Die Blumen des Bösen (Zweisprachige Ausgabe: Deutsch-Französisch) - Charles Baudelaire - E-Book
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Die Blumen des Bösen (Zweisprachige Ausgabe: Deutsch-Französisch) E-Book

Charles Baudelaire.

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Beschreibung

Charles Baudelaires 'Die Blumen des Bösen' ist ein bahnbrechendes Werk der französischen Literatur des 19. Jahrhunderts. Der Autor erkundet die dunkle Seite der menschlichen Natur durch seine Gedichte, die von Themen wie Verführung, Verfall und Vergänglichkeit geprägt sind. Baudelaire verwendet eine innovative Sprache und einen raffinierten Stil, der die Grenzen der damaligen literarischen Konventionen überschreitet. Die zweisprachige Ausgabe ermöglicht es dem Leser, Baudelaires originale französische Texte zu schätzen und gleichzeitig die deutschen Übersetzungen zu verstehen. Dieses Buch ist eine einzigartige Verbindung von Sprachästhetik und tiefgreifenden philosophischen Ideen. Charles Baudelaires persönlicher Hintergrund als Flaneur und Dichter in der Pariser Bohème des 19. Jahrhunderts spiegelt sich deutlich in seinen Werken wider. Seine Beobachtungen des urbanen Lebens und seine kritische Auseinandersetzung mit der modernen Gesellschaft prägen 'Die Blumen des Bösen'. Baudelaire gilt als einer der bedeutendsten französischen Dichter seiner Zeit und sein Einfluss reicht bis in die Gegenwart. Lesern, die poetische Meisterwerke mit philosophischem Tiefgang schätzen, wird die Lektüre von 'Die Blumen des Bösen' dringend empfohlen.

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Charles Baudelaire

Die Blumen des Bösen

(Zweisprachige Ausgabe: Deutsch-Französisch)

Books

- Innovative digitale Lösungen & Optimale Formatierung -
2017 OK Publishing
ISBN 978-80-272-1309-2

Inhaltsverzeichnis - Sommaire

LES FLEURS DU MAL (Français / Französisch)
BLUMEN DES BÖSEN (Deutsch / Allemand)
Allemand

