Dis, c’est quoi la franc-maçonnerie ? - Jean Somers - E-Book

Dis, c’est quoi la franc-maçonnerie ? E-Book

Jean Somers

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Beschreibung

Au cours d’un dialogue imaginaire avec l’aîné de ses petits-fils, l’auteur répond sans détours aux questions - que chacun peut se poser - au sujet de cette société réputée secrète et mystérieuse; Peu à peu se découvre un Ordre fondé sur la moralité, la tolérance et la fraternité, dont l’objet premier est de réunir les êtres humains en vertu même de leurs différences. Militant en faveur d’une réforme, qui rendra à la franc-maçonnerie son statut d’institution morale et en fera un instrument social utile au bien public, l’auteur n’en cache pas les paradoxes, dont le plus choquant est que la majorité des Loges persistent à ne pas accepter de femmes.




À PROPOS DE L'AUTEUR 




Jean Somers, franc-maçon depuis 1963, a conduit les Travaux d’une Loge et a assumé des charges au sein de l’exécutif d’une Obédience. À l’origine criminologue issu de l’Université libre de Bruxelles, il est directeur honoraire à la Commission européenne. Il est l’auteur des ouvrages Le rêve du philosophe, Libres réflexions maçonniques et Rue Lessing, Vers la rénovation de la franc-maçonnerie.

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Dis,

c’est

quoi

la franc-maçonnerie ?

Jean Somers

Dis, c’est quoi la franc-maçonnerie ?

Renaissance du Livre

Avenue du Château Jaco, 1 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

Renaissance du Livre

@editionsrl

directrice de collection : nadia geerts

iconographie : éric van den abeele, les mystères de la franc-maçonnerie révélés par la caricature (1850-1942), éditions luc pire, waterloo, 2017.

isbn : 978-2-507-05629-2

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.

JEAN SOMERS

Dis, c'es quoi la franc-maçonnerie ?

préface d’olivia chaumont

Avertissement

Pour éviter toute confusion avec leur homonyme en langage courant, les termes utilisés dans leur acception maçonnique prennent une majuscule. C’est ainsi qu’on lira par exemple Frères et Sœurs, Ordre et Obédience, Tenue et Travaux, mais Maçonset francs-maçons, Maçonnerie et franc-maçonnerie, Loge et temple.

Préface

La franc-maçonnerie se dit discrète… Et c’est vrai.

J’ai pu le vérifier en 1992, lorsqu’un ami m’a proposé de rejoindre la plus importante des Obédien­ces françaises, le Grand Orient de France, et que j’ai alors cherché à savoir ce que recouvrait exactement et réellement la franc-maçonnerie.

À cette époque, il n’y avait aucune information disponible pour un « profane ». La littérature existante sur le sujet était bien cachée dans d’obscures bibliothèques, et les livres explicatifs, comme celui que vous tenez entre vos mains, étaient totalement absents.

Il existait bien une librairie spécialisée, mais elle était située dans l’enceinte des locaux maçonniques de la rue Cadet et un « passeport maçonnique » devait être montré pour accéder aux principaux ouvrages.

N’étant pas encore initiée, ma seule source d’informations sur cette curieuse, ancienne et « inquiétante » organisation était celle qui provenait de mon parrain. Je devais m’en remettre à lui et lui faire confiance. Il eut été membre d’une autre Obédience, la Grande Loge de France ou le Droit Humain, par exemple, peut-être ne l’aurais-je pas suivi et laissé là mon chemin maçonnique. Le cours des choses en aurait été bien changé pour le Grand Orient. J’y reviendrai plus loin…

Car il en va des Obédiences maçonniques comme des partis politiques ou des religions. Elles sont multiples et bien différentes les unes des autres, que ce soit en termes de fonctionnement, d’identité ou de rituels. On n’entre pas par hasard ou aveuglément dans l’une ou dans l’autre. Le risque serait grand de se retrouver dans une Obédience qui ne correspondrait pas à sa personnalité ou à ses aspirations. Situation qui ne manquerait pas de se terminer par une déception et finalement par une démission. Ce serait alors un double échec : pour vous qui aurait beaucoup espéré et pour l’atelier – ou la Loge – qui vous aurait accueilli.

