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Durant ses vacances dans la maison de famille à Saint-Jean-de-Luz, le séducteur et charmeur compulsif Antoine, l’aîné des James, succombe au charme de l’une des meilleures amies de sa sœur. Naît alors entre eux une idylle, secrète aux yeux de tous, non sans complication ; surtout lorsqu’un mystérieux personnage s’en mêle…
À PROPOS DE L'AUTRICE
Laëtitia Kone, avec
Eternal seducer, le tome II de
Gentleman farmer, revient vers ses premières amours dont l’écriture. Inspirée des romances américaines, elle y partage son appétence pour les idylles romantiques ainsi que son amour pour Paris et Saint-Jean-de-Luz.
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Seitenzahl: 334
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Laëtitia Kone
Eternal seducer
Roman
© Lys Bleu Éditions – Laëtitia Kone
ISBN : 979-10-377-9325-6
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À Moïse
Jamais je n’aurais dû me laisser prendre dans les filets de ce bellâtre, mais bon, c’est fait, je n’ai plus qu’une seule alternative : faire tout pour m’en débarrasser.
Tout a commencé, ou plutôt continué, le soir de mon arrivée à la gare de Saint-Jean-de-Luz, quand mon amie Fleur et moi sommes venues rejoindre pour deux semaines notre BFF Louise James qui possède une maison de vacances dans le Pays basque.
Je dis « continué » car, tout le monde le sait, j’ai un crush pour le frère aîné de Louise depuis mes douze ans environ. C’est devenu même une blague entre nous toutes, leurs propres parents s’en amusent aussi, car cette relation n’est même pas envisageable. Antoine est un joueur, il drague beaucoup, butine souvent, s’amuse tout le temps et reste un indécrottable célibataire. Sa mère lui a déclaré une guerre sans fin pour qu’il ne ramène pas de fille chez eux. Elle met des pièges dans tout leur appartement afin de s’assurer qu’il suit ses ordres – elle relève systématiquement la cuvette des toilettes avant de partir au bureau et demande à Louise de faire de même car seules les filles rabaissent la cuvette… et si, par malheur, quand elle rentre, elle constate que la cuvette a été rabaissée alors :
J’ai déjà assisté à une de ses fureurs et, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Antoine devient minuscule.
Et, comme souvent, quand Madame James est furieuse, Antoine perd tous ses moyens et se fait pigeonner par sa propre mère :
Si son mari la voit dans cet état, Antoine va vraiment passer un mauvais quart d’heure. Il le sait et essaie de se dédouaner tout en amadouant sa mère.
Louise, Fleur et moi étions cachées derrière la porte de la chambre que Louise partage avec son jumeau, Paul, les oreilles collées au bois pour ne rien louper de cette altercation, quand on entend gratter à la porte. Louise ouvre et on se retrouve devant un Antoine déconfit :
Madame James a fait promettre à Louise de ne jamais avouer les pièges qu’elle met en place, sous peine de sanctions irrévocables. Et Louise sait ce dont sa mère est capable, elle emportera dans la tombe toutes les combines de maman James, ça, j’en suis certaine.
***
Je disais donc que tout a commencé dès notre arrivée, à Fleur et moi, à la gare de Saint-Jean-de-Luz. Pour notre arrivée dans le Pays basque, Louise a décidé que le reste de la soirée se déroulerait au Garage, bar qui se trouve dans un ancien garage Renault en face du port. C’est l’endroit où se réunit toute la jeunesse luzienne et des environs.
Dès que mes Jimmy Choo de dix centimètres ont touché l’asphalte de la gare, Antoine a commencé à me charrier sur ma taille. C’est sa vanne préférée. Il faut avouer que, comparée à la famille James, je suis minuscule avec mon mètre cinquante-cinq et mes quatre-cinq kilos. Je suis, pour eux, un modèle réduit. Heureusement pour moi, ma diatribe, souvent acerbe, laisse parfois Antoine sans voix. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour le faire taire. Mais ce soir, il est extrêmement tenace et déchaîné. Dès qu’il s’empare de ma valise rose Barbie, il me fixe droit dans les yeux avec de la malice dans le regard, ceci ne présage pas une soirée tranquille. J’ai souvent l’impression d’être son sujet favori pour ses blagues pourries. À Paris, il est souvent obligé d’arrêter de me charrier s’il ne veut pas s’attiser les foudres de sa famille entière, mais là, il se sent comme libéré. Il me fait vite comprendre qu’il espère que je suis en pleine forme pour répliquer, comme il se doit, à toutes ses piques. Ainsi, à peine mes vacances entamées que ses blagues courantes sur mon gabarit commencent : « Au moins avec ce type de talons, tu peux draguer un mec de CM2 ! », « Parle plus fort, de là-haut je ne t’entends pas ! ».
