Délivrance - Océane Beziau - E-Book

Délivrance E-Book

Océane Beziau

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Beschreibung

Elena a changé d'identité, mais cela empêchera-t-il la Mafia russe de la retrouver ?

Fille d'un sénateur américain, Elena est témoin du meurtre de son père. La Mafia Russe la recherche afin de la tuer et qu'elle ne puisse pas divulguer ce qu'elle a vu. Elle change d'identité après plusieurs mois de fuite et s'engage dans l'armée en tant que mécanicienne. Elle va y rencontrer Connor O'brien, Lieutenant, et devra faire ses preuves dans un univers où les femmes sont considérées comme faibles. Elle devra surtout cacher sa véritable identité et tout faire pour ignorer ses sentiments...

J’ai eu six mois pour planifier ma vengeance. Mais ce que je n’avais pas planifié, c’était ma rencontre avec lui…

Vivez la rencontre d'Elena avec le beau Lieutenant Connor et leur lutte pour la vengeance...

EXTRAIT

"Mon souffle est court. Mes pas claquent sur le goudron humide et résonnent dans la rue coupant le silence de la nuit. Je sens les pulsations de mon cœur battre sous ma peau alors que j’essaie de courir plus vite malgré la pluie et le froid qui me fouettent le visage comme des lames de rasoir… Il fait noir et même si les lampadaires éclairent un minimum la ville, je ne me repère pas aussi bien que dans le jour. Ça fait bien dix minutes que je cours et pourtant je les entends là, toujours derrière moi à mes trousses. S’ils me rattrapent, je ne donne pas cher de ma peau. Je tourne à droite dans une petite ruelle que je ne connais pas mais il s’agit d’une impasse. Impossible pour moi de faire demi-tour, ils sont trop proches…"

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Un livre plein de rebondissements et de suspense. Elena nous fait vivre ses émotions et nous captive jusqu'au bout. Connor sous ses airs dur révèle un coeur tendre. Au delà du sujet de l'armée et la mafia russe, ce livre parle de beaucoup de sujets délicats. Un livre qui m'as transporté et que je relirai sans hésitation !" - Djacks-1, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEURE

Océane Beziau - Je vis à Liré (Loire Atlantique) avec mon futur mari et mon fils de deux ans. J'ai découvert ma passion pour les livres grâce à la saga After il y a environ cinq ans et depuis je dévore les livres ! Ecrire est devenu depuis peu ma deuxième passion et je ne compte pas m’arrêter là.

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Délivrance

 

 

 

Océane Beziau

Romance noireEditions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Val

 

 

 

Playlist

Kaleo – Way Down We Go

Goo Goo Dolls – Iris

The Verve – Bitter Sweet Symphony

Sia – Unstoppable

M83 – I Need You

Rag’n’Bone Man – Human

Avril Lavigne – I Love You

Mikky Ekko – Pull Me Down

Gym Class Heroes – The Fighter

Demi Lovato – Heart By Heart

Christina Perri – A Thousand Years

Backstreet – Show’Em

 

Prologue

Six mois plus tôt :

Mon souffle est court. Mes pas claquent sur le goudron humide et résonnent dans la rue coupant le silence de la nuit. Je sens les pulsations de mon cœur battre sous ma peau alors que j’essaie de courir plus vite malgré la pluie et le froid qui me fouettent le visage comme des lames de rasoir… Il fait noir et même si les lampadaires éclairent un minimum la ville, je ne me repère pas aussi bien que dans le jour. Ça fait bien dix minutes que je cours et pourtant je les entends là, toujours derrière moi à mes trousses. S’ils me rattrapent, je ne donne pas cher de ma peau. Je tourne à droite dans une petite ruelle que je ne connais pas mais il s’agit d’une impasse. Impossible pour moi de faire demi-tour, ils sont trop proches… Je saute dans le seul container à ordures à l’horizon, près d’un vieux restaurant encore éclairé par deux lettres alors que les autres grésillent, priant très fort pour qu’ils ne pensent pas à me chercher ici. L’odeur est infecte : sûrement un reste de fruit de mer et de poissons. Je ne sais pas depuis combien d’heures j’attends, mais je pense qu’ils sont enfin partis… Le jour se lève et je ne peux pas retourner chez moi, de toute façon ils ont sûrement déjà tout saccagé. Je dois partir loin d’ici et maintenant. Je marche dans la rue et personne ne semble se soucier de mon état, comme si j’étais invisible, comme si j’avais rêvé les derniers évènements… Je manque de trébucher par deux fois, je finis par trouver un arrêt et je prends le premier bus qui s’arrête. Ce sera sûrement le seul vu les maigres économies que j’ai sur moi. Ayant pris une place dans le bus, je tente de masquer mes tremblements que la grand-mère assise à mes côtés a visiblement remarqués. J’essaie de mettre les évènements de la nuit dernière dans l’ordre mais la seule chose à laquelle je pense, c’est mon père sauvagement assassiné devant moi par cet homme dont je n’oublierai jamais le visage…

