Derrière le rideau - Tome 3 - Marc Diaz - E-Book

Derrière le rideau - Tome 3 E-Book

Marc Diaz

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Beschreibung

Le rideau tombe une dernière fois… pour mieux se relever. Dans ce dernier tome, les réponses tant attendues se dévoilent enfin, éclairant les zones d’ombre laissées en suspens. Forts des épreuves traversées, les personnages avancent avec sérénité, guidés par leur passion et la fidélité à eux-mêmes. Une conclusion empreinte de justesse, où chaque rôle trouve sa résonance et chaque voix, son écho.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Marc Diaz, après trois décennies passées à Dunkerque, retrouve avec joie sa région natale du Limousin, tout en chérissant les souvenirs précieux de sa vie dans le nord de la France. Pour lui, l’acte d’écrire est une aventure exaltante, une expression véritable de liberté.

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Seitenzahl: 192

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Marc Diaz

Derrière le rideau

Tome III

Roman

© Lys Bleu Éditions – Marc Diaz

ISBN : 979-10-422-8043-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon cousin Jean-Paul qui aimait particulièrement l’île d’Oléron et qui a su me faire découvrir la diversité de ses paysages en parcourant les pistes cyclables.

Ce roman est une fiction, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.

La famille

Tome 1

La famille

Tome 2

Les proches

Amis de Nicolas

Amis de Franck

À

À moi

Au temps que j’ai passé à te chercher

Aux qualités dont tu te moques bien

Aux défauts que je t’ai cachés

À mes idées de baladin

(…)

À nous

À nos espoirs et à nos illusions

À notre prochain premier rendez-vous

À la santé de ces millions

D’amoureux qui sont comme nous

Paroliers : Claude Lemesle,

Jean Baudiot,

Joe Dassin,

Pierre Delanoë

Incipit

Monique est décontenancée, elle avance péniblement en direction du quai où le train est stationné. Ce dernier doit quitter Bordeaux dans une dizaine de minutes. Elle s’assied sur un banc, elle a l’impression d’avoir des vertiges. Tout tourne dans sa tête comme si elle se trouvait dans une machine à laver le linge en phase d’essorage.

Cette femme qu’elle vient de croiser ne lui est pas inconnue. L’éclat de ses yeux, sa silhouette élancée ainsi que l’élégance naturelle qui émanent de sa démarche ne lui sont pas étrangers. Une multitude d’interrogations l’envahissent sans qu’elle parvienne à trouver une réponse. Le temps s’est immobilisé, le train a quitté la gare Saint-Jean, direction Limoges, Monique est toujours assise au même endroit, figée, plongée dans ses réflexions. De nombreuses personnes s’agitent autour d’elle afin de ne pas rater leur train, une foule stressée par les épreuves de la vie, le respect des horaires imposés par le monde du travail. Des actifs prisonniers de leur montre dont ils dépendent totalement. Monique est ailleurs et ne les voit pas. Elle est perdue, noyée dans les profondeurs opaques de ses pensées. Des pigeons voltigent dans les airs en quête de nourriture et ne semblent pas perturbés par les bruits et les va-et-vient des passants.

Soudain, un éclair illumine son esprit. Cette femme lui rappelle Philippe. Philippe, son idéal, qu’elle ne cesse de chercher en vain. Son esprit s’égare, cela lui semble impossible. Monique a l’impression de devenir folle. Une sœur jumelle, c’est impossible. Elle l’aurait forcément connue. Philippe a pu avoir une petite sœur après que ses parents ont déménagé. Hypothèse plus crédible.

Elle ne peut pas se résoudre à quitter Bordeaux dans l’immédiat. Animée par une force qu’elle ne maîtrise pas, elle décide de poursuivre sa quête. Elle veut retrouver Philippe, elle a besoin qu’il s’explique : pour quelles raisons n’a-t-il pas ouvert le rideau ? Elle espère, également, recroiser la belle inconnue, elle n’hésitera pas à l’aborder et à lui faire part de son ressenti. Elle n’a rien à perdre.