Je dois avouer que la plupart de ses vannes me font rire, même si c’est à mes dépens. En plus d’être le garçon le plus beau que la nature m’ait permis de voir, il est drôle, intelligent et pertinent. Il est en prépa de maths pour intégrer une école d’ingénieurs aéronautique. Bref, j’ai du mal à être en colère très longtemps contre lui, car il faut l’avouer, j’ai le béguin pour lui depuis tellement longtemps que cela m’empêche d’être attirée par d’autres garçons, ou même d’en apercevoir. Pourtant, je sais que je plais, on me considère comme une jolie fille avec mes yeux noisette, mes cheveux noirs raides coupés impeccablement au carré, mon corps fin et énergique dû à plus de dix ans de danse classique quand j’étais petite puis de modern jazz dès l’âge de douze ans. Mais jamais Antoine ne m’a montré ne serait-ce qu’une once d’intérêt, il me considère exclusivement comme une des meilleures amies de sa petite sœur, donc je suis une intouchable. Je pense qu’il me voit comme… ou plutôt, il ne me voit pas, il me tolère et aime bien me charrier. Il ne s’est jamais intéressé à ce que j’aime faire et ne m’a jamais demandé mes projets d’études et professionnels. C’est pour dire que mon béguin est, vraiment, à sens unique et se perd dans les méandres du néant.
À mes yeux, il n’a qu’un défaut, de taille, c’est le cas de le dire avec son mètre quatre-vingt-dix, il est bagarreur. Ses parents l’ont mis rapidement à la boxe pour assouvir sa violence, ce qui l’a calmé, mais il reste quand même très belliqueux. La boxe lui a, au moins, fait comprendre que se battre pouvait tuer, et, maintenant, il réfléchit à deux fois avant d’en venir aux poings. Mais le moindre écart de la part d’un autre garçon dans la rue ou dans un bar reste un bon prétexte pour en découdre. Le pire est quand cet écart concerne Louise, il recouvre alors un habit de justicier débile. Louise a beau essayer de lui faire entendre raison, rien n’y fait, quand la pression monte, il devient incontrôlable : à plusieurs reprises, la police s’en est mêlée et les James ont été obligés d’aller chercher leur fils aîné au poste. Plusieurs psychologues se sont évertués à comprendre ce besoin de se battre mais sans grand résultat. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est comme ça, mais moi, je suis sûre qu’il existe une solution pour lui amener la paix, car on voit qu’il souffre.
La plupart de ses amis, dont Thibault alias Titi et Romain alias Lulu, nous ont déjà confié que draguer les filles le calme, il se montre sous son meilleur jour mais aucune n’a encore réussi à lui amener cette plénitude sur le long terme. Ce qui laisse présager que la drague n’est pas la meilleure solution pour Antoine, qu’aucune fille ne pourra le sauver de sa hargne persistante.
***
Après avoir embrassé et enlacé Louise sur le quai de la gare, mes yeux se portent instantanément sur le petit groupe que nous formons et je me dis que ces vacances vont être parfaites. Nous avons tous nos bacs et sommes acceptés dans les écoles ou facs que nous souhaitions, et en ce qui me concerne, j’ai décidé de me lancer dans le droit fiscal et j’intègre l’université Paris-Panthéon-Assas, je serai près de la maison, donc éviter les transports me procure une joie immense.
Délestées de nos bagages, remis à Monsieur James venu en voiture pour l’occasion, nous nous dirigeons vers le Garage. Fleur et moi prenons Louise, chacune, par un bras, et lui racontons, en quelques minutes, notre vie sans elle à Paris : les nouveaux bars, les nouveaux restaurants, les nouveaux dance floor et surtout les nouvelles tendances de mode, ce dont Louise se fiche éperdument.