Sur ce point, les informations délivrées par Jean Somers sont précieuses et complètes. Elles permettent d’y voir clair et de naviguer calmement surla mer mystérieuse de la Maçonnerie. Il y a là tous les éléments utiles pour comprendre la franc-maçonnerie et s’orienter entre les Obédiences. Celles qui sont mixtes ou monogenres, celles qui affichent plus ou moins clairement leur attachement à un « Grand Architecte » ou à la liberté absolue de conscience, leur ouverture sur la société ou leur centrage sur le symbolisme, le choix d’un rituel plutôt qu’un autre.

Mais pour différentes qu’elles soient, toutes ces Obédiences regroupent des Sœurs et des Frères qui ont en commun des valeurs indispensables, à leurs yeux, pour vivre ensemble la tolérance, l’altérité, la liberté de penser, la fraternité. Un ensemble de valeurs résumé dans le magnifique terme d’« humanisme ». Toutes et tous ont en commun cette vision du monde où l’Homme est au-dessus de tout, de la politique, de l’économie, du juridique ou du constitutionnel. Rien ne peut ou ne doit être supérieur à lui. Rien ne doit l’asservir ou lui faire baisser la tête.

La devise des francs-maçons, qui est celle de la République, contient en elle ces valeurs. Pour eux, la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas négociables. Elles sont ! Tout comme l’est la laïcité si chère à leur cœur.

Tout ce qui viendra se mettre en travers de ces valeurs sera combattu par le franc-maçon. Chacun à sa façon, chacun où il est, chacun avec ses armes et ses possibilités.

Une telle position demande d’avoir les yeux ouverts sur le monde et sur soi-même. De savoir juger et se juger. D’avoir son propre entendement sur les choses… Cela ne vient pas du jour au lendemain. C’est le fruit du travail en Loge. Le franc-maçon devient un libre penseur. La Loge n’est pas un lieu où l’on vient apprendre une pensée, mais un lieu où l’on vient apprendre à penser… Cela fait toute la différence avec d’autres associations, qu’elles soient politiques ou religieuses.

Les francs-maçons pensent que ces valeurs sont universelles et qu’elles sont le préalable indispensable à toute construction sociale durable. Leur ambition, s’ils en ont une, est de réunir tous ceux qui ont la même démarche, aussi différents soient-ils de religion, d’ethnie, d’appartenance politique ou d’orientation de vie, pour construire ensemble une société ouverte à tous, fraternelle, tolérante, respectueuse de ce que chacun est et de ce que chacun pense.

Peut-on construire ce « temple commun » avec n’importe qui ? Question desprogienne… La réponse l’est tout autant. Il y a des limites avec lesquelles la franc-maçonnerie ne transige pas. Il n’y a pas de place en franc-maçonnerie pour le rejet de l’autre différent de soi, pour la xénophobie, l’intolérance, la limitation des libertés, l’obligation de croire, l’oppression ou la discrimination des êtres. L’humanisme est dans son ADN depuis son origine. Dès le XVIIIe siè­cle, la franc-maçonnerie a fait la promotion de la liberté et de l’égalité. Les premières Logesdu Grand Orient de France créé en 1774, imprégnées de la philosophie des Lumières, ont diffusé les idées nouvelles, notamment celle de citoyenneté, ce concept explosif qui fera tomber la royauté et installera la souveraineté populaire. L’être humain y perdit son statut de « sujet » d’un souverain et y gagna celui de « citoyen » se gouvernant lui-même en pleine souveraineté.

