Éros et liberté - Philippe Dautais - E-Book

Éros et liberté E-Book

Philippe Dautais

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Beschreibung

Qui n’a jamais été confronté à la nécessité d’un juste rapport entre l’éros, puissance de vie, et notre liberté ?

Être en vie est une chose, désirer vivre en est une autre. Le désir, l’éros, est puissance et moteur de vie. Il s’exprime dans la créativité, la fécondité, la rencontre amoureuse, la sexualité. Il a pour fonction de rendre la vie vivante à condition qu’il soit assumé dans cette perspective. Qui n’a pas été confronté à la nécessité d’un juste rapport entre l’éros et notre liberté ? De cette justesse dépendent notre propre équilibre intérieur et notre avenir.
L’éros, puissance de vie, peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation, ou au contraire être facteur de violence et de destruction. Le mal autant que les pulsions de mort ne seraient-ils pas la conséquence du refoulement ou de la perversion de cette puissance de vie ?
L’éros est un feu qu’il convient d’apprivoiser pour ne pas subir le retour de flamme. D’où l’importance de revisiter notre relation à nous-mêmes, à l’autre, à la nature et au cosmos pour rendre la vie vivante. Ces relations ayant été faussées, l’enjeu actuel est de les réajuster sur un plan personnel puis collectif, pour construire un vivre ensemble où chacun sera dans la possibilité de donner le meilleur de lui-même au service de tous.

Une réflexion puissante sur la notion de désir, ses expressions et les dangers qu'elle implique au sein de la société.

EXTRAIT

À bien regarder, ces deux mots – Éros et liberté – focalisent l’essentiel de l’enjeu personnel et collectif. Ils sont à la racine du dynamisme de l’humanité et tissent la trame de l’histoire. Nous envisagerons ici l’éros dans sa pleine dimension, dans sa profondeur originelle nommée par Jean-Pierre Vernant « éros primordial », « qui est présent depuis la nuit des temps » et qui participe du surgissement de la vie à chaque instant. C’est à partir de cette dynamique que nous poserons un regard sur les différentes expressions de l’éros, notamment celle que Platon nomme « l’éros populaire ». Ce qui retiendra particulièrement notre attention, c’est le rapport entre l’éros et la liberté comme possibilité de donner du sens, d’orienter positivement l’histoire ou de se laisser glisser vers le chaos. L’éros peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation ou au contraire être facteur de destruction.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un livre précieux, car très utile pour tous, non seulement à connaître, mais aussi à faire connaître. - Christope Levalois, Orthodoxie

À PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Dautais, prêtre orthodoxe du Patriarcat de Roumanie, propose depuis 28 ans, avec son épouse Élianthe des sessions intitulées « chemin de guérison ». Ils sont responsables du Centre d’études et de prière de Sainte Croix en Dordogne. Éros et liberté est son deuxième livre.

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Philippe Dautais

ÉROS ET LIBERTÉ

Clés pour une mutation spirituelle

spiritualité

nouvelle cité

La plupart des citations bibliques de ce livre sont issues de la Bible Segond.

Composition : Soft Office (38)

Couverture : Florence Vandermarlière

Illustrations de couverture :

p. 1, tableau de d’Élianthe Dautais, intitulé Arbre de vie

p. 4, portrait de l’auteur, Philippe Dautais, D.R.

© Nouvelle Cité 2016

Domaine d’Arny

91680 Bruyères-le-Châtel

ISBN : 978-2-85313-965-6

Table des matières

Introduction

1 – Tu aimeras…

2 – Liberté ou servitude

3 – Revenir à soi-même : retrouver le chemin de la vie

4 – L’accès à la liberté intérieure

5 – La question du mal

6 – Muter ou mourir

7 – Le rapport au cosmos

8 – Le rapport à l’autre, au collectif

9 – L’amour conjugal

10 – Le mariage : voie royale vers l’accomplissement spirituel et la réalisation de la personne

11 – Le sacrement de l’amour

12 – L’éclosion de l’éros

Avec Élianthe, je remercie tous ceux qui nous ont aidés et nous soutiennent par leur participation active lors des sessions. Grâce à eux, le Centre Sainte-Croix continue ses activités de séminaires et de retraites.

Merci à Pascale Gérard, Anne Nicolescu et Suzanne Giuseppi-Testut pour leur relecture, les corrections et leurs remarques pertinentes.

