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Observations, petits bout de vie ou même instants d'ici et d'ailleurs d'un point de vue surréaliste, souvent hors temps. Quelques images de l'auteur font écho aux textes.
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Seitenzahl: 75
Veröffentlichungsjahr: 2020
Illustrations Michel Francis Bureau
Du même auteur aux éditions BoD-Book on Demand
Limites hors champ, 2018
Sous le pseudo Anton Burlow aux éditions Le manuscrit
www.manuscrit.com
Ange de chair, 2002
Amour hors temps, 2002
Sarah ou le kaléidoscope de mémoires, 2006
''Dans le bref éclat du miroir peut se retrouver toute l'image'' Abdel Kabanovski Philosophe des lumières oubliées
Fragments de vie
Metro
La course
Chemins de perdition
Le don
Chanteur
C’est bête en trompe l’œil
Sur le côté de mon regard
A Alice
Transport
Ne me quitte pas
Ces autres
En tenue de camouflage
Sidération
Rêverie
Substance cris
Copulations nuageuses
Nouvelle Babylone
Ailleurs
Dragon
La mer
Je me tenais debout
Trottinette
Un temps de robot
Kaléidoscope
L’autre
Elle, en ce jardin
Lutines
Tableau
A bout de souffle
Quelques disparitions
Statue en fuite
Disparition
Berceuse
Enlèvement
Oublié son nom
Labyrinthe
Arbres penchés
Pérégrination
Enfants cachés
Etrangetés dans les parc, rues, jardins
Machines
Parc
Bizarre
Boule de neige
La femme du parc
Horde de poussettes
La bête
Le cimetière des arbres
Les anciens Glubs
Elle s'est assise près de moi. Je la vois mal, ne peux me retourner, ce qui indiquerait trop clairement que j'ai envie de la regarder, serait une impolitesse comme si j'essayais de la capturer sans son consentement. A un moment elle sort un petit miroir. Se passe un coup de pinceau sur les cils sans doute ou sur le bout du nez qu'elle a doucement recourbé vers le bas. Je devine les lèvres pleines, imagine ses yeux de velours. Odeur de poudre crémeuse comme dans la salle de bain de ma mère, il y a longtemps. Je ne savais pas que cela se faisait encore. Mais peut être que je confonds. Mon regard prétexte la lecture des noms de stations de la ligne affichées sur le haut de la porte à gauche pour la revoir un peu. La courbure du nez ne se présente plus exactement comme je l'avais perçue au début. Elle a maintenant un autre visage tout aussi émouvant. Ah j'avais oublié la coiffure, les cheveux. Je les désirais longs et sombres. En fait un carré couleur crème au café. Je la découvre quand elle sort 2 stations avant moi. Son visage a encore changé. Sa ligne est superbe. Je ne saisis pas encore toute la réalité de son apparence mais je l'aime. Je ne la reverrai jamais.
Quand je la croisai de nouveau un mois plus tard je l'avais oubliée, ne la reconnus pas.
Couvrant le pépiement de quelques oiseaux fous, j'entends le martellement de la frappe des baskets Nike ...sur le sentier caillouteux des coursiers humains lâchés dans la nature pour faire battre leur cœurs, muscler leur jambes effilées, inonder leur tee shirt de bonne sueur. Surgit au coin d'un bosquet, c'est le père d’Éléonore qui martèle ainsi le sol de son jogging. Il a l'air concentré, passe sans la voir. Pendant ce temps sa mère pratique d'autres exercices en chambre chez son kiné qui l'a séduite un jour de cafard alors qu'il pleuvait fort dehors. Elle ne voulait donc pas rentrer tout de suite. Le client suivant s'était perdu. Ils en vinrent vite aux jeux de mains, jeux de vilain, comme on dit et ce fut l'extase. Cela la changeait.Eléonore, elle, suivant docilement sa nounou, va retrouver son bac à sable et Armand qui a de beaux play mobiles et un bon goût de chocolat. Pendant ce temps le père continue sa course. A force, pris dans le rythme, il ne sent plus ses pieds, son cœur, sa tête. Il passe dans un état second où l'effort s'oublie. Le second souffle, dit-on. Il court, il court ainsi comme s’il n’allait nulle part jusqu'à l'horizon inatteignable, comme s'il n'avait plus rien d'autre à faire. Il y a longtemps qu'il est sorti du parc. Maintenant les immeubles se dressent gris sur le blanc des nuages.