Nous trouvons difficilement une table mais, grâce au charme d’Antoine, nous en partageons une avec trois jeunes femmes qui n’ont pas su lui résister. Quand elles constatent qu’il y a trois autres filles, elles maugréent, mais Antoine les rassure en nous présentant comme ses sœurs. Il leur parle pendant les cinq minutes qu’il appelle « réglementaires » avant de passer à autre chose. Quand il décide d’aller nous commander à boire au bar, elles comprennent vite qu’elles se sont fait berner : il drague la barmaid si efficacement qu’il revient avec une serviette en papier sur laquelle on voit écrit le prénom AYA avec un 06.
C’est à ce moment-là que les trois filles, qui nous avaient laissé de la place à leur table, décident de partir. Antoine m’a lancé un vrai défi car je vais être obligée de me faire violence. En effet, approcher un garçon n’est pas ce que je sais faire de mieux ; je me fais souvent aborder et je sais comment repousser n’importe quel type d’avance mais aller vers l’autre de façon intéressée, je ne sais pas faire. Ma fierté est mise à mal, il va falloir que je trouve rapidement une tactique pour boucler le bec d’Antoine. Louise et Fleur jaugent ma panique mais sont de mon côté et me poussent à agir sans penser :
Je n’ai plus le choix, il faut que j’agisse maintenant. Je descends de mon tabouret et entends :
À quelques mètres de ma table, je commence à regarder aux alentours pour voir si, au moins, un garçon pourrait me plaire. Je sais que toute ma tablée scrute chacun de mes agissements, il va falloir que j’œuvre vite. Je n’ai pas le temps d’aller plus loin dans ma réflexion qu’un jeune homme, habillé en Ralph Lauren de la tête aux pieds – faire le bilan vestimentaire : c’est plus fort que moi – vient à ma rencontre :
Je me retourne et tous détournent le regard, je les vois inspecter leur montre, il doit me rester trois minutes.
Tic-tac – Tic-tac
Il s’enregistre immédiatement, en tant que Jules « le mec du Garage ».
Je reviens à ma table, flanquée du précieux contact. Je le mets fièrement sous le nez d’un Antoine déconfit. Les autres m’applaudissent, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de Jules qui est à l’autre bout du bar et qui me fait un clin d’œil possessif. Antoine bondit de sa chaise, prêt à en découdre.
— Non, c’est juste qu’elle est super canon, c’est tout ! déclare Henri, un des frères de Louise, et le jumeau de Pierre.
Henri et Pierre ont dix-neuf ans, dix mois de moins qu’Antoine et neuf mois de plus que Louise et Paul. Louise a, en effet, quatre frères ; je suis toujours admirative de la manière avec laquelle elle arrive à naviguer entre tous ces mâles, car moi, en tant que fille unique, je me sens souvent perdue.
Tout le monde se met à rire aux dépens d’Antoine. Mais quand, un quart d’heure plus tard, je vois Jules s’avancer vers notre table, je lui fais un léger signe de la tête pour qu’il ne s’approche pas plus près – trop tard – trop tard, il est à mes côtés.
Ce type est un professionnel de la drague dans les bars, il est très sûr de lui et me fixe comme si j’étais la seule fille sur terre qui ait de l’intérêt.
Je n’ai pas le temps de finir de l’éconduire avec mon tact légendaire qu’Antoine se précipite à mes côtés et joue au grand frère protecteur.
À ma grande surprise, il se penche vers moi lorsque personne n’écoute, tout le monde est pris par différentes discussions ou bien commence à danser, et me dit :
Et il s’éloigne à grandes enjambées vers le bar où il recommence à dragouiller la serveuse. C’est plus fort que lui, il est incorrigible et si séduisant…
Louise commence à être extrêmement saoule, elle n’a pas eu le temps de tout nous raconter de sa vie sentimentale, mais on voit bien qu’il y a un malaise entre Bixente et Thibault, ils se parlent à voix basse et cela a l’air très sérieux. Tout à coup, on la voit monter sur la table et se déhancher comme une forcenée.
