Contes, comtes et comptes gascons - Jean Amblard - E-Book

Contes, comtes et comptes gascons E-Book

Jean Amblard

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Beschreibung

Petit Paysan du Gers en Occitanie, passionné de prospective, l'auteur s'est intéressé très tôt à l'agriculture biologique, à l'avenir de la ruralité et de la société en général. N'ayant pas le verbe assez haut pour défendre ses idées, durant des décennies il a écrit des petits textes rassemblés sur ce recueil. En leur temps, certains avaient été publiés dans la presse locale. En 2023, un pied en Occitanie et l'autre en Lettonie où il a vécu quelques années en mission pour une ONG, il continue de plus belle. AD VITAM ÆTERNAM est un roman fantastique occitano-letton en plusieurs tomes. Il prône la Réincarnation de la Petite Paysannerie au chevet de notre Civilisation.

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Seitenzahl: 72

Veröffentlichungsjahr: 2023

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En couverture : Le village de Sabaillan Gers fin des années 90 Tableau de John HENSON

À Marie-Ange, Xavier, Céline. Puis Anaïs, Lise, Louis, Gabin, Camille. L’avenir vous appartient !

"Chi non pensa prima, sospira dopo !" Qui ne pense avant, soupire après ! Disait ma grand-mère Giuseppina

SOMMAIRE

Avant Propos 2003

Jardin d’Eden 1995

Paysan ton destin t’appartient 2001

Ah si vous connaissiez ma Poule 1993

Chassez le naturel… 1998

Papa fait moi rêver 1993

Paysan heureux 1995

Le bonheur est-il dans le pré ? 1996

Le bonheur sera-t-il dans le pré ? 1997

Sabaillan paradis expérimental n° 00002 1997

Retour vers le futur 1993

Le petit train du XXIème siècle 1994

A propos de décharges et autres dépôts 1996

Le syndrome de la casquette de l’oncle Sam 2001

Histoire de fromage 1993

Le maillon faible 2002

Paysan, réveille le Gascon qui sommeille… 1993

*

Avant propos

Pensées Paysannes

Si j’étais né dans le seizième arrondissement, peut-être me pavanerais-je dans les sofas moelleux des grands salons parisiens ? Mes bras longs s’agiteraient, relevant une mèche rebelle d’un revers savamment étudié. Acteur de salon et grand spectateur de la société, je serais entouré d’un parterre d’oreilles choisies se délectant de chacune des tirades de mes précieuses théories : "Ils auraient dû faire ceci… Ils devraient faire cela… C’est la faute aux autres…" Mais ces idées faciles, développées dans des ouvrages reliés de cuir doré à l’or fin, seraient-elles en phase avec les réels problèmes des derniers Petits Paysans de nos campagnes désertifiées par le délire du productivisme ?

Depuis plus d’un siècle, les Petits Paysans se meurent dans l’indifférence générale. Ils emportent avec eux tous ces Savoirs dont nous aurions maintenant besoin pour reconstruire un Equilibre Social, Culturel, Economique et Ecologique. Et si nous n’y prenons garde, le même scénario se prépare pour nos amis des PECO (Pays de l’Europe du Centre et de l’Est) qui sont en train de réfléchir sur leur stratégie de développement rural pour nous rejoindre dans la Grande Europe. Aidons-les, au moins, à éviter de faire les mêmes erreurs que nous !

Heureusement j’ai eu le privilège, désormais peu commun, de naître en Occitanie, Paysan de la France profonde. Passionné de prospective, l’Avenir de notre société m’intéresse. Aujourd’hui, mes cheveux devenus plus que grisonnants, j’ai envie de faire partager mes idées et ma philosophie bâties sur mon expérience et mon vécu d’acteur et défenseur de la Petite Paysannerie. Au fil de l’actualité de ces dix dernières années, j’ai essayé de traduire, à ma façon, une vision optimiste du Futur.

Symbole d’un idéal, le Paradis nous est promis, mais… dans une autre Vie. Ce sera probablement très sympa, mais en attendant nous pourrions nous entraîner un peu ici bas… N’est-ce pas ?

La Vie est une fantastique Aventure !

Jean AMBLARD, L’an 2003 (réédité en 2023)

Le Jardin d’Eden 1995

Il était de coutume en pays latin

D’espérer l’autre vie pour découvrir l’Eden.

Désormais en Gascogne il n’en est rien,

Puisqu’en ses coteaux Gersois renaît ce jardin.

C’était un fantasme souvent émis en vain

Car, sous le pommier, attiré par le Malin,

L’Homme fier y croqua maintes fois son destin.

Le vingt et unième siècle n’étant plus très loin,

Il nous faut à nouveau vite faire le point.

Le temps est venu de repenser en son sein

Le bon ordre des plates-bandes du Jardin.

Selon la géomorphologie du terrain,

En sachant bien du consommateur les besoins,

Tout est Harmonisé, l’eau pure pour témoin.

Nombreux Paysans de leur avenir certains,

Artisans, commerçants, restaurants et baladins

S’activent à faire prospérer cet Ecrin.

