De l'âme d'Aristote - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Qu’est-ce que l’âme ? La question peut nous paraître incongrue, mais pour l’Antiquité elle était essentielle à la constitution d’une science du vivant (l’âme se définit comme ce qui « anime » un corps, au principe donc de ce qui distingue l’animal du végétal), et partant d’un savoir sur l’homme.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur De l'âme d'Aristote

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295285

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici De l'âme, Aristote (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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DE L’ÂME, Aristote (Fiche de lecture)

Qu’est-ce que l’âme ? La question peut nous paraître incongrue, mais pour l’Antiquité elle était essentielle à la constitution d’une science du vivant (l’âme se définit comme ce qui « anime » un corps, au principe donc de ce qui distingue l’animal du végétal), et partant d’un savoir sur l’homme. Aussi le traité De l’âme (en grec Perì psukhès, en latin De Anima) a-t-il été considéré comme l’une des œuvres majeures d’Aristote. Le Moyen Âge en a livré de nombreux commentaires, qui introduisent au cœur de la métaphysique. Quant à la philosophie contemporaine, notamment anglo-saxonne, dès lors qu’elle ne se satisfait pas de la façon dont les scientifiques lui semblent poser le mind-body problem (le problème de la relation entre le corps et l’esprit), elle retrouve les thèmes du Stagirite, dont la philosophie morale en particulier (l’Éthique à Nicomaque) bénéficie d’un regain d’intérêt.

• Entre physique et métaphysique, une pensée du vivant

Né à Stagire vers 385 avant J.-C., Aristote, venu à Athènes à l’âge de dix-sept ans, devint l’élève et l’assistant de Platon, avant de fonder sa propre école, le Lycée. Il mourut en 322. En 1923, le philologue allemand Werner Jaeger a profondément renouvelé les études aristotéliciennes en considérant l’ensemble des œuvres, qui pour la plupart nous sont parvenues dans un état lacunaire et problématique, en fonction d’un affranchissement progressif d’Aristote par rapport à Platon. Il a ainsi accusé l’écart entre une thèse « intellectualiste », qui serait essentiellement exposée dans le troisième livre du traité De l’âme, et une thèse « empiriste », plus proprement aristotélicienne, et donc postérieure dans sa conception, qui ferait l’objet des deux premiers livres. De fait, la question de l’âme se trouve au point d’articulation d’une « physique » et d’une « métaphysique » – ce dernier terme désigne seulement à l’origine ce qui vient dans le corpus aristotélicien « après » la Physique ; mais en l’occurrence il y a bien lieu de distinguer une réalité proprement intelligible, qui appelle une connaissance spécifique, celle donc de l’intellect (ou « esprit »), noûs, par opposition à la psukhè (ou « âme »).

La thèse de Jaeger est jugée aujourd’hui trop radicale par la critique. On insiste en particulier sur les liens de la « noétique » – exposée dans le livre III – avec l’ensemble des développements antérieurs. Ainsi, l’exposé des théories en présence, dans le livre I, à la manière encyclopédique dont procède habituellement son auteur, annonce la suite : la distinction entre noûs et psukhè est en germe dans les définitions possibles de la spécificité du vivant. Pour les uns, c’est le mouvement. Pour les autres, c’est la connaissance. Contre les premiers, Aristote va soutenir que l’âme meut le corps par la médiation de l’intellect et du désir ; mais contre les seconds, qu’elle n’en est pas moins « quelque chose du corps ». La postérité de l’œuvre réside donc, pour une bonne part, dans les analyses faites de la sensation et de l’imagination, elle-même partie de « l’intellect pratique » ; bref, dans le souci de ne pas réduire l’âme à l’intelligence théorique (ce qu’Aristote reproche à Platon), donc de ne pas dissocier une science de l’âme d’une science « physique » complète, qui considère l’être vivant comme une unité. « L’âme sensitive » est le propre de l’animal, par opposition à l’âme « végétative » de la plante – capable seulement de se nourrir et de se reproduire – et à l’âme « intellective » de l’homme, capable de connaître. Ici, chaque degré supérieur suppose les précédents, puisque l’étude de l’être le plus complexe comprend celle de toutes les « fonctions » de l’âme.

• La question de l’intellect

Ce sont les débats sur l’intellect qui ont surtout occupé l’aristotélisme médiéval, c’est-à-dire la postérité théologique et métaphysique du Stagirite. L’intellect « agent » est un principe incorporel, « semblable à une sorte d’état comme la lumière », « séparé, sans mélange et impassible », « immortel et éternel » (430 a-b). Ces pages très denses autoriseront Averroès, dans son commentaire du Traité de l’âme (vers 1190), à soutenir la thèse d’un intellect unique pour tous les hommes. Ouvrant la voie à la mystique la plus spéculative, l’averroïsme affirme l’unité non seulement de l’intellect actif mais encore de l’intellect « possible » ou matériel – cette part passive de l’âme, « l’intellect capable de devenir toutes choses » (Traité de l’âme, III, 5), qui lui sert de matière. Thomas d’Aquin, dans le De unitate intellectus (Traité sur l’unicité de l’intellect, 1270), soutient au contraire que « l’âme humaine est l’acte d’un corps et l’intellect possible est une de ses parties ou puissances » : contre les thèses suspectes (condamnées à Paris en 1270) de l’averroïsme latin, celle en particulier de l’unité de l’intellect (monopsychisme), considérée comme l’erreur propre des « philosophes », il s’agit de démontrer la pluralité des intellects, c’est-à-dire des agents pensants. À la critique thomiste, Siger de Brabant, dans le De anima intellectiva (De l’âme intellective, 1273-1274), opposera que le problème de l’union de l’âme et du corps est laissé sans solution, car selon lui, cette union ne peut être pensée qu’in operando, en termes fonctionnels.