Monique est persuadée que Philippe se cache derrière un rideau, elle souhaite qu’il ose, enfin, ouvrir ce dernier, qu’il s’affirme et se révèle. Chacun se protège derrière une carapace qui masque l’essentiel : le vrai, l’authentique, tout ce qui ne se voit pas, tout ce qui ne se dit pas…

Franck

Il se sent libre, éperdument libre lorsqu’il court, quel que soit le temps. Il longe les canaux sur lesquels flottent majestueusement des cygnes, animaux fidèles et fusionnels. Les paysages oléronais sont très diversifiés lorsque l’on sait observer et que l’on se perd le long des pistes cyclables ou des sentiers forestiers. Il savoure le calme de cette île qu’il aime et qui a encore plus de charme lorsque les touristes sont repartis.

Cette liberté lui convient, il n’a pas envie de dépendre de quiconque, celui qui le commandera n’est pas né ! Il s’est libéré des griffes de Priska, il en a beaucoup souffert. Il respire, il n’a plus à subir sa possessivité, ses scènes de jalousie ridicules et infondées. Cette expérience douloureuse, cette rupture amicale, lui laisse un goût amer et le rend méfiant. Sa spontanéité s’est réduite, il freine ses élans pour mieux se protéger. Le traumatisme vécu par son frère ne cesse de le hanter. Son frère Tom, éperdument amoureux d’une psychopathe : Kaska. Cette dernière n’avait qu’un seul but : anéantir sa famille. Elle y parvint en assassinant Rémi. Rémi, qui avait toujours considéré Franck comme étant son propre fils et qui lui avait donné son nom. Les parents de Rémi, Georgette et Gaston, en garderont des séquelles jusqu’à leur dernier souffle, même si le temps permet toujours d’aller de l’avant. Mamie Georgette a choisi de vivre, elle sait que chaque jour qui passe est un jour en moins. Elle est heureuse avec Dawid, le père de Kaska. Le jugement des autres l’indiffère, Franck est ravi de la métamorphose de sa mamie. Il admire, également, la force de caractère dont a fait preuve Monique, sa maman et en même temps sa demi-sœur, pour s’affranchir de ses chaînes.

Son ami, Michel, lui manque : son sourire, son humour, son élégance discrète, son sens de l’écoute… Il n’y a pas de recette pour faire son deuil. Michel reste très présent dans ses pensées et l’accompagne dans ses rêves. Franck aime se rendre à la plage des Saumonards pour se recueillir, il revoit son ami marcher à vive allure dans les chemins forestiers, il l’imagine arpentant les dunes à la recherche d’émotions fortes. Il se le représente allongé sous son parasol bleu et blanc en train de bouquiner tout en fumant sans laisser traîner ses mégots. Michel appréciait de lire plusieurs fois le même livre, ce qui lui permettait de repérer certains détails qui avaient pu lui échapper lors de ces précédentes lectures. Dans l’immensité de cet espace naturel, jaune, vert et bleu – espace balayé par les vents et les cris des mouettes et des goélands –, son ami est omniprésent tout en étant, hélas, absent. C’est une présence impalpable, une ombre qui vient chatouiller sa peau et qui lui donne le temps de quelques instants furtifs de la chaleur, du réconfort, de la tendresse. Un grand vide également s’empare de lui et le fait frissonner. Son ami lui manque…

Michel est son ange gardien, il espère que ce dernier l’aidera à rencontrer sa moitié tout en restant un homme libre. Franck redoute d’être muselé, attaché. Il est comme le loup, dans la fable de La Fontaine, la vie du chien, après réflexion, ne le fait pas rêver. Franck est trop jeune pour se ranger. Certes, il ne souhaite pas traîner sa solitude dans les lieux de rencontre lorsqu’il sera vieux, le monde gay peut se montrer cruel. L’apparence compte pour certains, il ne fait pas bon vieillir où il faut savoir faire preuve de générosité. Heureusement, certains aiment les « daddys » sans être des gigolos pour autant. Franck est jeune dans sa tête et dans son corps, il a le temps.