Nous sommes déjà à la troisième tournée de bière, quand je décide de passer à quelque chose de plus stimulant… je me dirige vers le bar où Antoine a élu domicile et je commande un mètre de shots de Tequila avec citron vert et sel. L’effet de l’alcool fort ne se fait pas attendre, Louise, Fleur et moi sommes survoltées. Nos corps ondulent sur la piste, certainement de façon désordonnée étant donné notre état d’ébriété, mais on se sent endiablée, comme des déesses du dance floor. Je me sens séduisante et désirable, mais j’ai surtout envie de me sortir ce satané Antoine de la tête. Entre deux mouvements de danse, c’est plus fort que moi, je me tourne vers le bar et je le vois se rapprocher dangereusement de la barmaid, je le surprends en train de lui caresser le dos de la main, ce à quoi elle répond par un sourire lumineux. Mais bientôt, je ne distingue plus rien, je suis entourée de corps vibrants sur la musique électro, ma petite taille ne me permet pas de voir au-delà des individus qui m’encerclent. Je ferme les yeux et me laisse complètement aller au rythme de la musique, je suis jeune, libre et invincible. Quand tout à coup, j’ai conscience que des bras se sont refermés sur ma taille, lorsque mes yeux se réouvrent, un regard vert plonge dans le mien et je constate avec satisfaction qu’il s’agit de Jules. Je commence à m’habituer à sa présence et à la chaleur qui émane de son corps. Nos mouvements se confondent, nous adoptons le même rythme, nous nous collons l’un à l’autre. Après tout, ce garçon serait parfait pour une première fois : il a l’air d’avoir de l’expérience avec toute l’assurance qu’il dégage, il est beau garçon et surtout il est du cru si bien qu’il serait un parfait amour de vacances, je n’aurais nul besoin de m’investir dans une relation durable. Son visage s’approche du mien, je lui souris pour l’amener à continuer, quand je le vois disparaître violemment, laissant un immense vide devant moi. En lieu et place de Jules, je reconnais le dos d’Antoine qui repousse mon soupirant sans ménagement. Ce dernier essaie de résister mais devant cette masse de muscles et d’agressivité, il décide de rebrousser chemin mais en me signalant de l’appeler.
Je suis tellement furieuse contre Antoine que je décide d’aller prendre l’air, mais de quel droit se permet-il d’ordonner ma vie ?
En passant devant Fleur, je l’informe que je vais dehors ; Louise, quant à elle, est bien trop ivre pour comprendre mon énervement. J’inspire à pleins poumons pour me calmer mais mes mains tremblent sous l’effet de l’alcool et aussi de l’agacement. Pour une des premières fois de ma vie, mes doigts me démangent, j’aimerais griffer cet Antoine de malheur, en plus d’être l’objet de tous mes fantasmes, il se met maintenant en travers de mon chemin dès lors que je veux m’évader avec un autre. J’aimerais le gifler, le boxer, lui éclater l’entrejambe, l’émas…
Je devine qu’il m’a suivie dehors, je reconnais sa voix chaude et… non, non, non, il va me le payer !
Je le fixe, le souffle coupé. Il est confus, les mots se sont échappés sans qu’il ait eu le temps de les stopper. J’en profite pour le mettre encore plus mal à l’aise.
Il allait me renvoyer une réplique acerbe quand je vois arriver vers nous notre groupe avec toutes nos affaires, notamment mon sac Gérard Darel, prêt à rentrer à la maison :
Nous entamons alors les quatre kilomètres qui nous séparent de la maison des James. Le temps est particulièrement clément, le ciel est dégagé et nous permet d’admirer des milliers d’étoiles. Il est parfois inutile d’aller au bout du monde pour contempler les merveilles de la nature, et Saint-Jean-de-Luz en fait partie. La lune se réfléchit dans la mer, quand nous accédons à la Corniche, la baie de Saint-Jean-de-Luz s’offre à nous, la vue est tout simplement à couper le souffle. Avec ma petite robe rose d’été, je me sens comme une princesse des mille et une nuits, sauf que, là, le prince charmant n’est pas près de venir me chercher avec le cerbère qui se prétend mon garde du corps ou plutôt mon garde vertu. Je pense à différentes façons d’échapper à la traque d’Antoine : déjà, je pourrais me mettre à la course à pied comme Louise, cela me dégagerait du temps rien que pour moi, je pourrais prétendre aller faire les magasins, je suis sûre qu’il ne me suivrait pas. Mon esprit vagabonde quand je me sens m’envoler : Antoine m’a soulevée sur son épaule et court comme un dératé. Ma robe s’est relevée et ma culotte Victoria Secret n’est plus un secret pour personne.