INTRODUCTION

À bien regarder, ces deux mots – éros et liberté – focalisent l’essentiel de l’enjeu personnel et collectif. Ils sont à la racine du dynamisme de l’humanité et tissent la trame de l’histoire. Nous envisagerons ici l’éros dans sa pleine dimension, dans sa profondeur originelle nommée par Jean-Pierre Vernant1 « éros primordial », « qui est présent depuis la nuit des temps » et qui participe du surgissement de la vie à chaque instant. C’est à partir de cette dynamique que nous poserons un regard sur les différentes expressions de l’éros, notamment celle que Platon nomme « l’éros populaire ». Ce qui retiendra particulièrement notre attention, c’est le rapport entre l’éros et la liberté comme possibilité de donner du sens, d’orienter positivement l’histoire ou de se laisser glisser vers le chaos. L’éros peut fleurir dans l’amour, comme plénitude de la relation ou au contraire être facteur de destruction.

À l’originel de nous-mêmes, l’éros est puissance et moteur de vie. Rien ne se fait sans l’éros, sans l’élan vital. Par lui, les forces de vie sont mises en mouvement, interagissent et deviennent fécondes. Chacun porte en lui-même des qualités, des aptitudes, des compétences qui prendront leur ampleur et produiront des fruits, si elles sont dynamisées par l’éros. L’éros a pour fonction de rendre la vie vivante, à condition qu’il soit assumé dans cette perspective. L’humain a souvent beaucoup de difficultés à établir un juste rapport avec cette puissance de vie, à la canaliser et à trouver les voies de son épanouissement. Reconnue et intégrée, elle peut le conduire vers la plénitude de vie, mais s’il se laisse déborder par ces forces intérieures, elles peuvent devenir destructrices. L’éros se révèle être un feu dévorant qu’il convient d’apprivoiser pour ne pas subir le retour de flamme. C’est là un défi posé en permanence à l’être humain, défi qui le provoque dans la nécessité d’acquérir une maturité intérieure que nous définirons ici comme capacité d’intégration et d’éveil de conscience. La gestion du feu a été une préoccupation constante des êtres humains. Elle est au cœur des mythes grecs et des textes fondateurs de l’humanité. Elle demeure un axe central à partir duquel émergent les questions du bien et du mal, de la vie et de la mort. Détacher ces notions de leur lien avec l’éros nous conduit vers un moralisme qui n’a pas de racine et n’est pas d’un grand secours pour affronter les défis existentiels. Par contre, retrouver ce lien nous place face à notre responsabilité et à notre liberté tant sur le plan personnel que collectif.

Nous traversons une époque marquée par le déferlement de l’éros dans la revendication permanente de la liberté. Cette tonalité s’inscrit dans tous les domaines : culturel, sociologique, économique. On veut pouvoir jouir de tout, tout de suite, sans entrave à notre liberté. Les limites sont vécues alors comme des contraintes qu’on tentera de repousser jusqu’à vouloir les effacer. La tendance générale aujourd’hui est de faire disparaître les frontières tant culturelles que naturelles. Or, les limites et les frontières définissent la séparation entre le dehors et le dedans pour une bonne gestion des flux. La peau en est un bon exemple. Elle enveloppe tout l’organisme, par là, elle définit la distinction entre dehors et dedans et, simultanément, elle est poreuse et permet ainsi une adaptation au milieu pour une juste gestion de l’équilibre interne. Effacer les frontières fragilise la sauvegarde de l’intégrité de l’organisme et de ce fait l’affaiblit dans sa capacité d’assumer les échanges. Plus les frontières sont poreuses plus il est difficile de gérer les flux. Cette réalité est caractéristique de l’état pathologique. Dans cet état, le dynamisme de l’éros se transforme en mal-être, en maladie, en feu dévorant qui consume et détruit. À tous les niveaux, le juste rapport à l’éros pose la nécessité des structures et des frontières.

Tôt dans mon existence, j’ai été confronté à la nécessité de ce juste rapport. De lui dépendait mon équilibre intérieur. Au-dehors, je devais assumer la pression des conditionnements tant physiques que culturels et sociaux. Je percevais le monde extérieur comme étrange et étranger, mais je devais l’accepter sous peine d’être rejeté. J’avais peur de m’y perdre ou plus précisément d’y perdre mon âme. Au-dedans, j’étais face à une immensité, à un infini, qui avait surgi par bouffées lors d’expériences du numineux2. Il me fallait pour sauvegarder mon équilibre intérieur assimiler les codes du monde extérieur et entrer dans le décryptage du monde intérieur pour en faire un allié alors qu’il présentait une menace.

Cela, je ne le verbalisais pas à l’époque, mais j’étais habité par une quête de compréhension et par une soif de sens qui se sont révélées insatiables. Ces défis ont été stimulants. Par eux, la vie me posait des questions auxquelles il me fallait répondre. Tout d’abord, ce fut la pénombre voire la nuit avec ses dangers, puis, à la faveur de rencontres, la levée des voiles. Ce chemin est passé par le corps, par l’ancrage dans le corps, par la structuration physique et psychique. Comme s’il fallait d’abord planter les racines en terre et assurer les fondations. Puis, ce fut la rencontre presque simultanée avec Annick de Souzenelle3 et les Pères du désert d’Égypte4.