 

Aujourd’hui :

Après six mois de fuite, j'ai été contrainte de m'engager dans l'armée sous une nouvelle identité afin qu'ils ne puissent pas me retrouver, les hommes de main de Jerry ne me lâcheront pas avant de m'avoir tuée. Pendant ces six mois, j'ai dû vivre dans des motels miteux quand je ne dormais pas à la rue, je ne pouvais évidemment utiliser ni portable, ni carte bancaire. Rien qui puisse me mettre en danger et leur permettre de me retrouver, me voici donc dans l'avion direction le Sahara pour ma nouvelle vie. Je m'appelle Elena Falls, j'ai vingt-trois ans et je suis mécanicienne moteur dans l'armée.

Chapitre 1

Alors que l’hôtesse me réveille doucement pour me signaler que nous allons bientôt atterrir, je tente d’effacer ce cauchemar qui revient sans cesse me hanter. Le corps de mon père étendu sur le sol, gisant dans une mare de sang, un trou dans la poitrine.

Je touche le collier de ma mère accroché autour de mon cou et posé juste sur les plaques militaires qui m’ont été envoyées en même temps que mon uniforme. Il s’agit d’un petit cœur en argent que mon père lui avait offert pour leur tout premier rendez-vous. Je ne le quitte jamais et pourtant à mon arrivée je vais devoir l’enlever. Seules les plaques sont autorisées et obligatoires pour les bijoux afin qu’on puisse identifier mon corps si jamais je ne survis pas. Très gai n’est-ce pas ?

Je n’aurai plus à me cacher à tous les coins de rue. Je vais évidemment devoir être vigilante afin de ne pas divulguer ma couverture, mais je me suis entraînée longtemps. Entrer dans l'armée était pour moi la meilleure solution pour garder mon anonymat et être protégée d'une certaine manière. Les soldats ne cherchent pas à connaître votre passé ou à savoir pourquoi vous êtes là. Vous y êtes pour défendre votre pays et c'est l’essentiel. Il est évident qu'en tant que femme les appréhensions et les questions sont nombreuses. Vais-je y arriver ? Vais-je être acceptée parmi eux ? Je vais devoir faire mes preuves et leur montrer que je ne suis pas faible. Je suis déterminée, c’est ma seule échappatoire si je ne veux pas qu'on retrouve mon corps derrière un container.

Après douze heures de vol en avion et vingt minutes de plus en hélicoptère pour arriver à la base, je pose enfin le pied sur la terre ferme. Je protège mon visage du sable qui vole autour de moi, telle une tempête, brassé par les pales de l’hélicoptère.

Je n’ai pas le temps de me dégourdir les jambes que je vois les soldats s'activer pour décharger le matériel et les vivres. Je suis le mouvement, et prends les deux cartons qu’on me tend. Je m’active, je ne tiens pas à me faire remarquer dès le premier jour.

— Soldat ! Venez par ici !

— Commandant.

— Votre nom et votre affectation ?

— Falls, je suis mécanicienne moteur.

— Bien, suivez-moi Falls.

Je suis le Commandant à grandes enjambées pour pouvoir suivre son rythme. C’est un homme assez bien conservé malgré les années qui marquent un peu son visage. On voit tout de suite qu’il continue de s’entretenir. Son visage est également marqué par les combats qu’il a menés, une cicatrice coupe l’un de ses épais sourcils en deux et ses lunettes rondes, lui donnent un air strict.

— Voici votre lieu de travail à partir d'aujourd'hui, me dit-il en me montrant un grand hangar où sont entreposés toutes sortes de véhicules de l’armée ainsi que du matériel dernier cri. Vous rencontrerez l'équipe plus tard. Je vous laisse avec le Lieutenant O'brien qui va vous faire visiter les lieux. O'brien je vous laisse avec Falls.

