The Black Crow - Tome 2 - Océane Beziau - E-Book

The Black Crow - Tome 2 E-Book

Océane Beziau

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Beschreibung

Retrait du titre par le distributeur numérique, à la demande de l'éditeur.




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The Black Crow

Tome 2 

 

Romance

Illustration graphique : Graph’L

Image : Adobe Stock

Art en Mots éditions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce livre est une fiction. Toute référence à des évènements historiques, des comportements de personnes ou des lieux réels seraient utilisés de façon fictive. Les autres noms, personnages, lieux et évènements sont issus de l’imagination de l’auteur, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait totalement fortuite.

 

ATTENTION

Ce livre comporte des scènes explicites et violentes déconseillées aux moins de 18 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Il est difficile de dire adieu lorsqu’on veut rester, compliqué de rire lorsqu’on veut pleurer, mais le plus terrible est de devoir oublier lorsqu’on veut aimer. »

      Anonyme

 

 

 

Chapitre 1

 

Crow

Depuis deux semaines déjà, nous vivons reclus dans une usine désaffectée, au milieu de nulle part. Après avoir enfermé Abby, inconsciente, dans le coffre de la voiture, nous n’avons eu d’autres choix que de nous réfugier dans un lieu sûr au plus vite. Alonzo et moi avons roulé des heures, en limitant nos arrêts, jusqu’à trouver ce village abandonné. Cet endroit semble avoir été bombardé dans un passé pas si lointain, où les habitants n’ont même pas pris le temps de faire leurs valises. Un avantage, puisque nous avons pu y aménager sans trop de mal et surtout sans nous faire repérer. Nous avons préféré l’usine à une maison pour sa hauteur et le panorama qu’elle nous offre. Il nous sera plus facile d’apercevoir d’éventuels ennemis. Alonzo a trouvé un équipement de vidéosurveillance encore en état de marche. Si les autorités sont déjà passées par ici deux ou trois fois, personne ne semble avoir remarqué notre présence.

Je le rejoins dans la pièce qui nous sert de salon - salle à manger.

— Salut, lui dis-je.

— Salut, vieux. Je crois qu’on devrait laisser Abby prendre une douche. Mec, elle pue la mort. J’en ai presque la trouille de venir lui donner à boire, ça devient inhumain.

— Je sais. J’y pensais, moi aussi. Elle n’aura pas assez de forces pour tenter quoi que ce soit, de toute façon.

J’ouvre une boîte de conserve avant d’y plonger une fourchette dans ce qui ressemble à de la pâtée pour chien.

— Plus les jours passent, et plus je me demande ce qu’on va faire d’elle.

— La relâcher n’est plus une solution possible, lui dis-je, le visage grave.

J’emporte avec moi le repas ainsi qu’une petite bouteille d’eau, que je m’apprête à servir à Abby.

— Ne me dis pas que tu… ?

— La tuer ? L’idée m’a traversé l’esprit, mais j’en serais incapable. Mais putain ! Elle est prête à n’importe quoi pour sa liberté ! Jamais je n’aurais envisagé qu’elle me trahirait de la sorte !

— Je sais, mais tu dois te calmer. Peut-être que nous devrions parler avec elle.

— J’ai déjà essayé et crois-moi, ça n’a rien donné.

— Commence par lui faire prendre une douche, parce que l’odeur empeste jusque-là. Si on avait des voisins, ils penseraient qu’on cache un cadavre.

Il a raison, mais la regarder ne serait-ce qu’un instant est une vraie torture et imaginer qu’Alonzo puisse la voir nue est bien pire encore. Et pourtant, je devrais n’en avoir rien à foutre !

Je me lève de table pour rejoindre la petite pièce sombre où Abby est enfermée depuis notre arrivée. C’est d’ailleurs l’une des rares salles que l’on peut verrouiller, d’où notre choix pour ce qui devait être à l’origine un placard à balais. Alonzo a raison, l’odeur est insupportable et il est temps d’y remédier. J’ouvre la porte fermée à double tour.

J’y découvre Abby recroquevillée par terre, ses cheveux emmêlés, collés entre eux par la crasse et le sang. L’espace d’un moment, j’ai presque pitié d’elle, mais je me reprends rapidement en me remémorant le fait qu’elle n’ait pas hésité un seul instant à me trahir et même à me charcuter.