Avec Annick, je découvrais le sens biblique de l’Homme5, de l’Adam. Adam, un être de désir, saisi dans la dynamique de l’image vers la ressemblance, appelé à nommer les Hayoth (Gn 2,19) ou « énergies de vie » pour les intégrer et, ce faisant, les associer au processus de croissance spirituel. Adam, un être en devenir qui a pour vocation d’accéder au « Je suis » en disposant son terreau intérieur à la croissance du Yod, du fils divin qu’il est potentiellement. Chemin d’accomplissement présenté dans les évangiles en trois étapes ou trois baptêmes : d’eau, de feu et du crâne.

Sa lecture pertinente du livre de la Genèse ouvre sur l’univers dialogal du symbole. Les cieux et la terre, la lumière et les ténèbres, les Eaux d’en haut et les Eaux d’en bas, s’ils sont distingués ne sont pas séparés. Un cordon les relie, l’information circule. Tout l’univers visible s’enracine dans le Verbe qui fonde sa réalité d’être. Rien n’est séparé, tout est relié avec tout, tout communique, tout est en interrelation, en interdépendance, c’est dire que tout est vivant et participe d’un immense tissage. Tissage qui articule unité et diversité. Chaque organisme, pour se développer, se doit d’être en relation avec son environnement, il est codifié par une information spécifique qui le configure et le fait être ce qu’il est. Un gland porte en lui l’information chêne. Chaque semence porte l’information de la plante qu’elle va devenir. Cette information est-elle la résultante de combinaisons aléatoires ou a-t-elle présidé aux agencements qui ont conduit à la formation des molécules d’ADN et d’ARN ? Une molécule d’ADN humain compte trois milliards de nucléotides dont l’ordre de leur disposition sur l’ADN est connu. Selon quelle loi ces nucléotides se sont-ils disposés ? Est-ce le fait du hasard ou une information précise a-t-elle présidé à leur ordonnancement ? En d’autres termes, le langage précède-t-il l’agencement des lettres ou les lettres se sont-elles combinées par hasard pour former un langage cohérent ? L’univers du vivant est-il intelligible ? S’il l’est, comme le pensait Einstein, ne serait-il pas une immense bibliothèque à disposition de lecteurs potentiels ? Ou serait-il vide de sens, étant le résultat de combinaisons hasardeuses qui par chance auraient conduit vers l’avènement de la vie et de l’être humain ?

Nous prendrons le parti de la première option et considérerons que l’être humain, doué d’intelligence, est capable de déchiffrer le langage de la nature et de recueillir les informations contenues dans la profondeur de l’univers du vivant. De tout temps, il s’est mis à l’écoute de la nature et progressivement a élaboré une véritable science médicinale, preuve du lien étroit entre la nature et l’être humain. Les essences de plantes ne soignent pas uniquement par l’apport de substances, elles livrent aussi des informations aptes à rééquilibrer l’organisme humain.

Dans l’expérience humaine, le langage est inhérent au dialogue, il s’est construit au sein de l’univers relationnel. En est-il de même pour le cosmos ? Sa structure est-elle dialogale ? Est-il le lieu d’un immense dialogue ? C’est ce qu’affirment la Bible puis les Pères de l’Église. Le livre de la Genèse l’exprime clairement : le cosmos jaillit de paroles dites. À la racine de chaque élément du créé est une parole. Parole donnée en attente de réponse. Il revient à l’être humain de déchiffrer ce langage par une lecture verticale, symbolique, poétique, afin d’entrer dans un dialogue constructif avec l’Auteur des paroles.

Annick de Souzenelle s’est particulièrement appliquée à cette lecture. Avec elle tout prenait sens. Le message biblique en chaque lettre hébraïque, chaque mot, chaque récit devenait cohérent. Il se révélait être le déploiement du premier mot : Bereshit, qu’elle traduit par « dans le principe est le Fils ». Je perçus alors que tout son enseignement est fondé sur le Bereshit, axe de toute la révélation biblique. Est fils celui qui, conscient de porter la source en lui, a pour vocation de la révéler et de la traduire, d’une manière singulière, dans ses paroles et dans ses actes. Devenir fils et accéder à soi-même, au « Je », se révélaient être la même chose. C’est là ce qui donnait sens à ma trajectoire existentielle.

