Eternal seducer - Laëtitia Kone - E-Book

Eternal seducer E-Book

Laëtitia Kone

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Beschreibung

Durant ses vacances dans la maison de famille à Saint-Jean-de-Luz, le séducteur et charmeur compulsif Antoine, l’aîné des James, succombe au charme de l’une des meilleures amies de sa sœur. Naît alors entre eux une idylle, secrète aux yeux de tous, non sans complication ; surtout lorsqu’un mystérieux personnage s’en mêle…


À PROPOS DE L'AUTRICE 


Laëtitia Kone, avec Eternal seducer, le tome II de Gentleman farmer, revient vers ses premières amours dont l’écriture. Inspirée des romances américaines, elle y partage son appétence pour les idylles romantiques ainsi que son amour pour Paris et Saint-Jean-de-Luz.

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Seitenzahl: 334

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Laëtitia Kone

Eternal seducer

Roman

© Lys Bleu Éditions – Laëtitia Kone

ISBN : 979-10-377-9325-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Moïse

Chapitre I

Jamais je n’aurais dû me laisser prendre dans les filets de ce bellâtre, mais bon, c’est fait, je n’ai plus qu’une seule alternative : faire tout pour m’en débarrasser.

Tout a commencé, ou plutôt continué, le soir de mon arrivée à la gare de Saint-Jean-de-Luz, quand mon amie Fleur et moi sommes venues rejoindre pour deux semaines notre BFF Louise James qui possède une maison de vacances dans le Pays basque.

Je dis « continué » car, tout le monde le sait, j’ai un crush pour le frère aîné de Louise depuis mes douze ans environ. C’est devenu même une blague entre nous toutes, leurs propres parents s’en amusent aussi, car cette relation n’est même pas envisageable. Antoine est un joueur, il drague beaucoup, butine souvent, s’amuse tout le temps et reste un indécrottable célibataire. Sa mère lui a déclaré une guerre sans fin pour qu’il ne ramène pas de fille chez eux. Elle met des pièges dans tout leur appartement afin de s’assurer qu’il suit ses ordres – elle relève systématiquement la cuvette des toilettes avant de partir au bureau et demande à Louise de faire de même car seules les filles rabaissent la cuvette… et si, par malheur, quand elle rentre, elle constate que la cuvette a été rabaissée alors :

— ANTOOIINEEEE ! hurle-t-elle.

J’ai déjà assisté à une de ses fureurs et, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Antoine devient minuscule.

— Qui est venu chez moi, jeune homme ? questionne-t-elle avec un air qui se veut toujours calme au début.
— Titi et Lulu, pourquoi maman ? chuchote-t-il.
— Tu te fous de moi ! Combien de fois je t’ai dit que je ne voulais pas que tu ramènes de fille à la maison sans me demander ? Combien de fois ? J’attends une réponse !
— …
— T’as perdu ta langue ? Je t’interdis formellement d’emmener une de tes conquêtes dans MA maison ! Me suis-je bien fait comprendre, Antoine ? C’est la dernière fois que je te le dis, la prochaine fois que j’ai, ne serait-ce qu’un doute, je te coupe ta ligne de portable, tu m’as bien comprise, là ? Ai-je été assez claire ? MA maison n’est pas TA garçonnière ! Si on te laissait faire, l’appartement deviendrait un baisodrome ! Et ça me dégoûte ! Tu peux comprendre ça ? Tu peux comprendre que je n’ai pas envie de m’asseoir sur un canapé qui a pu voir autre chose que mon arrière-train ?

Et, comme souvent, quand Madame James est furieuse, Antoine perd tous ses moyens et se fait pigeonner par sa propre mère :

— Maman, mais non, je n’oserais jamais faire ça sur ton canapé ! se défend-il.
— Ah ! Donc tu avoues ! Et vous avez fait ça où ? Dans MA salle de bain ? Dans la chambre que tu partages avec tes frères ? C’est beau ce que tu fais, Antoine ! Tu traites ces filles comme des rien du tout, et en plus tu n’as aucun respect pour ta famille qui doit endurer tous tes écarts ! Je ne sais plus où m’asseoir MOI sans avoir des soupçons sur tes débordements SEXUELS ! hurle-t-elle au bord de la crise de nerfs.

Si son mari la voit dans cet état, Antoine va vraiment passer un mauvais quart d’heure. Il le sait et essaie de se dédouaner tout en amadouant sa mère.

— Maman, je te promets que je vous respecte et que je ne ferai jamais des trucs qui pourraient vous embarrasser… Maman, j’aime pas quand tu te mets dans des états pareils, ça n’en vaut pas le coup…
— Comment ça ! ça n’en vaut pas le coup : c’est comme ça que tu traites les filles avec qui tu sors ? C’est comme ça que nous t’avons élevé ? J’ai honte de toi ! J’espère que quand tu vas tomber amoureux, elle te traitera comme une MERDE ! C’est tout ce que tu mérites ! Pour cette fois, je ne dis rien à ton père, pour le protéger, lui et PAS TOI ! Mais c’est la dernière fois ! Va dans ta chambre ! Je ne veux pas voir ta tronche avant le dîner ! Et ce week-end, c’est toi qui vas faire toutes les courses, me suis-je bien fait comprendre ?