— Merci Commandant, dit une voix grave et dangereuse derrière mon dos.

— Merci Commandant, répété-je par politesse.

Il me salue avant de partir, je fais de même.

— Bonjour, je suis le Lieutenant O'brien.

Je me retourne afin de le saluer mais je reste figée quand je le découvre. Je n'ai jamais vu de plus bel homme que ce Lieutenant. Brun, les cheveux rasés sur le côté, un peu plus longs sur le dessus, les yeux noirs et le teint mat. Je ne parle même pas de ses lèvres pleines. Mon dieu, je dois avoir de la bave ! Ses muscles, de ce que je peux voir, sont parfaitement dessinés. Mais ce qui me fascine le plus, c’est son visage atypique par ses taches blanches et je reconnais là les caractéristiques du vitiligo. Avec son teint mat, tout ressort avec une telle perfection qu’il en est que plus beau. D’une beauté unique. Son sourcil et ses cils du côté gauche blanc s’étendent sous son œil. Il a également une tâche sur sa joue droite, son front et une qui descend le long de son cou. J’ai une envie irrésistible de voir jusqu’où elle va…. Je crois qu’après des mois sans relation je deviens complètement folle…

Je suis tirée de ma rêverie par un raclement de gorge. Je crains que malgré moi je sois restée trop longtemps à le détailler.

— Oh... Euh... Pardon. Bonjour Lieutenant, le salué-je.

— Veuillez me suivre, je vais vous montrer votre dortoir, les sanitaires ainsi que le réfectoire. L'hôpital également et je crois que vous avez déjà vu votre lieu de travail.

— Oui Lieutenant.

Je le suis en évitant de le regarder, il faut dire qu'il n'est pas très accueillant. J'ai l'impression qu'il a hâte d'en finir avec cette visite. Ça tombe bien parce que moi j'espère l'éviter le plus longtemps possible.

Le Lieutenant me présente le dortoir et contre toute attente il n'y a que deux lits par chambre.

— Bien... Normalement les chambres ne sont pas mixtes, seulement un des bâtiments à subi un dégât des eaux et nous avons dû redistribuer les chambres au mieux pour les nouveaux soldats et le personnel.

— Vous voulez dire que je vais devoir dormir avec un homme ? Et si je tombais sur un pervers ?!

— Avec moi plus précisément Falls. C'était le seul lit disponible restant, mais ce n'est que pour un court terme. Alors pour le côté pervers vous n’avez pas de crainte à avoir…

Me voilà rassurée... J’ai tellement honte à cet instant que j’aimerais être assez petite pour me cacher dans un trou de souris….

— Oui... D'accord... Je vois... Et pour les sanitaires ?

— Ça ne change pas, il y en a dans tous les bâtiments en bas. Pour les hommes c’est la première porte à gauche et pour les femmes celle de droite.

C'est au moins ça, je ne peux retenir un soupir de soulagement et je crois voir un léger sourire sur le visage du Lieutenant. J'ai vraiment la poisse ce n'est pas possible... Mais je ne suis pas là pour faire la difficile et me garde de tout commentaire. J'aurais pu tomber sur pire... Et point positif, dans quelque temps j'aurais retrouvé une chambre complètement féminine.

— Suivez-moi, je vais vous montrer le réfectoire.

Je le suis comme je peux, il va vraiment falloir que j'apprenne à marcher plus vite.

— Voilà où vous prendrez tous vos repas quand vous serez à la base. À n'importe quelle heure de la journée il y a un cuisinier pour vous servir. Je hoche la tête pour lui faire savoir que j'ai compris mais comme il reste à me fixer je lui réponds :

— D'accord monsieur.

— Lieutenant.

—Euh oui Lieutenant, pardon.

Je me sens rougir comme une écrevisse.

— Bien. Maintenant je vais vous montrer l'hôpital, vous aurez d'ailleurs des examens à passer d'ici quelques jours. Charlotte l'infirmière vous donnera l'heure et la date après la réunion.

— D'accord Lieutenant.

— Et bien nous avons fait le tour. Je vous laisse disposer afin que vous puissiez vous installer et ensuite rejoindre les autres au réfectoire.

— Merci Lieutenant.

Je prends le temps d’observer la base.