Depuis le coup de cœur qu’il a ressenti pour celui qui est devenu son nouveau chef, personne n’est parvenu à le transporter. Il se trouve toujours de bonnes excuses pour ne pas donner suite à ses rencontres, comme s’il avait peur de s’engager. Les rares fois où il accepte un rendez-vous programmé, le charme se brise, la magie s’envole. Il est toujours désenchanté et se carapate sans hésiter. La chanson interprétée par Jane Birkin lui colle à la peau :

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve

Se dire qu’il y a over the Rainbow

Toujours plus haut le soleil above

Radieux

Sa solitude ne lui pèse pas, vivre seul n’offre pas que des désagréments, bien au contraire. Il dispose de son temps comme il l'entend. Franck a toujours été autonome et indépendant. Il s’est construit seul, a volé rapidement de ses propres ailes et n’a jamais voulu être assisté. Il a géré ses problèmes financiers en comprenant qu’il était le seul responsable. C’est ainsi qu’il apprit à faire ses comptes afin de ne pas vivre au-dessus de ses moyens. Il lui fallut beaucoup de temps pour combler ses découverts et profiter de sa rémunération avant qu’elle ne soit engloutie pour éponger ses dettes. Il dut même accepter une saisie sur son salaire pour une durée de dix ans, seule possibilité pour qu’on lui accorde un prêt. Il en avisa le tribunal, précisant qu’il était d’accord pour que l’organisme prêteur puisse directement prélever ses mensualités à la source. Franck n’en parla jamais à sa famille, il assuma seul ses écarts. Chacun doit accepter ses erreurs sans les reporter sur autrui, c’est ainsi que l’on se construit, que l’on grandit et que l’on devient un adulte responsable. Il en a pleinement conscience.

C’est, hélas, très facile de plonger, il faut du temps et de la volonté pour redresser la barre. Récemment, Franck a été sollicité par la mairie du Château-d’Oléron pour être témoin d’une saisie en présence d’un huissier et d’un serrurier. Il s’agit d’un homme qui occupe un logement communal et qui est parti sans prévenir, sans remettre les clés et sans avoir payé son loyer depuis plusieurs mois…

C’est à cette occasion qu’il fit la connaissance de Dominique, une dame naturellement élégante et ne manquant pas d’humour. Elle avait, tout comme lui, accepté d’être témoin. Une complicité s’établit rapidement entre eux. Le serrurier, grand par sa taille et petit par son esprit, agaça fortement Franck. Ses propos moralisateurs lui semblèrent déplacés. L’atmosphère s’allégea lorsque ce triste bipède quitta les lieux après avoir changé la serrure. L’huissier lui parut professionnel et affable. En entrant dans l’appartement, les deux témoins eurent l’impression de voler une partie de l’intimité de cet individu. L’huissier fut surpris de trouver un appartement en bon état comme si cet homme était parti faire des emplettes et allait revenir d’une seconde à l’autre. Les photos de famille étaient restées sur le buffet, un mégot était dans le cendrier. Un plat avait été abandonné sur la gazinière, un gant de toilette était déposé sur le lavabo. Les lits étaient faits, les meubles et la déco ainsi que les habits semblaient dormir en attendant le retour du locataire. Cet homme occupait un appartement spacieux, bien rangé. On pouvait supposer qu’il venait juste de partir et qu’il allait réapparaître rapidement. Cette idée fit peur à Franck et le mit mal à l’aise.

De nombreuses questions emplirent le cerveau de Franck pendant que l’huissier procédait méthodiquement à l’inventaire des biens. Qu’est-ce qui a pu pousser ce bipède à fuir en abandonnant tout ce qui fait partie de sa vie, tout ce qui a une valeur affective sur laquelle repose un équilibre ? Cet individu est peut-être en danger, peut-être a-t-il reçu des menaces de mort de certaines personnes qu’il ne peut pas rembourser ? … Tout est possible.