— Viens te laver.

Silence. Aucun mouvement de sa part.

— Tu empestes le rat mort et il est hors de question que tu parfumes l’usine.

— Laisse-moi…

Ses paroles sont à peine audibles et sa voix est tellement enrouée que je réalise à quel point prononcer le moindre son la fait souffrir. Je remarque par ailleurs qu’elle refuse toujours de s’alimenter, l’assiette et le verre d’eau de la veille n’ont pas été consommés.

Je décide de m’approcher d’elle. Ses paupières sont fermées et ses lèvres gercées par la déshydratation. Je me penche doucement pour la prendre dans mes bras, non sans dégoût, mais lorsqu’elle sent ma présence, ses yeux s’ouvrent d’un seul coup et me lancent un regard qui me dissuade aussitôt de la toucher.

— Écoute, Abby, j’aimerais qu’on parle. Mais d’abord, il faut que tu te laves, tu ne peux pas rester comme ça.

— Ça ne t’a pourtant pas gêné de me laisser ici et de me donner le strict minimum pendant des semaines… Et puis, même si je le voulais, je suis incapable de me lever.

— Je… Je vais te porter alors, mais si tu tentes quoi que ce soit, Alonzo n’hésitera pas à te tuer.

— Tu crois que tes menaces vont m’intimider ?

Son regard a changé, il est vide de toute émotion. J’ai l’impression que depuis que je l’ai retrouvée, elle n’a plus rien à voir avec mon Abby, celle pour qui j’aurai fait n’importe quoi.

Je ne dis rien et me contente de passer mes bras derrière son dos et sous ses jambes, devenues bien trop maigres par ma faute. Si au début, elle se tend à mon contact, elle finit par se laisser faire, sans doute par manque de force. Je l’emmène vers la pièce qui devait auparavant servir de douches communes pour les employés. Avec Alonzo, on a mis quelques jours pour récupérer l’eau et l’électricité. Je pose Abby sur le carrelage froid. Ce n’est pas tout confort, mais vu ce que je lui ai fait vivre ces derniers jours, je pense que c’est le cadet de ses soucis. Il fait plutôt bon pour un début de printemps, une chance que l’on n’ait pas besoin de chauffage. J’attends que l’eau chaude arrive et demande à Abby d’ôter ses guenilles. Lorsque je l’observe tirer sur sa robe sans succès, je m’avance pour l’aider. Deux semaines qu’elle porte ce chiffon, il est grand temps de lui trouver autre chose.

— Alonzo, est-ce que tu peux récupérer des vêtements propres ?

— Ouaip !

En voyant Abby nue, je prends conscience du calvaire que je lui fais subir. Son corps est si maigre que je peux apercevoir chacune de ses côtes. Mon regard s’aventure quelques secondes sur ses tatouages, qui n’enlèvent rien à sa beauté.

Je la porte à nouveau pour l’amener sous le jet d’eau, puis me saisis du savon qu’Alonzo a trouvé dans une maison. Je la sens qui observe la porte, essayant probablement de planifier une éventuelle évasion. Mais elle sait aussi bien que moi qu’elle en est pour le moment physiquement incapable. Je commence à laver ses cheveux, lorsque j’entends un coup contre le mur.

— Euh… Je me suis dit qu’Abby aurait peut-être besoin d’une brosse à cheveux. Pour les vêtements, la taille devrait convenir.

— Merci, Alonzo, tu peux les poser par terre, je vais venir les récupérer.

Même si je déteste Abby, le fait qu’un autre homme puisse la voir nue provoque toujours en moi des pulsions de jalousie ou de possessivité. Il faut être complètement malade comme mec pour réagir de la sorte.

— Tu te sens apte à te laver ? lui demandé-je.

— Oui…

Je l’observe qui peine à se mouvoir, mais je suis incapable de toucher son corps. Il est hors de question que je lui montre de la tendresse plus longtemps, pas après ce qu’elle m’a fait. Je ne sais toujours pas ce qu’il va se passer par la suite et je dois avouer que cela m’inquiète de plus en plus. Au point de ne plus pouvoir en fermer l’œil de la nuit.