Louise, Fleur et moi étions cachées derrière la porte de la chambre que Louise partage avec son jumeau, Paul, les oreilles collées au bois pour ne rien louper de cette altercation, quand on entend gratter à la porte. Louise ouvre et on se retrouve devant un Antoine déconfit :

— Louise, c’est toi qui m’as balancé ? demande-t-il le plus gentiment possible.
— Non, jamais je ne te ferai ça ! déclame-t-elle.
— Putain, mais comment elle sait alors ?
— …
— Bon, laisse tomber, sœurette, merci quand même.

Madame James a fait promettre à Louise de ne jamais avouer les pièges qu’elle met en place, sous peine de sanctions irrévocables. Et Louise sait ce dont sa mère est capable, elle emportera dans la tombe toutes les combines de maman James, ça, j’en suis certaine.

***

Je disais donc que tout a commencé dès notre arrivée, à Fleur et moi, à la gare de Saint-Jean-de-Luz. Pour notre arrivée dans le Pays basque, Louise a décidé que le reste de la soirée se déroulerait au Garage, bar qui se trouve dans un ancien garage Renault en face du port. C’est l’endroit où se réunit toute la jeunesse luzienne et des environs.

Dès que mes Jimmy Choo de dix centimètres ont touché l’asphalte de la gare, Antoine a commencé à me charrier sur ma taille. C’est sa vanne préférée. Il faut avouer que, comparée à la famille James, je suis minuscule avec mon mètre cinquante-cinq et mes quatre-cinq kilos. Je suis, pour eux, un modèle réduit. Heureusement pour moi, ma diatribe, souvent acerbe, laisse parfois Antoine sans voix. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour le faire taire. Mais ce soir, il est extrêmement tenace et déchaîné. Dès qu’il s’empare de ma valise rose Barbie, il me fixe droit dans les yeux avec de la malice dans le regard, ceci ne présage pas une soirée tranquille. J’ai souvent l’impression d’être son sujet favori pour ses blagues pourries. À Paris, il est souvent obligé d’arrêter de me charrier s’il ne veut pas s’attiser les foudres de sa famille entière, mais là, il se sent comme libéré. Il me fait vite comprendre qu’il espère que je suis en pleine forme pour répliquer, comme il se doit, à toutes ses piques. Ainsi, à peine mes vacances entamées que ses blagues courantes sur mon gabarit commencent : « Au moins avec ce type de talons, tu peux draguer un mec de CM2 ! », « Parle plus fort, de là-haut je ne t’entends pas ! ».

Je dois avouer que la plupart de ses vannes me font rire, même si c’est à mes dépens. En plus d’être le garçon le plus beau que la nature m’ait permis de voir, il est drôle, intelligent et pertinent. Il est en prépa de maths pour intégrer une école d’ingénieurs aéronautique. Bref, j’ai du mal à être en colère très longtemps contre lui, car il faut l’avouer, j’ai le béguin pour lui depuis tellement longtemps que cela m’empêche d’être attirée par d’autres garçons, ou même d’en apercevoir. Pourtant, je sais que je plais, on me considère comme une jolie fille avec mes yeux noisette, mes cheveux noirs raides coupés impeccablement au carré, mon corps fin et énergique dû à plus de dix ans de danse classique quand j’étais petite puis de modern jazz dès l’âge de douze ans. Mais jamais Antoine ne m’a montré ne serait-ce qu’une once d’intérêt, il me considère exclusivement comme une des meilleures amies de sa petite sœur, donc je suis une intouchable. Je pense qu’il me voit comme… ou plutôt, il ne me voit pas, il me tolère et aime bien me charrier. Il ne s’est jamais intéressé à ce que j’aime faire et ne m’a jamais demandé mes projets d’études et professionnels. C’est pour dire que mon béguin est, vraiment, à sens unique et se perd dans les méandres du néant.

À mes yeux, il n’a qu’un défaut, de taille, c’est le cas de le dire avec son mètre quatre-vingt-dix, il est bagarreur. Ses parents l’ont mis rapidement à la boxe pour assouvir sa violence, ce qui l’a calmé, mais il reste quand même très belliqueux. La boxe lui a, au moins, fait comprendre que se battre pouvait tuer, et, maintenant, il réfléchit à deux fois avant d’en venir aux poings. Mais le moindre écart de la part d’un autre garçon dans la rue ou dans un bar reste un bon prétexte pour en découdre. Le pire est quand cet écart concerne Louise, il recouvre alors un habit de justicier débile. Louise a beau essayer de lui faire entendre raison, rien n’y fait, quand la pression monte, il devient incontrôlable : à plusieurs reprises, la police s’en est mêlée et les James ont été obligés d’aller chercher leur fils aîné au poste. Plusieurs psychologues se sont évertués à comprendre ce besoin de se battre mais sans grand résultat. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est comme ça, mais moi, je suis sûre qu’il existe une solution pour lui amener la paix, car on voit qu’il souffre.