À cette époque où tout devenait possible, les frères du Grand Orient de France, qui était alors la seule Obédience existante, ont ouvert la Maçonnerie aux femmes en créant des Loges particulières, dites « d’adoption », qui, bien que n’ayant pas le même rituel que celui des Loges masculines, n’en étaient pas moins inférieures. Il est clair aujourd’hui que ces Loges d’adoption ont largement participé à l’éclosion du féminisme en revendiquant une première forme d’émancipation des femmes.

Les lumières se sont ensuite éteintes et une longue nuit s’est abattue tout au long du XIXe siècle sur la Maçonnerie féminine. La première Obédience mixte ne sera créée qu’en 1893… Le Grand Orient de France, quant à lui, attendra encore longtemps la mixité. Ce n’est qu’en janvier 2010, lorsque j’ai demandé au conseil de l’Ordre (l’instance exécutive) de reconnaître ma nouvelle identité de femme, qu’il l’est devenu. Et moi-même, par conséquence, je suis devenue la première femme membre de cette Obédience depuis sa création.

Pourquoi tant de temps ? Pourquoi d’autres Obédiences comme la Grande Loge de France, la Grande Loge nationale française ou la Grande Loge féminine de France sont-elles toujours monogenres et le revendiquent ? C’est le paradoxe de la franc-maçonnerie. C’est aussi sa beauté. Chacune, chacun, travaille de la façon qui lui plaît et dans le cadre qui lui convient le mieux à l’amélioration de soi-même et de la société. L’important, c’est le travail lui-même, individuel et collectif. C’est grâce à ce travail que des avancées sociales aussi fondamentales que l’école gratuite pour tous en 1881, les lois sur la laïcité en 1905, sur l’avortement en 1975, le RMI en 1988… ont fait évoluer la société.

Ce travail ne sera jamais achevé. L’évolution du monde et des choses demande qu’il soit éternellement poursuivi et que les acquis fondamentaux soient toujours défendus. Chaque Maçon(ne) fait partie d’une grande chaîne d’hommes et de femmes qui les relie au passé et les projette vers l’avenir.

Puisse ce livre donner envie au lecteur de partager l’ambition des francs-maçons qui n’est autre que l’amélioration de soi-même pour qu’in fine ce soit la société tout entière qui s’améliore.

Olivia Chaumont

Comme tous les soirs d’automne, l’obscurité envahissait un peu plus tôt que la veille les lieux abandonnés par la lumière. C’était l’heure du dilemme quotidien : éclairer afin de rester actif ou se laisser envelopper lentement par la nuit de plus en plus présente et jouir du calme pour penser à tout et à rien. Mon petit-fils – ainsi désigné bien qu’il soit plus grand que moi – referme un magazine dont il ne peut plus discerner que les images et m’en montre la couverture qui porte en grands caractères blancs sur fond noir :« Franc-maçonnerie. La réforme ou la mort ». Je m’attends à une question – que dis-je, à une série de questions ! –, parce que la matière est vaste.

Ça fait longtemps que je voudrais te poser une question, sans doute indiscrète : es-tu franc-maçon ?

Rassure-toi, ta question est pertinente et seule ma réponse pourrait être indiscrète. Oui, je suis franc-maçon. Je suis actif depuis longtemps au sein de la franc-maçonnerie. Être franc-maçon est une dimension importante de ma vie.

Tu es donc membre d’une société secrète ?

Non, je ne suis membre d’aucune société secrète. Si je l’étais, ta première question aurait évidemment été malvenue et je devrais sans doute te cacher la vérité. Je te garantis que la franc-maçonnerie n’est pas une société secrète. Brièvement, c’est une société qui cherche à réunir les êtres humains afin qu’ils s’enrichissent de leurs différences. Ce n’est ni mystérieux ni suspect. Bien sûr, comme dans la plupart des sociétés, les réunions maçonniques ne sont pas publiques mais réservées aux membres. En vérité, appartenir à une société fermée comme la franc-maçonnerie est simplement un élément de la vie privée. Nul citoyen n’est obligé de faire connaître publiquement toutes ses attaches,