François TRÉMOLIÈRES

Bibliographie
ARISTOTE, De l’âme, éd. et trad. R. Bodéüs, Garnier-Flammarion, Paris, 1993.
Études
THOMAS D’AQUIN, Contre Averroès, recueil de textes, introd. et trad. A. de Libera, Garnier-Flammarion, Paris, 1994W. JAEGER, Aristote. Fondements pour une histoire de son évolution, trad. franç. O. Sedeyn, L’Éclat, Paris, 1997G. ROMEYER DHERBEY & C. VIANO dir., Corps et âme, sur le « De Anima » d’Aristote, Vrin, Paris, 1996.

ARISTOTE (385 env.-322 avant J.-C.)

Introduction

Aristote n’est sans doute pas le philosophe le plus séduisant de l’Antiquité, celui auquel on se reporte le plus volontiers quand on veut remonter aux sources de ce que les Grecs ont nommé la « sagesse ». Mais nul n’a marqué autant que lui la philosophie et la science des siècles suivants, peut-être même – et cela jusqu’à nos jours inclusivement – la civilisation qu’il est convenu d’appeler « occidentale ». Son principal titre de gloire a été de fonder la logique, c’est-à-dire cet ensemble de règles contraignantes qui permettent de faire du discours (logos) l’usage le plus cohérent et, par là, le plus efficace. Plus préoccupé que Platon de définir et d’administrer le langage, il a su en faire l’instrument (organon) d’une pensée capable de se dominer elle-même et, par là, d’imposer sa loi à la nature. Penseur encyclopédique, il a su à la fois reconnaître la spécificité des différents savoirs, au progrès desquels il a lui-même contribué, et l’unité proprement humaine du discours qu’ils mettent en œuvre. Esprit organisateur et classificateur, il a énoncé les catégories qui structurent le langage et la pensée de l’homme.

On pourra estimer, au cours des siècles, que le système aristotélicien, devenu au Moyen Âge l’armature de toutes les scolastiques chrétiennes et musulmanes, a figé le progrès de la pensée. Mais il reste que ce système, en dépit de ses imperfections, a été le modèle de toute systématisation future. Et l’on n’a pas assez remarqué que, dans un domaine essentiel et souvent mal compris de sa philosophie, la métaphysique, Aristote a lui-même démontré l’impossibilité dernière de ramener l’être à l’unité, reconnaissant ainsi les limites de tout système, le caractère inachevé de toute synthèse et l’irréductibilité de la pensée de l’être à la pure et simple administration, scientifique et technique de ce qu’il y a en lui d’objectivable.

1. Vie d’Aristote

Aristote est né en 385 ou 384 à Stagire, petite ville de Macédoine, non loin de l’actuel mont Athos. Son père Nicomaque était le médecin du roi Amyntas II de Macédoine (le père de Philippe) et descendait lui-même d’une famille de médecins. Cette origine explique peut-être l’intérêt d’Aristote pour la biologie et, en tout cas, ses relations avec la cour de Macédoine.

En 367 ou 366, Aristote va faire ses études à Athènes et devient à l’Académie l’un des plus brillants disciples de Platon. Sorte de répétiteur ou d’assistant, réputé pour sa passion de la lecture (Platon l’appelait, peut-être avec quelque condescendance, « le liseur »), il collabore un peu plus tard à l’enseignement et publie lui-même des dialogues comme le Gryllos ou De la rhétorique (dirigé contre l’école rivale d’Isocrate), qui développent, en les exagérant même parfois (comme dans Eudème ou De l’âme), des thèses platoniciennes.

En 348, Platon meurt. Il a désigné comme successeur à la tête de l’école son neveu Speusippe. Dès l’Antiquité, des biographes malveillants ont attribué à ce choix de Platon la véritable cause de la rupture d’Aristote avec l’Académie. Aristote en gardera du moins une rancune solide contre Speusippe. La même année, peut-être sur l’instigation de son maître, Aristote avait été envoyé avec Xénocrate et Théophraste à Assos, en Troade, où il devint le conseiller politique et l’ami du tyran Hermias d’Atarnée. Parallèlement, Aristote ouvre une école, où il affirme déjà son originalité. Il y entreprend, entre autres, des recherches biologiques. En 345-344, Aristote, peut-être sur l’invitation de Théophraste, se rend dans l’île voisine de Lesbos, à Mytilène.