Abby se rince, j’observe ses pieds, l’eau qui s’échappe dans les canalisations est grise. Je me dégoûte de me comporter de cette façon avec elle, mais je n’oublie pas qu’elle a fait bien pire en me trahissant. Je pars chercher la brosse à cheveux qu’Alonzo a posée par terre, en prenant garde de ne pas perdre de vue Abby.

Lorsque je reviens, elle me regarde avec méfiance.

— Il faut qu’on parle, commencé-je. On est dans une impasse et ni toi ni moi ne souhaitons que cette situation se poursuive ainsi.

— Que je te t’adresse la parole ou non, tu ne me laisseras pas m’en aller. Alors, autant me supprimer maintenant, parce que je n’ai pas l’intention de discuter avec toi.

— Je ne le ferai pas. En revanche, je suis persuadé que Dixon, lui, sera content de te retrouver.

— Ne fais pas ça… tue-moi. Tu entends ? Je préfère mourir que de retourner auprès de ce malade ! Tu n’as aucune idée de ce qu’il m’a fait endurer.

— Pire que ce que je te fais là ? Je ne pense pas que ce soit possible.

— Eh bien tu te trompes lourdement !

Elle m’arrache la brosse des mains et l’envoie valser à l’autre bout de la pièce.

— Écoute, cette situation ne me plaît pas plus qu’à toi ! Alors soit tu coopères, soit je contacte Dixon !

— Tu n’oserais pas.

— Tu paries ? Alonzo, apporte-moi le téléphone !

— Non c’est bon, arrête ! Je te dirai tout ce que tu veux savoir, mais je t’en supplie, ne le laisse pas m’approcher…

Ses yeux s’emplissent de larmes et, pour la première fois depuis deux semaines, j’aperçois enfin une émotion chez elle.

Je pars récupérer la brosse au moment où Alonzo passe sa tête.

— J’imagine que j’oublie pour le téléphone ? nous dit-il.

— Oui, merci.

Abby se lève pour ramasser ses vêtements et je dois faire appel à toute ma raison pour ne pas la plaquer contre ce putain de mur et l’embrasser… Je donne un coup près de son visage, la faisant sursauter.

— Merde !

Je dois avoir l’air d’un fou vu de l’extérieur et son regard inquiet ne me contredit pas, mais bordel ! Cette fille aura ma peau !

Je tente de me reprendre.

— Alonzo, tu peux lui préparer un nouveau repas s’il te plaît ? Toi, Abby, tu vas venir dans la grande pièce avec moi et on va parler.

— D’accord…

Alors qu’elle termine de s’habiller, je l’attends contre le chambranle de la porte, ne perdant pas une miette du spectacle. Malgré sa maigreur, son corps est devenu une véritable œuvre d’art. Cela me fait penser qu’une fois ma plaie bien cicatrisée et à nouveau libre, je prendrai rendez-vous avec un tatoueur pour voir ce qu’il peut faire de mon corbeau. Abby s’installe à la table en bois qui nous sert principalement pour manger et Alonzo ne tarde pas à lui apporter son repas. Des raviolis, elle peut s’estimer heureuse que ce soit mon meilleur ami qui lui ait préparé son dîner. L’avantage dans le fait que les habitants soient certainement partis en urgence, c’est qu’il reste pas mal de réserve de boîtes. Nous avons de quoi nous nourrir modestement pendant encore quelques mois.

Je commence à parler en premier.

— J’ai besoin de savoir pourquoi tu m’as trahi, alors qu’il te suffisait de tout m’avouer. On aurait trouvé une solution, bordel ! Tu comptais vraiment donner cette puce à Dixon ?

— Au début, j’hésitais… mais j’ai pensé que c’était l’unique moyen pour qu’il me laisse tranquille. Il me retrouvera où que j’aille, si je ne le fais pas.

— Donc, tu as toujours l’intention de la voler…

— Écoute, Jarod…

— Ne m’appelle pas comme ça !

— C’est la seule façon pour moi de pouvoir recommencer une nouvelle vie et d’oublier mon passé !

— Moi y compris, n’est-ce pas ?