La plupart de ses amis, dont Thibault alias Titi et Romain alias Lulu, nous ont déjà confié que draguer les filles le calme, il se montre sous son meilleur jour mais aucune n’a encore réussi à lui amener cette plénitude sur le long terme. Ce qui laisse présager que la drague n’est pas la meilleure solution pour Antoine, qu’aucune fille ne pourra le sauver de sa hargne persistante.

***

Après avoir embrassé et enlacé Louise sur le quai de la gare, mes yeux se portent instantanément sur le petit groupe que nous formons et je me dis que ces vacances vont être parfaites. Nous avons tous nos bacs et sommes acceptés dans les écoles ou facs que nous souhaitions, et en ce qui me concerne, j’ai décidé de me lancer dans le droit fiscal et j’intègre l’université Paris-Panthéon-Assas, je serai près de la maison, donc éviter les transports me procure une joie immense.

Délestées de nos bagages, remis à Monsieur James venu en voiture pour l’occasion, nous nous dirigeons vers le Garage. Fleur et moi prenons Louise, chacune, par un bras, et lui racontons, en quelques minutes, notre vie sans elle à Paris : les nouveaux bars, les nouveaux restaurants, les nouveaux dance floor et surtout les nouvelles tendances de mode, ce dont Louise se fiche éperdument.

Nous trouvons difficilement une table mais, grâce au charme d’Antoine, nous en partageons une avec trois jeunes femmes qui n’ont pas su lui résister. Quand elles constatent qu’il y a trois autres filles, elles maugréent, mais Antoine les rassure en nous présentant comme ses sœurs. Il leur parle pendant les cinq minutes qu’il appelle « réglementaires » avant de passer à autre chose. Quand il décide d’aller nous commander à boire au bar, elles comprennent vite qu’elles se sont fait berner : il drague la barmaid si efficacement qu’il revient avec une serviette en papier sur laquelle on voit écrit le prénom AYA avec un 06.

— And the master is Antoine, crie-t-il, très fier de son trophée.
— T’es tellement lourd qu’elle t’a donné un faux numéro ducon, je réplique.
— Si tu ramènes un numéro, la môme, je jure devant toute l’assemblée que je ne sors avec aucune fille ce soir, professe-t-il la main sur le cœur.

C’est à ce moment-là que les trois filles, qui nous avaient laissé de la place à leur table, décident de partir. Antoine m’a lancé un vrai défi car je vais être obligée de me faire violence. En effet, approcher un garçon n’est pas ce que je sais faire de mieux ; je me fais souvent aborder et je sais comment repousser n’importe quel type d’avance mais aller vers l’autre de façon intéressée, je ne sais pas faire. Ma fierté est mise à mal, il va falloir que je trouve rapidement une tactique pour boucler le bec d’Antoine. Louise et Fleur jaugent ma panique mais sont de mon côté et me poussent à agir sans penser :

— Moi, je parie qu’elle ramène un numéro avant les six minutes qu’il t’a fallu à toi pour obtenir le numéro de la barmaid, défie Louise.
— Et moi, je renchéris, si elle revient avec un 06 ou même un 07, rit Fleur, avant six minutes, c’est pour Antoine la seconde tournée.

Je n’ai plus le choix, il faut que j’agisse maintenant. Je descends de mon tabouret et entends :

— Ça va, l’Everest ? Pas trop dur à descendre ? rigole Antoine.
— Mais, franchement Antoine, tu n’as pas d’autre vanne à me servir ? je le questionne.
— Si, mais toutes les autres qui te concernent vont me faire passer pour un sale pervers donc je préfère les garder pour moi.

À quelques mètres de ma table, je commence à regarder aux alentours pour voir si, au moins, un garçon pourrait me plaire. Je sais que toute ma tablée scrute chacun de mes agissements, il va falloir que j’œuvre vite. Je n’ai pas le temps d’aller plus loin dans ma réflexion qu’un jeune homme, habillé en Ralph Lauren de la tête aux pieds – faire le bilan vestimentaire : c’est plus fort que moi – vient à ma rencontre :

— Tu as besoin d’aide, je te regarde depuis que tu es arrivée et, là, tu as l’air perdue. Tes potes te regardent d’une façon bizarre, me dit-il en les désignant du menton en souriant.

Je me retourne et tous détournent le regard, je les vois inspecter leur montre, il doit me rester trois minutes.

— Je suis content que tu sois sortie du groupe car je n’aurais jamais osé t’aborder entourée comme tu l’étais, avoue-t-il.
— C’est flatteur mais ils ne mordent pas, tu sais, ils sont même très gentils.
— J’aimerais t’offrir un verre.
— Maintenant ?
— Oui.
— En fait, je viens d’arriver il y a une demi-heure à peine et je n’ai même pas eu le temps de trinquer avec mes amis… mais une autre fois peut-être ?