Pour se lancer dans une telle aventure, il était nécessaire d’être guidé et de trouver un chemin balisé. Par extraordinaire, ce chemin me fut proposé dans le même temps par un prêtre orthodoxe qui était présent à la session qu’animait Annick de Souzenelle. Il me parla pour la première fois des Pères du désert d’Égypte en réponse à mes questions. L’engouement a été tel que chaque année pendant une vingtaine d’années, je suis allé au Wadi Natroun, entre Le Caire et Alexandrie, rencontrer ceux qui sont inscrits dans cet héritage.

Au IVe siècle, après la reconnaissance de la religion chrétienne en l’an 313 par l’empereur romain Constantin, des milliers d’hommes se sont retirés au désert, en Égypte, pour préserver le témoignage oral qu’ils avaient reçu des apôtres et vivre le maximalisme évangélique loin de l’agitation du monde. En réponse à un appel intérieur, ils ont cherché à vivre une relation prégnante avec « Celui qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes ». Ils avaient bien compris que la question de Dieu est liée à l’originel dans l’être humain. Cet originel, ils l’ont assimilé à ce que la Bible nomme « image de Dieu » ou reflet de la Présence divine dans le cœur de l’Homme. En se tournant vers l’originel, la source, d’où jaillit la transcendance, ils pensaient ainsi accéder au mystère de la vie et de l’être.

Ainsi la quête de l’originel correspondait-elle à une soif de vie, à une aspiration à être et à la reconnaissance de la beauté intérieure. Pour ces anciens, ce désir inné, cette mystérieuse aspiration, c’est la prière intérieure.

En ce sens, prier, c’est être un avec la vie, c’est entrer dans le dynamisme de la vie et du vivant, par la relation avec Celui qui fait être toutes choses. Dans cet esprit, ces assoiffés, ivres de Dieu, se sont plongés dans une aventure spirituelle nommée philocalie qui, en grec, signifie « amour de la beauté ». La tradition philocalique6, dont les textes fondamentaux ont été publiés pour la première fois à Venise en 1782, est aujourd’hui une tradition vivante et une référence, un point d’appui pour ceux qui aspirent à vivre l’essentiel au cœur de l’existentiel, l’unique nécessaire.

L’approche philocalique fut pour moi lumineuse. Elle mettait en évidence des points clés de la vie spirituelle tels que l’importance du désir, de la dynamique thérapeutique, du combat spirituel et de la nécessaire acquisition du discernement des esprits pour un juste accomplissement des potentialités inscrites en chaque être humain. Si, comme l’affirme la Bible, l’Adam est créé à l’image de Dieu, la vocation de l’Adam est de devenir pleinement et consciemment ce qu’il est en puissance. Ceci dans ses deux dimensions céleste et terrestre, spirituelle et cosmique. Dire que l’Homme est créé à l’image de Dieu, c’est nommer un aspect constitutif de lui-même qui échappe à toute emprise cosmique et à tout déterminisme génétique, c’est nommer une capacité de transcendance et de liberté. Il a, par ce fait, la possibilité de se différencier des éléments cosmiques, de les reconnaître pour les intégrer au lieu d’être sous l’emprise de ces mêmes éléments. À chaque instant, la vie sollicite l’Homme et lui donne des occasions de découvrir les richesses qu’il porte en lui, à l’originel de lui-même, pour les mettre en mouvement, pour les faire vivre dans un juste rapport à cet originel. S’il ne met pas en œuvre les puissances de vie qui sont sollicitées, refoulées, elles vont agir en lui malgré lui et revêtir ainsi un caractère mortifère. Cette articulation demande une attention particulière tant elle est caractéristique des processus humains. D’où la nécessité du discernement afin de ne pas s’égarer, de ne pas manquer la cible, de ne pas rater le but, pour mener le bon combat et ainsi arriver à bon port. L’expérience maximaliste de ces fous de Dieu ouvrait une voie balisée inédite, encore vivante aujourd’hui. Cette voie s’inscrit dans une tradition (transmission) de l’expérience spirituelle qui donne une place privilégiée à la dynamique thérapeutique loin de tout moralisme. Toute thérapie se fonde sur le processus qui passe par la prise de conscience, par le fait de nommer, d’accepter la réalité puis de se désidentifier7 pour ne plus être sous l’emprise des blessures et des mécanismes qui agissent en nous malgré nous. Processus de libération, de purification pour advenir en tant que personne. Là où le moralisme enferme dans un jugement, catégorise et condamne, la dynamique thérapeutique ouvre sur une possibilité de libération et de transformation. Nous le savons, le moralisme engendre la culpabilité et introduit une division intérieure alors que le processus thérapeutique, par l’analyse de la psyché, tend vers la connaissance des mouvements intérieurs et vers la réappropriation de soi-même, vers l’unité intérieure.

