommet des tours de la vieille citadelle s'irisaient d'un rose nacré aux premiers rayons de l'aube. Le bâtiment datait de l'ère post-atomique, un peu avant que sa conception ne soit dépassée par les bombes fractales. C'était une belle journée pour se promener, lui aurait sans doute annoncé son père. Puis il se rappela qu'il n'avait jamais connu son père. Et il se demanda s'il n'était pas déjà mort.
Un coup de pied brutal derrière ses genoux mit fin à sa rêverie. On lui fit traverser la cour, déserte à cette heure-ci, pour aller vers la tour réservée aux bureaux. Ils en montèrent un à un les étages, sans croiser aucun factionnaire ou planton. Brenny ne comprenait pas. Il n'osait pas croire à une grâce ou à un ajournement. Le dernier niveau était réservé au cabinet du colonel. Le cœur de Brenny battait de plus en plus fort. Quelque chose allait certainement se passer pour lui dans ce bureau, et cela ne pouvait être pire que ce qui l'attendait en bas.
L'un des gardes frappa à la porte du colonel. Quelqu'un cria de l'intérieur quelque chose. Cela devait être un ordre pour qu'il y entre, car les deux soldats le projetèrent dans la pièce. La porte se referma derrière lui.
Deux officiers se tenaient debout près d'une hagiocarte spatiale. L'un était le colonel. Pour autant qu'il pouvait en juger, ne l'ayant que peu croisé, son visage ne semblait pas plus avenant que d'habitude. L'autre était un parfait inconnu. Il portait un uniforme de commandant aérospatial. Ils regardèrent de longues minutes sans dire un mot Brenny, qui s'était instinctivement positionné dans un impeccable garde-à-vous. Le commandant s'approcha de lui, le détaillant lentement de haut en bas, puis de bas en haut. Brenny sentait que ses actions étaient probablement en hausse, bien que ne comprenant toujours rien. Ne voulant pas rester inactif, mais ne sachant que faire, il se borna à durcir encore, s'il le pouvait, son garde-à-vous.
Enfin, s'adressant au colonel, le haut gradé émit un : « Si vous pensez qu'il peut faire l'affaire... », qui montrait bien cependant que lui ne le pensait pas du tout. Puis il se tourna vers Brenny :
— Vous vous appelez Lucio Brenny. Vous avez été emprisonné pour un viol suivi d'un meurtre que vous avez toujours nié. Vous avez été jugé et condamné à mort. Vous avez fait appel et avez été condamné à nouveau. Vous avez fait une demande de grâce, et elle a été rejetée. Peut-être effectivement que vous n'êtes pour rien dans le vol plané de cette fille. Je n'en sais rien et pour vous parler franchement cela m'est égal. Des gens ont vu un militaire complètement défoncé, c'est-à-dire vous, mettre le nez à la fenêtre d'où elle venait de tomber. Pour eux vous êtes coupable, c'est bon, nous on vous condamne, et moi ça me suffit. Personne ne pourra jamais croire que vous étiez là par hasard. Si tout se passe comme prévu, vous serez abattu d'une balle dans la nuque en sortant d'ici. On est contre les pelotons d'exécution pour les violeurs. Aux yeux de l'Armée, comprenez-le, vous êtes un salaud car vous avez été condamné. Et personne ne nous en voudra jamais, même si c'est faux.
Ceci dit, certains à l'état-major ont imaginé un plan contre les forces galactiques qui nous ont attaqués. Peu importe ce que j'en pense. Pour le réussir, on m'a demandé de trouver un pilote très bon, salaud et intelligent. D'après votre dossier et le colonel de votre prison vous auriez ces trois qualités-là. Si ça vous dit, vous pouvez vous porter volontaire. Inutile de préciser que vous n'en reviendrez vraisemblablement pas. Est-ce que ça vous tente ? D'un côté une balle dans la nuque d'ici quelques minutes – ça fait peu de temps mais la mort est brève – et de l'autre ce que je vous propose, qui vous fera gagner au moins plusieurs semaines. Encore une fois, il n'y a pas de plan de retour, mais on ne vous en voudra pas si vous revenez. Maintenant c'est à vous de décider. J'attends votre réponse avant d'aller plus loin.