Tic-tac – Tic-tac

— Donne-moi ton numéro et je t’appelle, me dit-il.
— Donne-moi plutôt le tien ! j’impose en lui tendant mon portable afin qu’il puisse enregistrer son contact.

Il s’enregistre immédiatement, en tant que Jules « le mec du Garage ».

— Appelle-moi, je te laisse à ta horde, me dit-il en s’éloignant pour aller rejoindre ses amis qui nous scrutent aussi.

Je reviens à ma table, flanquée du précieux contact. Je le mets fièrement sous le nez d’un Antoine déconfit. Les autres m’applaudissent, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de Jules qui est à l’autre bout du bar et qui me fait un clin d’œil possessif. Antoine bondit de sa chaise, prêt à en découdre.

— Mauvais perdant peut-être ? Ou bien pingre, tu ne veux pas nous rincer toute la soirée ? Tu n’as plus de défi pour moi ? Sinon je suis disposée à relever n’importe lequel, je crois, je me sens surpuissante, ce soir ! je déclare.
— Coup de chance ! réplique-t-il.

— Non, c’est juste qu’elle est super canon, c’est tout ! déclare Henri, un des frères de Louise, et le jumeau de Pierre.

Henri et Pierre ont dix-neuf ans, dix mois de moins qu’Antoine et neuf mois de plus que Louise et Paul. Louise a, en effet, quatre frères ; je suis toujours admirative de la manière avec laquelle elle arrive à naviguer entre tous ces mâles, car moi, en tant que fille unique, je me sens souvent perdue.

— Canon ! Léa ? T’es sérieux, Henri, elle pourrait être notre petite sœur, tu ne la regardes pas comme ça, OK ! tempère-t-il.
— C’est parce que, toi, tu la verrais comme une proie si tu la voyais comme nous on la voit. Mais, nous, hommes normaux, on la trouve tout simplement canon, comme Fleur, du reste ! insiste Henri.
— Ça, c’est super gentil, répond Fleur sincèrement émue.
— Bah, ouais, vous êtes canons les meufs ! souligne Pierre.
— À la santé du con qui paie ! j’assène en fixant Antoine.
— En tout cas, si ce Jules t’approche, il va savoir à qui il se frotte, lâche Antoine.
— Non, mais ça va pas, et s’il me plaît, où est le problème ? Heureusement pour moi que tous les garçons ne me voient pas comme toi ! Sinon je finirais au couvent ! j’ironise.

Tout le monde se met à rire aux dépens d’Antoine. Mais quand, un quart d’heure plus tard, je vois Jules s’avancer vers notre table, je lui fais un léger signe de la tête pour qu’il ne s’approche pas plus près – trop tard – trop tard, il est à mes côtés.

— Bonjour, tout le monde, lance-t-il.
— Bonjour, Jules, répondent tous mes amis, sauf Antoine.
— Apparemment, tout le monde connaît mon nom mais moi, je ne connais même pas le prénom de la jeune femme pour qui je viens de traverser toute la salle et qui est entourée de pas moins d’une dizaine de ses amis, déclare-t-il d’un ton faussement penaud.

Ce type est un professionnel de la drague dans les bars, il est très sûr de lui et me fixe comme si j’étais la seule fille sur terre qui ait de l’intérêt.

— Léa, je me présente en lui tendant la main.
— Enchantée, Léa, je me disais que je pourrais te raccompagner lors de la fermeture, j’ai ma moto dehors et je connais très bien le coin.
— C’est gen…

Je n’ai pas le temps de finir de l’éconduire avec mon tact légendaire qu’Antoine se précipite à mes côtés et joue au grand frère protecteur.

— Comme tu peux le constater, mec, elle a tout ce dont elle a besoin ici !
— Oui, apparemment, elle a beaucoup de grands frères ! Mais elle a peut-être son mot à dire, pas vrai, Léa ? insiste Jules.
— C’est gentil Jules mais, comme je te l’ai dit, je viens juste d’arriver chez mes amis et j’aimerais profiter de cette soirée avec eux, s’il te plaît.
— Je comprends. Appelle-moi dès que tes retrouvailles seront finies, me dit-il sans même un regard aux autres.
— Y’a pas à dire mais il y a des mecs qui ont du cran, déclare Pierre très admiratif.
— C’est clair, je ne pense pas que je serais capable de venir à une table remplie de gens que je ne connais pas pour draguer une fille, affirme Henri.
— Moi si ! provoque Antoine.
— Ah non ! Arrête tes défis débiles ! On te voit arriver ! impose Louise.
— Bon, alors, tu nous la paies cette deuxième tournée ? En plus, peut-être que cette Aya te fera un prix d’ami ! je lance à Antoine.
— Tu es trop mignonne, mais je te trouve très présomptueuse, on se demande déjà comment une pinte a pu rentrer dans ce petit corps ! lance-t-il.
— T’occupe pas de mon petit corps et va nous chercher des bières !