Le novice qui arrivait au désert se devait de se confier à un ancien, de lui révéler ses pensées et ses états d’âme afin d’être conduit vers le discernement des esprits qui est la science des sciences. Discernement qui, dans le Souffle de l’Esprit, s’acquiert dans l’humilité par un long labeur qui allie maturité dans la prière et purification du cœur.

La première étape est nommée praxis ou pratique. Elle s’enracine dans une vision philocalique, une quête de la beauté intérieure. Pour y parvenir, il convient de désensabler la source, de désencombrer le cœur profond afin qu’il puisse comme un miroir refléter d’une manière claire la présence divine. La praxis est le nécessaire travail de purification du cœur-esprit dans une coopération divino-humaine. Elle consiste en une véritable psychanalyse au sens premier d’analyse des mouvements de la psyché pour mieux s’en différencier et acquérir « l’autorité sur » plutôt que d’être « sous l’emprise de » ces mouvements. Cette dynamique, selon les Pères, est insuffisante, elle doit être complétée par une culture de l’attention et par le nécessaire combat intérieur. C’est ce que nous verrons dans les chapitres qui suivent.

« La source – qui jaillit sans cesse – a soif d’être bue. » Cette parole de saint Augustin dit par elle-même pourquoi les Pères de la Philocalie dans l’esprit des évangiles ont insisté sur la réceptivité. De même que « le soleil brille sur les bons et sur les méchants », de même « la lumière éclaire tout homme venant en ce monde » (Mt 5,45), la grâce est répandue sur tous mais tous ne l’accueillent pas (la parabole du semeur est explicite à cet égard). La lumière rayonne mais elle n’apparaît, elle ne devient manifeste que là où il y a réceptivité. D’où l’accent mis sur la purification du cœur conjointe à la purification du regard. Le réel est le Réel, pour le percevoir il faut des « yeux pour voir et des oreilles pour entendre ». Combien de fois Jésus dans les évangiles s’exclame-t-il : « Ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n’entendent pas. » Le Réel est voilé par les apparences, par ce qui tombe sous le sens. Ce qui se donne à voir n’est qu’un aspect de la réalité qui est de plus altérée par notre perception subjective laquelle est teintée de nos projections, de nos représentations et de l’idée que l’on s’en fait. On comprend alors le lien entre la praxis et l’acquisition du discernement.

Vouloir suivre ces athlètes du désert n’est certainement pas à la portée de tous. Cependant, ils ont été des phares pour des générations de chrétiens. Je vous propose de nous mettre à leur écoute et de nous laisser inspirer par leur sagesse pour l’appliquer dans notre quotidien et pour éclairer les processus en cours dans nos sociétés.

En suivant les grandes lignes de l’enseignement de la Philocalie transmises notamment par Évagre le Pontique8, saint Isaac le Syrien9, saint Maxime le Confesseur10 et bien d’autres grandes figures de la mystique chrétienne, nous mettrons en évidence l’articulation entre l’éros et la liberté, entre la nature et la personne pour mieux situer le chemin spirituel de l’être humain. Notons que pour ces anciens, les notions de bien et de mal ne peuvent qualifier les réalités en elles-mêmes mais leur usage. Ces notions n’ont de sens que relativement à la liberté. Cette vision nous oriente vers l’avenir et la possibilité de transformation. Nous avons à chaque instant la possibilité de faire évoluer positivement, d’une manière constructive, notre relation au cosmos, à l’autre, à la matière et à l’argent, notre relation à nous-mêmes dans l’ouverture à plus grand que nous-mêmes en nous-mêmes. Il est toujours possible de s’ajuster, d’ouvrir les yeux sur la profondeur de la réalité pour sortir des rapports faussés ou pervertis et se situer dans une dynamique de croissance. Ce qui nous conduit à prendre la mesure de notre responsabilité personnelle face à notre devenir et à celui de l’humanité.

1. Voir Jean-Pierre VERNANT, L’Univers, les dieux, les hommes, Paris, Seuil, 1999. 

2. Terme employé pour la première fois par Rudolf Otto (1869-1937) pour qualifier une expérience de l’être, l’émergence d’une lumière intérieure qui porte une puissance de transformation.

3. Annick de Souzenelle a interrogé avec passion et perspicacité le texte biblique dans son original hébraïque pendant soixante ans. Se fondant sur la spiritualité chrétienne originelle, riche d’une grande connaissance de l’hébreu et d’une profonde expérience intérieure, elle ouvre des champs de lecture éclairants et stimulants qui parlent au cœur. Elle a notamment mis en évidence les lois ontologiques qui sont les clés fondamentales de la mutation du monde et a développé une anthropologie qui situe chaque être humain dans la dynamique de son accomplissement spirituel. Avec mon épouse Élianthe, nous avons eu l’immense privilège de coopérer avec elle pendant trente-cinq ans, notamment au Centre Sainte-Croix où, au cours de cinq sessions par an, elle venait donner son enseignement. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages de référence dont les plus connus sont : Le Symbolisme du corps humain ; Alliance de feu (tomes 1et 2) ; La Lettre, chemin de vie ; Va vers toi ; ouvrages publiés aux éditions Albin Michel.

