Encore Heidi - Johanna Spyri - E-Book

Encore Heidi E-Book

Johanna Spyri

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Beschreibung

Un an après le succès de son roman "Heidi" en 1880, Johanna Spyri publia une suite, "Encore Heidi". Dans ce second et dernier volet, les rôles sont en quelque sorte inversés. Ce n’est plus la petite fille de la ville qui reçoit celle des Alpes, mais le contraire.

À Francfort, Clara désire ardemment rendre visite à Heidi pour découvrir l’univers de son amie. Malheureusement, l’hiver approchant et sa santé ne s’améliorant pas, tout voyage est rendu impossible dans l’immédiat pour Clara. Les deux amies devront patienter avant de pouvoir se retrouver.

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Johanna Spyri

Encore Heidi

table des matières

ENCORE HEIDI

Chapitre 1 - PRÉPARATIFS DE VOYAGE

Chapitre 2 - UNE VISITE À L’ALPE

Chapitre 3 - UNE COMPENSATION

Chapitre 4 - L’HIVER À DŒRFLI

Chapitre 5 - TOUJOURS L’HIVER

Chapitre 6 - LES AMIS DE FRANCFORT SE METTENT EN ROUTE

Chapitre 7 - COMMENT ON PASSE SON TEMPS SUR L’ALPE

Chapitre 8 - UNE SURPRISE APRÈS L’AUTRE

Chapitre 9 - ON SE DIT ADIEU ET AU REVOIR !

ENCORE HEIDI

Chapitre 1 - PRÉPARATIFS DE VOYAGE

Le bon docteur qui avait décidé le retour de Heidi dans sa patrie traversait la rue dans la direction de la maison de Sesemann. C’était par une radieuse soirée de septembre, si lumineuse et si douce que tous les cœurs auraient dû en être réjouis. Et pourtant le docteur marchait, le regard fixé à terre sur les pavés blancs, sans même s’apercevoir du beau ciel bleu qui s’étendait au-dessus de sa tête. Son visage portait une expression de tristesse qu’on n’y avait jamais vue autrefois, et depuis le printemps ses cheveux étaient devenus tout gris. C’est que le docteur avait eu une fille unique qui faisait toute sa joie et avec laquelle il avait vécu dans la plus grande intimité depuis la mort de sa femme ; or, quelques mois auparavant, cette jeune fille lui avait été enlevée pleine de vie et de santé, et depuis lors, le docteur n’avait jamais repris sa gaîté d’autrefois. Au coup de sonnette qu’il fit entendre, Sébastien s’empressa d’ouvrir la porte d’entrée et le reçut avec force démonstrations de respect et de dévouement ; outre que le docteur était le plus intime ami du maître et de sa fille, son amabilité lui avait, comme partout, gagné le cœur de tous les habitants de la maison.

– Rien de nouveau, Sébastien ? demanda-t-il avec sa bienveillance accoutumée à Sébastien qui montait l’escalier derrière lui, ne cessant d’exprimer par des gestes son respect et sa soumission, bien que le docteur qui lui tournait le dos ne pût apercevoir sa pantomime.

– Tu as bien fait de venir, docteur, s’écria M. Sesemann en le voyant entrer. Il faut absolument que nous parlions encore une fois de ce voyage en Suisse, et que tu me dises si tu maintiens ton premier arrêt, maintenant qu’il y a un mieux sensible dans l’état de Clara.

– Mon cher Sesemann, tu es toujours le même, répliqua le docteur en s’asseyant auprès de son ami. Je voudrais vraiment que ta mère fût ici ; avec elle au moins tout est clair et simple, et l’on va droit son chemin, mais avec toi on n’en finit jamais. Voilà la troisième fois que tu me fais venir pour te répéter la même chose.