En 343-342, il est appelé à Pella, à la cour du roi Philippe de Macédoine, qui lui confie l’éducation de son fils Alexandre. C’est là qu’Aristote apprend la fin tragique d’Hermias, tombé en 341 entre les mains des Perses, et lui consacre un hymne. Du préceptorat lui-même et du séjour à Pella, qui s’étendent sur huit années, on ne sait pratiquement rien.

À la mort de Philippe (335-334), Alexandre monte sur le trône. Aristote retourne à Athènes, où il fonde le Lycée, ou Peripatos (sorte de péristyle où l’on se promenait en discutant), école rivale de l’Académie. Il y enseigne pendant douze ans.

En 323, Alexandre meurt au cours d’une expédition en Asie. Une réaction antimacédonienne se produit à Athènes. Aristote, en réalité suspect de macédonisme, est menacé d’un procès d’impiété. On lui reproche officiellement d’avoir « immortalisé » un mortel, Hermias, en lui dédiant un hymne. Aristote aime mieux quitter Athènes que d’encourir le sort de Socrate : il ne veut pas, dit-il, donner aux Athéniens l’occasion de « commettre un nouveau crime contre la philosophie ». Il se réfugie à Chalcis, dans l’île d’Eubée, pays d’origine de sa mère. C’est là qu’il mourra l’année suivante, à l’âge de soixante-trois ans.

2. Les œuvres

Les écrits d’Aristote se divisent en deux groupes : d’une part, des œuvres publiées par Aristote, mais aujourd’hui perdues ; d’autre part, des œuvres qui n’ont pas été publiées par Aristote et n’étaient même pas destinées à la publication, mais qui ont été recueillies et conservées.

• « Aristote perdu »

Le premier groupe d’écrits fait partie des « œuvres exotériques », expression employée par Aristote lui-même pour désigner des œuvres destinées à un public plus large que celui du Lycée. Ces œuvres ont été perdues, comme beaucoup d’œuvres antiques, dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Nous en connaissons néanmoins les titres par les listes conservées des œuvres d’Aristote, et nous avons une idée de leur contenu par les citations ou les imitations qu’en font les auteurs anciens postérieurs.

Ces œuvres sont, par leur forme littéraire, comparables à celles de Platon, et plusieurs d’entre elles semblent avoir été des dialogues. C’est sans aucun doute à elles que faisait allusion Cicéron lorsqu’il célébrait la « suavité » du style d’Aristote et en comparait le cours à un « fleuve d’or » (Topiques, I, 3 ; Acad., II, 38, 119). Mais leur contenu, qu’on travaille à reconstituer depuis un siècle, n’est pas sans poser des problèmes aux historiens. Car cet « Aristote perdu » n’a rien d’« aristotélicien » au sens de l’aristotélisme des œuvres conservées ; il développe des thèmes platoniciens et renchérit même parfois sur son maître (ainsi, dans le dialogue Eudème ou De l’âme, il compare les rapports de l’âme et du corps à une union contre nature, semblable au supplice que les pirates tyrrhéniens infligeaient à leurs prisonniers en les enchaînant vivants à un cadavre). Constatant qu’Aristote, dans ses œuvres non destinées à la publication, critique ses anciens amis platoniciens, on a pu se demander s’il ne professait pas deux vérités : l’une « exotérique », destinée au grand public, l’autre « ésotérique », réservée aux étudiants du Lycée. Mais on pense généralement aujourd’hui que ces œuvres littéraires sont aussi des œuvres de jeunesse, écrites à une époque où Aristote était encore membre de l’Académie, donc encore sous l’influence platonicienne. On s’est même servi de ces fragments pour déterminer ce que l’on croit être le point de départ de l’évolution d’Aristote.

Les principales de ces œuvres perdues sont : Eudème ou De l’âme (dans la tradition du Phédon de Platon), De la philosophie (sorte d’écrit programmatique, où se laissent déjà reconnaître certains thèmes de la Métaphysique), le Protreptique (exhortation à la vie philosophique), Gryllos ou De la rhétorique (contre Isocrate), De la justice (où s’annoncent certains thèmes de la Politique), De la bonne naissance, un Banquet, etc.

• Œuvres conservées

Le second groupe est constitué par une masse de manuscrits d’Aristote, représentant pour la plus grande part, semble-t-il, les notes dont il se servait pour professer ses cours au Lycée. Ces œuvres sont dites ésotériques ou, mieux, acroamatiques (c’est-à-dire destinées à l’enseignement oral). Dès l’Antiquité se répandit un récit des plus romanesques sur la façon dont ces manuscrits sont parvenus à la postérité (Plutarque, Vie de Sylla, 26 ; Strabon, XIII, 1, 54). Les manuscrits d’Aristote et de Théophraste auraient été légués par ce dernier à son ancien condisciple Nélée ; les héritiers de Nélée, gens ignorants, les auraient enfouis dans une cave de Skepsis pour les soustraire à l’avidité bibliophilique des rois de Pergame ; longtemps après, au Ier