J’ai terriblement chaud dans mon treillis, mes rangers et mon sous-pull noir mais c’est sûrement parce que je ne suis pas encore habituée à la chaleur d’ici. Il faut dire que d’être dans le Sahara n’est pas le meilleur endroit si on souhaite avoir une température ne dépassant pas les trente degrés. L’air d’ici est étouffant sans parler des vents qui balaient le sable. Il n’y a pas un seul arbre à l’horizon, ni rien du tout d’autre d’ailleurs. La base est entourée de mur de fer sur des hauteurs vertigineuses. On a l’impression d’être dans une petite ville. Grâce aux avions et hélicoptères qui nous approvisionnent, personne ne semble manquer de rien ici. Malgré la situation, c’est la première fois depuis six mois que je me sens enfin en sécurité. J’ai l’impression qu’entre ces murs rien ne peut m’atteindre. Désormais c’est mon nouveau chez moi et je vais devoir m’habituer à l’odeur du sable et de la poudre de canon qui se rapproche de l’odeur de soufre. Je vois tous les soldats s’activer à leurs tâches et je décide d’en faire autant. J’attache mes longs cheveux noirs en queue de cheval et me dirige vers le dortoir.

Je retrouve la chambre que je vais désormais partager avec le Lieutenant O'brien et j'avoue que cela me stresse un peu. Je prends le temps de l’observer, les murs et le carrelage blanc donnent un côté hôpital et froid à la pièce. Les seuls rangements qu’il y a, sont deux armoires en fer posées en face des deux lits simples au milieu de la pièce. Il y a également deux tables de chevets de chaque côté des lits. Je m’aperçois qu’il n’y a aucune photo ou effet personnel appartenant au Lieutenant dans cette chambre. Rien qui fait penser qu’on l’attend chez lui ou qu’il a une famille. Il a sûrement dû les ranger pour que je ne puisse pas en savoir plus sur lui.

Je commence à installer le peu d'affaires que j'ai emportées, ce qui comprend mes livres, mes photos, mes vêtements pour les perm' et bien évidemment le collier de ma mère qu’elle ne quittait jamais alors je l'ai toujours sur moi en temps normal, ça me donne le sentiment d'être plus proche d'elle. Elle me manque chaque jour un peu plus.

Deux heures plus tard, tout est à sa place et même s'il n'y a que peu de décoration je suis satisfaite du résultat.

J'ai veillé à ne pas empiéter sur l'espace du Lieutenant O'brien. Je descends rejoindre tout le monde au réfectoire pour la réunion de présentation regroupée. Je fais partie des dernières arrivées, j'essaie donc de me faire la plus discrète possible. Et avec la chance que j'ai, il ne reste qu'une place au premier rang. Le Commandant, le Lieutenant et deux soldats se tiennent debout devant nous prêts à parler.

— Bonjour à tous, commence le Commandant. Vous venez d'intégrer la section 42 pour une durée de deux ans à compter d'aujourd'hui. Nous travaillerons en équipe ce qui veut dire que je veux un respect sans faille de votre part. Vous avez visité les locaux et vous savez ce que vous devez faire. Mais tout ceci, vous le savez déjà mis à part les quatre nouvelles recrues n'ayant encore jamais intégrer l'armée jusqu'à ce jour.

Tout le monde se regarde et je me sens soudainement très mal à l'aise quand je vois le Lieutenant me dévisager sans gêne. J'ai l'impression d'être une proie sous son regard intense. Je ressens comme des fourmillements dans mon ventre et dans ma tête, je n’ai jamais ressenti une telle chose pour personne. J'essaie d'échapper à son regard mais il m'attire comme un aimant. Il détourne les yeux au moment où il prend la parole. Je commence à avoir très chaud, qu’est-ce qui me prend de réagir comme ça ?! Le Lieutenant nous explique les règles de vie au campement, de sécurité et les missions qui seront données au cours des prochains jours. La réunion terminée, il est déjà dix-neuf heures, je décide donc d'aller manger pour profiter de ma soirée à lire en espérant que le Lieutenant vienne se coucher plus tard.

Vers vingt-deux heures je décide d’aller prendre une douche avant d’aller dormir, ayant pris mes affaires je me dirige vers les sanitaires et prend la première porte à droite comme me l’a indiqué le Lieutenant un peu plus tôt dans la journée. Seulement en apercevant Le lieutenant nu sous la douche, l’eau ruisselant sur son corps, je cache mes yeux et me confonds en excuse. Je suis morte de honte et je l’entends rire et me dire :

— C’est la première porte à gauche, Falls.