– Oui, tu as raison, cette affaire doit un peu t’impatienter ; mais, cher ami, ne me comprends-tu pas ? – Et ici M. Sesemann posa la main sur l’épaule du docteur comme pour faire appel à sa sympathie. – Il m’est dur de refuser à mon enfant une chose que je lui avais si fermement promise et dont elle s’est réjouie nuit et jour depuis plusieurs mois. C’est même l’idée de ce prochain voyage en Suisse et l’espérance de visiter bientôt son amie Heidi sur l’alpe qui lui ont fait supporter si patiemment cette dernière crise douloureuse. Et maintenant il me faudrait retirer tout d’un coup une espérance si longtemps caressée, à cette pauvre enfant qui est déjà privée de tant de jouissances ? Non, je ne le puis pas.

– Sesemann, il le faut, répondit le docteur avec fermeté. Et comme son ami demeurait silencieux et abattu, il reprit au bout d’un instant : Représente-toi encore une fois à quoi en sont les choses : il y a des années que Clara n’a pas passé un aussi mauvais été que ce dernier, et il ne peut pas être question d’un long voyage sans qu’on ait à redouter les suites les plus fâcheuses. De plus, nous voici déjà en septembre ; il se peut qu’il fasse encore très beau sur l’alpe, mais il se peut aussi qu’il y fasse déjà froid ; les jours sont courts maintenant, et quant à rester là-haut et à y passer des nuits, impossible d’y songer pour Clara. Elle aurait donc à peine le temps de s’y arrêter, car on doit mettre au moins plusieurs heures de Ragatz à l’alpe, d’autant plus qu’il faudrait en tout cas la faire porter. Bref, Sesemann, ce n’est pas praticable. Mais, si tu veux j’irai avec toi auprès de Clara pour lui parler ; c’est une enfant raisonnable, et je lui ferai part de mon projet ; elle n’ira à Ragatz qu’au mois de mai prochain, et elle fera une longue cure de bains jusqu’à ce qu’il fasse bien chaud sur la montagne. Alors on pourra de temps en temps la monter à l’alpe, et, rafraîchie et fortifiée par la cure, elle jouira bien davantage de ces parties de montagne qu’elle ne le ferait maintenant. Tu comprends, Sesemann, que si nous voulons conserver quelque chance d’amélioration dans l’état de ton enfant, nous devons observer les plus grands ménagements et les soins les plus minutieux.

M. Sesemann, qui avait jusque-là écouté en silence et avec une expression de triste résignation, releva tout à coup la tête et s’écria :

– Docteur, dis-le moi en toute sincérité, conserves-tu vraiment quelque espoir d’un changement dans son état ?

Le docteur haussa les épaules.

– Bien peu, dit-il à demi-voix. Mais voyons, cher ami, pense un peu à moi ! N’as-tu pas une enfant qui t’aime, qui te désire quand tu es absent, et qui se réjouit de ton retour ? Lorsque tu rentres chez toi, tu ne trouves jamais la maison déserte, et tu ne t’assieds pas à une table solitaire. Ta fille aussi a de quoi être heureuse ; il est vrai qu’elle est privée de bien des choses dont les autres jouissent, mais sous combien de rapports n’est-elle pas plus privilégiée que tant d’autres enfants ! Non, Sesemann, vous n’êtes pas tant à plaindre, vous êtes bien heureux d’être ensemble ; pense à ma maison si solitaire !

M. Sesemann s’était levé et parcourait la chambre à grands pas, selon son habitude lorsqu’il était fortement préoccupé. Il s’arrêta soudain en face de son ami, et lui frappant sur l’épaule :

– Docteur, dit-il, j’ai une idée. Je ne puis plus te voir ainsi, tu n’es plus du tout comme autrefois ; il faut que tu sortes un peu de toi-même, sais-tu comment ? C’est toi qui vas partir pour la Suisse et qui iras de notre part visiter la petite Heidi sur son alpe !

