Green Lady - Aeph - E-Book

Green Lady E-Book

Aeph

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Beschreibung

Une révolution technique va changer la relation de Monica et Alice, hologramme domotique, mais à quel prix ?

Alice, un hologramme domotique, attend Monica chaque soir en l'accueillant d'une voix bienveillante. Elle prend soin de sa propriétaire qui, solitaire, se satisfait de cette unique relation dans sa vie. Pourtant lorsque Monica entend parler de #prometheus, elle pense avoir trouvé le cadeau parfait pour offrir à l'intelligence artificielle une expérience plus authentique du monde.

Découvrez cette nouvelle d'anticipation captivante, dans laquelle Aeph vous entrainera dans un futur où les relations romantiques sont possibles entre humains et hologrammes...

EXTRAIT

— Le repas est bientôt prêt, l’appela Alice depuis le salon.
Monica revint dans la pièce à l’aveugle, un pull à moitié passé sur la tête, et heurta une étagère avec un cri de surprise. Le meuble bascula sur Alice et la traversa.
Alice, dont l’image était parcourue de parasites, avait les jambes enfoncées jusqu’aux mollets dans l’étagère renversée. Elle regarda le désordre autour d’elle, releva la tête vers Monica avec un air profondément désolé, puis fit un pas de côté. Sa projection se stabilisa. Les assistants domotiques comme Alice étaient intangibles. Lorsque cette technologie s’était démocratisée, de nombreux utilisateurs avaient trouvé cela dérangeant ; les hologrammes étaient donc à présent programmés pour naviguer autour des obstacles au lieu de passer naturellement au travers. Monica n’appréciait guère ce genre d’incidents qui ruinaient l’illusion, et Alice le savait.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Amaury Fourtet, ou Aeph, aime raconter des histoires depuis longtemps. Créateur frénétique d'univers de fiction, il passe constamment des uns aux autres sans peut-être s'y attarder suffisamment. Le jeu de rôle, écrire, créer des univers et des personnages sont sa soupape de sécurité dans un monde réel manquant bien trop de fantaisie à son goût. Plus S-F que fantasy à la base, il se soigne depuis quelques années après avoir redécouvert Conan en anglais dans son texte original.

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Aeph

Illustrations de Diego Tripodi

Note de l’éditeur

Cette œuvre contient des passages pouvant heurter la sensibilité du public : scènes de cruauté envers les animaux.

chapitre I

Sortie de l’ascenseur, Monica s’accouda un instant à la rambarde de son étage. Elle regarda un livreur remonter dans sa camionnette au pied de l’immeuble d’en face et tourner au bout de la rue. L’orage venait de cesser, mais le ciel ne se dégageait pas ; la pluie allait sans doute reprendre plus tard dans la nuit. Elle observa son quartier : le pont métallique défraîchi, le parking à vélos près de la station de métro, la voie rapide qui enjambait le canal aux eaux troubles. Des canards, perchés sur un pneu à la dérive, se disputaient un bout de déchet. Au loin, derrière les gratte-­ciels ordinaires et les échangeurs engorgés par les embouteillages, la silhouette hélicoïdale de la troisième arcologie Xanadu s’élevait comme une montagne de verre et d’acier. Les nuages reflétaient la lumière orangée de l’éclairage urbain au-­­dessus de la ville : ici, la nuit noire n’existait pas.

Se détournant enfin, Monica passa son pouce sur la serrure de son appartement et la porte s’ouvrit, accompagnée d’une voix bienveillante.

— Bonsoir Monica, dit Alice, debout dans le couloir. Tu as marché sous une pluie à un indice de pollution exceptionnel de 12.6 selon l’échelle rectifiée de Nabialczyk. Le dernier niveau de danger proche ou au-­delà de 12 date de cent quarante-sept jours. Je t’invite à prendre une douche.

La jeune femme referma la porte derrière elle et déposa son manteau trempé dans le nettoyeur de l’entrée. Le cycle de désinfection se lança avec un chuintement.

— Pas tout de suite, répondit-­elle simplement.

Elle n’aimait pas foncer sous la douche à peine arrivée, pollution ou pas. Un indice de 12.6 était rare depuis le déploiement partiel des purificateurs atmosphériques, mais il restait en dessous d’un niveau corrosif. Elle pouvait bien se permettre quelques minutes avant de se décontaminer !

Alice portait un costume vert et noir assorti aux mèches colorées de ses cheveux courts. Elle suivit sa propriétaire et la regarda s’affaler dans le canapé pour retirer ses chaussures. Monica déboutonna son tailleur et réordonna ses cheveux noirs crépus coiffés en fines tresses. Dans la salle de bains, les lampes s’allumèrent et la douche entra en préchauffage. Monica tourna la tête vers la lumière et les bruits.

— Tu ne vas pas me laisser tranquille, hein ?

— Ta santé est importante, Monica, répondit Alice, les mains croisées devant la taille.