Paradis aussi pour les citadins,

Tout est cuisiné, mijoté pour son prochain

Selon l’Identité préservée avec soin,

Dont nos deux mille ans d’Histoire sont les témoins.

Des haies, des couleurs et les Pyrénées au loin,

Sentiers tracés en quatre voies ou bons chemins

Mènent cette nouvelle stratégie à bien.

Ce nouvel équilibre Nature - Humains,

Recrée notre Art de Vivre en ces lieux divins.

Pour qu’enfin il n’y ait plus d’exclus au festin,

Vite, ensemble réfléchissons à demain :

De l’Europe, notre Gascogne sera l’Eden.

Paysan, ton destin t’appartient. 2001

"What do you want Messire ? " S’écria désespérément le pauvre Johan à la vue de l’intrus qui traversait ses terres en piétinant dédaigneusement les récoltes. Respectueux comme le sont les Paysans, il ôta néanmoins son étrange coiffe à grande visière et accosta le majestueux seigneur venu d’un autre temps sur sa monture gris métallisée.

"Oh là ! Brave manant, n’aurais-tu point aperçu une harde qui prospère en ces coteaux ? Je suis Gaston Phébus, comte de Foix en week-end au château de Caumont. J’ai invité Colonna et son pote Pétrarque pour une troisième mi-temps chez Belleforest. Nous y dégusterons un cerf à la broche, fourré au foie gras, figues et cèpes. Nous allons dignement fêter ma victoire sur l’Armagnac !"

"Ça suffit Messire ! … Ça commence à bien faire, vous me donnez la migraine. Premièrement, je ne suis pas un manant mais un honnête Paysan.

Ensuite, vous êtes en train de piétiner mes récoltes ! Depuis quelques temps, ça n’arrête pas… Un "cop" c’est le Prince Noir qui participait soi-disant au rallye équestre de Tournan et, le soir venu, il embrasa tout le village. Maintenant, voilà que l’on nous piétine notre Avenir à coups de PAC, désertification, nitrates, tempêtes, normes européennes, tourisme, OGM, vaches folles, fièvre aphteuse et autres réchauffements de la planète… Et nous, avec tout ça, insensiblement, nous sommes redevenus les serfs d’une nouvelle féodalité ! "

"Festoyons, manant, festoyons, les temps vont changer. Nous allons passer un été presque céleste au pied des Pyrénées, comme disait Pétrarque l’Italien !"

"Vous peut-être messire, mais moi je n’ai pas le cœur à rire. Que vont devenir mes enfants ? Les primes baissent chaque année, je n’arrive plus à payer la dîme et je les vois mal aller vivre ailleurs ; à la cour des miracles peut-être ? … Non, je ne veux pas de cette dictature informatisée que nous subissons avec vos cases à cocher !

Nous, les Paysans, du moins le peu qu’il en reste, nous avons encore notre fierté, notre dignité. Notre profession et son environnement, c’est nous qui l’avons créée, nous sommes des chefs d’entreprise. Et voilà que maintenant on nous l’a volée pour nous reléguer au rôle de manœuvres investisseurs assistés et on nous reproche même la pollution de la pétrochimie et autres multinationales qui nous tiennent en otage. Je me demande si je vais encore aller voter ? "

Et après un long moment de silence… «Je ne vous dirai pas où sont les cèpes ni le gibier ! Adieu Messire, j’ai encore "les bestias" (le troupeau de vache) à mettre au pré. Et les miennes, elles ne sont pas folles: de l’herbe et du foin, c’est ça qu’elles mangent les miennes. Mais à cause de toutes vos conneries de multinationales qui, au nom de leur "nouvelle économie" ont voulu faire bouffer des cadavres à leurs vaches étrangères, mes veaux, personne n’en veut plus, pas même les Italiens. Alors qu’est-ce que je dois faire ? Mettre la clé sous la porte, mais pour aller où ?… Agrandissez-vous qu’ils disaient. Je me suis agrandi, endetté, mécanisé et maintenant, je suis tout seul dans ce nouveau désert, comme un con et sans un rond. "

"Allons manant, ressaisis-toi ! Tu sais très bien que les derniers seront les premiers ! Tous nos châteaux sont des châteaux de cartes, relis l’Histoire… Mais tu dois maintenant comprendre que ton destin t’appartient, c’est toi qui dois choisir, décider, c’est toi qui sais. Nous attendons tes idées, nous sommes là pour t’épauler, t’aider à réaliser tes projets. Ensemble nous y parviendrons. Ton territoire doit dire non à la désertification, il doit se repeupler…Maintenant, ça suffit ce fatalisme, cette fuite en avant !

Tu dis toi-même qu’il n’y a plus d’avenir en ville pour tes enfants, alors regarde un peu autour de toi. Ne penses-tu pas qu’ici, dans tes coteaux qui font rêver l’Europe entière, il n’y aurait pas d’avenir pour eux avec ces productions naturelles que recherche de plus