— J’accepte de me porter volontaire pour cette mission mon commandant.
— L'entraînement sera dur et difficile. Pensez-vous être suffisamment courageux pour le supporter ?
— Oui mon commandant.
— Quel qu'il soit ?
— Oui mon commandant.
— C'est ce que nous allons voir. Restez au garde-à-vous.
Le commandant ouvrit la porte, et montra Brenny aux deux soldats qui attendaient. Ils entrèrent, et sans qu'il puisse déceler le moindre signe annonciateur, le frappèrent violemment à coups de poings et de pieds. Il se ramassa en boule pour se protéger dès qu'il comprit, et commençait à se relever pour répliquer lorsque le commandant hurla que chacun se mette au garde-à-vous. Ses deux adversaires obéirent aussitôt en claquant des talons. Aussi décontenancé par cette conclusion que par le passage à tabac, Brenny les rejoignit dans la position, quoique plus mollement et en suçant sa lèvre supérieure éclatée.
— Ce qui vient de vous arriver est aussi léger qu'une averse de plumes à côté de l'entraînement qui vous attend. Vous portez-vous toujours volontaire ?
— Oui mon commandant, tenta de grommeler distinctement Brenny.
— Et bien, soit. Mais je note cependant que vous avez mis plusieurs secondes à réagir à ces coups. Je trouve que c'est un peu long.
Sur un signe du commandant, les deux gardes emmenèrent aussitôt Brenny et ils retraversèrent la cour de la forteresse. Il pensa vaguement à s'enfuir, reconnaissons-le, mais évacua rapidement cette tentation. Même si un hasard extraordinaire lui en fournissait l'occasion, le condamné à mort qu'il était ne se voyait pas survivre à quelques semaines de cavale. Tant qu'à choisir, l'option mission-suicide qu'on lui avait proposée semblait plus viable.
Un petit véhicule couvert attendait, garé dans un recoin, à proximité du mur des exécutions. On le fit monter à l'arrière, et on l'attacha avec des menottes magnétiques. Des vitres noircies ne lui permettaient pas de voir l'extérieur. Les gardes s'assirent à l'avant. Avant qu'ils ne démarrent, il entendit deux déflagrations assez rapprochées, la seconde beaucoup plus longue. Il reconnut l'odeur caractéristique des générateurs des pistolasers et en eut froid dans le dos. Assurément, ils venaient de simuler son exécution : un tir dans la nuque et un deuxième pour désintégrer le corps. Une mission qui commençait par ce genre de mensonge, ça promettait.
Sa destination était une clinique transformée en prison, à moins que ce soit le contraire. Le médecin principal était énergique, et on voyait à ses manières vives qu'il détestait perdre du temps. Les infirmières étaient taciturnes, mais presque souriantes. L'absence de présence féminine pendant ses mois de détention lui faisait les trouver très jolies. Ça aidait à voir la vie à nouveau d'un bon œil.
Il eut droit à un examen médical complet. Il comprit qu'on voulait vérifier si son emprisonnement précédent avait eu des conséquences désastreuses sur son état général. Ce n'était sans doute pas le cas, puisque les différents cachets et potions qu'on lui donnait étaient simplement des fortifiants et des vitamines, d'après ce qu'il put lire sur les étiquettes. Ayant toujours en mémoire les tirs de sa fausse exécution, il obéit docilement à tout ce que les médecins lui ordonnèrent. Il avait droit à une heure de promenade matin et soir, dans une cour fermée. Jamais il n'y croisa aucun autre prisonnier. Peu importe. Et de toute façon il se savait théoriquement mort. Il mit donc à profit ces deux heures de temps libre pour faire des exercices physiques. Il voulait redevenir le Lucio Brenny d'avant la prison le plus rapidement possible.