4. Ermites du IVe siècle. S’inscrivant dans le souffle originel de la voie évangélique, ils ont eu une influence majeure dans toute la chrétienté et ont inspiré le monachisme chrétien tant oriental qu’occidental. Ils nous permettent de retrouver aujourd’hui la fraîcheur de l’esprit évangélique des premiers chrétiens.

5. Nous avons pris l’option de mettre un H majuscule chaque fois que nous parlons de l’être humain et un h minuscule quand nous parlons de l’homme par rapport à la femme.

6. La traduction française des textes fondamentaux de la Philocalie a été publiée en onze fascicules aux éditions de l’abbaye de Bellefontaine sous le titre Philocalie des Pères neptiques, ainsi qu’aux éditions Desclée de Brouwer et JC Lattès en deux volumes sous le titre La Philocalie.

7. Voir notre ouvrage Si tu veux entrer dans la vie. Thérapie et croissance spirituelle, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, 2013, p. 121.

8. Évagre le Pontique, moine du IVe siècle, a recueilli les témoignages des Pères du désert d’Égypte et a été le premier rédacteur de la Philocalie.

9. Saint Isaac le Syrien, moine du VIIe siècle, est un maître spirituel très influent encore aujourd’hui. Continuateur d’Évagre, il est le grand chantre de l’amour de Dieu.

10. Saint Maxime le Confesseur, grand théologien byzantin du VIIe siècle, a réalisé une synthèse de la Philocalie.

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TU AIMERAS…

L’actualité ne cesse de nous interroger, notamment sur l’articulation entre éros et liberté. D’un côté, les capacités d’inventivité et de créativité que l’humain développe nous émerveillent, de l’autre la violence diffuse dans la société nous effraie. C’est la même puissance de vie qui agit dans l’un et dans l’autre cas mais elle produit des effets opposés. Certains prétendent que la culture à elle seule est un rempart contre la violence et permet de s’affranchir des forces obscures de la nature. Or, le XXe siècle, pour ne prendre que cet exemple, est un démenti à cette prétention. Nul ne peut affirmer que les officiers SS ou que les membres du Politburo étaient sans culture. La culture est nécessaire, fondamentale, mais insuffisante. Elle a besoin d’être complétée par un ajustement éthique qui relève d’une démarche personnelle et qui doit être constamment actualisé. Pour de multiples raisons, on peut se laisser entraîner facilement par une séduction idéologique.

Aujourd’hui, la loi implacable du marché et la surenchère économique s’accommodent facilement de l’exploitation des faibles, des nouvelles formes d’esclavage et du chômage de masse. Les personnes qui détiennent les pouvoirs décisionnaires sont en général des personnes cultivées ; or, au plan mondial perdurent la famine et des conditions de vie inacceptables pour un cinquième de la population mondiale alors que nous avons largement les moyens d’y remédier. La volonté de changement, quand elle existe, s’applique à l’amélioration des modes de vie sans pour autant remettre en question les causes profondes de la pauvreté et de l’injustice. Ces trente dernières années, nous avons vu se creuser un fossé entre les plus riches et les plus pauvres. En 2016, les 1 % les plus riches posséderont plus que les 99 % de la population mondiale. La puissance de vie est mise au service des intérêts personnels et de l’acquisition des privilèges au détriment des plus démunis. L’économie est devenue la principale préoccupation des dirigeants et des populations mais se heurte aujourd’hui à une limite : nous ne pourrons pas produire plus et consommer plus sur une planète finie dont certaines réserves s’épuisent. La logique économique et financière dans laquelle nous sommes inscrits engendre de lourdes conséquences tant au plan social, psychologique qu’écologique. Elle n’est pas sans générer de la violence à cause des injustices. L’idéologie dominante du libéralisme se présente comme une locomotive lancée à vive allure qui ne cesse d’accélérer alors même que la distance vers la fin des rails se réduit.