Cette proposition prenait le docteur par surprise, et il voulut d’abord s’en défendre ; mais M. Sesemann ne lui en laissa pas le temps. Tout enchanté de sa nouvelle idée, il saisit son ami par le bras et l’entraîna jusqu’à la chambre de sa fille. Le bon docteur était toujours le bienvenu auprès de sa malade, car il l’avait, de tout temps, traitée avec beaucoup d’affection et savait à chaque visite lui raconter quelque chose de drôle et d’amusant. Maintenant, il est vrai, il ne le pouvait plus ; Clara comprenait pourquoi, et elle aurait bien aimé pouvoir lui rendre de nouveau sa gaîté. Elle lui tendit la main dès qu’il entra dans la chambre, et il vint s’asseoir à côté d’elle. M. Sesemann approcha aussi un fauteuil, et prenant la main de Clara dans les siennes, il commença aussitôt à parler du voyage en Suisse, en disant combien lui-même s’en était réjoui. Il glissa légèrement sur le point principal, c’est-à-dire sur l’impossibilité d’entreprendre ce voyage pour le moment, car il appréhendait un peu les larmes, et il se hâta d’en venir à sa nouvelle idée en faisant observer à Clara quel bien ce voyage de plaisir ferait à leur excellent ami. Les larmes avaient été, en effet, bien près de couler et avaient rempli les yeux bleus de Clara, en dépit de tous ses efforts pour les refouler. Elle savait combien son père redoutait de la voir pleurer ; mais aussi, c’était dur de penser que tout était fini ; qu’elle ne ferait pas ce voyage auquel elle avait pensé tout l’été et dont la perspective avait été sa seule joie, sa seule consolation pendant ses longues heures de souffrance et de tristesse. Cependant elle n’avait pas l’habitude de contester avec son père, elle savait bien qu’il ne lui refusait que ce qui pourrait lui faire du mal ; aussi s’efforça-t-elle de ravaler ses larmes et de se tourner courageusement vers la seule espérance qui lui restât. Elle saisit la main de son ami, et tout en la caressant, elle lui dit de son ton câlin :

– Oh ! oui, n’est-ce pas, docteur, vous irez chez Heidi, et vous reviendrez ensuite me raconter comment c’est là-haut, ce que fait le grand-père, et Pierre aussi, et ses chèvres ! Je les connais si bien ! Et puis vous emporterez le paquet que je veux envoyer à Heidi ; je sais déjà tout ce que je veux y mettre, et aussi quelque chose pour la grand’mère. Oh ! docteur, allez-y, je vous en prie ! Pendant ce temps je prendrai de l’huile de foie de morue tant que vous voudrez !

On n’a jamais pu savoir si ce dernier argument décida l’affaire ; mais il faut le croire, car le docteur sourit en répondant :

– Alors, je vois bien qu’il faut que j’aille, Clara, et tu deviendras bien grasse et bien rondelette comme nous voudrions t’avoir, ton papa et moi. Et quand faut-il que je parte, dis-moi, l’as-tu déjà décidé ?

– J’aimerais bien que ce fût déjà demain de bonne heure, docteur, répondit Clara.

– Au fait, elle a raison, interrompit le père ; le soleil brille, le ciel est bleu, il n’y a pas une minute à perdre. Ce serait dommage de raccourcir d’un seul jour le temps que tu pourrais passer sur l’alpe.

Le docteur ne put s’empêcher de rire un peu en disant :

– Bientôt tu vas me reprocher d’être encore ici, Sesemann ; aussi ferais-je mieux de m’en aller.

Mais comme il se levait pour partir, Clara le retint par le bras. Elle avait encore à lui confier tous ses messages pour Heidi et à lui énumérer une quantité de choses qu’il devait bien regarder pour pouvoir à son retour lui raconter ce qu’il aurait vu. Quant à l’envoi pour Heidi, on le ferait parvenir au docteur plus tard dans la journée, parce qu’il fallait d’abord que M lle Rottenmeier aidât à tout empaqueter ; et dans ce moment elle était sortie pour une de ses expéditions en ville dont elle ne revenait jamais de sitôt.

Le docteur promit de s’acquitter exactement de toutes les commissions, de se mettre en route, sinon le matin de bonne heure, au moins dans la journée du lendemain, et de venir à son retour rendre un compte fidèle de tout ce qu’il aurait vu et de tout ce qui se serait passé.

Les domestiques ont souvent un don tout particulier pour saisir ce qui se passe chez leurs maîtres, longtemps avant que ceux-ci leur en aient dit un mot, Sébastien et Tinette devaient posséder ce don au plus haut degré. Au moment où le docteur descendait l’escalier accompagné de Sébastien, Tinette entrait dans la chambre de Clara qui l’avait sonnée.