À ma grande surprise, il se penche vers moi lorsque personne n’écoute, tout le monde est pris par différentes discussions ou bien commence à danser, et me dit :

— J’aimerais tellement m’occuper de ce petit corps « canon » ! Mes frères m’ont obligé à te regarder différemment ! On est bien avancé maintenant ! sourit-il.

Et il s’éloigne à grandes enjambées vers le bar où il recommence à dragouiller la serveuse. C’est plus fort que lui, il est incorrigible et si séduisant…

Louise commence à être extrêmement saoule, elle n’a pas eu le temps de tout nous raconter de sa vie sentimentale, mais on voit bien qu’il y a un malaise entre Bixente et Thibault, ils se parlent à voix basse et cela a l’air très sérieux. Tout à coup, on la voit monter sur la table et se déhancher comme une forcenée.

Nous sommes déjà à la troisième tournée de bière, quand je décide de passer à quelque chose de plus stimulant… je me dirige vers le bar où Antoine a élu domicile et je commande un mètre de shots de Tequila avec citron vert et sel. L’effet de l’alcool fort ne se fait pas attendre, Louise, Fleur et moi sommes survoltées. Nos corps ondulent sur la piste, certainement de façon désordonnée étant donné notre état d’ébriété, mais on se sent endiablée, comme des déesses du dance floor. Je me sens séduisante et désirable, mais j’ai surtout envie de me sortir ce satané Antoine de la tête. Entre deux mouvements de danse, c’est plus fort que moi, je me tourne vers le bar et je le vois se rapprocher dangereusement de la barmaid, je le surprends en train de lui caresser le dos de la main, ce à quoi elle répond par un sourire lumineux. Mais bientôt, je ne distingue plus rien, je suis entourée de corps vibrants sur la musique électro, ma petite taille ne me permet pas de voir au-delà des individus qui m’encerclent. Je ferme les yeux et me laisse complètement aller au rythme de la musique, je suis jeune, libre et invincible. Quand tout à coup, j’ai conscience que des bras se sont refermés sur ma taille, lorsque mes yeux se réouvrent, un regard vert plonge dans le mien et je constate avec satisfaction qu’il s’agit de Jules. Je commence à m’habituer à sa présence et à la chaleur qui émane de son corps. Nos mouvements se confondent, nous adoptons le même rythme, nous nous collons l’un à l’autre. Après tout, ce garçon serait parfait pour une première fois : il a l’air d’avoir de l’expérience avec toute l’assurance qu’il dégage, il est beau garçon et surtout il est du cru si bien qu’il serait un parfait amour de vacances, je n’aurais nul besoin de m’investir dans une relation durable. Son visage s’approche du mien, je lui souris pour l’amener à continuer, quand je le vois disparaître violemment, laissant un immense vide devant moi. En lieu et place de Jules, je reconnais le dos d’Antoine qui repousse mon soupirant sans ménagement. Ce dernier essaie de résister mais devant cette masse de muscles et d’agressivité, il décide de rebrousser chemin mais en me signalant de l’appeler.

Chapitre II

Je suis tellement furieuse contre Antoine que je décide d’aller prendre l’air, mais de quel droit se permet-il d’ordonner ma vie ?

En passant devant Fleur, je l’informe que je vais dehors ; Louise, quant à elle, est bien trop ivre pour comprendre mon énervement. J’inspire à pleins poumons pour me calmer mais mes mains tremblent sous l’effet de l’alcool et aussi de l’agacement. Pour une des premières fois de ma vie, mes doigts me démangent, j’aimerais griffer cet Antoine de malheur, en plus d’être l’objet de tous mes fantasmes, il se met maintenant en travers de mon chemin dès lors que je veux m’évader avec un autre. J’aimerais le gifler, le boxer, lui éclater l’entrejambe, l’émas…

— Tu verras, tu me remercieras dans quelques années !

Je devine qu’il m’a suivie dehors, je reconnais sa voix chaude et… non, non, non, il va me le payer !

