Curé manqué - Pierric Derval - E-Book

Curé manqué E-Book

Pierric Derval

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Beschreibung

À quatre ans Pierric devient orphelin.
Recueilli par le sauvetage de l’enfance, puis envoyé en orphelinat, il est finalement élevé dans une famille sans enfants où il va avoir une éducation très religieuse.
Vers onze ans il déclare vouloir devenir prêtre et l’année suivante il rentre au petit séminaire.
Il y suit les études pendant plusieurs années, mais à l’adolescence et à la puberté il se rend compte qu’il ne pourra pas tenir les engagements imposés par la prêtrise, comme le célibat et décide de ne pas poursuivre le petit séminaire ; mais le pourra-t-il ? Un combat psychologique de plusieurs années s’engage avec son milieu familial et religieux : quelle en sera l’issue ?

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PIERRIC DERVAL

CURÉ MANQUÉ

PRÉFACE

Mon cher Pierric.

Il est des gens que l’on côtoie tous les jours, mais que finalement, on ne connaît pas, il est aussi des gens que l’on n’a jamais rencontrés physiquement, mais qu’on a l’impression de connaître.

Lorsque votre nièce Marie-Line et votre neveu Pascal m’ont parlé de votre petit cahier d’écolier, j’ai été intéressé. Avec votre autorisation, ils me l’ont confié. Je l’ai ramené chez moi, et un après-midi, je me suis installé dans mon fauteuil et j’ai commencé à lire en maniant le manuscrit avec une grande précaution.

Je n’ai plus quitté mon fauteuil que lorsque j’ai eu terminé de lire ce témoignage de plusieurs autres temps. J’ai été subjugué par le contenu bien sûr, je me suis trouvé plongé dans un monde que je ne connaissais pas, mais aussi par sa richesse de votre témoignage.

Je me suis contenté de m’identifier au héros, Pierric Derval, je respecte ce pseudonyme qui reflète l’Homme que vous êtes, humble, un peu timide, mais tellement vrai et sincère.

J’ai trouvé dans ce livre beaucoup d’Amour, de bienveillance, un brin d’humour à peine esquissé. Vous avez une belle écriture, votre texte se lit sans difficulté, il est très bien articulé. Je sais que votre modestie que l’on ressent à chaque page de ce cahier en souffrira un peu, mais j’ai l’habitude d’être sincère.

Aussi, Pierric, je vous remercie d’avoir autorisé un étranger à entrer sur la pointe des pieds dans votre intimité et finalement, je peux vous avouer que je m’y suis senti bien. J’aurais beaucoup de joie à vous rencontrer et/ou à échanger avecvous.

Pierric, j’ai été heureux de faire votre connaissance par l’écriture. J’en profite pour vous souhaiter un très bon anniversaire et je vous dis, peut-être, j’espère, à bientôt.

Avec toute mon amitié,

Gérard Chesneau

« On ne peut montrer le chemin à celui qui ne sait où aller »

Antoine de Saint-Exupéry

CHAPITRE1

Les derniers rayons du soleil commencent à disparaître derrière les monts du Jura, au-delà du lac. On distingue encore sur le flan de la montagne cette échancrure blanche qui a la forme d’une gerbe deblé.

C’est l’été, le fond de l’air est encore tiède de la touffeur du jour, mais, déjà, les premières ombres font monter du sol des effluves émollients de l’air dulac.

Je suis revenu ici, sur le chemin derrière la maison où j’ai été élevé, à l’endroit où, adolescent, je me réfugiais les soirs d’été, l’esprit rempli de rêves romantiques ou de questions sur mon avenir.

Aujourd’hui, j’ai 90 ans, et dans ce lieu et cette atmosphère si particulière, retrouvée, soudain me revient à l’esprit, comme dans un film accéléré, tout mon passé, de la petite enfance à l’âge adulte.

Les premières images me viennent de Lyon où je suis né en 1933 dans un quartier pauvre de la place du Pont. Je suis l’avant-dernier de cinq enfants.

Alors que j’avais quatre ans survint le décès de notre mère. Je n’ai aucun souvenir de mes parents et quelques vagues images de notre lieu de vie : de la rue, une porte cochère, une cour intérieure carrée avec au premier étage une coursive qui donnait sur les logements.

En revanche, je suis certain d’avoir joué dans un coin de cette cour à malaxer une terre noire, glaiseuse, pour faire je ne sais trop quoi, peut-être tout simplement des boules.

Adulte, revenu à Lyon, sur les indications de ma sœur, j’ai retrouvé la rue et l’endroit exact. Je n’eus aucun doute en me retrouvant devant la porte cochère et en pénétrant dans la cour ;

Je suis demeuré un long moment ému, avec les images plus précises du passé. Hélas, depuis, le lieu a été complètement rasé pour en faire une place.

Dans le quartier, en grande partie occupé par des Maghrébins, se trouvait une grande épicerie tenue par un Arménien. Mes frères et sœur m’ont raconté, que poussé par eux, je devais passer le long de l’étal sur le trottoir et chaparder des cacahuètes ;

Était-ce par goût d’un jeu interdit ou parce que nous avions faim ? Peut-être les deux, car après mon régiment, lorsque je retrouvai ma sœur pour la première fois, elle me fit connaître un document du tribunal civil de Lyon de 1938 qui retirait à notre père, le droit de garde de ses enfants.