L’huissier explique que le locataire ne pourra plus accéder à l’appartement et que le mobilier sera vendu à un prix dérisoire à l’hôtel des ventes. Même si les meubles sont en bon état, ce ne sont pas des meubles de valeur, l’homme n’en retirera rien. La voix de Barbara résonne dans la tête de Franck. Certes, ces meubles n’auraient jamais pu être exposés à Drouot, la souffrance n’a pas de prix :

Le marteau se leva, dans la salle des ventes

Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence

Elle cria je prends, je rachète tout ça

Ce que vous vendez là, c’est mon passé à moi

Nous avons tous nos propres renoncements, Franck court pour se vider la tête et garder la ligne. C’est son plaisir et son choix. D’autres sont obligés de fuir, de tout quitter pour mieux rebondir. Franck se souvient d’un copain espagnol qu’il a perdu de vue. Ce dernier avait dit à sa femme et à sa fille qu’il allait chercher des viennoiseries pour le petit déjeuner, il n’est jamais revenu. Son oncle Nicolas avait une amie qui, lors de son déménagement, avait déposé sur le trottoir une grande partie de son passé. Le lendemain, tout avait disparu. Fuite imposée, fuite voulue… Tout est possible. Se débarrasser des souvenirs passés peut sans doute permettre de mieux avancer, la voix de Piaf emplit la tête de Franck :

Non, rien de rien

Non, je ne regrette rien

Ni le bien qu’on m’a fait

Ni le mal

(…)

Je me fous du passé…

Ne pas avoir de regrets, quelle chance ! Est-ce possible ? Tout balayer en quelques secondes, une éternelle fuite en avant qui conjugue courage et lâcheté. Fuir ne résout pas les problèmes. Ils finissent toujours par refaire surface.

L’inventaire se termina par la visite de la cave. Dominique, de nature prévoyante, avait porté des lampes torches, ce qui fut utile. En effet, l’électricité était coupée depuis longtemps. Tout était correctement rangé dans cette cave. Il fallut se frayer un chemin au milieu des nombreux fils tissés par les araignées. Heureusement, aucun rat ne vint perturber la fin du travail du représentant de justice.

Un vent tempétueux régnait sur l’île, indiquant la colère de l’océan. L’huissier, avant de prendre congé, remercia les deux témoins. Dominique et Franck se dirent qu’ils auraient sûrement l’occasion de se revoir. Le Château est un gros bourg fortifié, vestige de Vauban. Cet endroit reste animé, quelle que soit la saison. Les insulaires ont souvent l’occasion de se croiser. Franck décida d’aller admirer la puissance de l’océan, en mettant le cap, direction le phare de Chassiron. Il avait besoin de s’oxygéner, de se vider la tête, tout en savourant la magnificence de la mer dans ce lieu grandiose et sauvage où les vagues viennent se fracasser bruyamment sur les rochers recouverts d’écume.

Franck eut envie de se défouler afin de se remettre de ses émotions. Il se mit à courir le long des falaises en affrontant la violence des éléments et en ayant l’impression de voler lorsqu’il avait le vent dans le dos.

C’est avec un plaisir non dissimulé qu’il retrouva son appartement bien douillet. Dans ce moment-là, il appréciait son célibat, il prit sa douche et savoura une tasse de thé. Il avait un faible pour un thé noir fortement épicé, une invitation au voyage…

Ce week-end, Franck part à Sauviat. Nicolas a décidé de réunir la famille afin de leur présenter sa moitié : Stéphane. Il a fallu un certain temps pour trouver une date convenant à tout le monde.

Rendez-vous à Sauviat

Stéphane est tout excité à l’idée de rencontrer la famille de Nicolas. Cela fait maintenant plus de deux ans qu’ils vivent à Sauviat, et il est toujours resté dans l’ombre afin de respecter la volonté de son compagnon. Il en a beaucoup souffert et a fini par s’y faire. Les relations imposées peuvent s’avérer lourdes à porter, dans certains cas. Les amis se choisissent, la différence est là.

