En jouant avec le feu - Arthur Conan Doyle - E-Book

En jouant avec le feu E-Book

Arthur Conan Doyle

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Beschreibung

Invoquer les esprits est parfois dangereux....par cette soirée du mois d'avril, au n°17 de Badderly Gardens, d'étranges phénomènes en seront la preuve.

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En jouant avec le feu

Arthur Conan Doyle

Traduction parL. Labat

Table des matières

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre Un

Je ne prétends pas expliquer ce qui se passa, le 14 avril dernier, au n° 17 de Badderly Gardens. Traduite en noir sur du blanc, mon opinion paraîtrait, j’imagine, trop absurde, trop grossière pour mériter considération. Mais qu’il se soit passé quelque chose, et quelque chose de nature à marquer sur chacun de nous pour le reste de sa vie, c’est ce qu’établit avec toute la certitude possible l’unanimité de cinq témoignages. Je me bornerai à un compte-rendu très exact, qui sera soumis à John Moir, Harvey Deacon et Mrs Delamere, et ne recevra aucune publicité s’ils ne le confirment volontiers sur tous les points. Quant à Paul Le Duc, il faudra que je me passe de sa caution, car il semble avoir quitté l’Angleterre.

Ce fut John Moir, l’associé principal bien connu de la maison Moir, Moir et Sanderson, qui, dans le principe dirigea notre attention vers les questions d’occultisme. Comme il advient souvent chez des hommes d’affaires durs, et pratiques, il y avait dans sa nature un certain mysticisme, par quoi il avait incliné à l’examen, puis, éventuellement, à l’acceptation de ces déconcertants phénomènes qui, avec beaucoup d’impostures et beaucoup de niaiseries, se groupent sous la commune désignation d’occultisme. Ses recherches, entreprises en toute liberté d’esprit, avaient malheureusement versé dans le dogme, et il était devenu fanatique et tranchant autant que dévot peut l’être.

Il représentait dans notre petit cercle la catégorie d’hommes qui ont fait de ces singuliers phénomènes une nouvelle religion.

Nous avions pour médium sa sœur, Mrs. Delamere, la femme du sculpteur dont le nom est en train de se révéler. L’expérience nous avait démontré qu’en ces matières vouloir opérer sans médium était aussi vain que de vouloir, en astronomie, opérer sans télescope. D’autre part, nous repoussions tous avec horreur l’idée d’introduire parmi nous un médium à gages. Homme ou femme, ne se croirait-il pas tenu de nous en donner pour notre argent, et la tentation de fraude ne serait-elle pas trop forte ? Quel crédit mériteraient des phénomènes produits à raison d’une guinée par heure ? Fort heureusement, Moir avait découvert chez sa sœur une nature de médium ; c’est-à-dire qu’il la considérait comme une batterie de cette force magnétique animale qui est la seule forme d’énergie assez subtile pour que nous agissions sur elle du plan spirituel comme nous agissons du plan matériel. Il va de soi qu’en m’exprimant ainsi je n’entends pas faire une pétition de principe : j’indique simplement par quelle théorie nous expliquions nous-mêmes, à raison ou à tort, ce que nous voyions. La dame venait sans l’assentiment bien formel de son mari ; et quoiqu’elle ne manifestât jamais une très grande force psychique, nous en obtenions au moins ces phénomènes usuels de transmission de pensée si puérils et si mystérieux tout ensemble. Chaque dimanche soir, nous nous réunissions dans l’atelier d’Harvey Deacon, à Badderly Gardens, la maison qui fait le coin de Merton Park Road.

L’œuvre de Harvey Deacon, par la qualité d’imagination dont elle rendait témoignage, semblait trahir chez l’artiste la passion de l’outré et du sensationnel. À l’origine, un certain pittoresque l’avait attiré vers l’étude de l’occultisme ; mais son attention ne tarda pas à tomber en arrêt devant quelques-uns des phénomènes dont je parlais tout à l’heure, et il en vint rapidement à se convaincre que ce qu’il avait pris pour une amusette, pour un passe-temps d’après-dîner, constituait une réalité formidable. C’était un homme d’un cerveau remarquablement lucide et logique, un vrai petit-fils de son ancêtre, le célèbre professeur Scotch ; et il représentait, lui, dans notre groupe, l’élément critique, l’homme sans préjugés, préparé à suivre les faits aussi longtemps qu’il peut les voir, et ne laissant pas ses théories prendre l’avance sur ses données. Sa circonspection agaçait Moir autant, que Moir le divertissait par sa foi robuste ; mais, chacun à sa manière, ils apportaient l’un et l’autre dans la question une même ardeur.

Et moi ? Qui représentais-je, à vrai dire ? Non pas le dévot. Non pas la critique scientifique. Mais, plus justement, le dilettante. Préoccupé de toujours rester « dans le mouvement », je me félicitais de toute sensation nouvelle qui me fît sortir de moi-même. Sans disposition personnelle à l’enthousiasme, j’aime les enthousiastes. Les propos de Moir m’emplissaient d’un vague bien-être, comme si j’eusse senti par eux que nous tenions la clef des portes de la mort. L’atmosphère apaisante des séances, toutes lumières voilées, me causait un délice. J’y assistais parce que je m’y amusais.

Ce fut, comme je l’ai dit, le 14 avril dernier que survint l’événement très singulier qui m’occupe. En arrivant à l’atelier, j’y trouvai Mrs. Delamere, qui avait pris le thé dans l’après-midi avec Mrs. Harvey Deacon. Pas d’autre homme que Deacon lui-même, en compagnie de qui les deux dames examinaient un tableau commencé sur un chevalet. Je ne me pique pas de connaissances en art et n’ai jamais fait profession de comprendre ce que Harvey Deacon veut mettre dans ses peintures ; mais je voyais bien ce qu’il y avait d’ingéniosité inventive dans cette composition où entraient des fées, des animaux et des figures allégoriques de toutes sortes. Les dames se répandaient en louanges ; assurément, le tableau était d’une belle couleur.

— Qu’en pensez-vous, Markham ? me demanda le peintre.

— J’avoue que cela me dépasse, répliquai-je. Ces bêtes, qui sont-elles ?

— Des monstres mythiques, des créatures imaginaires, des emblèmes héraldiques, toute une espèce de cortège fantasque.

— Avec un cheval blanc en tête ?