— Mais pour qui tu te prends Antoine ? je lui crie dessus.
— Pour ton sauveur, ce mec voulait juste te sauter, ça crevait les yeux, Léa !
— Oui, merci j’avais compris ! Et si, MOI, ça me convenait ? Hein ! Tu ne t’es pas demandé trois secondes, si MOI j’en avais aussi envie ! Je n’ai plus douze ans, j’en ai dix-huit plutôt dix-neuf, bordel ! Et je fais ce que je veux de mon cul, t’as compris !
— Ne sois pas vulgaire Léa, ça ne te va du tout, ose-t-il prononcer.
— Vulgaire ? Tu te fous de moi ? Tu te comportes comme le plus gros queutard que la terre n’ait jamais porté et toi, tu me donnes des leçons de bienséance, c’est la meilleure celle-là ! Si je n’étais pas si énervée, je crois que je rirais !
— Tu vois bien que ce mec est un flambeur ! Si ça se trouve, tu étais même l’objet d’un pari !
— Tu as l’air de bien t’y connaître en saloperies à faire aux filles ? Je me trompe ? Tu t’es déjà essayé à toutes les manipulations ? Tu as testé toutes les manigances qui pouvaient faire succomber de pauvres filles tombées en pâmoison devant toi ? C’est ça, tu connais tous les tuyaux pour ramener une fille dans ton lit ?
— Ça y est, tu as fini ? répond-il les bras croisés sur le torse.
— J’ai fini si j’ai envie et, là, en ce moment même, j’ai surtout envie de te hurler dessus et de te dire d’arrêter de te comporter comme un protecteur lourd et buté ! Je veux profiter de mes vacances avant d’entamer des études qui vont être longues et endurantes !
— Je ne veux pas qu’un baratineur ait raison de ta naïveté, c’est tout, avoue-t-il.
— Naïveté ? Donc après le ton paternaliste, j’ai le droit aux insultes ! Mais tu crois que tu as qui en face de toi ? Une pauvre godiche, innocente et ignorante ? Et toi, tu connais tout de la vie sentimentale, c’est ça ?
— Certainement plus que toi, en effet !
— C’est vrai qu’on apprend beaucoup des relations éphémères rencontrées dans des bars sordides lorsque l’alcool prend le lead sur nos sens ! Tu as raison Antoine, j’ai vraiment beaucoup à apprendre de toi ! je me moque ouvertement de lui en me forçant à rire.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire et je voulais encore moins t’insulter, dit-il plus penaud qu’à l’accoutumée.
— Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ? Et pèse bien chacun de tes mots car je ne suis pas d’humeur à essuyer un nouvel affront !
— Je voulais juste t’éviter une déception, c’est le style de mec à t’attirer dans son lit et à te jeter dès le lendemain, je connais ce type de dragueur. Je ne voulais pas te blesser, je voulais juste te protéger, je te promets Léa.
— Eh bien, sache que je n’ai pas besoin qu’on me protège. Et je ne veux plus que tu te mêles de ma vie sentimentale. Depuis plus de dix ans qu’on se connaît, à aucun moment tu ne m’as prêté attention donc pourquoi maintenant ça changerait ?
— Parce que, toi, tu as changé ! Regarde-toi, tu es un vrai appel au sexe… lâche-t-il trop vite.

Je le fixe, le souffle coupé. Il est confus, les mots se sont échappés sans qu’il ait eu le temps de les stopper. J’en profite pour le mettre encore plus mal à l’aise.

— Ravie de te l’entendre dire ! Et c’est la raison pour laquelle j’ai bien l’intention d’en profiter et surtout pendant ces vacances !
— Ça, on verra, je ne te promets rien, jeune fille ! me répond-il en souriant, de nouveau très confiant.
— Jeune fille ? J’ai envie de t’arracher les yeux !
— Certainement pas, car ils vont me servir à scruter tous les mecs qui t’approcheront !
— Put… tu m’agaces !
— Autant que toi quand tu te trémousses devant des prédateurs que je suis obligé d’éconduire…
— Mais dis-moi, tu as appris plein de nouveaux mots ! Moi, qui te prenais pour un grand balourd inculte !

Il allait me renvoyer une réplique acerbe quand je vois arriver vers nous notre groupe avec toutes nos affaires, notamment mon sac Gérard Darel, prêt à rentrer à la maison :

— Bon, on y va ! Louise est défoncée et Thibault se charge de la raccompagner comme il peut ! lance Henri.
— Je pense qu’elle ne fera pas cinquante mètres avant de vomir, rigole Pierre.
— J’ai pris ton sac et j’ai mis tes lunettes de soleil dedans, me dit Fleur, toujours prévoyante.

Nous entamons alors les quatre kilomètres qui nous séparent de la maison des James. Le temps est particulièrement clément, le ciel est dégagé et nous permet d’admirer des milliers d’étoiles. Il est parfois inutile d’aller au bout du monde pour contempler les merveilles de la nature, et Saint-Jean-de-Luz en fait partie. La lune se réfléchit dans la mer, quand nous accédons à la Corniche, la baie de Saint-Jean-de-Luz s’offre à nous, la vue est tout simplement à couper le souffle. Avec ma petite robe rose d’été, je me sens comme une princesse des mille et une nuits, sauf que, là, le prince charmant n’est pas près de venir me chercher avec le cerbère qui se prétend mon garde du corps ou plutôt mon garde vertu. Je pense à différentes façons d’échapper à la traque d’Antoine : déjà, je pourrais me mettre à la course à pied comme Louise, cela me dégagerait du temps rien que pour moi, je pourrais prétendre aller faire les magasins, je suis sûre qu’il ne me suivrait pas. Mon esprit vagabonde quand je me sens m’envoler : Antoine m’a soulevée sur son épaule et court comme un dératé. Ma robe s’est relevée et ma culotte Victoria Secret n’est plus un secret pour personne.

— Allez, plus vite MiniPouss, tu es à la traîne, tout le monde t’attend ! crie-t-il.