– Allez faire remplir cette boîte de petits gâteaux tendres et bien frais, comme ceux que nous avons pour le café, Tinette, dit Clara en désignant une boîte qu’elle avait depuis longtemps préparée pour cela.

Tinette prit par un coin l’objet désigné, en le balançant au bout de ses doigts d’un air dédaigneux, et, arrivée à la porte, elle lança cette remarque impertinente :

– Ça vaut bien la peine !

Quant à Sébastien, lorsqu’il eut ouvert la porte d’en bas avec sa politesse accoutumée, il dit en s’inclinant :

– Est-ce que Monsieur le docteur aurait la bonté de saluer la petite Mamselle de la port de Sébastien ?

– Tiens, tiens, Sébastien, répondit le docteur avec bonté, vous savez donc déjà que je pars ?

Sébastien toussa légèrement.

– Je suis… j’ai… je ne sais plus bien moi-même… ah ! oui, je me souviens maintenant : je traversais par hasard la salle à manger lorsque j’ai entendu prononcer le nom de la petite Mamselle, et comme il arrive souvent, on rapproche deux idées, et ainsi… c’est comme ça que…

– Sans doute, sans doute, interrompit le docteur en souriant ; et plus on a d’idées à rapprocher, mieux on comprend. Au revoir, Sébastien, je transmettrai vos salutations.

Comme il franchissait le seuil de la porte pour s’éloigner de son pas le plus rapide, le docteur se trouva face à face avec un obstacle imprévu : le vent violent qui soufflait avait empêché M lle Rottenmeier de continuer ses courses en ville, et elle arrivait justement devant la porte. Le vent gonflait le grand châle blanc dans lequel elle était enveloppée, ce qui lui donnait tout à fait l’air d’avoir cargué une voile. Le docteur recula aussitôt de quelques pas ; mais M lle Rottenmeier, qui lui avait toujours témoigné une considération et un empressement tout particuliers, se retira aussi en arrière avec la plus exquise politesse, et pendant un certain temps ils restèrent ainsi en face l’un de l’autre, persistant avec force gestes à se céder mutuellement le passage. Un violent coup de vent vint soudain mettre fin à la situation en poussant M lle Rottenmeier à pleines voiles droit sur le docteur ; celui-ci n’eut que le temps de se ranger de côté, tandis que la dame, entraînée beaucoup plus loin, dut revenir en arrière pour saluer convenablement l’ami de la maison.

Cet incident l’aurait fort mal disposée, si le ton et tes manières du docteur n’eussent réussi bien vite à lisser son humeur hérissée et à la transformer en une disposition pleine de douceur. Il lui fit part de ses projets de voyage en la priant, de la manière la plus flatteuse, d’emballer le paquet pour Heidi comme elle seule pouvait le faire ; après quoi il prit congé d’elle.

Clara s’attendait à quelques combats avec M lle Rottenmeier avant d’obtenir son autorisation pour l’envoi de tous les objets qu’elle destinait à Heidi. Mais cette fois elle se trompait : M lle Rottenmeier était exceptionnellement bien disposée. Elle débarrassa tout de suite la grande table pour y étaler toutes les choses que Clara avait rassemblées, et les emballer ensuite sous ses yeux. Ce ne fut pas une besogne aisée ; les objets qui devaient entrer dans le paquet étaient des plus divers. D’abord venait l’épais manteau à capuchon que Clara avait imaginé pour Heidi, afin qu’elle pût, durant l’hiver, descendre chez la grand’mère aussi souvent qu’elle le voudrait, sans être obligée d’attendre que le grand-père eût le temps de l’accompagner en l’entortillant dans le sac pour la garantir du froid. Puis, pour la grand’mère, un bon châle bien épais dans lequel elle s’envelopperait chaudement, afin de ne plus grelotter quand les vents d’hiver recommenceraient à secouer le petit chalet. Il y avait aussi la boîte pleine de petits gâteaux également destinés à la grand’mère pour qu’elle pût une fois manger autre chose qu’un petit pain avec son café. Ensuite venait un énorme saucisson. Clara l’avait d’abord destiné à Pierre qui n’avait jamais rien d’autre que son pain et son fromage, mais elle avait changé d’idée en réfléchissant que Pierre, dans sa joie, pourrait bien dévorer le saucisson tout d’une fois ; aussi avait-elle décidé de l’envoyer à la mère Brigitte, qui en couperait d’abord un bon morceau pour elle et pour la grand’mère et donnerait le reste à Pierre en livraisons successives. Il y avait encore un sac de tabac pour le grand-père, qui aimait tant à fumer sa pipe le soir devant le chalet. Enfin venaient une quantité de petites boîtes, de petits sacs, de petits paquets mystérieux que Clara s’était particulièrement amusée à rassembler, et dans lesquels Heidi trouverait toutes sortes de surprises destinées à lui causer la plus grande joie.