Je continue de me cacher les yeux même si l’idée de le regarder est vraiment tentante.

— Vous m’avez dit à droite, Lieutenant, lui dis-je contrariée et certaine de moi.

— Vous en êtes certaine ? J’ai dû me tromper alors, me répond-il avec un clin d’œil qui me laisse sans voix devant tellement d’arrogance. Je pars en direction inverse tentant d’oublier ce qui vient de se passer, non mais quel connard je rêve…

Vers minuit, je suis réveillée par les pas du Lieutenant. J'ouvre les yeux mais n'ose pas bouger et comme je suis dans le sens opposé je continue de faire comme si je dormais. J’entends ses vêtements tomber au sol, puis les froissements des draps. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je pense qu’il est facilement plus de vingt-trois heures. C’est avec beaucoup de mal que je finis par m'endormir en rêvant d'yeux noirs et de treillis sur un corps parfait et même d’un corps nu sous une douche…

La semaine passe vite et je commence à me familiariser avec cette nouvelle vie. Les soldats sont pour la plupart très sympas, seule mon équipe de travail semble sur la défensive, sûrement parce que je suis une femme. Je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup travailler avec eux à cause des rendez-vous à l’infirmerie, des documents administratifs à remplir et des cours accélérés de tirs.

Ce matin je me réveille difficilement, cela ne fait que quelques jours que je suis arrivée et pourtant je ne fais que penser au Lieutenant alors que je ne devrais pas. D'une, il m'est inaccessible et a sûrement déjà quelqu'un, de deux je ne suis pas là pour trouver l'amour...

Je me lève et constate que je suis seule. Le lieutenant a dû partir de bonne heure parce qu’il n’est que cinq heures. Je me rallonge sur le lit un oreiller sur le visage grognant de désespoir. L’horreur… Qu’est-ce qu’il m’a prise de m’engager dans l’armée ! Les matins ce n’est décidément pas mon fort… C’est l’heure pour moi de me réveiller avec une bonne douche ! Je prends le temps de remonter mes cheveux dans une queue de cheval, l’avantage ici c’est que je n’ai pas l’utilité de me maquiller et c’est un gain de temps considérable ! Lorsque j’arrive au réfectoire, quelques personnes mangent mais je décide de m'isoler sur une table. Une fois terminé, je débarrasse mon plateau. Il est six heures, ma journée de travail commence.

En arrivant à l'atelier, je vois bien le regard moqueur des soldats mais je ne me sens pas déstabilisée pour autant. Je connais mon travail et je sais ce que je vaux. Je vais d'ailleurs leur prouver à tous. Un des soldats me demande de faire un contrôle sur le Humvee qui doit partir en mission dans la journée. Je commence donc mon inspection. Je vérifie le moteur, les pneus... et je remarque une fuite sous le réservoir, j'aperçois certains soldats rire et je comprends qu'il s'agit d'un test. Je ne me décourage pas et m'apprête à regarder sous le véhicule quand une voix grave se fait entendre, une voix que je pourrais reconnaître entre mille...

—Falls ! Vous venez avec moi.

— Quoi ? Mais je ne peux pas Lieutenant, je dois...

— Vous n'avez pas à discuter les ordres. Vous venez avec moi. Demandez une arme au Soldat Scott et rejoignez-moi dans le Humvee, vous conduirez.

— Bien Lieutenant.

Je suis au maximum de mon stress, mes mains tremblent mais je me dépêche de me diriger dans le bâtiment des armements.

— Bonjour, je cherche le soldat Scott.

—Bonjour soldat, c'est moi même.

— Le lieutenant O'brien m'envoie afin de prendre une arme, je pars en mission.

— Oui il m'en a informé, j'arrive tout de suite.

J’observe un petit groupe de soldats trottiner sur le gazon un peu plus loin et seulement quelques minutes plus tard, le soldat Scott revient avec un M16 qu’il me tend avec un registre.

— J'ai besoin de votre signature, mesure de sécurité.

Je signe alors le document, le salue et je pars en direction du véhicule où le Lieutenant et deux soldats m'attendent déjà à l’intérieur.

— Nous partons en mission de reconnaissance et le soldat Styles sera notre éclaireur. C'est une mission particulièrement délicate, je vous demanderais donc de bien suivre les ordres à la lettre et pas d'initiative. C'est bien compris Falls ?