Tout le monde se met à rire et je vois que Paul, le jumeau de Louise, s’empare d’Elaïa, la sœur de Bixente et aussi une très bonne amie de Louise, la transportant aussi sur une épaule. Bixente et Elaïa sont les enfants Bordaoï, cette famille possède certainement une des plus grandes fermes du Pays basque qui se trouve à quelques kilomètres seulement de la maison de vacances de la famille de Louise. Leurs parents respectifs ont sympathisé il y a une dizaine d’années maintenant, ils se reçoivent à chaque fois que la famille James est en congé. Elaïa est légèrement plus grande, ou tout au plus, moins petite que moi et Paul fait un bon mètre quatre-vingts. Je suppose que l’image ridicule qu’ils dégagent tous les deux est identique à celle d’Antoine et moi. Je me sens ridiculement inoffensive, prisonnière des bras d’Antoine qui bloquent mes cuisses avec une facilité déconcertante.

— Lâche-moi, la Montagne ! je lui ordonne.
— Tu ne vas pas me brûler une partie du visage tout de même, tu n’es pas si cruelle que Sandor Clegane, réplique-t-il en continuant de mettre au défi Paul de le rattraper.

On entend Henri et Pierre commencer des paris :

— Je mets cinq euros sur Antoine.
— Et moi, cinq sur Paul, du coup !
— Allez, les gars ! Celui qui arrive le premier en haut de la côte se fait rincer par l’autre pendant quarante-huit heures ! annonce Henri, qui est un parieur né.
— Je vais l’éclater ! hurle Antoine qui se fiche complètement que j’essaie de descendre en lui donnant des coups dans le dos avec mes poings.
— Tu parles, tu parles ! Cours plutôt ! réplique Paul qui est déjà sur nos talons avec une Elaïa aux anges contrairement à moi qui n’arrête pas de maugréer.
— Allez, cheval ! Plus vite sinon je sors la cravache, jure Elaïa.

Arrivés en haut de la côte, Antoine et moi passons la ligne d’arrivée imaginaire avant Paul et Elaïa. Antoine se met à s’égosiller, il me fait sauter dans ses bras comme si je n’étais qu’un enfant :

— Quand tu auras fini de jouer avec ton joujou, tu pourras me faire descendre s’il te plaît ! je le réprimande la bouche serrée par l’énervement.
— Oui, ma poupée, je te fais descendre à une condition !
— Je ne suis pas TA poupée !
— Bah, c’est toi qui t’es comparée à un joujou, tu tends le bâton !
— Le bâton… pour te battre, sale canasson ! C’est quoi ta condition ?
— Tu montres que tu es heureuse que nous ayons gagné et je ne veux entendre aucune ironie, je veux que tu t’abandonnes à la joie du triomphe ! rit-il.

Son enthousiasme est communicatif, je n’arrive pas à être en colère, il me fait rire, je lui souris et au bout de ses bras, je hurle « ON A GAGNÉÉÉÉ ! ». Il me regarde si intensément que mon cœur loupe un battement. Il tarde à me remettre à terre et quand il me fait glisser jusqu’au sol, mon visage se retrouve face au sien un instant de trop, il accroche ma prunelle et déclare dans un chuchotement « J’aimerais garder dans mes bras cette petite culotte avec la nana dedans » et j’ai assez de contenance pour répliquer « Moi, j’aimerais tout simplement garder ma culotte et ce qui me reste de dignité ». Comme il constate avec bonheur que je souris, il me colle un énorme baiser sur le front comme à une gamine.

Le reste du trajet se fait dans l’insouciance liée à notre âge, Antoine et moi nous vannons, Paul et Elaïa se tournent autour sans se douter que tout le groupe en est conscient, Louise et Thibault se trouvent bien derrière avec Louise qui s’arrête toutes les dix minutes pour vomir tout l’alcool qu’elle a ingurgité.

Antoine mime ma cadence, ce qui lui donne un air de pantin sur le point de tomber en avant. Alors je fais de même, j’allonge le pas et semble complètement désarticulée, je prends un air mauvais et l’imite en train de boxer :

— Viens, viens ! Je vais te rosser, te tabasser, te démolir la tronche ! Comment ça, t’as rien fait ? Et bien prends ça comme un acte préventif ! je dis en rigolant.

Il s’arrête et me prend le bras pour me forcer à ralentir. Quand il sait que nous ne sommes plus à portée de voix, il me demande :

— Tu me vois vraiment comme ça ? Comme une brute ?
— Tout le monde te voit comme ça et, ce soir, tu as encore prouvé que tu voulais en découdre avec un pauvre garçon qui voulait juste danser avec moi, je lui réponds avec un rictus entendu.
— Tu te trompes, je ne VEUX pas être comme ça !
— Eh bien, change ! Ce n’est pas trop tard ! Tu es Antoine James, tu peux faire tout ce que tu veux !