L’œuvre compliquée de l’emballage ayant été menée à bonne fin, l’énorme paquet fut déposé sur le plancher, prêt à partir. M lle Rottenmeier le contemplait, plongée dans de profondes réflexions sur l’art d’emballer, tandis que Clara le regardait fort satisfaite, en se représentant les sauts de joie et les exclamations de Heidi quand elle le recevrait. Puis Sébastien entra dans la chambre, et d’un poignet vigoureux chargea le ballot sur son épaule pour l’emporter tout de suite à la maison du docteur.

Chapitre 2 - UNE VISITE À L’ALPE

L’aurore colorait les montagnes, et le vent frais du matin, passant sur les grands arbres, balançait les vieilles branches de ci et de là. Heidi, réveillée par ce bruit, ouvrit les yeux. Le frémissement du vent la saisissait toujours au plus profond de son être et l’entraînait, par une puissance irrésistible, sous les vieux sapins. Elle s’élança hors du lit et prit tout juste le temps d’achever sa toilette ; mais elle ne songea pas à s’en dispenser, car elle savait maintenant qu’on doit toujours être propre et en ordre.

Une fois prête, elle descendit la petite échelle. Le lit du grand-père était déjà vide ; elle s’élança dehors et trouva devant le chalet le Vieux occupé, comme chaque matin, à examiner l’horizon de tous les côtés pour voir quel temps il ferait.

De petits nuages rosés traversaient le ciel qui devenait de plus en plus bleu, tandis qu’un or éclatant s’étendait sur les sommets et les pâturages et que le soleil apparaissait au-dessus des hauts rochers.

– Oh ! que c’est beau, que c’est beau ! Bonjour, grand-père, s’écria Heidi en bondissant à sa rencontre.

– Ah ! ah ! tes yeux aussi brillent déjà ? répondit le grand-père, lui tendant la main en guise de salutation matinale.

Heidi courut ensuite vers les sapins et se mit à danser sous les branches agitées, en poussant des cris de joie à chaque nouvelle rafale, à chaque nouveau hurlement du vent.

Pendant ce temps, le grand-père était allé à l’étable où il avait trait Brunette et Blanchette ; il les avait ensuite lavées et nettoyées pour leur course au pâturage, et amenées devant la porte du chalet. Dès qu’elle aperçut ses amies, Heidi arriva en gambadant et, les prenant toutes deux par le cou, elle leur dit un tendre bonjour. Les chèvres répondirent par des bêlements joyeux, et chacune voulant témoigner plus d’amitié à Heidi, frottait sa tête contre son épaule en la poussant toujours plus fort, si bien qu’elle était presque étouffée entre les deux chèvres. Mais Heidi n’avait pas peur ; même lorsque Brunette la serrait de trop près et lui donnait des coups de tête un peu forts, elle n’avait qu’à lui dire : « Non, Brunette, tu donnes des coups comme le Grand Turc ! » et aussitôt Brunette retirait sa tête et prenait un air convenable, tandis que Blanchette se redressait par un mouvement plein de dignité qui semblait dire : « Ce n’est pas à moi qu’on pourra reprocher de me conduire comme le Grand Turc ! – Car la blanche chevrette avait encore plus de distinction que sa compagne.