— Je ne t’apporterai jamais rien de bon et tu le sais…

— Alors pourquoi tu m’as fait sortir de cette prison ? Mon poing s’abat furieusement sur la table qui s’affaisse aussitôt. Pourquoi avoir pris le risque de m’aider à m’échapper de là-bas ?

— Parce que je ne pouvais pas me résoudre à t’abandonner en sachant pertinemment ce que Dixon comptait faire !

Ses yeux s’emplissent de larmes qu’elle ravale immédiatement avant de continuer.

— En faisant ça, je te laissais à toi aussi la possibilité de t’en sortir. J’avais également espoir que tu aurais cette puce, malgré ce que ta mère disait. J’avais des doutes, même si je trouvais ça totalement tordu, mais quand je te regardais dans les douches, j’ai eu l’occasion d’observer cette petite bosse qui me paraissait trop carrée pour être naturelle. Le pire dans cette histoire, c’est que je ne pouvais en parler à personne, parce que Dixon a constamment un coup d’avance sur nous, grâce à ses larbins. Si je l’avais fait, il n’aurait pas hésité à te mettre une balle dans la tête pour la récupérer. C’est seulement quand il a émis l’hypothèse que tu l’avais probablement toujours sur toi, que j’ai percuté que lui et moi n’avions jamais été aussi proches de la vérité depuis le début. Je me devais de vérifier. Je savais que tu n’étais pas au courant, sinon tu n’aurais pas hésité un seul instant à la donner à son père en échange de la vie de ta mère. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour te sauver ! Je devais juste me contenter de la lui ramener sans avoir à lui dire qu’elle était sur toi. Tu aurais été vivant et Dixon n’aurait plus cherché à te poursuivre. Et moi, j’aurais été libre…

Sa voix se termine en murmure.

— Oui, en te créant un avenir sans moi ! Qu’est-ce que tu fais de tous nos moments ? C’était vraiment que du vent, pour toi ? Sans oublier que tu parles de liberté, alors que nous sommes toujours poursuivis par les autorités !

— Tu ne sais rien de ce qu’il m’a fait subir ! Tu n’étais pas là chaque fois qu’il m’a violée ou encore lorsqu’il m’a obligée à regarder sa pute le sucer devant moi ! Quand il m’a frappée, brûlée avec ses cigarettes pour être certain de laisser les traces de son emprise sur moi ! Pourquoi crois-tu que j’ai recouvert mon corps de tatouages en l’espace de quelques mois ? Tu as peut-être eu des moments difficiles, mais j’ai vécu bien pire et j’y suis allée de mon plein gré seulement pour te sauver la vie ! Alors, ne me parle pas de sentiments ou de trahison, parce que tu ne sais absolument rien de moi !

Alors que je ne trouve plus quoi répondre tant je tombe de haut sous ses révélations, elle se lève pour retourner dans le placard. J’attends quelques minutes avant de l’y enfermer, puis me tourne vers Alonzo qui semble aussi choqué que moi et n’ose pas ouvrir la bouche. J’étais conscient que Dixon était un enfoiré de première, mais j’étais loin d’imaginer qu’il ferait autant de mal à Abby. J’ai envie de le torturer de la pire des façons pour enfin pouvoir me venger. Mais malgré tout, l’histoire d’Abby ne parvient pas à me faire oublier sa trahison. Et surtout, son récit ne m’attendrira pas au point de la laisser partir, ce qu’elle espère probablement.

Chapitre 2

 

Triss

Deux semaines plus tôt.

Cette adrénaline que je ressens lorsque la vitesse indiquée par le compteur de ma Mustang ne cesse d’augmenter, c’est ce que j’aime le plus dans la course. On se sent puissant, invincible. Plus l’allure de mon véhicule s’intensifie, plus mon champ de vision diminue, ne laissant aucune marge d’erreur. Avec l’obscurité de la nuit et le brouillard qui commence à s’installer, une seule distraction, une seule petite faute me serait fatale. La ligne d’arrivée est proche, la voiture derrière moi se colle dangereusement à la mienne, mais il n’est pas envisageable que son conducteur me vole la première place. J’ai toujours été la meilleure à Nashville et il n’est pas question que cela change aujourd’hui. Je dépasse la ligne blanche tracée à la peinture, qui signale ma victoire. Je réduis ma vitesse, laissant les pneus crisser sur la route humide. Je coupe le moteur et descends de ma Mustang sous les cris de joie de mes plus grands supporteurs.