Tout le monde se met à rire et je vois que Paul, le jumeau de Louise, s’empare d’Elaïa, la sœur de Bixente et aussi une très bonne amie de Louise, la transportant aussi sur une épaule. Bixente et Elaïa sont les enfants Bordaoï, cette famille possède certainement une des plus grandes fermes du Pays basque qui se trouve à quelques kilomètres seulement de la maison de vacances de la famille de Louise. Leurs parents respectifs ont sympathisé il y a une dizaine d’années maintenant, ils se reçoivent à chaque fois que la famille James est en congé. Elaïa est légèrement plus grande, ou tout au plus, moins petite que moi et Paul fait un bon mètre quatre-vingts. Je suppose que l’image ridicule qu’ils dégagent tous les deux est identique à celle d’Antoine et moi. Je me sens ridiculement inoffensive, prisonnière des bras d’Antoine qui bloquent mes cuisses avec une facilité déconcertante.
On entend Henri et Pierre commencer des paris :
Arrivés en haut de la côte, Antoine et moi passons la ligne d’arrivée imaginaire avant Paul et Elaïa. Antoine se met à s’égosiller, il me fait sauter dans ses bras comme si je n’étais qu’un enfant :
Son enthousiasme est communicatif, je n’arrive pas à être en colère, il me fait rire, je lui souris et au bout de ses bras, je hurle « ON A GAGNÉÉÉÉ ! ». Il me regarde si intensément que mon cœur loupe un battement. Il tarde à me remettre à terre et quand il me fait glisser jusqu’au sol, mon visage se retrouve face au sien un instant de trop, il accroche ma prunelle et déclare dans un chuchotement « J’aimerais garder dans mes bras cette petite culotte avec la nana dedans » et j’ai assez de contenance pour répliquer « Moi, j’aimerais tout simplement garder ma culotte et ce qui me reste de dignité ». Comme il constate avec bonheur que je souris, il me colle un énorme baiser sur le front comme à une gamine.
Le reste du trajet se fait dans l’insouciance liée à notre âge, Antoine et moi nous vannons, Paul et Elaïa se tournent autour sans se douter que tout le groupe en est conscient, Louise et Thibault se trouvent bien derrière avec Louise qui s’arrête toutes les dix minutes pour vomir tout l’alcool qu’elle a ingurgité.
Antoine mime ma cadence, ce qui lui donne un air de pantin sur le point de tomber en avant. Alors je fais de même, j’allonge le pas et semble complètement désarticulée, je prends un air mauvais et l’imite en train de boxer :
Il s’arrête et me prend le bras pour me forcer à ralentir. Quand il sait que nous ne sommes plus à portée de voix, il me demande :
En une fraction de seconde, je me sens tirer hors de la route et me retrouve sous un arbre dans la pénombre, les immenses mains d’Antoine posées sur mes frêles épaules, mes genoux me jouent des tours sous le coup de l’émotion, j’ai la sensation qu’ils vont m’abandonner. Je n’ai pas le temps de me trouver mal que j’entends la voix rauque d’Antoine :
J’essaie de trouver de l’assurance mais il est si proche que ma peau est parcourue d’infimes frissons. La chaleur de son corps s’introduit dans les pores de mon épiderme. Mes mains, le long de mon corps, sont traversées de légers frémissements, elles me démangent mais cette fois-ci pas pour lui arracher les yeux, mais plutôt son tee-shirt blanc qui moule son torse à la perfection. Je suis obligée de lever la tête car j’arrive difficilement au milieu de son buste. Ses pouces parcourent mes bras jusqu’à mes doigts.
Je trouve la force de poser mes mains tremblantes sur son torse et de les faire se faufiler jusqu’à son cou, le faisant se courber. C’est le signal qu’il fallait pour que sa bouche se baisse jusqu’à la mienne. Il m’embrasse si délicatement, si tendrement que je sens qu’il se contient au maximum, tous ses muscles palpitent sous l’effet de la contrainte.
Il me soulève, mes jambes s’entourent autour de sa taille et il me plaque contre l’arbre qui nous protège de tous les regards curieux. Il m’embrasse de nouveau mais cette fois-ci de façon plus insistante, sa langue ouvre ma bouche et s’introduit avec voracité. Le désir monte en lui à travers ce baiser, il fait l’amour à ma bouche. J’essaie de suivre le mouvement qui devient très audacieux face à mon inexpérience et je ne veux surtout pas que ma première fois se déroule au pied d’un arbre. Il semble percevoir mon trouble et se recule doucement en m’interrogeant du regard.
En me découvrant sourire, il me questionne :