LES FLEURS DU MAL

Sommaire

Contenu

AU LECTEUR

BENEDICTION

L'ALBATROS

ELEVATION

LES PHARES

LA MUSE VENALE

L'ENNEMI

LA VIE ANTERIEURE

BOHEMIENS EN VOYAGE

L'HOMME ET LA MER

DON JUAN AUX ENFERS

CHATIMENT DE L'ORGUEIL

LA BEAUTE

L'IDEAL

LES BIJOUX

LE MASQUE

HYMNE A LA BEAUTE

LA CHEVELURE

SED NON SATIATA

LE SERPENT QUI DANSE

UNE CHAROGNE

DE PROFUNDIS CLAMAVI

LE VAMPIRE

LE LETHE

REMORDS POSTHUME

LE CHAT

LE BALCON

LE POSSEDE

UN FANTOME

SEMPER EADEM

TOUT ENTIERE

A CELLE QUI EST TROP GAIE

CONFESSION

LE FLACON

LE POISON

LE CHAT

LE BEAU NAVIRE

L'IRREPARABLE

CAUSERIE

CHANT D'AUTOMNE

CHANSON D'APRES-MIDI

SISINA

A UNE DAME CREOLE

LE REVENANT

SONNET D'AUTOMNE

TRISTESSE DE LA LUNE

LES CHATS

LA PIPE

LA MUSIQUE

SEPULTURE D'UN POETE MAUDIT

LE MORT JOYEUX

LE TONNEAU DE LA HAINE

SPLEEN

LE GOUT DU NEANT

ALCHIMIE DE LA DOULEUR

LA PRIERE D'UN PAÏEN

LE COUVERCLE

L'IMPREVU

L'EXAMEN DE MINUIT

MADRIGAL TRISTE

L'AVERTISSEUR

A UNE MALABARAISE

LA VOIX

HYMNE

LE REBELLE

LE JET D'EAU

LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE

LE GOUFFRE

LES PLAINTES D'UN ICARE

RECUEILLEMENT

L'HEAUTONTIMOROUMENOS

L'IRREMEDIABLE

L'HORLOGE

LE SOLEIL

LA LUNE OFFENSEE

A UNE MENDIANTE ROUSSE

LE CYGNE

LES SEPT VIEILLARDS

LES PETITES VIEILLES

A UNE PASSANTE

LE CREPUSCULE DU SOIR

LE JEU

DANSE MACABRE

L'AMOUR DU MENSONGE

Je n'ai pas oublié

BRUMES ET PLUIES

L'AME DU VIN

LE VIN DES CHIFFONNIERS

LE VIN DE L'ASSASSIN

LE VIN DU SOLITAIRE

LE VIN DES AMANTS

UNE MARTYRE

DESSIN D'UN MAITRE INCONNU

LESBOS

FEMMES DAMNEES

LES DEUX BONNES SŒURS

ALLEGORIE

LES METAMORPHOSES DU VAMPIRE

UN VOYAGE A CYTHERE

ABEL ET CAÏN

LES LITANIES DE SATAN

PRIÉRE

LA MORT DES AMANTS

LA MORT DES PAUVRES

LA MORT DES ARTISTES

A MAXIME DU CAMP

Allemand

AU LECTEUR

Sommaire

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches, Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaîment dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent! Aux objets répugnants nous trouvons des appas; Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d'une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encore brodé de leurs plaisants desseins Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde;

C'est l'Ennui! – L'œil chargé d'un pleur involontaire,

Allemand

BENEDICTION

Sommaire

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, Le Poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié:

«Ah! que n'ai-je mis bas tout un nœud de vipères, Plutôt que de nourrir cette dérision! Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères Où mon ventre a conçu mon expiation!

«Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes Pour être le dégoût de mon triste mari, Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes, Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

«Je ferai rejaillir la haine qui m'accable Sur l'instrument maudit de tes méchancetés, Et je tordrai si bien cet arbre misérable, Qu'il ne pourra poussa ses boutons empestés!»

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine, Et, ne comprenant pas les desseins éternels, Elle-même prépare au fond de la Géhenne Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange, L'Enfant déshérité s'enivre de soleil, Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage Et s'enivre en chantant du chemin de la croix; Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte, Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité, Cherchent à qui saura lui tirer une plainte, Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats; Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche, Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques: «Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer, Je ferai le métier des idoles antiques, Et comme elles je veux me faire redorer;

«Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe, De génuflexions, de viandes et de vins, Pour savoir si je puis dans un cœur qui m'admire Usurper en riant les hommages divins!

«Et, quand je m'ennuîrai de ces farces impies, Je poserai sur lui ma frêle et forte main; Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies, Sauront jusqu'à son cœur se frayer un chemin.

«Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite, J'arracherai ce cœur tout rouge de son sein, Et, pour rassasier ma bête favorite, Je le lui jetterai par terre avec dédain!»

Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide, Le Poète serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:

«Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés, Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés!

«Je sais que vous gardez une place au Poète Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, Et que vous l'invitez à l'éternelle fête Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

«Je sais que la douleur est la noblesse unique Où ne mordront jamais la terre et les enfers, Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique Imposer tous les temps et tous les univers.

«Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre, Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Allemand

L'ALBATROS

Sommaire

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées,

Allemand

ELEVATION

Sommaire

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaîment l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins!

Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor,

Allemand

LES PHARES

Sommaire

Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse, Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer, Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse, Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer;

Léonard de Vinci, miroir profond et sombre, Où des anges charmants, avec un doux souris Tout chargé de mystère, apparaissent à l'ombre Des glaciers et des pins qui ferment leur pays;

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures, Et d'un grand crucifix décoré seulement, Où la prière en pleurs s'exhale des ordures, Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement;

Michel-Ange, lieu vague où l'on voit des Hercules Se mêler à des Christ, et se lever tout droits Des fantômes puissants, qui dans les crépuscules Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts;

Colères de boxeur, impudences de faune, Toi qui sus ramasser la beauté des goujats, Grand cœur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune, Puget, mélancolique empereur des forçats;

Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres, Comme des papillons, errent en flamboyant, Décors frais et légers éclairés par des lustres Qui versent la folie à ce bal tournoyant;

Goya, cauchemar plein de choses inconnues, De fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats, De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues, Pour tenter les Démons ajustant bien leurs bas;

Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges, Ombragé par un bois de sapin toujours vert, Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges Passent, comme un soupir étouffé de Weber;

Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes; C'est pour les cœurs mortels un divin opium.

C'est un cri répété par mille sentinelles, Un ordre renvoyé par mille porte-voix; C'est un phare allumé sur mille citadelles, Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois!