— Oui Lieutenant…

Nous arrivons sur les lieux et le soldat Styles part en éclaireur. Dix minutes plus tard, toujours pas de retour du soldat et je sens le Lieutenant s'agiter à côté de moi.

— Soldat Becker, nous allons sortir du véhicule pour voir les alentours. Styles devrait être revenu maintenant.

À peine ont-ils eu le temps de faire deux pas qu'une bombe explose ! Il y a une odeur de brûlé, j’entends des cris et je vois des morts. Je ne sais même pas s’ils font partie de mon régiment, mais je ne peux pas leur venir en aide sans prendre le risque de me faire prendre ou de me faire tuer. Je dois partir me mettre à l’abri le temps que la fumée se dissipe et je dois impérativement retrouver le Humvee. Je ne vois plus rien avec la poussière qu'a créée l'explosion, mais je ne dois absolument pas laisser la panique prendre le dessus. J'essaie de trouver le Lieutenant avec l'aide de mes mains mais rien. J'entends des bruits de pas s'approcher, je décide de courir dans le sens opposé quand je me prends un mur. Ou visiblement plutôt un torse ferme. La personne me prend les poignets et je commence à paniquer, je m'apprête à hurler quand j'entends sa voix dans un chuchotement.

— Falls c'est moi n'ayez pas peur et suivez-moi.

Je ne dis rien et me laisse faire. Peu à peu le nuage de poussière se dissipe et je retrouve la vue. Le Lieutenant nous emmène sous des rochers et c'est à ce moment-là que je m'aperçois que les deux autres soldats ne sont pas avec nous.

— Lieutenant où sont Styles et Becker ?

— J'ai vu les djihadistes les emmener. On va récupérer le Humvee pour s’éloigner et je vais contacter la base. Vous allez pouvoir conduire ?

— Oui c’est bon Lieutenant.

Il me couvre pendant que nous avançons prudemment vers le Humvee. Nous arrivons dedans sans embuscade et par chance j’avais laissé les clefs sur le contact. Je m’apprête à le démarrer quand un bras se pose autour de mon cou et m’étrangle, j’essaie de hurler mais mon agresseur serre ma gorge avec tant de force qu’aucun son ne sort de ma bouche, terrifiée, je regarde le Lieutenant braquer son M16 sur le soldat.

— Si j’étais vous je ne ferais pas ça, répond le soldat avec un accent.

— Relâche là immédiatement où je te bute !

Je sens des gouttes de sueur dégouliner dans mon dos, j’ai peur mais je ne souhaite pas faire prendre de risques au Lieutenant alors je tente le tout pour le tout et au moment où personne ne s’y attend je pousse le tableau de bord avec mes pieds de toutes mes forces, nous faisant basculer hors du véhicule. Je profite de son relâchement pour lui envoyer mon poing dans le visage. Je n’ai pas le temps de faire un geste de plus que j’entends le coup de feu. Une tâche rouge ce dessine sur le visage figé du soldat. Quand je me retourne vers le véhicule je vois le Lieutenant au-dessus du siège conducteur l’arme dans les mains.

— Merci…

— C’est la dernière fois que vous prenez une telle initiative ! Il aurait pu vous tuer !

— Il l’aurait fait si je n’avais pas agi ! Non mais je rêve ! Vous vous prenez pour qui pour me dire ce que je peux et ne pas faire !

— Pour votre Lieutenant !

Quand je vois les veines de son cou gonfler de colère, je décide de baisser les yeux et de remonter dans le véhicule sans rien dire. Ce n’est pas le moment de me faire expulser de l’armée. Je sais que je ne dois pas discuter ses ordres mais si je n’avais rien fait, je ne serais probablement plus là actuellement…Kidnappée ou pire, tuée. Je démarre le Humvee et nous emmène le plus loin possible de cet endroit. Nous n’avons toujours pas Styles et Becker, il est donc hors de question de les laisser là-bas trop longtemps. Le Lieutenant contacte la base pour les prévenir de la situation.

 

En rentrant à la base, je m’attends à recevoir un savon mais il n’en est rien. Le Lieutenant passe devant moi sans un regard et j’avoue que cela me déstabilise. Je ne sais pas pourquoi mais mon cœur se comprime à l’idée qu’il ne veuille plus me parler ou même travailler avec moi et m’envoyer sur une autre section. Sentant la panique m’envahir, ce sont les mains tremblantes, les jambes me portant à peine que je pars m’isoler dans la chambre.