Au bout de quelques semaines, on le transféra vers un autre endroit. Il s'agissait d'un spatioport militaire. Comme d'habitude dans ce genre d'endroit, une effervescence faussement nonchalante régnait. On chargeait à proximité de là où il attendait, un antique cargo aérien à moteur à hydrogène. Brenny en fut surpris. Depuis que les secrets de la transportation des matières inanimées avaient été découverts, des portes de transfert avaient été implantées un peu partout sur la Terre. Seuls les endroits à faible densité démographique n'en étaient pas équipés. Brenny attendait, avec passivité, la suite des évènements. Aussi, lorsqu'on lui ordonna de monter dans le vieux coucou, il avait déjà décidé de ne pas s'en étonner.
Dans le compartiment réservé aux passagers, il compta une vingtaine d'individus. La moitié d'entre eux, sans aucun doute, étaient malgré leurs costumes civils des militaires rejoignant une base. Quant aux autres, il perçut, sans trop pouvoir se l'expliquer, qu'ils étaient comme lui des prisonniers. Cela lui fut confirmé lorsque cinq soldats commandés par un sergent montèrent. Ils ordonnèrent à Brenny ainsi qu'à ceux qu'il avait identifiés comme des prisonniers en transfert de baisser la tête très bas. C'était bien sûr pour éviter toute communication entre eux, même des yeux. Il put cependant entrapercevoir que le sous-officier faisait inhaler à chacun d'eux un gaz. La mesure était courante et avait pour objet de s'assurer de la tranquillité de condamnés le temps des voyages. Étant donné le zinc qui allait le transporter, il considéra que ce temps de sommeil ne le dérangerait pas. Cela lui éviterait les vibrations, le bruit, et l'interminable durée de voyage où qu'on l'emmenât. Et de toute manière, la question du choix ne se posait pas. Le sous-officier parvint enfin à son siège. Docilement, Breny enfila le masque relié à la bonbonne et aspira fortement. À son grand étonnement, le gaz sentait l'orange. Cela lui sembla paradoxal, car il est bien connu que les agrumes ont des vertus qui... Et Brenny s'endormit brutalement sans pouvoir conclure sa phrase.
Lorsqu'il se réveilla, il était dans une nouvelle cellule qu'il ne connaissait pas. Les sommeils artificiels n'activent pas le monde des rêves, mais ils rendent nauséeux. Il se leva donc difficilement, barbouillé et migraineux. Un repas simple, une purée de divers éléments qu'il ne tenta pas d'identifier, l'attendait posé sur une petite table à côté de sa couchette. Une carafe était à côté d'un robinet. Il s'obligea à se restaurer, puisqu'on semblait l'en prier. Il regarda ensuite son nouvel univers.
Au-dessus de sa couchette une fenêtre vitrée aux carreaux épais et polis. Sur le mur perpendiculaire, une porte d'apparence solide. Les murs semblaient avoir été blancs, un jour. Ils présentaient maintenant, de façon inégalement réparties, toutes les nuances du gris et du marron clair. Le sol, gris lui aussi et strié, était en ciment. Il passa un doigt sur plusieurs endroits, sans y récolter de poussière ou de saleté. Un radiateur électrique fixé sur un des murs fonctionnait. Ça ne valait pas l'hôtel, mais des efforts avaient été faits à son intention. Il ouvrit la fenêtre. À travers des barreaux, le ciel était gris et venteux. Plus loin, il y avait la mer. Il en huma l'odeur, et resta de longues minutes à écouter son bruit mêlé à celui du vent. Ses flots étaient verts et agités, majestueux et pleins de force, tels ceux d'un océan qui n'aurait pas encore connu la terre. Entre sa prison et l'eau, de l'herbe en pente douce. Pas un seul arbre. Des oiseaux de mer planaient dans les courants aériens, mais il ne reconnut pas leurs différentes espèces. Il referma la fenêtre.
Deux soldats vinrent le chercher en fin de journée. Ils lui firent traverser le camp. C'était une sorte de hameau construit avec des cabanes de chantier. Le sol de ce qui servait de ruelles était boueux. Il ne vit pas de clôture ou de barbelés. Juste des miradors dispersés çà et là, comme au hasard. Les uns au milieu des baraques, certains à la lisière du camp, d'autres encore dans une périphérie plus lointaine. Un haut pic rocheux recouvert de verdure montait à l'arrière-plan du baraquement. Il ne comportait pas d'arbre. Lucio pensa vaguement que leur absence pouvait être due au vent.