Allemand

LA MUSE VENALE

Sommaire

O Muse de mon cœur, amante des palais, Auras-tu, quand Janvier lâchera ses Borées, Durant les noirs ennuis des neigeuses soirées, Un tison pour chauffer tes deux pieds violets?

Ranimeras-tu donc tes épaules marbrées Aux nocturnes rayons qui percent les volets? Sentant ta bourse à sec autant que ton palais, Récolteras-tu l'or des voûtes azurées?

Il te faut, pour gagner ton pain de chaque soir, Comme un enfant de choeur, jouer de l'encensoir, Chantes des Te Deum auxquels tu ne crois guère,

Ou, saltimbanque à jeun, étaler les appas Et ton rire trempé de pleurs qu'on ne voit pas,

Allemand

L'ENNEMI

Sommaire

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé ça et là par de brillants soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

– O douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur

Allemand

LA VIE ANTERIEURE

Sommaire

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d'une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, Et dont l'unique soin était d'approfondir

Allemand

BOHEMIENS EN VOYAGE

Sommaire

La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert

Allemand

L'HOMME ET LA MER

Sommaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets, Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord,

Allemand

DON JUAN AUX ENFERS

Sommaire

Quand don Juan descendit vers l'onde souterraine, Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon, Un sombre mendiant, l'œil fier comme Antisthène, D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes, Des femmes se tordaient sous le noir firmament, Et, comme un grand troupeau de victimes offertes, Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages, Tandis que don Luis avec un doigt tremblant Montrait à tous les morts errant sur les rivages Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Près de l'époux perfide et qui fui son amant Semblait lui réclamer un suprême sourire Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre Se tenait à la barre et coupait le flot noir;

Allemand

CHATIMENT DE L'ORGUEIL

Sommaire

En ces temps merveilleux où la Théologie Fleurit avec le plus de sève et d'énergie, On raconte qu'un jour un docteur des plus grands – Après avoir forcé les cœurs indifférents, Les avoir remués dans leurs profondeurs noires; Après avoir franchi vers les célestes gloires Des chemins singuliers à lui-même inconnus, Où les purs Esprits seuls peut-être étaient venus, – Comme un homme monté trop haut, pris de panique, S'écria, transporté d'un orgueil satanique: «Jésus, petit Jésus! je t'ai poussé bien haut! Mais, si j'avais voulu t'attaquer au défaut De l'armure, ta honte égalerait ta gloire, Et tu ne serais plus qu'un fœtus dérisoire!»

Immédiatement sa raison s'en alla. L'éclat de ce soleil d'un crêpe se voila; Tout le chaos roula dans cette intelligence, Temple autrefois vivant, plein d'ordre et d'opulence. Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui. Le silence et la nuit s'installèrent en lui, Comme dans un caveau dont la clef est perdue. Dès lors il fut semblable aux bêtes de la rue, Et, quand il s'en allait sans rien voir, à travers Les champs, sans distinguer les étés des hivers,

Allemand

LA BEAUTE

Sommaire

Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour, Est fait pour inspirer au poète un amour Eternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris; J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes; Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes. Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:

Allemand

L'IDEAL

Sommaire

Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes, Produits avariés, nés d'un siècle vaurien, Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes, Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien.

Je laisse, à Gavarni, poète des chloroses, Soa troupeau gazouillant de beautés d'hôpital, Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.

Ce qu'il faut à ce cœur profond comme un abîme, C'est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime, Rêve d'Eschyle éclos au climat des autans;

Ou bien toi, grand Nuit, fille de Michel-Ange, Qui tors paisiblement dans une pose étrange

Allemand

LES BIJOUX

Sommaire

La très chère était nue, et, connaissant mon cœur, Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, et j'aime avec fureur Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée, et se laissait aimer, Et du haut du divan elle souriait d'aise A mon amour profond et doux comme la mer Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté, D'un air vague et rêveur elle essayait des poses, Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses.

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins, Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne, Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins; Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne

S'avançaient plus câlins que les anges du mal, Pour troubler le repos où mon âme était mise, Et pour la déranger du rocher de cristal, Où calme et solitaire elle s'était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe, Tant sa taille faisait ressortir son bassin. Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe!