Je me décide à aller présenter mes excuses et en abaissant la poignée de la porte, je me la prends en pleine face et m’écroule par terre. Le Lieutenant se précipite vers moi pour m’aider à me relever.

— Vous allez bien ? Je suis sincèrement désolé, je n’ai pas pensé que vous pourriez être dans la chambre. Il a presque l’air inquiet, j’ai bien dit presque car dès que je suis debout il remet son masque d’homme froid. Pour essayer de détendre un peu l’atmosphère, je lui réponds en souriant :

— Ce n’est rien, je suppose que c’est le Karma qui me punit pour mon comportement de tout à l’heure.

Mais mes paroles ont l’effet d’un gros flop. Aucune réaction. Son visage paraît comme figé. Il part s’allonger sur son lit sans un mot de plus, alors je prends mes affaires pour aller me doucher et avant de claquer la porte sans attendre une réponse de sa part, je lui dis que je ne discuterais plus ses ordres et ne prendrais plus d’initiative sans son accord.

En revenant dans la chambre, je pense que le Lieutenant est parti manger mais il est endormi sur son lit. Je ne peux m’empêcher de le regarder, il est tellement beau et à l’air si jeune comme ça. Il faut vraiment que j’arrête de penser à lui comme ça, c’est mon supérieur et encore une fois je ne suis là pour baver sur lui ! Je vais me coucher également, je n’ai pas faim et je préfère rester isolée pour ce soir.

Les nuits ici sont vraiment très fraîches et malgré les couvertures polaires je suis frigorifiée... Ne trouvant pas le sommeil je n’arrête pas de me tourner et retourner.

— Ça va ? Je fais un bond, surprise que le Lieutenant soit réveillé.

— Euh oui, j’ai juste un peu froid je ne suis pas habituée aux températures d’ici.

— C’est vrai qu’au début c’est difficile mais vous verrez on s’habitue vite. Il se lève de son lit et se tient debout en face du mien en me tendant sa couverture.

— Prenez la mienne je n’ai pas froid.

— Merci c’est gentil mais je ne peux pas accepter vous risquez d’avoir froid dans la nuit.

— Je vous assure que non. Prenez-la. Il me la tend et je la prends, nos mains s’effleurent, ce que je ressens à ce moment-là est un sentiment inexplicable et parmi toutes ces sensations, je constate effectivement que sa main est brûlante. Je le regarde et le remercie. Il retourne se coucher sans un mot de plus, quand je pense que plus tôt dans la soirée il ne m’adressait plus la parole et maintenant il me propose sa couverture. Je ne comprends rien à cet homme. Je ne peux m’empêcher de respirer son odeur imprégnée dans sa couverture. Je dois être folle mais j’adore. C’est un mélange de cuir et de parfum indescriptible mais tellement parfait. Je m’endors des rêves plein la tête…

A mon réveil, le Lieutenant O’brien n’est pas dans la chambre. Je prends un rapide petit déjeuner et je file prendre une douche. Aujourd’hui nous devons tout mettre en œuvre pour retrouver Styles et Beckers toujours portés disparus. Alors, je me rends au garage pour vérifier le véhicule avant de partir puis je rejoins les soldats établissant un plan pour cette opération délicate. Après plusieurs minutes de débats et de simulations d’interventions, le Lieutenant décide finalement de retourner sur les lieux pour chercher des pistes pouvant nous mener à nos deux soldats disparus. Il n’y aura que deux personnes intervenantes aujourd’hui, lui et moi, je suis stressée de partir seule avec le Lieutenant, même si je sais que nous serons efficaces et surtout nous passerons beaucoup plus inaperçus qu’en groupe, le but étant de ne pas disparaître à notre tour. Aujourd’hui, je conduis un Hummer, il faut faire vite, chaque minute passée est une chance de moins de retrouver les soldats et qui sait ce que ces individus leur font subir s’ils ne sont pas déjà morts…

La route se fait dans le silence le plus total et nous ne voyons pas grand-chose avec les rafales de sables. Sans parler de la chaleur étouffante. Ne voyant presque plus rien, le Lieutenant décide de faire une pause. Il en profite pour boire de l’eau, chose que je n’ai pas pensé à prendre dans l’urgence de la situation.

— Vous devriez profiter de cette pause pour vous rafraichir un peu.

