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Le Discours de la méthode, publié en 1637, est le premier texte philosophique écrit par René Descartes et le premier ouvrage qui traite du sujet en langue française (par opposition à la tradition scientifique de l'époque de rédiger en latin).
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Veröffentlichungsjahr: 2018
René Descartes (March 31, 1596 – February 11, 1650), also known as Renatus Cartesius (latinized form), was a highly influential French philosopher, mathematician, scientist, and writer. Dubbed the "Founder of Modern Philosophy", and the "Father of Modern Mathematics", much of subsequent western philosophy is a reaction to his writings, which have been closely studied from his time down to the present day. His influence in mathematics is also apparent, the Cartesian coordinate system being used in plane geometry and algebra being named after him, and he was one of the key figures in the Scientific Revolution. Descartes frequently contrasted his views with those of his predecessors. In the opening section of the Passions of the Soul, a treatise on the Early Modern version of what are now commonly called emotions, he goes so far as to assert that he will write on his topic "as if no one had written on these matters before". Nevertheless many elements of his philosophy have precedents in late Aristotelianism, the revived Stoicism of the 16th century, or in earlier philosophers like St. Augustine. In his natural philosophy, he differs from the Schools on two major points: first, he rejects the analysis of corporeal substance into matter and form; second, he rejects any appeal to ends—divine or natural—in explaining natural phenomena. In his theology, he insists on the absolute freedom of God’s act of creation. Descartes was a major figure in 17th century continental rationalism, later advocated by Baruch Spinoza and Gottfried Leibniz, and opposed by the empiricist school of thought consisting of Hobbes, Locke, Berkeley, and Hume. Leibniz, Spinoza and Descartes were all versed in mathematics as well as philosophy, and Descartes and Leibniz contributed greatly to science as well. As the inventor of the Cartesian coordinate system, Descartes founded analytic geometry, that bridge between algebra and geometry crucial to the invention of calculus and analysis. Descartes's reflections on mind and mechanism began the strain of western thought that much later, impelled by the invention of the electronic computer and by the possibility of machine intelligence, blossomed into, e.g., the Turing test. His most famous statement is: Cogito ergo sum (French: Je pense, donc je suis; English: I think, therefore I am), found in §7 of part I of Principles of Philosophy (Latin) and in part IV of Discourse on the Method (French).
POUR BIEN CONDUIRE SA RAISON ET
CHERCHER LA VÉRITÉ DANS LES SCIENCES
Si ce discours semble trop long pour être tout lu en une fois, on le pourra distinguer en six parties. Et, en la première, on trouvera diverses considérations touchant les sciences. En la seconde, les principales règles de la méthode que l'auteur a cherchée. En la 3, quelques-unes de celles de la morale qu'il a tirée de cette méthode. En la 4, les raisons par lesquelles il prouve l'existence de Dieu et de l'âme humaine, qui sont les fondements de sa métaphysique. En la 5, l'ordre des questions de physique qu'il a cherchées, et particulièrement l'explication du mouvement du cœur et de quelques autres difficultés qui appartiennent à la médecine, puis aussi la différence qui est entre notre âme et celle des bêtes. Et en la dernière, quelles choses il croit être requises pour aller plus avant en la recherche de la nature qu'il n'a été, et quelles raisons l'ont fait écrire.
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s'en éloignent.
Pour moi, je n'ai jamais présumé que mon esprit fût en rien plus parfait que ceux du commun; même j'ai souvent souhaité d'avoir la pensée ou la prompte, ou l'imagination aussi-nette et distincte, ou la mémoire aussi ample, ou aussi présente, que quelques autres. Et je ne sache point de qualités que celles-ci, qui servent à la perfection de l'esprit : car pour la raison, ou le sens, d'autant qu'elle est la seule chose qui nous rend hommes, et nous distingue des bêtes, je veux croire qu'elle est tout entière en un chacun, et suivre en ceci l'opinion commune des philosophes, qui disent qu'il n'y a du plus et du moins qu'entre les accidents, et non point entre les formes, ou natures, des individus d'une même espèce.
Mais je ne craindrai pas de dire que je pense avoir eu beaucoup d'heur, de m'être rencontré dès ma jeunesse en certains chemins, qui m'ont conduit à des considérations et des maximes, dont j'ai formé une méthode, par laquelle il me semble que j'ai moyen d'augmenter par degrés ma connaissance, et de l'élever peu à peu au plus haut point, auquel la médiocrité de mon esprit et la courte durée de ma vie lui pourront permettre d'atteindre. Car j'en ai déjà recueilli de tels fruits, qu'encore qu'aux jugements que je fais de moi-même, je tâche toujours de pencher vers le côté de la défiance, plutôt que vers celui de la présomption; et que, regardant d'un oeil de philosophe les diverses actions et entreprises de tous les hommes, il n'y en ait quasi aucune qui ne me semble vaine et inutile; je ne laisse pas de recevoir une extrême satisfaction du progrès que je pense avoir déjà fait en la recherche de la vérité, et de concevoir de telles espérances pour l'avenir, que si, entre les occupations des hommes purement hommes, il y en a quelqu'une qui soit solidement bonne et importante, j'ose croire que c'est celle que j'ai choisie.
Toutefois il se peut faire que je me trompe, et ce n'est peut-être qu'un peu de cuivre et de verre que je prends pour de l'or et des diamants. Je sais combien nous sommes sujets à nous méprendre en ce qui nous touche, et combien aussi les jugements de nos amis nous doivent être suspects, lorsqu'ils sont en notre faveur. Mais je serai bien aise de faire voir, en ce discours, quels sont les chemins que j'ai suivis, et d'y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu'apprenant du bruit commun les opinions qu'on en aura, ce soit un nouveau moyen de m'instruire, que j'ajouterai à ceux dont j'ai coutume de me servir.