Il se souvient d’un couple de garçons qu’il a connus lorsqu’il vivait à Dunkerque. Lorsque la maman d’un des deux venait rendre visite à son fils, l’autre devait cacher ses affaires et partir chez des amis le temps où « belle-maman » était là. C’était vraisemblablement un secret de Polichinelle, mais ça permettait à « belle-maman » de garder ses illusions sur son fils. Il fallait veiller à bien aérer l’appartement pour tenter d’éliminer les odeurs de tabac du fantôme, de celui qui était caché. La devise consistant à dire : pour être heureux, il faut vivre caché, est heureusement révolue. Il faut cependant rester prudent, tout peut être rapidement remis en cause. Le vent de liberté concernant l’évolution des mœurs reste fragile. Cela ne se limite pas à ce domaine. La liberté est de plus en plus souvent remise en cause, les démocraties vacillent, les régimes totalitaires ne cessent de croître…

Stéphane a perdu ses parents depuis des années. Il a un frère, plus jeune que lui, qui vit à Grenoble. Ils se contactent occasionnellement et n’ont jamais eu de véritables affinités. Ce dernier est policier et semble très pris par son travail. Grenoble, comme beaucoup de villes moyennes, devient le repaire des délinquants et des trafiquants. Il ne connaît rien de la vie de son frère, tout comme son cadet ne connaît rien de la sienne. Ils entretiennent des rapports courtois, surfaits, creux… Stéphane lui a déjà proposé de venir à Sauviat, ce dernier ne lui a jamais renvoyé l’ascenseur et n’est jamais venu voir son grand frère. Il a également une sœur qui vit à Dunkerque. Il se sent plus proche de sa sœur.

Nicolas ne peut s’empêcher de penser au repas de famille organisé par Tom, son neveu. Ce dernier était fier de leur présenter Kaska, l’élue de son cœur. Une foule de souvenirs reviennent à la surface. Nicolas avait découvert, peu de temps avant, que Mamie Georgette menait une double vie en ayant une liaison avec un boulanger. Il était encore fort choqué d’avoir trouvé Carmen allongée sur un divan, inanimée. Les remarques déplacées de Georgette concernant son orientation sexuelle l’avaient fait sortir de ses gonds. Il avait réussi à lui clouer le bec, un véritable exploit. Nicolas, l’alcool aidant, avait osé sortir de sa réserve et exprimer ce qu’il ressentait. Une scène digne d’un théâtre de boulevard de bas étage ! Dénonciation des faux-semblants, de l’hypocrisie qui souvent orchestre de main de maître les relations familiales qu’il vaut mieux éviter de creuser. L’éternelle rengaine du Pas de vagues, pas de vagues.

Nicolas espère que cette réunion de famille se déroulera sans heurt. C’est la première fois qu’il ouvre le rideau en permettant à sa famille de découvrir une partie de son intimité. Ils ne doutent pas qu’ils sachent réserver un accueil chaleureux à Stéphane.

Monique, la petite sœur de Nicolas, n’est pas sûre d’être présente, elle laisse le doute planer. En effet, elle est toujours à Bordeaux en train de jouer au détective privé, à la recherche de l’inaccessible étoile. Ceci amuse Nicolas tout en l’énervant. Il s’inquiète pour sa sœur qui se nourrit de rêves en étant aveugle à tout ce qui l’entoure. Il est persuadé que Philippe, un amour de jeunesse qu’elle a idéalisé, l’empêche de se tourner vers les autres et d’être disponible pour rencontrer quelqu’un avec lequel elle pourrait s’épanouir. Il reste, néanmoins, convaincu qu’être capable de rêver signifie être vivant !

Tom sera là avec Zoé, sa nouvelle compagne. Il croise les doigts pour qu’elle soit différente de Kaska. Il se souvient à quel point il avait pu trouver Kaska toxique dès qu’il l’avait vue. Une véritable vipère prenant plaisir à cracher son venin. Une fille malsaine, à fuir ! Il ne s’était pas trompé et il était loin d’imaginer ce que cette sinistre créature diabolique allait faire !