— Merci mais ça va aller, lui réponds-je plus sèchement que ce que je n’aurais voulu.

— Je ne tiens pas à vous ramasser après un malaise, se moque-t-il.

— J’ai oublié ma gourde, content ?! Allez-y faites-moi la morale, j’en meurs d’envie ! Je ne supporte plus son regard qui semble dire que je n’ai rien à faire ici alors qu’il ne me connaît pas !

Je suis donc surprise quand il me tend sa gourde. Hier la couverture, aujourd’hui la gourde…Cet homme serait-il bipolaire ?! J’hésite à la refuser mais avec cette chaleur ce ne serait pas raisonnable.

— Allez y buvez. Sachez que je ne le ferais pas toujours. Vous devez apprendre qu’à l’armée il est nécessaire de savoir se débrouiller seul avec le strict minimum.

— Je vais me débrouiller seule alors Monsieur je sais tout ! Je lui rends sa gourde avec force contre son torse avant même d’avoir bu de l’eau. Je n’ai pas besoin de lui !

Je remets le contact et démarre le Hummer. Le Lieutenant range sa gourde et regarde la route. Jusqu’au village plus personne ne parle. Je gare le véhicule à l’abri derrière un énorme rocher. Je vérifie que mon arme est dans son étui. Aujourd’hui pas de M16 afin de ne pas attirer l’attention plus que ce ne sera déjà le cas avec nos uniformes.

Nous traversons le village l’air le plus naturel possible en essayant de retrouver l’impact de la bombe. Tout semble avoir été nettoyé après notre passage mais nous tombons sur les vitres cassées et c’est à cet endroit précis que nous commençons nos recherches.

Chapitre 2

Après avoir suivi deux soldats au comportement suspect qui tournaient autour du lieu de l’explosion, nous entrons dans un bâtiment qui semble être la mairie. Le bâtiment est moderne, je pense qu’il a été construit il y a peu de temps. Les maisons, elles, sont plus délabrées les unes que les autres.

Un escalier mène au sous-sol et après avoir jeté un coup d’œil pour nous assurer qu’il n’y avait personne, nous descendons. Un long couloir s’étend sur plusieurs pièces.

— Nous allons nous partager les recherches. Je commence à gauche et vous à droite c’est compris ?

— Oui Lieutenant.

Sans perdre de temps, je rentre dans une petite pièce sombre où un ordinateur est posé sur le bureau au centre de la pièce. Étrange, car mis à part ce bureau la pièce semble vide. Je m’approche prudemment de l’ordinateur, par chance la session est restée ouverte et je m’empresse de le fouiller. Il y a un dossier « Restaurant » qui me paraît trop simple pour n’être rien d’important.

— Bingo ! chuchoté-je

Différents noms sont sous forme de sous-dossier. Je cherche Styles et Beckers dans l’espoir de trouver quelque chose mais une plus grosse surprise m’attend. Je vois le nom de Sam Wickley. Je m’empresse de sortir la clé USB que je garde dans la doublure de mon treillis et la branche sur la centrale. Je copie le dossier et range à nouveau la clé USB dans la doublure. Au même moment le Lieutenant entre dans la pièce.

— Il faut se dépêcher de sortir des hommes arrivent, me chuchote le Lieutenant.

Je ne perds pas de temps et ferme tous les dossiers de l’ordinateur pour ne pas laisser de traces.

Une fois dehors nous nous dépêchons de retrouver le véhicule. Cette fois-ci, le Lieutenant prend le volant.

— Vous avez trouvé quelque chose ? me questionne-t-il.

— Des dossiers avec des noms mais rien sur Styles ou Beckers. Et vous Lieutenant ?

— Pas grand-chose mais si on ne les retrouve pas rapidement, les chances qu’ils soient encore vivants seront minimes. Nous ne pouvons plus nous contenter de faire seulement des recherches.

Nous rentrons à la base et même si pour le Lieutenant cette mission n’a rien apporté de plus, pour moi, il en est tout autre.

Arrivés à la base, je profite que le Lieutenant soit sorti de la chambre pour connecter la clé USB sur mon ordinateur portable. Je me demande quel est le lien entre Sam et le maire de cette ville et cela ne me rassure pas quand on sait qu’il est le bras droit de Jerry. J’ai tout fait pour m’éloigner de ce monstre mais on dirait que ça ne suffit pas. Où que j’aille il me retrouve. Je vais devoir redoubler de vigilance.