Collectivement, nous savons que nous devons assumer une mutation de nos modes de vie mais nous ne prenons pas la mesure de cette nécessité, espérant secrètement que des solutions technologiques ou « providentielles ! » vont résoudre pour une bonne part les défis auxquels nous sommes confrontés. Nous sommes aujourd’hui face à un choix : ou prendre les décisions pour rendre adéquats nos modes de vie avec la réalité, ou attendre que les restrictions nous soient imposées. Soit choisir, soit subir. Déjà des dizaines de milliers de jeunes en France ont pris la première option, celle d’une limitation volontaire des besoins, de faire l’expérience d’une sobriété heureuse. Changement de référentiel, appel à d’autres valeurs avec une priorité pour le partage, la coopération, la qualité de vie, le respect de la nature, une convivialité joyeuse. Dans les faits, ce bel élan se heurte aux difficultés du vivre ensemble. Être d’accord sur une orientation des modes de vie s’avère insuffisant. De plus en plus émerge l’évidence, au sein de cette expérience de changement des modes de vie, de la nécessité d’une transformation intérieure selon cette belle parole du Mahatma Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir advenir dans le monde. » Une limitation volontaire des besoins ne peut s’assumer sans la recherche d’un équilibre intérieur et social afin de diminuer les tentations de compensations. Il apparaît que la fuite dans le consumérisme va de pair avec une fuite de soi-même et s’inscrit dans un processus d’exil de l’être. Pierre Rabhi, qui avec le mouvement Colibri encourage cette démarche, constate lui-même que la mutation actuelle ne pourra pas faire l’économie d’une transformation intérieure et spirituelle11. La limitation dans la quantité pose l’exigence d’une croissance en qualité relationnelle et humaine. De plus en plus nombreux sur une planète finie, nous sommes invités à partager, coopérer, faire alliance ensemble, ou bien nous serons confrontés aux conflits voire aux guerres pour l’accaparement des richesses disponibles. Les conditions du vivre ensemble sont à décider dès maintenant. Elles ne pourront pas faire l’impasse de la dimension spirituelle. Encore faut-il préciser ce que l’on entend par ce terme.

Esprit vient de deux mots grecs : noûs et pneuma. Noûs est un terme platonicien qui renvoie à l’intelligence du cœur et à la capacité de contemplation en l’être humain. Il est lié à la vision intérieure et à l’ouverture de conscience. Pneuma traduit le mot hébraïque Ruah, il est synonyme de souffle, vent. Le Pneuma fait circuler, il relie et dynamise, vivifie, spiritualise.

La vie spirituelle concerne donc l’ouverture du cœur, l’éveil de l’intelligence et de la conscience, et conduit à devenir pleinement vivant et pleinement aimant. Elle s’applique à une démarche qualitative et verticale au sein d’un monde saisi dans une démarche d’accumulation d’avoirs et de savoirs. Rappelons que l’enfant n’est pas un être accompli mais en voie d’accomplissement, il n’assume pas encore pleinement son humanité. L’Homme est un être en devenir, en voie d’humanisation. Riche de potentialités, l’existence lui offre la possibilité de les découvrir, de les exprimer et de les faire fructifier. Sa vocation est d’une part, d’intégrer ses richesses pour devenir le sujet responsable de sa propre histoire, d’autre part, d’ordonner ses capacités intérieures au vivre ensemble, de les disposer au service de l’humanité. Les modalités de l’existence sont secondaires. La priorité est le progrès moral et éthique, la croissance spirituelle et non celle du PIB.

La spiritualisation de l’être humain

Au fondement, les grandes traditions religieuses sont au service de la spiritualisation de l’être humain pour l’aider à accomplir ses capacités de liberté, d’amour et de contemplation, l’aider à devenir plus vivant, plus aimant et plus conscient. Il est essentiel qu’elles retrouvent aujourd’hui cette vocation première pour être catalyseur de la mutation en cours.

Le message biblique puis celui de l’Évangile sont très explicites à cet égard. Le Christ rappelle l’axe central de ce message qui récapitule toute la loi et les prophètes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22,37-39). Ces deux mitsvoth étant indissociables.

Tu aimeras… l’amour est la finalité de toute vie spirituelle. Cette invitation offre une orientation capable de donner sens à toute traversée existentielle. L’enseignement spirituel propose à chaque personne d’ordonner la puissance de vie, l’élan vital, l’éros, les forces de la nature certes au vivre ensemble, mais plus encore à cette qualité relationnelle que l’on nomme l’amour.

Tous les êtres humains aspirent à vivre cette qualité de relation à l’autre, mais force est de constater que chacun rencontre des difficultés, voire des échecs, sur le chemin vertigineux de l’amour. La voie de l’amour est exigeante et suppose conjointement un processus de transformation intérieure et de maturité. En dehors de ce processus qui conduit à l’amour, la vie spirituelle est un leurre.