La cabane dans laquelle on le fit entrer était l'infirmerie. Un type mal rasé et portant une vieille blouse blanche rapiécée et tachée s'affairait à préparer des seringues, assis à une petite table.
— Vous êtes Luciano Berny ?
— Non. Lucio Brenny.
— Ah oui, effectivement, fit l'autre en jetant un coup d'œil sur une fiche. Allongez-vous sur cette banquette. Pas d'allergie connue ?
— Qu'allez-vous me faire ?
— Rien de méchant. C'est juste pour que vous ne nous surpreniez pas. Allongez-vous et n'ayez pas peur. Brenny obéit. Il respira une haleine puant l'alcool lorsque l'autre se pencha vers lui.
— Tendez le bras.
La blouse blanche fit un rapide garrot, désinfecta le bras. Brenny eut furtivement le temps de voir des barrettes de capitaine tatouées sur ses poignets. Qu'est-ce que c'était que cet olibrius, et de quel asile sortait-il ? Un produit lui fut injecté.
— Bien. Ceci va atténuer votre conscience et votre douleur pendant en gros un quart d’heure. Vous pourrez donc continuer de voir, d’entendre et même de parler si vous le souhaitez. Mais vos messages auront très peu d’énergie vers l‘extérieur. Je vais en profiter pour introduire une mini-puce juste sous votre paroi crânienne. Grâce à elle, nous ne saurons pas si vous pensez à Pierre, Paul ou Jacques, mais nous pourrons deviner si ces pensées sont positives ou négatives. Vous entendez toujours ? Vous voyez, nous ne vous prenons pas en traître puisque nous vous informons. Ça reste transparent. Bien sûr, nous en profiterons pour savoir où vous êtes en permanence. Ce n’est pas que les grillages de cette prison soient fragiles – c’est l’océan ! – mais ça peut être utile si vous décidez de faire avec nous une partie de cache-cache.
Ah, vous semblez être sur le point de vous endormir. Ne me faites pas ça malheureux ! J’ai besoin de pouvoir contrôler vos réflexes. Sinon, vous risquez de partir en vrille. Gardez les yeux ouverts. Très bien. Essayez de parler. Oui ?… Comment ? Où vous êtes ? Ah ça je ne peux pas vous le dire. Mais je pense que vous l'apprendrez vite.
Bon, attention, je commence. Je prends mon rasoir. Je dégage le cuir chevelu de votre nuque. Ne vous en faites pas pour votre sex-appeal, les filles, il n’y en a pas ici. Sinon, je m'en serais réservé une comme infirmière. J’entaille maintenant le cuir. Je prends l’agrafeuse – rassurez-vous c’est simplement le surnom de l‘injecteur –, et j’envoie la puce. Elle nous donnera une idée de votre champ électro-bulbien. Attention, ça va faire un peu mal. Voilà c’est fait. Je rebouche, je panse. C’est terminé. Je vérifie votre pouls… Vos pupilles… Réflexe des articulations. OK. Vous êtes parfait. Les gardes vont vous ramener dans votre cellule.
La banquette sur laquelle avait eu lieu l'intervention était une civière amovible. Les gardes en saisirent les poignées et retraversèrent le baraquement. Ils l'avaient laissé allongé dessus. Lucio se sentait faible, nauséeux. Une pluie fine tombait. Il ressentait chacun des cahots que les foulées des gardes causaient. Ils couraient pour le ramener, il en était certain. Cela lui donna envie de vomir. Il tourna la tête vers la droite et se laissa aller. Les gardes s'arrêtèrent, et attendirent qu'il eût fini. Lucio s'en aperçut, confusément. Et il pensa que c'était pour ne pas souiller leurs uniformes. Parvenus dans sa cellule, ils le balancèrent sans ménagement sur sa couchette et le quittèrent.