Franck est le seul à avoir eu l’occasion de rencontrer Zoé. En effet, les amoureux lui ont rendu visite à Oléron. Il a apprécié de voir Tom pétillant, Zoé l’a également conquis. Zoé et Tom se sont connus au collège où Tom est conseiller d’éducation. Zoé était chargée de l’accompagnement des enfants en situation de handicap. Tom était son chef. Un coup de foudre se produisit dès qu’ils se virent, le temps confirma que ce n’était pas un feu de paille. Ils durent se montrer discrets, il faut éviter de mélanger vie professionnelle et vie privée. Aujourd’hui, Zoé travaille dans un autre établissement tout en poursuivant ses études universitaires. Elle est en troisième année de médecine et aimerait bien se spécialiser. Beaucoup d’étudiants en médecine aspirent à la même chose. De ce fait, la France manque de médecins généralistes. Profession qui apparemment ne fait plus rêver les nouvelles générations. Il faudrait oser briser le numerus clausus en imposant aux futurs médecins de s’installer quelques années dans les « déserts médicaux » en remerciement des services rendus puisqu’ils ont bénéficié de cours et de formations dispensés dans des universités publiques. Les enseignants sont mutés d’office dans des Académies déficitaires et sont bien obligés d’y aller ! Beaucoup de députés sont des médecins et ne veulent pas remettre en cause ce privilège !

Franck a pu se libérer de ses obligations professionnelles et répondra présent. Cela fait quelque temps qu’il n’a pas respiré l’air du Limousin. Il se souvient avec émotion de la journée passée à Bersac chez Monique, sa maman et sa sœur. Les masques sont tombés ce jour-là, permettant à chacun de se délivrer des non-dits.

Mamie Georgette, accompagnée de Dawid, a répondu favorablement à l’invitation de Nicolas. Elle est heureuse de revoir ses petits-enfants. Dawid connaît déjà Tom… Ce dernier a failli être son beau-fils si Kaska, sa fille, n’avait pas été emportée par sa folie.

Nicolas comprend que beaucoup de ses convives ont été victimes de drames familiaux… Des histoires compliquées qui ont fini par se dénouer et se résoudre. Ils ont su affronter les tempêtes de l’existence, ces dernières leur ont même permis d’avancer, elles les ont aidés à se construire. Nicolas a préféré ne pas lancer d’invitation à Gaston, le papy de ses neveux. L’ex de Georgette aurait pu se sentir décalé, lui qui ne savait qu’acquiescer aux caprices de sa femme en ne cessant de lui dire : « Oui, ma chérie, tu as raison ! »Il ne souhaitait pas lui imposer la présence de Dawid. Nicolas a voulu le protéger, le bonheur des autres, dans certains cas, fait mal. Il faut laisser le temps au temps. Il n’est jamais trop tard, Gaston mérite d’être heureux et finira peut-être par trouver son équilibre. Georgette se serait sentie gênée en présence de Gaston. Même si elle a cessé de l’aimer depuis de longues années, elle respecte à sa manière sa personne. Elle voudrait qu’il se réveille, qu’il s’affirme et qu’il montre qu’il a du tempérament. Elle veut son bonheur, elle a conscience maintenant qu’elle n’était pas la bonne personne.

Georgette et Dawid sont les premiers à arriver à Sauviat. Nicolas et Stéphane sortent de leur maison pour les accueillir. Georgette embrasse chaleureusement les garçons et les remercie vivement de les avoir conviés. Elle ne manque pas de dire à Nicolas tout en l’enlaçant : « Brisons la glace ! »Nicolas est frappé par la métamorphose de Georgette. Aucune agressivité n’émane de sa personne, la vie ne l’a pas épargnée. Après avoir subi une tornade meurtrière, elle a enfin trouvé la paix avec Dawid. Maintenant, ils peuvent vivre au grand jour leur amour. Un amour passionnel, harmonie de deux corps qui se fondent et se confondent et de deux esprits. Il n’y a pas d’âge pour avoir une vie sexuelle intense et épanouie. Dawid est souriant et tout comme Stéphane se montre discret. Georgette ne manque pas de féliciter les garçons pour leur nid douillet dans un espace verdoyant et serein.