En une fraction de seconde, je me sens tirer hors de la route et me retrouve sous un arbre dans la pénombre, les immenses mains d’Antoine posées sur mes frêles épaules, mes genoux me jouent des tours sous le coup de l’émotion, j’ai la sensation qu’ils vont m’abandonner. Je n’ai pas le temps de me trouver mal que j’entends la voix rauque d’Antoine :

— C’est la plus gentille chose qu’une nana ne m’ait jamais dite.
— Je ne suis pas une nana.
— En effet, j’aimerais que tu sois MA nana, me déclare-t-il.
— Je ne pense pas que tu sois prêt pour une telle aventure, tu es plutôt programmé pour les CDD… il faudra que tu vieillisses un peu pour penser à un CDI…
— Ça te fait marrer ? Tu ne m’en crois pas capable ? me défie-t-il.
— En effet, je ne t’en crois pas cap…
— Je croyais que j’étais Antoine James et que je pouvais faire tout ce que je veux ! Donc ta confiance en moi a ses limites, poupée ?
— Tu veux dire la poupée Carrie si tu la gonfles trop !

J’essaie de trouver de l’assurance mais il est si proche que ma peau est parcourue d’infimes frissons. La chaleur de son corps s’introduit dans les pores de mon épiderme. Mes mains, le long de mon corps, sont traversées de légers frémissements, elles me démangent mais cette fois-ci pas pour lui arracher les yeux, mais plutôt son tee-shirt blanc qui moule son torse à la perfection. Je suis obligée de lever la tête car j’arrive difficilement au milieu de son buste. Ses pouces parcourent mes bras jusqu’à mes doigts.

— Tu es tellement fine, tu parais si délicate, j’ai peur de te toucher…
— Tu t’y prends pas mal pour l’instant.
— Écoute, je ne sais pas où toute cette histoire va nous mener… mais tout ce que je sais, c’est que j’aime traîner avec toi, si ça te va, on peut essayer de…

Je trouve la force de poser mes mains tremblantes sur son torse et de les faire se faufiler jusqu’à son cou, le faisant se courber. C’est le signal qu’il fallait pour que sa bouche se baisse jusqu’à la mienne. Il m’embrasse si délicatement, si tendrement que je sens qu’il se contient au maximum, tous ses muscles palpitent sous l’effet de la contrainte.

— Je ne suis pas en sucre, j’articule.
— J’ai peur de te faire mal si je laisse mes pulsions s’emparer de moi.
— Arrête de te faire passer pour la brute que tu n’es pas.

Il me soulève, mes jambes s’entourent autour de sa taille et il me plaque contre l’arbre qui nous protège de tous les regards curieux. Il m’embrasse de nouveau mais cette fois-ci de façon plus insistante, sa langue ouvre ma bouche et s’introduit avec voracité. Le désir monte en lui à travers ce baiser, il fait l’amour à ma bouche. J’essaie de suivre le mouvement qui devient très audacieux face à mon inexpérience et je ne veux surtout pas que ma première fois se déroule au pied d’un arbre. Il semble percevoir mon trouble et se recule doucement en m’interrogeant du regard.

— C’est peut-être un peu prématuré, je murmure.
— Tu ne penses quand même pas que je vais te sauter tout de suite, maintenant, rigole-t-il.
— Bah, je ne sais pas…
— Non, Léa, ne t’inquiète pas, on fera ça à ton rythme, poupée.
— Mon rythme ?
— Oui, ton rythme et on fera uniquement ce que tu aimes. Ce sera une première pour moi mais je suis prêt à me soumettre à tes désirs, dit-il avec une voix tellement sexy que j’aimerais me donner à lui maintenant sous cet arbre, je me sens très bucolique, et je souris de ma propre blague.

En me découvrant sourire, il me questionne :

— Qu’est-ce qui te fait sourire ? Tu te moques de mon côté mièvre qui naît en ta présence ?
— Non, pas du tout. Bon, c’est vrai que c’est bien la première fois que tu ne me vannes pas donc il faut que je m’y fasse.
— Pas trop quand même, les vieilles habitudes vont revenir et j’espère que de ton côté aussi. C’est aussi ça qui me plaît entre nous, avoue-t-il.
— Tant mieux car Goliath avec un cœur de Winnie l’ourson, ça va vite me taper sur les nerfs.
— Donc, maintenant que nous sommes d’accord, qu’est-ce qui te faisait sourire, ma poupée ?
— Quand tu me disais… à mon rythme… et faire uniquement ce que j’aime… je balbutie.
— Oui, promis, je ne vais pas te pousser à faire des choses que tu ne veux pas, comme te faire l’amour sous cet arbre ! dit-il d’un ton badin.
— Bah, le problème… c’est que… enfin, tu vois… je ne… mon rythme… je ne sais pas… enfin, tu vois… je ne sais pas ce que j’aime ou ce que je n’aime pas, je lance.
— Qu’est-ce que tu essaies de me dire Léa ? Tu n’as jamais fait l’amour avec un garçon ? Avec ce corps de dingue et cette gueule d’ange, tu veux me faire croire qu’aucun garçon n’a eu le privilège de te toucher ? Ma poupée… je suis encore plus conquis.