— Ouaaaaissss ! T’es la meilleure, Triss !

Je marche d’un pas rapide, Pablo sur mes talons.

— Merci, Pablo. Dis, tu sais où est Jake ? J’ai besoin de ma thune, je ne peux pas rester, ce soir.

— Roh t’est nulle, ils ont organisé une soirée d’enfer ! Il est avec Rick.

— Merci, à une prochaine, Pablo !

Ici, je suis la seule femme à courir, ce qui suscite l’étonnement et la curiosité des nouveaux venus. Les autres femmes présentes sont uniquement là pour essayer de se choper un beau spécimen. Il paraît que les hommes qui aiment l’interdit, ça les fait mouiller. Moi, je suis là pour l’adrénaline et gagner du blé, rien de plus, rien de moins. Quand Jake m’aperçoit, il lâche le groupe avec lequel il parlait pour que nous puissions rester à l’écart. Les transactions ne se font pas à la vue de tous et pour cause, leurs sommes sont assez conséquentes, surtout pour la première place.

— Génial, Triss, t’es vraiment la meilleure !

— Merci, Jake.

— Voilà ce que je te dois. Tu viens à la soirée ?

— Désolée, mais pas ce soir.

— Une autre fois, alors !

— Ouais, ciao !

Je remonte dans la Mustang qui fait ma fierté. Je fais vrombir le moteur et prends la direction de la maison. Mon V8 était à l’origine la voiture de mon père, le seul bien de valeur qu’il possédait et qui comptait énormément pour lui. À sa mort, je l’ai entièrement retapée et j’ai commencé les courses de rue pour financer mes études.

Je la gare dans son box et récupère mon vélo. Si personne ne doit connaître l’existence de ma Mustang, je n’ai pas pour autant les moyens de me payer un deuxième véhicule. Mais surtout, c’est loin d’être ma priorité.

À peine ai-je poussé la porte que j’entends mes colocataires se chamailler comme des enfants.

— Salut les gars !

— Salut, me dit Kyle, la bouche pleine de chips.

— Salut Christina !

Ashley saute du canapé pour me faire un câlin, tandis que Kyle reste concentré sur le match de Rugby.

— C’était bien, cette soirée, avec ce copain que tu ne nous as toujours pas présenté ? me dit mon amie.

— Bof un de plus que je vais nexter, lui dis-je en évitant son regard.

— Christina, il faut vraiment que tu arrêtes de faire la difficile… Tous les week-ends, c’est pareil !

— Visiblement, je n’ai pas encore trouvé le bon !

Je hausse les épaules et pars en direction de la salle de bain qui se situe à côté de ma chambre. Personne n’est au courant pour mes courses de rue et c’est mieux ainsi. Triss et Christina sont deux personnes différentes pour la plupart des gens. Même si mon visage est à découvert, il n’y a jamais de photos prises dans ce monde hors-la-loi. Les courses que je fais ne sont pas autorisées et c’est ce qui me plaît. L’adrénaline procurée par la vitesse et le goût de l’interdit m’aident à m’échapper de l’enfer constamment à mes trousses. Et ça paye bien. Assez pour me permettre de poursuivre mes études, me régler un logement et économiser pour pouvoir partir loin d’ici. Les sommes d’argent gagnées sont une motivation supplémentaire. Si mes colocataires venaient à l’apprendre, je crains qu’ils ne prennent peur et qu’ils essaient de me dissuader de continuer. Nous serions en conflit perpétuel et c’est tout que je ne souhaite pas.

La douche détend mes muscles et, quand j’en sors, toute ma tension est restée derrière moi. Je rejoins Kyle sur le canapé et lui vole son paquet de chips. Je ne regrette pas que nous ayons investi dans un grand canapé d’angle, parce qu’il faut avouer qu’avec le vieux clic-clac, nous n’étions pas super à l’aise.

— Vous avez trouvé un nouveau coloc ?