Les motifs étaient durs à lire : Nous étions les cinq enfants avec lui dans une seule pièce, mal nourris, les plus grands brutalisés, les plus jeunes chétifs et lui dépensait sa paie dans l’alcool. Autant de bonnes raisons pour arriver à cette extrémité qui nous a privés, sans doute à juste titre, de l’amour du seul parent qui nous restait.

En conséquence, nous étions remis à l’association du « Sauvetage de l’Enfance ». À partir de ce jour, nous fûmes séparés : mon frère aîné, René, fut autorisé à rester travailler dans une épicerie où il était déjà commis. Où logeait-il ? Je ne saispas.

Ma sœur Sandrine, 14 ans , fut placée dans un orphelinat de jeunes filles : je ne la revis qu’après mon régiment.

Mon autre frère, Joseph, huit ans, moi-même, Pierric, cinq ans et le plus jeune Laurent, deux ans, fûmes envoyés dans un orphelinat tenu par une congrégation de prêtres et de frères, situé proche du lieu où je me trouve au début de ce récit.

Laurent, trop jeune pour l’orphelinat, fut tout de suite remis à une famille dont le père était le métayer de la ferme de l’institution ; il y restera choyé jusqu’à son mariage.

Il y a seulement quelques années, en faisant notre arbre généalogique, j’ai découvert ce qui fut pour moi une désagréable surprise , que notre père s’était remarié fin 1939, peu après notre départ, avec sa belle-sœur.

Il ne chercha jamais à nous revoir ni à avoir de nos nouvelles. Il décédera en 1941, je ne sais pas dans quelles circonstances.

CHAPITRE2

Mon passage dans cet orphelinat ne me laisse aucun souvenir ; le peu que j’en sais aujourd’hui me fut raconté plus tard par mon frère Joseph.

Je me trouvais dans la section des plus petits avec des tabliers roses. Lui était dans la section du dessus avec des tabliers bleus. Il avait obtenu la permission, après les repas au réfectoire, de rester près de moi pour me forcer à manger un peu, car, seul, je refusais de me nourrir.

Au bout de quelques semaines, je me suis retrouvé un jour, avec deux ou trois enfants de mon âge, dans un parloir, en présence du supérieur et d’un couple.

Ces deux personnes mariées, ne pouvant avoir d’enfant, étaient venues choisir l’un d’entre nous pour qu’il trouve une famille auprès d’eux. Je fus l’heureuxélu.

À l’époque, les procédures de placement étaient beaucoup moins contraignantes que de nos jours et il n’a pas été question d’adoption, point qui s’avérera avoir une certaine importance par la suite : Je leur étais confié c’est tout.Ils deviendront pour moi maman Hélène et papa Léon. Ils étaient propriétaires d’une menuiserie et charpente dans le secteur proche : la maison Dubois avait pignon sur rue avec une bonne renommée. Elle employait quatre ouvriers et souvent un apprenti.

Maman Hélène me raconta plus tard qu’ils furent inquiets durant les quinze premiers jours de ma présence chez eux, car malgré mes cinq ans, je n’ai pas dit un mot pendant ce laps de temps.

Sans doute avais-je été traumatisé par cette succession rapide d’événements : le décès de notre mère, la vie dans un taudis avec notre père qui s’occupait mal de nous, le passage au « Sauvetage de l’Enfance » je ne sais où, le nouveau départ pour un séjour à l’orphelinat, enfin, puis cette remise à une famille d’accueil.

Je pense qu’il m’en est resté une grande timidité et une difficulté à me confier jusqu’à l’âge adulte.

Durant cette période, un des ouvriers, Louis, fabriqua à l’atelier un petit camion en bois pour tenter de me dérider. Un matin, j’étais installé à côté de maman Hélène pour la regarder faire la vaisselle et j’ouvris enfin la bouche pour dire : « on est bien ici ».

Elle fut tellement émue qu’elle me prit dans ses bras pour m’embrasser. À partir de ce moment, ils devinrent pour moi « maman et papa « .

En me donnant mon premier bain, ma nouvelle mère avait pu constater que je faisais du rachitisme qui se caractérisait par un gros creux dans la poitrine, les côtes apparentes, les bras et les jambes grêles.

Cela me fut confirmé à l’âge adulte au cours d’une radio, les deux dernières côtes le long de la colonne vertébrale ne s’étaient développées que d’uncôté.

À partir de ce moment, je fus entouré de soins vigilants. Sur les conseils du médecin, je dus prendre de l’huile de foie de morue, que je trouvais immonde à avaler et divers fortifiants un peu plus agréables au goût. Le tout était complété par une nourriture saine et abondante.

Toutes ces attentions m’empêchèrent certainement d’avoir une santé qui se serait de plus en plus dégradée, si j’avais été maintenu dans notre milieu défaillant.

Je commençai alors, une vie agréable de petit garçon dans ce milieu campagnard où il faisait bon vivre. L’espace était grand autour de la maison et de l’atelier, et j’étais heureux de pouvoir m’ébattre après la vie confinée dans notre logement deLyon.