– Et la lampe s'étant résignée à mourir, Comme le foyer seul illuminait la chambre,

Allemand

LE MASQUE

Sommaire

STATUE ALLÉGORIQUE DANS LE GOUT DE LA RENAISSANCE A ERNEST CHRISTOPHE STATUAIRE

Contemplons ce trésor de grâces florentines; Dans l'ondulation de ce corps musculeux L'Elégance et la Force abondent, sœurs divines. Cette femme, morceau vraiment miraculeux, Divinement robuste, adorablement mince, Est faite pour trôner sur des lits somptueux, Et charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.

– Aussi, vois ce souris fin et voluptueux Où la Fatuité promène son extase; Ce long regard sournois, langoureux et moqueur; Ce visage mignard, tout encadré de gaze, Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur: «La Volupté m'appelle et l'Amour me couronne!» A cet être doué de tant de majesté Vois quel charme excitant la gentillesse donne! Approchons, et tournons autour de sa beauté. O blasphème de l'art! ô surprise fatale! La femme au corps divin, promettant le bonheur, Par le haut se termine en monstre bicéphale!

Mais non! Ce n'est qu'un masque, un décor suborneur, Ce visage éclairé d'une exquise grimace, Et, regarde, voici, crispée atrocement, La véritable tête, et la sincère face Renversée à l'abri de la face qui ment. – Pauvre grande beauté! le magnifique fleuve De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux; Ton mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve Aux flots que la Douleur fait jaillir de tes yeux!

– Mais pourquoi pleure-t-elle? Elle, beauté parfaite Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu, Quel mal mystérieux ronge son flanc d'athlète? – Elle pleure, insensé, parce qu'elle a vécu! Et parce qu'elle vit! Mais ce qu'elle déplore

Allemand

HYMNE A LA BEAUTE

Sommaire

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, O Beauté? Ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin. Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore;

Tu répands des parfums comme un soir orageux; Tes baisers sont un filtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?

Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts. Beauté, dont tu te moques; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, O Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu! Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un infini que j'aime et n'ai jamais connu?

De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène, Qu'importé, si tu rends, – fée aux yeux de velours,

Allemand

LA CHEVELURE

Sommaire

O toison, moutonnant jusque sur l'encolure! O boucles! O parfum chargé de nonchaloir! Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir.

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique! Comme d'autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats; Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève! Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur; Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse Dans ce noir océan où l'autre est enfermé; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé!

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m'enivre ardemment des senteurs confondues De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu'à mon, désir tu ne sois jamais sourde!

Allemand

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne, O vase de tristesse, ô grande taciturne, Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis, Et que tu me parais, ornement de mes nuits, Plus ironiquement accumuler les lieues Qui séparent mes bras des immensités bleues. Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts, Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux, Et je chéris, ô bête implacable et cruelle,

Allemand

Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle, Femme impure! L'ennui rend ton âme cruelle. Pour exercer tes dents à ce jeu singulier, Il te faut chaque jour un cœur au râtelier. Tes yeux, illuminés ainsi que des boutiques Ou des ifs flamboyants dans les fêtes publiques, Usent insolemment d'un pouvoir emprunté, Sans connaître jamais la loi de leur beauté. Machine aveugle et sourde en cruauté féconde! Salutaire instrument, buveur du sang du monde, Comment n'as-tu pas honte, et comment n'as-tu pas Devant tous les miroirs vu pâlir tes appas? La grandeur de ce mal où tu te crois savante Ne t'a donc jamais fait reculer d'épouvante, Quand la nature, grande en ses desseins cachés, De toi se sert, ô femme, ô reine des péchés,

Allemand

SED NON SATIATA

Sommaire

Bizarre déité, brune comme les nuits, Au parfum mélangé de musc et de havane, Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane, Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits,

Je préfère au constance, à l'opium, au nuits, L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane; Quand vers toi mes désirs partent en caravane, Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.

Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme, O démon sans pitié, verse-moi moins de flamme; Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,

Hélas! et je ne puis, Mégère libertine, Pour briser ton courage et te mettre aux abois,

Allemand

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés, Même quand elle marche, on croirait qu'elle danse, Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Comme le sable morne et l'azur des déserts, Insensibles tous deux à l'humaine souffrance, Comme les longs réseaux de la houle des mers, Elle se développe avec indifférence.

Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants, Et dans cette nature étrange et symbolique Où l'ange inviolé se mêle au sphinx antique,

Où tout n'est qu'or, acier, lumière et diamants, Resplendit à jamais, comme un astre inutile,

Allemand

LE SERPENT QUI DANSE

Sommaire

Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoile vacillante, Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns.

Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêle L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,