Le rapport religion/spiritualité

Nous venons de rappeler que la finalité de la vie spirituelle, selon la tradition judéo-chrétienne, est l’amour. Les mystiques hindous ou musulmans s’accordent pleinement avec cette finalité tandis que les bouddhistes mettent l’accent sur la bienveillance et la compassion envers tous les êtres. Les religions sont liées à l’histoire de l’humanité et aux diverses manières d’exprimer la sensibilité au sacré dans différentes cultures. Au cours des siècles, le sens du sacré a beaucoup évolué. Il était au départ lié au sacrifice humain puis au sacrifice animal qui avaient pour fonction d’apaiser le courroux d’un Dieu. L’être humain était alors dans un rapport d’extériorité avec une vision d’un Dieu tout-puissant qui s’imposait à lui. Le récit biblique met en évidence le chemin parcouru par l’être humain dans sa relation à la transcendance. La profondeur du Réel est une chose, ce que l’on en comprend en est une autre. Les religions sont le reflet de ce que l’Homme saisit du Réel ou de la lecture qu’il fait des textes sacrés. Nous ne devons pas confondre le sens profond du message et ce que les hommes en ont saisi ou ce qu’ils en ont fait. De ce fait, les religions sont traversées par des systèmes de croyances qui ont été ces derniers siècles largement remises en question par la science, par les philosophes et par la douloureuse question du mal à travers les génocides du XXe siècle. Les croyances sont le fait de l’immaturité spirituelle, elles peuvent conduire à des interprétations tragiques ou à des actes contraires au message profond véhiculé par les religions. Au nom de croyances, on peut tuer ou imposer une domination, une discrimination à l’encontre du non-croyant. De fait, nous devons constater une proximité entre les systèmes de croyances et l’idéologie religieuse qui a des conséquences désastreuses. D’où une méfiance à l’égard des religions. Malheureusement, on tend à « jeter le bébé avec l’eau du bain », à confondre spiritualité et religion, et à ne retenir que les caricatures du religieux, les déviations historiques et les clichés catéchétiques. Réduire deux mille ans d’histoire du christianisme à certains épisodes telles les croisades et l’Inquisition est simpliste, procède au mieux d’une malhonnêteté intellectuelle et surtout ne rend pas compte de la révolution humaine apportée par l’Évangile qui a mis l’accent sur la dignité inaliénable de chaque personne et sur l’amour : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Dignité qui préside à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et se trouve au fondement du développement des sociétés occidentales, qu’elles le reconnaissent ou non. C’est au nom de cette dignité et de l’amour que se développèrent les hospices qui sont devenus les hôpitaux, les soins apportés aux plus pauvres qui maintenant sont assumés collectivement par l’aide sociale. D’une part, le collectif a retenu, à sa manière, les valeurs chrétiennes, d’autre part, il s’est détourné du système religieux. Ce processus souligne combien les valeurs évangéliques et spirituelles font sens alors même que l’on remarque une désaffection par rapport au religieux.

Il devient nécessaire par rapport aux défis actuels de réhabiliter la dimension spirituelle et de redonner une juste place au religieux. Ceci, parce que les racines de la crise multiforme que nous traversons sont dans le cœur de l’Homme ; elles s’appellent convoitise, avidité, cupidité, autosuffisance, illusion, aveuglement, injustice… C’est donc dans le cœur de l’Homme que doit s’opérer une mutation pour l’avenir de l’humanité. Cette mutation est d’ordre spirituel, elle inclut la manière de comprendre la Parole biblique. Mais comment intégrer cette dimension dans une période de défiance du religieux ?

Nombre de philosophes contemporains proposent une spiritualité laïque a-religieuse comme réponse à une soif réelle qui se conjugue avec un rejet des religions. Cependant, ils ne cessent de faire référence au message spirituel véhiculé notamment en Occident par la tradition judéo-chrétienne. Ce sont bien les religions qui ont transmis les enseignements spirituels. Cette réalité nous conduit à situer clairement le rapport entre spiritualité et religion. Un certain Jésus de Nazareth s’y était appliqué il y a deux mille ans. Juif de naissance, imprégné de tradition biblique, il s’est confronté au milieu religieux de son époque. C’est un fait attesté dans les évangiles que la lecture de Jésus de Nazareth n’est pas la même que celle des scribes et des pharisiens. Ceux-ci connaissent bien leur tradition mais ont tendance à la traduire dans sa dimension cultuelle et extérieure car ils ne saisissent pas la profondeur du message. Jésus a dénoncé le détournement des paroles de vie transmises par Moïse et les prophètes au profit des intérêts personnels de certains scribes et pharisiens. Il a sanctionné durement les attitudes hypocrites (cf. Mt 23) et le fait de se servir du Temple pour un bénéfice commercial (cf. Mt 21,13). Le Christ les invite à un passage, une pâque, à entrer dans une lecture verticale. C’est ce qu’il exprimera à Nicodème, docteur en Israël, par ces termes :