Il doit ralentir, accélérer, zig zaguer pour éviter une poussette surgie dans le zig. Il court, il court ainsi des heures, des jours, peut être, pour oublier ou retrouver quoi? Le temps n'existe plus, le temps n'a plus d'importance. Il court ainsi un temps considérable jusqu'à atteindre l'autre cité, la ville qui s'enfonce dans le temps et émerge hors du futur. Il se perd dans le dédale des rues qui descendent de plus en plus profond. Cela ne ressemble à rien de connu. Pourtant il reconnaît la boulangerie verte au coin de cet immeuble gris ; traverse, toujours courant un porche menant à une cour intérieure. Là, un gros chat gris, tapi derrière un arbuste maigrichon, guette quelques pigeons. Cette cour est un cul de sac. Il retourne en arrière, Dans sa course il traverse de grandes portes vitrée, puis un hall immense. Soudain il surgit dans une pièce sombre où bouge tout doucement une foule de gens à l'air défait... Coincé au milieu de ces grands corps tristes, il sautille pour laisser se poursuivre le mouvement de ses jambes qui ne peuvent brutalement passer au repos. Son cœur continue de battre vite, mais maintenant d'appréhension. Au fur et à mesure l'intuition de sa mort vient, puis sa confirmation. Résurgence d'un événement, d'êtres d'un autre temps. Il existe comme cela des points d'espace temps qui restent irrésolus comme des fantômes. On les contourne, oublie un peu, mais ils sont toujours là dans leur altération du sentiment de la vie qui ne peut plus être comme avant. Une fenêtre s'est ouverte. Il saute sur son rebord puis dans la rue juste un mètre en dessous et poursuit sa course vers le futur. Jusqu'à quand?
Les chemins de perdition sont pour se perdre afin d'être retrouvé. Mais parfois on ne s'y retrouve pas.
Ernest Zapovsky allait bientôt être mis à la retraite. Cela avait commencé à le turlupiner depuis longtemps. Bientôt il ne servirait plus à rien. Les machines distributrices de café, chocolat, capuccino, thé ou sachets de friandises ou même sandwichs seraient installées, réparées par d'autres. Oui il savait que l'on continuerait à l'appeler quelques temps pour différents problèmes techniques minuscules. Puis cela s'éteindrait rapidement. Et pourtant il était un expert. Il serait encore parfois invité aux fêtes de sa communauté, aux pots de retraite de quelques suivants. Il écouterait alors sagement le discours d'adieux du grand chef griffonné sur un bout de papier chiffonné.
Bientôt il serait aussi un peu plus pauvre, mais avec tant de temps libre.
Enfin cette retraite tant attendue était arrivée.
Sa femme l'avait quitté il y a de cela 3 ans pour vivre dans une studette. Elle était toujours caissière au super marché Youpi. Elle passait de temps en temps, comme ses enfants.
Son fils avait trouvé un CDD de laveur de carreaux et sa fille faisait le clown dans un cirque ambulant qui se baladait d'un bout à l'autre de la France.
Dans ce nouveau temps de la retraite Ernest ressentait encore plus le vide de sa vie. Le monde manquait de chaleur. Il n'avait pas beaucoup d'amis, n'ayant pas de qualités particulières, manquant de charisme comme on dit. Pourtant il aimait ces autres, même s'il ne savait pas l'exprimer. Même s'il ne savait pas donner.
Alors, il avait décidé de se bouger. Sinon il finirait poivrot au bar du coin à raconter sa vie. De plus, ce mode d'insertion sociale lui était interdit car il ne buvait pas.
Mais un jour il était tombé sur une association de bénévoles qui partageaient gratuitement leurs compétences. Et lui savait réparer quantité de choses. Il se retrouva ainsi à remettre en état des vélos, des réveils, des jouets, beaucoup de jouets. Cela lui faisait un plaisir fou de voir ces êtres de plastique, métal, peluche, voués à une mort certaine dans les décharges municipales et qui sous sa main experte reprenaient vie. Le baigneur criait à nouveau maman et le rhinocéros papa. Le petit chat tout doux retrouvait son ronronnement et le terrible robot était maintenant capable de casser des murs de briques. Les enfants étaient aux anges et les mamans aussi. Plein de reconnaissance admirative. Il se sentait alors un autre homme, plus accomplis. C'est ainsi qu'il rencontra Léonie qui avait les yeux très doux. Ils entreprirent de s'aimer tendrement.
L'homme est là debout dans la cour de l'immeuble.
Des fenêtres s'ouvrent et des femmes s'y penchent.
Sur un des murs quelques feuilles de chêne lierre grimpent accrochées à leur longue tige serpentine.
A mi parcours une fleur éclate dans un rayon de soleil.
L'homme chante.
Des pièces tombent à ses pieds, pluie de lumière.
Une des pièces n'est pas d'ici.
Un roi à la barbe fleurie y sourit.
Il porte un casque de motard et un costume d'argent scintillant.