— C’est bon, j’abandonne. J’y vais.

Monica se leva avec un soupir.

— Tu peux lancer le repas ? J’ai plutôt faim, ce soir.

Alice hocha la tête, et la kitchenette s’illumina à son tour tandis que Monica disparaissait dans la salle de bains. La température y était déjà accueillante et elle se déshabilla d’un air absent. Comme elle l’avait fait avec son manteau, elle glissa ses vêtements dans un nettoyeur et entra dans la cabine de douche. Le produit désinfectant et décontaminant sentait la pêche, aujourd’hui. Elle regarda un moment le liquide perler sur son bras synthétique Toshiba. Les polymères qui le composaient avaient été choisis pour ne pas trop trancher avec le noir de sa peau, mais lorsqu’elle était nue, la prothèse était immanquable. Comme beaucoup de gens, Monica avait été rongée par la Grande Gangrène lors des ultimes attaques bioterroristes. Elle avait simplement perdu un bras, qui avait été remplacé aux frais de l’entreprise. Tout le monde n’avait pas été aussi chanceux face à l’épidémie mondiale ; il suffisait de regarder autour de soi pour s’en rendre compte. Certains avaient plus de matériel en eux que de chair ; d’autres n’avaient jamais eu les moyens de remplacer tout ce qu’ils avaient perdu. Avant et après la Gangrène, Monica avait reçu d’autres modifications banales : de quoi se connecter directement à des appareils simples, mieux assimiler le gras dans sa nourriture, résister à certaines maladies communes… Le bras cyber­nétique restait sa plus grosse opération.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, longtemps après que les capteurs l’eurent informée que la décontamination était complète, elle décida qu’elle se sentait propre.

— Le repas est bientôt prêt, l’appela Alice depuis le salon.

Monica revint dans la pièce à l’aveu­gle, un pull à moitié passé sur la tête, et heurta une étagère avec un cri de surprise. Le meuble bascula sur Alice et la traversa.

Alice, dont l’image était parcourue de parasites, avait les jambes enfoncées jusqu’aux mollets dans l’étagère renversée. Elle regarda le désordre autour d’elle, releva la tête vers Monica avec un air profondément désolé, puis fit un pas de côté. Sa projection se stabilisa. Les assistants domotiques comme Alice étaient intangibles. Lorsque cette technologie s’était démocratisée, de nombreux utilisateurs avaient trouvé cela dérangeant ; les hologrammes étaient donc à présent programmés pour naviguer autour des obstacles au lieu de passer naturellement au travers. Monica n’appréciait guère ce genre d’incidents qui ruinaient l’illusion, et Alice le savait.

La jeune femme termina de s’habiller et entreprit de remettre l’étagère en place. Alice resta à distance, sa nature d’hologramme la rendant incapable d’aider à ranger. Son drone ménager, rangé dans son placard, n’aurait été d’aucun secours non plus. Elle ne pouvait rien manipuler de solide mais savait faire illusion : la cuisine pouvait opérer toute seule selon ses instructions, et les portes pouvaient s’ouvrir automatiquement devant elle.

Après s’être assurée que l’étagère tenait debout et avoir remis les affaires sur les rayonnages, Monica se retourna et lui sourit.

— Ça va, tu n’as rien ?

Alice cligna des yeux. Elle se retint de rappeler à la jeune femme qu’elle n’avait aucune substance et que même si ça avait été le cas, elle n’aurait pas été programmée pour ressentir la douleur. À ses débuts, elle aurait fait l’erreur. Plus maintenant. Elle préféra donc jouer le jeu, une attitude illogique et foncièrement humaine qu’elle avait apprise au contact de Monica.

— Tout va bien, merci, dit-­elle en époussetant ses vêtements inexistants. Le repas est prêt, tu me rejoins à table ?

En plus de contrôler la domotique de l’appartement et de servir d’interface intelligente, Alice avait un rôle social. Elle disait au revoir à Monica le matin et l’accueillait le soir à son retour ; elle s’asseyait à table avec elle et discutait de sa journée au bureau ou d’autres sujets plus divertissants.

Les hologrammes comme Alice tenaient compagnie aux gens contraints à la solitude par leur physique, leur travail, leur inaptitude en société… En ce qui concernait Monica, ses yeux bruns brillaient d’intelligence au milieu d’un visage aux traits bien dessinés, mais elle manquait d’assurance et ne faisait aucun effort pour entretenir une vie sociale.

Monica passait ses journées chez elle et ne sortait que pour aller au bureau, faire les courses, se rendre à la clinique… Elle ne recevait jamais personne. Au début, dans la période suivant son activation, Alice lui en avait régulièrement fait la remarque, soucieuse de la santé mentale et affective de sa propriétaire. Pourquoi ne jamais inviter le moindre ami ou collègue de travail ? La réponse de Monica avait toujours été la même : « Mon amie, c’est toi, et tu es déjà là. »